Analyser les marchés agricoles Les acheteurs et les vendeurs de

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Analyser les marchés agricoles Les acheteurs et les vendeurs de
Analyser les marchés agricoles
Les acheteurs et les vendeurs de céréales, d’oléagineux ou de sous-produits souhaitent
évidemment se positionner au mieux sur des marchés aux prix toujours très volatils. Décider,
c’est au préalable analyser les marchés et leur tendances de prix. Deux voies sont possibles. Faut
il opposer les méthodes ? Commençons par les comprendre !
L’analyse fondamentale : les statistiques forment les prix.
Production, consommation, échanges et stocks sont la colonne vertébrale de la fixation des prix
sur un marché. La variation de stock et le ratio de stock sur consommation sont deux indicateurs
essentiels. Avec des marchés rythmés par les échanges mondiaux, ces indicateurs s’apprécient à
l’échelle mondiale, sur une zone de production ou d’échange (comme l’Europe dans notre cas) et
enfin à la dimension nationale.
Le rôle central des statistiques, génère naturellement une interrogation sur leur fiabilité. Dans la
production agricole, le volume et la qualité que sont acquis qu’après la récolte ! Les statistiques
reposent donc largement sur des données estimées à partir des surfaces, de l’accès aux intrants
(coût et disponibilité), de l’état supposé des cultures…
La référence statistique mondiale, publiée chaque 10 du mois environ, est le rapport de l’USDA
«World Agricultural Supply and Demand Estimates ». Dans le texte, il s’agit effectivement
d’estimations, de prospectives qui gagnent en précision jusqu’à ce que la campagne s’achève …
et qu’une autre débute avec ses hypothèses. L’opposition des cycles culturaux entre les deux
hémisphères et des produits agricoles partiellement substituables (colza et soja par
exemple) ont tendance à prolonger le suspense !
Illustration sur le marché du blé de la campagne 2010/11 (Graphique 1 : Evolution du ratio
stock/consommation Blé 2010/2011 en différents points du marché)
En mai 2010, les projections établissent les stocks en hausse à 200 millions de tonnes,
ambiance lourde !
La canicule à l’Est de Europe a réduit drastiquement la récolte, le marché s’est retourné
avec des stocks en baisse (-10 %) et des prix explosifs dans l’UE (+ 70 %).
En fin d’année, les statistiques de l’hémisphère Nord, prépondérant dans la récolte mondiale
de blé, sont stabilisées. Les stocks des exportateurs traditionnels (UE, Russie-UkraineKazakhstan) sont sollicités. La tension sur les prix est renforcée par une qualité
proportionnellement plus rare.
L’analyse technique ou graphique : la psychologie influence les acteurs du marché.
Plongés dans des marchés volatils, les acheteurs et les vendeurs ont les nerfs mis à l’épreuve. Ils
doivent agir en fonction de leurs données économiques (dont le prix de revient) mais aussi
anticiper les évolutions selon leur ressenti. Les prix d'un marché résultent donc d’analyses
rationnelles et de réactions émotionnelles. L'analyse technique, graphique, ou encore chartiste,
étudie l’évolution passée des prix d’un marché, pour en déterminer les scénarii d’un futur
possible.
A cet énoncé, les sceptiques sont probablement nombreux. Pourtant, cette technique apporte des
clés utiles si elle dépasse sa complexité et ses contradictions. En effet, sous un énoncé général se
côtoient une multitude de modèles et d’indicateurs mathématiques (Bollinger, RSI, MACD….),
de choix d’utilisation de tracés (chandeliers, courbes…) et de figures caractéristiques (gap…). Le
néophyte à la recherche de la « bonne méthode » peut être perplexe. Utilisée avec la distance
critique appropriée, l’analyse technique a un robuste avantage : aider à visualiser des
niveaux de seuils (potentiel de hausse) ou de résistance (potentiel de baisse) de prix comme
autant de carrefours futurs possibles ou probables.
