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Tribune de Genève | Lundi 25 octobre 2010
Rencontre avec Philippe Pascoët
Un chocolatier haute couture
Encre
Bleue
Jean-Daniel Sallin
P
hilippe Pascoët se souvient
encore de son premier défilé au Salon du chocolat.
«Une catastrophe!» sourit-il. Il avait passé des heures dans son laboratoire à
créer la robe dessinée par
le styliste parisien Christophe Guillarmé.
Une jupe avec des lamelles de chocolat
extrafines, une coiffe impressionnante
sculptée dans le cacao… Une merveille!
Mais autour de la taille de Daniela Lumbroso, la ceinture en nid-d’abeilles n’a pas
résisté à l’épreuve des escaliers: elle s’est
brisée avant que la présentatrice de France
Télévisions n’arrive sur le podium. «Une
catastrophe, répète le chocolatier. Je passais
mes soirées à faire des retouches sur la
robe.»
Visiblement, cette expérience n’a pas
traumatisé Philippe Pascoët. Il est prêt à
(re)monter à la Porte de Versailles. Et à vivre
son deuxième défilé de mode en ouverture
du Salon du chocolat (28 octobre-1er novembre). «Cette année, il y aura moins de
risques! Le thème choisi pour cette édition,
c’est le commerce équitable. Cela pousse
à la sobriété…» Associé à une styliste allemande, Ute Auwärter, le Genevois a reçu
la mission de gicler un manteau en laine
(avec un pistolet de carrossier) et de créer
des cabosses en chocolat. «La robe, très
sexy, sera portée par une nouvelle animatrice de France 2: Audrey Chauveau», précise-t-il.
La bague
bleue des
célibataires
Le poids de la grève
A la veille d’emmener ses ganaches et ses
macarons dans la Ville Lumière, Philippe
Pascoët ne cache pourtant pas son inquiétude: si la grève générale se poursuit dans
l’Hexagone, elle pourrait bien gâcher la fête
du cacao. «Il y a quatre ans, à cause d’un
débrayage de la RATP lors des deux premiers jours du Salon, la halle est restée
totalement vide, raconte-t-il. J’ai pris un
bouillon et je me suis retrouvé avec 2500
moelleux au chocolat sur les bras…» Mais
cette année-là, sa présence à Paris lui avait
aussi permis de trouver une arcade dans le
VIe arrondissement. A la rue Saint-Placide.
Un joli lot de consolation! «Désormais, s’il
me reste de la marchandise, ce n’est plus
perdu: je l’écoulerai à la boutique.»
Que de chemin parcouru depuis que
Philippe Pascoët a posé ses valises à Carouge. «Je produis désormais entre huit et
dix tonnes de chocolat par année, préciset-il. Mais je pourrais monter jusqu’à quinze
sans que ça pose trop de problèmes…»
Breton d’origine, le Genevois fixe le départ
Dans son laboratoire, Philippe Pascoët doit produire près de 250 kilos de chocolat pour le Salon. PIERRE ABENSUR
Philippe Pascoët
Bio express
1966 Naissance en France.
2003 Il s’installe dans une arcade
à la rue Saint-Joseph à Carouge.
2005 Première participation au Salon
du chocolat à Paris.
2006 Prix de l’artisanat de la Ville
de Genève.
2008 Elu meilleur chocolatier de Genève.
2009 Création d’une robe pour
le Salon du chocolat à Paris.
C’est Daniela Lumbroso qui la porte!
2010 Ouverture d’un point de vente
au Bon Génie.
de cette folle aventure à 2006. L’année où
il a reçu le Prix de l’artisanat de la Ville de
Genève. «C’était juste avant la Fête des
mères! Les gens ont pris d’assaut ma boutique et, en deux heures, elle a été vidée…»
Adresse culte depuis que Philippe Pascoët
a créé son Habanachoc, une ganache à la
feuille de havane infusée, son arcade est
aussi un passage obligé pour tous ceux qui
apprécient les grands crus de Papouasie ou
du Brésil. Et qui trouvent que le safran, le
basilic ou la coriandre se marient à merveille avec la fève de cacao. «Madame veut
que je lui fasse un chocolat au caramel et au
beurre salé, confie-t-il. Mes premiers tests
n’ont pas été concluants. Mais je n’ai pas le
choix, les étiquettes sont déjà faites.»
