Le Conseil des droits de l`Homme des Nations unies
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Le Conseil des droits de l`Homme des Nations unies
i n f o fiacat. Fédération internationale de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture Instruments internationaux : des outils pour agir ! Le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies Créée pour être l’organe principal de promotion des droits de l’homme des Nations unies, la Commission des droits de l’homme (CDH) a eu un rôle primordial dans l’établissement des normes de protection des droits humains et dans la mise en place de mécanismes chargés de surveiller leur mise en œuvre. Cependant, en raison de nombreux blocages liés notamment à sa nature intergouvernementale et donc politique, elle était de plus en plus critiquée, non seulement par les organisations non gouvernementales mais aussi par certains États. Une réforme du système semblait donc nécessaire. [Fiche ONU] En adoptant la résolution A/RES/60/251, le 15 mars 2006, l’assemblée générale des Nations unies a décidé à une large majorité de remplacer la Commission des droits de l’Homme par le Conseil des droits de l’Homme (CoDH). Le but est de rendre le mécanisme de protection des droits de l’homme plus efficace, plus proche des victimes et de réduire les risques de manipulations politiques. Les principales différences entre la Commission et le Conseil sont les suivantes (1) : • Le Conseil est directement rattaché à l’Assemblée générale de l’ONU. Son statut est donc plus élevé que celui de la Commission qui était un organe fonctionnel du Conseil économique et social de l’ONU (ECOSOC). • Le Conseil a au moins trois sessions par année, dont une principale, et siège pour une durée minimale de dix semaines par an. Il peut organiser des sessions spéciales si nécessaire et réagir ainsi plus rapidement à des situations de crise (2). • Le Conseil a pour mission de faire périodiquement le bilan de la situation des droits humains dans • • • • • FIACAT. info, lettre d’information trimestrielle éditée par la Fédération internationale de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture, est disponible sur abonnement (16 euros l’année, avec le supplément « Des outils pour agir »). DIRECTION DE LA PUBLICATION : Sylvie Bukhari-de Pontual. COORDINATION : Marie-Jo Cocher. MAQUETTE : Jean-Christophe Faure ([email protected]). DIFFUSÉE également par courrier électronique. fiacat FIACAT.INFO/NOVEMBRE 2006/N° 2 • tous les pays empêchant la politique de « deux poids deux mesures » (« peer review »). Il y a quarante-sept États membres au CoDH. La défunte Commission en comptait cinquante-trois. Les États siégeant au Conseil sont maintenant élus à la majorité absolue. L’élection des membres du Conseil suit une représentation géographique équitable. La représentation de l’Asie et de l’Afrique est renforcée. Les États candidats au Conseil sont tenus de rendre publics leurs « engagements volontaires » de respect des droits humains. Dans la Commission, les États membres n’avaient pas d’engagement particulier à prendre. Le mandat des États membres est de trois ans et n’est pas renouvelable après deux mandats consécutifs. Après six ans, un État doit patienter au moins pendant un an avant de refaire acte de candidature. Une majorité des deux tiers de l’assemblée générale de l’ONU peut décider de suspendre un membre du Conseil qui violerait gravement les droits humains. 27, rue de Maubeuge 75009 Paris — France www.fiacat.org Tél. : 33 (0)1 42 80 01 60 Fax : 33 (0)1 42 80 20 89 [email protected] Instruments internationaux : des outils pour agir ! [Fiche ONU] d’une association au mécanisme Ces différences laissent espérer une tel que l’Arabie Saoudite, Cuba ou d’examen périodique universel. Qui meilleure garantie de protection la Fédération de Russie (3). sans elle deviendrait un mécanisme à des droits de l’Homme, mais de la discrétion totale des États. nombreux points restent à éclaircir, Le maintien des procédures spéciales notamment sur les conditions à remplir pour être élu membre, le Bien que très critiquée, la Commission Le mécanisme d’examen avait mis en place un système de « périodique universel maintien des procédures spéciales procédures spéciales » ayant pour mis- Le mécan isme de « peer review », ou mises en place par la Commission, sion d’examiner et de surveiller la revue par les pairs, a