Au nom de`Dieu, Clément et Miséricordieux

Transcription

Au nom de`Dieu, Clément et Miséricordieux
Au nom de’Dieu,
Clément et Miséricordieux
Université d’Ispahan
Faculté des Langues Etrangères
Département de Langue et Littérature française
La Pauvreté dans Allah n’est pas obligé, L’Enfant de sable
et La Place vide de Soloutch
Sous la direction de :
Monsieur le Docteur SHOKRIAN
Professeur consultant:
Madame le docteur MIRALAYI
Rédigé par :
Sepideh Nourbakhsh
Octobre 2011
‫ﮐﻠﯿﻪ ﺣﻘﻮق ﻣﺎدي ﻣﺘﺮﺗﺐ ﺑﺮ ﻧﺘﺎﯾﺞ ﻣﻄﺎﻟﻌـﺎت‪ ،‬اﺑﺘﮑـﺎرات و‬
‫ﻧﻮآوري ﻫﺎي ﻧﺎﺷﯽ از ﺗﺤﻘﯿﻖ ﻣﻮﺿـﻮع اﯾـﻦ ﭘﺎﯾـﺎن ﻧﺎﻣـﻪ‬
‫ﻣﺘﻌﻠﻖ ﺑﻪ داﻧﺸﮕﺎه اﺻﻔﻬﺎن اﺳﺖ‪.‬‬
Remerciements
Au départ, je voudrais bien adresser mes plus sincères respects et
remerciements à Monsieur le Docteur SHOKRIAN qui a bien voulu diriger
patiemment mon travail de recherche. Je tiens à le remercier de ses
précieux conseils ainsi du temps qu’il m’a accorde pour mener à bien ce
projet. Qu’il veuille bien agréer l’expression de mes meilleures
reconnaissances.
Mes plus profonds respects vont également à Madame le Docteur
MIRALAYI, dont les conseils clairvoyants m’ont vraiment aidée au cours
de ce projet. Qu’elle veuille bien accepter toute ma respectueuse
reconnaissance.
Enfin, mes plus sincères gratitudes vont également à tous mes professeurs
qui m’ont beaucoup encouragée au cours de mes études de licence et de
maîtrise et à qui je dois toute ma connaissance de la littérature française.
À ma mère,
À mon père
Et à mon mari
Résumé
La littérature n'est pas seulement le domaine du rêve et de la
beauté. La littérature peut défendre et dénoncer toutes les
inégalités et l’injustice.. Elle peut devenir une arme contre la
faim et les injustices, sans perdre ses qualités esthétiques. Un
auteur peut sauver un enfant affamé s'il le prend en charge ou
s'enrôle dans une organisation humanitaire. Mais pour sauver
des peuples entiers, il peut aussi dénoncer les injustices, les
systèmes politiques qui favorisent la disette, car bien des pays
d'Afrique par exemple pourraient être riches grâce à leurs
ressources
naturelles,
si
les
autorités
nationales
internationales faisaient le nécessaire. Influencés
ou
par les
soucis de leurs pays, les écrivains des pays dits tiers monde,
s’occupent encore plus de ce sujet, dont nous avons choisi
L’enfant de sable, Allah n’est pas obligé, La Place vide de
Soloutch, respectivement liés à Ben Jelloun, Kourouma et
Dowlatâbâdi. La notion de pauvreté et la misère, ses origines
et sa diversité, dans le travail présent, sont analysées à travers
les œuvres mentionnées.
Mots-clés : Pauvreté, origines de pauvreté, Pauvreté culturelle,
Conséquences de pauvreté.
Abstract
Literature is not only the field of dreams and beauty. Literature can defend
and denounce all the inequalities and injustice. It can become a weapon
against hunger and injustice, without losing its aesthetic qualities. An
author can save a starving child if he supports or joined a humanitarian
organization. But to save whole nations, it can also expose injustice,
political systems that promote hunger because many african countries for
example, could be rich with natural resources, whether national or
international authorities were necessary. Influenced by the concerns of
their countries, the writers of the so-called Third World, even more care of
this issue, we chose The child of sand, Allah is not obliged, Place empty of
Soloutch respectively related to Ben Jelloun, Kourouma and Dowlatabadi.
