La fusion dans le milieu bancaire
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La fusion dans le milieu bancaire
La fusion dans le milieu bancaire Comment préparer une fusion pour que le changement de société se déroule sans problème ou avec un minimum d’ennui ? Introduction Depuis la fin des années 1990, le paysage bancaire européen subit une véritable recomposition des acteurs en présence. L’apparition de la monnaie unique, les nouvelles technologies financières et l’intégration européenne impliquent, pour le secteur bancaire, une concurrence qui ne cesse de croître ainsi qu’une modification de sa structure dans le but d’optimaliser celle-ci. Suite à ces changements considérables, les banques européennes ont réagi et sont entrées dans un mouvement de recomposition leur permettant de se consolider. De 1988 à 2004, le nombre de rachats dans le secteur bancaire européen a substantiellement augmenté, il est passé d’environ une centaine en 1990 à plus ou moins 300 en 2003. Mais pourquoi ce mouvement et comment le réaliser au mieux ? Concernant le pourquoi, le choix des dirigeants est simple : la rentabilité. Selon leur discours, « les opérations de fusions et acquisitions viseraient l’amélioration de la rentabilité et par incidence la création de valeur pour l’actionnaire »1. Plusieurs études montrant le nonfondement de cette théorie ont été réalisées mais sont très complexes. Mais concernant le comment, peu de recherches ont été faites. Pourtant, la question se pose tous les jours. A la une des journaux écrits ou télévisés, nous entendons régulièrement le rachat d’une société par une autre. Dernière en date, le rachat d’une grande entreprise pharmaceutique. Que ce soit dans le domaine bancaire ou autre, j’ai pu me rendre compte que les problèmes sont les mêmes et s’appliquent à presque tous les secteurs. Je pensais dans un premier temps développer l’aspect juridique de la fusion mais je me suis vite rendu compte que les quelques lignes que je souhaitais écrire ne seraient pas suffisantes à expliquer les démarches à effectuer. Pour ce faire, référez-vous à des personnes compétentes en la matière, syndicat, avocat, juriste ou autre. Dans ces quelques pages, je vais tenter de faire profiter les dirigeants ou futurs dirigeants de société de mon expérience d’employée au plus bas niveau de la société. Je souhaiterai leur montrer les problèmes les plus importants rencontrés par leurs employés et surtout comment 1 « Fusions bancaires européennes et richesses des actionnaires : le paradoxe des opérations transfrontalières » : GARDES ERIZE Nathalie, docteur en sciences de gestion de l’IAE de Pau et des pays de l’Adour. 1 quelques démarches simples mais de longue haleine, je l’avoue, pourraient leur éviter de gros problèmes. 1. Le rôle clé des communications Lors d’une fusion, de grandes préoccupations et de grandes inquiétudes envahissent le personnel de la société concernée. Quand je dis « personnel », je parle aussi bien des dirigeants qui vont devoir mener à bien cette transaction, des cadres supérieurs voyant leur avenir compromis, une possible régression dans la société et les employés craignant pour leur avenir incertain dans une entreprise pour laquelle ils travaillent depuis toujours. Pour rassurer le personnel, la direction n’a qu’une seule solution : la communication. Je vais vous exposer le cas d’Aventis Pharma, société canadienne qui a subi une fusion il y a quelques années et le cas que j’ai vécu dans une banque nommée Ez qui fut reprise par la banque Ox2. Je ne pourrai commenter les deux premières étapes étant donné que je suis arrivée quelques mois après l’annonce de la fusion. Chez Aventis Pharma, la plupart des conditions de succès d’une stratégie de communication performante ont été réunies, ce qui a permis une fusion sans trop de problèmes. Le plan de communication qui va suivre me paraît être une bonne stratégie et rencontrer selon mon expérience les exigences du personnel. 