Relecture du concept d`espace public à l`heure de l`Internet

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Relecture du concept d`espace public à l`heure de l`Internet
Relecture du concept d’espace public
à l’heure de l’Internet
Éric George
École normale supérieure (Lyon)
& Université du Québec à Montréal
En publiant en 1962 son ouvrage L’espace public. Archéologie de la publicité comme dimension constitutive de la société bourgeoise, Jürgen Habermas a posé un geste fondateur
qui a fourni l’occasion à bien des chercheurs et des chercheuses de réfléchir sur
l’une des principales facettes du monde social. Depuis, ce concept a été abordé sous
plusieurs angles tels que le déplacement des frontières entre espaces public et privé,
la place de la sociabilité dans la participation à l’espace public, l’influence du processus de marchandisation dans la constitution de cet espace, l’existence d’une pluralité d’espaces publics aux caractéristiques diversifiées (cf. entre autres Calhoun et al.,
1992, Pailliart et al., 1995). Or, à chaque fois qu’un nouveau moyen de communication a émergé, celui-ci a donné lieu à une multiplication de discours le plus souvent optimistes, plus rarement pessimistes, mais dans tous les cas déterministes 1
consacrés, entre autres, à la nature du nouvel espace public créé. Par la suite, ces
propos ont été relativisés par la réalisation d’enquêtes de terrain et d’approfondissements théoriques visant à montrer l’étroite imbrication entre les dimensions culturelle, économique, politique, sociale et technique. Dans un article intitulé « Le lieu
“virtuel” des sciences de la communication », Gaëtan Tremblay s’est d’ailleurs
demandé si mettre l’accent sur l’importance des techniques dans le cas des études en
communication ne contribue pas très souvent à adopter une démarche déterministe
(1998, p. 179).
Ces propos dithyrambiques ont été particulièrement nombreux depuis quelques
années avec le développement du réseau Internet. Celui-ci est présenté comme un
moyen de rapprocher gouvernants et gouvernés dans le cadre d’une conception de la
démocratie axée sur les principes de représentation et de délégation ou comme un
moyen de favoriser une plus grande implication des citoyens et des citoyennes dans
la vie de la Cité si l’accent est mis sur la participation de tous et de toutes 2. Les
propos de Nicholas Negroponte (1995) 3 ou de Pierre Lévy (1997a, 1997b) illustrent cette position. Dans un rapport remis au Conseil de l’Europe en 1997, Pierre
Lévy a écrit que « la véritable démocratie électronique consiste à encourager autant que
possible – grâce aux possibilités de communication interactive et collective offertes par le
Érik Neveu note l’importance de ne pas remplacer les discours qui contribuent à mythifier la place de la
communication et de ses techniques dans nos sociétés par la production de discours critiques qui
« souvent par défaut d’observation attentive et respectueuse des pratiques, glissent vers la production de
contre-mythologies, elles aussi réductrices » (1994, p. 72).
2 Sur la question des liens entre les techniques de l’information et de la communication (TIC ) et la démocratie, deux lectures nous semblent particulièrement intéressantes. Il s’agit de l’introduction au séminaire « La démocratie électronique. Visions, pratiques, significations » par Thierry Vedel dans le cadre
des activités du Centre d’étude de la vie politique française (CEVIPOF ) tenues à Paris en 1998 et d’un
article de Pierre Chambat intitulé « La démocratie assistée par ordinateur » (2000).
3 Sa production discursive comprend aussi ses chroniques parues dans Wired, une revue que l’on peut
considérer comme symbolisant le mieux l’alliance entre l’utopie technique et la dynamique capitaliste.
1
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cyberespace – l’expression et l’élaboration des problèmes de la cité par les citoyens eux-mêmes,
l’auto-organisation des communautés locales, la participation aux délibérations des groupes
directement concernés par les décisions, la mise en transparence des politiques publiques et son
évaluation par les citoyens » (1997a, p. 225). Il a estimé par ailleurs que « le cyberespace
peut apparaître comme une sorte de matérialisation technique des idéaux modernes. En
particulier, l’évolution contemporaine de l’informatique constitue une étonnante réalisation
de l’objectif marxien d’appropriation des moyens de production par les producteurs euxmêmes » (1997b, p. 122).