The concept of poverty and misery, its origins and its diversity, in the
present work, are analyzed through the works mentioned.
Keywords: Poverty, origins of poverty, cultural poverty, consequences of
poverty.
Table des matières
Titre
Page
Introduction ............................................................................................. b
Chapitre 1 : Aux origines de la pauvreté
1-1 Aperçu historico- social, richesse minière ....................................... 1
1-2 Géographie et environnement .......................................................... 7
1-3 Colonisation ..................................................................................... 9
1-4 Réform agraire en Iran...................................................................... 13
Chapitre 2 : Pauvreté culturelle
2-1 Esprit pauvre ..................................................................................... 16
2-2 pauvreté politique ............................................................................. 33
2-3 Fétiche, superstition, tradition .......................................................... 38
2-4 Comportements sociaux.................................................................... 52
2-5 Barbarisme ........................................................................................ 56
Chapitre 3 : Conséquences de pauvreté
3-1 Exode rural........................................................................................ 63
3-2 Femme victime ................................................................................. 66
3-3 Le droit de l’enfant ........................................................................... 78
3-4 L’enfant- soldat, le mariage précoce ................................................ 83
Conclusion.............................................................................................. 93
Bibliographie ......................................................................................... 103
a
Introduction
Comme beaucoup d’autres problèmes des sociétés humaines, le thème
de la pauvreté a été abordé dans la littérature. Et plus visiblement dans la
littérature contemporaine. La pauvreté du latin pauper, est l'état d'une
personne qui est pauvre, indigente. Une personne en situation de pauvreté
ne dispose pas de ressources matérielles suffisantes (manque d'argent) et
vit dans des conditions qui ne lui permettent pas d'exister dignement selon
les droits légitimes et vitaux de la personne humaine et qui la condamnent
à survivre péniblement au jour le jour. Les pauvres sont ceux qui, par euxmêmes, sont incapables d'assumer pleinement et librement leur condition
d'homme dans le milieu où ils vivent. Quels que soient l'époque, la région,
le type de société, dénuement, dépendance, faiblesse, humiliation
accompagnent la con- dition des pauvres ; en outre, ceux-ci sont dépourvus
de tout ou partie de moyens, variables selon les milieux, de tenir un rang
social : argent, vigueur physique, capacité intellectuelle, qualification
technique, science, honorabilité de la naissance, relations, influence,
pouvoir, liberté et dignité personnelles. La précarité, sinon la déchéance,
sont leur partage. Ils sont anonymes, isolés même dans la masse ; ils n'ont
aucune chance de se maintenir ou de se relever sans l'aide d'autrui. Vivant
au jour le jour, et dans l'attente perpétuelle de lendemains meilleurs, ils
sont aussi accessibles à toutes les espérances, à toutes les illusions, à tous
les mythes, que prompts au désespoir et à la révolte.
Applicable à tous les types de société, cette définition inclut tous les
frustrés, tous les laissés-pour-compte, tous les marginaux. Et pourtant dans
la littérature les pauvres ont été qualifiés de sacrés, vertueux, sereins,
indépendants, honnêtes, gentil et heureux tout comme «fainéants» et
«criminels».
Le terme pauvre ne nous dit rien en soi sur les conditions de vie des
personnes pour qui la pauvreté est une réalité quotidienne. La pauvreté est
b
définie comme un manque. Un terme générique tel que « la pauvreté » est
en réalité défini et modelé par différentes forces - historiques,
économiques, méthodologiques et idéologiques. Ainsi, ce que l’on entend
par pauvreté est contingent et il est essentiel de l’étudier dans un contexte
bien défini. Les mesures de la pauvreté, à partir desquelles sont orientées
les politiques visant à lutter contre ses causes et les conséquences qui en
découlent, se font, bien plus que le reflet d’une réalité objectivable et
indiscutable, l’écho de représentations et de normes que les sociétés se font
du phénomène.
