Fiche Colza - Chambre d`Agriculture du Gard
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Fiche Colza - Chambre d`Agriculture du Gard
Fiche Technique Production Développée en Languedoc-Roussillon Filière Oléo-Protéagineux Septembre 2008 Rédigée par : Colza Christophe BONNEMORT Chambre d’Agriculture de l’Aude Potentiel des marchés Production Principaux pays producteurs Le marché du colza s’inscrit, comme pour tous les oléagineux, dans un marché mondial complexe, avec une triple utilisation (graines, huiles, tourteaux) et de nombreuses cultures (tournesol, colza, palme, arachide, coton,…). La production mondiale de colza oscille autour de 45 millions de tonnes sur les 350 à 400 millions de tonnes totales de graines d’oléagineux produites dans le monde (soit 12%) par 4 grands ensembles. A noter que depuis 1981, c’est le colza qui a connu la plus forte progression mondiale au niveau des graines oléagineuses : la récolte a presque quadruplé, grâce notamment à l’augmentation de la production communautaire. Production en France La production française moyenne entre 2002 et 2007 a progressé de 3,5 Mtonnes à 4,5 Mtonnes, sur une surface moyenne qui est passée de 1 à 1,5 M ha et un rendement autour de 32 q/ha. Les surfaces sont en augmentation depuis 3-4 ans, en lien avec le développement du biodiesel. En Languedoc-Roussillon, La production de colza totalise 18 700 tonnes en 2007 (13 500 tonnes en 2006), très secondaire par rapport à la production nationale. Production, à retenir... 4 grands ensembles producteurs : UE : 15 millions de tonnes Chine :13 millions de tonnes Canada : 8 millions de tonnes Inde : 6 millions de tonnes Les principales régions productrices sont situées au Nord de la France: Centre : 670 000 tonnes en 2007 Champagne : 550 000 tonnes en 2007 Bourgogne : 380 000 tonnes en 2007 Lorraine : 400 000 tonnes en 2007 Poitou-Charentes : 350 000 tonnes en 2007 Cette culture représente 7 430 ha (4 700 ha en 2006), auxquels il faut rajouter 2 000 à 3 000 ha de colza industriel cultivé sur la jachère pour la production de biodiesel. Elle est en nette évolution depuis 2 ans, en lien avec le découplage des aides qui repositionne la culture comme alternative à la monoculture de blé dur sur les petites terres de la région. Elle reste cependant majoritairement cultivée dans l’ouest audois. Organisation commerciale Le colza régional est collecté sur les mêmes zones que le blé dur, et par les mêmes organismes stockeurs. Son utilisation est essentiellement régionale, principalement sur l’usine de trituration de Sète, et sur l’huilerie de Béziers dans une moindre mesure. La mise en place d’une usine de production de bio-diesel à Sète (marque Diester, groupe Sofiprotéol) élargit les Synthèse régionale « Alternatives Agricoles à l’arrachage de la vigne » 1 Partie 2 : Fiche Colza débouchés potentiels du colza (ainsi que du tournesol oléique – voir fiche), même si la production régionale est très inférieure à la demande de ces usines. A noter également une huilerie en Agriculture Biologique (AB) à Bram (BioPlanete), bien qu’elle ne soit pas aujourd’hui positionnée sur la culture du colza qui n’est pas adaptée au cahier des charges AB. Impact environnemental Prix Le prix mondial de la graine de colza est traditionnellement lié à la demande en huile. Celle-ci est en général soutenue, mais il y a de fortes variations car de nombreuses cultures et pays sont en concurrence. En 2007, la tension sur les marchés mondiaux liée à l’augmentation du prix du pétrole et à la demande croissante en matière première agricole pour l’alimentation animale (tourteaux) a fait exploser le prix du colza à plus de 350 €/tonnes. Même si ce prix devrait se stabiliser à des niveaux inférieurs, les marchés continueront à être bien orientés, d’autant plus que la mise en place de l’usine Diester à Sète tirera la production locale de colza sur tous types de surfaces. Impact sur la ressource en eau Culture tolérante à la sécheresse, de par son cycle de culture hivernal et sa récolte précoce (juin), évitant la sécheresse estivale. Synthèse Le colza est une production complémentaire du blé dur dans l’assolement des agriculteurs et dont la maîtrise technique est difficile, bien qu’elle soit adaptée au contexte méditerranéen. La proximité des usines de trituration et de diester à Sète