la moustache - Lycée René Cassin de Mâcon

Transcription

la moustache - Lycée René Cassin de Mâcon
LA
MOUSTACHE
Le côté sombre du
Seigneur des
Anneaux...
Steampunk
Un dossier de 5
pages sur son
colossal empire
p3
...les nains des
mines sont eux
aussi touchés par
la crise économique !
Parce que pas le
Japon ?
La défense de la
veuve et de
l'orphelin par
Noé !
p8
Journal lycéen, pour des imberbes par des imberbes.
Imprimé par nos soins, ne pas jeter sur la voie publique.
Animal
mystérieux :
l'axolotl !
L'animal dans
tous ses états
p16
Nouvelle
L'Expérience
boucle la
boucle et laisse
place à Autre
Chose...
Chose
p19
n°
3
EDITO
De Maxime
Voilà. Nous y sommes. Le premier numéro de la
deuxième année, seulement le troisième me direz-vous
et pourtant nous n'avons jamais cessé de travailler ! Et
c'est à la sueur de notre front que nous vous avons
préparé ce nouveau-né, moins rempli, mais mieux
rempli !
L'an dernier, le journal n'en était qu'à ses
balbutiements, et se noyait avant même d'être avorté. Il
gagna de manière incommensurable en maturité, et c'est
cette année que les choses sérieuses commencent, après
avoir compris que recruter était plus qu'une priorité.
C'est pourquoi même si vous n'avez pas participé
l'an dernier, vous pouvez toujours rattraper le temps
perdu en apportant votre édifiante pierre à l'édifice.
Bien entendu si vous arrivez cette année au lycée,
ne vous inquiétez pas vous êtes aussi les bienvenus.
Toute bonne volonté est récompensée et nous nous
entraidons pour fournir le meilleur travail possible.
Il est désormais temps pour moi de vous laisser
chers lecteurs, et de vous souhaiter une bonne lecture.
2
Let me introduce :
Le Steampunk !
C'est avec grand plaisir
que j'ai l'honneur de vous
annoncer que je reprends
la rubrique de notre cher
rédacteur Noé Rossi puisqu'il
s'est tiré avec la caisse du journal. Vous n'aurez donc plus la même
propagande néo-rétro-révolutionnaire, mais l'esprit sera toujours
présent ! Allez, maintenant, moins de blabla, et plus de...euh, plus de
blabla.
PSSHHhhh...
Avec la sortie de Mad Max :
Fury Road, ce merveilleux
jambon
mouvement s'est payé une nouvelle
jeunesse et la barbe de Tom Hardy (malheureusement bien vite rasée)
n'est pas là pour nous déplaire. J'ai eu alors l'envie folle de vous rédiger,
spécialement pour vous, oui vous, lecteurs, un article incontournable en
ce qui concerne la culture du XXe siècle. Pour trouver son titre, on va
faire un petit jeu : mon premier signifie vapeur, mon second est un
mouvement de pensée contestataire et mon tout est un des enfants de
la science-fiction du XXe siècle au même titre que le Biopunk ou le
Cyberpunk (voir le dernier numéro). Bien que le suspense ne soit
absolument pas soutenable de part ce titre en taille 25 et en Andalus
(police particulièrement appréciée du maquettiste) je vais vous parler
DU genre de la science-fiction moderne, qui a aujourd'hui surpassé ses
ancêtres, qui est annoncé pour 2020 comme LE style vestimentaire le
plus en vogue... LE STEAMPUNK !
(c'est un bruit de vapeur)
Un véhicule custom de
Fury Road, qui n'est pas
vraiment Steampunk en
Réalité, mais la trilogie
est considérée
comme un
exemple du
genre
3
Si vous avez déjà vagabondé sur Terre, ou à Vingt Mille Lieues
sous les Mers, vous devez (et j'insiste sur le verbe « devoir ») connaître
cette facette du monde. Le Steampunk est au départ un sous-genre en
littérature mais aujourd'hui surtout un véritable univers où
''l'anticipation'' cohabite avec l'esthétisme victorien des machines à
vapeur et de la révolution industrielle du XIXe siècle. On parle alors
de rétrofuturisme ou encore de style victorien. Il est un peu l'enfant
bâtard du Cyberpunk et des distorsions temporelles, comme dans La
machine à explorer le temps, le film de George Pal ou le roman de
H.G.Wells (les deux sont à connaître). En gros, on oublie les moteurs à
explosion et l'acier, et on dit bonjour à la vapeur et au laiton, on vire
Edison (les câbles
partout), et on adule
Tesla (les champs
magnétiques et trucs à
distance, voir image
ci-contre et le jeu
Teslagrad dont je
parlerai plus tard).
Le terme a été inventé à titre
de plaisanterie en 1987 par K.W.
Jeter, un romancier Cyber et
Steampunk, lorsque le journal
Locus (à lire : locusmag.com) lui
demanda une lettre qui puisse
décrire ses derniers travaux au
sujet de la rétro-technologie et des
histoires alternatives. Ses romans
Morlock Night, Infernal Devices
et Fiendish Schemes en sont la
parfaite définition. C'est d'ailleurs
lui qui écrivit trois suites à Blade
Runner de 1995 à 2000 (clin d’œil
très discret en direction de l'article
4
sur le Cyberpunk). Mais Jeter
n'inventa rien à part le mot,
puisqu'il ne s'agissait pour lui que
d'un jeu d'écrivain où
anachronismes et clins d’œil à
Jules Verne ou H.G. Wells
avaient leur place. Ce sont en fait
eux, pionniers du genre dès les
années 1870 (100 ans avant, rien
que ça) qui nous ont creusé la
voie (vers le Centre de la Terre)...
+5 Charisma
Le principal atout du Steampunk est aujourd'hui le fait que tout le
monde (sauf les personnes dépourvues de goût) s'accordent à dire que
c'est TRES stylé. Bien qu'il soit difficile de croire que se promener dans
la rue en armure de cuir et de laiton n'apportera que du bon à votre
relation avec votre épicier/épicière favori(te), lorsque l'on atteint un
certain niveau de classe on ne se pose plus de question. C'est pourquoi
je vous propose une petite collection printemps-hiver présentée par
notre mascotte préférée, Tesla !
Le doc
Le gentleman
Le soldat
L'ingé
5
A big fat universe
Comme mon ami et
prédécesseur, les nippons, ça
me botte. Et le Steampunk, ça
botte les nippons (on est fait
pour s'entendre...) On retrouve
des œuvres culturellement
proches de ce style comme Le
Château ambulant de Hayao
Le château ambulant,
Miyasaki (voir image
H. Miyasaki
ci-contre), ou Steamboy, de
Katsuhiro Ôtomo dans la culture japonaise. Dans ces deux œuvres
d'animation cinématographiques l’électricité n'est pas trop présente,
mais la vapeur, elle, prend beaucoup de place et sert également à faire
des économies sur l'animation (elle est très utile lors des transitions.)
