Peter Longerich, Goebbels - Éditions Héloïse d`Ormesson
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Peter Longerich, Goebbels - Éditions Héloïse d`Ormesson
Peter Longerich, Goebbels Éditions Héloïse d’Ormesson, 2013 Prologue Le 30 avril 1945, le Dr Joseph Goebbels, chancelier du Reich en exercice, quelques heures à peine après avoir hérité de ces fonctions à la mort de Hitler, tenta de repousser son suicide, qu’il avait pourtant maintes fois annoncé. Il rédigea une lettre à l’attention du « Commandant en chef des forces armées de l’Union soviétique », où il faisait part du suicide de Hitler et du fait qu’il lui avait succédé – en même temps que la promotion de Goebbels, le dictateur avait ordonné que l’amiral Karl Dönitz soit nommé président du Reich. Goebbels inclut dans sa lettre une proposition d’armistice et l’ouverture de négociations de paix. Hans Krebs, chef d’état-major général, qui parlait russe depuis qu’il avait occupé les fonctions d’attaché militaire à Moscou, entreprit de traverser la ligne de front, qui ne se trouvait plus qu’à quelques centaines de mètres de la chancellerie. Tôt dans la matinée, il transmit la lettre au général de corps d’armée Vassili Tchouikov, commandant de la 8e armée de la garde, qui avait établi son quartier général à Tempelhof. Tchouikov entra en contact avec le maréchal Gueorgui Joukov, commandant en chef des forces armées soviétiques engagées dans la bataille de Berlin. À son tour, celui-ci en informa le dictateur Joseph Staline. Quelques heures plus tard, la réponse arrivait de Moscou : un cessez-le-feu était inenvisageable, le Kremlin exigeait la capitulation des forces allemandes 1. Quand Krebs communiqua ce résultat à Goebbels le 1er mai, ce dernier lui reprocha d’être responsable de l’échec des négociations. Puis il décida d’envoyer une nouvelle délégation à Tchouikov. Laquelle revint avec la même réponse 2. C’est alors seulement que Goebbels se résolut à informer Dönitz de la mort de Hitler et de la succession du Führer. Il avait sciemment essayé d’obtenir un armistice avant l’entrée en fonctions du nouveau chef de l’État. À l’occasion d’un briefing, Goebbels laissa aux occupants du Bunker la possibilité de s’enfuir par leurs propres moyens 3. À plusieurs reprises, il avait annoncé publiquement son intention de mettre fin à ses jours avec ses plus proches partisans si le IIIe Reich venait à s’effondrer. Dans un discours radiodiffusé à la fin du mois de février, il avait affirmé que dans une telle situation il estimerait que sa vie n’aurait « plus aucune valeur, ni pour moi, ni pour mes enfants 4 ». Le 15 avril, dans l’hebdomadaire Das Reich, il avait fait ses adieux à ses lecteurs en leur demandant de manière purement rhétorique qui, après une victoire alliée, « pouvait seulement envisager de poursuivre son existence 5 ». Deux semaines plus tard, la dernière heure de la famille Goebbels avait sonné. Goebbels laissa son épouse se charger de l’assassinat des enfants, préparé de longue date. Les circonstances exactes du meurtre (et la question de la responsabilité personnelle de l’infanticide) restent floues. Après la guerre, le dentiste Helmut Kunz soutint à plusieurs reprises qu’il avait d’abord administré une injection de morphine aux enfants, puis que Magda Goebbels leur avait elle-même enfoncé une capsule de cyanure dans la bouche. Plus tard, il revint sur cette version et attribua le geste à Ludwig Stumpfegger, le médecin personnel de Hitler 6. PAGE 2 | Peter Longerich, Goebbels | Éditions Héloïse d’Ormesson, 2013 Dès le 28 avril, Magda et Joseph Goebbels avaient envoyé à Harald Quandt, le fils qu’avait eu Magda d’un premier mariage, des lettres d’adieu où ils lui annonçaient leur suicide et le meurtre des enfants. Ils les avaient confiées à l’aviatrice Hannah Reitsch, qui était parvenue le jour même à quitter la ville en avion. Goebbels écrivit que l’Allemagne « réchappera de cette guerre terrible, mais seulement quand notre peuple aura eu sous les