LE DÉcROchAgE - Union des Clubs Professionnels de Football
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LE DÉcROchAgE - Union des Clubs Professionnels de Football
PROFESSION #79 FOOTBALL © JB Autissier/Panoramic L E B U L L E T I N D E L’ U N I O N D E S C L U B S P R O F E S S I O N N E L S D E F O OT B A L L • ja n v i e r 2 0 1 5 • w w w.u c p f. f r ÉDITORIAL PAR JEAN-PIERRE LOUVEL Président de l’UCPF et du Havre Athletic Club Le décrochage D SOMMAIRE Édito de J-P. Louvel DOSSIER Le décrochage ACTUALITÉS p. 1 p. 2 Supporters de l’emploi saison 2 p. 6 Billet de Philippe Diallo p. 7 Naissance d’Unipros p. 8 Un monde de foot : Corinne Diacre p. 8 Football people p. 9 Le mois de naissance des joueurs par Bastien Drut p. 10 Le Stade Lavallois se développe durablement p. 11 Bleuet de France p. 12 epuis l’arrêt Bosman de 1995, les clubs professionnels de football français, plongés dans un espace international ultra-compétitif, subissent un décrochage économique... et par conséquent sportif. L’UCPF s’est attachée à livrer un constat clair, objectif et lucide de cette situation, formalisé dans le document « Le Décrochage » qui a été présenté publiquement le 20 novembre dernier et dont les grandes lignes sont exposées ci-après. Ce décrochage, les clubs le déplorent comme l’ensemble de leurs supporters. Nullement fatalistes, ils sont prêts à relever ce défi. Mais avant de réformer, il convient de partager un constat qui, désormais, ne peut être qu’européen. Quel football la France souhaite-t-elle ? L’UCPF a souhaité poser cette question à l’ensemble des parties-prenantes de la « filière football professionnel » car, au-delà de la question sportive déjà prégnante, 26 000 emplois non-délocalisables sont en jeu, ainsi qu’une part importante du lien social dans les territoires. • Quel football la France souhaite-t-elle ? FOOTBALL Janvier 2015 PROFESSION #79 Le décrochage Quel football pour DE LOURDS HANDICAPS Les charges les plus lourdes d’Europe pour les joueurs comme pour les clubs : CHARGES SOCIALES JOUEURS POUR UN SALAIRE ANNUEL BRUT DE 600 000 € (EN K€) 60 60 54 48 42 36 30 24 18 12 13,5 13 6 5 0 FRA R.U. POR ITA 4 0,9 0 ALL ESP RUS Sources : Eversheds pour UCPF - 2014 CHARGES PATRONALES POUR UN SALAIRE ANNUEL BRUT DE 600 000 € (EN K€) 800 750 186 700 81 650 65 33 26 14 12 ITA POR ESP ALL 600 550 500 450 400 FRA R.U. RUS Sources : Eversheds pour UCPF - 2014 Le poids des charges sociales est nettement plus élevé en France. La Russie reste le pays le plus compétitif pour les joueurs, avec une absence de charges sociales combinée à une fiscalité très avantageuse. Le poids des charges patronales en France est un handicap majeur en matière de compétitivité vis-à-vis des autres pays du panel, où les charges sont soit moins élevées (Italie, Portugal, Royaume-Uni, Russie), soit rapidement plafonnées (Allemagne, Espagne). 2 DOSSIER la France ? À ces handicaps s’ajoute une instabilité fiscale et sociale pénalisante : Taxe à 75 % + suppression du DIC =1 50 millions d’euros de charges supplémentaires imprévisibles en 4 ans (soit 10 % du CA) L’ÉROSION SPORTIVE ÉVOLUTION DE L’INDICE UEFA DE 1995 À 2014 RANG 1995 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 01 Au sommet de l’Europe en 1995, la France décroche suite à l’arrêt Bosman : 02 03 04 05 06 07 08 09 ITALIE FRANCE ALLEMAGNE 10 ESPAGNE 11 12 13 ANGLETERRE PORTUGAL Le classement UEFA revêt une importance capitale : le nombre de places qualificatives pour les compétitions UEFA (Ligue des Champions et en Europa League) – et donc l’accès à de substantielles dotations – découle directement de ce classement. La reconnaissance de la libre circulation des joueurs en 1995 (Arrêt Bosman), des charges sociales françaises plus élevées que tous ses concurrents et l’exode des meilleurs joueurs