la moustache - Lycée René Cassin de Mâcon
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la moustache - Lycée René Cassin de Mâcon
LA MOUSTACHE Le côté sombre du Seigneur des Anneaux... Steampunk Un dossier de 5 pages sur son colossal empire p3 ...les nains des mines sont eux aussi touchés par la crise économique ! Parce que pas le Japon ? La défense de la veuve et de l'orphelin par Noé ! p8 Journal lycéen, pour des imberbes par des imberbes. Imprimé par nos soins, ne pas jeter sur la voie publique. Animal mystérieux : l'axolotl ! L'animal dans tous ses états p16 Nouvelle L'Expérience boucle la boucle et laisse place à Autre Chose... Chose p19 n° 3 EDITO De Maxime Voilà. Nous y sommes. Le premier numéro de la deuxième année, seulement le troisième me direz-vous et pourtant nous n'avons jamais cessé de travailler ! Et c'est à la sueur de notre front que nous vous avons préparé ce nouveau-né, moins rempli, mais mieux rempli ! L'an dernier, le journal n'en était qu'à ses balbutiements, et se noyait avant même d'être avorté. Il gagna de manière incommensurable en maturité, et c'est cette année que les choses sérieuses commencent, après avoir compris que recruter était plus qu'une priorité. C'est pourquoi même si vous n'avez pas participé l'an dernier, vous pouvez toujours rattraper le temps perdu en apportant votre édifiante pierre à l'édifice. Bien entendu si vous arrivez cette année au lycée, ne vous inquiétez pas vous êtes aussi les bienvenus. Toute bonne volonté est récompensée et nous nous entraidons pour fournir le meilleur travail possible. Il est désormais temps pour moi de vous laisser chers lecteurs, et de vous souhaiter une bonne lecture. 2 Let me introduce : Le Steampunk ! C'est avec grand plaisir que j'ai l'honneur de vous annoncer que je reprends la rubrique de notre cher rédacteur Noé Rossi puisqu'il s'est tiré avec la caisse du journal. Vous n'aurez donc plus la même propagande néo-rétro-révolutionnaire, mais l'esprit sera toujours présent ! Allez, maintenant, moins de blabla, et plus de...euh, plus de blabla. PSSHHhhh... Avec la sortie de Mad Max : Fury Road, ce merveilleux jambon mouvement s'est payé une nouvelle jeunesse et la barbe de Tom Hardy (malheureusement bien vite rasée) n'est pas là pour nous déplaire. J'ai eu alors l'envie folle de vous rédiger, spécialement pour vous, oui vous, lecteurs, un article incontournable en ce qui concerne la culture du XXe siècle. Pour trouver son titre, on va faire un petit jeu : mon premier signifie vapeur, mon second est un mouvement de pensée contestataire et mon tout est un des enfants de la science-fiction du XXe siècle au même titre que le Biopunk ou le Cyberpunk (voir le dernier numéro). Bien que le suspense ne soit absolument pas soutenable de part ce titre en taille 25 et en Andalus (police particulièrement appréciée du maquettiste) je vais vous parler DU genre de la science-fiction moderne, qui a aujourd'hui surpassé ses ancêtres, qui est annoncé pour 2020 comme LE style vestimentaire le plus en vogue... LE STEAMPUNK ! (c'est un bruit de vapeur) Un véhicule custom de Fury Road, qui n'est pas vraiment Steampunk en Réalité, mais la trilogie est considérée comme un exemple du genre 3 Si vous avez déjà vagabondé sur Terre, ou à Vingt Mille Lieues sous les Mers, vous devez (et j'insiste sur le verbe « devoir ») connaître cette facette du monde. Le Steampunk est au départ un sous-genre en littérature mais aujourd'hui surtout un véritable univers où ''l'anticipation'' cohabite avec l'esthétisme victorien des machines à vapeur et de la révolution industrielle du XIXe siècle. On parle alors de rétrofuturisme ou encore de style victorien. Il est un peu l'enfant bâtard du Cyberpunk et des distorsions temporelles, comme dans La machine à explorer le temps, le film de George Pal ou le roman de H.G.Wells (les deux sont à connaître). En gros, on oublie les moteurs à explosion et l'acier, et on dit bonjour à la vapeur et au laiton, on vire Edison (les câbles partout), et on adule Tesla (les champs magnétiques et trucs à distance, voir image ci-contre et le jeu Teslagrad dont je parlerai plus tard). Le terme a été inventé à titre de plaisanterie en 1987 par K.W. Jeter, un romancier Cyber et Steampunk, lorsque le journal Locus (à lire : locusmag.com) lui demanda une lettre qui puisse décrire ses derniers travaux au sujet de la rétro-technologie et des histoires alternatives. Ses romans Morlock Night, Infernal Devices et Fiendish Schemes en sont la parfaite définition. C'est d'ailleurs lui qui écrivit trois suites à Blade Runner de 1995 à 2000 (clin d’œil très discret en direction de l'article 4 sur le Cyberpunk). Mais Jeter n'inventa rien à part le mot, puisqu'il ne s'agissait pour lui que d'un jeu d'écrivain où anachronismes et clins d’œil à Jules Verne ou H.G. Wells avaient leur place. Ce sont en fait eux, pionniers du genre dès les années 1870 (100 ans avant, rien que ça) qui nous ont creusé la voie (vers le Centre de la Terre)... +5 Charisma Le principal atout du Steampunk est aujourd'hui le fait que tout le monde (sauf les personnes dépourvues de goût) s'accordent à dire que c'est TRES stylé. Bien qu'il soit difficile de croire que se promener dans la rue en armure de cuir et de laiton n'apportera que du bon à votre relation avec votre épicier/épicière favori(te), lorsque l'on atteint un certain niveau de classe on ne se pose plus de question. C'est pourquoi je vous propose une petite collection printemps-hiver présentée par notre mascotte préférée, Tesla ! Le doc Le gentleman Le soldat L'ingé 5 A big fat universe Comme mon ami et prédécesseur, les nippons, ça me botte. Et le Steampunk, ça botte les nippons (on est fait pour s'entendre...) On retrouve des œuvres culturellement proches de ce style comme Le Château ambulant de Hayao Le château ambulant, Miyasaki (voir image H. Miyasaki ci-contre), ou Steamboy, de Katsuhiro Ôtomo dans la culture japonaise. Dans ces deux œuvres d'animation cinématographiques l’électricité n'est pas trop présente, mais la vapeur, elle, prend beaucoup de place et sert également à faire des économies sur l'animation (elle est très utile lors des transitions.) Les véhicules volants à vapeur ne manquent pas, les animations sont très belles, et c'est justement dans ces œuvres que l'on remarque une différence majeure avec le Cyberpunk : le Steampunk n'est pas originairement un genre de l'anticipation. Celui-ci peut servir à critiquer les mœurs actuelles, ou à proposer de nouvelles