Manuel Valls au Maroc : ça passe ou ça casse ?

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Manuel Valls au Maroc : ça passe ou ça casse ?
Manuel Valls au Maroc : ça passe ou ça casse ?
Pour ses quarante-huit heures au Maroc, Manuel Valls, le ministre français de l’Intérieur, a un
agenda chargé. Ce jeudi, il rencontre le premier ministre Abdellilah Benkirane. Mais, avant cela,
il aura eu, avec son homologue Mohamed Laenser de même qu’avec Ahmed Taoufik, le
ministre des Affaires islamiques, à tenir des réunions de travail sur des thématiques sensibles:
la sécurité, la gestion des flux migratoires et celle de l’islam en France. Manuel Valls
s’entretiendra également avec le ministre des Affaires Etrangères Saadeddine El Othmani
avant d’être reçu en audience par le souverain au terme de sa visite.
Pas question pour le Maroc d’être le « gendarme de l’Europe »
La sécurité est sans doute le sujet sur lequel les interlocuteurs français et marocains ne
devraient pas avoir trop de peine à s’entendre. Dans ce domaine précis, la coopération
bilatérale se passe plutôt bien. Qu’il s’agisse du terrorisme ou de la lutte contre les
narcotrafiquants, les violons s’accordent comme en témoigne le démantèlement, la semaine
dernière, d’un réseau criminel grâce à la bonne collaboration des deux polices. Pour ce qui est
des menaces terroristes, il va s’en dire qu’il est de l’intérêt des deux Etats de joindre leurs
efforts pour assurer leur sécurité conjointe. Par contre, sur les autres points à l’ordre du jour,
des divergences d’approche existent qui sont connues. Ainsi, en matière de gestion des flux
migratoires, Saad dine El Othmani vient d’exprimer en termes clairs la position du Maroc. La
semaine dernière, lors d’une question orale à la Chambre des conseillers sur le sujet, il a tenu
le propos suivant : « sur la question migratoire a-t-il déclaré, le Maroc refuse d’être le gendarme
de l’Europe et c’est la raison pour laquelle nous avons décidé de ne pas signer avec l’UE,
l’accord relatif à la circulation des personnes comportant des discriminations que le Maroc juge
inapproprié
». A bon entendeur salut. Ce qui vaut pour l’Europe vaut
naturellement pour la France et Manuel Valls devra faire avec un gouvernement beaucoup plus
sourcilleux sur le sujet que n’avait pu l’être le précédent.
Islam de France ou islam en France ?
Mais le grand point d’achoppement risque d’être celui de l’islam et de la gestion de celui-ci dans
l’Hexagone. Deuxième communauté d’origine étrangère en France après les Algériens, les
Marocains constituent une part importante des Musulmans de France. Au fur et à mesure que
le temps passe, ils sont de plus en plus nombreux à être des binationaux. C’est aujourd’hui le
cas des 2 ième et 3 ième générations des enfants des travailleurs immigrés. C’est donc en tant que
musulmans français que l’Etat français les considère. Et c’est à ce titre qu’il veut voir émerger
un islam de France avec lequel pouvoir traiter directement. Du temps où il était ministre de
l’Intérieur, Nicolas Sarkozy fut derrière la création du Conseil français du culte musulman en
2003, une structure sensée représentée les musulmans de France. Tout socialiste qu’il soit,
Manuel Valls rejoint complètement ses prédécesseurs de droite, dont l’ancien chef de l’Etat, sur
le sujet. Lors de l’inauguration récente de la Grande mosquée de Cergy à laquelle, une
première pour un ministre de l’Intérieur, il a assisté, l’ancien député maire-d’Evry a déclaré
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Manuel Valls au Maroc : ça passe ou ça casse ?
ceci :
«Je sais les liens qui existent entre de nombreux musulmans,
souvent étrangers ou récemment naturalisés, avec leur pays d'origine. Mais notre
responsabilité, c'est de progressivement construire un islam de France, un islam qui trouve
pleinement ses racines dans notre pays».
Pour le Maroc, cependant,
un Marocain reste un Marocain où qu’il soit et quelle que soit la nationalité dont il dispose en
plus de la marocaine. De ce fait, il entend être toujours partie prenante de l’organisation et de la
gestion de sa diaspora à l’étranger. D’où, jusqu’à ce jour, sa présence constante dans le champ
du religieux, pour ce qui est de l’islam. En France comme dans les autres pays européens où
vit une importante communauté marocaine. 2/2