Ces points de passage suggèrent des changements de direction ou d’allure des prix. A défaut de
prédire avec certitude l’orientation prise à ces carrefours, il est nécessaire de redoubler de
vigilance à proximité de ces points particuliers.
Illustration sur le marché du colza de la campagne 2010/11 par 3 indicateurs parmi tant
d’autres (Bollinger, tracés de tendance, ratios de Fibonacci). Graphique 2 : cotations
journalières Euronext Colza €/T sur l’échéance Mai 2011.
Enveloppe de Bollinger : cet indicateur trace une enveloppe supérieure et inférieure d’écartstypes autour d’une moyenne mobile (courbes rouges). Une courbe de prix qui sort de cette
enveloppe est considérée en exagération de tendance. Fin Septembre un signal d’exagération
baissière produit une correction de court terme : les cours réintègrent l’enveloppe.
Tracés/canaux de tendance : Plusieurs points caractéristiques peuvent être reliés pour
visualiser une tendance de marché. La validité de ces tracés est renforcée quand d’autres
parallèles permettent aussi de joindre des points marquants. Ces canaux constitués identifient
une tendance de moyen terme qui peut être remise en question. Ainsi, la limite supérieure du
canal est restée valide de la récolte à fin octobre, à l’exception de l’exagération du 5/08 en
sympathie avec le blé. Fin octobre, ce qui était une résistance est devenu un support de la hausse
actant une orientation solide!
Ratios de Fibonnacci : cet indicateur mathématique présuppose que les prix évoluent par
vagues successives (flux puis reflux) et que des tracés permettent de rechercher des objectifs de
cours à la hausse ou en repli. Ces retracements établis entre deux points, l’un bas (ici le 4/10) et
l’autre haut (le 11/11) ou admis comme tel à la date de l’analyse, font apparaître des cibles
haussières et alertent sur les carrefours possibles à la baisse comme autant de paliers. Ces
tracés gagnent en crédit quand ils recoupent des points de marchés déjà vérifiés dans le passé
(comme le niveau de 330).
Une voie médiane pour accompagner les décisions de commercialisation
Il est bien sur aberrant de ne pas porter attention aux facteurs fondamentaux. Cependant force est
de constater que la planète est grande, les statistiques nombreuses et perfectibles. A cela
s’ajoutent nombres d’autres indications « influentes » que sont l’énergie (qui impacte les coûts de
production, de transport), les monnaies, la géopolitique. D’un autre côté, l’analyse technique ou
graphique seule réduit un marché agricole à un marché boursier banal dont chacun a pu constater
les limites et dérives récentes. La solution est incontestablement médiane, dans une union qui fait
la force ! Les fondamentaux donnent la trame haussière ou baissière du moyen terme, l’analyse
technique permet de visualiser ces tendances et d’anticiper des rendez- vous, des cibles
haussières ou baissières, des supports ou résistances pour mieux poser ses décisions. Le réseau
CapMarchés, avec son expertise, s’attache à retranscrire ces analyses complexes dans une
écriture accessible. Reste ensuite à mettre en œuvre une compétence finale : la vôtre ! En tant que
producteur et meilleur expert de votre entreprise, les décisions durables et performantes seront
plus faciles à prendre avec les bonnes analyses.
Patrick BODIE
Conseiller CapMarchés
Formation/conseil commercialisation des grandes cultures
Chambre d’Agriculture de l’Aube
www.capmarches.chambagri.fr
Graphique 1 : Evolution du ratio stock/consommation Blé 2010/2011 en différents points de
marché
Evolution du ratio Stock/Consommation Blé
2010/11 en %
Source USDA
Monde
40%
35%
30%
25%
20%
15%
10%
5%
UE
R-U-K
6 Importateurs
majeurs
mai
septembre
decembre
Graphique 2 : cotations journalières Euronext Colza €/T sur l’échéance Mai 2011.
Euronext. Colza Echéance Mai 2011
Cotations journalières €/T
Graphique source ADVFN
Cotations
journalières
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