Les voies traditionnelles Pelerin Hors-Série Jeudi, 11 Avril

N 18/2013
PELERIN HORS SERIE
Parution irrégulière
18 RUE BARBES
92128 MONTROUGE CEDEX - 01 74 31 60 60
Surface approx. (cm²) : 2760
N° de page : 26-31
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Au cœur des
hautes terres de
l'Aubrac, entre
Nasbinals et
Saint-Chély, sur
la voie du Puy.
SANTIAGO! - Reconnu «Premier itinéraire culturel» du Conseil de l'Europe
en 1987, le chemin de Saint-Jacques attire chaque année de plus en plus de
pèlerins venus du monde entier. En France, ils empruntent essentiellement les
voies du Puy-en-Velay, d'Arles, de Vézelay et de Tours. PAR GAËLE DE LA BROSSE
S
i tous les chemins mènent à Rome,
de nombreux itinéraires mènent à
Compostelle. C'est ainsi que M. René
de La Coste-Messelière, l'un des principaux acteurs de la renaissance du
pèlerinage, avait coutume de remarquer que
le Chemin de Saint-Jacques était « un singulier qui vaut un pluriel». Et Ton pourrait dire
aujourd'hui qu'il y a presque autant de voies
jacquaires que de motivations enfouies au
cœur des pèlerins. Mais nous n'aborderons ici
que les chemins principaux.
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8265495300505/XCB/OTO/2
Saint-Jacques-de-Compostelle (Santiago de Composte/a en galicien et en castillan) est située
à l'extrême ouest de la péninsule Ibérique
(Espagne). C'est vers elle que les jacquets (ou
pèlerins de Saint-Jacques) se mettent en route,
venant du monde entier. Pour chacun d'eux,
quelle que soit la route empruntée, partir à
Compostelle est une aventure unique.
Grâce notamment aux efforts des bénévoles de
la FFRandonnée et des multiples associations
jacquaires, le Chemin de Saint-Jacques est
aujourd'hui l'un des mieux balisés d'Europe.
Eléments de recherche : DEPARTEMENT DU LOT (46) : département de la région Midi-Pyrénées, uniquement tourisme, patrimoine et gastronomie,
toutes citations
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Selon les voies, le pèlerin suivra le marquage
en rouge et blanc de la FFRandonnée avec ses
conventions propres, le logo de l'Itinéraire
culturel du Conseil de l'Europe (une coquille
stylisée jaune sur fond bleu), des flèches jaunes
indiquant la direction de Samt-Jacques-de-Compostelle ou encore des marques de balisage
propres à chaque département, à chaque région.
LA VOIE DU PUY-EN-VELAY
Du Puy-en-Velay (Haute-Loire) à Saint-JeanPied-de-Port (Pyrénées-Atlantiques)
750 km, 30 jours de marche
La voie du Puy-en-Velay, ou via Podiensis, est
la plus connue des quatre grandes routes historiques. Elle est aussi la plus ancienne, puisque
c'est du Puy-en-Velay que partit l'évêque Godescalc, l'un des premiers pèlerins non espagnols à avoir pérégriné jusqu'à Compostelle,
en 950-951. On l'a surnommée la «voie royale ».
Ses atouts sont nombreux. Elle offre des paysages variés et superbes. Les terres volcaniques
du Velay, le massif granitique de la Margeride
et le haut plateau désolé de l'Aubrac précèdent
des contrées plus douces: la vallée du Lot, les
causses du Quercy, puis les coteaux et les vallons
de Gascogne qui conduisent aux Pyrénées.
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Elle abonde en sites célèbres, au riche patrimoine architectural. On citera, entre autres,
Le Puy-en-Velay, Aubrac, Espalion, Estaing,
Conques, Figeac, Cahors, Moissac, Lectoure,
Saint-Jean-Pied-de-Port...
