BERLIOZ Jacques et POLO DE BEAULIEU Marie Anne, avec la

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BERLIOZ Jacques et POLO DE BEAULIEU Marie Anne, avec la
BERLIOZ Jacques et POLO DE BEAULIEU Marie Anne, avec la collaboration de Pascal
COLLOMB, L’animal exemplaire au Moyen Âge (V e-XV e siècles), Rennes, Presses
Universitaires de Renne, 1999. 1 vol. in-8°, 333 p. ISBN 2-86847-435-7. Collection :
« Histoire »). Prix : FRF 140.
CR / Review : Le Moyen Âge, 107 (2001), pp. 580-581.
Ci-dessous : sans mise en page/Hereafter: no lay out.
Parmi toutes les fonctions dévolues à l’animal dans la culture médiévale, celle qui l’a fait
utiliser comme exemple à des fins didactiques et moralisatrices reste attestée par de multiples
sources textuelles. Les fables et les « romans animaliers », objets d’une abondante
bibliographie, viennent en premier lieu à l’esprit. Ils ne peuvent occulter l’apport de
témoignages jusqu’ici délaissés ou pas exploités par l’anthropozoologie historique, les récits
exemplaires, recueils de distinctiones bibliques alphabétiques, encyclopédies ou encore textes
juridiques. À des degrés divers, en fonction de leur finalité propre, tous font appel à l’animal
pour instruire et convaincre auditeurs et lecteurs. Cette part de la documentation a suscité, les 26
et 27 septembre 1996 à Orléans, un colloque international, dont les actes sont désormais
disponibles dans le présent volume. Très soigneusement mis en page, il reflète la qualité des
différentes interventions, que les limites imposées à la recension empêchent d’approfondir
autant qu’elles le mériteraient. Après l’avant-propos des co-éditeurs, Michel Pastoureau signe,
sous le titre L’animal et l’historien du Moyen Âge, un exposé introductif général qui devrait être
lu, en raison de sa portée épistémologique et méthodologique pour l’histoire des relations entre
l’homme et l’animal, bien au-delà du cercle des médiévistes. Quatre parties structurent
l’ouvrage. Ls exposés réunis dans la première illustrent le thème De l’Occident à l’Orient
(Jacques Voisenet, Animalité et mépris du monde [Ve-XIe siècle]; Gherardo Ortalli, Animal
exemplaire et culture de l’environnement : permanence et changements; Pierre Boglioni, Les
animaux dans l’hagiographie monastique; Catherine Mayeur-Jaouen, L’animal exemplaire dans
les récits de miracles en Islam). La « rhétorique animale » est considérée par trois auteurs
(Alain Boureau, L’animal dans la pensée scolastique; Claude Bremond, Le bestiaire de Jacques
de Vitry [† 1240]; Baudouin Van den Abeele, L’allégorie animale dans les encyclopédies
latines du Moyen Âge). Pour faire valoir Les vecteurs de l’exemplarité, Marie Anne Polo de
Beaulieu a traité Du bon usage de l’animal dans les recueils d’exempla, Franco Morenzoni a
examiné Les animaux exemplaires dans les recueils de Distinctiones bibliques alphabétiques du
XIIIe siècle, Bernard Ribémont a analysé L’animal comme exemple dans les encyclopédies
médiévales : morales et « naturalisme » dans le Livre des propriétés des choses, tandis que
Patrick Arabeyre a enquêté sur les liens entre Animaux « exemplaires » et droit canon. Le
commentaire de la décrétale Raynutius par Guillaume Benoît (1455-1516). Quant à L’animal à
l’œuvre, il a été scruté à travers quatre espèces : le chat, par Laurence Bobis (Chasser le
naturel... L’utilisation exemplaire du chat dans la littérature médiévale); le singe, par Colette
Ribaucourt (Le singe à la bourse d’or); l’escargot, par Marie-Françoise Cranga (Lâcheté et
paresse, conception virginale et Résurrection : les images contrastées de l’escargot médiéval);
le crapaud par Jacques Berlioz (Le crapaud, animal diabolique : une exemplaire construction
médiévale). Il est tout naturellement revenu à Robert Delort, créateur du concept de
«zoohistoire», de dégager la synthèse des travaux et des échanges, qu’il a intitulée Pour
conclure. Animal, environnement, ambivalence exemplaire. Elle aussi est nourrie de réflexions
méthodologiques bonnes à méditer. Outre les documents annexés à plusieurs contributions, le
résumé français de toutes et la liste des auteurs, le livre inclut deux index (animaux cités;
auteurs, artistes, œuvres anonymes et manuscrits). Il apporte une nouvelle démonstration de
l’importance des animaux pour la pensée du Moyen Âge et il confirme la fécondité, elle-même
exemplaire, de la recherche menée par les médiévistes au sujet de l’animal, ce «champ pour
l’histoire» (selon la formule d’É. Baratay et J.-L. Mayaud, Un champ pour l’histoire :
l’animal, dans Cahiers d’histoire, 42, 1997, pp. 409-442) qu’ils ont été parmi les premiers à
faire systématiquement fructifier.
Liliane Bodson