Or, ces propos nous ayant paru pour le moins « problématisables », nous nous
sommes intéressé au cours de notre doctorat 1 à l’analyse des caractéristiques de
l’espace public créé par les utilisations de l’Internet. Dans cet article, nous proposons d’aborder une partie de nos conclusions. Nous verrons que si l’Internet remet
en cause la séparation entre offre et demande, entre production et consommation, il
n’en demeure pas moins de considérables inégalités entre les différents types
d’usages observés, et ce tant au niveau des organisations étudiées que des individus.
L’accès à l’espace public s’en trouve donc modifié mais on ne peut pas conclure pour
autant automatiquement à une démocratisation du « droit à communiquer ». Certes,
l’analyse démontre que l’Internet constitue un espace d’expression relativement
ouvert mais nous avons également constaté le développement de très fortes inégalités en termes d’usages. Comme le dit Bernard Miège, le phénomène d’inclusion est
lié à un autre phénomène, celui de la différenciation (1995). Nous conclurons
d’ailleurs notre propos en rappelant l’idée selon laquelle il importe de distinguer ce
qui relève des potentialités d’un support de sens et des utilisations effectives.
Autrement dit, il convient de traiter séparément ce qui peut représenter un idéal, une
norme en termes communicationnels et les faits observables.
Des utilisations diversifiées à l’échelle des organisations
Traditionnellement, les réflexions effectuées au sein de l’approche critique ont mis
l’accent sur les inégalités d’accès à l’espace public, notamment médiatique 2. Les
propos tenus par Michel Sénécal sur le développement de la presse écrite sont exemplaires à cet égard : « ce qui a été à la base de la démocratisation de la société s’est finalement révélé, par une surdétermination de son caractère économique, un outil d’emprise
plutôt que d’émancipation » (1995, p. 33). Or, le réseau Internet constitue le premier
système de communication susceptible de se déployer largement qui ne « distingue
pas, dans son principe (et seulement dans son principe), l’émetteur et le récepteur » selon JeanCette thèse intitulée L’utilisation de l’Internet comme mode de participation à l’espace public dans le cadre
de l’A MI et au sein d’A TTAC : Vers un renouveau de la démocratie à l’ère de l’omnimarchandisation du
monde ? a été effectuée en co-tutelle à l’École normale supérieure de Lyon (ex-Fontenay-Saint-Cloud)
(dir. : Jean Mouchon) et à l’Université du Québec à Montréal (dir. : Gaëtan Tremblay). Nous avons
travaillé sur les usages de l’Internet au sein d’organismes publics et parapublics, ainsi que de groupes
constitutifs de ce que l’on appelle souvent la « société civile », à partir du dossier de l’Accord multilatéral sur l’investissement (AMI) discuté entre 1995 et 1998 à l’Organisation de la coopération et du
développement économiques (OCDE ). C’est la première fois que l’utilisation de l’Internet par des organisations militantes a été évoquée à l’échelle mondiale pour expliquer une mobilisation sociale.
2 Anne-Marie Gingras note que si l’espace public n’a jamais été réduit aux médias, ces derniers l’ont
quand même largement défini : « du moins les médias constituent-ils le lieu privilégié incarnant l’espace
public » (1995, p. 16). Ce choix apparaît d’autant plus dominant que notre société est caractérisée par
une augmentation des pratiques de communication médiatisée par les dispositifs techniques, qu’il
s’agisse du téléphone, de la radio, de la télévision, et plus récemment de l’ordinateur.
1
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Louis Weissberg (1998, p. 239). Il apparaît logique que les acteurs sociaux voient
dans celui-ci une opportunité de s’adresser au public sans passer par les médias
traditionnels. Toutefois, d’après ce que nous avons constaté, ce nouveau support a
été le plus souvent intégré dans les politiques de communication traditionnelles des
organismes étudiés sans modifier quoi que ce soit du processus de production de
l’information.
