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Les affections articulaires (4) : les processus dégénératifs
Soumises à des efforts intenses et répétés, à des contraintes importantes, les articulations des chevaux (surtout des chevaux de sport)
souffrent et s’usent rapidement. De toutes les pathologies articulaires rencontrées chez le cheval (cf. les trois autres fiches pratiques sur le
sujet), les processus dégénératifs sont peut‐être les plus fréquents et les plus invalidants. Les lésions d’arthrose sont irréversibles et les
traitements mis en place ne peuvent que stopper ou ralentir l’évolution.
L’articulation, une structure complexe très vulnérable
Anatomiquement, les articulations sont des structures complexes (cf. schéma), constituées par :
Au moins deux os dont les surfaces articulaires sont recouvertes d’une fine couche de cartilage. Ce cartilage doit être à la fois
rigide et déformable, pour assurer une répartition équilibrée des forces qui s’exercent sur l’articulation.
La capsule fibreuse articulaire, tapissée à l’intérieur par la membrane synoviale qui sécrète la synovie ou liquide synovial dont le
rôle est de lubrifier l’articulation.
La capsule, parcourue de structures fibreuses de collagène inextensible, les ligaments, qui peuvent être intra‐ ou extra‐articulaires.
Les symptômes de l’arthrose sont caractéristiques
Les cartilages articulaires sont des tissus très fragiles qui se renouvellent difficilement. Lorsque les cartilages et les surfaces articulaires s’usent et se détériorent, on parle
d’arthrose ou quelquefois d’ arthrite dégénérative ou d’ ostéoarthrite. L’arthrose est « primaire » si l’évolution de la maladie est due à une dégénérescence propre au cartilage
articulaire et « secondaire » s’il existe des causes prédisposantes et/ou traumatisantes qui font que l’arthrose prend le dessus sur d’autres affections (arthrite séreuse, instabilité
articulaire, fracture intra‐articulaire, par exemple).
L’arthrose peut se déclarer à tout âge, mais elle est plus fréquente chez le cheval déjà âgé. Elle se traduit par une dégénérescence du tissu cartilagineux mettant l’os articulaire
sous‐jacent à nu, une baisse de la qualité et de l’efficacité de la synovie, une hypertrophie du tissu osseux (formation d’ostéophytes, c’est‐à‐dire de productions osseuses
exubérantes dans le voisinage d’une articulation malade) et un épaississement de la membrane synoviale. Si les lésions sont anciennes, un processus d’ankylose peut se mettre en
place ; l’articulation perd alors sa mobilité. Les lésions sont en principe irréversibles.
L’arthrose se traduit par de la douleur, une déformation de l’articulation atteinte et une perte de la fonction articulaire. Le bruit entendu à la mobilisation de l’articulation est
caractéristique : au début, il est crépitant et correspond à la fibrose de la capsule et des ligaments mais au stade ultime, lorsque le cartilage a disparu, on entend un bruit de «
râpe » correspondant aux surfaces articulaires directement en contact. Dans les articulations à grande mobilité (boulet, genou, étage proximal du jarret), la synovite ‐inflammation
de la synovie‐ et la capsulite ‐inflammation de la capsule‐ aiguës précèdent le processus dégénératif.
Des déformations sont visibles au niveau du boulet, du genou ou du jarret, avec un élargissement de toute l’articulation et un durcissement du vessigon articulaire. Dans les
articulations à faible mobilité mais supportant une charge importante (étage distal du jarret, paturon), le processus dégénératif est plus insidieux. L’ostéophytose périostée est
importante et produit des déformations qui s’observent facilement.
Le diagnostic de l’arthrose repose sur l’imagerie
Les symptômes sont suffisamment caractéristiques pour diagnostiquer une arthrose. Les examens complémentaires permettent de préciser l’étendue des lésions :
L’examen radiographique révèle les modifications de la densité et de la structure osseuse.
