149 85-102 Botrytis Najoua fongicides

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149 85-102 Botrytis Najoua fongicides
85
Bull. Soc. Pharm. Bordeaux, 2010, 149, 85-102
EFFET DE SIX FONGICIDES SUR LE
DÉVELOPPEMENT DE SIX SOUCHES DE
BOTRYTIS CINEREA ISOLÉES DE FRAISES (*)
Najoua MOUDEN ( 1 ) , Rachid BENKIRANE ( 1 ) ,
Amina OUAZZANI TOUHAMI ( 1 ) , Alain BADOC ( 2 ) ,
Allal DOUIRA ( 1 )
L’effet in vitro de quatre classes de fongicides a été évalué
sur la croissance mycélienne et la production de conidies de six
isolats de Botrytis cinerea provenant de fraises cultivées dans la
région du Gharb au Maroc. On observe des degrés de sensibilité
variables. Les benzimidazolés et les dithiocarbamates sont moins
actifs que les dicarboximides ou le pyriméthanil. À forte dose, le
bénomyl et le mancozèbe inhibent la croissance mycélienne de
40,9 à 74,6 % et 36,6 à 87,7 % et la vinchlozoline et la
procymidone de 71,8 à 92,7 % et 56,3 à 100 %. Pour le
pyriméthanil, l’inhibition varie de 77,1 à 100 %.
(*)
(1)
(2)
Manuscrit reçu le 06 juin 2009.
Laboratoire de Botanique et de Protection des Plantes, Faculté des Sciences,
Université Ibn Tofaïl, 14000 Kénitra, Maroc. [email protected],
[email protected], [email protected]
Laboratoire de Sciences végétales, Mycologie et Biotechnologie, GESVAB – EA
3675, UFR Pharmacie, Université Bordeaux Segalen, ISVV, 210, Chemin de
Leysotte, CS 50008, 33882 Villenave-d’Ornon. [email protected]
86
INTRODUCTION
La pourriture grise de la fraise provoquée par Botrytis cinerea est
une maladie très répandue affectant de nombreuses autres cultures fruitières,
maraichères et horticoles à différents stades de leur développement. Ce
pathogène fongique entraine des pertes considérables de rendement à la
récolte et au cours de l’entreposage [2,15,33].
La lutte chimique est prépondérante et utilise plusieurs familles de
fongicides aux modes d’action variés. Malgré cette diversité et l’utilisation
raisonnée de chaque famille chimique par saison fraisicole, des isolats de
B. cinerea résistants à la quasi-totalité de ces fongicides ont été décelés. De
nombreuses recherches ont rapporté la présence de souches résistantes aux
benzimidazolés, même après que leur emploi ait été interrompu [16].
Lamondia et Douglas [12] ont détecté 75 % d’isolats résistants au
méthylthiophanate et 43 % à la vinchlozoline. L’utilisation répétée et assez
fréquente des dicarboximides a entrainé l’émergence d’isolats résistants [24]
induisant une réduction de leur efficacité sur plusieurs cultures abritées de
Concombre en Israël [36] et sur des plants de Fraisiers en Angleterre [9].
Dans ce travail, le degré de résistance de six isolats de B. cinerea
issus de fraises vis-à-vis de six fongicides homologués et couramment
utilisés au Maroc a été évalué.
MATÉRIEL ET MÉTHODES
Matériel biologique
Des fraises pourries de la variété ‘Camarossa’ portant un duvet
grisâtre ont été collectées de trois localités de la province du Gharb,
principale région productrice marocaine de ce fruit : Dlalha (BC1v et BC2),
Chouafaa (BC1 et BC4), et Moulay Bouselham (BC8 et BC5). Les fraises ont
été placées dans des gobelets en plastique et ramenés au laboratoire.