L’étude des contenus – entendus comme étant surtout des textes et des hyperliens –
a montré que les discours présents sur la Toile au sujet de l’Accord multilatéral sur
l’investissement (AMI) correspondaient à grands traits aux logiques de la communication telles qu’elles ont été définies par Yves de la Haye (1982, 1984). Ainsi, a-t-on
pu interpréter l’absence totale des entreprises de la Toile à ce sujet comme relevant
de la recherche de l’apolitisme. Il est vrai que dans le cadre des discussions sur
l’AMI, puis sur d’autres dossiers de ce genre, les entreprises, à commencer par les
transnationales, ont bien d’autres moyens de faire entendre leurs voix, généralement
de façon plus discrète. En ce qui concerne les constituantes de l’État, nous avons pu
voir à l’occasion de l’analyse des sites des Ministères de l’économie et des finances
de la France et des Affaires étrangères et du commerce international du Canada que
l’accent avait été mis sur la recherche du consensus entre les différentes composantes
de la société ; idem du côté de l’Organisation de la coopération et du développement
économiques (OCDE). Enfin, les groupes constitutifs de la société civile, qu’il
s’agisse des syndicats tels le Congrès du travail du Canada (CTC) ou la Société
française des auteurs compositeurs dramatiques (SACD), de regroupements comme
l’Association pour une taxation des transactions financières pour l’aide aux citoyens
(ATTAC) ou l’opération SalAMI, ont utilisé la Toile pour informer et mobiliser,
ainsi que pour mettre l’accent sur la diversité des positions des différents acteurs
sociaux sur l’AMI.
En complément, nous avons également constaté que les potentialités de la Toile en
tant que forme d’expression spécifique ont été peu mobilisées : les faibles choix en
matière d’interactivité, l’absence de contenu adressé à des populations plus vastes
que les audiences habituelles, le manque de rapidité pour la mise en ligne de l’information et l’absence de la pratique systématique de l’archivage en témoignent. Le
« réseau des réseaux » constitue pourtant le premier moyen de communication qui
propose à partir de la même plate-forme, voire des mêmes logiciels, un ensemble de
fonctionnalités aussi variées que la transmission d’informations organisées sous
forme éditoriale sans qu’il n’y ait une réelle menace de pénurie en matière de
support, les pratiques communicationnelles synchrones et asynchrones, deux à deux
ou en grand nombre, des possibilités d’effectuer des transactions éventuellement en
recevant les produits commandés par ce biais s’ils sont numérisés. Faut-il dès lors
interpréter nos constatations antérieures comme la preuve d’un « retard » de la part
de la majorité des organismes étudiés quant à leur utilisation de l’Internet en tant
qu’espace public ? Rien n’est moins sûr. Notre analyse nous amène plutôt à penser
que certains choix sont, au moins en partie, tout à fait volontaires. L’argument du
« retard » relève d’une approche qui fait fi de la façon dont les organisations
s’approprient l’Internet, cette manière dépendant non seulement de critères d’ordre
technique mais aussi de facteurs sociaux tels que leurs objectifs, leurs « façons de
faire » et leurs modes d’organisation.
Parmi les organismes soumis à l’étude, on peut expliquer pourquoi c’est au sein et
autour d’ATTAC que les services de l’Internet ont été le plus mobilisés, à la fois en
termes quantitatifs avec une utilisation de plus en plus systématique et en termes
qualitatifs avec des usages de plus en plus diversifiés. L’objectif même de l’association, à savoir produire un discours alternatif – une « contre-expertise » pour
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reprendre la terminologie en vigueur au sein de celle-ci – trouve avec la Toile une
« porte d’entrée » dans l’espace public entendu ici comme un principe constitutif
d’une action politique que l’on reconnaît comme étant démocratique. D’autre part,
dans le cadre d’une association où est mise en avant l’idée selon laquelle la démocratie participative constitue un idéal où l’accent doit être mis sur l’effet éducatif de la
participation, la production même du discours doit être le fait de l’ensemble des
composantes, tant en France qu’à l’étranger, aussi bien au sein du conseil scientifique que dans les comités locaux. On comprend mieux dès lors que parmi les
« façons de faire », les services de l’Internet soient employés de façon à assurer une
communication plus horizontale. En termes organisationnels, le développement
rapide des usages de l’Internet au sein de l’association est d’autant plus important
qu’ATTAC est née en 1998, c’est-à-dire à une époque où les discours sur la
« société de l’information » se multipliaient 1 et où l’Internet avait déjà commencé à
pénétrer les sphères professionnelle et domestique en France 2. Pour terminer,
l’usage du « réseau des réseaux » s’explique également par des raisons d’ordre économique, dans la mesure où l’association ne dispose pas des moyens financiers
nécessaires pour fonctionner avec des structures traditionnelles plus « lourdes » 3.