Mais il est impossible d’ignorer l'utilité de la littérature face aux grands
maux de l'humanité, ceux de la malnutrition du tiers monde, mais aussi de
la guerre et des injustices. Car la littérature n'est pas seulement le domaine
du rêve et de la beauté. La littérature peut défendre et dénoncer toutes les
inégalités et l’injustice. La littérature est une futilité indispensable car Elle
est l'expression d'une culture. Elle peut devenir une arme contre la faim et
les injustices, sans perdre ses qualités esthétiques. Un auteur peut sauver
un enfant affamé s'il le prend en charge ou s'enrôle dans une organisation
humanitaire. Mais pour sauver des peuples entiers, il peut aussi dénoncer
les injustices, les systèmes politiques qui favorisent la disette, car bien des
pays d'Afrique par exemple pourraient être riches grâce à leurs ressources
naturelles, si les autorités nationales ou internationales faisaient le
nécessaire.
Influencés par les soucis de leurs pays, les écrivains des pays dits
tiers monde, s’occupent encore plus de ce sujet.
La littérature moderne d'Afrique noire dont on a choisi Allah n’est pas
obligé, l’œuvre bien connue de Ahmadou Kourouma, se montre une
amalgame de diverses cultures et traditions. De ce fait, l'influence
omniprésente du colonialisme européen et du christianisme y est
perceptible. Les Africains se sont montrés particulièrement prolifiques
depuis la Seconde Guerre mondiale ; utilisant le français, l'anglais, le
c
portugais et plus de quarante langues africaines, ils ont composé de la
poésie, de la fiction, du théâtre, et inventé des formes d'écriture pour
lesquelles il n'existe pas de descriptif dans le monde littéraire européen.
Leurs œuvres dressent le portrait de la réalité politique et sociale moderne,
et s'attachent aux systèmes de valeurs, qu'ils soient ou non africains. Dans
le même temps, leurs écrits sont fondés sur les traditions indigènes et des
visions du monde typiquement africaines.
Bien avant l'arrivée des Européens, avant même le développement de
l'écriture, les peuples de l'Afrique sub-saharienne ont exprimé de façon
artistique leurs pensées, leurs sentiments et leurs préoccupations les plus
profonds, sous la forme de mythes, de légendes, d'allégories, de paraboles
et de contes, de chants et de mélopées, de poèmes, de proverbes, de
devinettes et de théâtre. Certaines formes traditionnelles de la littérature
orale ont survécu jusqu'à nos jours, tandis que des formes nouvelles ne
cessent d'apparaître. Elles expriment aussi bien des thèmes contemporains
que des thèmes du passé. Leurs styles sont influencés par le monde
extérieur, comme par les différentes cultures présentes en Afrique. Elles se
sont adaptées aux influences modernes, et influencent elles-mêmes les
différents modes d'écriture contemporains. Les littératures traditionnelles
fournissent la trame des nouvelles structures, des nouvelles techniques et
des nouveaux styles qui transcendent les modèles littéraires figés imposés
par l'Europe.
Birahima, le narrateur d’Allah n’est pas obligé, est un enfant-soldat qui
vient de laisser tomber sa « kalach » pour prendre la plume. Il s’exprime
dans un français « malinkisé », opérant lui-même de constantes recherches
dans les dictionnaires, Le petit Robert ou l’Inventaire des particularités
lexicales du français en Afrique noire. Cette langue française modifiée,
transformée permet de mieux coller aux réalités africaines et d’approcher,
au travers des constructions ou expressions particulières, la mentalité
africaine, sa culture, ses valeurs. Cette manière de raconter, faussement
d
naïve et détachée, rend un peu plus supportable l’atrocité croissante des
scènes décrites. Une bouffée d'air frais dans l'horreur. Le style, où
abondent les répétitions, attaque néanmoins les nerfs du lecteur et accentue
davantage encore le trouble et le sentiment de révolte que ne manque pas
de provoquer la narration d’événements dont on sait qu’ils correspondent à
la dure réalité socio-politique de l’Afrique contemporaine. Avec le souci
du journaliste, ce récit, proche du documentaire, évoque les violences des
guerres tribales du Libéria et de la Sierra Leone, aisément transposables à
bien d’autres pays, comme le Rwanda ou le Congo. Les enfants, là comme
ailleurs, sont réduits en esclavage par des chefs de bandes qui se disputent
le pouvoir et les lambeaux de richesses de ces « Ubuland » sans frontières
où règne le « bordel au carré ». Autant que l’indifférence et l’hypocrisie
des pays du Nord, Kourouma fustige les Africains eux-mêmes, dénonçant
le fatalisme lié aux croyances religieuses et au fétichisme, l’incurie et la
corruption des dirigeants qui se sont succédé après les indépendances ou
bien encore le manque d’éducation dans des régions où « les bêtes
sauvages vivent mieux que les hommes ». A chaque fois, le narrateur
détaille le parcours et le « pedigree » de ces chefs de guerre sanguinaires.