Ce chemin, qui suit le tracé du CR* 65, est intégralement balisé par la FFRandonnée. Long
de 750 km, il représente environ un mois de
marche. Bénéficiant d'une importante infrastructure d'accueil, il est le plus fréquenté, y
compris par de nombreux pèlerins étrangers
(Suisse, Allemagne, Norvège...) qui, ayant
pérégriné depuis parfois plusieurs mois, font
étape au Puy avant de repartir. Au chevet de
la cathédrale, dans l'ancien hôtel Saint-Vidal
magnifiquement restauré, un lieu d'accueil,
de conseil et de cheminement, baptisé « Le
Camino », a ouvert ses portes à l'été 2012. Sur
quatre étages, un espace muséographique permet au visiteur, pèlerin ou simple curieux, de
s'immerger dans le Chemin de Saint-Jacques,
depuis le Moyen Âge jusqu'à nos jours.
Aux périodes de grande affluence, essentiellement en juin, juillet et août, une centaine de
pèlerins en moyenne partent chaque jour sur
la via Podiensis. En 2012, plus de 14000 pèlerins,
de 63 nationalités différentes, ont reçu la bénédiction au départ de la cathédrale Notre-Dame
du Puy-en-Velay.
Saint-Jacquesde-Compostelle,
au terme
du voyage.
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Tête de saint
Jacques en
pierre calcaire
polychrome.
Musée de
l'hospice SaintRoch, Issoudun.
L'abside de
l'abbaye de
Gellone, à
Saint-Guilhemle-Désert, sur la
voie d'Arles.
Parmi les variantes de la voie du Puy:
• Le chemin dè l'abbaye dè Bonneval
(2 jours)
Quèlques kilomètres après Aubrac, on peut quitter le CR® 65 pour emprunter l'itinéraire balisé
en bleu clair qui mène à l'abbaye de Bonneval.
Ce cadre splendide abrite une communauté de
religieuses cisterciennes. Les pèlerins peuvent
loger dans la tour Saint-Jacques, où un hospitalier les accueille, et participer aux offices liturgiques de la communauté. Espalion est ensuite
à 8 km de cette halte revivifiante.
• Les variantes de Rocamadour (4 jours
ou 13 jours, selon l'itinéraire choisi)
Ceux qui souhaitent faire un détour par Rocamadour (Lot) quitteront le CR® 65 à Figeac pour
le retrouver à Cahors ou à La Romieu. De Figeac
à Rocamadour, ils suivront le GR® 6, qui traverse la région boisée du Ségala, le Limargue
aux douces collines, le causse de Gramat et les
gorges de l'Alzon. À Rocamadour, c'est l'éblouissement : il faudrait réserver au moins une journée à la visite du site (basilique Saint-Sauveur,
chapelle Notre-Dame, crypte de Saint-Amadour,
ancien palais épiscopal abritant le musée d'Art
sacré), qui est toujours un lieu de pèlerinage à
Vierge Noire. Mais puisqu'il faut bien repartir,
c'est le GR® 46 qui conduira le pèlerin à Cahors,
en passant par Labastide-Murat. À moins qu'il
ne suive le GR® 64 puis le GR® 652 pour ne
rejoindre le GR* 65 qu'à La Romieu.
• La variante du Celé (3 jours)
De Figeac à Cahors, au lieu d'emprunter le
GR® 65 qui oblique vers le sud, on peut choisir
de longer le Celé. Il faut alors suivre le GR® 65l,
par Béduer, Marcilhac-sur-Célé et Cabrerets.
LA VOIE D'ARLES
D'Arles (Bouches-du-Rhône) au col du Somport
(Pyrénées-Atlantiques)
740 km, 30 jours de marche
Le chemin d'Arles, également appelé via Tolosana (ou voie toulousaine), a toujours été une
voie de grand passage. Au Moyen Âge, les jacquets italiens et provençaux y croisaient les
«roumieux» (pèlerins vers Rome), venus de la
péninsule Ibérique pour se rendre sur le tombeau de saint Pierre, en empruntant la voie
Domitienne, une route romaine construite au
IP siècle pour relier l'Italie à l'Espagne.