Cela dit, le développement d’usages intensifs et diversifiés des services de l’Internet
peut avoir des conséquences importantes, voire inattendues, notamment quant à la
façon dont les composantes de l’organisation participent à l’espace public, le processus même de production de l’information changeant en effet partiellement. Dans le
cas d’ATTAC, cette appropriation a eu une influence, non seulement en termes de
moyens mobilisés mais aussi sur le plan organisationnel, voire dans une certaine
mesure, sur les objectifs de l’association. C’est ainsi que la pratique de la traduction
de documents a été initiée sur la liste de discussion francophone ATTAC-talk avant
même qu’il soit question de la création d’un site multilingue ou d’associations dans
d’autres pays. Ce sont les usages de l’Internet qui ont structuré la façon dont ce type
d’activités a pris place au sein de l’association. En revanche, d’autres activités, par
exemple celles du conseil scientifique, se sont développées de façon plus traditionnelle sans qu’il ne soit fait appel à l’Internet, du moins au départ.
Des inégalités dans l’accès des personnes à l’espace public
Étudier les techniques de l’information et de la communication (TIC) en tant
qu’espace public impose aussi de s’intéresser à la façon dont les individus en tant
que tels emploient les dispositifs. Traditionnellement, deux phases sont distinguées
pour rendre compte de la formation des usages des TIC, celle de l’innovation et
celle de l’appropriation. C’est ainsi que les chercheurs et les chercheuses qui
s’inscrivent au sein de l’approche de l’innovation, notamment au sein de l’école de la
traduction, reconnaissent que l’objet technique n’est plus intéressant lorsque ses
Cf. par exemple le discours emblématique du premier ministre français, Lionel Jospin, lors de
l’Université d’été de la communication à Hourtin le 25 août 1997.
2 Le nombre d’abonnements individuels (particuliers et professionnels) souscrits auprès des membres de
l’Association française des fournisseurs d’accès et de services Internet (AFA) a dépassé le million à la fin
de 1998. L’ AFA affirmait alors représenter 87 % des internautes en France. Des informations
supplémentaires (et actualisées) sont disponibles sur le site : http://www.afa-france.com
3 En 2000, A TTAC -France employait 5 personnes à temps complet alors qu’elle comptait environ
28 000 adhérents et adhérentes.
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caractéristiques techniques sont stabilisées. À l’inverse, dans le cadre de l’approche
de l’appropriation, l’objet n’intéresse le chercheur ou la chercheuse qu’à partir du
moment où il commence à être apprivoisé, détourné ou rejeté ; les comportements
des utilisateurs et utilisatrices devenant particulièrement intéressants lorsqu’ils
représentent une certaine récurrence.
Mais au sujet de l’Internet, cette coupure ne devient-elle pas un peu artificielle ?
Celle-ci est en effet remise partiellement en cause, notamment dans les cas où l’on
constate qu’une partie des utilisatrices et des utilisateurs participent également à la
conception des moyens de communication mobilisés pour participer à l’espace
public. Aujourd’hui 1, des développements tels que celui du logiciel libre Linux
(Terminal, 2000) ou de l’Internet Relay Chat (IRC) (Latzko-Toth, 2000) nous fournissent des exemples qui remettent en cause la séparation nette entre conception et
utilisation, entre phases de l’innovation et de l’appropriation. Nous avons nousmême constaté dans notre thèse que la situation peut être fort complexe dans la
mesure où il demeure plusieurs choix techniques, par exemple en termes de types
d’applications logicielles ou de configurations de ces logiciels. Pour témoigner de
cette caractéristique de l’Internet en tant que système technique, on utilise parfois le
terme de « plasticité ». Toutefois, nous avons également remarqué que ces choix qui
contribuent, par exemple, à influencer la dynamique des échanges sur une liste de
discussion publique ne sont discutés que par une petite minorité des abonné-e-s 2.
Pour la plupart d’entre eux, il semble bien que la technique constitue une donnée
incontournable avec laquelle il faut compter. Nous sommes bien là dans le registre
de l’appropriation, plus dans celui de l’innovation.
En ce qui concerne les utilisations de l’Internet à des fins de participation à l’espace
public, toutes les situations peuvent dorénavant exister sur un continuum des
possibles. Il est d’ailleurs révélateur de constater qu’il est question d’usages à la fois
lorsqu’une entreprise créé un site et lorsqu’une personne navigue dessus. Toutefois,
cette remise en cause partielle des frontières ne signifie pas que l’Internet permette à
tous les internautes de devenir producteurs d’informations. La mise en avant de ce
concept de continuum ne doit pas faire oublier qu’il demeure de considérables
inégalités entre individus, les postures étant très diversifiées, variant d’une activité
considérable (avec création de site personnel, collaboration à un site collectif,
élaboration d’une lettre d’information diffusée par listserv, pratique régulière du
courrier électronique et des échanges en groupe grâce aux listes et forums de discussion, aux chats, etc.) à un rôle plus passif (« simples » navigation sur la Toile ou
lecture de courriels, de listes de discussion).
