L`électrochoc dont Fribourg Olympic avait besoin

Transcription

L`électrochoc dont Fribourg Olympic avait besoin
LA LIBERTÉ
SPORT
MERCREDI 23 AVRIL 2008
Stanislas Wawrinka
23
23
25
25
27
30
TENNIS Wawrinka abandonné par son service
HOCKEY SUR GLACE Manzato privé de mondiaux
ATHLÉTISME Vieux Fribourg: c’était couru d’avance
CYCLISME Le mur de Huy se dresse devant le peloton
VOLLEYBALL Quand Châtonnaye s’enflamme
FOOTBALL Chelsea égalise à la 94e à Anfield Road!
21
ATHLÉTISME
BASKETBALL
L’électrochoc dont Fribourg Olympic
avait besoin pour se réveiller
MCFREDDY
DEMI-FINALE DES PLAY-OFF • Vacallo surfe sur la vague du succès et cueille, avec
SIMON THOMET
classe, le champion en titre, dans sa salle. Une défaite qui ne peut que faire du bien.
Le marathon
selon Simon
STEFANO LURATI
Pas de bras levés, pas de cris d’allégresse, tout juste quelques sourires et
quelques tapes dans les mains tendues
de leurs supporters: les joueurs de la
SAV Vacallo ont le triomphe modeste.
«On ne vient pas de réussir quelque
chose d’exceptionnel. On vient seulement de remporter le premier match
d’une série au meilleur des cinq. On
doit garder les pieds sur terre, parce
que Fribourg reste la meilleure équipe
de Suisse.» Martin Mihajlovic, la perle
slovène de Vacallo, se la joue profil bas.
Après avoir sorti Monthey dans une série à couteaux tirés qui ne s’est terminée que samedi passé, les joueurs de
Rodrigo Pastore n’ont pas l’intention
de s’éparpiller ou de se laisser envahir
par l’euphorie. Et c’est ce qui va les
rendre encore plus dangereux.
Trois Fribourgeois se sont mis en évidence dimanche, lors du marathon de
Zurich, épreuve qui faisait office de
championnats suisses de la discipline.
Isabelle Piller (CA Belfaux) a battu
son record personnel en bouclant les
42,195 km en 3 h 09’07. Bertrand Gauch
(Triathlon Fribourg), lui, a encore fait
mieux, puisqu’il s’est classé 3e chez les
vétérans (2 h 33’22). Et puis, il y a Simon
Thomet (CA Belfaux), qui s’est emparé du
titre chez les espoirs, son deuxième sur la
reine des distances après celui conquis en
2006. Si son temps – 2 h 47’48 – n’est pas
à la hauteur de ses espérances, le Belfagien de 22 ans, qui suit actuellement un
stage d’enseignant spécialisé dans un
institution pour jeunes en difficulté, a
de la suite dans les idées. Le marathon,
c’est son dada, et il ne compte pas
s’arrêter en si bon chemin.
Taquiner le brochet…
Bingo à trois points!
Face à une équipe qui avait déjà
cinq matches dans les jambes et un
banc très court, Olympic s’est effondré
au moment de porter l’estocade. Alors
qu’ils avaient péniblement obtenu
sept longueurs d’avance (63-56 à la
31e) et avaient la possession du ballon,
les Fribourgeois se sont retrouvés me-
Simon Thomet, quels étaient
vos objectifs en arrivant à Zurich?
Clairement de faire une médaille. J’espérais
aussi courir en 2 h 42’ ou en 2 h 43’. Malheureusement, je suis parti trop vite et, après 8
kilomètres, j’avais déjà une minute et demie
d’avance sur ce qu’auraient dû être mes
temps de passage. Les 24 derniers kilomètres, je les ai faits seul. Et c’était long...
Erroyl Bing entre Martin Mihajlovic (à gauche) et Westher Molteni: les play-off, c’est ça! ALAIN WICHT
nés de cinq points quatre minutes plus
tard (66-71). La SAV remportait
d’ailleurs le dernier quart 27-14 et le
match 83-75. On pourra longtemps
gloser sur la réussite tessinoise dans
l’exercice du tir primé (11 sur 23), reste
qu’encaisser 83 points à domicile dans
un match de play-off complique singulièrement les choses. «On pouvait
espérer que Vacallo s’étiole sur la durée, ce qui n’a pas été la cas», constate
Damien Leyrolles. «C’était à nous à
mener les débats et à être plus consistants. Au contraire, on entre mal dans le
match (réd. 6-13 à la 6e) et on met Vacallo en confiance. On a aussi eu du
mal à contenir l’adresse offensive de
toute l’équipe et sa force sur les tirs extérieurs. Pour la suite, il ne faudra pas
attendre que la réussite chute. Non, il
faudra perturber Vacallo.»
