Les lauréats 2015 des Oscars d`Ille-et-Vilaine
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Les lauréats 2015 des Oscars d`Ille-et-Vilaine
Ouest-France Lundi 9 février 2015 Ille-et-Vilaine 7 Les lauréats 2015 des Oscars d’Ille-et-Vilaine Cinq entreprises ont été récompensées pour leur maîtrise des sciences, leur croissance, leurs actions à l’international ou en faveur du développement durable, le 5 février, au Palais du grand large, à Saint-Malo. Sciences et technologies. Syrlinks trace sa route jusqu’aux étoiles Le 12 novembre, il n’y avait pas que les ingénieurs du Centre national d’études spatiales (Cnes) à retenir leur souffle. Il y avait aussi Guy Richard, le PDG de Syrlinks, basée à Bruz, et ses 42 salariés. « Nous avions conçu l’un des modules de communication de Philae, la sonde larguée par Rosetta sur la comète Tchourioumov-Guérassimenko », explique le PDG. Un module justement chargé de transmettre à la Terre, via Rosetta, les images prises par Philae… Autant dire que si ce module ne fonctionnait pas, la mission Rosetta aurait été sérieusement handicapée. Les minutes ont été très longues et, finalement, après un temps qui a semblé interminable, le Cnes a reçu les premières photos. Les applaudissements ont fusé dans les locaux de Syrlinks. Un exploit planétaire et aussi une preuve des capacités d’innovation de cette entreprise. Micro et nano-satellites « Nous nous portons bien. Nous sommes une entreprise qui continue à se développer, assure Guy Richard, en ce début de nouvelle année. Nos trois spécialités sont la défense, la sécurité et le spatial. Ce dernier domaine représente 50 % de notre chiffre d’affaires. » Et qui Guy Richard, PDG de Syrlinks, entreprise basée à Bruz. dit spatial, dit forcément haute technologie, savoir-faire et fiabilité. Et là, Syrlinks a déjà fait ses preuves. « Actuellement, nous travaillons notamment sur des équipements de radio communication pour des micro-satellites de type Myriade. » Des satellites entre 200 et 500 kg dédiés à l’observation de la Terre. Des équipements capables de fonctionner dans des environnements dits sévères comme l’espace. Là, à défaut de pouvoir changer une pièce défectueuse, la fiabilité est une véritable exigence. » « Ce marché avec la Cnes nous a aussi ouvert des portes à l’international avec de grands groupes comme Airbus ou Thalès. » Syrlinks s’intéresse aussi à de nouvelles technologies comme les nano-satellites. « Ils ne pèsent que quelques kilos et vont servir à des missions d’exploration scientifique. » Un marché en pleine expansion sur lequel Syrlinks compte bien jouer sa carte. Balises Mais l’entreprise a aussi d’autres cordes à son arc. « Pour la défense, Développement durable. Scarabée Biocoop, la militante Les quatre magasins et les trois restaurants de Scarabée Biocoop ont dégagé plus de 200 000 € de résultat l’an dernier, sur 23 millions d’euros de chiffre d’affaires. Ce fruit de la croissance a été, comme tous les ans, redistribué pour un tiers aux 130 salariés (intéressement). Un autre tiers a été réinvesti pour développer la coopérative et le dernier tiers a été versé aux impôts. La coopérative, lancée en 1983, par une trentaine de familles, est aujourd’hui une entreprise florissante. Un pied de nez aux tenants de l’économie libérale, qui considèrent souvent avec condescendance l’autre économie, sociale et solidaire celle-là. « Comme quoi, on peut être à la fois militant et très professionnel », note Isabelle Baur, présidente Isabelle Baur, présidente de Scarabée Biocoop, lancée il y a trente et un ans à Rennes. de Scarabée Biocoop. Surtout, la coopérative rennaise aux 37 000 adhérents, l’un des piliers du réseau national des Biocoop, a grandi sans renier ses valeurs. Une charte fixe les règles dans quatre directions (distribution, social, gestion, écologie), pour rester cohérent et ne pas trahir les principes fondateurs. « Ce qui nous anime chaque jour, c’est le développement de l’agriculture biologique. Ainsi, à chaque mètre carré de surface de vente créé, correspond un hectare de surface agricole bio. » La coopérative compte 110 producteurs, dont 70 dans un