Éléments d`analyse

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Éléments d`analyse
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O
R
■ Éléments
NOTIONS
EN
R
I
G
É
CORRIGÉ
C
d’analyse
JEU
La liberté ; la justice et le droit ; la société et l’État ; le bonheur ; autrui
(la politique).
THÈSE
ADVERSE
L’État et la loi doivent tout régir pour limiter ainsi toute liberté individuelle qui menacerait l’ordre public. L’état civil rompt totalement avec
l’état de nature : il n’y a pas de droit naturel à préserver.
PROCÉDÉ
D’ARGUMENTATION
L’auteur s’oppose à une thèse répandue qui consiste à dire que la loi a
pour principe de limiter la liberté. Il va jusqu’à expliciter un paradoxe :
la loi augmente la liberté.
DÉCOUPAGE
DU
TEXTE
ET
IDÉES
PRINCIPALES
m Dans une première partie (du début jusqu’à « il n’y a point non plus
de liberté »), l’auteur établit un lien entre la loi et le bien général qui
répond aux intérêts de chacun car la fin de la loi est d’augmenter la
liberté.
m La seconde partie (de « Car la liberté consiste à être » à la fin) explique
ce paradoxe : la loi préserve chacun des contraintes qu’autrui pourrait
lui imposer, condition de possibilité pour pouvoir disposer de sa personne et de ses biens.
REMARQUES
ET
DIFFICULTÉS
m Pour comprendre ce texte, il faut s’interroger sur les fondements de
l’État et ce qui justifie le passage de l’état de nature à l’état civil, le
passage à la loi.
m Le texte va résoudre un paradoxe : la loi augmente la liberté. Mais pour
cela, l’auteur recourt à un argument qui introduit la notion d’autrui : la
loi neutralise celui qui pourrait être menaçant pour sa liberté. Il crée ainsi
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un nouveau paradoxe : c’est en limitant la liberté d’autrui que la loi augmente la liberté de chacun, or la loi par définition est la même pour tous.
m Il convient dans ce texte de ne pas confondre la liberté comme absence
de contrainte et la liberté comme pouvoir d’autodétermination.
THÈME,
QUESTION,
THÈSE
m Thème : La loi.
m Question : Comment la loi peut-elle augmenter la liberté ?
m Thèse : La loi augmente la liberté parce qu’elle diminue la contrainte
qu’autrui peut exercer sur chacun et donne ainsi les conditions de possibilité d’une liberté d’agir.
■ Corrigé
(plan détaillé)
Introduction
1. La fin d’une loi est de conserver et d’augmenter
la liberté
A. La loi doit exister pour le bien général
La loi d’après sa définition vise le « bien général ». En effet, la loi est
établie par une autorité, l’État vise l’organisation des rapports sociaux.
Elle réglemente l’action de ceux qui sont « intelligents et libres », c’està-dire responsables, en faveur de leurs intérêts. Mais ici la loi semble
concerner le bien de l’ensemble des individus d’une même société, plutôt
que le bien de chacun d’eux en particulier.
B. Si elle est inutile au bonheur des hommes, elle s’élimine d’elle-même
Comment savoir que la loi rend l’homme heureux ? Parce que si ce n’est
pas le cas, elle « s’évanouit d’elle-même, comme une chose inutile ». Si
elle ne sert à rien, elle est oubliée. Si elle est néfaste, il faut la rejeter.
La liberté est un bien pour l’homme et la loi ne peut que l’augmenter.
Tels sont les principes que l’on doit exiger d’une loi. Locke définit encore
ici non pas ce que la loi est de fait mais ce qu’elle doit être « suivant sa
véritable notion ».
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2. La loi préserve de la menace d’autrui
Comment la loi, expression d’une autorité, peut-elle augmenter la liberté ?
Pour répondre, Locke va introduire un troisième terme entre la loi et la
liberté : autrui. En effet, la liberté, comme absence de contrainte, consiste
à ne pas être limitée par la volonté d’autrui. L’autre peut constituer une
menace à l’action de chacun dans la mesure où il peut se montrer gênant,
voire agressif. Chacun peut empêcher l’autre de faire ce qui lui plaît : la
loi permet donc de ne pas être « gêné » par autrui, et en ce sens donne
toute la latitude pour agir librement. La loi ne limite pas la liberté, mais
limite les contraintes empêchant d’être libre.
CORRIGÉ
A. La loi garante de la liberté pour chacun de faire ce qui lui plaît
B. La loi comme condition de possibilité d’une véritable autonomie
Mais la liberté comme absence de contrainte n’est qu’une définition
négative de la liberté. Dire que la loi limite les contraintes qui nuisent
à l’exercice de la liberté, c’est dire seulement que la liberté donne les
conditions d’une liberté possible. L’auteur va plus loin en affirmant
que la loi permet une véritable autonomie. En effet, être libre, ce n’est
pas seulement ne pas être « sujet à la volonté arbitraire des autres »,
mais c’est aussi « librement suivre la sienne propre ». Disposer de ses
biens, de sa personne et de ses actions, constitue une véritable autonomie, c’est-à-dire, d’après son étymologie, la possibilité de se donner
à soi-même sa propre loi.
3. Sous quelles conditions la loi peut-elle augmenter
les libertés individuelles ?
A. Pour exprimer la volonté générale, le contrat social
Pour Locke, il s’agit dans la société civile de préserver des droits qui à
l’état de nature sont menacés par l’agressivité d’autrui. L’État résulte
donc d’un contrat social qui exprime la volonté générale, en sorte que
chacun obéit à une loi qu’il s’est lui-même prescrite. Mais la fonction
de la loi reste d’assurer la liberté de chacun (être maître de soi) et la
préservation de ses possessions (la propriété privée). C’est en ce sens
que Locke est à l’origine du libéralisme.
B. Pour éviter les abus de l’État, la séparation des pouvoirs
La limite de l’État se situe donc dans ses abus de pouvoirs, lorsqu’il
porte atteinte à la liberté plutôt que de la garantir. Pour éviter un tel
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écueil, il faut, comme l’a décrit Montesquieu dans L’Esprit des lois,
séparer les pouvoirs en législatif, exécutif et juridique de manière que
l’équilibre des puissances soit préservé. C’est en ce sens que Locke
s’oppose à l’absolutisme.
Conclusion
■ Ouvertures
LECTURES
– John Locke, Traité du gouvernement civil, Flammarion, coll. « GF ».
– Montesquieu, L’Esprit des lois, Flammarion, coll. « GF ».
– Jean-Jacques Rousseau, Du contrat social, Bordas.
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