Antarctique : un courant océanique ralentit à chaque seconde

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Antarctique : un courant océanique ralentit à chaque seconde
Le 25 mars 2012 à 15h35
Par Quentin Mauguit, Futura-Sciences
Antarctique : un courant océanique
ralentit à chaque seconde
L
es courants océaniques profonds sont mis en
mouvement par l’arrivée d’eau froide et dense à
de grandes profondeurs, notamment aux pôles.
Or, 8,2 millions de litres d’eau de fond de l’Antarctique disparaîtraient à chaque seconde depuis au
moins trente ans. Reste à savoir si ce phénomène
est cyclique ou pas...
Les courants marins influencent notre climat et
jouent un rôle crucial dans le cycle du carbone.
Certains sont dits « de surface », ils naissent sous
l’action des vents. D’autres s’écoulent à de grandes
profondeurs, sous la majorité de nos mers et océans,
grâce à la circulation thermohaline. Les principaux
moteurs de ces courants sont des variations de température et de salinité, deux paramètres qui influencent directement la densité de l’eau.
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En Europe, les termes « courant marin » et « climat » font souvent penser au Gulf Stream. Bien que
sa vitesse n’ait pas beaucoup varié ces dernières
années, de nombreuses hypothèses prévoient son
arrêt si la température moyenne de la Terre continue d’augmenter. Nous sommes même tellement
focalisés sur ce sujet que nous en avons oublié un
point important : les courants de l’Atlantique nord
ne sont pas les seuls à conditionner notre climat !
D’autres courants moins célèbres sous nos latitudes
font également l’objet d’études scientifiques depuis
de nombreuses années. En Antarctique, les eaux de
fond, dont la formation en surface participe activement à la mise en mouvement des courants marins
profonds, sont suivies depuis 1980. Sarah Purkey,
de l’université de Washington, et Gregory Johnson,
de la NOAA, viennent de publier des résultats étonnants dans la revue Journal of Climate. L’épaisseur
de la couche d’eau froide circulant sur le plancher
océanique chute de manière importante à chaque
seconde.
La circulation thermohaline dans le monde. Les traits bleus et rouges représentent respectivement les courants profonds d’eaux froides (deep current)
et les courants chauds de surface (surface current). Les deux zones où l’eau
froide plonge sont également indiquées (deep water formation). Elles se situent dans la mer de Wedell et dans l’océan Antarctique. © AVSA, Wikimedia
commons, CC by-sa 3.0
Antarctique : les eaux froides coulent de
moins en moins
Ces eaux de fond naissent principalement dans la
mer de Weddell. Des masses d’air froides abaissent
progressivement la température des eaux de surface qui se transforment alors en glace, libérant de
grandes quantités de sel et provoquant une augmentation de la densité des eaux environnantes.
Celles-ci se mettent alors à couler, à s’accumuler
sur le fond puis à se diriger vers le nord.
Les scientifiques ont pu quantifier le volume d’eau
froide perdu à chaque seconde par le courant marin
le plus profond du monde. Le chiffre est impression-
http://www.futura-sciences.com/fr/news/t/oceanographie-1/d/antarctique-un-courant-oceanique-ralentit-a-chaque-seconde_37634/#xtor=AL-40
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Le 25 mars 2012 à 15h35
Antarctique : un courant océanique ralentit à chaque seconde
nant : 8,2 millions de m3. Par comparaison, cette
valeur représente 50 fois le débit du Mississippi ou
un quart du flux du Gulf Stream au niveau de la
Floride. Par conséquent, l’épaisseur de la couche
d’eau froide recouvrant le fond des mers diminue
de plus en plus.
Les mesures ont été prises à un intervalle de dix ans,
durant quatre campagnes océanographiques menées dans le cadre d’un programme de surveillance
international (Go-Ship). Les mêmes résultats ont été
obtenus à chaque reprise. Les deux scientifiques ne
tirent cependant pas la sonnette d’alarme. Selon
eux, les études doivent se poursuivre dans le temps
pour confirmer la tendance. Ils n’excluent pas la
possibilité que ces variations soient cycliques.
D’autres études ont déjà montré que les eaux profondes se réchauffaient progressivement et étaient
de moins en moins salées. Ces nouveaux résultats
traduisent ces deux découvertes d’une autre manière : les eaux de fond disparaissent. Quoi qu’il en
soit, ce phénomène aurait déjà contribué à hauteur
de 10 % à l’augmentation de la température des
océans.
Cartographie de l’épaisseur de la couche d’eau présentant une température
de moins de 0 °C dans le fond des océans autour de l’Antarctique (l’eau salée
gèle à environ -2 °C). Les chiffres rouges indiquent le nombre de mètres perdus tous les dix ans pour chaque bassin. Ceux-ci sont séparés par les lignes
noires. © NOAA
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