rayon de 150 km. La présidente de Scarabée a fait mille métiers avant de tomber un jour sur une annonce. « La coop cherchait une responsable pour son magasin de Cesson-Sévigné. » Elle a quitté l’Alsace pour la Bretagne. C’était en 1999. Trois ans plus tard, elle était élue à la tête de la coopérative. Elle y met depuis toute son énergie. Laurent LE GOFF. Croissance. Digitaleo surfe sur la vague numérique Digitaelo n’a pas fini de surprendre. À commencer par ses locaux. L’entreprise, furieusement high-tech, a élu domicile dans une ancienne usine… d’armement ! À la Courrouze, l’un des quartiers les plus en vue au sud de Rennes, à deux pas de la nouvelle ligne de métro. Une fois franchi le hall d’accueil, ne vous étonnez pas si vous croisez des salariés plongés dans une partie de baby-foot, ou d’autres qui se lancent des idées à coups de messages griffonnés sur un mur. Un peu plus loin, au pied d’un grand escalier, vous finirez peut-être lové dans une balancelle multicolore, à contempler la grande verrière qui inonde les bureaux de lumière. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Derrière cette ambiance campus à l’américaine, se cache une entreprise très performante. Créée en 2004, Digitaleo a anticipé les besoins de demain, en imaginant une plateforme de cloud marketing, avec des solutions clefs en main pour collecter, communiquer, fidéliser, référencer un fichier clientèle. Jocelyn Denis a senti très tôt le déferlement qu’allait être la vague numérique. « J’ai parié sur le mobile, la digitalisation des usages et sur le développement du cloud computing », confie le patron-fondateur de Digitaleo, qui a toujours veillé à construire son projet d’entreprise « sur des valeurs humaines fortes ». Une stratégie qui a déjà séduit plus de 2 500 clients à travers la France, dans les domaines les plus variés : automobile, hôtellerie, restauration, édition, tourisme, distribution, etc. Le boom des appareils connectés lui promet un bel avenir. O. B. Jocelyn Denis, le PDG de Digitaleo. nous travaillons sur le développement de récepteurs GPS beaucoup moins sensibles aux brouilleurs et, pour la sécurité, des systèmes anti intrusion par ondes radio. » Autre succès de l’entreprise : son partenariat avec Breitling pour créer une montre intégrant une balise de détresse. Une première mondiale qui n’est pas passée inaperçue et qui a rencontré un certain succès. « Nous continuons nos recherches dans cette voie pour démocratiser les balises de détresse et, par exemple, en équiper les vêtements de professionnels de la mer, comme les pêcheurs ou ceux qui pratiquent des activités nautiques. » Un marché prometteur. Guy Richard évoque encore l’implémentation de systèmes de temps dans les composants. « Des horloges atomiques offrant une variation d’une seconde tous les 3 000 ans. Indispensables pour le bon fonctionnement de systèmes de géolocalisation. » Bref, Syrlinks a des projets plein les tiroirs et espère aussi étoffer sa part à l’exportation internationale surtout sur le continent nord-américain. Samuel NOHRA. « Pour réussir, il faut persévérer » Deux questions à… François Chatel, président des Oscars d’Ille-et-Vilaine. Chaque année, vous révélez des pépites du monde économique ? Dans ce département, nous avons beaucoup d’entreprises à montrer. Pas seulement les plus connues, ni les plus grandes. Cette année, s’il fallait retenir un fil rouge, ce serait de dire qu’il n’y a pas de vie économique sans prise de risque. Il faut être audacieux et les lauréats des Oscars d’Ille-et-Vilaine en sont la preuve. Ils ont cru dans leurs projets, ils ont persévéré et ne se découragent pas. La vie d’un entrepreneur, c’est tout cela à la fois. Les prix remis aux lauréats résument, à eux seuls, les critères d’une entreprise qui a réussi : croissance, ouverture à l’international, environnement. En quoi l’ouverture à l’international est-elle importante ? Pas seulement parce qu’elle permet d’explorer de nouveaux marchés. C’est aussi l’opportunité de brasser des gens, des idées. D’ailleurs, les lauréats prolongent leurs prix par une mission à l’étranger, dans un pays François