En conséquence, si l’Internet demeure en effet un moyen de communication qui
impose de faibles barrières à l’entrée, du fait de besoins relativement modestes en
capital 3 – du moins en comparaison avec la presse écrite, la radio et la télévision –
C’était traditionnellement le cas de l’Internet, les caractéristiques techniques essentielles de ce système
ayant été mises au point par des conceptrices et des concepteurs qui étaient également des utilisatrices
et des utilisateurs, qui plus est, employaient le « Net » en tant que moyen de communication pour améliorer justement le fonctionnement de celui-ci. Le « réseau des réseaux » était donc à la fois leur objet et
leur moyen de travail. Les Requests for Comments (RFC) témoignent du processus de coopération entre
chercheurs-ses.
2 Nous l’avons remarqué à l’occasion de plusieurs débats portant sur le mode de réception des messages,
sur le support des échanges, sur l’intégration de repères dans les titres et sur les contenus des en-têtes et
des pieds de page des messages, etc.
3 Les besoins en capital concernent ici les matériels et les logiciels. La convergence de l’Internet avec des
médias traditionnellement « coûteux », comme le cinéma et la télévision, la cristallisation des projets en
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cela ne veut pas dire pour autant qu’il y a obligatoirement un accès plus égal à
l’espace public pour la plupart des citoyens et des citoyennes, et ce pour plusieurs
raisons. Cet accès demande tout d’abord un minimum d’acculturation informatique.
Or, nous avons pu constater combien les inégalités en la matière sont considérables.
Par ailleurs, pour que l’abondante information disponible sur le « réseau des
réseaux » se transforme en connaissances ayant du sens, il est nécessaire de disposer
des grilles d’interprétation que l’on ne peut acquérir à notre avis que dans le cadre
d’une éducation, d’une véritable paideia, contribuant à faire de chaque personne un
être autonome, pour reprendre les termes de Cornelius Castoriadis (1996). Ainsi,
dans le cas de notre corpus, il est apparu très vite évident qu’un minimum de
« clés » en économie et en politique était obligatoire pour que les internautes
participent vraiment à des débats de fond. La frontière entre les soi-disant titulaires
du savoir et les autres tend à s’estomper, mais elle n’est pas effacée complètement
pour autant.
À propos de cette question mais aussi à propos de beaucoup d’autres, le rôle de
l’Internet est aussi important que secondaire. Il est important parce qu’il donne en
effet la possibilité de révéler des capacités de la part de personnes qui n’auraient pas
forcément bénéficié d’un espace public pour s’exprimer. C’est le cas par exemple
lorsqu’un abonné ou une abonnée de la liste de discussion francophone d’ATTAC a
été invité-e à participer aux travaux du conseil scientifique. Il est secondaire parce
qu’il n’est rien sans la volonté des uns de s’ouvrir et sans la volonté des autres de
s’investir. Enfin, nous avons remarqué que la question du temps était souvent
abordée par les internautes pour expliquer leur refus de s’engager plus dans le militantisme, usage de l’Internet y compris. Le temps constitue en effet un autre facteur
très discriminant dans l’accès à l’espace public. Comme l’écrit Jean-Pierre Durand,
« l’appropriation des savoirs n’est pas seulement une question de volonté ou de disposition ;
c’est aussi une question de temps, lequel est un bien rare, donc distribué selon les mêmes règles
que les autres biens rares, avec les mêmes disparités » 1 (1997, p. 157).