1. Avoir un plan formel de communication avant l’annonce officielle de la transaction Lorsque je parle de plan formel, je veux simplement dire que chacun sait à l’avance qui communiquera quoi et à qui. Cette étape paraît idiote mais lorsque les travailleurs apprennent par les médias le rachat de la société dans laquelle ils travaillent, un vent de panique et de colère s’empare du personnel, ce qu’il vaut mieux éviter. Pharma : « Il y avait une bonne stratégie de communication. …. Pour avoir eu plusieurs fusions antérieures, celles qui ont le mieux fonctionné, ce sont celles où on informait les gens. Quitte à leur dire qu’on n'a pas la réponse, mais que, quand on l’aura, on la communiquera. … Dans la stratégie, c’était ouverture, transparence et vitesse de communications. On veut vous apprendre la nouvelle avant que vous ne l’appreniez ailleurs, même si ce n’est pas une bonne nouvelle. »3 2 Les banques Ez et Ox son des noms fictifs, ne pouvant pas nommer ces banques de renommée mondiale 3 Extrait d’une entrevue avec un gestionnaire d’Aventis Pharma Canada 2 2. Communiquez l’information le plus rapidement possible tout en coordonnant les communications internes et externes. Comme je l’ai ci-dessus, éviter un vent de panique et de colère est indispensable et simple. Il suffit de synchroniser la diffusion d’informations. Lorsque la nouvelle de la fusion paraît dans les médias, une annonce officielle doit être faite, le même jour, aux employés de la société par le PDG. Celui-ci devrait expliquer les raisons de la fusion et donner certains détails concernant la future société. Il serait bien que chaque employé reçoive une lettre, leur étant adressée personnellement (soit par courrier interne, soit par courrier électronique) les avertissant des changements annoncés, mais aussi un portrait général de la future organisation qui explique les conséquences que cette transaction risque d’avoir sur l’emploi, tout en donnant un aperçu calendrier des évènements à venir. Ensuite, durant les mois qui suivent des mémos devraient être envoyés régulièrement donnant les informations nouvelles et soulignant les informations à venir. Pharma : « L’efficacité des communications sera une priorité absolue dans tous les secteurs de l’entreprise … Celle-ci devra faire partie intégrante de nos processus d’affaires quotidiens…. Les questions abondent. Veuillez comprendre qu’il faut un certain temps pour trouver les bonnes réponses, même s’il n’est pas facile d’attendre ces réponses »4 3. Communiquer de façon continue une information afin d’éviter les rumeurs Pharma : Dans cette société, les communications ont été fréquentes et continues. La première année, soit entre le moment de l’annonce et le moment de la création de la nouvelle société, il y a eu 109 communiqués écrits et oraux, ce qui représentent 72% des 152 activités de communications. Bien sûr, à l’approche de la date fatidique de création, le nombre de communiqués a fortement augmenté. Banque Ez : Les réseaux de communication étaient nombreux mais mal exploités. Les informations exactes, ne nous parvenaient pas. Si l’on voulait savoir la vérité et non se fier aux rumeurs, il fallait chercher longuement les informations sans toujours avoir une réponse de la part des dirigeants. La colère grandissait de jour en jour de même que l’incertitude d’un avenir meilleur. 4. Diversifier les moyens de communications Avec les nouvelles technologies, diffuser des informations pour rencontrer chaque travailleur, est un jeu d’enfant. Comme moyen de communication, je citerai : les messages transmis par 4 Extraits du journal du PDG d’Aventis Pharma 3 Internet ou par courriel, les lettres adressées aux personnels, les réunions du personnel, les journaux de l’entreprise mais aussi, un journal exclusivement consacré à la fusion. » Il serait bien de créer un journal ne parlant que de la fusion, des changements de la société, des points futurs à discuter, … Bien sûr, après envoi des informations, des questions se poseront inévitablement. Il serait intéressant de mettre en place un réseau de réponse aux questions (et pourquoi pas par les dirigeants) mais aussi un réseau permettant de s’exprimer face aux décisions qui ont été prises mais aussi concernant les décisions futures. Pharma : « on pensait que les employés ne lisaient pas nécessairement tous les outils de communication. Certains préfèrent le bulletin du PDG, d’autres les journaux dédiés à la fusion. On pensait qu’en se servant de tous les moyens de communications que l’on avait à notre disposition, on allait réussir à attirer l’attention de la plupart de nos gens…. Mettre sur pied une adresse de