mon corps reflete ce que je suis
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mon corps reflete ce que je suis
MON CORPS REFLETE CE QUE JE SUIS Notre corps nous révèle Longtemps le corps a été exclu de la démarche psychologique ou de la recherche spirituelle, tout au moins dans nos pays occidentaux. Il y prend maintenant une place prépondérante comme "outil" d'évolution personnelle. Les nouvelles approches thérapeutiques se nomment elles-mêmes psycho-corporelles dans la mesure où elles prennent comme points d'appui la réalité du moment présent et le vécu corporel. Notre corps est notre réalité première, le lieu de notre expérience du monde. Nous vivons d'abord dans et par le corps : par lui, nous percevons, par lui, nous agissons. Pris entre, d'un côté, des impulsions vitales à satisfaire nos besoins, et de l'autre, les exigences de la vie sociale et les contraintes intériorisées de l'éducation, notre corps devient un lieu de compromis et notre structure corporelle traduit les tiraillements de notre histoire personnelle. "Le corps s'exprime clairement laissant paraître le caractère et la façon d'être d'une personne dans le monde. Il révèle les traumatismes passés et la personnalité actuelle, les sentiments vécus et les sentiments refoulés... Le corps révèle la personne, il est la personne." Ron Kurz et Hector Prestera, Ce que le corps Révèle, Hélios. La lecture du corps Notre histoire s’inscrit dans notre corps autant qu’elle nous reste dans la tête. Elle structure notre posture corporelle de la même manière qu’elle conditionne nos attitudes de vie. La « lecture du corps », et en particulier de sa posture, nous renseigne sur nos besoins profonds et sur nos émotions retenues. Nous pouvons apprendre à déchiffrer les messages que nous délivre le corps et en tirer d'une part des informations fort utiles sur l'emplacement des tensions corporelles et les liens entre les différentes zones de tensions, d'autre part des pistes sur la relation entre ces tensions, les émotions refoulées et les attitudes de vie ; ce que Reich appelait « l'armure » ou structure caractérielle car « toute tension corporelle contient l'histoire des situations qui l'ont créée ». Une observation attentive, une ouverture intérieure à ce que l'autre peut ressentir et l'acceptation sans jugement de la réalité perçue permettent de saisir les attitudes de vie que révèle la structure corporelle. Celles-ci transparaissent extérieurement dans les dissymétries, dans la forme et les proportions relatives des différentes parties du corps, dans la mobilité et la souplesse des articulations ainsi que dans l'aisance respiratoire intimement liée à la capacité d'expression des sentiments et au vécu émotionnel. Sentir l'autre Plus intérieurement, l'observation de la structure corporelle sert de support au développement de l'intuition, à une lecture "projective" associant les blocages corporels à des situations mal intégrées du passé. Il est étonnant, par exemple, de constater que toutes les parties du corps ne semblent pas avoir le même âge: une personne de quarante ans pourra montrer une cage thoracique semblable à celle d'un adolescent, fournissant ainsi un point de départ pour la résolution de conflits en relation avec cette période de vie. Cette lecture psychologique du corps s'intègre dans une démarche globale qui met l'accent sur l'expression du vécu corporel : Il ne s'agit pas de "plaquer" soimême ou sur l'autre des interprétations toutes faites et d'en déduire des directives de vie, comme dans d'autres grilles morphologiques, mais d'engager un dialogue thérapeutique favorisant la prise de conscience et la résolution des comportements problématiques. Etat d'être, état de faire La couche musculaire profonde correspond à notre « état d’être », au rapport que nous avons avec nous-mêmes indépendamment de la manière dont nous agissons dans le monde extérieur. Sa tonicité reflète de la « consistance » de notre moi intérieur et est reliée à notre sécurité fondamentale, à notre accord avec nous-mêmes. Elle transparaît dans la posture. Par contre la musculature dynamique concerne notre action vis-à-vis de l’extérieur, notre « état de faire ». Elle est associée à la volonté et à l’effort ainsi qu’à notre relation sociale aux autres. Comme la posture sert de base au mouvement, notre action dans le monde extérieur doit s’appuyer sur un accord avec nous-mêmes et sur notre vie intérieure. Si nous accordons trop d’importance à notre vie sociale et à notre extériorisation, notre corps cherchera sa posture « de l’extérieur » à l’aide de la musculature dynamique au lieu de « faire confiance » à la musculature profonde. Dans les états de stress chronique des tensions musculaires permanentes s’ajoutent au tonus postural, perturbant la posture et inscrivant dans celle-ci les impulsions retenues et les attitudes de la vie. Victimes et lutteurs Dans le cas évoqué, la musculature dynamique est moins efficace pour accomplir les mouvements. Cela correspond au fait généralement que la musculature profonde n’a pas acquis pendant le développement du corps la tonicité suffisante, que les qualités intérieures liées à « l’état d’Etre » : sécurité, confiance, accord avec soi-même,… ne sont pas suffisamment réalisées. La musculature dynamique plus superficielle