«Ma mère es t formidable ! Elle a adopté 16 enfants »

Transcription

«Ma mère es t formidable ! Elle a adopté 16 enfants »
Frédérique souhaite une belle Fête des mères à Marité, sa maman de cœur
« Ma mère es t formidable !
Elle a adopté 16 enfants »
de la semaine
C. Epinette
Marité, la maman
d’adoption de
Frédérique, a recueilli et
nourri une ribambelle
d’enfants dont personne
ne voulait. Son amour
inconditionnel leur
a permis de guérir
de leurs blessures.
Frédérique, une de
ses filles adoptives,
a voulu lui témoigner
sa reconnaissance
à travers un ouvrage :
La Petite Fille
à la balançoire.
Frédérique Bedos
a écrit un livre en
hommage à sa mère.
chantonnant. « Je me cachais dans
un coin et je la regardais. Tout
ce qu’elle faisait, elle le faisait
avec amour, et ça rejaillissait sur
nous. » Le midi, elle préférait que
les enfants reviennent manger à
la maison. Comment faisait-elle
pour remplir toutes ces assiettes ?
Il y avait le salaire de Michel, les
allocations familiales et la « grâce
du ciel », comme disait Marité.
« Quand tu as les mains ouvertes,
tu peux tout perdre mais tu peux
aussi tout recevoir », telle était la
devise de maman. « On a toujours
accueilli des gens et jamais manqué de rien. »
Régulièrement, les voisins déposaient un panier de légumes, un
ou deux poulets… La porte de la
maison était ouverte à tous. Aux
personnes isolées comme Kathy,
une vieille dame du quartier qui
mangeait midi et soir avec cette
grande famille. Aux sans-abri, à
qui elle offrait un bain chaud, un
repas. L’amour de Marité a sauvé
tous ces enfants. « Nous sommes
tous arrivés avec de multiples
blessures et on s’est retrouvés
avec des parents qui nous ont
donné de l’amour. S’ils nous
avaient juste acceptés et tolérés,
on n’aurait pas pu guérir », confie
encore Frédérique.
Pour Marité,
au centre,
chaque enfant
était un cadeau
du ciel auquel
elle accordait
toute son
attention.
Par Ghislaine Bertin-Denis
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COLLECTION PERSONNELLE
T
outes les mamans sont
formidables, mais celle de
Frédérique Bedos, Marité,
75 ans, est une héroïne.
Une femme, qui ne prétend pas
être exemplaire, mais qui a pourtant accompli des choses formidables. Avec Michel, son mari,
Marité a adopté seize enfants, des
« inadoptables », car trop foncés
de peau, trop cabossés par la vie
ou trop handicapés. Leur grande
famille est composée d’une nuée
d’enfants de toutes les couleurs.
Il y a d’abord eu Marie-Laurence,
leur seul enfant biologique, puis
Ricardo, 14 ans, préadolescent
écorché vif, suivi de Virginie, rescapée de l’enfer de Corée, d’Helen, débarquée d’Inde du Sud,
de Lina et de Nary, deux sœurs
cambodgiennes dont la famille a
été massacrée par Pol Pot [dictateur Khmer rouge, ndlr]… Ils
ont aussi adopté Cathy, une petite
sourde profonde de 4 ans, maltraitée par ses parents. Elle griffait,
crachait, frappait. « Pendant des
mois, ma mère a répondu à chaque
coup de Cathy par une caresse,
à chaque hurlement par un sourire », explique Frédérique.
Ensuite est venu Gaston, un
Camerounais de 8 ans, tombé
dans un feu la tête la première, qui
a perdu un œil. Et Pierre-Vincent,
3 ans, né sans bras et sans jambes.
Il se laissait mourir de faim dans
une pouponnière. S’il n’avait pas
été adopté, il aurait fini à l’asile.
Aujourd’hui, Pierre-Vincent est
champion de France de tir à la
carabine. « C’est le seul sportif
de la famille. »
Frédérique est arrivée à 3 ans
avec son histoire douloureuse,
celle d’une petite fille dont la
maman glisse lentement dans
la maladie mentale. Son père,
Jacques, est un réfugié d’Haïti.
Ses parents se sont aimés au printemps 1968. Jeanne, sa maman,
est tombée enceinte à 19 ans et
s’est enfuie. Jacques a-t-il su
qu’elle attendait un bébé ? « Ma
mère n’a jamais répondu à cette
question. » Des années plus tard,
Frédérique a trouvé en Suisse un
médecin qui avait connu Jacques,
mais il avait perdu sa trace. Frédérique a pourtant rapporté de cette