L’isolement est fait en prélevant de manière stérile, à l’aide d’une
aiguille, un fragment du duvet mycélien qui est ensuite placé sur milieu
PDA (Potato Dextrose Agar) du commerce. Les cultures en boites de Petri
de 90 mm de diamètre contenant 20 ml de milieu PDA sont incubées sept
jours à l’obscurité à 22°C. Des repiquages successifs tous les 4 jours durant
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3 à 4 semaines sont ensuite réalisés jusqu’à purification totale de chaque
isolat. Les colonies de Rhizopus, de croissance plus rapide, ont été
éliminées. Parmi les isolats de Botrytis cinerea obtenus, six ont été choisis
sur la base de plusieurs critères (Tableau I).
Tableau I :
Caractéristiques des six isolats de Botrytis cinerea retenus.
Isolats
Mycélium
Sclérotes
Sporulation
BC1v
peu dense
larges, irréguliers
++
BC8
court et dense
nombreux, petits et incrustés
+++
BC1
court et dense
absents
+++
BC5
court
souvent larges, formant un cercle
++
BC4
dense et cotonneux
absents
+
BC2
court et dense
absents
+
Les tests ont eu lieu sur ces isolats cultivés sur PDA. Les isolats ont
aussi été conservés sur papier filtre stérile à -20°C.
Fongicides testés
Les fongicides utilisés (Tableau II) appartiennent à quatre familles –
benzimidazolés, dicarboximides, dithiocarbamates et anilinopyrimidines –
utilisés dans la lutte contre la pourriture grise, mais aussi le mildiou,
l’alternariose et la tache commune des fraises [4].
Tableau II :
Caractéristiques de fongicides utilisés contre Botrytis cinerea selon
l’index phytosanitaire du Maroc [4].
Famille chimique
Benzimidazolés
Matière active
Benlate
50 %
poudre
1000 ppm
méthylthiophanate Pelt 44
70 %
poudre
2000 ppm
sur Vigne
procymidone
Sumisclex
50 %
poudre
1000 ppm
vinchlozoline
Ronilan
50 %
poudre
non
homologué
Anilinopyrimidines
pyriméthanil
Scala
400
g/l
suspension
concentrée
2,5 kg/ha
sur Tomate
Dithiocarbamates
mancozèbe
80 %
poudre
2000 ppm
Dicarboximides
bénomyl
Nom
Teneur Formulation
Dose
commercial
homologuée
Dithan M45
88
Des gammes de concentrations choisies sur la base d’essais
préliminaires et des données d’autres auteurs [7,30] ont été testées sur la
croissance mycélienne et la production des conidies :
bénomyl, procymidone, vinchlozoline, mancozèbe (1, 10, 100, 500,
1000 ppm),
méthylthiophanate (750, 1000, 1250, 1500, 2000 ppm).
pyriméthanil (100, 500, 1000 ppm).
Pour chaque isolat et pour chacun des fongicides testés, un témoin
sans fongicide a été réalisé.
Effet sur la croissance mycélienne de Botrytis cinerea
Les fongicides ont été pesés, mis en suspension dans 5 ml d’eau
distillée stérile et dilués. La méthode de Wang et al. [32] a été utilisée. 5 ml
ont été incorporés au milieu PDA (préalablement stérilisé 20 min à 120°C)
en surfusion à 45°C de manière à obtenir la gamme souhaitée de
concentrations. Le milieu est coulé à raison de 20 ml dans des boites de
Petri de 90 mm de diamètre. Après solidification, un disque mycélien de
5 mm de diamètre, prélevé sur une jeune colonie de 4 jours de B. cinerea,
est déposé au centre de la boite. L’incubation a lieu à 22°C à l’obscurité
dans une étuve.
Après sept jours, la croissance mycélienne est estimée en mesurant le
diamètre moyen de chaque colonie (deux diamètres perpendiculaires) [32].
