Solvency II et ses possibles conséquences
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Solvency II et ses possibles conséquences
Third African Actuarial Congress Solvency II et ses possibles conséquences 25 avril 2013 JC DEBUSSCHE Membre du comité international de l’IA|BE 1 Solvency II : de quoi s’agit-il ? Pour fonctionner, toute entreprise d’assurances doit disposer de fonds propres. Le régulateur impose un minimum en la matière, la marge de solvabilité. Le cadre régulatoire actuel présente de multiples défauts, et l’Europe a souhaité rajeunir et harmoniser le cadre prudentiel. Les arguments ? •Le cadre prudentiel est vieux (plus de 30 ans dans la plupart des pays) ; •Il ne tient pas compte des vrais risques pris par l’entreprise ; •Il est différent de pays à pays L’Europe s’est donc attaquée à un amibitieux projet : revoir le cadre régulatoire en matière d’assurances, Solvency II (Solva II). Quelques grands principes : •On suivra un cadre dit « Lamfalussy », avec une harmonisation maximale, avec trois niveaux de textes : – Niveau 1 : les principes généraux ; – Niveau 2, les modalités d’application ; – Niveau 3 : des lignes directrices. Les niveaux 1 et 2 sont applicables à tous, le niveau 3 est recommandé. •Solvency II est risk-based, economic-based, principle-based (no rules, guidelines), holistique, et a la volonté d’harmoniser les standards et les pratiques. •Solvency II n’est pas zéro-défaut et vise une solvabilité à 99,5% 2 Solvency II : de quoi s’agit-il ? Solvency II, c’est bien plus qu’une question de calcul de marge de solvabilité 3 Solvency II : le pilier 1 SCR Non Life Market P&R Equity Cat Spread Int Rate Property BSCR Operational Default Health Concen -tration Life Lapse Mortality Expense Longevity Disability Cat Revision FX Factors Scenarios with simplified alternative Scenarios = adjustment for the risk mitigating effect of future profit sharing 4 4 Solvency II : de quoi s’agit-il ? Solvency II, c’est bien plus qu’une question de calcul de marge de solvabilité 5 Solvency II : le pilier 2 Fit & proper requirements for ALL 4 functions 6 Solvency II : le pilier 2 ORSA The second pillar of Solvency II plans to complete the quantitative capital requirements with quality requirements and a global and appropriate risk management system. The reform provides measures on governance, internal control and internal audit in order to ensure a sound and prudent management practices from insurers. Impacts in terms of risk and solvency should supply into upstream strategic decisions. The internal assessment process of risks and solvency, known as the ORSA, is the centerpiece of this plan. In an operational way, the ORSA is part of global process of ERM. It is part of a cyclical and iterative system involving the board of directors, senior management, internal audit, internal control and all employees of the company. It aims to provide a reasonable insurance on compliance with the strategy of the company against risks. 7 Solvency II : de quoi s’agit-il ? Solvency II, c’est bien plus qu’une question de calcul de marge de solvabilité 8 Solvency II : Où en est-on ? •L1 : 2005 en 2006 : – – – – consultations entre toutes les parties en 3 vagues (20 consultation papers, interviews, QIS 1 and 2). proposition le 7/7/7 ; Qis 3 en 2008, QIS4 en 2009. Accepté par le parlement Européen en avril 2009 et formellemetn par le conseil européen en novembre 2009. •L2 : 2006 ??? – – – – – – – nouvelles consultations : CEA, CRO Forum, CFO Forum, AMICE, Groupe Consultatif, …). 50 consultation papers (2000 pages), 30.000 commentaires émanant de 125 parties 400 pages; QIS5 ; De nombreuses questions encore à l’étude ; Planifié en ? Noël 2011 ? Janvier 2014 ? Janvier 20016 ? •L3 : pre-consultation 9 Solvency II : que peut-on en dire objectivement ? Qu’il vaut mieux être grand que petit ; Qu’il vaut mieux éviter les branches à développement long ; Qu’il vaut mieux ne pas être assureur monobranche ; Qu’il vaut mieux être capitaliste que mutuelliste ; 10 Solvency II : que peut-on en dire objectivement ? QIS 5, l’enseignement (2010): •Que les assureurs s’intéressent à la matière : 68% ont participé, représentant 85% des primes et 95% des réserves •Que les besoins en capitaux augmentent (+68%) mais que les fonds propres augmentent aussi (+32%). •Et EIOPA de dire « the financial position of the European sector assessed against the QIS5 solvency capital requirements calculated in accordance with the standard formula or internal models remains comfortable ». •Seulement 15% ne couvrent pas le SCR, 9% ne couvrent pas 75% du SCR et 5% ne couvrent pas le MCR •Oui, il faudra plus de capital •Que la charge de travail est lourde : – – – modèle interne ORSA reporting •Que globalement nous apprécions mieux nos risques aujourd’hui que hier 11 Premier défi : trouver les moyens de survivre « Small to medium-sized players with limites access to new sources of financing would either : • focus mainly on the distribution of contracts, retaining less insurance risk (so-called fronting), ie, transferring the risks to larger players ; • consolidate with larger players to access economies of scale and greater diversification benefits. • Similarly, mono-liners that cannot take advantage of full diversification benefits would be encouraged to consolidate with large, more diversified players S. Wiame, directrice Risk Management chez Assuralia « La nouvelle réglementation va obliger l’ensemble des acteurs du marché à se projeter stratégiquement dans l’avenir et évaluer à priori les conséquences de leurs options au regard de la solvabilité future. La systématisation de cette approche prospective pourrait conduire à accélérer des choix de réorganisation stratégique (regroupements, partenariats, recentrage ou élargisssement de gamme, etc…) dans une optique d’optimalisation des fonds propres disponibles. Jean-Martin Cohen-Solal, DG de la FNMS, fédération nationale de la mutualité française, février 2011 On s’attend à • • • • • des consolidations dans le marché ; de la recherche de capitaux ; du travail afin de réduire le capital risque : réassurance, coassurance, réassurance financière, instruments financiers; d’importants développements en matière de modèles ; des développements de partenariats : exemple des SGAM en France. 