choses dans un modèle utopique, ou dystopique selon les auteurs, mais il ne se prend pas systématiquement au sérieux et est loin d'être un univers sombre. De plus, il se trouve être dans un pseudounivers parallèle au nôtre. Encore une fois les animes nous prouvent leur valeur ; d'aucuns ne supportent l'animation orientale, mais force est de constater qu'elle est extrêmement riche et diversifiée, ainsi je vous défie Affiche de Steamboy, on retrouve dans de trouver quelque chose de jamais cet anime de la vapeur, des grosses vu dans ce milieu. lunettes, des engrenages...enfin tout 6 quoi ! Contrairement à cela, LE milieu où tout est encore possible est celui du jeu vidéo ! Je vous ai déjà parlé de Teslagrad, le « petit » jeu puzzle-plateformer de Rain Games, dans l'univers Steampunk. Le jeu est un très fin mélange d'histoire simples (et efficaces) et d'un gameplay complet utilisant le concept de l'électromagnétisme (je ne comprends vraiment pas d'où peut venir le nom du jeu...) Les énigmes sont très intéressantes et la durée de vie raisonnable mais ce qui nous intéresse est l'esthétisme et le scénario. Bien loin d'un Fallout (où on part carrément sur du Dieselpunk) l'ambiance est ici assez sobre, colorée et Oppressante. Le son n'est pas laissé à part puisque les bruits d'égouts et de vapeurs nous plongent dans le jeu pour une douce et paisible mais toujours angoissante éternité. L'histoire est Affiche du jeu Teslagrad comme je l'ai dit, très simple : un jeune garçon est impliqué dans une conspiration où un monarque règne de manière despotique sur le royaume d'Elektropia contre la volonté de son peuple, et ce, depuis des années. Je ne sais pas vous, mais moi j'adore humer les critiques sociales à pleins poumons. Une ville européenne vieillie, des complots, de la corruption et un chef au pouvoir incontrôlable... Quitte à me contredire, je ne soulignerai même pas cet apologue. Si le Steampunk a su trouver sa place dans le cœur des plus adeptes comme des néophytes c'est essentiellement par sa double identité : plaisant et classe le jour, dangereux et dénonciateur la nuit ! Malheureusement nous savons tous ce qu'il advient des mythes qui tombent entre nos mains... nous les rendons inintéressants voire déplaisants et pourtant l'art est une matière de communication qui doit rester accessible à tous, en tous points, sans discernement et par tous les moyens possibles. C'est pourquoi notre système institutionnel n'est pas entièrement à changer, c'est notre système nerveux qu'il faut remplacer ! Maxime Renault 7 Parce que le Japon ! Mon expérience personnelle dans le milieu otaku m'a laissé un goût amer. Au contact de la violente naïveté des personnes qui se construisent socialement via la fragile base de leurs faiblesses psychologiques (pardon les copains) mais néanmoins sympathique, j'entendais une phrase redondante, un running gag qui hérissait mes poils blondinous : « Parce que le Japon! » Cette réponse à la question "pourquoi c'est What The Fuck?'' Cette réponse étonnante de la part de passionnés a fini par se poser, pour les plus crédules, comme une définition. Au sein même de la communauté qui a ses propres problèmes (sexisme, misogynie, racisme, lesbophobie, transphobie, homophobie, harcèlement sexuel, viol, fan service de la mort-qui-tue, etc...), cette phrase remet totalement en question les raisons de l'existence de cette communauté de part son obscurantisme. Il est hors de question de laisser une telle définition vagabonder plus longtemps. Action! Everybody do the flop... Tout d'abord, amis néophytes, quel est ce "What The Fuck" et d’où vient-il? On peut le voir dans les animes: Hataraku Maou-sama, où on peut voir satan travailler dans un Mc Donald, Hayore! Nyaruko san, où Nyarlatoteph (grand ancien tiré des œuvres de Lovecraft, si vous ne connaissez pas, lisez) est une étudiante japonaise en minijupe qui, tout au 8 long de l'anime, harcèle sexuellement le personnage principal. On le voit aussi dans les deux derniers épisodes de Neon Genesis Evangelion, et dans Serial Experiment Lain ( tout le monde n'a pas lu mon dernier article.) Pour Evangelion, il faut savoir que la fin n'était pas adaptée aux jeunes qui s'étaient greffés comme des oursins sur la série, avec le panache d'un pop-up, ce qui a "forcé" le producteur Shoten à demander à Hideaki Anno de refaire une fin sans budget et avec une limite de temps très réduite, mais néanmoins plus adaptée. Cela a donné une introspection suédée digne d'un film de bac raté. « Wtf » One Piece, image de l'anime Le « What The Fuck » est aussi en réaction au fan service, quasi-omniprésent. Bien qu'il soit une technique commerciale pour attirer l'attention d'un public attardé qui considère la femme comme un objet inférieur de désir sexuel, en gros, un argument de vente. Cette technique est très répandue dans des shonens comme Fairy Tail, One piece, Naruto, qui sont malheureusement les plus connus : parce que l'argent ? On trouve aussi une belle quantité de musiciens What The Fuck, les deux les plus représentatifs sont Kyari Pamyu Pamyu et Maximum The Hormone, dont les clips sont devenus célèbres. MTH, de bon adage, s'est fait connaître grâce à son « What The Fuck » ambiant (et sa merveilleuse technique musicale), ici, ça n'a pas grand-chose à voir avec la vente de disques. Même chose pour le cinéma : composé à 90% de « What The Fuck », notamment sur les séries Z, on retiendra Zomboobies et Toilet Zombie, dont les noms parlent d'eux même, mais moins que le contenu, car ça reste de beaux nanars. Les réadaptations d'animés sont aussi connues pour leurs mauvaises qualités, et le « What The Fuck » se retrouve dans une mise en scène et une scénarisation simplement mauvaise, doublée d'un jeu d'acteur en lambeau qui vous laisse le choix entre rire et pleurer de honte (si vous me trouvez méchant, regardez le film Devilman, adaptation du célèbre manga de Go Nagaï.) Mais le plus « What The Fuck » reste dans les vidéos youtube/nico nico douga (équivalent japonais), où l'on peut facilement tomber sur des hommes habillés en étudiantes japonaises, masque de cheval sur la tête, dansant odieusement sur les chansons qui ont bercé l'enfance de certains. Mais pourquoi? 