L’échographie est un complément indispensable de la radiographie. Elle présente un grand intérêt pour contrôler l’intégrité des tissus mous (tendons, ligaments, cartilages
et synoviale), dont on peut évaluer la forme, l’épaisseur et la structure.
L'arthroscopie permet une visualisation directe des modifications du cartilage, de la membrane synoviale, des ligaments intra‐articulaires voire des ménisques.
Le traitement vise à ralentir l’évolution
Les lésions de l’arthrose sont irréversibles ; le but du traitement est d’éviter une aggravation de la dégradation des surfaces articulaires.
Selon les cas, le traitement sera conservateur, médical et/ou chirurgical. Le choix thérapeutique est guidé par de nombreux paramètres (utilisation du cheval, articulation atteinte,
pathologie…).
Traitement conservateur
Il convient de supprimer les sources de traumatismes articulaires en adaptant l’entraînement, le terrain (régulier, souple et peu profond, en terrain plat) et la ferrure au niveau de
handicap du cheval arthrosique.
Les chondroprotecteurs sont des compléments alimentaires dont l’efficacité n’a pas été complètement prouvée, mais qui peuvent soulager certains chevaux arthrosiques. Ils se
concentrent dans l’articulation malade et leur rôle est double : ils s’opposent à la dégradation du cartilage par inhibition des enzymes destructrices et possèdent une activité anti‐
Les affections articulaires (4) : les processus dégénératifs
inflammatoire propre. Ils améliorent la qualité de la synovie en stimulant la production d’acide hyaluronique. Mais ils ne semblent pas pouvoir mettre en route la synthèse du
cartilage. Les molécules les plus intéressantes sont les précurseurs des protéoglycanes (glycosaminoglycanes) sous forme injectable et la glucosamine associée à la chondroïtine
sulfate sous forme orale. L’utilisation par voie orale est sans danger ; le traitement s’étale sur plusieurs mois (sous forme de cure ou en continu) et les premiers effets ne sont
visibles qu’après plusieurs semaines. Les formes injectables ne peuvent être administrées que par un vétérinaire, ou sous sa prescription ; il existe des contre‐indications,
particulièrement chez les chevaux présentant des troubles de la coagulation ou une insuffisance rénale ou hépatique.
Il convient de supprimer les sources de traumatismes articulaires en adaptant l’entraînement, le terrain (régulier, souple et peu profond, en terrain plat) et la ferrure au niveau de
handicap du cheval arthrosique.
Les chondroprotecteurs sont des compléments alimentaires dont l’efficacité n’a pas été complètement prouvée, mais qui peuvent soulager certains chevaux arthrosiques. Ils se
concentrent dans l’articulation malade et leur rôle est double : ils s’opposent à la dégradation du cartilage par inhibition des enzymes destructrices et possèdent une activité anti‐
inflammatoire propre. Ils améliorent la qualité de la synovie en stimulant la production d’acide hyaluronique. Mais ils ne semblent pas pouvoir mettre en route la synthèse du
cartilage. Les molécules les plus intéressantes sont les précurseurs des protéoglycanes (glycosaminoglycanes) sous forme injectable et la glucosamine associée à la chondroïtine
sulfate sous forme orale. L’utilisation par voie orale est sans danger ; le traitement s’étale sur plusieurs mois (sous forme de cure ou en continu) et les premiers effets ne sont
visibles qu’après plusieurs semaines. Les formes injectables ne peuvent être administrées que par un vétérinaire, ou sous sa prescription ; il existe des contre‐indications,
particulièrement chez les chevaux présentant des troubles de la coagulation ou une insuffisance rénale ou hépatique.
Traitement médical général
L’acide tiludronique est un inhibiteur de la résorption osseuse. Il ne peut être utilisé que chez les chevaux âgés de plus de 3 ans et sur des pathologies récentes (moins de 6 mois).