marquent le début de l’érosion de l’indice UEFA de la France, désormais dépassée par le Portugal et concurrencée par la Russie. RUSSIE Sources : UEFA 3 DOSSIER L’ÉROSION SPORTIVE... LES 22 TITULAIRES DU QUART DE FINALE FRANCE / ALLEMAGNE COUPE DU MONDE DE LA FIFA 2014 ÉQUIPE DE FRANCE CLUB (SAISON 2013-14) MANNSCHAFT CLUB (SAISON 2013-14) HUGO LLORIS MAMADOU SAKHO RAPHAËL VARANE MATHIEU DEBUCHY PATRICE EVRA PAUL POGBA YOHAN CABAYE BLAISE MATUIDI TOTTENHAM HOTSPURS (ANG.) LIVERPOOL FC (ANG.) REAL MADRID (ESP.) NEWCASTLE UNITED (ANG.) MANCHESTER UNITED (ANG.) JUVENTUS TURIN (ITA.) PSG (FRA.) PSG (FRA.) OLYMPIQUE DE MARSEILLE (FRA.) REAL SOCIEDAD (ESP.) REAL MADRID (ESP.) MANUEL NEUER PHILIPP LAHM MATS HUMMELS JÉRÔME BOATENG BENEDIKT HÖWEDES MESUT OZIL TONI KROOS THOMAS MÜLLER SAMI KHEDIRA BASTIAN SCHWEINSTEIGER MIROSLAV KLOSE BAYERN MUNICH (ALL.) BAYERN MUNICH (ALL.) BORUSSIA DORTMUND (ALL.) BAYERN MUNICH (ALL.) SCHALKE 04 (ALL.) ARSENAL (ANG.) BAYERN MUNICH (ALL.) BAYERN MUNICH (ALL.) REAL MADRID (ESP.) BAYERN MUNICH (ALL.) LAZIO ROME (ITA.) MATHIEU VALBUENA ANTOINE GRIEZMANN KARIM BENZEMA ÉVOLUANT EN FRANCE 27 % ÉVOLUANT EN ALLEMAGNE Les meilleurs joueurs français évoluent à l’étranger : Seuls 27 % des joueurs français titulaires lors de ce match évoluaient dans un club français contre 73 % pour l’équipe d’Allemagne. Tout le symbole de l’appauvrissement sportif des clubs français. 73 % Sources : FIFA UNE COMPÉTITIVITÉ ÉCONOMIQUE EN BERNE DROITS AUDIOVISUELS (MOYENNE ANNUELLE SUR LA PÉRIODE DONNÉE EN M€) 2500 2206 Malgré des progrès incontestables… partout des ressources inférieures, et surtout des écarts qui se sont creusés… INTERNATIONAL 2000 DOMESTIQUE 906 1500 974,5 1000 117 709,6 1298 500 La France en quelques années a beaucoup progressé en termes de droits audiovisuels. Elle reste cependant distancée par ses concurrents, qui creusent l’écart notamment pour les droits internationaux. 639,5 177,5 541 32,5 71 857,5 607 532,1 470 0 2013-14 À 2015-16 2012-13 À 2014-15 2012-13 À 2014-15 2012-13 À 2015-16 2013-14 À 2014-15 Sources : TV Sports Market RECETTES “JOUR DE MATCH” DES LIGUES 1 EUROPÉENNES RECETTES SPONSORING DES LIGUES 1 EUROPÉENNES (COMPARAISON 2001-2002 / 2012-2013 ) (COMPARAISON 2001-2002 / 2012-2013) EN M€ EN M€ 700 600 2001-2002 + 40 % 682 500 + 165 % 469 400 300 402 489 +1% 200 100 0 2012-2013 177 180 182 1000 2001-2002 + 67 % 2012-2013 874 800 + 113 % 600 579 524 + 222 % + 45 % 96 200 139 + 55 % 271 157 ? 557 507 400 128 0 Malgré une progression significative, la Ligue 1 reste largement distancée par ses concurrents. 4 198 ? DOSSIER DES FINANCES FRAGILES Mais un football très peu endetté : Un football sous-capitalisé : NIVEAU DES FONDS PROPRES (LIGUES 1) DETTES CUMULÉES DES CLUBS PAR PAYS (LIGUES 1) (2012-2013 EN M€) (2012 EN M€) 2000 3500 2005 3000 1500 3250 3000 2500 2000 1000 1700 1500 1000 639 500 496 235 0 167 ALL ESP RUS ITA FRA 153 0 -99 ANG 691 500 347 ESPAGNE POR ANGLETERRE ITALIE ALLEMAGNE FRANCE Sources : UEFA - DNCG - UCPF Sources : UEFA Depuis 2008/2009 les fonds propres des clubs français baissent au profit des comptes courants d’actionnaires (plus de 200 M€ en 2012/2013). Il convient progressivement d’élargir la surface financière des clubs. Le faible endettement des clubs français est la marque du sérieux de leur gestion mais aussi des limites posées par le système bancaire à leur capacité d’investissement au regard du volume de leurs actifs. L’endettement des clubs européens doit être différencié selon qu’il s’agisse d’un endettement lié à la construction d’infrastructures (stades, centres de formation…) ou bien d’un endettement finançant les transferts et salaires de joueurs ou encore une dette sociale et fiscale. Les revenus ne suffisent pas : Transferts et actionnaires sont le duo indispensable