L’Internet en tant qu’espace public : des normes et des faits
Enfin, nous conclurons notre propos en mettant l’accent sur une question qui traverse largement l’histoire des travaux consacrés aux TIC et à l’espace public, sans
toutefois être forcément exprimée. Il s’agit du débat entre faits et normes. JosephYvon Theriault rappelle que, traditionnellement, les chercheurs et chercheuses
consacrant leurs travaux à la société se sont intéressés au sujet social en tant qu’être
largement déterminé, leur but consistant avant tout à mettre en perspective la
relativité des expériences historiques et à discuter l’universalité de la condition
humaine. À l’opposé, les chercheurs et chercheuses consacrant leurs travaux à la
citoyenneté ont mis de l’avant la figure d’un être libre, celui du citoyen, de la
citoyenne et ont donc renvoyé à une conception normative. Mais alors que l’on
pourrait croire qu’il y a là une opposition stérile, Joseph-Yvon Thériault pense que
matière d’autoroutes de l’information autour de l’Internet, amènent à rester prudent sur cette
question. Rien ne prédit que cette tendance va se poursuivre. Le développement de sites intégrant
beaucoup plus largement le son et l’image invite aussi à la prudence.
1 « Les chômeurs — ou tout au moins ceux qui, désespérés, ne cherchent plus d’emploi — disposent d’un
peu plus de temps que la moyenne de la population, mais leur disposition d’esprit est aux antipodes de
celle requise pour réfléchir » (Durand, 1997, p. 157).
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c’est au contraire dans cette tension entre les deux facettes du déploiement du sujet
moderne – l’être déterminé et l’être libre – que sociologie et citoyenneté se
rejoignent. Dans un article au titre révélateur « La citoyenneté : entre normativité et
factualité », il a proposé de penser à la fois les normes, les valeurs inscrites au cœur
de la modernité et la réalité quotidienne.
Jürgen Habermas avait lui-même appliqué cette démarche dès les années soixante en
écrivant que l’espace public né avec la démocratie dans la Grèce antique avait été
préservé à travers les siècles non pas comme une « formation sociale » mais comme un
« modèle idéologique […] qui possède sa propre continuité, préservée à travers les siècles,
précisément sur le plan de l’histoire des idées » (1978, p. 16). On est bien ici dans le
registre de l’établissement de normes, d’une norme idéale en l’occurrence liée à une
conception idéologique 1 de la société, de la démocratie que Jürgen Habermas qualifiera par la suite de délibérative lorsqu’il reviendra sur « l’espace public trente ans
après » (1992, [1990]). Jürgen Habermas nous propose une lecture de l’espace
public avant tout comme relevant d’échanges discursifs entre égaux fondés sur la
raison. Une fois cette position normative adoptée, et une fois « descendu » sur le
terrain, comment pourrait-il faire autrement que constater un certain fossé, voire un
fossé certain entre son idéal et ce qu’il observe ? Étude – indirecte parce que basée
sur une littérature de seconde main – des périodes révolutionnaires et travail normatif d’élaboration du concept ont donc été de pair. On retrouve bien ici les deux
rôles distingués par Joseph-Yvon Thériault.
Les deux types de pensée nous semblent tout aussi importants l’un que l’autre, même
s’il nous semble nécessaire de bien distinguer ce qui relève du normatif lié aux
valeurs et ce qui relève de l’analytique basé sur la description. Certes, pour certains
auteurs comme Anthony Giddens (1994, [1990]), une analyse de longue portée sur
la modernité nous amène à conclure à la tendance à une réflexivité plus grande de la
part des citoyens et des citoyennes, ce qui fait que l’on peut conclure à l’émergence
progressive d’une société régie dorénavant par une délibération consciente d’ellemême. Jean Mouchon estime de son côté que l’élévation du niveau d’études donne
aux citoyens et aux citoyennes « un socle de connaissances préalables et des habitudes de
raisonnement propices au développement de l’esprit d’examen. Cette forme partagée de “doute
méthodique” est renforcée par l’évolution vers une société moins directement hiérarchisée et
moins directement impositive » (1997, p. 53). L’Internet est d’ailleurs parfois considéré
comme le support de sens qui va favoriser une redécouverte de soi (Turkle, 1995).
Pour notre part, nous préférons opter pour la prudence. Seule une patiente accumulation de travaux empiriques s’appuyant sur diverses approches théoriques et
méthodologies de recherche permettra d’aller plus loin tout en continuant à séparer
ce qui témoigne effectivement de l’observé et ce qui relève d’une quête vers un idéal.