Pour chaque fongicide, trois boites pour chaque isolat et pour chaque
concentration de fongicide ont été utilisées. L’expérience a été répétée trois
fois. Le pourcentage d’inhibition I de la croissance mycélienne est calculé
selon la formule suivante [17] :
I(%) =
A!B
! x!100
A
A : diamètre moyen des colonies témoins
B : diamètre moyen des colonies traitées
Effet sur la production de conidies
L’effet des fongicides sur la production des conidies a été estimé à
partir des boites ayant servi à étudier la croissance mycélienne. Quatre
disques de 5 mm de diamètre ont été découpées à l’aide d’un emporte pièce
le long du diamètre d’une même colonie et ont été mis dans un tube
contenant 1 ml d’eau distillée. Après agitation 30 secondes au vortex, les
conidies (renfermant une spore) ont été comptées à l’aide d’une cellule de
89
Malassez à raison de trois comptages par suspension. L’expérience a été
répétée trois fois.
Les pourcentages d’inhibition de la production de conidies ont été
calculés comme précédemment.
CI50
Les pourcentages d’inhibition de la croissance mycélienne et de la
production de conidies ont été transformés en valeurs probit. L’équation de
régression y = a log x +b, avec a = coefficient de corrélation, b = constante,
x = concentration en fongicide, y = probit et log = logarithme décimal
permet d’obtenir les CI50, concentrations inhibitrices réduisant de moitié la
croissance mycélienne et la production de conidies [1].
Analyses statistiques
Les moyennes des pourcentages d’inhibition ont été soumis à une
analyse de variance et ont été comparées par le test p.p.d.s. (plus petite
différence significative) au seuil de 5 %.
RÉSULTATS
Efficacité des fongicides
L’action des benzimidazolés est partielle sur la croissance
mycélienne des isolats. La croissance des six isolats est importante en
présence du bénomyl, même à concentrations élevées (Tableau III) : les
pourcentages d’inhibition de BC1v, BC4 et BC2 en présence de 1000 ppm ne
sont que de 43,3, 45,3 et 40,9 %.
Le méthylthiophanate donne de meilleurs résultats (Tableau IV) ;
l’inhibition atteint à 2000 ppm 83,1 à 93,8 %.
L’action inhibitrice des dicarboximides sur la croissance mycélienne
dépend du fongicide et de la dose testés (Tableau III). L’inhibition des
isolats BC4 et BC2 est complète dès 500 ppm de procymidone et varie de
56,3 à 75,8 % pour les trois autres isolats à 1000 ppm. L’inhibition de la
vinchlozoline à 1000 ppm est élevée et atteint 92,7 %.
Le mancozèbe, représentant des dithiocarbamates, inhibe faiblement
la croissance mycélienne (Tableau III). L’inhibition à 1000 ppm n’est que
de 36,6, 38,8 et 43,6 % pour BC1v, BC5 et BC2, mais dépasse les 50 % pour
les autres isolats.
90
Tableau III :
Pourcentages d’inhibition de quatre fongicides sur la croissance
mycélienne des isolats de Botrytis cinerea.
Fongicide
bénomyl
Isolats
testés
1
10
ppm
100
500
1000
BC1v
10,0 a
15,1 c
23,4 c
36,3 c
43,3 c
BC8
12,3 a
21,5 b
31,5 b
46,4 b
74,6 a
BC1
0,0 b
7,3 d
19,0 c
43,6 b
57,2 b
BC5
12,4 a
29,9 a
39,6 a
54,4 a
57,2 b
BC4
0,0 b
0,0 e
6,4 d
20,9 d
45,3 bc
BC2
0,0 b
0,0 e
4,7 d
14,4 e
40,9 c
14,7 c
54,0 c
64,8 b
70,7 b
75,8 b
BC8
0,0 d
50,5 c
57,7 b
63,8 c
65,7 d
BC1
0,0 d
62,3 b
65,3 b
66,8 c
69,4 c
BC5
0,0 d
35,7 d
44,0 c
52,9 d
56,3 e
BC4
56,1 b
78,8 a
88,8 a
100,0 a
100,0 a
BC2
65,2 a
77,8 a
86,2 a
100,0 a
100,0 a
BC1v
0,0 d
48,1 c
67,2 bc
74,2 c
80,7 c
BC8
5,5 c
77,1 a
80,3 a
82,4 b
83,2 bc
BC1
0,0 d
61,8 b
66,5 bc
67,3 d
72,2 d
BC5
0,0 d
37,2 d
64,1 c
68,1 d
71,8 d
BC4
28,8 a
33,5 d
69,3 b
81,7 b
86,6 b
BC2
9,8 b
74,9 a
84,7 a
91,4 a
92,7 a
BC1v
0,0 c
24,2 bc
32,4 d
36,6 d
BC8
0,0 c
17,4 c
29,6 b
43,4 c
52,2 c
BC1
21,8 a
53,3 a
56,2 a
60,3 b
63,1 b
BC5
9,8 b
10,9 cd
17,3 cd
20,0 e
38,8 d
BC4
0,0 c
29,9 b
48,8 a
78,8 a
87,7 a
BC2
0,0 c
2,7 d
8,8 d
19,7 e
43,6 cd
BC1v
procymidone
vinchlozoline
mancozèbe
7,7 cd
Pour un même fongicide et une même concentration, deux résultats affectés de la
même lettre ne diffèrent pas significativement au seuil de 5 %.