Ces personnages semblent parfois sortis tout droit de l’imagination de
l’auteur, mais Kourouma a toujours soutenu qu’il ne faisait que « romancer
la vérité ». Les « féticheurs », relativement importants dans l’histoire,
permettent au lecteur de mieux comprendre les croyances ouest-africaines,
entre polythéisme, catholicisme et religion musulmane. Ils bénéficient
d’une certaine reconnaissance sociale, qui leur donne du pouvoir.
Ahmadou Kourouma fait partie des premiers hommes qui se sont
révoltés contre les dictateurs. Cet écrivain contemporain est considéré
comme l’un des écrivains les plus importants du continent africain. Il est
très engagé et il aime dérouter les lecteurs. Il révèle l’envers de l’histoire
contemporaine. Son premier roman « Les Soleils des indépendances »
(1968) a été publié en France en 1970. Ce fut un grand succès. Pour ce
e
roman, il a reçu trois prix. Et pour son nouveau roman « Allah n’est pas
obligé », Ahmadou Kourouma, a remporté trois prix littéraires majeurs
cette année-là : le Renaudot, le Goncourt des lycéens et l’Amerigo
Vespucci. Au-delà de la consécration de cet ouvrage, ces prix sont venus
rendre hommage à l’ensemble de l’œuvre de cet écrivain.
Mais d’autre part, c’est la littérature maghrébine d'expression
française, née sous la période coloniale française, dans les trois pays du
Maghreb, c’est-à-dire le Maroc, l'Algérie et la Tunisie qui nous offre une
autre piste de recherche ; L’enfant de sable de Tahar Ben Jelloun. Les
fondateurs de cette littérature ont conduit une réflexion critique sur leurs
sociétés doublée d’une prise de conscience identitaire. La génération des
années 1970 qui s'est penchée sur les mêmes thèmes que son aînée propose
cependant une écriture plus violente.
La Nouvelle génération d’auteurs maghrébins d’expression française est
plus engagée dans la réalité politique et sociale actuelle. Elle pose un
regard lucide sur la complexité des réalités maghrébines dans leurs
relations multiformes et mouvementées avec le monde extérieur y compris
avec la France et la langue française. Cette
génération d’écrivains
maghrébins se penche – entre autres – sur la place de l’individu dans la
société. Les personnages réclament une autonomie ; le phénomène doit être
associé à l’émergence de l’individu d’une société civile.
Les auteurs maghrébins essaient de poursuivre dans leurs publications
les thèmes les plus importants de leur société, mais surtout, ceux qui sont
relativement attachés à leur bonheur ou à leur malheur quotidien.
Tahar Ben Jelloun est né en 1944 à Fès au Maroc, il étudiera dans des
écoles arabo-francophones : études secondaires à Tanger, puis la
philosophie à l’université de Rabat. Il est à la croisé de deux cultures,
occidentale et orientale, par ses influences : de Baudelaire, Rimbaud, la
poésie surréaliste, en passant par Nietzsche et le poète turc Nazim Hikmet.
Collaborateur, entre 1968 et 1970, de la revue marocaine Souffles, Ben
f
Jelloun s’installe à Paris en 1971. Journaliste au Monde, il publie des
recueils de poésie (Cicatrices au soleil, 1976 ; Les amandiers sont morts de
leurs blessures, 1976), et se fait connaître par un récit, Harrouda (1973). Il
entreprend des études de psychiatrie sociale et soutient en 1975 une thèse
sur l’immigration, fruit de longues enquêtes, dont il tire un essai, la Plus
Haute des Solitudes (1977), et un roman, la Réclusion solitaire (1976).