Les véhicules volants à vapeur ne manquent pas, les animations sont
très belles, et c'est justement dans ces œuvres que l'on remarque une
différence majeure avec le
Cyberpunk : le Steampunk n'est pas
originairement un genre de
l'anticipation. Celui-ci peut servir à
critiquer les mœurs actuelles, ou à
proposer de nouvelles choses dans un
modèle utopique, ou dystopique selon
les auteurs, mais il ne se prend pas
systématiquement au sérieux et est
loin d'être un univers sombre. De
plus, il se trouve être dans un pseudounivers parallèle au nôtre. Encore une
fois les animes nous prouvent leur
valeur ; d'aucuns ne supportent
l'animation orientale, mais force est
de constater qu'elle est extrêmement
riche et diversifiée, ainsi je vous défie
Affiche de Steamboy, on retrouve dans
de trouver quelque chose de jamais
cet anime de la vapeur, des grosses
vu dans ce milieu.
lunettes, des engrenages...enfin tout
6
quoi !
Contrairement à cela, LE milieu où tout est encore possible est
celui du jeu vidéo ! Je vous ai déjà parlé de Teslagrad, le « petit » jeu
puzzle-plateformer de Rain Games, dans l'univers Steampunk. Le jeu
est un très fin mélange d'histoire simples (et efficaces) et d'un gameplay
complet utilisant le concept de
l'électromagnétisme (je ne comprends
vraiment pas d'où peut venir le nom du
jeu...) Les énigmes sont très intéressantes
et la durée de vie raisonnable mais ce qui
nous intéresse est l'esthétisme et le
scénario. Bien loin d'un Fallout (où on
part carrément sur du Dieselpunk)
l'ambiance est ici assez sobre, colorée et
Oppressante. Le son n'est pas laissé à
part puisque les bruits d'égouts et de
vapeurs nous plongent dans le jeu pour une
douce et paisible mais toujours
angoissante éternité. L'histoire est
Affiche du jeu Teslagrad
comme je l'ai dit, très simple : un jeune
garçon est impliqué dans une conspiration
où un monarque règne de manière despotique sur le royaume
d'Elektropia contre la volonté de son peuple, et ce, depuis des années. Je
ne sais pas vous, mais moi j'adore humer les critiques sociales à pleins
poumons. Une ville européenne vieillie, des complots, de la corruption
et un chef au pouvoir incontrôlable... Quitte à me contredire, je ne
soulignerai même pas cet apologue.
Si le Steampunk a su trouver sa place dans le cœur des plus
adeptes comme des néophytes c'est essentiellement par sa double
identité : plaisant et classe le jour, dangereux et dénonciateur la nuit !
Malheureusement nous savons tous ce qu'il advient des mythes qui
tombent entre nos mains... nous les rendons inintéressants voire
déplaisants et pourtant l'art est une matière de communication qui doit
rester accessible à tous, en tous points, sans discernement et par tous
les moyens possibles. C'est pourquoi notre système institutionnel n'est
pas entièrement à changer, c'est notre système nerveux qu'il faut
remplacer !
Maxime Renault 7
Parce que le Japon !
Mon expérience personnelle dans le
milieu otaku m'a laissé un goût amer. Au
contact de la violente naïveté des personnes
qui se construisent socialement via la fragile
base de leurs faiblesses psychologiques
(pardon les copains) mais néanmoins
sympathique, j'entendais une phrase
redondante, un running gag qui hérissait
mes poils blondinous : « Parce que le
Japon! »
Cette réponse à la
question "pourquoi
c'est What The Fuck?''
Cette réponse étonnante
de la part de passionnés
a fini par se poser, pour
les plus crédules, comme
une définition.
Au sein même de la communauté qui a ses propres problèmes
(sexisme, misogynie, racisme, lesbophobie, transphobie, homophobie,
harcèlement sexuel, viol, fan service de la mort-qui-tue, etc...), cette
phrase remet totalement en question les raisons de l'existence de cette
communauté de part son obscurantisme. Il est hors de question de
laisser une telle définition vagabonder plus longtemps. Action!
Everybody do the flop...
Tout d'abord, amis
néophytes, quel est ce "What The
Fuck" et d’où vient-il?
On peut le voir dans les
animes: Hataraku Maou-sama,
où on peut voir satan travailler
dans un Mc Donald, Hayore!
Nyaruko san, où Nyarlatoteph
(grand ancien tiré des œuvres de
Lovecraft, si vous ne connaissez
pas, lisez) est une étudiante
japonaise en minijupe qui, tout au
8 long de l'anime, harcèle
sexuellement le personnage
principal. On le voit aussi dans
les deux derniers épisodes de
Neon Genesis Evangelion, et
dans Serial Experiment Lain
( tout le monde n'a pas lu mon
dernier article.)
Pour Evangelion, il faut savoir que la fin n'était pas adaptée aux
jeunes qui s'étaient greffés comme des oursins sur la série, avec le
panache d'un pop-up, ce qui a "forcé" le producteur Shoten à demander à
Hideaki Anno de refaire une fin sans budget et avec une limite de temps
très réduite, mais néanmoins plus adaptée. Cela a donné une
introspection suédée digne d'un film de bac raté.
« Wtf » One Piece,
image de l'anime
Le « What The Fuck » est aussi en réaction au fan
service, quasi-omniprésent. Bien qu'il soit une
technique commerciale pour attirer l'attention d'un
public attardé qui considère la femme comme un
objet inférieur de désir sexuel, en gros, un argument
de vente. Cette technique est très répandue dans des
shonens comme Fairy Tail, One piece, Naruto, qui
sont malheureusement les plus connus : parce que
l'argent ?
On trouve aussi une belle quantité de musiciens What The Fuck, les
deux les plus représentatifs sont Kyari Pamyu Pamyu et Maximum The
Hormone, dont les clips sont devenus célèbres. MTH, de bon adage,
s'est fait connaître grâce à son « What The Fuck » ambiant (et sa
merveilleuse technique musicale), ici, ça n'a pas grand-chose à voir avec
la vente de disques. Même chose pour le cinéma : composé à 90% de
« What The Fuck », notamment sur les séries Z, on retiendra
Zomboobies et Toilet Zombie, dont les noms parlent d'eux même, mais
moins que le contenu, car ça reste de beaux nanars. Les réadaptations
d'animés sont aussi connues pour leurs mauvaises qualités, et le « What
The Fuck » se retrouve dans une mise en scène et une scénarisation
simplement mauvaise, doublée d'un jeu d'acteur en lambeau qui vous
laisse le choix entre rire et pleurer de honte (si vous me trouvez
méchant, regardez le film Devilman, adaptation du célèbre manga de Go
Nagaï.)
Mais le plus « What The Fuck » reste dans les vidéos youtube/nico
nico douga (équivalent japonais), où l'on peut facilement tomber sur des
hommes habillés en étudiantes japonaises, masque de cheval sur la tête,
dansant odieusement sur les chansons qui ont bercé l'enfance de
certains.
Mais pourquoi?
9
Here comes a new Challenger!