91
Tableau IV :
Pourcentages d’inhibition du méthylthiophanate sur la croissance
mycélienne des isolats de Botrytis cinerea.
Isolats
testés
750
1000
ppm
1250
1500
2000
BC1v
20,4 cd
44,0 b
55,3 c
76,1 b
90,7 a
BC8
4,2 e
27,0 c
50,2 d
66,6 cd
89,1 b
BC1
30,5 b
48,3 b
60,3 b
70,3 c
91,4 a
BC5
0,0 e
15,9 d
25,9 e
64,6 d
83,1 b
BC4
13,8 d
48,8 b
58,3 bc
78,3 b
91,4 a
BC2
88,8 a
88,8 a
89,6 a
92,5 a
93,8 a
Pour chaque concentration, deux résultats affectés de la même lettre ne diffèrent pas
significativement au seuil de 5 %.
Pour les anilinopyrimidines, le pyriméthanil (Tableau V) est efficace
sur la croissance mycélienne. Des taux d’inhibition élevés, variant de 77,1 à
100 %, ont été relevés à 1000 ppm.
Tableau V :
Pourcentages d’inhibition du pyriméthanil sur la croissance mycélienne
des isolats de Botrytis cinerea.
Isolats
testés
100
ppm
500
1000
BC1v
63,3 c
71,7 bc
77,1 c
BC8
83,3 a
86,8 a
88,6 b
BC1
74,4 b
79,4 ab
84,7 b
BC5
54,4 d
73,6 bc
89,5 b
BC4
57,9 cd
67,9 c
85,1 b
BC2
70,2 b
86,4 a
100,0 a
Pour chaque concentration, deux résultats affectés de la même lettre ne diffèrent pas
significativement au seuil de 5 %.
Les CI50 sont élevés pour les benzimidazolés (Tableau VI). Elles
dépassent 1000 ppm pour le méthylthiophanate pour les six isolats
expérimentés.
Les dicarboximides apparaissent nettement plus actifs. La CI50 est
toujours inférieure à 5 % pour la vinchlozoline.
92
Les CI50 sont plus fluctuantes pour les deux autres familles de
fongicides, allant de 54,1 à 26488 pour le mancozèbe et de 2,5 à 90,4 pour
le pyriméthanil.
L’isolat BC5 apparait le plus résistant, suivi de BC1v et BC2.
Cependant, BC1v est relativement sensible au pyriméthanil et BC2 à la
procymidone.
Tableau VI :
CI50 (ppm) de la croissance mycélienne des isolats de Botrytis cinerea.