yeux des exemples vers lesquels se tourner. C’est un tel exemple que nous allons lui donner 7 ». Dans leur lettre à Harald, Magda affirma qu’aussi bien son époux que Hitler lui-même avaient tenté de la convaincre de fuir Berlin. Mais elle avait refusé. Elle ne cachait pas qu’elle avait été partie prenante dans la décision de tuer les demi-sœurs et le demi-frère de Harald : « Le monde qui vient après le Führer et le national-socialisme ne vaut plus la peine d’être vécu, et c’est pour cela que j’ai emporté avec moi les enfants, car ils sont trop bons pour la vie qui vient après nous, et un Dieu miséricordieux me comprendra si je leur accorde moi-même le salut. […] Nous n’avons plus qu’un seul but : la fidélité au Führer jusque dans la mort 8. » Après la guerre, Günther Schwägermann, l’aide de camp de Hitler, déclara que, dans la soirée du er 1 mai, Goebbels l’avait convoqué et informé que son épouse et lui allaient se suicider. Selon le témoignage de Schwägermann, Goebbels l’avait prié de « s’assurer de toute façon de sa mort en lui donnant le coup de grâce » et de brûler leurs corps. Une fois prises les dispositions nécessaires, Goebbels lui avait fait ses adieux et lui avait offert le portrait du Führer qui ornait son bureau. Schwägermann disait avoir eu l’impression que Goebbels avait veillé jusqu’à la dernière minute à soigner les apparences. « Peu après, vers vingt heures trente, le ministre et son épouse quittèrent la chambre. Il se rendit en silence jusqu’à la garde-robe, en sortit son pardessus, mit son chapeau et enfila ses gants. Il donna le bras à son épouse et se retira du Bunker sans un mot par la sortie menant vers le jardin. » Un peu plus tard, Schwägermann retrouva les corps inanimés des Goebbels – tous deux s’étaient apparemment empoisonnés 9 – dans le jardin. « Comme prévu, mon adjoint tira une ou deux fois sur le corps du Dr Goebbels. Les deux corps ne bougeaient absolument plus. On versa sur eux de l’essence à laquelle on mit le feu. En un rien de temps, les cadavres furent enveloppés par les flammes 10. » Presque tous les hauts fonctionnaires du régime nazi avaient fui la capitale avant l’arrivée des troupes soviétiques, et même les membres du cercle le plus étroit des dirigeants s’efforçaient, confrontés à la chute du IIIe Reich, de sauver au moins leur vie. Himmler chercha à se dissimuler parmi les millions de soldats de la Wehrmacht vaincue, mais fut fait prisonnier et reconnu. Après la mort de Hitler, Bormann tenta d’échapper au siège les armes à la main et fut tué. Goering et Speer se rendirent aux Alliés. Du cercle des intimes du Führer, Goebbels fut le seul qui, après le décès de Hitler, se retrancha dans le Bunker et finit par le suivre dans le suicide – et il fut le seul à entraîner toute sa famille dans sa perte. Cette dernière étape fut elle aussi mise en scène pour le monde de l’après-guerre. S’il n’avait mis fin à ses jours qu’avec son épouse, nous aurions pu croire que, comme tant d’autres, il avait fui les ultimes conséquences d’une situation sans issue. Ce qui, de son point de vue, aurait été perçu comme la reconnaissance de l’échec complet de son projet de vie, comme une sortie pathétique au moment où son travail politique, le travail de ces vingt dernières années, se concluait par une gigantesque catastrophe. Or, avec sa femme, Goebbels souhaitait orchestrer un épilogue dramatique, s’offrir en « exemple » par cette « fidélité jusque dans la mort » qu’avait jurée son épouse. Il ne disposait plus pour ce faire de moyens de propagande conventionnels. Le geste radical de l’exécution de toute sa famille parut lui donner la possibilité de prouver au monde entier qu’il s’était bel et bien dévoué à Hitler jusque dans ses derniers retranchements, qu’il était le seul de la clique nazie au pouvoir à être prêt à renoncer à son droit à la vie au nom de cette loyauté inconditionnelle. En franchissant cette ultime étape, il estimait avoir la chance de transformer son parcours totalement raté