courrier électronique et une page intranet permettant les questions de la part des employés et assurer un mécanisme de réponse dans un délai raisonnable, ça c’est un exemple de communication pour calmer les rumeurs et aider les gens. »5 Banque Ez : Comme je l’ai dit ci-dessus, les rumeurs sont une source d’ennuis car une fois lancée, les rumeurs sont impossibles à arrêter. Le système du question-réponse aurait été très intéressant dans la banque où je travaillais car avoir une réponse à une question dans une société en fusion est un vrai calvaire. Personne n’est disponible pour répondre, ou la réponse n’est pas encore connue mais on n’ose pas le dire par peur des conséquences. La pire des choses dans ce cas est de ne pas savoir car la peur empêche de travailler correctement, la mauvaise ambiance est inévitable. Même les directeurs d’agence ne connaissaient pas la réponse à nos questions, parfois pourtant si simple. 5. Communiquer les bonnes mais aussi les mauvaises nouvelles Il est impératif pour que ce système de communication fonctionne correctement, de garder une transparence totale. Ceci signifie que tout doit être communiqué que les nouvelles soient bonnes ou pas, notamment la nomination aux différents postes, le processus de sélection auquel les candidats avaient dû faire face ainsi que les critères de sélection utilisés pour faire le choix final. Bien sûr, lors d’une fusion, deux personnes occupent un même emploi. Il faut être claire dès le départ et diffuser un message expliquant cette situation sans oublier de renouveler régulièrement ces informations car il est inévitable, sue dans une situation de stress telle qu’elle est vécue lors d’une fusion, des informations (même les plus importantes) sont oubliées. 5 Extrait d’une entrevue avec un gestionnaire d’Aventis Pharma 4 Pharma : « Nous ferons tout en notre pouvoir pour nous assurer que les employés qui seront touchés soient traités avec la plus grande considération tout au long du processus de sélection, de façon juste, équitable et conformément à la culture6 et aux valeurs que notre société s’efforce de donner en exemple ».7 Banque Ez : Vu qu’aucune nouvelle, seule des rumeurs nous parvenaient, nous ne pouvons juger de la transparence des informations. Par contre, concernant le licenciement, il s’agissait d’une restructuration durant laquelle 80% du personnel s’est retrouvé sans emploi8 et le licenciement s’est fait sans aucune distinction de compétence, sans information concernant le choix, les critères ou autres informations. Tous les cadres ont été rétrogradés et la plupart du personnel de base licencié. En conséquence, vu le climat de peur qui régnait, plusieurs employés non licenciés au départ ont donné leur préavis pour un climat de travail plus serein. La conséquence de ce licenciement massif ainsi que des quelques départs a inévitablement été le manque de personnel. Cette situation s’est produite dans les deux ans de l’annonce, durant la période d’intégration. La seule solution trouvée à ce problème, puisque les personnes licenciées ont refusé de réintégrer leur poste, a été d’engager des employés sous «Plan Rosetta » pour des contrats de 6 mois renouvelables pendant deux ans sans engagement possible. Malheureusement, ces employés ne recevaient aucune formation et ne pouvaient effectuer que des opérations de base. 6 Je souhaitais dire quelques mots concernant la culture. Ceci peut paraître bizarre puisqu’il s’agit ici d’une fusion entre deux banques d’un même pays. Mais même à l’intérieur d’un pays, il existe différentes cultures. Premièrement, lorsque je parle de culture, je parle de « culture d’entreprise » ce qui signale en même temps « une valorisation supplémentaire de leur image car le sens commun associe la culture à la culture cultivée »(Hans Merkens). Les deux banques ayant fusionnés sont deux banques de types différents. Je veux dire par là que la banque Ez travaille avec un réseau salarié où le bien-être du client passe « avant » sa rentabilité. En ne perdant pas de vue que tous les clients doivent être rentables mais le service est un des points importants d’un tel système. Par contre, la banque Ox travaille avec un réseau d’indépendant. Chaque agence a son directeur, personne sous statut d’indépendant qui emploie lui-même des salariés. Ce système