Comme l’écrit Serge Proulx, « l’ambivalence des potentialités sociopolitiques d’Internet
appelle une posture épistémologique nuancée de la part des observateurs : celle-ci doit être
marquée à la fois par une ouverture vers les possibilités que peuvent amener la technique et en
même temps, l’on se doit de rester vigilants et critiques face aux illusions sociales que le
déploiement de la technique peut engendrer » (2000, p. 253). La prudence est d’autant
plus de mise qu’il importe de tenir compte du fait que la place de l’Internet demeure
fort modeste dans la majorité des pays. S’il y avait presque 113 ordinateurs reliés au
réseau pour 1 000 habitant-e-s aux États-Unis en 1998, il y en avait 1 pour 1 000
en Russie et 0,01 pour 1 000 en Chine. Quant aux pays les plus pauvres, le chiffre
1
Nous entendons le terme idéologie comme manière de se représenter globalement la société, ce qu’elle
est, mais aussi et sans doute surtout ce qu’elle devrait être, ou ce qu’elle devrait rester.
30
tendait vers 0 (PNUD, 2000, p. 198-201). L’énoncé de ces quelques chiffres a le
mérite de relativiser l’importance de toute étude consacrée au rôle du réseau Internet
dans la structuration de l’espace public et dans la démocratisation des sociétés, du
moins à l’échelle planétaire.
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31
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Société française
des sciences de l’information
et de la communication (SFSIC)
Émergences et continuité
dans les recherches
en information et communication
Actes du XIIe Congrès national des sciences
de l’information et de la communication
UNESCO (Paris), du 10 au 13 janvier 2001
SFSIC
Sommaire
Présentation — Cartes pour un territoire......................................................................................1
Daniel Bougnoux
Présentation — Quelques fragments de cartographie pour un territoire
en mouvement...........................................................................................................................................3
Yves Jeanneret
Communications
A. Classiques des SIC
Livre et musique enregistrée sur Internet : quelques enjeux
empiriques et théoriques...................................................................................................................15
Philippe Bouquillion
Relecture du concept d’espace public à l’heure de l’Internet..............................................23
Éric George
Usages présupposés et usages réels ou comment les musées virtuels
invitent à penser une approche nouvelle des rapports entre
concepteurs et utilisateurs................................................................................................................33
Danièle Brochu & Nathalie Noël-Cadet
Internet et bibliothécaires : des représentations professionnelles
paradoxales ?.........................................................................................................................................41
Hélène Marie
Penser les médias sans notion de masse.....................................................................................49
Pascal Froissart
Usages des technologies d’information et de communication :
reconsidérer le champ d’étude ?.....................................................................................................57
Serge Proulx
À quoi sert l’incertitude ?................................................................................................................67
Nadia Dillenseger & Christine Laemmel
Expérimentation, confiance, information et narration à l’heure des réseaux................75
Jean-Louis Weissberg
Histoire d’une confrontation. Le discours télévisuel à propos de science....................83
Igor Babou
ii
B. Nouveaux points de vue, nouvelles références
L’homme des confins. Pour une anthropologie interculturelle..........................................95
Joanna Nowicki
Les modalités paradoxales de la présence chrétienne sur Internet.................................105
Corinne Abensour
Les designs des images et les SIC ...............................................................................................111
Philippe Quinton
Logiques sociales et TICES : l’approche par les procédés d’écriture...........................119
Mathilde Miguet & Laurent Collet
Discipline, autodiscipline et techniques de soi : une approche
foucaldienne de la communication d’entreprise......................................................................127
Thomas Heller
Lectrices au quotidien. Enquête de réception auprès de lectrices et lecteurs
d’un quotidien régional : analyses des discours, des pratiques et des textes.............137
Sylvie Debras
C. Pluralité des démarches, des niveaux et des disciplines
Emprunts, adaptations, négociations et réflexions. Travaux interdisciplinaires autour de la mise au point d’une narratologie médiatique..............................149
Annik Dubied
Approches du discours militaire sur la communication. Analyse du
discours institutionnel et entretiens ethnographiques........................................................157
Claire Oger & Caroline Ollivier-Yaniv
Rhétorique et communication de crise......................................................................................165
Winni Johansen & Finn Frandsen
La rhétorique comme lien entre les théories. L’exemple de la
« crédibilité » des journalistes de radio et télévision.........................................................173
Guillaume Soulez
L’Internet Relay Chat : un dispositif sociotechnique riche d’enseignements.............181
Guillaume Latzko-Toth
Du leader au traducteur, pour ou contre le mariage de raison ?....................................189
Christelle Fourrier
Un processus de médiatisation : le cas des débats télévisés français
sur l’immigration (1996-1997). Analyse communicationnelle et analyse