Le Japon est une monarchie constitutionnelle, mais l'empereur n'est
qu'un symbole. Plus intéressant, ce sont les partis politiques qui se
succèdent au pouvoir (aparté: pour comprendre correctement le
fonctionnement des partis politiques, cf Simone Weil, Note sur la
suppression générale des partis politiques) : actuellement, c'est le parti
libéral-démocrate au pouvoir, la droite conservatrice. Ce parti dominait
tous les autres jusqu’à 2009, où le Parti Démocrate du Japon emporta
les élections (centre-"gauche", sociaux-libéraux, équivalent de notre
François Hollande)
Bref. En 2012, Shinzo Abe, dit "le faucon" retrouve la présidence,
membre du PDL. Il mène une politique nationaliste et ultra-sécuritaire
(cf programme UMP-FN). Le sentiment des jeunes est un broyage pur
et simple, une mise en hors-champs de l'humain et au premier plan les
intérêts financiers (cf. capitalisme ) les vieillards conservateurs se
portent à merveille et on finirait par les croire Immortels.
On arrive donc au deuxième plan du problème: le conflit
générationnel. Jeunes et vieux (cf. politiquement incorrect) ne
peuvent pas se piffer, au Japon ce n'est pas nouveau. Entre le refus des
traditions obsolètes de la part des jeunes et le refus de remise en
question des conservateurs (conservateurs donc vieux), il est impossible
de trouver des compromis (c'est dur d'accepter de faire des manifs
homophobes avec papi et mamie juste pour trouver un job.) Exemple
plus ou moins mis au hasard, car l'homophobie est un problème majeur (
avec la misogynie et toutes les autres exclusions LGBT+ ) mais je
pense aux yaois. C'est la plus grosse défaite qu'a subie la culture face
au commerce: les parutions yaois en France sont quasi-strictement
pornographiques et amateurs, car les yaois parlant réellement du
sentiment d'exclusion des homosexuels et lesbiennes, et de la façon
dont ils/elles sont considéré(e)s en société, il y en a beaucoup, et très
peu arrivent en France, ou ont très peu de renommée au Japon.
10
When I think to myself, What a wonderful...
Et la réponse à la question ultime du sens de la vie, de l'univers et de
tout le reste est... "Parce que le Japon."
Si on recoupe les informations et analyses (pertinentes) plus haut et
cette réponse, on peut retrouver un lien plus ou moins logique: Le
« What The Fuck » est dû à un carcan social qui broie les individus, les
jeunes gauchistes et humanistes ( cf. communisme libertaire ) se
retrouvent coincés entre une génération obsolète et un gouvernement
conservateur. La pression qui en découle sur les jeunes en fait l'un des
pays où ils/elles se suicident le plus. (cf. Imbéciles Heureux de Eisho
Shaku) Le sentiment d'absurdité de la société se recoupe en majorité
dans la culture, qui devient le seul moyen d'évasion des artistes ( mais
pas toujours, comme on l'a vu avec Evangelion et autres formes de
toute puissance du producteur et du public qui pensent que leur avis
prévalent sur l'œuvre et l'artiste, ce qui arrive aussi en France, ou
certains "youtubeurs" se font insulter quand ils ne sortent pas de vidéos
pendant six mois, le public se revendique de la quantité, la qualité, on
s'en fiche? )
« Parce que le Japon? » Pas tellement en fait.
On ne peut pas faire aussi simple pour expliquer
tout ce bordel. Simplifier ce que l'on voit à un refus
d'interprétation ( vous n'avez pas les outils culturels
pour comprendre. Cette phrase veut dire ce qu'elle
veut dire, ça demande de la curiosité et certaines connaissances.)
L'absurdité est quelque chose d'universel. C'est une nouvelle forme
de surréalisme, du sentiment à l'état pur, et un écart de la jeunesse,
un sentiment d'exclusion ; reconnaître que c'est dur à comprendre,
et que parfois il n'y a rien à comprendre à part : « on se moque de
vous », c'est bien. S'en moquer, ça ne l'est pas. (Qui d’entre-nous a la
faculté de juger? Moi? Il faut bien que je capte votre attention, sinon
vous ne lisez pas, c'est une technique de marketing, ça marche bien avec
Didier Super, non?)
11
Voila. C'était un petit article (car j'ai dû le faire dans la hâte avec
juste le temps de vérifier le fait que je ne dise rien de complètement
faux.)
Je ne dis pas que je détiens la vérité. C'est juste que la réponse
Parce que le Japon m'exaspère. J'ai l'impression qu'on renie tout le
contexte, c'est ce genre de comportement qui fait que les mentalités
n'avancent pas, soyez curieux, lisez, regardez des films, cultivez
l'alternative et faites pousser des cactus dans votre chambre, ce n'est pas
bien difficile. Malgré le fait que cet article soit court, j'ai été content de
l'écrire, parce que c'est mon dernier dans ce journal. Certains se diront
ouais! Un néo-rétro-révolutionnaire en moins! Et je comprends, mais du
coup, par simple gratuité ( et parce que j'ai fait une référence plus haut),
je vais illustrer mon propos avec gentillesse par un exemple.
H2G2, le guide du voyageur intergalactique, de Douglas Adams,
tiré de ses propres livres, film que vous avez déjà dû voir, sinon, allez le
voir. Vraiment.
La réponse au sens de la vie que donne le film est 42. La réponse
peut paraître insensée. Si elle vous paraît insensée, c'est parce que vous
n'avez pas les outils culturels pour comprendre, tout simplement.
Deep thought, l'ordinateur conçu
pour trouver le « sens de la vie, de
l'univers et de tout le reste... »
mais qui finalement ne trouve que
42, image du film H2G2.
A la base, le super-ordinateur qui donne cette réponse exploite la
théorie du chaos, c’est-à-dire que tout dans l'univers est traduisible sous
forme d'équation, ça devrait commencer à vous dire quelque chose. Le
problème, c'est que 42 n'est pas une équation. Mais si on se réfère à la
théorie du chaos, on la retrouve dans l'hébreu. Chaque mot en hébreu
possède un nombre, et les noms sont des additions logiques. 42, qui
correspond au mot « femme », additionné à 8, qui correspond au mot
12 "homme", donne comme résultat 50: "enfant". Logique pure.
42 pourrait se référer à la femme? Amusant, mais dans le film
même, Arthur, le personnage principal, donne comme question (oui
parce qu'ils cherchent aussi la question à la réponse, que seul le cerveau
humain peut donner, j'avais prévenu qu'il fallait regarder le film,
maintenant vous êtes spoilés) « je la regarde et je me demande si c'est
elle la bonne, si je l'aime » du moins un truc comme ça. Il se demande
s'il est amoureux et s'il doit se déclarer. Il se demande quel est le sens de
ses émotions, de sa vie et de la vie humaine. Et la réponse serait
"femme". Ça manque de syntaxe, mais c'est logique. La réponse, on me
l'a donnée dans le film pi, thriller mathématique de Darren Aronofsky,
qui pète le swagg et qui donne comme exemple pour illustrer l'hébreu
exactement l'exemple que je vous ai donné. Amusant, non?