Trop de joueurs sont aussi passés à
côté de ce premier acte: Pascal PerrierDavid, méconnaissable au tir (0 sur
10…) alors qu’il est si souvent indispensable au rendement de l’équipe,
Marcus Sloan, trop vite pénalisé par les
fautes, Dave Esterkamp, dont les 15
points ne font pas oublier les 9 balles
perdues, Erroyl Bing et Oliver Vogt,
trop souvent mis en difficulté par Martin Mihajlovic… Et on en passe.
S’il entend garder toutes ses chances de jouer son titre de champion ju-
COUP PAR COUP
TÉLÉGRAMME
Sainte-Croix n’est plus une forteresse
Coup de massue. Toutes les
séries ont une fin. Boncourt
était resté invaincu dans son
«Chaudron» pendant deux ans
moins trois jours. Olympic a fait presqu’aussi bien: deux ans moins quatorze
jours. Depuis le 6 mai 2006 et une
défaite face à Lugano en demi-finale
des play-off, aucune équipe suisse n’était
parvenue à s’imposer à la salle SainteCroix. Vacallo l’a fait. «Il n’y a jamais
de bon moment pour perdre. Mais je
préfère aujourd’hui plutôt que lors d’un
éventuel 5e match», constate Damien Leyrolles.
Coup de cochon. Responsable
technique de Vacallo, Luciano
«Ciccio» Grigioni, ne rate
jamais l’occasion d’en placer
une. Et pas toujours à bon escient. Hier
soir, c’est notamment Marco Mombelli,
qu’au bout, Olympic a tout intérêt à rebondir vite fait. Et pas plus tard que dimanche 16 h à Chiasso. «Cette défaite
peut nous faire du bien. On va réagir
en équipe», promet Quidome. Leyrolles relève lui aussi le défi: «Gagner à
Vacallo ne sera pas facile. C’est c’est un
beau challenge, parce qu’on est déjà
un peu au pied du mur.» Quant à Pastore, il restait un entraîneur des plus
circonspects: «Même si on l’a bien préparé, un match ne va pas toujours
dans le sens qu’on attend. Fribourg
reste une équipe dangereuse qui peut
nous faire mal de tellement de manières différentes…» A Olympic de
trouver la bonne manière. I
le deuxième meneur de jeu de son équipe,
qu’il a épinglé avant le match. «Mombelli
est venu en voiture à Fribourg, mais ce
n’est pas grave puisqu’il ne joue qu’une
ou deux minutes et qu’il arrive à peine à
passer le milieu du terrain…» Mombelli a
été aligné pendant 16 minutes et a inscrit
deux tirs à trois points qui ont fait très
mal à Olympic…
Coup de gueule. Une septantaine de supporters tessinois
avaient effectué le déplacement. Comme d’habitude. Et
on n’a entendu que leurs chants pendant
40 minutes. «Avec nos fans derrière nous,
c’est plus facile de jouer», sourit Martin
Mihajlovic. «Ils nous aident beaucoup.»
Quant aux 1330 autres supporters, on
ne les a guère remarqués… Combien de
Fribourgeois chanteront dimanche à
Chiasso? SL
Fribourg Olympic - SAV Vacallo 75-83
(15-17 30-26 16-13 14-27) • Sainte-Croix: 1400 spectateurs. Arbitres:
Bertrand, Pizio, Clivaz. Notes: faute technique à Mihajlovic (17e). Sortis
pour cinq fautes: Gibson (40e), Quidome (40e).
Fribourg Olympic: Sloan 5 (2/2 à deux pts,1/4 aux l.fr.,5 reb.,22’de jeu),Perrier-David 2 (0/7 + 0/3 à trois pts, 2/2, 1 reb., 23’ de jeu), Quidome 18 (3/4 +
4/6, 1 reb., 35’de jeu), Mrazek 13 (3/5 + 1/2, 4/4, 1 reb., 28’de jeu), Esterkamp
15 (5/9 + 1/5,2/4,7 reb., 34’de jeu), Bing 11 (3/5 + 0/1, 5/6,6 reb., 38’de jeu),
Tshomba 2 (1/1, 5’ de jeu), Vogt 9 (3/3 + 0/1, 3/3, 4 reb., 14’ de jeu).