de discours...........................................................................................................................................197
Christine Barats-Marbrel
Réflexions sur une étude de la communication gouvernementale...................................205
Simone Bonnafous & Serge Vassy
iii
D. Conduire des recherches en information & communication
Origine de la valeur des recherches en communication des
organisations.......................................................................................................................................215
Béatrice Galinon-Mélénec
La question des rapports intersectoriels. Les obstacles à l’analyse des
interactions entre journalistes et politiciens...........................................................................223
Jacques Le Bohec
La médiation culturelle, métaphore ou concept ? Propositions de
repères....................................................................................................................................................233
Bernadette Dufrêne & Michèle Gellereau
Le temps comme objet de recherche pour les Sciences de l’information
et de la communication....................................................................................................................241
Luc Jaëcklé
E. Découvrir et redécouvrir des objets d’analyse
L’adéquation entre l’offre et la demande sur Internet à la confluence de
la socio-économie...............................................................................................................................251
Viviane Le Fournier
La fiction audiovisuelle interactive dans les collections multimédia de
la Bibliothèque nationale de France. Ou comment commencer à en
finir avec la fiction du multimédia et de l’interactivité ?...................................................259
Laurence Allard-Chanial
Penser l’informatique, un effort indispensable pour les SIC ............................................269
Pascal Robert
Les enjeux contemporains des mondes de la musique.........................................................279
Émilie Da Lage-Py, François Debruyne & David Vandiedonck
Pour une pragmatique des discours télévisuels.....................................................................287
Pierre Beylot
Le travail de la citation métatélévisuelle..................................................................................295
Yves Chevalier
F. Chercher, fabriquer
FORSIC. Mise en œuvre d’un projet de gestion des connaissances
pour la formation de masse à la recherche documentaire...................................................307
Jo Link-Pezet & Olivier Ertzscheid
Traitement des données hétérogènes et formelles : vers une approche
non-métrique de l’analyse du dossier de veille......................................................................321
Valérie Léveillé & Hervé Rostaing
iv
Vers une approche socio-sémiotique des objets techniques..............................................329
Gérard Lachaud
Compréhension sémio-contextuelle des métaphores d’intentionnalité
dans le multimédia.............................................................................................................................337
Fabienne Laboz
G. Le besoin d’une histoire
La culture visuelle algérienne. Histoire d’un regard troublé...........................................349
Safia Boutella
Sérendipité, abduction et recherche sur Internet...................................................................361
Sylvie Catellin
Histoire de l’accès à l’information scientifique et technique : enjeux
théoriques et heuristiques..............................................................................................................369
Sylvie Fayet-Scribe
Le rôle des gravures de la presse illustrée dans la construction et la
destruction d’un espace imaginaire européen au XIX e siècle ..........................................377
Jean-Pierre Bacot
L’histoire entrepreneuriale : un autre champ pour la communication...........................385
Élizabeth Québriac
Programme du Colloque.................................................................................................................391
Index Nominum ...................................................................................................................................395
Colloque parrainé par
le MINISTERE DE LA RECHERCHE (Direction de la technologie)
Direction éditoriale :
Daniel Bougnoux, Yves Jeanneret
Édition & mise en pages : Pascal Froissart
Révision & correction :
Daniel Bougnoux, Hélène Cardy, Joëlle Farchy,
Pascal Froissart, Yves Jeanneret
Fabrication :
Jouve CI – LibrisZone (Madeleine Renaud,
Erwann de Prat)
Tirage :
350 exemplaires
Diffusion :
SFSIC ( [email protected]) et librairies
spécialisées (Tekhnê : [email protected]).
Une version électronique des communications présentées dans ce volume est
disponible sur le site : http://www.webinfocom.msh-paris.fr
Note. Deux textes sont absents de la publication des Actes : « Pour une
microsociologie de la réception » (Stéphane Calbo), et « Anthropologie de la
communication et anthropologie visuelle : un dialogue de bon voisinage »
(Yves Winkin et Christian Lallier).
Les droits de reproduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés, sont
réservés pour tous pays. La loi du 11 mars 1957 n’autorisant, aux termes des § 2 et 3 de
l’article 41, d’une part, que les « copies ou reproductions réservées à l’usage privé du
copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les
courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration « toute représentation ou
reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants
droits ou ayant cause, est illicite » (§ 1 de l’article 40). Cette représentation ou
reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon
sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal.
© 2001, SFSIC & auteurs