rencontre un trésor : deux photos
de son père, dont elle découvrait
« Nous
sommes tous
arrivés avec
de multiples
blessures et on
s’est retrouvés
avec des
parents qui
nous ont donné
de l’amour »
l’apparence pour la première fois.
Dans la grande maison de Croix,
près de Roubaix, Frédérique a
connu ce qu’est une vie de famille.
Marité a toujours considéré que
chaque enfant était un cadeau
céleste dont il fallait prendre soin.
Submergée par les tâches ménagères, elle avait toujours le temps
pour un câlin. Elle ne divisait pas
son cœur en seize, elle l’offrait
tout entier à chacun d’entre eux.
Quand Frédérique était triste,
Marité la prenait dans ses
bras et lui murmurait : « Tu es
ma joie. » Elle repassait pendant
des heures, des montagnes et
des montagnes de vêtements en
Animatrice sur M6 et France 2
pendant plus de quinze ans,
Frédérique, 43 ans, a tout plaqué
en 2008 pour raconter dans un
livre* son enfance si particulière
et porter le Projet Imagine**. Un
média philanthropique qui met
en lumière des héros anonymes
à travers des portraits qu’elle réalise. Le premier sujet est, bien sûr,
consacré à ses parents. « Ils ont
œuvré pour un monde meilleur. Ils
nous ont aimés envers et contre
tout. Notre survie en dépendait.
Ce sont mes premiers héros. »
* La Petite Fille à la balançoire,
aux éditions Les Arènes, 7 €.
** www.leprojetimagine.com
Bernadette, notre lectrice, veut
remercier Lise, son porte-bonheur
« Cela faisait bien longtemps que
Gabriel et moi on ne s’était pas
revus. Le temps, le travail, la maladie, le déménagement nous avaient
éloignés l’un de l’autre. Pourtant
je n’arrivais pas à l’oublier. J’ai
espéré le retrouver durant des
années. Un jour, j’ai osé demander de ses nouvelles à Lise, car je
savais qu’elle le croisait toujours.
Et j’ai appelé Gabriel. On était
aussi heureux l’un que l’autre, on
s’est juré de ne plus se perdre, de
se revoir bientôt… Mais quelques
jours après, j’ai eu un coup de fil
de Lise m’annonçant que Gabriel
venait de nous quitter. Au-delà de
ma souffrance, je te remercie, ma
Lise, car grâce à toi, je revis un peu
mon amour. Même si je sais que je
ne le reverrai plus, je sais qu’il ne
me quittera plus tout à fait. Merci,
Lise, de m’avoir rendu mon amour,
je sais maintenant qu’il m’attend
quelque part et qu’il m’envoie des
bisous à travers les nuages. »
Vous voulez remercier
quelqu’un qui vous a porté bonheur ?
Rendez-vous page 24
www.osezlebonheur.com
Plus de 7 000 personnes ont
bénéficié d’un véhicule des
Autos du cœur, l’association
de Jacques Beaugé.
Jacques offre des voitures
à ceux qui n’en ont pas
S
ur l’exemple des Restos du
cœur, Jacques Beaugé a créé
les Autos du cœur. Son objectif :
récupérer de vieux véhicules, mais
pouvant encore rouler, pour les donner à des personnes en difficulté
financière. Chaque année, 1,6 million de voitures sont envoyées à
la destruction. Un gaspillage qui
révolte cet ancien concessionnaire
automobile à la retraite installé à
Amboise. Depuis sa création en
2005, les Autos du cœur ont permis à plus de sept mille personnes
de reprendre la route d’une nouvelle vie. « Sans mobilité, on ne
peut pas trouver un travail. On perd
son emploi, et ça devient un drame
dans la famille. » 95 % des voitures
sont données par des particuliers. Ils
peuvent réaliser 66 % d’économie
d’impôt grâce à la défiscalisation.
L’association s’occupe d’aller chercher les voitures, de faire les papiers
en préfecture et d’effectuer les réparations, 1 250 euros en moyenne par
voiture. A chaque remise de clés aux
bénéficiaires, l’émotion est grande.
« On fait le bien tous les jours. C’est
motivant et gratifiant. » Comme les
Restos du cœur, les Autos du cœur
ne risquent pas de fermer demain.
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I. ROULLET / PHOTOPQR / LA NOUVELLE RÉPUBLIQUE / MAXPPP
Les belles
HISTOIRES

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