Voilà. La conclusion c'est la curiosité. Cherchez à comprendre et
soyez curieux, vous avez tout à y gagner, sauf du temps. Mais une
compréhension culturelle est aussi une compréhension d'autrui. Si
vous vous êtes sentis insultés lors de la lecture de cet article, c'est bien
qu'il vous concerne. La compréhension permet d'éviter toutes les
phobies humaines, grand gain de temps. La culture est le plus beau
mélange humain, l'art est ce qui nous regroupe tous, s'y intéresser,
c'est s'intéresser à celui, celle et ceux qui nous entourent, et ainsi les
accepter tels qu'ils ou elles sont.
Noé Rossi
13
Les requins,
un préjugé dépassé ?
Le requin, le squale un nom
qui
terrorise
bon
nombre
d'humain. De part sa taille, son
immense mâchoire, ses branchies
évoquant des marques de griffes,
il effraie. Sa provenance des fonds
marins, lieux où vivraient des
animaux imaginaires tels que les
mégalodons, dragons de mer,
léviathans et autre krakens
n'arrangent rien. Pourtant ce
poisson, a plus en commun avec
Nemo qu'avec Flipper, n'est pas le
monstre que l'on s'imagine.
Le grand requin blanc, si dangereux
qu'il est possible de nager à ses cotés.
Le requin, tout comme
l'aigle, le chat ou l'ours a été
persécuté. Mais à l'heure où ces 3
derniers deviennent beaux et
nobles dans nos esprits, le requin
est
toujours
un
monstre
sanguinaire
dévorant
d'une
bouchée des humains entiers.
Cette
image,
grandement
véhiculée par le film de Steven
14
Spielberg Les dents de la mer,
ou bien avant par le roman 20
milles lieues sous les mers de
Jules Verne lui cause une
réticence à le protéger. De plus,
chaque attaque ou même présence
de requins est grandement
médiatisée pour entretenir cette
peur. Cependant d'autres attaques
bien plus nombreuses ne font pas
ou peu parler d'elles. Cette
protection, il en a pourtant grand
besoin car c'est près de 100
millions de requins qui périssent
chaque année par la faute de
l'homme. Beaucoup se prennent
dans des filets et meurent. Mais la
catastrophe pesant sur eux est la
prétendue vertu médicinale de
leurs ailerons. Ces derniers leurs
sont arrachés, puis le requin est
rejeté vivant dans la mer, pour y
mourir en plusieurs jours
d'agonie. Si des lois interdisent
ces
pratiques,
les
eaux
internationales n'y sont cependant
pas
soumises
et
certains
gouvernements ferment les yeux
car il s'agit selon eux d'une
« pêche ancestrale ».
Les requins, condamnés, errent
plusieurs jours sans leur aileron
dans l'eau salée avant de mourir.
A l'inverse de l'homme qui tue par simple cupidité le requin
n'attaque jamais l'homme sans raison. 90% du temps, il s'agit d'une
méprise ou d'une curiosité du requin. L'homme n'est jamais dévoré,
après la morsure, le requin se contente en général de partir. La plupart
des décès sont dus aux hémorragies causés par une seule morsure.
Enfin, il est nécessaire d'ajouter que si le grand requin blanc peut
vaguement se rapprocher de l'image du tueur d'hommes, c'est une
vision très restrictive d'une espèce dont l'étendue est encore inconnue.
Le squale nain ne mesure pas plus de 25 cm, le requin baleine atteint
les 14m, leur point commun ? N’être d'aucun danger pour l'homme. En
effet sur 465 espèces connues seulement 6 sont réellement dangereuses,
les requins blancs, océanique, bouledogue, tigre, mako et marteau.
Pourtant c'est l’espèce entière qui est en danger. Paradoxalement, c'est
d’ailleurs les requins pèlerin et baleine, des requins mangeurs de krill
(crevettes d'eau froide difficile à confondre avec l'homme) et plancton,
qui sont le plus menacé.
Pour ceux qui ne seraient pas convaincus par l’innocence du
requin, voyez vous-même : en 2014 le meilleur ami de l'homme a tué
186 humains, les requins 5 à peine...
Aymeric Lemée
Sources :
Chiffres : Liberation
Images : Océan, Jacques Perrin.
Dessin de Maxime Renault
15
Animal mystérieux :
l'axolotl
Qu’est ce qu’un axolotl ?
Sous ce nom étrange se cache
une des nombreuses espèces de
salamandre. L’axolotl est un
amphibien et non un reptile ou un
poisson, comme son apparence
pourrait le suggérer !!
Il vit exclusivement au
Mexique dans les lacs Xochimilco
et Chalco. Il est très actif au lever
et au coucher du soleil et mesure
d’une dizaine à une trentaine de
centimètre au terme de sa
croissance. Les principales formes
de l’axolotl sont : la forme
commune (grise, noire ou brune,
parfois bleutée), leucistique (yeux
bleus-noirs et corps blanc) et
albinos (yeux rouges et peau
blanche). Sa forme albinos est
totalement artificielle et n’existe
qu’en captivité. Elle a été créée
dans un laboratoire américain dans
les années 1950, et est le fruit d’un
croisement avec une salamandre
tigre albinos. Contrairement au
têtard ses branchies sont externes,
il possède également quatre pattes
et des poumons. Ainsi il peut
comme les grenouilles, respirer
par la peau. Leur maturité sexuelle
est atteinte en 1 an, la femelle
…....
16
Photo de John Clare
Un axolotl (ou pour les latinistes
un Ambystoma mexicanum)
pond de cent à trois cent œufs.
Malgré leur apparence inoffensive
les larves ont dès la naissance des
comportements cannibals. Les
axolotls sont carnivores, et se
nourrissent de petites proies (vers,
poissons …).
Larve pour la vie !
Il a également une autre
spécificité étonnante, même une
fois sa croissance terminée, sa
forme « adulte » est très proches
de sa forme larvaire. Cela est lié à
la faible activité de sa glande
thyroïdienne.
Cette
dernière
permettant la disparition des
branchies et un développement
des poumons chez les autres
amphibiens, l’adulte ayant un
mode de vie terrestre. Ainsi
« l’adulte » axolotl a juste une
légère atrophie de ses branchies et
un faible développement des
….....
poumons. La « puberté » de
l’axolotl n’a lieu que dans certains
cas particulier : en effet si l’axolotl
est placé dans un milieu qui
s’assèche au cours du temps
(comme une rivière dont l’eau
s’évapore à cause de la chaleur), il
évoluera définitivement en adulte.
Cette métamorphose permet à
l’axolotl de délaisser ces branchies
pour respirer avec ses poumons.
Le passage à l’âge adulte est donc
un mécanisme de survie chez
l’axolotl. Cette transformation peut
aussi se faire de manière
artificielle, avec une injection
d’hormone thyroïdienne, elle sera
bien plus rapide. Mais un individu
normal (larvaire) vit de dix à
quinze ans et un adulte
(transformation artificielle) vit
environ cinq ans, s’il survit à la
transformation. La « puberté »
n’est donc qu’un mécanisme de
dernier recours si l’environnement
où vit l’axolotl lui devient trop
hostile.
