Pierre Desproges Chroniques d`une haine ordinaire

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Pierre Desproges Chroniques d`une haine ordinaire
Pierre Desproges
Chroniques d'une haine ordinaire
Mélange subtil d'humeur et d'une désespérance aussi lucide
que distinguée, l'humour de Pierre Desproges s'exprime sur
le fond d'un vagabondage bien éloigné des routes balisées et
des sentiers battus. Et son expression est légère pour
l'amateur qui la préfère de très loin à une "vis comica" basée
sur l'ironie ou la simple plaisanterie bonhomme
En rappelant ces évidences, le signataire n'a aucune
prétention à une nouvelle exégèse de son œuvre, mais
concernant ses Chroniques d'une haine ordinaire qui servent de socle au nouveau spectacle de La
Pépinière Théâtre, il veut d'abord préciser qu'une telle aventure nécessitait d'abord un tri fort
difficile dans les écrits et les citations de cet auteur qui sont de haut niveau et qui forment un
ensemble cohérent. Ensuite, il y faut une mise en scène qui se tienne soigneusement à distance
d'effets accompagnateurs fortement soulignés.
Concernant les choix des textes, les nombreux aficionados de Desproges retrouveront dans ce
spectacle son art unique de savoir tout chroniquer y compris l'indicible, la subtilité de ses
approches et la flamboyance de son style. L'analyste lucide de nos maux y rejoint le sociologue
futé et l'homme de lettres armé de ses coruscants aphorismes. Là, dans le coloré des mots et la
concision des métaphores, gît le talent à l'état pur.
L'auteur brille donc, encore et toujours, au firmament de l'humour contemporain. Y compris
quand ses textes iconoclastes et ciselés passent par l'intermédiaire de deux interprètes féminines
de qualité telles que les comédiennes Christine Murillo et Dominique Valadié.
Elles sont excellentes pour évoquer l'écrivain philosophe et homme de scène tardif qui hissa son
sourire de connivence et son rire débridé au niveau d'un des beaux-arts.
Reste que je me serais contenté du seul piano pour les aider à mettre en valeur les textes de
Pierre Desproges. En effet, ils passent facilement la rampe sans avoir besoin d'autre
d'accompagnement qu'une bonne connaissance de son univers et une parfaite diction. À la façon
de Charlot qui savait nous décrire la méchanceté du monde et son profond mal de vivre, assis sur
un trottoir, avec un parapluie comme unique accessoire.
Par bonheur, dans ce spectacle la haine ordinaire de Monsieur Desproges baigne dans son jus
original et originel. Et, au lieu de surfer sur une actualité toujours réductrice parce qu'éphémère,
ses traits rejoignent l'universel.
Cl. Ch. (16/10/11)