pour équilibrer les comptes : RÉSULTAT D’EXPLOITATION (LIGUES 1) RÉSULTAT NET (LIGUES 1) (2012-2013 EN M€) (2012-2013 EN M€) 300 200 200 260 100 184 176 100 109 36 0 57 0 -54 -17 -34 - 62 -100 -57 -100 -186 -200 -200 -300 -353 -274 -300 ESP ALL ANG RUS ITA POR FRA -400 ESP ALL FRA POR RUS Sources : UEFA - DNCG - UCPF Le résultat d’exploitation est la différence entre les revenus de la compétition hors transferts (droits audiovisuels, billetterie, sponsoring, merchandising…) et les charges de la compétition (principalement les salaires). L’attractivité des 3 grands championnats européens (Angleterre, Allemagne, Espagne) leur permet de générer de forts revenus. La France, quant à elle, dépense plus qu’elle ne gagne ! C’est le prix à payer pour éviter un effondrement sportif. ITA ANG Sources : UEFA - DNCG - UCPF La France tend vers un équilibre financier global. Les produits des mutations (transferts) et l’intervention des actionnaires (abandons de créances) expliquent ce résultat. Cet équilibre est à nuancer dans la mesure où les ventes de joueurs à l’étranger, si elles procurent des ressources immédiates, constituent à terme un affaiblissement sportif qui pèse rapidement sur le développement économique… Consultez le document « Le décrochage » dans son ensemble sur ucpf.fr 5 Supporters de l’emploi : MOBILISATION GAGNANTE DU FOOT PRO ! SUPPORTERS DE L’EMPLOI a pour objectifs de créer de nouveaux réseaux et leviers pour les demandeurs d’emploi en les mettant en relation avec les entreprises partenaires des clubs – dans le cadre motivant et « désacralisé » du stade – et enfin de conseiller des porteurs de projets souhaitant créer leur activité professionnelle : un dispositif gagnant/gagnant. Les clubs SUPPORTERS DE L’EMPLOI organisent avec leurs partenaires à la date de leur choix, un forum d’emploi adapté à leur « personnalité », leur expérience, leurs moyens et, bien sûr, le bassin d’emploi concerné. © Emmanuel Lelaidier SUPPORTERS DE L’EMPLOI est la plate-forme nationale du foot pro en faveur de l’emploi mise en œuvre en septembre 2013 par les clubs, l’UCPF, la LFP et la FDJ, avec la collaboration de Pôle emploi et l’Adie (Association pour le droit à l’initiative économique). 6 BILLET DIRECTEUR GÉNÉRAL DE L’UCPF Poursuivons les reformes urant la saison D 2013-14, cette mobilisation inédite dans le sport français a représenté : 18 forums pour l’emploi ont été organisés par les clubs dans les stades 14 100 visiteurs 900 entreprises mobilisées autour des clubs Une moyenne de 2 entretiens par visiteur Plus de 4 000 offres d’emploi pourvues, toutes qualifications et secteurs d’activités confondus n 2014-2015, avec E le foot pro, soyons tous Supporters de l’Emploi ! Les clubs et leurs partenaires ont été rejoints par le MEDEF dans le cadre de son programme « 1 million d’emplois, c’est possible ! ». Les entreprises membres des MEDEF territoriaux et des Fédérations professionnelles s’associent aux clubs afin de proposer des postes aux publics visiteurs, ainsi que pour identifier les niches d’emplois non pourvus et flécher les formations ou qualifications nécessaires pour les exercer. 25 événements en faveur de l’emploi vont émailler la saison 2014-2015. Le Havre Athletic Club, l’Olympique Lyonnais, l’OGC Nice et le Stade de Reims ont déjà reçu les quatre premières étapes. • E nfin une bonne nouvelle : le Parlement a voté la suppression de la taxe sur les spectacles et son remplacement par une TVA à taux réduit. Il aura fallu plus de 10 ans pour que cette recommandation, présentée dès décembre 2003 dans le rapport de JeanPierre Denis sur « certains aspects du sport professionnel », entre dans les faits. Cette taxation, qui consiste en un prélèvement de 8 à 12 % sur la billetterie au profit des villes où réside un club sportif, était devenue au