Ces surprenantes capacités de
régénération ont très vite
intéressé les scientifiques : Il peut
par exemple reconstituer un œil
manquant, une jambe, un bras ou
même une partie de son cerveau.
Les axolotls sont très utilisés en
laboratoire pour cette capacité,
surtout au stade larvaire. En plus
de pouvoir régénéré leurs propres
organes, les axolotls sont très peu
soumis au rejet consécutif à une
greffe. Mais leur potentiel de
survie ne s’arrête pas là, si deux
embryons sont dans le même œuf
ils vont fusionner en gardant
chacun leur couleur d’origine. Le
nouvel individu est alors appelé
axolotl « chimère ». Ce dernier
aura un corps normal (ni deux
têtes, ni deux queues…), mais
pourra avoir, de cette manière, la
partie gauche du corps d’une
couleur et la droite d’une autre.
Axolotl domestiques et
cobayes
Il est très répandu dans les
aquariums « de maison » et vit à
une température d’environ 20°C.
L’eau du robinet est la plus
approprié (il ne supporte pas l’eau
conditionné), la plus calcaire
possible. C’est un animal nocturne.
Logo d'axolot (youtuber
français spécialisé dans les faits
insolites) représentant un
axolotl 17
En conclusion, l’axolotl est un animal étonnant pour ses capacités
de survies et de régénération. Il intéresse autant la communauté
scientifique que les possesseurs d’animaux exotique. De plus leur prix
de vente est assez bas et il est facile de s’en procurer dans la plupart des
animaleries. Mais néanmoins attention, l’axolotl peut vivre environ une
décennie (comme dit plus haut), c’est un engagement sur le long terme.
Il faut donc mieux réfléchir avant d’en acquérir un (ou deux) et prévoir
le matériel pour pouvoir l’accueillir et s’en occuper (grand aquarium,
plantes aquatiques, aliment spécifique...)
Léandre Laboureau
& Alex Porcher
"Axolotlpainting" de
Orizatriz via Wikimedia
Commons.
18
Nouvelle :
L'expérience, dernière partie
L'observateur
Thomas ne faisait aucun mouvement. Ça ne pouvait pas être réel,
ce qui se trouvait à quelques mètres devant lui ne pouvait pas exister.
« Ce n’est pas vrai, ça ne peut pas être » se répétait-il. Pourtant l’œil
était bien là, le fixant de sa pupille énorme. Soudain Thomas comprit :
cet endroit, Lin, les ombres, cette longue étendue blanche…
Ce n’était qu’un rêve. Un rêve terrifiant. Un rêve d’une réalité
tellement forte qu’on ne pouvait se rendre compte qu’on dormait. Il
éclata en un rire nerveux. Oui c’est cela. Il se trouvait chez lui, dans
son lit avec des dizaines de cadavre de bière à ses pieds. Plongé dans la
torpeur après une autre soirée à boire. Oui, c’était forcément ça, seul
l’excès d’alcool avait pu le mener dans cet endroit.
Mais pourtant s’il avait conscience qu’il dormait, pourquoi ne
pouvait-il pas se réveiller ? Thomas poussa un soupir, il ne sortirait pas
d’ici aussi facilement que ça. Il eut envie de se mettre à courir, pour fuir
cet enfer blanc, pour échapper à cet énorme œil qui l’observait. Mais ses
membres refusaient de bouger, il était comme paralysé. Bien qu’il fût
terrifié, ce n’était pas la peur qui tétanisait Thomas, c’était autre chose.
Une force, puissante, invisible, lui maintenait les deux pieds fixés au
sol. C’était une sensation terrifiante pour Thomas : avoir l’impression
que quelque chose le contrôlait sans pouvoir rien y faire…
Sa tête se tourna machinalement vers le globe. Ses yeux fixèrent la
pupille et une sensation de chaleur l’envahit. L’œil se rapprochait
lentement de lui, ou alors c’était lui qui s’avançait, il n’en était pas sûr.
Au début c’était assez lent mais d’un seul coup il se retrouva à moins de
cinq mètres de l’œil. Il pouvait voir son reflet sur la surface du globe.
Puis il se rendit compte que ce n’était pas un reflet. Il était l’œil
désormais, il se voyait lui-même. Il était debout immobile, le teint très
pâle, ses yeux le fixaient d’un regard vide. C’était comme si les rôles
s’étaient inversés pendant quelques instants. Puis sa vision se brouilla. 19
La lumière le réveilla, elle était très faible et avait une légère teinte
rougeâtre. Thomas était couvert d’une espèce de liquide poisseux et une
odeur de désinfectant lui parvenait aux narines. « Où suis-je ? ». Il
essaya de bouger mais ne parvint qu’à remuer fébrilement sa jambe
droite. Il s’aperçut soudain qu’une sorte de câble était attaché à son
corps. Il tenta de crier mais ne put émettre qu’un faible gargouillis.
Tandis que la terreur continuait de l’envahir, il sentit quelque chose lui
chatouiller les pieds. Et il fut projeté hors de l’endroit où il se trouvait.
Cette fois la lumière était très forte, il ne pouvait presque rien voir.
Il entendait des cris, des paroles qu’il ne comprenait pas, la respiration
haletante de quelqu’un à côté de lui. Il fut soulevé de terre et il sentit
que quelqu’un lui frappait le dos. Tout d’un coup, une vague de douleur
le submergea et il prit une grande respiration avant de se mettre à hurler.
On le posa sur une surface molle comme une sorte de matelas à eau.
Quelqu’un le tenait et l’empêchait de bouger. Il essaya de se libérer
mais n’y parvint pas, son agresseur avait trop de force. Il ouvrit les
yeux.
Il y avait du sang partout, des instruments chirurgicaux étaient
posés sur des grands plateaux autour de lui, une énorme lampe était
braquée directement sur lui. Il se trouvait dans une espèce de bloc
opératoire. « Qu’est-ce qu’on m’a fait ? ». Des médecins continuaient à
s’affairer autour de lui. Soudain, le matelas à eau bougea manquant de
le faire tomber. Il leva soudainement son regard au-dessus de lui et put
voir que la surface sur laquelle il était, n’était pas un matelas. C’était
une femme, une femme énorme et il reposait sur son ventre.
Elle leva légèrement la tête et il put la reconnaître. C’était sa mère.
« Qu’est-ce que … » Soudain il comprit. Le sang, les médecins,
pourquoi il se sentait si chétif : Il assistait à sa propre naissance. Il vit
son père qui pleurait de joie, tenant encore les ciseaux avec lesquels il
avait coupé le cordon ombilical. Il avait encore tous ses cheveux d’un
brun éclatant de jeunesse bien qu’ils deviendraient blanc à peine sept
ans plus tard. Tout d’un coup, Thomas se sentit léthargique et il ferma
les yeux.