Benzimidazolés
Dicarboximides
Anilino
pyrimidines
Dithio
carbamates
Isolats
testés
bénomyl
méthylthiophanate
procy
midone
vinchlo
zoline
pyriméthanil
mancozèbe
BC1v
4829
1085
28,4
2,9
14,6
3296
BC8
278
1262
9,2
2,6
5,8
920
BC1
760
1019
0,1
0,2
2,5
BC5
318
1403
4,7
90,4
BC4
1484
1069
1,1
3,4
63,6
BC2
1980
1016
0,6
2,2
66,0
289
54,1
26490
71,4
3521
Sous l’effet de la vinchlozoline, de la procymidone et du
méthylthiophanate, l’isolat BC5 n’a pas pu former de conidies, mais a
produit un grand nombre de sclérotes. En augmentant la concentration de
ces fongicides, le nombre de sclérotes tend à diminuer.
Le bénomyl (Tableau VII) s’est montré actif sur la production de
conidies avec une réduction de 100 % dès 10 ppm pour BC2 et proche de
100 % à 1000 ppm pour BC1 et BC4. L’isolat BC2 apparait très sensible au
bénomyl.
À 1000 ppm, le méthylthiophanate donne des résultats moindres
avec des taux d’inhibition compris entre 46,9 et 88,4 % (Tableau VIII).
Les dicarboximides affectent la production de conidies
(Tableau VII). À 1000 ppm, l’inhibition est complète pour BC5 et BC2 pour
la procymidone et quasi-complète pour BC8, BC4 et BC2 pour la
vinchlozoline.
Dans le cas des dithiocarbamates, le mancozèbe est plutôt actif, avec
une inhibition complète pour BC4 et BC2 dès 500 ppm (Tableau VII).
93
Tableau VII :
Pourcentages d’inhibition de quatre fongicides sur la production de
conidies des isolats de Botrytis cinerea.
Fongicide
bénomyl
Isolats
testés
1
10
ppm
100
500
1000
BC1v
13,5 b
21,3 c
22,5 c
39,1 c
56,1 c
BC8
20,8 b
47,9 bc
51,8 bc
62,7 bc
77,2 b
BC1
21,8 b
42,1 bc
70,7 ab
87,7 ab
96,2 a
BC5
procymidone
63,4 ab
-
-
BC2
70,2 a
BC1v
43,3 bc
65,1 bc
73,7abc
78,5 ab
92,8 a
BC8
18,6 c
26,5 d
45,8 c
53,3 c
52,7 b
BC1
36,4 bc
45,8 cd
55,0 ab
62,7 bc
78,1 b
BC5
8,8 c
39,6 cd
70,4 bc
90,9 a
100,0 a
BC4
65,3 ab
89,3 ab
81,9 ab
75,8 abc
100,0 a
85,7 ab
-
75,2 a
100,0 a
97,1 a
99,9 a
100,0 a
99,9 a
100,0 a
100,0 a
BC1v
13,2 b
41,2b
45,5 c
59,7 bc
73,8 c
BC8
68,6 a
78,7a
87,7 ab
87,5 abc
97,8 ab
BC1
44,1 ab
53,5 ab
69,6 b
70,4 bc
92,6 b
-
-
-
100,0 a
90,7 a
100,0 a
BC5
mancozèbe
-
BC4
BC2
vinchlozoline
-
93,8 ab
100,0 a
-
BC4
20,3 b
59,3 b
83,1 ab
99,9 a
BC2
62,7 a
79,6 a
88,3 ab
100,0 a
99,9 a
BC1v
24,8 a
51,7 bc
57,5 b
74,7 b
89,2 c
BC8
18,6 a
32,8 c
66,0 ab
76,6 b
83,9 d
BC1
39,1 a
60,1 ab
68,4 ab
86,8 ab
89,5 c
BC5
24,4 a
77,9 a
82,8 a
84,6 b
95,9 b
BC4
30,6 a
56,8 b
63,6 b
100,0 a
100,0 a
BC2
35,8 a
47,4 bc
59,5 b
100,0 a
100,0 a
Pour un même isolat et une même concentration, deux résultats affectés de la même
lettre ne diffèrent pas significativement au seuil de 5 %.
- : pas de conidies et apparition de nombreux sclérotes
94
Tableau VIII :
Pourcentages d’inhibition du méthylthiophanate sur la production de
conidies des isolats de Botrytis cinerea.