Traitement intra‐articulaire
Le lavage (ou drainage) articulaire a pour but d’éliminer les éléments enzymatiques et protéiques et les fragments cartilagineux de l’articulation. Il se réalise en passant 3 litres de
solution stérile dans l’articulation, parfois sous anesthésie locale mais généralement sous anesthésie générale, dans des conditions d’asepsie chirurgicale.
Traitement chirurgical
La résection chirurgicale des ostéophytes (proliférations osseuses) n’est en général pas indiquée, sauf en cas d’ostéophyte intra‐articulaire fracturé, si celui‐ci est
facilement accessible et si l’articulation est intacte.
Le curetage chirurgical de l’os et du cartilage vise à enlever une portion de cartilage abîmé et à favoriser la formation d’un néocartilage. Cette technique, généralement
pratiquée sous arthroscopie, est indiquée sur des lésions faiblement étendues et sur des chevaux de plus de 2 ans. La convalescence est d’environ 4 mois.
L’arthrodèse consiste à souder les différents éléments d’une articulation douloureuse trop délabrée pour guérir. Cela se pratique par vissage des différents éléments de
l’articulation et immobilisation sous plâtre. Cela n’est possible que sur des articulations peu mobiles et supportant de fortes charges (jarret ou paturon). La convalescence
dure plusieurs mois.
De nouvelles techniques chirurgicales sont également en étude ; elles consistent, lorsque les lésions cartilagineuses articulaires sont très importantes, à greffer des
morceaux de cartilage (prélevés sur le sternum) afin de recréer une nouvelle surface articulaire fonctionnelle. Les résultats sont en cours d’évaluation.
Le pronostic est plutôt défavorable
Le pronostic de l’ostéoarthrose est réservé à grave. Si des néoformations osseuses sont apparues, le cheval boitera de façon chronique ; en revanche, avec un traitement bien
mené, l’affection peut devenir asymptomatique au bout du temps nécessaire à l’ankylose naturelle ou chirurgicale de l’articulation atteinte.
La meilleure prévention pour lutter contre les affections articulaires dégénératives reste une bonne préparation de l’effort (entraînement spécifique, progressif et raisonné), sur des
terrains de bonne qualité (souples, réguliers et peu profonds). Tout effort doit être précédé d’un échauffement. L’alimentation doit être adaptée, qualitativement et
quantitativement, au travail demandé. On veillera particulièrement à lutter contre l’embonpoint, voire l’obésité, qui affecte de nombreux chevaux et fatigue inutilement les
articulations. Enfin, tout défaut d’aplomb chez le poulain ou chez l’adulte sera traité précocement.
Les modifications physiologiques du cartilage liées à l’arthrose
Le cartilage est formé d’un réseau lâche de fibres de collagène, formant une sorte de réseau tridimensionnel (squelette) souple. Ce réseau enserre un gel de protéines (les
protéoglycanes) qui possèdent la propriété d’attirer l’eau. C’est le gel formé par l’eau et les protéoglycanes qui donne au cartilage ses propriétés physiques : élasticité,
compression et résistance à la tension.
Les cellules constitutives du cartilage, les chondrocytes, sont noyées dans cette matrice ; leur taux de renouvellement est très faible.
Dans sa forme établie, l’arthrose se caractérise par la perte progressive du collagène et des protéoglycanes du cartilage articulaire. Les chondrocytes synthétisent une variété
d’enzymes digérant la plupart des constituants extracellulaires du cartilage ; celles‐ci sont sous l’influence de nombreux médiateurs de l’inflammation et facteurs de
croissance. Il s’installe donc progressivement un déséquilibre entre les processus de dégradation et ceux de synthèse, s’accompagnant de phénomènes inflammatoires à
l’origine des symptômes.
Il existe plusieurs facteurs étiologiques qui expliquent cette perte matricielle, les traumatismes et autres atteintes mécaniques répétitives étant probablement les plus
importantes chez le cheval.
Les affections articulaires (4) : les processus dégénératifs