A son retour de Paris, Philippe Pascoët
se lancera surtout un autre défi: il a accepté
l’invitation du Bon Génie et s’installera dès
le 6 novembre au centre-ville. Dans un
La photo du jour
corner de 15 m2. «Les travaux ont commencé au mois d’août, explique-t-il. Depuis,
je me suis promené le samedi dans les
Rues-Basses et je me suis rendu compte du
monde qu’il y avait…» Le Carougeois s’est
donc organisé pour ne pas frustrer sa clientèle dans ses envies de douceurs. Il a engagé
un deuxième chocolatier, a pris soin de
choisir les bonnes personnes pour la vente.
A l’ouverture, il envisage même d’exposer
la robe d’Ute Auwärter.
La bande bleue m’a mis la puce à
l’oreille, au rayon des petites annonces
de la Migros. Vous savez, ce panneau où
figurent, sur des cartes écrites à la main,
les demandes d’heures de ménage ou
les offres de cours d’informatique.
Eh bien, samedi matin, j’y ai trouvé
ce billet intriguant, tapé à la machine
serré serré et surmonté de la bande
bleue. Avec un O noir au beau milieu.
C’est quoi, cette plaisanterie? A y regarder de plus près, c’est une bague à
découper. L’alliance des célibataires!
Si vous êtes seul(e) et que vous
cherchez l’âme sœur, ce truc simple et
gratuit devrait faciliter les rencontres
réelles. C’est du moins le but recherché.
Il vous suffit de découper ce ruban et de
le scotcher autour de votre auriculaire
droit. Pour info, c’est le petit doigt. Ou
le glinglin, en patois genevois.
Muni de ce signe discret, vous allez
alors dans tous les lieux où l’on croise
du monde, en espérant repérer une
personne avec une marque semblable.
Libre à vous de montrer ou non votre
glinglin enrobé de bleu. De faire connaissance et plus si entente.
Cette initiative rassembleuse, qui
vient d’être lancée à Genève, s’adresse
à des célibataires majeurs. Des jeunes
comme des vieux. Pas de honte à afficher en public que l’on en a marre
d’être seul! Et puis, cela ne coûte rien
d’essayer. Au cas où ce petit coup de
main vous a réussi, vous me faites signe!
Un chocolatier de quartier
«Je reste pourtant un petit chocolatier de
quartier», rappelle-t-il. En toute modestie.
Philippe Pascoët est surtout un passionné.
Capable de parler du chocolat pendant des
heures. Impatient de vous faire goûter ses
dernières trouvailles. Quand il vous dit que
son rêve, il le vit tous les jours, on le croit
sur parole!
Retrouvez les chroniques de
Julie sur notre page web,
http://julie.blog.tdg.ch
Genève au fil du temps
Ateliers photographiques (I/V) Situé au 1, rue de Candolle,
dans l’actuel parc des Bastions, l’atelier de J. Lacroix (1832-1909) jouxte
vers 1870 le Jardin botanique. Evoquant l’architecture des jardins, ses
grandes baies vitrées des étages supérieurs sont destinées à capter la
lumière nécessaire à l’exercice de la photographie. Le personnage au
premier plan, contre la barrière, est probablement le photographe.
Dubaï Les visiteurs de l’exposition passent entre des œuvres d’artistes turcs que Christie’s mettra aux
enchères internationales d’art moderne et contemporain demain, dans un hôtel, avant de proposer le
lendemain des montres et des bijoux. EPA
Contrôle qualité
COLLECTION CENTRE D’ICONOGRAPHIE GENEVOISE
Retrouvez les images de la Bibliothèque de Genève. www.tdg.ch/geneve-au-fil-du-temps

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