pour but d’exala participation des ONG et le situation des droits de l’homme miner la situation de tous les pays de mécanisme de « peer review ». dans un pays ou un territoire donné façon périodique afin qu’aucun État L’élection des États (mandats par pays) ou les violations n’échappe à un contrôle attentif du majeures des droits de l’homme à CoDH. Lors de la première session du Il n’existait pas de conditions requises l’échelle mondiale (mandats thémaConseil en juin 2006, un Groupe de en matière de droits de l’homme tiques) et à en rendre compte publitravail intergouvernemental intersespour qu’un État soit membre de la quement. Ces mécanismes extrasions a été chargé d’élaborer les Commission tandis que les États conventionnels ont l’avantage d’être modalités de cette procédure. candidats au Conseil doivent mainexercés par des groupes de travail Il est primordial que ce mécanisme tenant rendre publics leurs « engagements volontaires » de respect des composés d’experts indépendants complète et ne duplique pas les ou par des personnes agissant à titre autres mécanismes de contrôle mis droits humains. Cette exigence reste individuel (rapporteur spécial). en place par les Comités surveillant néanmoins particulièrement flou et L’ensemble de ces mécanismes a été l’application des instruments interla résolution de l’assemblée générale repris par le Conseil qui a examiné nationaux de protection des droits ne fixe pas de conditions claires et les rapports de ses experts lors de sa de l’homme. En aucun cas, cette mesurables de garanties des droits deuxième session avec l’aide d’orgaprocédure ne doit remettre en quesde l’homme pour les États. nisations non gouvernementales. tion les acquis précédant sa mise en Il aurait été souhaitable que les États place par la Commission. candidats au CoDH s’engagent, par Aujourd’hui le CoDH est encore en exemple, à inviter de façon perma- Le maintien de la participation de la société civile construction, ses modes de fonctionnenente les « procédures spéciales » des Nations unies ou s’engagent à rati- Les Organisations non gouvernemenment ne sont pas encore bien définis ; fier les principaux instruments de tales ayant le statut consultatif il faut donc suivre attentivement son protection des droits de l’homme. auprès des Nations unies pouvaient évolution afin d’apprendre comment assister et participer aux sessions Cependant, les premières élections l’utiliser de façon judicieuse et efficace. de la Commission ; ce droit ne qui ont eu lieu en mai 2006 ont sti___________________________________________ devait pas être remis en cause. mulé la ratification des conventions 1. Recensées par Le Temps (Genève), 16 mars 2006. La procédure d’association des ONG 2. Il l’a d’ailleurs fait à deux reprises à propos de la situation internationales de protection des a été modifiée devant le Conseil car du Liban en juillet et août 2006. droits de l’homme. Certains États ont Membres du Conseil : Afrique du Sud, Algerie, Allecelles-ci peuvent à présent participer 3.magne, renoncé à se présenter en raison de Arabie Saoudite, Argentine, Azerbaijan, Bahrain, au « dialogue interactif » lors de l’exa- Bangladesh, Brésil, Cameroun, Canada, China, Cuba, Djicette exigence ; c’est le cas notammen des Mandats thématiques. Elles bouti, Equateur, Fédération de Russie, Finlande, France, ment de la Birmanie, du Zimbabwe, Gabon, Ghana, Guatemala, Inde, Indonésie, Japon, Jordapeuvent poser des questions aux rap- nie, Malaisie, Mali, Maroc, Maurice, Mexique, Nigeria, du Togo, du Soudan, du Tchad, de la porteurs lors de la présentation de Pakistan, Pays-Bas, Pérou, Philippines, Pologne, RépuCorée du Nord, de la Colombie, du de Corée, République Tchèque, Roumanie, leurs travaux au même titre que les blique Belarus ou de la Libye. De même, Royaume Uni, Sénégal, Sri Lanka, Suisse, Tunisie, Ukraine, États (4). Il s’agit d’un réel progrès. l’Iran n’a pas été élu pour cette raison. Uruguay Zambia Cela ne doit cependant pas être fait 4. La procédure est moins efficace concernant les mandats Il reste que certains États sur le terpar pays car les questions des ONG ont été regroupées à la au détriment des autres modes de fin de la session et non au moment de l’examen de la situaritoire desquels de nombreuses vioparticipation des ONG, notamment tion des pays concernés. lations sont commises ont été élus, FIACAT.INFO/NOVEMBRE 2005/N° 2