Chatel, président des Oscars d’Ille-et-Vilaine. qu’ils choisissent collectivement. Nous nous sommes déjà rendus à Moscou, Varsovie, Istanbul, Montréal, Dubaï, etc. L’an dernier, à Taïwan. Ils multiplient les rendez-vous pour leur business, mais c’est aussi un moment fort pour resserrer la communauté, partager une tranche de vie ensemble. Des mois après, les lauréats sont toujours en contact. Recueilli par Olivier BERREZAI. Retrouvez les portraits des lauréats, réalisés par TVR, sur ouestfrance-entreprises.fr International. Laboratoire de la mer, 85 % à l’export En 2008, Laboratoire de la mer se lance de ses propres ailes et se dissocie de Goëmar. En 2010, ces derniers intègrent leurs nouveaux locaux dans la zone Atalante malouine. « Goëmar s’est spécialisée dans la santé des plantes. Et nous, Laboratoire de la mer, dans celle des hommes », explique Olivier Bertaud, son directeur. Mais l’activité Laboratoire de la mer a 25 ans. Son produit phare, qui a d’ailleurs été un des premiers sur le marché, c’est Physiomer. « Nous sommes le leader mondial dans les sprays d’eau de mer pour le lavage nasal », souligne Olivier Bertaud. Chaque année, 24 millions de flacons sortent des laboratoires cliniques de SaintMalo. L’entreprise compte d’ailleurs doubler ce chiffre avec l’ouverture Olivier Bertaud, directeur de Laboratoire de la mer. d’une extension de 1 400 m2 à l’été 2015. La société ne connaît d’ailleurs pas la crise, puisque, ces cinq dernières années, la croissance se fait à deux chiffres. Plusieurs raisons à cela. D’une part, 85 % du chiffre d’affaires de 38 millions d’euros, en 2014, se fait à l’export. D’autre part, les concurrents se sont lancés dans le concept plus tard. L’entreprise est d’ailleurs très attachée à Saint-Malo. 122 personnes y travaillent et cinq à dix personnes sont recrutées chaque année. « À Saint-Malo, nous avons la chance d’avoir une eau d’une qualité extraordinaire, renouvelable avec les grandes marées, où la faune est riche et la baie protégée… » Dernier atout, et pas des moindres des produits Laboratoire de la mer : « Nous faisons des études cliniques. Nos produits ont des effets prouvés et sont sans effets secondaires. Nous tenons aussi à la stérilité, même si elle ne paraît pas nécessaire. » Alexandra BOURCIER. Prix spécial. Le Space, 1 400 exposants, 115 000 visiteurs Le Space avait tout pour réussir : un nom qui sonne anglo-saxon, une date idéale dans le calendrier des agriculteurs, un créneau à prendre dans l’élevage parmi les grands salons agricoles… « Le logo avec la petite fleur, il a été dessiné sur un coin de table par Georges Letellier, alors directeur de la chambre d’agriculture de Bretagne », raconte Paul Kerdraon, commissaire général. Avec Jean-Michel Lemétayer (alors secrétaire général des Jeunes Agriculteurs) et Marcel Daunay, de la chambre d’Ille-et-Vilaine, ils ont voulu relancer les concours départementaux d’élevage, orphelins de la foire de Rennes qui se déroulait auparavant en mai. « Surtout, ils avaient l’intuition qu’un salon professionnel de l’élevage avait toutes les chances de réussir à Rennes, carrefour de trois régions qui concentrent la moitié Marcel Denieul, président du Space, Anne-Marie Quemener, responsable communication et international, Paul Kerdraon, commissaire général. de la production laitière et les deux tiers des productions avicole et porcine. » La suite leur a donné raison : 260 exposants et déjà 32 000 visiteurs pour la première édition, en 1987. Les courbes n’ont cessé de grimper jusqu’en 2000. « Depuis 2000 on reste autour de 115 000 visiteurs, 1 400 exposants, mais on s’est beaucoup professionnalisé et internationalisé », explique Marcel Denieul, président du Space. Son prédécesseur Jean-Michel Lemétayer, ancien leader de la FDSEA, décédé en 2013, y a beaucoup contribué. Aujourd’hui, le salon aux 13 000 visiteurs étrangers pour 118 nationalités, s’appuie sur un réseau d’une quarantaine d’ambassadeurs dans le monde. Mais le Space, « où visiteurs et exposants aiment se retrouver, est aussi une entreprise de 7 millions d’euros de chiffre d’affaires, qui tire l’économie de la région ». L.L.G.