fil du temps particulièrement discriminante entre disciplines sportives et au sein d’une même discipline entre ceux qui bénéficiaient d’exonération et les autres. Régulièrement dénoncée pour son archaïsme, sa complexité et son injustice par tous les rapports officiels présentés successivement par Philippe Seguin, Eric Besson, David Douillet et encore récemment Jean Glavany, rien ne semblait y faire. Il aura fallu l’intervention de la Commission européenne jugeant le dispositif français en contradiction avec les normes européennes pour que le gouvernement propose aux parlementaires tout à la fois de mettre en conformité notre fiscalité avec les exigences européennes, de réintroduire les clubs professionnels dans le droit commun de la TVA, de préserver le secteur associatif, le tout sans pénaliser les spectateurs grâce à un taux réduit qui pourra être absorbé par les clubs. Même si le chemin de la réforme a été bien long, on doit se féliciter de cette heureuse décision. Il conviendrait maintenant de profiter de cet élan pour aborder un autre train de réformes qui permettraient au sport professionnel de poursuivre sa modernisation sans grever des finances publiques dont chacun sait l’actuelle fragilité. Déjà, le Secrétaire d’État aux sports, Thierry Braillard, a lancé une mission sur le statut du sportif afin notamment de sécuriser le contrat de travail des sportifs. Le Parlement pourrait être saisi dès le premier semestre 2015 de propositions sur ce thème. Concernant les agents sportifs, il pourrait être tout à fait pertinent d’harmoniser le dispositif législatif français avec la nouvelle réglementation de la FIFA qui entrera en vigueur en avril 2015, en définissant l’activité des agents comme une activité de courtage. L’évolution de la structure juridique des clubs entamée dans les années 80 pourrait utilement se poursuivre en prévoyant la délivrance par les fédérations qui le souhaiteraient d’un numéro d’affiliation à la société sportive qui conserverait en l’état l’ensemble de ses obligations vis-àvis de la fédération et son association. Ce serait un signal très fort pour les investisseurs qui demandent une sécurisation de leurs apports. Enfin, depuis 1991, la loi Evin a imposé l’interdiction de la vente, de la distribution et de la publicité pour l’alcool dans les stades. Chacun sait qu’il y a là une forme d’hypocrisie à interdire un verre de bière dans un stade alors qu’un marchand ambulant le vend à quelques mètres du même stade. De même, alors que les radios, la presse écrite ou internet diffusent des publicités pour alcooliers, le sport est le seul à être privé de cette source importante de financement. Quant aux questions de santé et de sécurité publiques, il apparaît que les pays européens qui ont autorisé la vente et la publicité de boissons alcoolisées dans le sport n’ont pas subi une dégradation de leurs résultats sur ces deux fortes politiques. Voilà quelques pistes de réforme qui ne demandent rien au budget de l’État mais qui, si elles étaient mises en œuvre dès 2015, nous feraient grandement avancer. • 7 ACTUS Naissance d’Unipros Union des employeurs des sports collectifs professionnels UNIPROS a vu le jour en septembre 2014, à l’initiative de s Unions de clubs professionnels des cinq sports collectifs majeurs : UCPB (Union des clubs professionnels de BasketBall), UCPF (Football), UCPH (Handball), UCPR (Rugby) et UCPVB (Volley-Ball). © Frédéric Chambert/Panoramic Afin de souligner la responsabilité économique et sociale assumée par les clubs professionnels sportifs, véritables pourvoyeurs d’emplois, il a paru nécessaire qu’une organisation patronale fédératrice puisse promouvoir et porter les principaux sujets de préoccupation des employeurs du sport professionnel français. UNIPROS est ainsi la première et unique