9 Here comes a new Challenger! Le Japon est une monarchie constitutionnelle, mais l'empereur n'est qu'un symbole. Plus intéressant, ce sont les partis politiques qui se succèdent au pouvoir (aparté: pour comprendre correctement le fonctionnement des partis politiques, cf Simone Weil, Note sur la suppression générale des partis politiques) : actuellement, c'est le parti libéral-démocrate au pouvoir, la droite conservatrice. Ce parti dominait tous les autres jusqu’à 2009, où le Parti Démocrate du Japon emporta les élections (centre-"gauche", sociaux-libéraux, équivalent de notre François Hollande) Bref. En 2012, Shinzo Abe, dit "le faucon" retrouve la présidence, membre du PDL. Il mène une politique nationaliste et ultra-sécuritaire (cf programme UMP-FN). Le sentiment des jeunes est un broyage pur et simple, une mise en hors-champs de l'humain et au premier plan les intérêts financiers (cf. capitalisme ) les vieillards conservateurs se portent à merveille et on finirait par les croire Immortels. On arrive donc au deuxième plan du problème: le conflit générationnel. Jeunes et vieux (cf. politiquement incorrect) ne peuvent pas se piffer, au Japon ce n'est pas nouveau. Entre le refus des traditions obsolètes de la part des jeunes et le refus de remise en question des conservateurs (conservateurs donc vieux), il est impossible de trouver des compromis (c'est dur d'accepter de faire des manifs homophobes avec papi et mamie juste pour trouver un job.) Exemple plus ou moins mis au hasard, car l'homophobie est un problème majeur ( avec la misogynie et toutes les autres exclusions LGBT+ ) mais je pense aux yaois. C'est la plus grosse défaite qu'a subie la culture face au commerce: les parutions yaois en France sont quasi-strictement pornographiques et amateurs, car les yaois parlant réellement du sentiment d'exclusion des homosexuels et lesbiennes, et de la façon dont ils/elles sont considéré(e)s en société, il y en a beaucoup, et très peu arrivent en France, ou ont très peu de renommée au Japon. 10 When I think to myself, What a wonderful... Et la réponse à la question ultime du sens de la vie, de l'univers et de tout le reste est... "Parce que le Japon." Si on recoupe les informations et analyses (pertinentes) plus haut et cette réponse, on peut retrouver un lien plus ou moins logique: Le « What The Fuck » est dû à un carcan social qui broie les individus, les jeunes gauchistes et humanistes ( cf. communisme libertaire ) se retrouvent coincés entre une génération obsolète et un gouvernement conservateur. La pression qui en découle sur les jeunes en fait l'un des pays où ils/elles se suicident le plus. (cf. Imbéciles Heureux de Eisho Shaku) Le sentiment d'absurdité de la société se recoupe en majorité dans la culture, qui devient le seul moyen d'évasion des artistes ( mais pas toujours, comme on l'a vu avec Evangelion et autres formes de toute puissance du producteur et du public qui pensent que leur avis prévalent sur l'œuvre et l'artiste, ce qui arrive aussi en France, ou certains "youtubeurs" se font insulter quand ils ne sortent pas de vidéos pendant six mois, le public se revendique de la quantité, la qualité, on s'en fiche? ) « Parce que le Japon? » Pas tellement en fait. On ne peut pas faire aussi simple pour expliquer tout ce bordel. Simplifier ce que l'on voit à un refus d'interprétation ( vous n'avez pas les outils culturels pour comprendre. Cette phrase veut dire ce qu'elle veut dire, ça demande de la curiosité et certaines connaissances.) L'absurdité est quelque chose d'universel. C'est une nouvelle forme de surréalisme, du sentiment à l'état pur, et un écart de la jeunesse, un sentiment d'exclusion ; reconnaître que c'est dur à comprendre, et que parfois il n'y a rien à comprendre à part : « on se moque de vous », c'est bien. S'en moquer, ça ne l'est pas. (Qui d’entre-nous a la faculté de juger? Moi? Il faut bien que je capte votre attention, sinon vous ne lisez pas, c'est une technique de marketing, ça marche bien avec Didier Super, non?) 11 Voila. C'était un petit article (car j'ai dû le faire dans la hâte avec juste le temps de vérifier le fait que je ne dise rien de complètement faux.) Je ne dis pas que je détiens la vérité. C'est juste que la réponse Parce que le Japon m'exaspère. J'ai l'impression qu'on renie tout le contexte, c'est ce genre de comportement qui fait que les mentalités n'avancent pas, soyez curieux, lisez, regardez des films, cultivez l'alternative et faites pousser des cactus dans votre chambre, ce n'est pas bien difficile. Malgré le fait que cet article soit court, j'ai été content de l'écrire, parce que c'est mon dernier dans ce journal. Certains se diront ouais! Un néo-rétro-révolutionnaire en moins! Et je comprends, mais du coup, par simple gratuité ( et parce que j'ai fait une référence plus haut), je vais illustrer mon propos avec gentillesse par un exemple. H2G2, le guide du voyageur intergalactique, de Douglas Adams, tiré de ses propres livres, film que vous avez déjà dû voir, sinon, allez le voir. Vraiment. La réponse au sens de la vie que donne le film est 42. La réponse peut paraître insensée. Si elle vous paraît insensée, c'est parce que vous n'avez pas les outils culturels pour comprendre, tout simplement. Deep thought, l'ordinateur conçu pour trouver le « sens de la vie, de l'univers et de tout le reste... » mais qui finalement ne trouve que 42, image du film H2G2. A la base, le super-ordinateur qui donne cette réponse exploite la théorie du chaos, c’est-à-dire que tout dans l'univers est traduisible sous forme d'équation, ça devrait commencer à vous dire quelque chose. Le problème, c'est que 42 n'est pas une équation. Mais si on se réfère à la théorie du chaos, on la retrouve dans l'hébreu. Chaque mot en hébreu possède un nombre, et les noms sont des additions logiques. 