en l’œuvre d’une vie qui semblerait marquée par une droiture extraordinaire et un engagement sans faille. PAGE 3 | Peter Longerich, Goebbels | Éditions Héloïse d’Ormesson, 2013 Cette dernière mise en scène de propagande, que le ministre avait élaborée avec à l’esprit sa renommée posthume, démontre avant tout la grande dépendance psychologique de Goebbels vis-à-vis de Hitler. Car, avec le suicide de ce dernier, sa propre existence avait perdu tout sens. Oui, pour les Goebbels, il était impensable que leur famille continue à exister après la mort du Führer, car ils se concevaient également comme la famille de Hitler. Cette abnégation envers Hitler devait, par le meurtre et le suicide, être érigée en vertu : la fidélité jusque dans la mort. Joseph Goebbels, sa vie durant, fut motivé par le désir d’être reconnu, de susciter l’admiration de ses contemporains. Au fond, en dépit de toutes ses années en tant que ministre de la Propagande et maître de l’opinion publique du Reich, il ne fut jamais sûr de lui, ce que trahit son besoin de voir ses divers discours publiés et loués dans les médias qu’il contrôlait pourtant. Il consignait d’ailleurs régulièrement les « succès » de ce genre dans ses carnets. Cette quête de reconnaissance et sa soif profonde de grandeur et d’exceptionnalité, déjà très développée dans sa jeunesse, ses fantasmes mégalomanes sur son rôle futur dans le monde, son arrogance et son orgueil, son manque d’empathie et sa tendance à exploiter froidement ses relations personnelles, d’une part, et d’autre part sa disposition à se soumettre sans condition à une personnalité qu’il considérait supérieure à la sienne, et enfin, ce qui revêt une importance particulière, ses accès de dépression, quand les extraordinaires succès qu’il espérait ne se produisaient pas – ce sont là autant de critères essentiels qui, dans l’état actuel de la psychanalyse, définissent une personnalité narcissique 11. Pour satisfaire cette attente, Goebbels, intérieurement toujours aussi peu sûr de son effet sur les autres, avait besoin des louanges constantes et de la reconnaissance d’une idole, à laquelle il s’était totalement soumis. Depuis 1924, ce rôle était incarné par Adolf Hitler. En affirmant sans cesse à Goebbels qu’il était remarquable, Hitler lui offrait la stabilité nécessaire pour affronter la vie, stabilité qui lui faisait défaut en raison de sa personnalité déséquilibrée. Cette quête narcissique de reconnaissance a indéniablement été le moteur de la carrière de Goebbels. Ses caractéristiques les plus marquantes – l’auto-consécration, l’inépuisable frénésie de travail, la soumission inconditionnelle à une idole, le mépris pour les autres relations humaines et la volonté de faire fi de toutes les normes morales universellement admises au nom de son intérêt personnel – peuvent être appréhendées comme une conséquence de cette aspiration. Dans la vie, il avait un objectif : démontrer que lui, Joseph Goebbels, était capable de rassembler tout le peuple allemand derrière son modèle politique et son guide, Adolf Hitler. Pour ancrer ce mythe dans les esprits, il a produit une somme impressionnante de documents : une quantité de publications, de films et d’enregistrements réalisés par l’appareil de propagande qu’il dirigeait, un nombre incommensurable de reportages, qui confirment que ce travail de propagande était couronné de succès, sans oublier ses carnets qui se composent de trente-deux volumes, édités de 1993 à 2008 par Elke Fröhlich, de l’Institut d’histoire contemporaine de Munich. Ses carnets lui servaient surtout à une chose : illustrer sa propre réussite 12. C’est lui-même qui prédétermina les chapitres de l’histoire de ce triomphe : l’ascension d’un homme du peuple qui n’avait pas été gâté par les circonstances au statut de porte-parole du NSDAP « socialiste » dans l’ouest de l’Allemagne ; le conquérant de « Berlin la Rouge », inventeur de la « propagande du Führer » dans les années 1926 à 1933 ; l’homme qui, à partir