12 Deuxième défi : s’adapter à la transformation du paysage concurrentiel « Au niveau international, il faudra attentivement veiller à créer un cadre régulatoire qui ne fausse pas le jeu de la concurrence » M.Flame, directeur à la Banque Nationale de Belgique, janvier 2011. Quelques considérations : •« au niveau international » : il faudra développer un level playing field avec les « non-européens » •« pas de distorsion de concurrence » : qu’est ce que cela signifie ? – – on sait que les petits assureurs paieront proportionnellement plus que les grands : est-ce équitable (ils ont proportionnellement besoin de + de capital) ? ils font courir plus de risque à l’assuré. Ne pas demander plus de capital, est-ce équitable ? •avoir un régime différent pour les assureurs systémiques, est-ce équitable ? •où s’arrête le bénéfice de la taille ? – – – – ceux qui auront les moyens de connaitre les textes en tireront avantage ; ceux qui ont les moyens de construire un modèle interne ont un avantage (cfr QIS5) quid du principe de proportionnalité ? quid de la non-application des règles aux tout petits assureurs ? 13 Troisième défi : gérer la complexité « SII est, en comparaison avec solvency I, beaucoup complexe, pensé, intensif et difficile et demandera des efforts, aussi bien pour la mise en œuvre que pour son suivi permanent, aussi bien à l’assureur qu’au régulateur. » Lieve Lowet, ICODA, mars 2011 Quelques considérations : •Les assureurs devront trouver les ressources et s’investir dans la compréhension de cette matière. Les patrons, les comités de direction devront intégrer cette matière, sans se laisser déposséder par elle de leur pouvoir. •Que dire du régulateur ? Ces pouvoirs sont grands ! – – Dispose t’il des moyens nécessaires pour remplir son rôle ? Comment va-t-il réagir face études sophistiquées des actuaires de choc des grandes compagnies d’assurance ? Ne risque t’il pas de rigidifier son comportement, là où le dialogue devrait exister encore plus qu’aujourd’hui ? N’et ce pas le réflexe naturel devant le doute ? Et comment ne pas douter devant tant de complexité ? •Que dire de nos administrateurs ? Peuvent-ils se permettre de ne pas comprendre cette matière dans les détails ? Mais peut-on se permettre que de n’avoir que des spécialistes du risque parmi les administrateurs ? Et tout cela à un moment où leurs responsabilités ne cessent d’augmenter ? 14 Quatrième défi : encore intéresser les investisseurs « Il faudra se contenter de rendements moindres ». Lars-Uwe Luther, Boston Consulting Group, avril 2011 Quelques considérations : Il faudra plus de capital. Deux solutions donc : •Soit accepter des rendements moindres. – – – mais quel impact sur la valeur des actions du secteur ? quel impact aura Solvency II sur les marchés boursiers ? les assureurs vont être encouragés à quitter la Bourse, et à investir en obligations •Soit augmenter les primes : à terme, une évidence. La réduction du risque a un prix. Pourquoi seul l’actionnaire le paiera t’il ? 15 Cinquième défi : continuer d’innover et de répondre aux besoins de nos clients « Dans le monde de l’entreprise, tu ne peux pas scorer si tu ne prends pas de risques » Jan Callewaert, ceo de Option NV et président du club de foot Oud Herverlee Quelques considérations : •Il est important que nous continuiions de jouer notre rôle sociétal •Il faudra continuer de prendre des risques •Solvency II ne refuse pas que nous prenions des risques, mais le modèle est-il est bien promoteur d’innovation ? •Ne risque t’on pas de voir les assureurs encore plus frileux renoncer à tout ce qui réclame un peu trop de capital ? 16 Les 5 défis de Solvency II • Trouver les moyens de survivre • S’adapter à la transformation du paysage concurrentiel • Surmonter la complexité • Encore intéresser les investisseurs • Continuer d’innover et de répondre aux besoins du client 17 Conclusions •Il faut garder la tête froide. Pas de panique : – – Nous faisons déjà du risk management. C’est une longue tradition chez les assureurs, même si, comme Mr Jourdain, nous faisions du risk management sans le savoir. Le risque n’a pas changé. Le thermomètre a changé. C’est bien là le seul risque nouveau. •Solvency II, c’est une prise de conscience : – – – Retirons les leçons des exercices qui nous sont imposés ; Apprenons à mieux apprécier nos risques, et gérons les ; Profitons du momentum pour stimuler la créativité et rechercher, au travers de nouvelles formules, d’autres manière d’améliorer notre rentabilité dans un cadre de risque mieux maitriser. •Méfions nous de ce que nous ne comprenons pas. – – Attention de ne pas abandonner le pouvoir d’agir et de laisser décider les faiseurs de modèle Le bon sens, un peu d’intuition, les bonnes vieilles recettes fonctionnent encore, même s’il faut mieux les encadrer •Nous verrons une transformation du paysage de l’assurance. – – – Mais ne l’aurions nous pas vu sans Solvency II ? N’a t’il pas continuer d’évoluer tout au long des deux dernières décennies ? Le mouvement va peut-être s’accélérer. Quant à gérer SII, il en ira comme du bug de l’an 2000 ou du passage à l’euro. On en aura tant parlé que cela va se passer sans heurts. 18