C’est un intellectuel engagé dans les problèmes de société souvent liés à
l’immigration (banlieues, racisme, les inégalités dans son pays d’origine,
l’enfer des geôles royales d’Hassan II…) et il dérange par ses romans qui
mettent en avant les interdits fondés par la culture maghrébine comme le
statut de la femme, … Depuis toujours, l'auteur s'est donné la mission de
mettre au jour les failles de la société.
L'enfant de sable est un roman magnifique et très original mêlant
brillamment contes et légendes à des sujets tabous (enfance saccagée,
prostitution, machisme, l’homme-femme, la sexualité…) dans la société
maghrébine et marocaine. L'enfant de sable a immédiatement été un grand
succès et sa suite, La nuit sacrée (1987), dans laquelle Tahar Ben Jelloun
donne la parole au personnage d’Ahmed pour que celui-ci donne sa propre
version des faits, a obtenu le prix Goncourt 1987.
L’histoire commence admirablement dans la plus pure ambiance de
la place Jamâ-El-Fnâ à Marrakech au rythme d’un conteur de rue. D’abord
le récit suit le point de vue d'Ahmed raconté par le conteur prétendant se
baser sur un manuscrit laissé par Ahmed lui-même. Ensuite la narration se
démultiplie et devient assez chaotique tout en gardant cependant une
certaine structure. Le résultat en est que le roman devient extrêmement
vivant au dépit parfois du lecteur qui risque de s’y perdre un peu. Tahar
Ben Jelloun aborde brillamment le sujet de la femme dans la société mais
le roman est aussi un formidable conte philosophique sur la quête de
l’identité. Et comme souvent dans son œuvre, Tahar Ben Jelloun y traite
aussi de la sexualité et de la frustration qui y est souvent liée.
g
L’écriture est envoûtante et le roman est d’un bout à l’autre très prenant.
Cependant toute la dernière partie du roman, la deuxième moitié, est
parfois trop confuse et la fin laisse une certaine frustration au lecteur. . Ben
Jelloun dans ce roman nous place d’emblée dans le cadre du récit oral dans
lequel la nature dialogique du récit est mise en évidence. Le récit est
entièrement raconté sur la place publique.
Mais dans la littérature iranienne l’œuvre qui aborde le thème commun
aux ouvrages dèjà mentionnés, c’est Jaye khâli-e Solutch ( La place vide
de Solutch) roman de Mahmoud Dowlatabadi. Romancier et acteur iranien,
il est connu comme un auteur réaliste des histoires sur l'immigration et la
vie rurale, dont la grande partie est basée sur ses expériences personnelles.
Il est né en 1940 à Dowlatabad, un village au nord-ouest de la province
de Khorasan-e-razavi en Iran et durant toute sa jeunesse, il a aidé son père
à travailler sur la ferme, s'occuper de l'élevage de troupeaux et lire des
contes du folklore persan. Il entreprend de faire ses études du lycée à
Téhéran, mais il échoue à son bac. Il rejoint plus tard l'atelier du drame
d'Anahita. En 1975, il est arrêté et conduit en prison. Il est emprisonné
pendant deux ans pour raisons politiques.
Dowlatabadi commence à écrire en 1960 et il publie quelques de romans,
recueil de nouvelles et joue dans des pièces de théâtre. Sa première
nouvelle, "Au bout de la nuit," est publiée en 1962 dans le Magazine
littéraire Anahita. Ses deux autres ouvrages importants sont Les contes de
Baba Sobhan, sujet d'un film de Massoud Kimiaei, et son roman fleuve,ou
magnum opus, Kalidar, rédigé entre 1977 et 1984. Mahmoud Dowlatâbâdi
est l’un des romanciers iraniens contemporains les plus connus et réputés
en Iran mais également à l’étranger. Nombres de ces romans sont traduits
en plusieurs langues. Il n’existe malheureusement pour le lecteur
francophone que ces cinq nouvelles.