42, qui correspond au mot « femme », additionné à 8, qui correspond au mot 12 "homme", donne comme résultat 50: "enfant". Logique pure. 42 pourrait se référer à la femme? Amusant, mais dans le film même, Arthur, le personnage principal, donne comme question (oui parce qu'ils cherchent aussi la question à la réponse, que seul le cerveau humain peut donner, j'avais prévenu qu'il fallait regarder le film, maintenant vous êtes spoilés) « je la regarde et je me demande si c'est elle la bonne, si je l'aime » du moins un truc comme ça. Il se demande s'il est amoureux et s'il doit se déclarer. Il se demande quel est le sens de ses émotions, de sa vie et de la vie humaine. Et la réponse serait "femme". Ça manque de syntaxe, mais c'est logique. La réponse, on me l'a donnée dans le film pi, thriller mathématique de Darren Aronofsky, qui pète le swagg et qui donne comme exemple pour illustrer l'hébreu exactement l'exemple que je vous ai donné. Amusant, non? Voilà. La conclusion c'est la curiosité. Cherchez à comprendre et soyez curieux, vous avez tout à y gagner, sauf du temps. Mais une compréhension culturelle est aussi une compréhension d'autrui. Si vous vous êtes sentis insultés lors de la lecture de cet article, c'est bien qu'il vous concerne. La compréhension permet d'éviter toutes les phobies humaines, grand gain de temps. La culture est le plus beau mélange humain, l'art est ce qui nous regroupe tous, s'y intéresser, c'est s'intéresser à celui, celle et ceux qui nous entourent, et ainsi les accepter tels qu'ils ou elles sont. Noé Rossi 13 Les requins, un préjugé dépassé ? Le requin, le squale un nom qui terrorise bon nombre d'humain. De part sa taille, son immense mâchoire, ses branchies évoquant des marques de griffes, il effraie. Sa provenance des fonds marins, lieux où vivraient des animaux imaginaires tels que les mégalodons, dragons de mer, léviathans et autre krakens n'arrangent rien. Pourtant ce poisson, a plus en commun avec Nemo qu'avec Flipper, n'est pas le monstre que l'on s'imagine. Le grand requin blanc, si dangereux qu'il est possible de nager à ses cotés. Le requin, tout comme l'aigle, le chat ou l'ours a été persécuté. Mais à l'heure où ces 3 derniers deviennent beaux et nobles dans nos esprits, le requin est toujours un monstre sanguinaire dévorant d'une bouchée des humains entiers. Cette image, grandement véhiculée par le film de Steven 14 Spielberg Les dents de la mer, ou bien avant par le roman 20 milles lieues sous les mers de Jules Verne lui cause une réticence à le protéger. De plus, chaque attaque ou même présence de requins est grandement médiatisée pour entretenir cette peur. Cependant d'autres attaques bien plus nombreuses ne font pas ou peu parler d'elles. Cette protection, il en a pourtant grand besoin car c'est près de 100 millions de requins qui périssent chaque année par la faute de l'homme. Beaucoup se prennent dans des filets et meurent. Mais la catastrophe pesant sur eux est la prétendue vertu médicinale de leurs ailerons. Ces derniers leurs sont arrachés, puis le requin est rejeté vivant dans la mer, pour y mourir en plusieurs jours d'agonie. Si des lois interdisent ces pratiques, les eaux internationales n'y sont cependant pas soumises et certains gouvernements ferment les yeux car il s'agit selon eux d'une « pêche ancestrale ». Les requins, condamnés, errent plusieurs jours sans leur aileron dans l'eau salée avant de mourir. A l'inverse de l'homme qui tue par simple cupidité le requin n'attaque jamais l'homme sans raison. 90% du temps, il s'agit d'une méprise ou d'une curiosité du requin. L'homme n'est jamais dévoré, après la morsure, le requin se contente en général de partir. La plupart des décès sont dus aux hémorragies causés par une seule morsure. Enfin, il est nécessaire d'ajouter que si le grand requin blanc peut vaguement se rapprocher de l'image du tueur d'hommes, c'est une vision très restrictive d'une espèce dont l'étendue est encore inconnue. Le squale nain ne mesure pas plus de 25 cm, le requin baleine atteint les 14m, leur point commun ? N’être d'aucun danger pour l'homme. En effet sur 465 espèces connues seulement 6 sont réellement dangereuses, les requins blancs, océanique, bouledogue, tigre, mako et marteau. Pourtant c'est l’espèce entière qui est en danger. Paradoxalement, c'est d’ailleurs les requins pèlerin et baleine, des requins mangeurs de krill (crevettes d'eau froide difficile à confondre avec l'homme) et plancton, qui sont le plus menacé. Pour ceux qui ne seraient pas convaincus par l’innocence du requin, voyez vous-même : en 2014 le meilleur ami de l'homme a tué 186 humains, les requins 5 à peine... Aymeric Lemée Sources : Chiffres : Liberation Images : Océan, Jacques Perrin. Dessin de Maxime Renault 15 Animal mystérieux : l'axolotl Qu’est ce qu’un axolotl ? Sous ce nom étrange se cache une des nombreuses espèces de salamandre. L’axolotl est un amphibien et non un reptile ou un poisson, comme son apparence pourrait le suggérer !! Il vit exclusivement au Mexique dans les lacs Xochimilco et Chalco. Il est très actif au lever et au coucher du soleil et mesure d’une dizaine à une trentaine de centimètre au terme de sa croissance. Les principales formes de l’axolotl sont : la forme commune (grise, noire ou brune, parfois bleutée), leucistique (yeux bleus-noirs et corps blanc) et albinos (yeux rouges et peau blanche). Sa forme albinos est totalement artificielle et n’existe qu’en captivité. Elle a été créée dans un laboratoire américain dans les années 1950, et est le fruit d’un croisement avec une salamandre tigre albinos. Contrairement au têtard ses branchies sont externes, il possède également quatre pattes et des poumons. Ainsi il peut comme les grenouilles, respirer par la peau. Leur maturité sexuelle est atteinte en 1 an, la femelle ….... 16 Photo de John Clare Un axolotl (ou pour les latinistes un Ambystoma mexicanum) pond de cent à trois cent œufs. Malgré leur apparence inoffensive les larves ont dès la naissance des comportements cannibals. Les axolotls sont carnivores, et se nourrissent de petites proies (vers, poissons …). Larve pour la vie ! Il a également une autre spécificité étonnante, même une fois sa croissance terminée, sa forme « adulte » est très proches de sa forme larvaire. Cela est lié à la faible activité de sa glande thyroïdienne. Cette dernière permettant la disparition des branchies et un développement des poumons chez les autres amphibiens, l’adulte ayant un mode de vie terrestre. Ainsi « l’adulte » axolotl a juste une légère atrophie de ses branchies et un faible développement des …..... poumons. La « puberté » de l’axolotl n’a lieu que dans certains cas particulier : en effet si l’axolotl est placé dans un milieu qui s’assèche au cours du temps (comme une rivière dont l’eau s’évapore à cause de la chaleur), il évoluera définitivement en adulte. Cette métamorphose permet à l’axolotl de délaisser ces branchies pour respirer avec ses poumons. Le passage à l’âge adulte est donc un mécanisme de survie chez l’axolotl. Cette transformation peut aussi se faire de manière artificielle, avec une injection d’hormone thyroïdienne, elle sera bien plus rapide. Mais un individu normal (larvaire) vit de dix à quinze ans et un adulte (transformation artificielle) vit environ cinq ans, s’il survit à la transformation. La « puberté » n’est donc qu’un mécanisme de dernier recours si l’environnement où vit l’axolotl