de 1933, a rassemblé les masses en une « communauté nationale » derrière Hitler ; et enfin le fidèle parmi les fidèles de son Führer, qui appela le peuple allemand à consentir à des efforts drastiques pendant la guerre. Le découpage de ce récit autobiographique est toujours en vigueur aujourd’hui, mais est appréhendé d’un point de vue évidemment critique. Car l’efficacité de l’utilisation par Goebbels et ses collaborateurs de ce matériau a perduré après sa mort. Il n’est pas un film, un recueil de photos, un manuel scolaire, pas une œuvre de vulgarisation, pas un travail scientifique PAGE 4 | Peter Longerich, Goebbels | Éditions Héloïse d’Ormesson, 2013 sur le IIIe Reich qui ne s’accompagne de ces documents. Ainsi, la « propagande de Goebbels » est un concept universellement admis. Pour expliquer le soutien fervent du système nazi par la grande majorité de la population allemande, il apparaît impossible de contourner Joseph Goebbels. Le défi de tout travail biographique sur le ministre nazi de la Propagande consiste à saper l’image qu’il a bâtie de lui-même si parfaitement et à réévaluer en profondeur son rôle historique. Le fait que l’énorme volume de documents sur le ministre de la Propagande et le Gauleiter de Berlin provienne soit de lui, soit de son appareil de propagande, qu’il ait été conçu pour glorifier Joseph Goebbels, est en réalité au cœur du problème auquel est confronté dès le départ le biographe de Goebbels. Une analyse plus fine montre pourtant que la grande majorité des textes que Goebbels s’était consacrés et la quantité de témoignages par lesquels son appareil de propagande s’efforçait d’immortaliser ses entreprises offrent un nombre étonnant d’angles d’attaque permettant de déconstruire l’image que Goebbels a voulu projeter de lui-même. Pour Goebbels, il s’agissait avant tout, en tant qu’auteur et patron de la propagande du IIIe Reich, de tendre un miroir où il pouvait se voir plus grand que nature. C’est devant ce miroir qu’il assouvissait ses visées narcissiques. Souffrant d’un manque fondamental d’équilibre intérieur et d’assurance extérieure, et doutant surtout de son effet sur les autres, il avait un besoin permanent de réassurance, assouvi par l’image avantageuse que lui renvoyait ce miroir : celle du Joseph Goebbels qu’il aspirait à être. Cette consécration lui venait du guide qu’il s’était choisi, un envoyé de Dieu, selon lui, auquel il s’était subordonné. Le jugement de cette idole eut d’autant plus de poids que sa soumission était absolue. Il s’avère que l’incroyable accumulation de preuves de son auto-affirmation et de son autoglorification que Goebbels a léguée à la postérité trahit clairement son insécurité, sa dépendance et sa surestimation de soi. En se penchant de plus près sur les failles de sa personnalité, nous devrions, dans le cadre de cette biographie historique, pouvoir développer des perspectives, en particulier sur le rôle joué par Goebbels dans la direction du IIIe Reich. Et sa biographie devrait surtout déboucher sur une analyse de la structure et du fonctionnement de l’appareil de propagande national-socialiste. La position que Goebbels s’est arrogée au fil du temps grâce à l’accumulation mais aussi à la fusion partielle de différents postes ne peut être comprise qu’imparfaitement avec les méthodes classiques d’étude historique des rouages et des structures du régime. Ce rôle unique sur le plan historique a été façonné et bâti de toutes pièces en tenant compte des spécificités de sa personnalité. Une biographie est la seule approche qui permette d’en prendre la mesure. Dans le détail, il s’agit du cumul des fonctions de Gauleiter de Berlin, de chef de la propagande du parti et de responsable d’un ministère créé pour lui, qui associait le contrôle des médias et l’emprise nazie sur la culture. À cela s’ajoutaient, toujours taillées sur mesure, des missions spécifiques, dans le domaine de la politique étrangère par exemple. Si, pendant la guerre, Goebbels a réussi à