Thomas Rollet C`est avec un très grand plaisir que je prends la

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Thomas Rollet C`est avec un très grand plaisir que je prends la
Thomas Rollet
C’est avec un très grand plaisir que je prends la parole aux côtés de mon collègue Marcel
Viëtor.
Tout d’abord, permettez-moi de vous remercier tous très sincèrement de votre présence
aujourd’hui, pour cette première conférence internationale consacrée à la mémoire du père
Jacquinot. Je crois qu’il est utile et même très nécessaire à notre temps, de rappeler l’engagement de
figures telles que lui. Il constitue une source d’inspiration pour nous, non pas une idole mais un
exemple qui trouve son illustration dans des projets très concrets, tels ceux qui sont portés par la
Croix rouge internationale, dont nous accueillons aujourd’hui d’éminents représentants. Il fait de
l’idée d’amitié entre les peuples une réalité objective.
Vous, éminente assemblée d’historiens, êtes les mieux placés pour faire l’expérience
quotidienne, à travers vos travaux, de la complexité de l’histoire humaine. L’établissement des zones
de protection des civils à Shanghai, Hankou, puis Nankin, sont un étonnant exemple de cette
complexité, qui résiste à bien des clivages nationaux et politiques. Quoi de plus étonnant que la
coopération humanitaire – car c’est bien de cela qu’il s’agit - qui s’est établie en Chine entre Robert
Jacquinot de Besange et John Rabe, un Français et un Allemand, deux années avant qu’éclate la
seconde guerre mondiale ? Quoi de plus étonnant que l’engagement du père Jacquinot en faveur de
la protection des civils en Allemagne, à l’issue de cette guerre ?
Vous le savez, cette conférence est sous le signe du 50ème anniversaire de l’établissement des
relations diplomatiques entre la France et la Chine. Vous le comprenez, elle prend aussi tout son sens
à la lumière d’un autre 50ème anniversaire, célébré il y a un an, celui du Traité de l’Elysée, conclu
entre le chancelier Adenauer et le général de Gaulle. C’est le traité qui a jeté les fondements de la
réconciliation franco-allemande et de la construction européenne.
Face aux atrocités de la guerre, l’exemple de Jacquinot et de Rabe est un motif d’espoir en
l’Homme. Mais au-delà des mots, c’est surtout une injonction nous mettant face à nos
responsabilités, aujourd’hui, alors que les turbulences de l’histoire continuent à créer de l’instabilité
dans le monde, faisant toujours des populations civiles les premières victimes de la violence, dans
toutes ses formes. Les grands pays comme la Chine, la France et l’Allemagne ont vocation à mettre
en œuvre cette responsabilité de protéger les populations civiles.
Pour arriver ce matin au centre de conférences, je suis passé à côté du parc de l’amitié sinojaponaise. Cela m’a rappelé la citation calligraphiée en 2005 par le Ministre des Affaires étrangères
Monsieur Wang Yi, alors ambassadeur de Chine au Japon, à l’occasion de sa visite du Musée de la
Paix à Kyoto : « 正视历史,开辟未来 ». « C’est en faisant face à l’histoire que nous ouvrirons
l’avenir ».
Je vais maintenant laisser la parole à Marcel Viëtor. Je vous remercie pour votre attention.
Marcel Viëtor
Je suis ravi d’ajouter quelques mots de bienvenue après ceux de mon collègue Thomas Rollet,
car il s’agit d’une journée célébrant l’amitié de trois partenaires : la Chine, la France et l’Allemagne.
Ce qui nous réunit aujourd’hui est notre recherche conjointe sur Robert Jacquinot de la
Besange : un jésuite français, qui est venu en aide à des milliers de personnes par le passé. Cette
recherche conjointe concourt à renforcer les liens de coopération entre la Chine, la France et
l’Allemagne, avec un regard porté sur cinquante années d’histoire : à cette occasion, je félicite la
Chine et la France pour le 50ème anniversaire de l’établissement de leurs relations diplomatiques. Et je
rejoins pleinement mon collègue français pour rappeler les cinquante années de réconciliation
franco-allemande et la construction de l’Europe amorcée depuis la signature du Traité de l’Elysée
entre la France et l’Allemagne.
Le français Robert Jacquinot, qui a agi à Shanghai, et l’allemand John Rabe, dont les efforts
humanitaires ont pris place à Nankin, ont beaucoup en commun : à un moment de grand chaos, ils
ont œuvré tous deux pour assurer la survie d’innombrables Chinois. Leur valeur et leur opiniâtreté
ont été récompensés. Nous constatons aujourd’hui qu’en une période de temps relativement courte,
ces deux personnages ont acquis une signification historique, quoique, naturellement, ils ont
accompli bien d’autres choses dans leurs vies.
Aujourd’hui nous savons un certain nombre de choses au sujet de John Rabe. Ses journaux
ont été publiés en 1997 ; il existe une biographie, ainsi que plusieurs films, dont un porte son nom.
En 2006, l’ancienne demeure de John Rabe est devenue un musée et un centre pour la réconciliation
internationale. Le bâtiment et ses activités sont soutenus par l’université de Nankin et plusieurs
mécènes allemands. Dans la ville allemande de Heidelberg se trouve par ailleurs le Centre Rabe pour
la Communication. Notre connaissance de John Rabe, toutefois, n’a pas une longue histoire. L’état
actuel des connaissances est le fruit d’une recherche intensive menée lors des deux dernières
décennies.
Nous n’en savons pas encore beaucoup sur Robert Jacquinot, bien que ses réalisations aient
été documentées dans un livre et un film. Je suis convaincu que cette conférence, aujourd’hui et
demain, renforcera et prolongera la recherche sur Jacquinot. Et, peut-être, y aura-t-il dans le futur un
lieu ici à Shanghai commémorant les actions du créateur de la zone de sécurité et rappelant leur
importance pour la paix aujourd’hui et dans l’avenir. L’année dernière, en présence de représentants
du ministère des Affaires étrangères allemand, une tablette en l’honneur de Jacquinot a été installée
dans le cimetière de Berlin où repose Jacquinot. Il ne fait aucun doute que ces lieux restent d’une
grande importance pour nous aujourd’hui.
Je voudrais aussi remercier M. Jiang Yuchun pour ses efforts sans relâche. Il a été à l’initiative
de cette conférence et a activement participé à sa préparation. Sans lui, nous ne serions pas réunis ici
aujourd’hui.
Je forme le vœu que tous les participants à cette conférence bénéficient de ses avancées
scientifiques ! Puissent votre recherche et votre clairvoyance nous permettre d’éviter dans le
futur le besoin pour des zones de sécurité! Merci !