permet une bonne valorisation du colza régional. Les perspectives pourraient être de développer des contrats de production, des débouchés vers les huiles végétales pures. Par contre le colza risque de souffrir de la concurrence des oléagineux importés ou des autres régions françaises, ainsi que de la concurrence des autres cultures d’hiver voir du tournesol dans les sols les plus profonds. Impact des intrants Culture nécessitant un niveau d’intrants comparable au blé dur, tant au niveau fertilisants (160 à 180 unités/ha d’azote, 60 à 80 unités/ha de P et de K) que produits phytosanitaires (désherbage, protection contre les insectes et contre l’oïdium). Impact sur les paysages Fort, car apporte une superbe couleur jaune en mars en mai pendant la période de floraison. Impact sur la biodiversité Le colza permet de casser la monoculture de blé dur, y compris en situation séchante. De plus, il s’agit d’une plante mellifère. Synthèse L’impact environnemental est globalement positif, à condition de bien maîtriser techniquement la culture. Synthèse régionale « Alternatives Agricoles à l’arrachage de la vigne » 2 Partie 2 : Fiche Colza Contraintes techniques agronomiques et Type de sols Culture bien adaptée aux sols argilocalcaires régionaux. Attention par contre aux sols battants (limons) qui peuvent faire une croûte à la levée rendant difficile la levée des graines. Topographie Culture nécessitant de la mécanisation (semis, traitement, récolte), donc impossible sur des pentes > 7% Adaptation au climat Culture bien adaptée au climat méditerranéen. Elle peut pâtir d’un manque de pluviométrie en fin d’été pour assurer la levée. Le colza peut également souffrir du froid (peu fréquent dans la région) et du sec pendant la période de floraison. Implantation de la production La préparation culturale est de même nature que pour un blé dur, mais ne nécessite pas de labour à condition de préparer le sol dès la récolte du précédent. Semis : de fin août à début octobre, sur un lit de semences fin, avec un semoir pneumatique permettant de semer à 40 ou 60 cm d’écartement, ou bien avec un semoir à céréales avec un semis 1 rang sur 2. Densité de semis : 30 à 60 graines/ha en moyenne, selon la date de semis et le type de semoir, soit environ 1,5 à 3 kg/ha. Variétés : privilégier les variétés les plus productives parmi les 3 grands types variétaux composites hybrides lignés (CHL), hybrides restaurés (HR) ou lignées, les 2 premiers types s’étant montrés plus adaptés à la région ces dernières années. Conduite de la production Privilégier le désherbage en pré-semis (incorporé) ou en prélevée, sachant que les solutions en post-levée sont limitées. La disparition en 2009 de la trifluraline va rendre encore plus problématique la maîtrise des adventices sur cette culture. Fertilisation de fond (P et K) au semis de 60 à 80 unités/ha, hormis les situations très faiblement pourvues et peu fertilisées (135 unités/ha). Apport d’azote entre 60 et 220 unités/ha, selon le développement de la culture en sortie d’hiver et le rendement visé, avec l’utilisation d’un outil de décision en culture (réglette Colza). Protection de la culture contre les ravageurs Elle doit faire l’objet d’un soin attentif du semis à la récolte : Limaces, à observer à l’aide de piège au sol Altises, dont il faut surveiller les morsures Charançons (du bourgeon terminal, de la tige, des siliques), méligèthes, altises : à observer à l’aide d’une cuvette jaune installée dans la culture avec de l’eau et un mouillant Pucerons(verts et surtout cendrés), dont il faut surveiller l’installation des colonies en bordure de parcelles Protection de la culture contre les maladies : l’oïdium est de loin le plus nuisible en condition méditerranéenne, et doit être maîtrisé avec 1 ou 2 traitements fongicides en végétation. Récolte en juin, avec une barre de coupe avancée pour éviter les pertes par égrenage. Irrigation En général pas nécessaire, sauf parfois pour assurer la levée. Contrainte de main d’oeuvre Peu de besoin car culture mécanisée, y compris en colza semences (cf. fiche correspondante). Synthèse régionale « Alternatives Agricoles à l’arrachage de la vigne » 3 Partie 2 : Fiche Colza Contrainte foncière C’est une contrainte importante car il faut un parcellaire adapté à la mécanisation, ce qui n’est souvent pas le cas des