organisation patronale représentant exclusivement les employeurs des sports collectifs professionnels sur le territoire national. UNIPROS a pour principaux objectifs la promotion et la défense d’intérêts communs auprès des institutions politiques et spor tives et le par tage de bonnes pratiques : – S é c u r i s e r l a p r ati q u e d u s p o r t professionnel. – Reconnaître, protéger et encourager la formation sportive. – Prendre en compte la spécificité du statut de « joueur professionnel ». – Créer les conditions de l’excellence des clubs professionnels spor tifs français. UNIPROS est administré par un Bureau et une Assemblée générale. Son président est M. Jean-Pierre Louvel (UCPF). • 183 clubs professionnels employeurs 10 000 emplois directs Près de 150 stades et arenas 5 grands championnats = plus de 2000 rencontres sportives chaque année/des matchs chaque jour de la semaine 15 millions de spectateurs Un monde de foot avec... Corinne Diacre Entraîneure du Clermont Foot 63 10 questions à madame Diacre : Le plus grand joueur de tous les temps selon vous ? Pelé. La plus belle équipe de tous les temps ? L’AS Saint-Étienne des années 70. Le stade de vos rêves ? Geoffroy-Guichard. Quel type de supportrice êtes-vous ? Je suis davantage supportrice du beau jeu que d’une équipe en particulier. Votre plus belle émotion footballistique ? La qualification pour la Coupe du Monde 2003 avec l’équipe de France féminine. C’était la première, ça marque. 8 UNIPROS en chiffres Votre pire souvenir footballistique ? L’échec à l’Euro 97. C’était notre premier Euro. On avait largement les moyens de faire mieux. Votre compétition de football favorite ? La Coupe du Monde. Sur le plan mondial, c’est ce qu’il y a de plus grand et ce qui rassemble le plus grand nombre de supporters. Votre club de cœur ? ASJ Soyaux [NDLR : Corinne Diacre y a été joueuse de 1988 à 2007 et entraîneur de 2007 à 2013. C’est le plus ancien club de France évoluant en D1 féminine]. La meilleure sélection nationale actuellement ? L’Allemagne, équipes masculine et féminine confondues. Il y a de l’engagement, ça joue, ils sont toujours là même quand on ne les attend pas. Quel mot du vocabulaire du football appréciez-vous le plus ? Une expression plus qu’un mot : « Tu sais que tu as écarté le jeu quand tu as de la peinture sur tes crampons ». • © Frédéric Chambert/Panoramic L’OM et son partenaire principal Intersport ont affiché, sur le maillot de l’équipe, le logo en « lacet multicolore » symbolisant la solidarité, la tolérance, la diversité. Football people : soyons fiers de nos différences ! D u 17 au 20 octobre 2014, une même devise a résonné dans tous les stades de France : « Fiers de nos différences ! ». Dans le cadre de la semaine « FARE – Football People » (Football Against Racism in Europe) encouragée par l’UEFA, les joueurs professionnels ont porté des lacets multicolores, durant les rencontres comptant pour la 10 e journée de Ligue 1 et la 11e journée de Ligue 2, afin de symboliser cette richesse qu’est la diversité. Cette campagne est à l’initiative d’un club de football loisirs atypique, les Panamboyz United, club parisien où chacun respecte la personnalité, l’orientation sexuelle, la couleur de peau ou la religion de son coéquipier. Les Panamboyz United jouent eux-mêmes avec des lacets multicolores depuis plusieurs mois, c’est le club de toutes les différences. En dehors du terrain, l’événement a été animé de manière originale par le FondaCtion du Football, qui a lancé une plate-forme de financement participatif avec un principe simple : permettre au grand public d’acheter des lacets multicolores (ainsi que d’autres lots originaux). Le financement recueilli est dévolu aux clubs amateurs développant des actions sociales et citoyennes en faveur de la diversité et de l’égalité