26 tirs réussis sur 54 dont 6 sur 18 à trois points, 17 sur 23 aux lancers
francs, 25 rebonds dont 5 offensifs, 22 balles perdues, 20 fautes.
SAV Vacallo: Smiljanic 16 (1/4 à deux pts + 4/7 à trois pts, 2/3 aux l .fr., 2
reb.), Raga 4 (1/2 + 0/5, 2/2, 4 reb), Gibson 9 (2/7 + 1/3, 2/2, 5 reb.), Molteni 7 (1/1 + 1/2, 2/2, 1 reb.), Dacevic 18 (4/8 + 1/2, 7/9, 11 reb.), Mombelli 6
(2/2 à trois pts, 2 reb.), Mihajlovic 23 (7/9 + 2/2, 3/5, 5 reb.)
27 tirs réussis sur 54 dont 11 sur 23 à trois points, 18 sur 23 aux lancers
francs, 30 rebonds dont 7 offensifs, 20 balles perdues, 22 fautes.
BASKETBALL – PLAY-OFF LNA
Demi-finales 2007-2008 - Au meilleur des 5 matchs
Fribourg Olympic (1*) 75
Vacallo (5)
83
Lugano Tigers (2)
Birstal Starwings (3)
22/23.4
26/27.4
3.5
7.5 év.
10.5 év.
*position après le tour préliminaire
Dangereux, Olympic ne l’a pour
ainsi dire jamais été. Un quart de finale
expédié en trois matches secs contre la
fantomatique équipe des Geneva Devils n’a pas aidé les Fribourgeois à se
mettre dans l’ambiance des play-off. Au
contraire de Vacallo, qui y est plus que
jamais. «Une fois que vous avez joué
contre Monthey, vous êtes préparés
pour la suite», souligne Pastore. Dans
ces conditions, l’électrochoc subi par
Olympic hier soir ne peut qu’avoir un
effet roboratif. Messieurs, les play-off,
ce n’est pas taquiner le brochet sur les
rives du lac de la Gruyère. C’est jouer
dur, c’est ne rien concéder à l’adversaire, c’est aller puiser dans ses réserves.
Cela, on ne l’a pas vu. Ou alors si peu.
«On n’a pas montré notre vrai visage,
pas su imposer notre jeu», admet Trésor
Quidome, dont l’adresse à trois points
n’aura pas suffi. En face, Slaven Smiljanic
sut lui rendre la monnaie de sa pièce.
Cette médaille d’or est-elle une surprise?
Oui, dans la mesure où c’était mon premier
grand marathon. Auparavant, j’avais couru à
Tenero et à Bâle, où il ne devait y avoir que
quelque 150 personnes au départ. Même au
niveau des spectateurs, c’était mort! Du
coup, Zurich, ça m’a paru énorme.
Le marathon, c’est votre truc?
Assez rapidement, et de manière très naturelle, je me suis dirigé vers les longues distances. Je me consacre particulièrement au
marathon depuis deux ans. Pour le moment,
au niveau de la préparation, ça ne marche
pas encore comme je le voudrais, mais je
pense que d’ici deux ou trois compétitions,
j’aurai trouvé le juste milieu. Mon père, Guy,
dont le record est de 2 h 27’51, va m’élaborer
des plans d’entraînement. Je peux aussi
bénéficier des conseils de David Girardet ou
Ivan Mariano, qui ont plus d’expérience que
moi. Enfin, je lis beaucoup de magazines
spécialisés. J’aime me tenir au courant sur
les temps et les records.
Petite colle: qui détient le record
fribourgeois du marathon?
Jean-François Cuennet, en 2 h 19’. Aujourd’hui, ce temps me paraît illusoire. Cuennet
aurait mis un kilomètre dans la vue de Tarcis
Ançay, le meilleur suisse dimanche à Zurich
(en 2 h 22’)! Mais qui sait? Peut-être qu’un
jour, après une super course, je pourrais
m’en approcher. Pour le moment, je ne vois
pas si loin.
Justement, comment voyez-vous l’avenir?
D’ici 5 à 6 ans, j’espère courir en moins de
2 h 30. A plus court terme, je vais participer
au marathon de New York le 2 novembre
prochain. Là-bas, ce sera encore une autre
dimension. New York, c’est l’un des quatre
plus grands marathons du monde, avec
Berlin, Londres et Paris. Berlin, c’est le plus
rapide. Je pense y aller bientôt pour faire un
temps. Paris, je le regarde chaque année à
la télévision. Londres, c’est pas mal aussi.
Mais New York, c’est tout un symbole...
PIERRE SALINAS