Indication des analyses toxicologiques
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Indication des analyses toxicologiques
Indications des analyses toxicologiques dans les intoxications aiguës volontaires Fiabilité des résultats Solenn COZ DESC réanimation médicale CHU Bordeaux Problématique Objectifs d’une analyse toxicologique pour le clinicien Limites liées aux techniques d’analyse Ratio bénéfice/coût Nombre d’intoxications aiguës volontaires reçues aux SAU Évolution des classes pharmacologiques Evolution des intoxications médicamenteuses volontaires en France, F. Adnet et coll. Réanimation 14 ( 2005 ) Objectifs d’une analyse toxicologique Confirmer l’hypothèse toxique Evaluer la gravité de l’intoxication Indication thérapeutique Pronostic Surveiller l’efficacité du traitement Plus rarement : Éliminer une participation toxique, diagnostic différentiel Documentation médico-légale Documentation scientifique Techniques d’analyse qualitative Immunoanalyse (screening) Rapidité des résultats < 1h phénothiazines (urines), barbituriques, benzodiazépines, antidépresseurs tricycliques, stupéfiants (cannabis, amphétamines, cocaïne, opiacés) → pas de recherche des antidépresseurs non tricycliques (IMAO, ISRS, IRSNA) Fiabilité des analyses qualitatives Réactions croisées : phénothiazines / salicylés antidépresseurs tricycliques / carbamazépine, phénothiazines, antihistaminiques H1, buflomédil Bio marqueurs de toxicité dans les principales intoxications graves, A. Szymanowics, V. Danel, immuno-analyse & biologie spécialisée 20 (2005) Fiabilité des analyses qualitatives (2) Sensibilité variable pour des molécules d’une même classe : BZD: 70% pour le diazépam et le bromazépam 26% pour le lorazépam Faux négatifs : pas de détection de zolpidiem et de zopiclone. ADT: sensibilité des tests variable pour l’amitryptiline et la clomipramine Impact du screening sur la prise en charge du patient Concordance variable suspicion clinique /découvertes analytiques. Drogues suspectées cliniquement confirmées dans 22 à 53% des cas Drogues supplémentaires détectées dans 10 à 62% des cas Recherche négative dans 9 à 25% des cas → augmentation de la certitude et précision diagnostique Rentabilité diagnostique augmentée chez le patient comateux ou non coopérant Du bon usage du laboratoire de toxicologie, 2ème partie : Utilité clinique et interprétation des résultats, P. Lheureux et coll., Réan. Urg., 1996 Impact du screening sur la prise en charge du patient (2) Mais modification de la prise en charge du patient après résultats : 0 à 5% Traitement souvent symptomatique Drogues le plus souvent méconnues par la clinique : BZD Autres découvertes analytiques correspondant souvent au traitement de fond du patient The clinical values of drug analyses in deliberate self poisoning, Rygnestad T et coll., Hum. Exp. Toxicol., 1990 Impact of drug screening in the management of suspected drug overdose, Kellermann A.L. Et coll., Ann. Emerg. Med.,1987 Techniques de dosages quantitatifs Méthodes automatisées : 24h/24 dans CHR/CHU → moindre investissement, besoin de formation du personnel minime Éthanol, paracétamol, salicylés, digoxine, théophylline, acide valproïque, phénytoïne, carbamazépine, phénobarbital, sel de lithium Dosages fiables car peu d’interférences Bio marqueurs de toxicité dans les principales intoxications graves, A. Szymanowics, V. Danel, immuno-analyse & biologie spécialisée 20 (2005) Cas particulier du dosage de digoxine après utilisation du Digidot® Etude Probioqual contrôle, juin 2004, Aynard JC et coll. Techniques de dosages quantitatifs (2) Méthodes non automatisées Pas disponibles dans tous les CH Pas toujours disponibles en urgence Méprobamate, méthanol, isopropanol, éthylène glycol, acide glycolique Plus rarement : méthotréxate, quinine, chloroquine, béta-bloquants, inhibiteurs calciques, colchicine, paraquat, antidépresseurs autres que tricycliques, GHB... Limites liées aux techniques de dosages quantitatifs Discordances entre taux sériques mesurés et gravité Absence de corrélation entre taux et tableau clinique (terrain, intoxication chronique pré-existante) cinétique d’absorption, de distribution tissulaire, métabolisation Toxiques fonctionnels : concentration au site