lui devient trop hostile. Ces surprenantes capacités de régénération ont très vite intéressé les scientifiques : Il peut par exemple reconstituer un œil manquant, une jambe, un bras ou même une partie de son cerveau. Les axolotls sont très utilisés en laboratoire pour cette capacité, surtout au stade larvaire. En plus de pouvoir régénéré leurs propres organes, les axolotls sont très peu soumis au rejet consécutif à une greffe. Mais leur potentiel de survie ne s’arrête pas là, si deux embryons sont dans le même œuf ils vont fusionner en gardant chacun leur couleur d’origine. Le nouvel individu est alors appelé axolotl « chimère ». Ce dernier aura un corps normal (ni deux têtes, ni deux queues…), mais pourra avoir, de cette manière, la partie gauche du corps d’une couleur et la droite d’une autre. Axolotl domestiques et cobayes Il est très répandu dans les aquariums « de maison » et vit à une température d’environ 20°C. L’eau du robinet est la plus approprié (il ne supporte pas l’eau conditionné), la plus calcaire possible. C’est un animal nocturne. Logo d'axolot (youtuber français spécialisé dans les faits insolites) représentant un axolotl 17 En conclusion, l’axolotl est un animal étonnant pour ses capacités de survies et de régénération. Il intéresse autant la communauté scientifique que les possesseurs d’animaux exotique. De plus leur prix de vente est assez bas et il est facile de s’en procurer dans la plupart des animaleries. Mais néanmoins attention, l’axolotl peut vivre environ une décennie (comme dit plus haut), c’est un engagement sur le long terme. Il faut donc mieux réfléchir avant d’en acquérir un (ou deux) et prévoir le matériel pour pouvoir l’accueillir et s’en occuper (grand aquarium, plantes aquatiques, aliment spécifique...) Léandre Laboureau & Alex Porcher "Axolotlpainting" de Orizatriz via Wikimedia Commons. 18 Nouvelle : L'expérience, dernière partie L'observateur Thomas ne faisait aucun mouvement. Ça ne pouvait pas être réel, ce qui se trouvait à quelques mètres devant lui ne pouvait pas exister. « Ce n’est pas vrai, ça ne peut pas être » se répétait-il. Pourtant l’œil était bien là, le fixant de sa pupille énorme. Soudain Thomas comprit : cet endroit, Lin, les ombres, cette longue étendue blanche… Ce n’était qu’un rêve. Un rêve terrifiant. Un rêve d’une réalité tellement forte qu’on ne pouvait se rendre compte qu’on dormait. Il éclata en un rire nerveux. Oui c’est cela. Il se trouvait chez lui, dans son lit avec des dizaines de cadavre de bière à ses pieds. Plongé dans la torpeur après une autre soirée à boire. Oui, c’était forcément ça, seul l’excès d’alcool avait pu le mener dans cet endroit. Mais pourtant s’il avait conscience qu’il dormait, pourquoi ne pouvait-il pas se réveiller ? Thomas poussa un soupir, il ne sortirait pas d’ici aussi facilement que ça. Il eut envie de se mettre à courir, pour fuir cet enfer blanc, pour échapper à cet énorme œil qui l’observait. Mais ses membres refusaient de bouger, il était comme paralysé. Bien qu’il fût terrifié, ce n’était pas la peur qui tétanisait Thomas, c’était autre chose. Une force, puissante, invisible, lui maintenait les deux pieds fixés au sol. C’était une sensation terrifiante pour Thomas : avoir l’impression que quelque chose le contrôlait sans pouvoir rien y faire… Sa tête se tourna machinalement vers le globe. Ses yeux fixèrent la pupille et une sensation de chaleur l’envahit. L’œil se rapprochait lentement de lui, ou alors c’était lui qui s’avançait, il n’en était pas sûr. Au début c’était assez lent mais d’un seul coup il se retrouva à moins de cinq mètres de l’œil. Il pouvait voir son reflet sur la surface du globe. Puis il se rendit compte que ce n’était pas un reflet. Il était l’œil désormais, il se voyait lui-même. Il était debout immobile, le teint très pâle, ses yeux le fixaient d’un regard vide. C’était comme si les rôles s’étaient inversés pendant quelques instants. Puis sa vision se brouilla. 19 La lumière le réveilla, elle était très faible et avait une légère teinte rougeâtre. Thomas était couvert d’une espèce de liquide poisseux et une odeur de désinfectant lui parvenait aux narines. « Où suis-je ? ». Il essaya de bouger mais ne parvint qu’à remuer fébrilement sa jambe droite. Il s’aperçut soudain qu’une sorte de câble était attaché à son corps. Il tenta de crier mais ne put émettre qu’un faible gargouillis. Tandis que la terreur continuait de l’envahir, il sentit quelque chose lui chatouiller les pieds. Et il fut projeté hors de l’endroit où il se trouvait. Cette fois la lumière était très forte, il ne pouvait presque rien voir. Il entendait des cris, des paroles qu’il ne comprenait pas, la respiration haletante de quelqu’un à côté de lui. Il fut soulevé de terre et il sentit que quelqu’un lui frappait le dos. Tout d’un coup, une vague de douleur le submergea et il prit une grande respiration avant de se mettre à hurler. On le posa sur une surface molle comme une sorte de matelas à eau. Quelqu’un le tenait et l’empêchait de bouger. Il essaya de se libérer mais n’y parvint pas, son agresseur avait trop de force. Il ouvrit les yeux. Il y avait du sang partout, des instruments chirurgicaux étaient posés sur des grands plateaux autour de lui, une énorme lampe était braquée directement sur lui. Il se trouvait dans une espèce de bloc opératoire. « Qu’est-ce qu’on m’a fait ? ». Des médecins continuaient à s’affairer autour de lui. Soudain, le matelas à eau bougea manquant de le faire tomber. Il leva soudainement son regard au-dessus de lui et put voir que la surface sur laquelle il était, n’était pas un matelas. C’était une femme, une femme énorme et il reposait sur son ventre. Elle leva légèrement la tête et il put la reconnaître. C’était sa mère. « Qu’est-ce que … » Soudain il comprit. Le sang, les médecins, pourquoi il se sentait si chétif : Il assistait à sa propre naissance. Il vit son père qui pleurait de joie, tenant encore les ciseaux avec lesquels il avait coupé le cordon ombilical. Il avait encore tous ses cheveux d’un brun éclatant de jeunesse bien qu’ils deviendraient blanc à peine sept ans plus tard. Tout d’un coup, Thomas se sentit léthargique et il ferma les yeux. Il s’éveilla à nouveau, il se trouvait dans une chambre de petit garçon. Maintenant il avait cinq ans, il lisait, assis sagement sur son lit. Le livre qu’il tenait entre les mains aurait dut être réservé à des enfants plus âgés que lui, mais il présentait un goût pour la lecture impressionnant pour