des chances. www.fondactiondufootball.com Sur un terrain de foot, comme dans la société, la diversité fait notre richesse, alors n’ayons pas peur de la célébrer. • 9 ACTUS Mieux vaut être né en janvier devenir footballeur profe L a Coupe du monde 2014 est déjà loin derrière nous. Un très grand nombre de statistiques ont été calculées sur les 736 joueurs qui y ont participé (âge moyen, taille, valeur de marché, etc.), ceux-ci ayant été mesurés sous toutes les coutures. Focalisons-nous sur une statistique qui est passée inaperçue dans les médias : le mois de naissance des joueurs. Par Bastien Drut Économiste, auteur de l’ouvrage « Économie du Football Professionnel ». Classons les 736 joueurs de la Coupe du monde 2014 par mois de naissance : 219 sont nés en janvier, février ou mars ; 190 sont nés en avril, mai ou juin ; 175 sont nés en juillet, août ou septembre ; Au sein d’une même catégorie d’âge, les disparités en termes de « développement physique » peuvent être très importantes 152 sont nés en octobre, novembre ou décembre. Parmi les joueurs de la Coupe du Monde de football 2014, ceux nés en début d’année étaient clairement surreprésentés alors que ceux nés en fin d’année étaient nettement sous-représentés. Simple coïncidence ? Non. Richard Duhautois et moi-même avons mis en évidence dans notre livre « 20 questions improbables sur le foot »2 que le même phénomène était observé dans le championnat de Ligue 1, avec une forte surreprésentation des joueurs nés au premier trimestre (janvier/février/mars) et une sous-représentation des joueurs nés au dernier trimestre (octobre/novembre/ décembre). La raison de l’« avantage » des footballeurs nés en début d’année porte le nom d’« effet d’âge relatif » (relative age effect). La principale explication des effets d’âge relatif dans le sport pour les jeunes joueurs tient à l’existence des dates de naissance bornant chaque catégorie d’âge. En France et dans de nombreux pays, les enfants sont classés du 1er janvier au 31 décembre dans les écoles de football ; et ceux nés en janvier ont quasiment un an de plus que ceux nés en décembre. Au sein d’une même catégorie d’âge, les disparités en termes de « développement physique » Répartition des joueurs participants au Mondial selon leur mois de naissance Joueurs Coupe Monde 2014 Équirépartition 250 B. DRUT 200 150 100 50 0 Jan./Fév./Mars 10 Avr./Mai/Juin Jui./Août/Sept. Oct./Nov/Déc. ACTUS pour essionnel 1 peuvent en effet être très importantes, et puisque la vitesse, la taille et la coordination corporelle sont corrélées avec l’âge, les enfants nés peu après la date de début de la catégorie – en moyenne plus grands et plus forts physiquement – obtiennent de meilleures performances que ceux nés peu avant la date de fin de la catégorie. Dès lors, indépendamment des qualités physiques et techniques intrinsèques, les footballeurs les plus âgés de leur catégorie ont une probabilité plus élevée que les joueurs les plus jeunes d’être identifiés comme étant talentueux par des recruteurs, et donc de devenir des sportifs professionnels. Les joueurs les plus jeunes, eux, sont souvent susceptibles de se démotiver. Les effets d’âge relatif ne sont évidemment pas cantonnés au football, ni même au monde du sport. Les premiers à avoir documenté les effets d’âge relatif dans le monde du sport sont des chercheurs canadiens, qui ont analysé les dates de naissance des joueurs de hockey sur glace professionnel. De nombreuses études postérieures, menées sur un grand nombre de sports collectifs différents, sont parvenues à des résultats similaires. On ne peut dès lors s’empêcher de penser qu’une détection trop centrée sur des critères physiques chez les jeunes joueurs occasionne certains gâchis, car il n’y a aucune raison que les joueurs nés en début d’année aient