Il s’éveilla à nouveau, il se trouvait dans une chambre de petit
garçon. Maintenant il avait cinq ans, il lisait, assis sagement sur son lit.
Le livre qu’il tenait entre les mains aurait dut être réservé à des enfants
plus âgés que lui, mais il présentait un goût pour la lecture
impressionnant pour son âge et avait plusieurs années d’avance sur
20
ses camarades d’école. Ses parents discutaient juste à côté et malgré
qu’ils fermaient toujours leur porte il pouvait les entendre. Son père
tenait une petite boutique de joaillerie et les affaires marchaient si bien
qu’il voulait ouvrir une deuxième boutique plus grande dans le centreville. Mais cela nécessiterait que son père fasse des heures
supplémentaires et sa mère voulait qu’il puisse continuer à rentrer tôt à
la maison pour être avec eux. Comme toujours son père l’avait
persuadée que c’était la meilleure solution. Il était très fort pour ça, il
trouvait les bons arguments pour convaincre et avait une sorte d’autorité
naturelle. C’était sûrement pour cela qu’il réussissait en tant que
commerçant. Thomas savait ce qui allait venir après et ne voulait pas
revivre cet instant. Mais il se sentit encore défaillir et son esprit
s’envola.
Quand il sortit de sa torpeur, il se trouvait à un enterrement. Il
pouvait sentir la pluie sur sa peau et l’odeur de terre et d’encens
commune à la plupart des cimetières. Le silence n’était brisé que par les
pleurs de quelqu’un près de lui. Sa mère était là toute vêtue de noire,
tentant de rester digne tandis qu’elle séchait ses larmes dans un
mouchoir en dentelle. Thomas n’avait que onze ans. Son père s’était
fait abattre dans son magasin, trois jours auparavant. Il subissait le
racket d’une bande de voyous depuis quelques temps. N’écoutant que sa
fierté et ses principes, son père avait refusé de payer et ils avaient voulu
faire un exemple. Il reposait dans un cercueil de sapin noir pendant que
ses meurtriers étaient dehors, continuant à terroriser la population. La
police avait dit qu’ils les retrouveraient vite mais Thomas savait qu’il
n’en serait rien. Ces assassins étaient trop malins pour se faire pincer et
les enquêteurs trop corrompus pour les attraper. Thomas regarda une
dernière fois la dépouille de son père, puis son esprit quitta son corps.
Il se vit à l’âge de quatorze ans, assis sur son lit à fixer le papier
peint sale et jauni du plafond. Leur nouvel appartement empestait
l’alcool de super marché et la cigarette. La maison de son enfance avait
été saisie par la banque pour payer leur dette et ils avaient dû
emménager dans un des quartiers les plus malfamés de la ville. Le
chagrin et l’alcool avaient lentement détruit sa mère. Elle passait ses
journées dans sa chambre à pleurer et à boire. Ils avaient dû déménager
à cause de la perte des magasins de son père, détruits par les mêmes 21
monstres qui avaient pris sa vie. A l’école, Thomas avait décroché.
Autrefois bon élève, il enchaînait les visites dans le bureau du proviseur
et les menaces d’exclusions. Il s’évanouit encore une fois et là tout
s’accéléra.
Maintenant Thomas voyait sa première arrestation, il avait braqué
un magasin de disque avec un couteau mais n’avait pas couru assez vite
pour échapper à la police. Quand on l’emmena au poste, la première
personne qu’il rencontra ne fut pas son avocat mais un commerçant qui
vendait du vin en face du disquaire. Ce dernier l’invita à s’asseoir
comme s'il était le maître des lieux et non un simple citoyen. Il lui
expliqua que son travail ne consistait pas exactement à vendre de
l’alcool mais qu’il était une sorte de « patron » qui veillait au bon
fonctionnement de la ville. Il disait tout savoir sur Thomas et que s’il le
voulait, il pouvait le faire libérer sur le champ. Il lui confia ensuite qu’il
savait combien il était intelligent et qu’il pouvait faire changer sa vie du
tout au tout. En contrepartie, il faudrait qu’il lui rende un ou deux
services. Thomas accepta sa proposition avec méfiance tout en sachant
qu’il le payerait un jour ou l’autre.
Ils se revirent bien des années plus tard. Il se trouvait dans un
bureau aménagé dans le sous-sol d’un immeuble. Des papiers traînaient
sur sa table et il était en train de griffonner quelque chose. Thomas était
devenu ce qu’on peut appeler un « cerveau ». Il planifiait divers
opérations de racket dans toute la ville et s’occupait de rendre propre
tout cet argent. Il donnait de très bons résultats et les revenus de « la
famille » à laquelle il appartenait, avaient triplé en peu de temps. Bien
sûr, cette activité occasionnait son lot de « dégâts collatéraux », comme
par exemple l’étrange disparition de commerçants refusant de payer ou
agents de police qui prenaient leur travail trop à cœur. Mais les morts
n’avaient plus de sens pour lui, ils n’étaient que des « chiffres ». Son
travail était de faire que ces « chiffres » soient les plus petits possible
car plus il y avait de cadavres, plus il y avait d’enquête et plus
d’enquête signifiait moins d’argent. Là, le temps s’arrêta quelques
instants, laissant Thomas contempler ce qu’il était devenu. Un voleur et
un sociopathe semblable à ceux qui s’en étaient pris à son père.
Comment avait-il pu se transformer en cet être dénué de sens moral qui
était juste en face de lui. Soudain la pièce s’effaça et les ombres
revinrent.
22
Il y en avait une douzaine flottant juste devant lui. La brume avait
disparu et maintenant il pouvait distinguer leurs visages. Tous avaient
les yeux fixés sur lui et n’arboraient aucune expression. Thomas en
reconnaissait certains, ceux-là étaient des commerçants des quartiers
dont lui et ses collègues « s’occupaient ». Il y avait des centaines de
personnes qui subissaient son racket, pourtant il connaissait
particulièrement ceux qui se trouvait devant lui. Tous avaient perdu la
vie et Thomas avait eu leur photo en main. Certains n’avaient pas voulu
payer, d’autres n’avaient pas pu. Les plus courageux avaient même tenté
de les dénoncer. Pour tous le traitement avait été le même. Les
« chiffres » étaient revenus et ils observaient en silence Thomas de leurs
yeux grands ouverts. Même si Thomas n’avait pas directement appuyé
sur la détente, il était en partie responsable de leur mort. Il les regarda
encore une fois et puis plus rien.
Il se réveilla, l’œil était encore en face de lui. Il l’observait
silencieusement. Qu’allait-il se passer maintenant ? « Ce n’était pas
moi ! » cria Thomas à l’œil « Si quelqu’un d’autre s’était occuper de ça,
il y en aurait eu bien plus. Je suis désolé de ce qu’il leur est arrivé, mais
je ne pouvais rien faire. » Thomas tomba à genoux. « Qu’est-ce que
vous voulez ? Répondez-moi ! ». Mais L’œil continuait de le regarder,
imperturbable.