étendre ses compétences au-delà du secteur de la propagande et, au bout du compte, à occuper une position centrale dans l’effort de guerre autre que militaire, c’est, nous le verrons, une conséquence de sa volonté de contrôler l’opinion publique dans le IIIe Reich – en particulier dans le contexte de la « guerre totale » qu’il avait lui-même vanté. Ce n’est qu’en s’intéressant de plus près à sa vie que l’on peut démêler les connexions parfois subtiles entre ses différentes sphères de responsabilité. La biographie de Joseph Goebbels n’offre pas seulement l’occasion de plonger dans les coulisses de l’élaboration et de la mise en œuvre de la propagande national-socialiste en s’appuyant sur un éventail de sources, elle permet également de remettre en question la toute-puissance présumée de la propagande de Goebbels. En ce sens, la déconstruction de l’image de soi de Goebbels – celle du propagandiste de génie qu’il a laissée à la postérité – aura une importance capitale. Nous verrons précisément que sa surestimation narcissique n’était pas seulement un trait essentiel de sa personnalité, mais qu’elle a été cruciale dans le processus d’édification de sa statue, qui fut si efficace que même sa mort n’a pas suffi à la détruire. Il PAGE 3 | Peter Longerich, Goebbels | Éditions Héloïse d’Ormesson, 2013 deviendra évident que Goebbels n’était pas le souverain incontesté de l’appareil de propagande dans son ensemble, mais qu’il dut, du moins dans certains domaines, partager le pouvoir avec d’autres fonctionnaires nazis. Nous nous intéresserons plus particulièrement à l’impact colossal de la propagande, allégué tant par les nazis que par Goebbels lui-même, qui faisait partie intégrante de la propagande elle-même. Que la formidable influence de la propagande ait été systématiquement invoquée par un homme ayant développé un sentiment de supériorité hors du commun, incapable de faire la distinction entre la fiction et la réalité, souligne une fois de plus la nécessité de l’approche biographique. Par ailleurs, le travail biographique peut apporter une contribution considérable à l’histoire générale du IIIe Reich. Car Goebbels, avec ses carnets, est le principal chroniqueur du nazisme et de son « Führer », depuis la refondation du parti en 1924-1925 jusqu’à la fin du régime. Nulle autre source n’offre un point de vue comparable sur les rouages du pouvoir nazi. Goebbels ne fut que rarement impliqué dans les prises de décision réelles, mais il eut la chance de pouvoir suivre de très près le processus menant à ces décisions. Son obsession de Hitler et l’inca-pacité, qui en découlait, à considérer ce dernier d’un œil critique nous donnent bien souvent une vision exceptionnelle du dictateur, une perspective unique sur lui. Ses carnets, qui sont à la base de cette biographie, représentent une source majeure sur le IIIe Reich, à la disposition du public dans une transcription sans annotations. Source historique, certes, mais seulement en tant que révélateur de la personnalité du ministre de la Propagande et de ses ambitions. L’analyse de ses carnets en tant que source historique et leur interprétation à la lueur de la personnalité de leur auteur constituent un processus double sur lequel s’appuie le présent ouvrage. Dans les premières années de leur rédaction, les carnets de Goebbels étaient un espace de réflexion sur soi et d’autocritique, mais très vite il s’en est avant tout servi pour consigner ses propres succès, pour perpétuer le récit de sa réussite, pour occulter revers et échecs et se projeter dans la voie qu’il s’était tracée. Si les passages autocritiques sont les plus intéressants dans les premiers carnets, leur quasi-absence dans les derniers volumes est tout aussi révélatrice. (…) [Le renvoi des notes est à consulter à la fin de l’ouvrage] Peter Longerich, Goebbels Biographie traduite de l’allemand par Raymond Clarinard 224 pages | 30 € | ISBN 978-2-35087-235-3 © Éditions Héloïse d’Ormesson, 2013 | www.heloisedormesson.com