son âge et avait plusieurs années d’avance sur 20 ses camarades d’école. Ses parents discutaient juste à côté et malgré qu’ils fermaient toujours leur porte il pouvait les entendre. Son père tenait une petite boutique de joaillerie et les affaires marchaient si bien qu’il voulait ouvrir une deuxième boutique plus grande dans le centreville. Mais cela nécessiterait que son père fasse des heures supplémentaires et sa mère voulait qu’il puisse continuer à rentrer tôt à la maison pour être avec eux. Comme toujours son père l’avait persuadée que c’était la meilleure solution. Il était très fort pour ça, il trouvait les bons arguments pour convaincre et avait une sorte d’autorité naturelle. C’était sûrement pour cela qu’il réussissait en tant que commerçant. Thomas savait ce qui allait venir après et ne voulait pas revivre cet instant. Mais il se sentit encore défaillir et son esprit s’envola. Quand il sortit de sa torpeur, il se trouvait à un enterrement. Il pouvait sentir la pluie sur sa peau et l’odeur de terre et d’encens commune à la plupart des cimetières. Le silence n’était brisé que par les pleurs de quelqu’un près de lui. Sa mère était là toute vêtue de noire, tentant de rester digne tandis qu’elle séchait ses larmes dans un mouchoir en dentelle. Thomas n’avait que onze ans. Son père s’était fait abattre dans son magasin, trois jours auparavant. Il subissait le racket d’une bande de voyous depuis quelques temps. N’écoutant que sa fierté et ses principes, son père avait refusé de payer et ils avaient voulu faire un exemple. Il reposait dans un cercueil de sapin noir pendant que ses meurtriers étaient dehors, continuant à terroriser la population. La police avait dit qu’ils les retrouveraient vite mais Thomas savait qu’il n’en serait rien. Ces assassins étaient trop malins pour se faire pincer et les enquêteurs trop corrompus pour les attraper. Thomas regarda une dernière fois la dépouille de son père, puis son esprit quitta son corps. Il se vit à l’âge de quatorze ans, assis sur son lit à fixer le papier peint sale et jauni du plafond. Leur nouvel appartement empestait l’alcool de super marché et la cigarette. La maison de son enfance avait été saisie par la banque pour payer leur dette et ils avaient dû emménager dans un des quartiers les plus malfamés de la ville. Le chagrin et l’alcool avaient lentement détruit sa mère. Elle passait ses journées dans sa chambre à pleurer et à boire. Ils avaient dû déménager à cause de la perte des magasins de son père, détruits par les mêmes 21 monstres qui avaient pris sa vie. A l’école, Thomas avait décroché. Autrefois bon élève, il enchaînait les visites dans le bureau du proviseur et les menaces d’exclusions. Il s’évanouit encore une fois et là tout s’accéléra. Maintenant Thomas voyait sa première arrestation, il avait braqué un magasin de disque avec un couteau mais n’avait pas couru assez vite pour échapper à la police. Quand on l’emmena au poste, la première personne qu’il rencontra ne fut pas son avocat mais un commerçant qui vendait du vin en face du disquaire. Ce dernier l’invita à s’asseoir comme s'il était le maître des lieux et non un simple citoyen. Il lui expliqua que son travail ne consistait pas exactement à vendre de l’alcool mais qu’il était une sorte de « patron » qui veillait au bon fonctionnement de la ville. Il disait tout savoir sur Thomas et que s’il le voulait, il pouvait le faire libérer sur le champ. Il lui confia ensuite qu’il savait combien il était intelligent et qu’il pouvait faire changer sa vie du tout au tout. En contrepartie, il faudrait qu’il lui rende un ou deux services. Thomas accepta sa proposition avec méfiance tout en sachant qu’il le payerait un jour ou l’autre. Ils se revirent bien des années plus tard. Il se trouvait dans un bureau aménagé dans le sous-sol d’un immeuble. Des papiers traînaient sur sa table et il était en train de griffonner quelque chose. Thomas était devenu ce qu’on peut appeler un « cerveau ». Il planifiait divers opérations de racket dans toute la ville et s’occupait de rendre propre tout cet argent. Il donnait de très bons résultats et les revenus de « la famille » à laquelle il appartenait, avaient triplé en peu de temps. Bien sûr, cette activité occasionnait son lot de « dégâts collatéraux », comme par exemple l’étrange disparition de commerçants refusant de payer ou agents de police qui prenaient leur travail trop à cœur. Mais les morts n’avaient plus de sens pour lui, ils n’étaient que des « chiffres ». Son travail était de faire que ces « chiffres » soient les plus petits possible car plus il y avait de cadavres, plus il y avait d’enquête et plus d’enquête signifiait moins d’argent. Là, le temps s’arrêta quelques instants, laissant Thomas contempler ce qu’il était devenu. Un voleur et un sociopathe semblable à ceux qui s’en étaient pris à son père. Comment avait-il pu se transformer en cet être dénué de sens moral qui était juste en face de lui. Soudain la pièce s’effaça et les ombres revinrent. 22 Il y en avait une douzaine flottant juste devant lui. La brume avait disparu et maintenant il pouvait distinguer leurs visages. Tous avaient les yeux fixés sur lui et n’arboraient aucune expression. Thomas en reconnaissait certains, ceux-là étaient des commerçants des quartiers dont lui et ses collègues « s’occupaient ». Il y avait des centaines de personnes qui subissaient son racket, pourtant il connaissait particulièrement ceux qui se trouvait devant lui. Tous avaient perdu la vie et Thomas avait eu leur photo en main. Certains n’avaient pas voulu payer, d’autres n’avaient pas pu. Les plus courageux avaient même tenté de les dénoncer. Pour tous le traitement avait été le même. Les « chiffres » étaient revenus et ils observaient en silence Thomas de leurs yeux grands ouverts. Même si Thomas n’avait pas directement appuyé sur la détente, il était en partie responsable de leur mort. Il les regarda encore une fois et puis plus rien. Il se réveilla, l’œil était encore en face de lui. Il l’observait silencieusement. Qu’allait-il se passer maintenant ? « Ce n’était pas moi ! » cria Thomas à l’œil « Si quelqu’un d’autre s’était occuper de ça, il y en aurait eu bien plus. Je suis désolé de ce qu’il leur est arrivé, mais je ne pouvais rien faire. » Thomas tomba à genoux. « Qu’est-ce que vous voulez ? Répondez-moi ! ». Mais L’œil continuait de le regarder, imperturbable. Soudain Thomas sentit une vive sensation de chaleur. Il regarda ses bras, ils brûlaient. Tout son corps était en train de se consumer. Il tourna la tête vers son observateur qui était toujours là, impassible. Alors que la douleur était insupportable, Thomas sentit qu’il tombait. La douleur avait disparu mais il était en pleine chute libre. C’était interminable, cela lui sembla durer des heures. Puis à un moment donné tout s’intensifia. Il revit les ombres marchant toujours dans la brume. Toutes tournées vers une même destination. Il tomba encore et atterrit sur le sol dur. Tout était sombre, si ce n’est une faible lumière au loin. Thomas se leva avec difficulté et se mit à marcher dans sa direction espérant une sortie. Soudain des mains apparurent de tous les côtés, elles tentaient de le ralentir de leurs doigts cadavériques. Il courut plus vite mais elles étaient trop fortes et le poussèrent en arrière. 