Huis clos pour le meurtrier d` Agnès - Le blog de Laure

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Huis clos pour le meurtrier d` Agnès - Le blog de Laure
20 juin 2013
Huis clos pour le meurtrier d' Agnès
La famille Marin et plus particulièrement le grand père d’Agnès a mené une campagne active pour que le procès du meurtrier de leur petite Agnès se fasse au grand
jour. La loi permet lorsqu’un accusé est devenu majeur de le juger publiquement même si les faits ont été commis alors qu’il était mineur. Dans ce dossier, l’instruction a montré que Mathieu n’aurait jamais dû être scolarisé dans un internat mixte compte tenu de ses antécédents judiciaires. Il y a donc eu une chaîne de décisions qui
a conduit à ce drame. C’est l’ensemble de ces dysfonctionnements que la famille d’Agnès voulait voir examiner par les jurés au grand jour.
Le palais de justice du Puy en Velay a été choisi pour accueillir ce procès. Un de ces palais de justice du 19 e siècle ou la mise en scène de l’autorité judiciaire s’écrit
avec un grand A. La salle d’audience est pleine à craquer. Les boiseries en imposent, au-dessus du président un tableau représente la ville avec son immense statue de
la Vierge dans un crépuscule dramatique.
Du côté du box des accusés, les parents de Mathieu sont serrés l’un contre l’autre seuls, apeurés. De l’autre côté, les parties civiles : au premier rang, les parents
d’Agnès Marin, et ses grands-parents. Juste derrière, la maman de Julie, la jeune fille de 15 ans violée par Mathieu lorsqu’il en avait 16. Entre ces deux parties civiles
les paroles et les regards sont franchement hostiles. L’avocate de Julie va demander le huis clos parce qu’elle est une jeune fille fragile qu’il faut protéger de la curiosité du public. Les Marins sont furieux.
Le calme revient lorsque la Cour entre et qu’on fait entrer l’accusé. On voit d’abord un policier lourdement harnaché, puis un jeune homme à la longue silhouette, vêtu
comme tous les jeunes de son âge, jean et blouson foncés, coupe sage et cheveux blonds. Principale caractéristique : de grosses lunettes à monture noire lui barrent le
visage et lui donne un petit air intello. Il décline son identité, adapte sa voix au micro, réponds qu’il est né le 30 décembre 93. Il se rassoit et semble un peu égaré, absent. Il regarde alternativement la cour et la salle. Il n’est pas dans le box mais sur un siège en hauteur à côté. Tout ce qu’on peut dire c’est que rien dans son allure ou
ses traits ne laisse entrevoir un jeune homme qui a commis deux crimes atroces avant même sa majorité.
Les plaidoiries commencent. Les parties civiles d’abord. Maître Szpiner, efficace, précis, argumente en faveur d’un procès public. Me Deveze supplie la cour de prendre
la décision inverse pour protéger Julie, très fragile qui a été agressée à l’âge de 15 ans. L’avocate générale se prononce avec un certain panache pour l’ouverture ; elle
n’a pas peur de voir tout examiner au grand jour y compris les dysfonctionnements de la justice dans cette affaire. Enfin les deux avocates de Mathieu rappellent la loi.
La justice des mineurs a ses règles spécifiques, régie par l’Ordonnance de 45 : « il ne faut pas confondre information et spectacle » dit Me Mimran s’en prenant à la
presse ; « On a besoin d’être dans l’intime pour que Mathieu parle » explique Me Diez qui a suivi le jeune homme depuis sa garde à vue ; il a une pathologie qui fait
qu’il se tait, qu’il ment ou qu’il surjoue. Quand nous sommes allées le voir au parloir, il ne disait rien pendant une heure puis dans les dernières minutes il finissait par
s’ouvrir, nous parler »
Une heure plus tard, la cour est revenue avec son arrêt : ce sera le huis clos total. Grosse déception de la famille Marin. Déception aussi du public dont de nombreux
parents d’élève du Collège-lycée Cévenol. Eux aussi ont été traumatisés par cette affaire. Ils connaissaient Mathieu. Rien ne le distinguait des autres adolescents. Plutôt
bon élève et bon camarade disent ceux qui l’ont connu. Un être au deux visages. Seuls les jurés pourront se faire une idée juste de la personnalité de ce jeune homme
capable d’actes d’une cruauté inouïe comme d’une vie tout à fait normale.
Verdict dans deux semaines.
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Laure Debreuil
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commentaires
presse senegalaise Il y a 1 mois Répondre
Cette histoire me dépasse. Qu'est ce qui a bien pu pousser Matthieu à faire de tels actes.
Il doit y'avoir certainement une explication pourvu qu'il parle pour la donner. Cependant avec tout ce qu'il pourra dire cela ne
justifiera jamais les actes hors loi qu'il a commis. J’espère que la petite Julie va s'en remettre. Quand aux parents d’Agnès...
toutes mes condoléances.
Au faite c'est quoi le verdict?
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