peut compenser ces faiblesses de deux manières : - soit par une réaction des muscles extenseurs et abducteurs conduisant à une posture de type rigide que l’on retrouve dans l’attitude décrite du « lutteur ». - soit par une tension chronique des muscles fléchisseurs et adducteurs consolidant un affaissement de la posture caractéristique de l’attitude de la « victime ». Idéalement, l’axe du corps passe par les points suivants : le sommet de la tête, le milieu de l’oreille, de l’épaule, des articulations de la hanche, du genou et de la cheville. - Lorsque le poids du corps porte plus sur les talons, le dos se courbe et on retrouve « l’attitude de la victime » (type postérieur). La personne donne l’impression d’être accablée, de porter le fardeau de la vie sur son dos – Elle a du mal à s’engager, à prendre la responsabilité de sa vie. - Lorsque le poids du corps se déplace vers l’avant des pieds, la personne bombe la poitrine et avance la tête dans une attitude de défi et de lutte face à la vie. C’est « l’attitude du lutteur » (type antérieur), plus rigide, à tendance autoritaire et toujours sous contrôle et sur ses gardes. La posture influence et est influencée par la manière dont nous avons physiquement et intérieurement les pieds sur terre, ce qui caractérise la notio d'« l’enracinement ». Sommes-nous bien en équilibre, bien stable sur nos pieds, conscients de leur contact avec le sol ? Quelle est l’image de nos pieds dans notre schéma corporel ? L’énergie vitale circule-t-elle dans nos jambes ? Point de départ de la posture, notre enracinement est en relation avec notre confiance dans la vie, en nous-mêmes et en notre sécurité fondamentale. Les postures psychologiques a) La personnalité orale Le corps qui a l’air frêle, est assez maigre ; la tête avance, la poitrine se creuse, les genoux sont raides. La personne qui a du mal à faire face aux situations se décourage facilement. Elle a tendance à rechercher l’attention des autres et exprime assez facilement ses sentiments, sauf la colère par peur d’être rejetée. La voix, souvent faible, traduit u sentiments d’isolement. Ce caractère a des difficultés à s’affirmer et à assumer ses besoins. Emotions dominantes : la tristesse. b) La personnalité accablée Le corps à tendance à se tasser en se courbant vers l’avant, donnant l’impression de porter un fardeau. Cette posture correspond au sentiment d’être en infériorité, de souffrir. La personne s’empêche d’exprimer ses émotions, alors qu’elle se sent sur le point d’éclater. Elle est capable d’une grande ténacité dans l’effort. La voix est plaintive, signe de soumission. Le cou court et les épaules vers l’avant stockent la colère, la rancune et le désespoir non exprimés. c) La personnalité rigide Le cou raide et tendu montre une personne qui est prête à réagir à la moindre provocation et qui a besoin d’être admirée pour ce qu’elle est. Actif et rationnel, ce caractère a du mal à se détendre et croit tout mériter. Facilement agressif, il est mal à l’aise avec la tendresse. La voix est forte. Les mâchoires tendues et la poitrine gonflée retiennent les pleurs et la crainte de ne pas être reconnu comme un adulte à part entière. d) La personnalité lourde Ce caractère montre deux variantes : - Quand la lourdeur est localisée dans le haut du corps, généralement chez les hommes, la silhouette donne une impression de suffisance. La personne, qui fuit l’intimité, à tendance à ne pas tenir compte des autres. Elle cherche souvent à manipuler par la force ou la séduction, souvent au mépris des règles sociales. En profondeur, ce caractère a peur d’être dominé ou utilisé. - Quand la lourdeur se retrouve dans le bas du corps, souvent chez les femmes, la personne privilégie l’affectif. Le bassin, large, compense les problèmes de cœur. Dans la crainte de ne pas être acceptée, elle cherche souvent à manipuler, en jouant à la petite fille ou en faisant valoir sa sensualité. En dernier recours, elle laisse éclater sa colère. La liberté d'être Notre corps est le témoin de notre relation aux autres, de la liberté d'être que nous nous permettons : je vis ma vie comme je vis mon corps. Mais souvent, nous ne sommes plus conscients des compensations physiques - pendant de nos compromis intérieurs - et des tensions chroniques qui modèlent notre posture et limitent notre amplitude respiratoire. Notre corps peut devenir un carcan, restreignant nos possibilités d'expression et même nos possibilités de ressentir, isolant certaines émotions, nous amenant à répéter les mêmes schémas relationnels. La lecture du corps nous fournit un point de départ pour une prise de conscience et sa transformation nous permet d'évaluer le chemin parcouru. Au niveau le plus profond, toute évolution implique le corps. Un comportement nouveau sous-entend des perceptions, une sensibilité, une attitude corporelle et une liberté respiratoire nouvelles. Les changements psychologiques et physiologiques vont de pair. Comme tout notre héritage émotionnel est inscrit dans notre corps, il nous faudra, pour nous en détacher et retrouver notre liberté d'être, libérer notre corps. Mais s'il est vrai que le corps s'exprime c'est l'écoute de l'être dans sa totalité qui nous permettra de l'entendre. Repris à partir d'un article paru dans la revue Recto-verseau