23 Le patient pousse un cri. Tout autour de lui, les infirmières tentent de stopper l’hémorragie en appuyant sur les plaies avec des compresses. Le chirurgien lui, tente de retirer les morceaux métalliques du corps du patient. Ce dernier pousse un autre cri, plus fort cette fois et tente de se redresser brusquement. Le chirurgien enlève rapidement ses instruments. « Anesthésiste ! Donnez-lui encore deux unités d’analgésique et une de morphine ! » Crie le médecin. « C’est pas possible. Il a pris suffisamment d’antidouleur pour assommer un éléphant. » On plante une seringue dans le bras du patient qui sombre immédiatement. Les infirmières le lâchent une fois qu’il ne bouge plus et continuent leur opération. Deux jours plus tard. Thomas se réveille enfin, il voit les pansements qu’il a sur le corps et le bandage qu’il porte autour du torse. Il ne comprend pas encore ce qui s’est passé. Mais devant sa porte deux infirmières discutent : l’une d’entre-elles était présente à son opération, il en est sûr. « Ca fait deux jours qu’il dort, tu crois qu’il va se réveiller ? » dit l’une d’entre-elles. - Peut-être que cela prendre du temps. On lui a quand même donné deux fois la dose de morphine habituelle. Il va mettre du temps pour récupérer. - A ce qui paraît il se serait réveillé en plein milieu de l’opération et se serait mis à hurler pendant dix minutes. - Oui, à ce qu’a dit le médecin, ce serait peut-être une résistance aux anesthésiants. Il s’est mis à marmonner des paroles incompréhensibles à propos d’un œil, d’ombres, de son père et d’un certain Lin. Il devait sûrement délirer à cause des médicaments. - Ça arrive souvent durant les opérations ? - Ça fait cinq ans que je suis au bloc et j’ai dû participer à des centaines d’intervention. J’ai vu des gens qui ont une peur phobique des aiguilles ou des médicaments. Des types tellement stressés qu’il fallait leur donner des calmants avant même qu’ils soient sur le billard. Mais un homme qui se réveille en plein milieu d’une opération malgré la douleur et les médicaments, je n’ai jamais vu ça. Des pas résonnent dans le couloir. - C’est le chef de service, je crois qu’il veut te voir. Je te laisse, il a 24 jamais pu m’encadrer. Thomas entend l’une des infirmières partir tandis qu’un homme s’approche bruyamment de l’autre. Il ferma la porte, mais Thomas pouvait toujours entendre la conversation. - « Bonjour, Monsieur Déroche, comment allez-vous aujourd’hui ? - Ne jouez pas avec moi, Isabelle, je vous avais demandé de faire une note de service pour la sortie de ce patient et elle n’est pas encore sur le tableau. - Nous ne pouvons pas encore le laisser partir, il est couvert de blessure et on lui a retiré deux balles du thorax. Il n’a pas encore récupéré et puis, je suis sûre que la police va vouloir l’interroger sur ce qui lui est arrivé. - La police se fiche de ce qui lui est arrivé et il ne portera sûrement pas plainte envers ses agresseurs. Quant à ses blessures, on lui donnera des bandages pour ses plaies et des antalgiques pour la douleur. S’il veut bien les prendre évidemment. Il a eu beaucoup de chance. Les balles ont raté de quelques centimètres le cœur sans toucher aucun autre organe. Ses jours ne sont pas en danger. Sa convalescence peut se faire dans le trou à rat où il vit, mais pas ici. - Mais, on l’a jeté d’une voiture en pleine ville après lui avoir tiré dessus. Il allait mourir quand on l’a récupéré. - Il l’a bien cherché. Vous savez dans quels genres d’affaires il trempe. Toute la ville a peur de lui et de son espèce de gang. S’il était mort dans cette rue, il aurait rendu un grand service à la société. - Mais … - Il n’y a aucune discussion possible. Nous avons d’autre patients, des personnes honnêtes, qui ont besoin de nous. En le laissant ici nous mettons en danger la vie de tous ceux qui sont présent dans l’hôpital. Et si les malfrats qui ont tenté de l’abattre revenaient ? Et si des innocents était blessés ou tués ? Y avez-vous pensé ? L'infirmière demeura silencieuse. - Bon, je sais que vous êtes fatiguée, donc vous allez me faire cette note et rentrer chez vous. Dès qu’il sera conscient et que ses plaies arrêteront de saigner, il partira. » Encore des bruits de pas. Il y eut un long moment de silence et l’infirmière s’éloigna aussi. Il entendit des pleurs ou peut-être n’était-ce que dans son imagination. 25 Thomas se leva, il pouvait au moins tenir sur ses pieds. Mais il avait beaucoup de mal à respirer et son dos le faisait atrocement souffrir. Il enleva lentement ses bandages, les plaies n’étaient pas belles à voir. Il remit en place le plus doucement possible, mais ne put réprimer un cri de douleur. Il jeta un coup d’œil rapide à la pièce, ses affaires avaient été pliées et mises dans un sac en plastique. Quelqu’un avait visiblement essayé d’enlever les tâches de sang qui les constellaient. Des marques de frottement se trouvaient sur son pantalon et il y avait deux trous sur sa chemise. Il pouvait encore voir les traces de poudre autour des impacts de balles. On lui avait certainement tiré dessus à bout portant. Il s’habilla et ferma complètement son blouson pour cacher son état. Il récupéra d’autres vêtements une fois dehors. Il s’apprêta à sortir par la fenêtre quand les visages des ombres lui revinrent en mémoire. Il les voyait encore dans son esprit. Sauf que dans ses souvenirs, son père était avec eux arborant le même air sinistre. Pourtant son père souriait toujours. C’était quelqu’un de jovial qui se préoccupait réellement des autres et s’était démené chaque jour, pendant plus de 10 ans, pour sa famille. Comme lui, ces gens méritaient que leur assassin soit puni. Et la population