n’est plus basé sur le service puisqu’il doit avant tout être rentable. Nous le voyons car tout ce système est automatisé et toutes les opérations peuvent être faites par le client lui-même au self-banking. Les cultures de chacune de ces banques sont diamétralement opposées. Et pourtant, elle fusionne. On remarque ici, toute la difficulté d’arriver à ce que les deux réseaux puissent travailler ensemble et retirer le meilleur des forces respectives de chacune des banques. Souvent, dans de telles circonstances, les sociétés-mères se sont révélées incapables de réaliser des objectifs d’assainissement, de redressement souhaités. Elles ne s’étaient pas données les moyens suffisants pour comprendre les transformations et évolutions qui se produisaient au sein de leurs agences. Voici un cas dans le domaine automobile où cette situation s’est aussi présentée : lorsque Triumph Adler fut repris par VW ou AEG par Daimler-Benz. Alors que ces deux filiales résidaient dans le même pays (Allemagne), il fut impossible à la direction de réaliser les objectifs prévus initialement. 7 Extrait d’une lettre aux employés de la part du PDG 8 Nous verrons plus tard que des solutions d’aide à l’emploi ont été organisées 5 6. Adopter un ton optimiste mais réaliste dans les communications Pratiquement toutes les communications doivent se terminer sur un ton optimiste. Il est également important de démontrer la confiance de la direction envers la capacité et la volonté des employés de mener à terme la fusion. D’autre part, il faut aussi se montrer réaliste face aux difficultés qui surviennent. Le choc culturel9 entre deux entreprises est l’une des difficultés avec lesquelles l’entreprise doit composer. Pharma : « Beaucoup de travail reste à faire. Mais nous sommes persuadés que si nous travaillons tous ensemble, nous pouvons réussir à le faire. Le soutien mutuel sera la clé d’une réussite partagée….. Bien évidemment, nos diverses cultures se heurtent parfois……Ceci est naturel dans un tel projet de fusion, ce ne sont pas des sujets faciles à résoudre. Mais en y faisant face avec une franchise et une honnêteté croissante, nous pourrons apprendre à mieux nous connaître… »10 Banque Ez Bien sûr, sans communication, pas de ton optimiste ni réaliste. Mais lors des rencontres avec les districts managers (quelques fois par an), le ton était plutôt négatif : ‘Ils ne sont pas contents, le réseau indépendant fait de meilleures performances, … ». Les échos que l’on recevait étaient négatifs et décevants. Au fur et à mesure, l’ambiance se dégradait et les performances diminuaient. Ceci était dû au simple fait que les communications étaient pessimistes et influaient de la même manière sur le personnel. 7. Continuer de communiquer bien au-delà de la période d’intégration intensive Après l’intégration, il faudra prévoir une période de convalescence, c’est-à-dire, une période durant laquelle les entreprises apprendront réellement à se connaître, à s’accepter, à travailler ensemble et à bénéficier mutuellement de leurs forces respectives. Pharma : « …la priorité consiste à créer et à nourrir la nouvelle culture de l’entreprise en inculquant nos valeurs et en les mettant en pratique…. Ainsi, notre principal objectif sera de rallier nos associés autour de la nouvelle culture de l’entreprise et les membres de l’équipe de direction se devront de joindre le geste à la parole »11 Banque Ez : cette étape n’est pas encore arrivée puisque la période d’intégration intensive se termine seulement. En conclusion, nous venons de constater à quel point la communication de la part des dirigeants est importante, elle joue un rôle clé qu’il ne faut pas négliger. 