Isolats
testés
750
1000
ppm
1250
1500
BC1v
37,7 b
53,6 b
73,6 bc
96,7 a
100,0
BC8
36,1 b
46,9 b
72,1 bc
90,6 ab
100,0
BC1
25,5 b
48,6 b
85,2 ab
98,0 a
100,0
BC5
-
-
-
-
BC4
26,4 b
46,9 b
63,1 c
82,1 b
100,0
BC2
82,4 a
88,4 a
94,6 a
100,0 a
100,0
2000
-
Pour chaque concentration, deux résultats affectés de la même lettre ne diffèrent pas
significativement au seuil de 5 %.
- : pas de conidies et apparition de nombreux sclérotes
Le pyriméthanil a moins d’effet sur la production de conidies que sur
la croissance mycélienne pour BC1v, BC8 et BC5 (Tableau IX). Pour les
autres isolats, l’inhibition est complète à 1000 ppm.
Tableau IX :
Pourcentages d’inhibition du pyriméthanil sur la production de
conidies des isolats de Botrytis cinerea.
Isolats
testés
100
ppm
500
1000
BC1v
36,2 a
38,7 a
53,1 b
BC8
33,4 a
37,8 a
63,0 b
BC1
25,8 a
28,0 a
100,0 a
BC5
34,4 a
32,3 a
60,2 b
BC4
17,9 a
60,1 a
100,0 a
BC2
19,1 a
43,4 a
100,0 a
Pour chaque concentration, deux résultats affectés de la même lettre ne diffèrent pas
significativement au seuil de 5 %.
95
Le calcul des CI50 (Tableau IX) met en évidence une efficacité faible
du méthylthiophanate (> 425), pas trop marquée du pyriméthanil (> 17,9) et
des résultats variables selon les isolats pour les autres fondicides. Tous les
isolats sont fortement sensibles à au moins un fongicide : BC1v au bénomyl,
BC8 à la vinchlozoline, BC1 à la vinchlozoline et au mancozèbe, BC5 au
mancozèbe, BC4 au bénomyl et à la procymidone et BC2 à la vinchlozoline.
Tableau IX :
CI50 (ppm) de la production de conidies des isolats de Botrytis cinerea.
Benzimidazoles
Isolats
testés
BC1v
BC8
BC1
BC5
BC4
BC2
Dicarboximides
Anilino
pyrimidines
Dithio
carbamates
bénomyl
méthylthiophanate
procy
midone
vinchlo
zoline
pyriméthanil
mancozèbe
2,2
0,97
42,3
22,4
0,05
nd
899
935
967
nd
985
425
2818
43,6
14,4
nd
0,7
nd
115
0,1
4,1
nd
8,0
0,02
36,2
33,3
25,8
34,4
17,9
19,1
23,2
33,5
4,2
4,8
9,9
16,7
nd : non déterminée car la variance est non calculable
DISCUSSION
Les fongicides testés apparaissent plus ou moins actifs sur la
croissance et la formation de conidies des six isolats de Botrytis cinerea
issus de fraise. Le bénomyl est moins actif sur la croissance que la
sporulation, mais est néanmoins plus actif que le méthylthiophanate. Des
isolats de B. cinerea résistants au bénomyl ont été collectés dans divers
lieux abrités en Pennsylvanie [24]. La résistance de B. cinerea aux
benzimidazolés est signalée sur la Vigne [20] et la Tomate [7,27]. D’autres
espèces phytopathogènes comme Alternaria alternata et Penicillium
expansum [21] se sont montrées résistantes à ces fongicides.
Une résistance croisée entre fongicides benzimidazolés a été
rapportée par plusieurs auteurs [3,12]. La résistance aux benzimidazolés
résulterait d’une mutation stable dans le génome [34]. L’utilisation répétée
de ces produits systémiques aurait entrainé une pression de sélection
continue conduisant à l’émergence de souches résistantes [12,31] pouvant
persister plusieurs années et compromettre la stabilité et la prévalence des
souches sensibles.