de sa ville méritait de ne plus avoir peur. Il sortit un stylo à la hâte et griffonna le nom et les adresses de certains de ses « collègues », mais surtout de son chef. Eux, n’étaient que des pions dans un grand échiquier, celui qui tirait vraiment les ficelles c’était « le patron ». Lui, plus que les autres, méritait de finir en prison. Il écrivit le numéro d’un enquêteur qu’il connaissait pour être véritablement honnête, lui ne chercherait pas à étouffer l’affaire et il ne manquerait pas de trouver des preuves s'il faisait une perquisition dans leurs locaux. Thomas demanda aussi par écrit à l’infirmière de prévenir la police dans deux jours pour lui permettre de remettre un peu d’ordre dans sa vie et d’échapper à ses poursuivants. Il conclut sa lettre en signant par son prénom pour l’authentifier. Il regarda en arrière pour vérifier que les infirmières ne revenaient pas et sortit. Thomas sait ce qu’il a vécu, il en a déjà entendu parler. Ce rêve qu’il a fait est appelé une expérience de mort imminente. Des centaines 26 de personnes qui ont été sur le point de mourir ou victimes d’un coma très profond ont déjà confié avoir vu la même chose. D’abord la lumière, ensuite les ombres et pour finir une entité telle que l’Œil. Pour les scientifiques, il s’agit d’un délire causé par l’approche de la mort et les drogues utilisées pour calmer les patients. Pour d’autres il s’agit d’une vision de l’autre monde, de ce qu’il y a après. Ce type d’expérience laisse son empreinte sur ceux qui l’on vécu. On ne peut oublier qu’on a déjà frôlé la mort. Certains changent complètement de vie tandis que d’autres se contentent de réellement vivre leur vie et de faire le plus de bien possible autour d’eux. Thomas est sûr qu’il ne l’oubliera pas. Que ce soit un rêve ou pas importe peu pour lui, il veut essayer de se racheter. Il ne sait pas encore comment il va s’y prendre, mais il est sûr d’une chose : il doit quitter la ville au plus vite. Alors qu’il marche sur le trottoir, un crissement de pneus trouble ses pensées, ce sont eux. Et ils sont encore plus nombreux que la dernière fois. Thomas se retourne et leur adresse un signe de la main. Il est sûr de pouvoir leur échapper, ils n’ont jamais été très malins de toutes façons. Fin Alex Porcher Dessin de Rémy Goux 27 Les News de Cassin Vous vous demandez sans doute ce qui se passe au lycée, et bien l'équipe du journal est là pour vous renseigner tout ce qui est important ! Latin : Du poulet romain... Après les vacances de la Toussaint chers camarades vous aurez droit à un repas latin 100 % antique ! (Bientôt!) La classe de 1ère de l'option latin ouvre un blog sur la culture romaine, historique et mythologique. Accédez-y par le Facebook du lycée ! Histoire/Géographie Euro : De la reconstitution à la rencontre Je m'adresse ici surtout aux secondes, car il ne vous est peut-être pas encore venu à l'esprit de prendre l'option Euro. Mais ce que je vais vous raconter risque de vous convaincre de passer du côté Anglais de l'Histoire. Juste avant ces dernières grandes vacances les élèves de Première S Euro de Mme Steinhauer ont élaboré, sous les indications de leur professeur, une campagne électorale fictive en prévision d'un débat public. Le premier travail fut de nommer un candidat au nom de chacun des principaux partis anglais, puisque les élections législatives Britanniques se dérouleraient en mai 2015 (toujours dans l'actualité). Puis ce fut de construire un tract et de préparer leurs idées pour le débat menant à l'élection du député de la circonscription René Cassin. 28 Flyers créés par les élèves de première de l'an dernier Toute cette préparation avait au départ pour but de travailler autrement et de découvrir la politique étrangère. Puis cela est devenu une préparation pour l'oral du bac et voyant la manière dont les élèves se sont jetés sur le projet, Mme Steinhauer proposa avec les recherches une compréhension écrite et une épreuve orale. En effet ils n'ont pas compté leur temps puisque cela leur a pris une quinzaine d'heures, n'hésitant pas à prendre sur leur temps libre. Bien sûr s'il n'y avait que ça comment pourrais-je convaincre nos lecteurs que l'option Euro en vaut vraiment la peine ? Et bien je n'ai pas besoin d'y réfléchir puisqu'il y a bien plus ! Tout cela débouche cette année sur un voyage en Angleterre, du 12 au 17 décembre, qui donnera lieu à la visite du Palais de Westminster où siège le Parlement et à la rencontre avec cinq députés de différents partis. Alors si vous prenez cette option, préparez-vous à un travail conséquent, mais bien récompensé ! Photo du Palais de Westminster prise par David Castor via Wikimedia Commons. 29 Jeune homme âgé de 19 ans, Sky a eu une enfance difficile : abandonné par ses parents, il fut recueilli avec son frère aîné Léon par deux des dix gardiens qui leur ont enseigné l'art du combat. Le rôle des gardiens est de maintenir enfermé des démons ayant apporter les éléments sur Terre mais qui ont été jugés trop dangereux au développement de la vie. N'étant pas immortels,les gardiens doivent choisir un disciple qui obtiendra une formation pour devenir gardien à son tour. Sky et Léon en font parti. Quelques années plus tard, Léon poussé par la volonté du pouvoir, se joint à un groupe de malfaiteurs qui tuent leurs "parents" adoptifs. Le but de ses personnes est de mettre la main sur les dix pouvoirs légendaires, chacun gardé précieusement par un gardien dont on dit que celui qui maîtrisera les dix aura un pouvoir infini. Sky trop jeune et trop faible, dût fuir ce massacre et erre jusqu'à arriver chez Julie, une fille qui rêve d'aventures depuis toujours. Pour ses 20 ans, Julie réalise son rêve et part à l'aventure avec Sky. Sky va se retrouver face à son destin et va se retrouver nez à nez avec les assassins de son père adoptif, sur la route il fera connaissance avec d'autre victimes de ce groupe et ensemble vont devoir tout faire 30 pour les arrêter au risque de devoir tuer son propre frère... 31 32 Équipe rédactionnelle Rédacteur en chef : M. Claude Roger (proviseur) Rédacteurs : Loann Belly, Alfhild Gay-Audry, Mathilde Hoarau, Léandre Laboureau, Aymeric Lemée, Alex Porcher, Maxime Renault et Noé Rossi Maquettiste : Maxime Renault Dessinateurs : Rémy Goux, Maxime Renault Remerciements : le service de reprographie, Mme Champely, Mme Fayoux, Mme Nou, Mme trichard, M. Henry de Rémy Goux Lycée René Cassin de Mâcon N'oubliez pas de visiter le site internet du lycée pour voir le journal ! 33