9 cf. note de bas de page ci dessus sur la culture Extraits de la lettre des PDG aux employés dans « Bâtir Aventis Pharma » 11 Extraits du document priorité pour l’année 2000 » 10 6 2. La cohésion d’une équipe via le management Nous venons de montrer le rôle des dirigeants, du PDG vis-à-vis de son personnel. Mais cela est-il suffisant ? Non. Dans le domaine bancaire, il existe un siège social qui est le centre de la société et qui a des droits et obligations vis-à-vis des agences. Mais, ces agences sont à elles seules de petites entités qui doivent se soutenir et se battre pour rester viable, faute de quoi, elles seront supplantées par les agences concurrentes. Le terme « se soutenir » a toute son importance, c’est pourquoi j’aimerai aborder ce point. Dans chacune des agences, se trouve un manager et ses employés. Le rôle du manager est bien sûr de diriger l’agence, mais surtout de diriger une équipe pour que chacun travaille en synergie avec les autres vers un but commun. Intervient ici le manager qui doit s’assurer de la cohésion de son équipe et doit encourager, motiver et inspirer la confiance à celle-ci. Voici une représentation12 somme toute basique d’une équipe mais bien souvent oubliée nos agences. Elle se compose de quatre éléments : • Le manager, la direction, le responsable • L’équipe, le groupe des équipiers. Il doit être de nature relationnelle et fonctionnelle. Il doit aussi intégrer la dimension individuelle, les liens relationnels et le niveau groupal. • L’objectif à atteindre, la mission, le projet • Le système d’actions et les pratiques communes qui regroupe les aspects spécifiques, les moyens d’actions Manager Moyens d’actions But Equipe Chacun de ces quatre composants est nécessaire à l’existence d’une équipe. Sans objectif, elle n’a pas de raison d’être, sans pratiques communes, l’action se disperse, sans chef, il n’y a pas de représentant de l’équipe, ni de la direction. Dans une équipe, le chef n’est pas le leader, c’est le responsable du groupe, le leader, le meneur est un membre de l’équipe. Comme nous le voyons sur le schéma, le manager travaille avec le groupe, au même niveau. L’équipe n’est pas au service du manager, elle le seconde. Entre ces différents éléments doivent exister des interactions qui sont de trois types. 12 Représentation selon Devillard, 2000 7 • La cohésion qui relie les hommes, qui permet d’établir la confiance, de faciliter les échanges, de coopérer sans arrière pensée. Il est entretenu par des comportements solidaires (soutien, solidarité, …) • La cohésion technique qui se traduit par des actions communes, des réunions, une synchronisation des actions, … • La cohésion normative et culturelle qui est un processus par lequel une personne se reconnaît au travers d’une autre, que l’autre devienne un point de son identification. En conclusion, ce schéma simple résume l’idée que je voulais faire passer. Le manager travaille avec une équipe (dont les membres ont des liens individuels mas aussi collectifs) pour atteindre un but commun. Si en période de fusion, le directeur d’agence arrive, malgré les fortes pressions exercées sur lui, à maintenir cet esprit d’équipe, cette cohésion, la fusion posera très peu de problèmes dans son agence et les clients ne ressentiront aucunement les effets néfastes du changement. 3. L’intégration du système informatique Ayant travaillé dans deux systèmes d’intégration informatique différents, je puis en parler simplement et relever les avantages et inconvénients que j’ai pu constater. a. Intégration client par client Dans ce système, chaque employé de l’agence travaille sur deux plates-formes informatiques : la nouvelle et l’ancienne. En réalité, chaque agent travaille sur trois platesformes, car il y a la nouvelle commune à tous mais aussi les deux anciennes vu que deux banques avec deux systèmes ont fusionné. L’inconvénient majeur, est qu’à chaque client, il faut changer de plate-forme, ce qui est une perte de temps assez importante. De plus, bien que l’on sache déterminer de quelle banque le client était, grâce à son numéro de compte, on ne sait jamais si le client a déjà migré sur la nouvelle plate-forme informatique ou pas. C’est pourquoi, bien souvent il faut faire des recherches. Pendant ce temps, le client attend et d’autres clients arrivent. Perte de temps certes, mais aussi source de mécontentement des clients dû aux longues files aux guichets. Bien sûr, le self-banking est à disposition pour les plus pressés mais savent-ils s’en servir ? On verra ce point un peu plus loin car il est commun à tous, quel que soit le système informatique utilisé. L’avantage de ce système est le fait que chaque jour, quelques clients migrent vers le nouveau système. Donc, si un problème est rencontré, il n’incommodera que quelques clients puisqu’il sera résolu immédiatement et n’interviendra plus pour les clients suivants. 