d’action parfois beaucoup plus élevée que le taux sérique Variations des taux sériques en fonction du pH (salicylés), de la protidémie, de l’ingestion d’autres drogues Impact des analyses quantitatives sur la prise en charge du patient Ethanol : Rares indications de dialyse dans les intoxications très sévères Recherche d’une autre cause (+/- associée) à un coma en cas de taux bas Surveillance d’un traitement antidote lors d’une intoxication au méthanol ou éthylène-glycol Paracétamol : Diagnostic Indication de NAC : dosage entre H4 et H16 rapporté au nomogramme de Rumack Salicylés : diagnostic dosage fiable après H6, rapporté au nomogramme de Done, indication d’une diurèse alcaline, dialyse Digoxine : certitude diagnostique ( indication à l’utilisation des Théophylline : Fab antidigoxine ) diagnostic indication de doses multiples de charbon activé ou hémoperfusion Acide valproïque : certitude diagnostique ( L-carnithine ? Phénytoïne : certitude diagnostique épuration extra-rénale ? ) Carbamazépine : certitude diagnostique ( charbon activé en Phénobarbital : doses multiples ? Hémoperfusion ? ) Sel de lithium : Diagnostic positif : diurèse alcaline, charbon activé en doses multiples, hémoperfusion Diagnostic différentiel de mort cérébrale diagnostic indication d’une EER surveillance du traitement ( lithium plasmatique / lithium intra-érythrocytaire ) Méprobamate : diagnostique de certitude ( hémodialyse ? Hémoperfusion ? ) Méthanol, éthylène glycol, acide glycolique : diagnostic traitement par l’éthanol, fomépizol, épuration extra-rénale. Surveillance du traitement. Paraquat : Diagnostic courbes pronostiques de Proufoot et Schermann Quinine : certitude diagnostique Chloroquine : certitude diagnostique intubation, VM, adrénaline, diazépam valeur pronostique. Recommandations d’experts Prescription raisonnée d’analyses : Interrogatoire/examen clinique /paracliniques non toxicologiques → toxidrome Dialogue clinicien/biologiste Interprétation des résultats en fonction des limites des techniques Place des analyses toxicologiques, P. Compagnon, V. Danel, J-P. Goullé, Réanimation 15 (2006) Recommandations d’experts Examens en urgence : Immunoanalyse sanguine : dépistage de classe (BZD, ATD, amphétamines, cocaïne, opiacés) validé par une technique de confirmation uniquement en l’absence de contexte (coma ou troubles neurologiques inexpliqués) Immunoanalyse urinaire : substances illicites en l’absence de dépistage sanguin disponible ( opiacés, amphétamines, cocaïne) Conférence d’experts SRLF 2006 Recommandations d’experts Examens en urgence : Dosages spécifiques en cas de suspicion d’intoxication grave à : Acide valproïque Carbamazépine Digoxine Paracétamol Phénobarbital Fer Phénytoïne Salicylés Théophylline Méprobamate Lithium Conférence d’experts SRLF 2006 Recommandations d’experts Examens toxicologiques différés prélèvements conservatoire ( sang et urine ) pour analyse différée pour : Confirmer ou infirmer les résultats de l’immunoanalyse Rechercher et quantifier la présence de tout autre médicament Rechercher et quantifier la présence de toute autre substance illicite En fonction du contexte et de l’évolution Place des analyses toxicologiques, P. Compagnon, V. Danel, J-P. Goullé, Réanimation 15 (2006) Recommandations d’experts Prélèvement de mèche de cheveux ou d’autres phanères En cas d’admission tardive Diagnostique rétrospectif Visée scientifique Visée médico-légale Place des analyses toxicologiques, P. Compagnon, V. Danel, J-P. Goullé, Réanimation 15 (2006) Recommandations d’experts Pas d’indication : Immunoanalyse sanguine dans les intoxications médicamenteuses lorsque le contexte est connu Immunoanalyse urinaire dans l’intoxication médicamenteuse grave Dosage des cannabinoïdes Dosages de digoxine après administration de Fab antidigoxine Place des analyses toxicologiques, P. Compagnon, V. Danel, J-P. Goullé, Réanimation 15 (2006) Les antidotes, P. Hantson, R. Bédry, Réanimation 15 (2006) CONCLUSION Pas d’analyses toxicologiques systématiques Analyses en urgence orientées par les toxidromes (immunoanalyse et dosages spécifiques limités) Analyses complémentaires en fonction du contexte et en collaboration avec le biologiste Interprétation prudente des résultats