Aujourd'hui, le jacquet a le choix entre plusieurs
options. Un itinéraire fréquemment emprunté
suit le balisage du GR® 653 qui débute à Arles
et, contrairement aux trois autres grandes
voies françaises, ne franchit pas les Pyrénées
à Roncevaux mais au col du Somport. Moins
fréquenté que celui du Puy-en-Velay, ce chemin
traverse des lieux remarquables parmi lesquels
Arles, Saint-Gilles-du-Gard, Montpellier, SaintGuilhem-le-Désert, Toulouse, Auch, OloronSainte-Marie. Plaines languedociennes, forêts
gersoises, collines gasconnes, piémont des Pyrénées, vallée d'Aspe... les régions parcourues
offrent une diversité de reliefs, de paysages et
de climats. Mais le chemin présente des dénivelés importants, avant même le franchissement
des Pyrénées : le marcheur doit s'y préparer et
être en bonne condition physique.
LA VOIE DE VÉZELAY
De Vézelay (Yonne) à Saint-Jean-Pied-de-Port
(Pyrénées-Atlantiques)
884 km (par Bourges) ou 923 fcm (par Nevers),
36 jours de marche
La voie de Vézelay, appelée via Lemovicensis
parce qu'elle traverse le Limousin et passe
par Limoges, relie comme les précédentes des
lieux au passé prestigieux : la « colline eternelle » de Vézelay, tout d'abord ; puis la collégiale de Saint-Léonard-de-Noblat, l'abbaye
Saint-Martial de Limoges et celles de La Charité-sur-Loire, Déols, Chancelade, Saint-Ferme, La
Réole, Saint-Sever, les cathédrales de Bourges,
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de Nevers et de Périgueux... et bien d'autres
merveilles encore. Les étapes, assez vallonnées,
offrent de beaux paysages et les dénivelés sont
peu nombreux, le point culminant du parcours
se situant dans les monts d'Ambazac (695 m),
un peu avant Saint-Léonard-de-Noblat.
Un esprit particulier règne sur cet itinéraire,
fondé, selon l'association des Amis et Pèlerins
de Saint-Jacques de la voie de Vézelay, « sur la
rigueur de la démarche pèlerine ». En effet, la
voie s'avère relativement difficile en raison de
la longueur des étapes, calculées en fonction
des possibilités d'hébergements, même si leur
nombre s'est accru.
De Vézelay à la frontière espagnole, deux balisages sont proposés. Le CR* 654, créé par la
FFRandonnée, passe par La-charité-sur-Loire,
Nevers, Limoges et Périgueux, et rejoint le
CR* 65 à Montréal-du-Gers. Quant à la «voie
historique de Vézelay », réalisée par l'association des Amis et Pèlerins de Saint-Jacques de la
voie de Vézelay, elle propose deux options : la
branche nord, ou chemin berrichon (via La-charité-sur-Loire, Bourges, Issoudun, Déols et Gargilesse), et la branche sud, le chemin nivernais
(via Saint-Père, Nevers, Neuvy-Saint-Sépulchre).
Ces deux branches se rejoignant à Gargilesse.
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LA VOIE DE TOURS
De Paris à Saint-Jean-Pied-de-Port
(Pyrénées-Atlantiques)
960 km, 39 jours de marche
Également appelée le «grand chemin de SaintJacques », ou le « chemin dallé des pèlerins »,
cette voie était jadis très fréquentée par les jacquets venus du nord et du nord-est de l'Europe
car au Moyen Âge, des fouks de pèlerins se rendaient à Tours pour s'incliner sur le tombeau de
saint Martin, mort en 397 (lire p. 64).
La voie de Tours, que les guides font généralement commencer à Paris, a été redécouverte
grâce aux efforts de quèlques associations.
L'un de leurs premiers objectifs fut de tracer
un itinéraire qui évite aux pèlerins les grands
axes routiers, puis d'initier un réseau d'hébergements, en constante augmentation. À chacun, à présent, d'y tracer sa route, à pied ou
à vélo, puisque cette voie présente très peu
de dénivelés. Sentiers de randonnée, chemins
forestiers, petites routes de campagne... quel
que soit le trajet retenu, la surprise et l'émerveillement sont au rendez-vous, tant le patrimoine des régions traversées est riche.
Le Pont-Vieux
d'Orthez, sur
le Gave, a vu
passer depuis
le XIII'siècle
des générations
de pèlerins
empruntant la
voie de Vézelay.
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Il suffit de citer les villes d'Orléans, de
Blois, de Tours, de Poitiers ou de Saint-Jeand'Angély, et les communes de Melle, d'Aulnay
ou de Pons, pour en être persuadé.