8 b. Migration de tous les clients en une fois étape par étape La migration informatique se fait en 10 étapes. A chaque étape, une partie du système informatique, par exemple, virement, versement, ordre permanent, domiciliation et chèque, entre dans la nouvelle façon de travailler. L’avantage est que l’on travaille sur une seule plate-forme informatique, ce qui évite de perdre du temps à chercher sur divers supports où se trouve le client. Par contre, lorsqu’un problème survient, il touche tous les clients, ce qui est source de mécontentement. De plus, le temps pour résoudre ce problème est long et vu que le help desk travaille sur le programme, il est fortement ralenti, voir même inutilisable pendant quelques temps. Tout ceci entraîne une perte de temps importante. Nous en revenons au même point qu’avec l’autre façon de faire : le self-banking. L’éternelle question de l’automatisation des opérations, qui sait s’en servir ? Il serait peutêtre judicieux d’avoir une personne à disposition pour expliquer à chacun comment fonctionnent ces appareils et quelles opérations ils peuvent effectuer avec celles-ci, pendant une période déterminée. Cette période « d’adaptation » passée, un manuel devrait se trouver à disposition de la clientèle pour apprendre à utiliser les automates. Il devrait être distribué gratuitement à qui le demande et un de ces manuels devrait rester à proximité de l’appareil dans le cas où une personne oublierait un élément important et que personne ne serait à disposition pour donner quelques explications. En conclusion, il n’existe une manière de migrer meilleure qu’une autre, il faut simplement analyser la situation, mesurer le degré de connaissance des automates par la clientèle, savoir ce que les clients attendent, … pour décider comment effectuer la migration le plus efficacement possible. 4. La formation des employés Il est impératif que les employés d’une banque soit correctement formé au nouveau programme informatique et aux nouvelles procédures, qu’elles concernent l’envoi du courrier interne, les nouvelles dispositions en matière de fournitures, … De plus, les informations données doivent être exactes et pas changer au gré du vent. Lors de l’application, chacun doit recevoir une information claire, précise et définitive. Cette information doit être écrite et conservée par chacun pour s’y référer le moment venu. Dans les deux banques où j’ai travaillé, l’une n’avait aucun système de formation si ce n’est l’auto formation, mais pour des personnes d’un certain âge, cet apprentissage est long et difficile. Dans l’autre banque Ez, un système de formation d’une demi-journée a été mis en place. Cette formation aurait été utile si les informations reçues avaient exactes car les jours qui suivaient la fin de la formation, nous recevions d’autres informations contradictoires à 9 celles reçues le jour de la formation. De plus, si un problème informatique survenait, ce qui était courant, la formation était annulée et non reportée. Heureusement, un call center avait été mis sur pied. Il s’agit d’un centre téléphonique où chaque agence pouvait téléphoner pour demander des informations. Mais, malheureusement, les formations qu’ils avaient reçues étaient aussi mauvaises que les nôtres et donc chaque personne répondait ce qu’elle avait retenu et non pas les informations du jour. 5. L’information à la clientèle Ce point sera abordé en deux parties liées entre elles. La première partie concerne l’information à la clientèle est trop faible ou incomplète. Précédemment, j’abordais le rôle clé de la communication au personnel. Il est vrai que dans une entreprise industrielle, seule l’information au personnel est importante, mais dans une société de services telle que les banques, la communication à la clientèle a un rôle d’une grande importance. Les clients aiment être tenus au courant des changements qui vont s’effectuer dans leur agence : mutation, licenciement du personnel, changement de décor, apparition et disparition de certains produits. La seconde partie concerne la formation du personnel. Lorsque les clients reçoivent une lettre concernant un changement important, il est important que la lettre soit claire pour éviter un grand nombre de questions, mais il est aussi impératif que le personnel des agences dont ces personnes relèvent soit au courant de ces changements et de tous les