96
Moorman et Lease [24] ont pu sélectionner sur des plantes
ornementales des souches de B. cinerea de CI50 similaires résistantes au
bénomyl alors que l’application de ce fongicide était stoppée depuis des
années. Son usage continu sur diverses cultures pour le contrôle de ce
pathogène non spécifique et l’emploi d’autres produits connus pour leur
résistance croisée avec le bénomyl, comme le méthylthiophanate,
expliqueraient cette persistance.
Les souches résistantes aux benzimidazolés ont limité leur
application intensive. Des imides cycliques répertoriés sous le nom familial
des dicarboximides, introduits dans les années 1970 pour combattre la
pourriture grise et contrôler les souches résistantes de B. cinerea, ont
conquis le marché. Néanmoins, l’emploi de ces nouvelles molécules a
rapidement généré des souches résistantes [10,29] qui n’ont cessé de se
développer. Au Chili, Latorre et al. [13] ont décelé la présence d’isolats
jugés faiblement résistants mais dont la fréquence est passée de 2 à 74,9 %
entre deux saisons consécutives. Ils ont également relevé une fréquence de
0,6 % d’isolats jugées hautement résistants à cette famille de fongicides.
Des valeurs de CI50 inférieures à 10 ppm pour la procymidone sont
signalées sur de nombreuses cultures [11,23]. Or, l’isolat BC5 s’est montré
très résistant à la procymidone (289 ppm) contrairement à la vinchlozoline
(4,7 ppm). De la même manière, Hmouni et al. [7] ont signalé des niveaux
de résistance dépassant 60 ppm avec la procymidone et 100 ppm avec la
vinchlozoline.
Des auteurs [24-25] ont rencontré des isolats de B. cinerea de
moindre sensibilité à l’égard d’un dicarboximide, l’iprodione (CI50 > 1 ou
2 mg/l). Ce fongicide présente une résistance croisée avec la vinchlozoline
et la procymidone [26]. De manière plus pointue, Latorre et al. [13] ont
distingué des isolats sensibles (CI50 < 2 mg/l), faiblement résistants (CI50 de
2-5 mg/l) et fortement résistants (CI50 > 10 mg/l).
L’action des dicarboximides sur la production de conidies est
satisfaisante ; de faibles CI50 ont été enregistrées sauf pour BC1v en
présence de procymidone (2818 ppm) et de vinchlozoline (115 ppm). Les
deux benzimidazolés testés sont globalement actifs à la fois sur la croissance
et la production de conidies.
Les deux dicarboximides testés ainsi que le méthylthiophanate ont
permis la formation de sclérotes pour l’isolat BC5, qui forme naturellement
des sclérotes sur le milieu PDA. Le fait que le nombre de sclérotes diminue
avec la concentration en fongicides renforce l’hypothèse d’une action de ces
fongicides sur la production de sclérotes. Martinez et al. [22] ont montré que
1,25 et 6,25 mg par boite de paclobutrazol (fongicide triazolé) inhibent non
seulement la croissance mycélienne et la formation de conidie, mais aussi la
97
formation de sclérotes chez Botrytis cinerea. Hsiang et Chastagner [8] ont
montré in vitro que le bénomyl à environ 100 ppm réduit la formation des
sclérotes de Botrytis cinerea.
Les résistances aux dicarboximides ont suscité le recours à une
nouvelle génération de produits actifs de mode d’action différent dans les
années 1990, la famille chimique des anilinopyrimidines, avec le cyprodinil,
le mépanipyrim et le pyriméthanil. Une réduction notable de la croissance
mycélienne a été observée avec le pyriméthanil, en accord avec les travaux
de Heye et al. [6]. L’activité fongitoxique de cette classe est attribuée à
l’inhibition de la biosynthèse de la méthionine [5].