de meilleures prédispositions pour le football que les joueurs nés en fin d’année. • Le Stade Lavallois, acteur responsable de la vie locale En septembre 2014, avec le soutien de plusieurs partenaires majeurs, dont le Conseil général de la Mayenne, le Stade Lavallois, acteur de la vie locale, a décidé d’inscrire progressivement ses actions dans les principes du développement durable. C hristian Duraincie, président du club, a présenté la première illustration publique de ce projet : les prestations traiteurs servies aux partenaires du club et à leurs invités à l’occasion des matchs à domicile. Cette action répond à plusieurs objectifs, dont certains ont déjà été testés ou mis en œuvre : Enjeu environnemental : réduire l’impact global des prestations sur l’environnement en utilisant des produits réutilisables ou recyclables (verrines, gobelets), en améliorant le tri sélectif des déchets. Enjeu économique : adopter une logique de circuits courts dans les achats alimentaires, comme avec le « Bœuf Fermier du Maine » ou les Rillettes Gorronnaises et ainsi contribuer au développement économique local. Enjeu social : contribuer à l’économie solidaire et participer à des actions d’insertion. Un partenariat est en cours avec la légumerie d’une entreprise d’insertion. 1). Les propos exprimés ici n’engagent que l’auteur et ne sont pas attribuables à l’UCPF. 2). 20 questions improbables sur le foot, de Bastien Drut et Richard Duhautbois. Éditions de boeck, mars 2014. Enjeu de communication : contribuer à la notoriété du territoire et à la promotion des producteurs locaux avec des actions permanentes ou événementielles. Par cette démarche, le club souhaite associer toutes les compétences économiques locales qui pourraient, de près ou de loin, contribuer à cette réflexion. • 11 ACTUS La Ligue 1 et la Ligue 2 l’occasion du 11 novembre 1934, il est décidé de vendre ces fleurs du souvenir sur la voie publique à Paris. Ce 11 novembre 2014, le Bleuet a ainsi célébré les 80 ans de sa première collecte de dons. Aujourd’hui, le Bleuet de France, géré par l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ONACVG), agit également sur de nouveaux fronts en venant en aide aux soldats blessés et à leurs familles, aux veuves, aux orphelins et aux victimes d’attentats. • UCPF : 88, avenue Kléber 75116 Paris – Tél. : 01 55 73 32 32 – Fax : 01 55 73 32 33 – [email protected] Directeur de la publication : Jean-Pierre Louvel – Rédacteur en chef : Philippe Diallo Rédaction : Marie-Laure Houari, Matthieu Berdah et Bruno Belgodère – N° ISSN : 1168 – 8157 advitam.org français a porté le Bleuet de France. Cette fleur est aujourd’hui fabriquée par des Établissements du secteur du travail adapté et protégé (STPA). Créés également après la Première Guerre mondiale, ces établissements accueillaient des « gueules cassés », c’est donc tout naturellement qu’ils produisent aujourd’hui la fleur du Bleuet. L’histoire du Bleuet de France débute à Paris, à l’Institution Nationale des Invalides. En 1925, un atelier est créé pour donner aux pensionnaires le soin de confectionner des fleurs de Bleuet en tissu. L’initiative se développe et, à Maquette du magazine : agence de communication À l’occasion du 96e anniversaire de l’Armistice et du centenaire du déclenchement de la Première Guerre Mondiale, les clubs professionnels de football, l’UCPF et la LFP se sont associés aux commémorations en rendant hommage aux anciens combattants et victimes de guerre. Le Bleuet de France a été arboré sur l’ensemble des terrains lors de la 13e journée de Ligue 1 et de la 14e journée de Ligue 2, du 7 au 10 novembre. Du flocage sur le maillot des joueurs au port de la fleur à la boutonnière par les staffs techniques et dirigeants, l’ensemble du football 01 53 17 30 40 soutiennent le Bleuet de France