La place vide de soloutch nous reflète une image à la fois subtile et
violente de la réalité de l'Iran contemporain. Sans nulle complaisance
h
populiste, elle décrit, dans toute sa nudité, sa crudité, sa cruauté, la vie des
pauvres de la société rurale, de ces malheureux qu'on dirait voués
héréditairement à être écrasés sous la botte de féodaux et de potentats de
village, et pour lesquels l'irruption de la modernité se traduit d'abord par un
surcroît de corvées, de misère, de malheurs en chaîne. Malgré l'immense
souffrance qui en forme la toile de fond, et dont la seule issue est presque
immanquablement la folie ou la mort, les descriptions restent apparemment
froides, comme d'anonymes constats, et le style ne se départit pas d'une
neutralité calculée, d'une indéniable pudeur. Cette essentielle et volontaire
sobriété, jointe à une grande vivacité d'écriture - qui ne craint pas la
trivialité et ne gomme aucun aspect brutal ou sordide du réel -, confère à
ces cinq nouvelles l'allure de documents sociaux et culturels. Elle révèle un
vrai talent littéraire et ne peuvent manquer de susciter, à la réflexion, Mille
interrogation cri profondeur sur le poids écrasant des traditions et sur les
séismes qui pourraient, qui ne sauraient manquer de bouleverser la société
iranienne.
Elle s'attache surtout à décrire la vie difficile du monde paysan et la
détresse matérielle et morale des immigrés urbains. Nous avons à faire à de
la grande littérature. L’auteur nous plonge dans la vie rurale iranienne du
début du siècle, une société presque médiévale, lestée par le poids des
traditions, secouée par les éléments néfastes de la modernité. On peut
parler de roman social. Mais l’auteur, issu du monde rural, se limite plus à
décrire qu’à revendiquer. Ces écrits l’ont néanmoins conduit dans les
prisons du Shah pendant deux longues années.
Son style froidement descriptif des choses et des êtres, qui semble
presque extérieur à la souffrance et à la misère des personnages qu’il
décrit, donne au récit la force d’un témoignage.
Il s’agit de déchéance sociale, d’enfants esclaves, de femmes
maltraitées, d’injustice. Il n’y a plus d’espoir pour ces personnages. La
seule sortie possible : l’opium, la folie ou la mort.
i
Cette description de l’Iran pré-révolutionnaire nous permet de
comprendre le terreau fertile duquel naîtra la révolution islamique qui se
voulait en rupture avec le pouvoir féodal (et royal) mais également vis-àvis de « la modernité ».
En tout cas, après avoir développé la notion de pauvreté dans une
partie généralisée et aussi après une présentation des œuvres sur lesquelles
on va appliquer notre analyse, nous nous attacherons à trouver et à
distinguer les origines et les causes apparentes et réelles du problème de la
pauvreté. Dans la première partie, on va reconnaître les côtés liés au
système social et au parcours historique qui ont généré ce fléau. Dans
chaque pays, la géographie et l’environnement ne serait pas un agent peu
efficace dans l’intervention de malheur et misère. Les richesses minières
malgré les apports positifs agissent comme des éléments destructifs à cause
de maladresse qu’on rencontre vis-à-vis de leur exploitation et leur
protection contre les forces étrangères. La colonisation de même façon que
les programmes et les rapports politiques influencent sur la condition
économique et sur la vie des membres de société.
La deuxième partie de ce travail portera sur les aspects culturels et
sprituels de la pauvreté. Le manque d’un esprit formé sur la vérité
existentielle, le barbarisme, les traditions, la superstition et les habitudes
annulées d’une communauté constituent l’essentiel de cette section.
Dans un dernier temps, les conséquences de la pauvreté seront l’objet
du troisième chapitre. Les femmes et les enfants sont beaucoup plus
vulnérables contre ce problème que les autres. Le droit de l’enfant et la
femme étant piétiné, la base de société serait instable et cela créera des
situations où se formeront des personnages enfant-soldat de notre histoire
et un autre phénomène intitulé exode rurale. Ce dernier imposera bien de
soucis aux pays. La conclusion de notre débat permettra de dresser un bilan
commun sur toute la problématique annoncée.
k

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