Là encore, des résistances sont apparues suite à l’utilisation massive
et répétée de ces fongicides. Leroux et Gredt [18] ont observé une forte
résistance chez quelques isolats de B. cinerea issus de baies de raisin dans
des vignobles en France ainsi que chez des mutants au laboratoire. Ces
mêmes auteurs ont fixé des CI50 de la croissance mycélienne de 2 à 4 ppm
pour désigner les isolats fortement résistants au pyriméthanil. Compte tenu
de ces valeurs, les isolats testés dans ce travail manifestent un niveau de
résistance élevé, comparable à celui relevé au sein des vignobles au Chili
[14] où une fréquence élevée d’isolats résistants (38,5 %) a été signalée
après deux années d’application de ces fongicides.
Selon Latorre et al. [14], cette relative haute fréquence serait due à la
compétitivité égale des isolats résistants et sensibles de B. cinerea. Ils ont
également mis en évidence l’existence d’une résistance croisée entre le
cyprodinil et le mépanipyrim ainsi qu’entre le cyprodinil et le pyriméthanil,
même en absence de contact préalable, ce qui augmenterait le risque
d’apparition de la résistance.
Pourvus d’un effet multisite, l’apparition de souches résistantes aux
dithiocarbamates est inattendue [28]. Ils inhibent toute une variété
d’enzymes, comme ceux de la glycolyse [19,28]. Cependant, les isolats de
B. cinerea testés ont présenté une résistance élevée à très élevée vis-à-vis du
mancozèbe, avec des CI50 pouvant dépasser 1000 ppm pour la croissance
mycélienne. Au contraire, Hmouni et al. [7] ont observé une grande
efficacité du mancozèbe et du thiram sur la croissance mycélienne (CI50 de
5,7 à 64 et 3,3 à 17 ppm) et la germination des spores (CI50 inférieures à 1,5
et 6,1) de B. cinerea. De même, Serghat et al. [30] ont rapporté des CI50 non
élevées : CI50 de 32,7 et 38,7 ppm de mancozèbe pour la croissance
mycélienne d’Helminthosporium oryzae et de Pyricularia grisea, CI50 de
18,2 et 19,5 ppm pour la sporulation. Le niveau de résistance élevé à l’égard
de ces fongicides serait dû à une pression de sélection exercée lors des
traitements successifs appliqués en prérécolte.
98
CONCLUSION
À l’issue de cette étude, des déficiences des quatre classes de
fongicides ont été révélées in vitro sur la croissance mycélienne et la
production de conidies des six isolats de B. cinerea.
Les résultats obtenus démontrent une réduction partielle de l’aptitude
des composées synthétiques à réprimer la croissance mycélienne et la
sporulation particulièrement quand il s’agit des dithiocarbamates et des
benzimidazolés dont les pourcentages d’inhibition de la croissance
mycélienne étaient les plus faibles. Des degrés d’insensibilité élevés
dépassant ceux rapportées par plusieurs auteurs ont été également repérés
[7]. Les CI50 mettent en évidence une grande variabilité de sensibilité des
isolats testés.
Il est plus que nécessaire de respecter les mesures phytosanitaires en
vigueur dans les champs, au cours de la récolte et pendant l’entreposage, et
d’appliquer une meilleure stratégie de lutte préconisant une prise en compte
des résistances rencontrées dans les vergers et les serres [14,33,35].
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ABSTRACT
Effect of eight fungicides on the in vitro development of Botrytis cinerea
The in vitro effect of four fungicide classes was evaluated on
mycelial growth and conidia production of Botrytis cinerea isolates
collected from strawberries collected in the Gharb area. The various isolates
were resistant (less sensitive) to different active ingredients at varying
degrees. The action of benzimidazoles and dithiocarbamates was minor
compared to that of dicarboximide or the pyrimethanil. At high doses, the
inhibition rates on the action of benomyl and mancozeb on mycelial growth
ranged from 40.9 to 74.6% and 36.6 to 87.7% compared with vinchlozoline
procymidone where of the rates were 71.8 to 92.7% and 56.3 to 100%,
respectively. As for pyrimethanil, inhibition of mycelial growth of the
isolates selected was about 77.1 to 100%.
Key-words: Botrytis cinerea, fungicides, resistance.
__________