Soudain Thomas sentit une vive sensation de chaleur. Il regarda ses
bras, ils brûlaient. Tout son corps était en train de se consumer. Il tourna
la tête vers son observateur qui était toujours là, impassible. Alors que
la douleur était insupportable, Thomas sentit qu’il tombait.
La douleur avait disparu mais il était en pleine chute libre. C’était
interminable, cela lui sembla durer des heures. Puis à un moment donné
tout s’intensifia. Il revit les ombres marchant toujours dans la brume.
Toutes tournées vers une même destination. Il tomba encore et atterrit
sur le sol dur.
Tout était sombre, si ce n’est une faible lumière au loin. Thomas se
leva avec difficulté et se mit à marcher dans sa direction espérant une
sortie. Soudain des mains apparurent de tous les côtés, elles tentaient de
le ralentir de leurs doigts cadavériques. Il courut plus vite mais elles
étaient trop fortes et le poussèrent en arrière.
23
Le patient pousse un cri. Tout autour de lui, les infirmières tentent
de stopper l’hémorragie en appuyant sur les plaies avec des compresses.
Le chirurgien lui, tente de retirer les morceaux métalliques du corps du
patient. Ce dernier pousse un autre cri, plus fort cette fois et tente de se
redresser brusquement. Le chirurgien enlève rapidement ses
instruments. « Anesthésiste ! Donnez-lui encore deux unités
d’analgésique et une de morphine ! » Crie le médecin. « C’est pas
possible. Il a pris suffisamment d’antidouleur pour assommer un
éléphant. » On plante une seringue dans le bras du patient qui sombre
immédiatement. Les infirmières le lâchent une fois qu’il ne bouge plus
et continuent leur opération.
Deux jours plus tard. Thomas se réveille enfin, il voit les
pansements qu’il a sur le corps et le bandage qu’il porte autour du torse.
Il ne comprend pas encore ce qui s’est passé. Mais devant sa porte deux
infirmières discutent : l’une d’entre-elles était présente à son opération,
il en est sûr. « Ca fait deux jours qu’il dort, tu crois qu’il va se
réveiller ? » dit l’une d’entre-elles.
- Peut-être que cela prendre du temps. On lui a quand même donné
deux fois la dose de morphine habituelle. Il va mettre du temps
pour récupérer.
- A ce qui paraît il se serait réveillé en plein milieu de l’opération et se
serait mis à hurler pendant dix minutes.
- Oui, à ce qu’a dit le médecin, ce serait peut-être une résistance aux
anesthésiants. Il s’est mis à marmonner des paroles
incompréhensibles à propos d’un œil, d’ombres, de son père et d’un
certain Lin. Il devait sûrement délirer à cause des médicaments.
- Ça arrive souvent durant les opérations ?
- Ça fait cinq ans que je suis au bloc et j’ai dû participer à des
centaines d’intervention. J’ai vu des gens qui ont une peur
phobique des aiguilles ou des médicaments. Des types tellement
stressés qu’il fallait leur donner des calmants avant même qu’ils
soient sur le billard. Mais un homme qui se réveille en plein milieu
d’une opération malgré la douleur et les médicaments, je n’ai
jamais vu ça.
Des pas résonnent dans le couloir.
- C’est le chef de service, je crois qu’il veut te voir. Je te laisse, il a
24 jamais pu m’encadrer.
Thomas entend l’une des infirmières partir tandis qu’un homme
s’approche bruyamment de l’autre.
Il ferma la porte, mais Thomas pouvait toujours entendre la
conversation.
- « Bonjour, Monsieur Déroche, comment allez-vous aujourd’hui ?
- Ne jouez pas avec moi, Isabelle, je vous avais demandé de faire une
note de service pour la sortie de ce patient et elle n’est pas encore
sur le tableau.
- Nous ne pouvons pas encore le laisser partir, il est couvert de blessure
et on lui a retiré deux balles du thorax. Il n’a pas encore récupéré et
puis, je suis sûre que la police va vouloir l’interroger sur ce qui lui
est arrivé.
- La police se fiche de ce qui lui est arrivé et il ne portera sûrement pas
plainte envers ses agresseurs. Quant à ses blessures, on lui donnera
des bandages pour ses plaies et des antalgiques pour la douleur. S’il
veut bien les prendre évidemment. Il a eu beaucoup de chance. Les
balles ont raté de quelques centimètres le cœur sans toucher aucun
autre organe. Ses jours ne sont pas en danger. Sa convalescence peut
se faire dans le trou à rat où il vit, mais pas ici.
- Mais, on l’a jeté d’une voiture en pleine ville après lui avoir tiré
dessus. Il allait mourir quand on l’a récupéré.
- Il l’a bien cherché. Vous savez dans quels genres d’affaires il trempe.
Toute la ville a peur de lui et de son espèce de gang. S’il était mort
dans cette rue, il aurait rendu un grand service à la société.
- Mais …
- Il n’y a aucune discussion possible. Nous avons d’autre patients, des
personnes honnêtes, qui ont besoin de nous. En le laissant ici nous
mettons en danger la vie de tous ceux qui sont présent dans
l’hôpital. Et si les malfrats qui ont tenté de l’abattre revenaient ? Et
si des innocents était blessés ou tués ? Y avez-vous pensé ?
L'infirmière demeura silencieuse.
- Bon, je sais que vous êtes fatiguée, donc vous allez me faire cette note
et rentrer chez vous. Dès qu’il sera conscient et que ses plaies
arrêteront de saigner, il partira. »
Encore des bruits de pas. Il y eut un long moment de silence et
l’infirmière s’éloigna aussi. Il entendit des pleurs ou peut-être n’était-ce
que dans son imagination.
25
Thomas se leva, il pouvait au moins tenir sur ses pieds. Mais il
avait beaucoup de mal à respirer et son dos le faisait atrocement souffrir.
Il enleva lentement ses bandages, les plaies n’étaient pas belles à voir. Il
remit en place le plus doucement possible, mais ne put réprimer un cri
de douleur. Il jeta un coup d’œil rapide à la pièce, ses affaires avaient
été pliées et mises dans un sac en plastique. Quelqu’un avait
visiblement essayé d’enlever les tâches de sang qui les constellaient.
Des marques de frottement se trouvaient sur son pantalon et il y avait
deux trous sur sa chemise. Il pouvait encore voir les traces de poudre
autour des impacts de balles. On lui avait certainement tiré dessus à
bout portant. Il s’habilla et ferma complètement son blouson pour
cacher son état. Il récupéra d’autres vêtements une fois dehors.
Il s’apprêta à sortir par la fenêtre quand les visages des ombres lui
revinrent en mémoire. Il les voyait encore dans son esprit. Sauf que
dans ses souvenirs, son père était avec eux arborant le même air sinistre.
Pourtant son père souriait toujours. C’était quelqu’un de jovial qui se
préoccupait réellement des autres et s’était démené chaque jour, pendant
plus de 10 ans, pour sa famille. Comme lui, ces gens méritaient que
leur assassin soit puni. Et la population de sa ville méritait de ne plus
avoir peur.