détails qui le concernent. Dans la banque Oz, les clients recevaient des informations concernant des produits qui allaient disparaître et être remplacer par un autre. Dès lors, pour avoir des détails supplémentaires, les clients venaient à l’agence mais le personnel n’avait reçu aucune information. Nous demandions au client la lettre qu’il avait reçue et si après lecture, nous ne savions toujours pas ce qu’elle concernait, nous téléphonions au call center qui la plupart du temps n’avait pas encore entendu parler du produit. Le plus embêtant était le fait que quelques jours plus tard, nous recevions les informations via le site intranet. Il est évident, qu’en pareille situation, la clientèle était mécontente. Cette situation est source de conflits et nous avons perdu beaucoup de gros clients par mécontentement de ceux-ci. En conclusion, l’information à la clientèle est primordiale mais elle doit absolument être synchronisée avec la formation du personnel. 10 6. Le job center Le job center est un département prévu pour aider les employés licenciés. Il est consultable sur l’intranet et reprend divers points importants pour retrouver un emploi. Il reprenait tous les postes disponibles dans le réseau bancaire indépendant. Il permettait à chacun de rédiger un curriculum vitae, comment se présenter lors d’une interview, les pièges à éviter,… et bien sûr la liste des postes vacants ainsi que les qualifications requises. Vu que la plupart des employés étaient dans la banque depuis leur début, ils ne savaient plus trop comment faire pour retrouver un emploi, comment se présenter, qu’exige les employeurs d’aujourd’hui. Ce site a permis à beaucoup d’employés même âgés de 40 ans et plus, de retrouver un bon emploi, semblable à la fonction exercée dans la banque Oz. Je trouve personnellement que l’idée est très bonne et qu’elle aide énormément les personnes inquiétées et stressées par un licenciement. 7. Les valves consultables sur l’intranet Une bonne source d’information est les valves consultables sur l’intranet. Elles ont cependant un gros inconvénient : les informations qui y sont publiées sont nombreuses et les personnes trop occupées par leur job n’ont pas le temps de lire les valves et de retenir toutes les informations. Je pense que dans chaque agence, il faudrait une personne chargée de lire ces valves, d’en retirer les informations importantes et d’en faire un résumé pour chaque collègue 8. Conclusion Pour conclure, la fusion est une opération difficile qui requiert de nombreuses procédures, qui engendre de nombreux problèmes. Beaucoup de ces problèmes peuvent être résolus par un concept simple : la communication. Je pense avoir explicité les principaux problèmes que j’ai rencontrés et j’espère que ces quelques pages pourrant aider des dirigeants à mener à bien une telle opération. 9. Bibliographie ALTUNBAS Y. , GARDENER E.P. M., MOLYNEUX P., MOORE B. (2001) , « Efficiency in European Banking » European Economic Review DIETSCH M. (1992) « Quel modèle de concurrence dans l’industrie bancaire ? » Revue Economique, n°2, mars ALAIN GOSSELIN, ARCHAMBAULT JOSEE, « Le rôle de la communication dans les fusions, cas Aventis Pharma » 11 BERNARD MICHEL, « Une interprétation dialectique de la dynamique sportive » Revue Eps 62 et 63 PARLEBAS PIERRE, « Sociométrie, réseaux et communications », PUF, Paris, 1992 SARTRE, « Critique de la raison dialectique » GARDES ERIZE NATHALIE, docteur en sciences de gestion, IAE de Pauret des pays de l’Adour, Fusions bancaires européennes et richesse des actionnaires: le paradoxe des opérations transfrontières Evelyne Lentzen et Anne Vincent, « La concentration économique », dossier n°24, 1996 Revue, Les groupes industriels et financiers, Revue d’économie industrielle n°47, 1er trimestre 1989 10. Bibliographie commentée « Vivre une fusion en vainqueur », de Jacques Dardaud, des éditions Publi Union, 1993 « Vivre une fusion dans une société s’apparente le plus souvent à l’accomplissement d’un véritable parcours initiatique. Tout le personnel, du cadre aux techniciens, sont concernés, tous en ressortent transformés. Ils ne sont plus, après la fusion, ce qu’ils étaient avant : ils ont vécu l’intégration. » Ce recueil d’apprentissage et de conseil est très utile, que l’on soit en période de fusion ou que l’on