parcelles viticoles de coteaux. Un minimum de 1,50 ha est requis de forme rectangulaire, avec un accès pour des engins agricoles de minimum 3 m de large. Mécanisation Mécanisation identique à celle du blé dur avec une barre de coupe et un réglage adapté de la moissonneuse. Sensibilité au précédent vigne Faible, hormis le fait que sur les sols trop superficiels le colza ne lèvera pas (manque d’eau en fin d’été). Dispositif réglementaire auquel la production est soumise Le colza est une culture soumise au régime PAC (cf. fiche « aides PAC ») 3 types d’aide sont possibles : Une aide découplée (DPU) : le colza permet d’activer les DPU. Une aide couplée : le colza permet d’activer une aide couplée en céréale sec. Une aide directe ACE (cultures énergétiques) dans le cadre d’un contrat pour un débouché non alimentaire (sauf si la culture se fait sur une jachère). L’octroi de ces aides est lié au respect de la conditionnalité. Risque financier et intérêt économique pour l’exploitant Résultats économiques et facteurs de risque Les marges brutes de cette culture, pour un rendement moyen régional entre 20 et 25 q/ha (hors Ouest audois qui se situe plutôt autour de 30-35 q/ha), étaient jusqu’à présent faibles, de l’ordre de 100 à 230 €/ha (hors DPU) : 20 à 25 q/ha x 200 €/q + 50 à 80 €/ha d’aides couplées (si terres éligibles) – 350 €/ha (charges) Avec un prix à 350 €/q, cette marge brute passe à une fourchette de 400 à 550 €/ha, et permet d’envisager des marges directes positives. Le colza, essentiellement cultivé dans cette région pour «assoler le blé dur », pourrait connaître un développement important, au moins égal à celui des années 80-90 (15 000 ha). A noter : en sol superficiel, le potentiel de rendement est plus élevé. Besoins de trésorerie La période de culture est courte, mais avec un investissement assez important en culture de septembre à avril (environ 400 €/ha) avant le retour de trésorerie en juillet. Les DPU et les aides couplées sont versés au mois de décembre. Cette culture permet une rentrée de trésorerie à une période proche du blé dur. Risque financier lié aux investissements Les investissements en matériel ne sont envisageables qu’à partir de 50 ha sur un parcellaire homogène et regroupé. Les équipements spécifiques éventuels pour le semis (semoir pneumatique) peuvent être rentabilisés sur d’autres cultures (tournesol, sorgho) et à raisonner collectivement (entraide, CUMA) ou en sollicitant une Entreprise de Travaux Agricoles (ETA). Synthèse régionale « Alternatives Agricoles à l’arrachage de la vigne » 4 Partie 2 : Fiche Colza Personnes ressources Chambres d’Agriculture : C. BONNEMORT ; JM GILLOT (Est Audois) ; JL VERGE (Centre Audois) ; G. BOYER (Ouest Audois) ; G. TERRES (Ouest Audois) ; F. ROZIS (Ouest Audois) Chambre d'Agriculture de l'Aude - ZA de Sautes a Trebes CARCASSONNE cedex 9 C. FABRE ; A. ALLIES ; C. LAFON - Chambre d’Agriculture de l’Hérault - Mas de Saporta CS 10010 34 875 Lattes Cedex T. PIANETTI - Chambre d’Agriculture du Gard - Mas de l’Agriculture BP 80054 30023 Nîmes Cedex 9 M. GASPARD – Chambre Régionale d’Agriculture Languedoc Roussillon - Mas de Saporta CS 30012 34 875 Lattes Cedex Institut techniques et offices : P. BRAUN – ARVALIS – Institut du Végétal - Domaine de la Bastide - route de Generac 30900 NIMES S. VALLADE - ARVALIS – Institut du Végétal (Ouest Audois) – 6 Chemin de la Côte Vieille – 31450 BAZIEGE G. BEUGNIET – CETIOM route de Vendres 34500 BEZIERS (Béziers - 34) V. LECOMTE – CETIOM à Baziège - 6 chem Côte Vieille 31450 BAZIEGE 31 (pour l’ouest audois) Offices nationaux interprofessionnels : F. CAUSSANEL – Responsable orientation et suivi des filières – ONIGC - 12 rue Rol Tangy 93550 Montreuil Sous Bois cedex Ainsi que l’ensemble des organismes économiques régionaux de la filière Bibliographie Guide CETIOM colza Région Sud 2008 Docs ONIGC régionaux et nationaux Doc Prolea « de la production à la consommation France –Europe-Monde » 2006-2007 Marges brutes à la récolte Chambre d’Agriculture de l’Aude (publications annuelles) Liens Internet : Centre technique interprofessionnel des oléagineux métropolitains (CETIOM) : www.cetiom.fr Filière française des huiles et protéines végétales (Prolea) : www.prolea.com Synthèse régionale « Alternatives Agricoles à l’arrachage de la vigne » 5 Partie 2 : Fiche Colza