Il sortit un stylo à la hâte et griffonna le nom et les adresses de
certains de ses « collègues », mais surtout de son chef. Eux, n’étaient
que des pions dans un grand échiquier, celui qui tirait vraiment les
ficelles c’était « le patron ». Lui, plus que les autres, méritait de finir en
prison. Il écrivit le numéro d’un enquêteur qu’il connaissait pour être
véritablement honnête, lui ne chercherait pas à étouffer l’affaire et il ne
manquerait pas de trouver des preuves s'il faisait une perquisition dans
leurs locaux. Thomas demanda aussi par écrit à l’infirmière de prévenir
la police dans deux jours pour lui permettre de remettre un peu d’ordre
dans sa vie et d’échapper à ses poursuivants. Il conclut sa lettre en
signant par son prénom pour l’authentifier. Il regarda en arrière pour
vérifier que les infirmières ne revenaient pas et sortit.
Thomas sait ce qu’il a vécu, il en a déjà entendu parler. Ce rêve
qu’il a fait est appelé une expérience de mort imminente. Des centaines
26
de personnes qui ont été sur le point de mourir ou victimes d’un coma
très profond ont déjà confié avoir vu la même chose. D’abord la
lumière, ensuite les ombres et pour finir une entité telle que l’Œil. Pour
les scientifiques, il s’agit d’un délire causé par l’approche de la mort et
les drogues utilisées pour calmer les patients. Pour d’autres il s’agit
d’une vision de l’autre monde, de ce qu’il y a après. Ce type
d’expérience laisse son empreinte sur ceux qui l’on vécu. On ne peut
oublier qu’on a déjà frôlé la mort. Certains changent complètement de
vie tandis que d’autres se contentent de réellement vivre leur vie et de
faire le plus de bien possible autour d’eux. Thomas est sûr qu’il ne
l’oubliera pas. Que ce soit un rêve ou pas importe peu pour lui, il veut
essayer de se racheter. Il ne sait pas encore comment il va s’y prendre,
mais il est sûr d’une chose : il doit quitter la ville au plus vite.
Alors qu’il marche sur le trottoir, un crissement de pneus trouble
ses pensées, ce sont eux. Et ils sont encore plus nombreux que la
dernière fois. Thomas se retourne et leur adresse un signe de la main. Il
est sûr de pouvoir leur échapper, ils n’ont jamais été très malins de
toutes façons.
Fin
Alex Porcher
Dessin de Rémy Goux 27
Les News de Cassin
Vous vous demandez sans doute ce qui se passe au lycée, et bien l'équipe
du journal est là pour vous renseigner tout ce qui est important !
Latin : Du poulet romain...
Après les vacances de la Toussaint chers camarades vous aurez droit à
un repas latin 100 % antique ! (Bientôt!)
La classe de 1ère de l'option latin ouvre un blog sur la culture romaine,
historique et mythologique. Accédez-y par le Facebook du lycée !
Histoire/Géographie Euro : De la reconstitution à la rencontre
Je m'adresse ici surtout aux secondes, car il ne vous est peut-être pas
encore venu à l'esprit de prendre l'option Euro. Mais ce que je vais vous
raconter risque de vous convaincre de passer du côté Anglais de
l'Histoire.
Juste avant ces dernières grandes vacances les élèves de Première S
Euro de Mme Steinhauer ont élaboré, sous les indications de leur
professeur, une campagne électorale fictive en prévision d'un débat
public. Le premier travail fut de nommer un candidat au nom de chacun
des principaux partis anglais, puisque les élections législatives
Britanniques se dérouleraient en mai 2015 (toujours dans l'actualité).
Puis ce fut de construire un tract et de préparer leurs idées pour le débat
menant à l'élection du député de la circonscription René Cassin.
28
Flyers créés par les
élèves de première de l'an dernier
Toute cette préparation avait au départ pour but de travailler
autrement et de découvrir la politique étrangère. Puis cela est devenu
une préparation pour l'oral du bac et voyant la manière dont les élèves
se sont jetés sur le projet, Mme Steinhauer proposa avec les recherches
une compréhension écrite et une épreuve orale. En effet ils n'ont pas
compté leur temps puisque cela leur a pris une quinzaine d'heures,
n'hésitant pas à prendre sur leur temps libre.
Bien sûr s'il n'y avait que ça comment pourrais-je convaincre nos
lecteurs que l'option Euro en vaut vraiment la peine ? Et bien je n'ai pas
besoin d'y réfléchir puisqu'il y a bien plus ! Tout cela débouche cette
année sur un voyage en Angleterre, du 12 au 17 décembre, qui donnera
lieu à la visite du Palais de Westminster où siège le Parlement et à la
rencontre avec cinq députés de différents partis. Alors si vous prenez
cette option, préparez-vous à un travail conséquent, mais bien
récompensé !
Photo du Palais de
Westminster
prise par David Castor via
Wikimedia Commons.
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Jeune homme âgé de 19 ans, Sky a eu une enfance difficile :
abandonné par ses parents, il fut recueilli avec son frère aîné Léon par
deux des dix gardiens qui leur ont enseigné l'art du combat. Le rôle des
gardiens est de maintenir enfermé des démons ayant apporter les
éléments sur Terre mais qui ont été jugés trop dangereux au
développement de la vie.
N'étant pas immortels,les gardiens doivent choisir un disciple qui
obtiendra une formation pour devenir gardien à son tour. Sky et Léon en
font parti.
Quelques années plus tard, Léon poussé par la volonté du pouvoir,
se joint à un groupe de malfaiteurs qui tuent leurs "parents" adoptifs.
Le but de ses personnes est de mettre la main sur les dix pouvoirs
légendaires, chacun gardé précieusement par un gardien dont on dit que
celui qui maîtrisera les dix aura un pouvoir infini.
Sky trop jeune et trop faible, dût fuir ce massacre et erre jusqu'à
arriver chez Julie, une fille qui rêve d'aventures depuis toujours.
Pour ses 20 ans, Julie réalise son rêve et part à l'aventure avec Sky.
Sky va se retrouver face à son destin et va se retrouver nez à nez
avec les assassins de son père adoptif, sur la route il fera connaissance
avec d'autre victimes de ce groupe et ensemble vont devoir tout faire
30 pour les arrêter au risque de devoir tuer son propre frère...
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Équipe rédactionnelle
Rédacteur en chef : M. Claude Roger
(proviseur)
Rédacteurs : Loann Belly, Alfhild
Gay-Audry, Mathilde Hoarau, Léandre
Laboureau, Aymeric Lemée, Alex
Porcher, Maxime Renault et Noé Rossi
Maquettiste : Maxime Renault
Dessinateurs : Rémy Goux, Maxime
Renault
Remerciements : le service de
reprographie, Mme Champely, Mme
Fayoux, Mme Nou, Mme trichard, M.
Henry
de Rémy Goux
Lycée René Cassin de Mâcon
N'oubliez pas de visiter le site internet
du lycée pour voir le journal !
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