n’y pense même pas. Mais alors pourquoi lire un livre sur la fusion si l’événement n’est pas envisageable. La raison est simple, le chapitre 1 parle des signes extérieurs qui permettent d’envisager une fusion. Comment les déceler et comment y faire face. Les chapitres qui suivent expliquent comment réagir en cas de fusion et surtout de bien comprendre ce qu’est une fusion (cf. chapitre 3). Je pense que ce recueil constitue la base essentielle à lire avant de se lancer dans une fusion car il est complet et accessible à tous. Consultez le site : Google.be et cherchez « La lettre du Groupe Bernard Brunhes » octobre 1999 n°41 Cette lettre montre la dimension sociale des restructurations et permet de recevoir une aide en direct sur le volet social, de RH en cas de fusion ou d’acquisition. Il ne faut pas négliger cet aspect. Beaucoup de manager sont perdus après quelques étapes d’intégration lors d’une fusion, la tâche n’étant pas aisée et les problèmes grandissants chaque jour. Ce site aide les managers en détresse en leur proposant des solutions à leur problème ou au moins un chemin à suivre pour les guider. Les conseils peuvent être très utiles car ils sont réalistes et tiennent compte de l’environnement extérieur et des problèmes déjà rencontrés. « L’Europe de groupes, présence et stratégies en Belgique » de Anne Vincent et Jean-Pierre Martens des éditions Crisp 1991 Cet ouvrage porte sur les grands groupes présents en Europe et en Belgique et sur leurs comportements. Je trouve ce livre intéressant car il montre les caractéristiques et les comportements des grands groupes en Europe. Certes, le sujet peut paraître éloigné 12 du nôtre qu’est la fusion, mais si l’on se réfère au chapitre 2 : « Les caractéristiques des grands groupes présents en Belgique », on peut apercevoir un point parlant des compagnies financières avec notamment Paribas. Bien comprendre l’impact de ses groupes sur l’économie permet de préparer une fusion en évaluant les conséquences négatives que pourrait avoir l’échec de la fusion pour la société. « Le bal des empires, le dessous du capitalisme belge » de Béatrice Delvaux et de Stefaan Michielsen, des éditions Racines, 1999 Par une reconstitution très fouillée de différents évènements, ce livre tente d’apporter des réponses exactes aux nombreuses questions soulevées lors des rachats en cascade. Il met impitoyablement en lumière les particularismes du capitalisme belge, pointant les responsabilités des managers des financiers, des actionnaires et des pouvoirs publics. Je trouve que ce livre est intéressant pour les personnes souhaitant ou préparant une fusion. Il montre par des exemples, à quel point le processus de fusion est long et complexe. Avant de se lancer dans ce genre d’action, il vaut mieux savoir à quoi se préparer et surtout analyser les évènements passés semblables pour éviter de commettre les mêmes erreurs. Les deux, trois cas repris dans ce livre ne sont pas récents mais sont toujours très actuels (rachat de BBL par ING, la fusion entre Kredietbank, les ABB et Cera, le rachat de la Royale Belge par Axa, de la Générale de Banque par Fortis, …) « L’entreprise sans la psychologie » de Dominique Michalon et Loïck Roche », des éditions Maxima, Laurent de Mesnil éditeur »,1997 Le principe de ce livre est simple : « Travaillons avec les autres en fonction de ce qu’ils font et non de ce qu’ils sont ». Passionnant dans sa démarche et de lecture aisée, ce bouquin est avant tout constructif. Il offre une autre façon de faire, beaucoup plus réaliste. Il explique clairement qu’un manager doit gérer le travail à faire et non gérer les états d’âme de ses salariés car il n’est pas former pour faire de la psychologie. Ce livre ne signifie pas qu’il faille cesser de s’intéresser aux individus dans leur travail mais il montre pourquoi, sous prétexte de manque de motivation, au lieu d’investir le champ de la personnalité de ses collaborateurs, il vaut mieux travailler avec eux en fonction de leur rôle dans l’entreprise. Le chapitre sur « la motivation » et celui sur « les méthodes du manager » constituent la base de la connaissance pour être un bon manager. Les suivants sont aussi très intéressants et permettent au manager de cerner sa propre personnalité et en faire abstraction dans la gestion de son personnel. 13