LES ITINÉRAIRES EN ESPAGNE
Passé la frontière, le pèlerin emprunte jusqu'à
Puente la Reina le camino Navarro (le chemin
Navarrais, qui désigne le faisceau des chemins
traversant côté français la Basse-Navarre puis
la Navarre côté espagnol) ou le camino Aragonés (le chemin Aragonais, ainsi dénommé
car il suit le cours de la rivière Aragon, dans
le prolongement de la voie d'Arles), avant de
rejoindre la voie traditionnelle du camino Froncés. Des sauvages Pyrénées au soleil ardent de
la Meseta, il traverse des contrées enchanteresses avant d'arriver enfin, le cœur battant,
aux portes de Saint-Jacques-de-Compostelle. Ce
chemin, jalonné d'anciens hôpitaux, ponts et
monastères, fut ainsi appelé parce qu'il était
majoritairement parcouru par des pèlerins
venus d'outre-Pyrénées, mais aussi parce que
de nombreux Francs vinrent s'y installer. Aussi
riche en monuments qu'en rencontres, il laisse
un souvenir impérissable à ceux qui l'ont parcouru, malgré l'importance de sa fréquentation. D'autres voies jacquaires espagnoles sont
à présent balisées, tels le camino del Norte, le
camino Primitivo ou la via de la Plata.
SAINT-JACQUES-DE-COMPOSTELLE
On surnomme Saint-Jacques-de-Compostelle
« la ville aux 46 églises, aux 114 clochers et aux
288 autels ». Mais c'est bien sûr la basilique
dédiée à l'apôtre qui est le sanctuaire principal,
et le but du pèlerinage. Un premier édifice fut
consacré en 834 (lire p. 22). Dès 899, il fut remplacé par un nouveau sanctuaire, plus vaste
et plus richement décoré. Celui-ci sera réduit
en cendres par la razzia d'Al-Mansour, en 997,
qui n'épargnera que le tombeau de l'apôtre.
Le portail
latéral
de l'église
Saint-Hilaire
de Melle, sur fa
voie de Tours.
Ie, l'appel du chemin
Un hors série édité par Pe enn
Un guide culturel et pratique de 100 pages pour préparer son voyage vers Saint-Jacques-deCompostelle. Magnifiquement illustré, il détaille les principales étapes des voies françaises
et espagnoles citées ici, ainsi que la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle. Avec les
coups de cœur de la rédaction pour chaque chemin et des conseils pour le voyage.
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La construction d'un troisième édifice, commencée en 1075, s'achève en 1128. C'est cette
somptueuse basilique romane, enrichie au
cours des siècles suivants, que nous pouvons
admirer aujourd'hui.
L'espace intérieur est dominé par l'imposante
statue de saint Jacques (XIII6 s.) qui surmonte
le maître-autel. Après lui avoir fait l'accolade, le
pèlerin descend dans la crypte, qui est le véritable aboutissement de son voyage : c'est là que
se trouve la chasse en argent qui renfermerait
les reliques de Jacques le Majeur et de ses disciples, saint Théodore et saint Athanase.
JUSQU'À LA FIN DES TERRES
« Qui va à Saint-Jacques sans aller à Padrôn
accomplit ou non son pèlerinage», dit le proverbe médiéval. Ce haut lieu de l'histoire jacquaire se trouve à une vingtaine de kilomètres
au sud de Santiago. C'est ici, au fond de la ria
de Arousa, qu'aurait abordé la barque transportant le corps de l'apôtre, depuis la Palestine.
Finis terrac... la fin des terres. Comme la mer
qui vient s'échouer sur ces rivages, le pèlerin
pourra choisir de finir sa course au cap Finisterre, promontoire ultime, à 600 rn au-dessus
du niveau de la mer. Traditionnellement, il
brûle sur la plage ses vêtements usés par la
longue marche. Il y ramasse aussi sa coquille
(s'il en trouve !), signe du voyage accompli et
symbole de renaissance. I
Sur le camino
Francés, entre
Villafranca
Montes de Dea
et San Juan de
Ortega (province
de Burqos).
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