Le retour aux sources de Frédérique Bedos

Télé
3 Questions à…
Un parcours et des mots
Photos : DR
Documentaire
Le retour aux sources
de Frédérique Bedos
Pratique
Mercredi, à 21 h 30
La métisse franco-haïtienne, ancienne star du petit écran, a créé un
« ovni », un média philanthropique qui lui a donné l’occasion de
« redevenir elle-même ». Elle en parle dans F comme femme.
D
e la femme politique,
George Pau-Langevin,
qui a débuté, le mois
dernier, la nouvelle saison de
F comme femme, à Frédérique
Bedos, ancienne star de la télé,
aujourd’hui reconvertie, la série
documentaire de Stéphanie et
Steve James continue à mettre
en lumière des femmes d’engagement. On l’a connue sous
les sunlights, version strass
et paillettes, véritable star des
émissions de divertissement,
aux côtés de Jean-Luc Delarue, Christophe Dechavanne,
côtoyant les plus grandes stars
du moment. Après ses débuts
sur Fashion and Design TV,
à New York, Frédérique Bedos collabore successivement
avec Europe 2, France 2, M6,
W9, MTV (Londres), Canal+…
pour des émissions de variété.
Mais ça, c’était avant. Avant
que Frédérique Bedos ne réalise que le bel écrin qu’on lui
avait façonné et dans lequel elle
évoluait avec succès, ne corres-
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pondait pas à ce qu’elle était : au sein d’une immense famille
« une enfant du Quart-Monde, (ils sont près de 20 à table),
précise-t-elle. Tout à coup, j’ai entourée de frères et sœurs
eu un double déclic, profession- issus de différentes régions
nel et personnel. J’ai porté un du monde, avec parfois, malregard critique sur le monde de gré leur jeune âge, une vie déjà
bien compliquée !
la télé, sur la médioAlors, quand Frécrité progressive des
dérique, étudiante
programmes. D’un « J’ai porté
un
regard
en histoire de l’art, à
point de vue personnel, toutes les va- critique
Paris, reçoit une proleurs de partage, de sur le monde position pour faire
solidarité, d’entraide,
de la télé, sur ses premiers pas
à la télé, aux Etatsd’amour qui ont
la médiocrité Unis, c’est le début
nourri mon enfance,
du bonheur. Mais,
sont remontées à la progressive
au bout de quelques
surface. » Métisse des proannées, c’est le refranco-haïtienne, grammes. »
tour à la réalité : fini
Frédérique Bedos
la télé et les futilités
a un parcours très
particulier, où rien n’était gagné souvent inhérentes au monde
d’avance… Ella a été élevée à de l’audiovisuel. Au passage,
Lille, par des parents adoptifs, elle s’offre le luxe de quitter M6
Steve (à gauche) et Stéphanie James (à droite), producteurs de
F comme femme, avec une partie de ceux qu’ils ont surnommés
« la famille bain d’amour ».
où elle présentait Concert privé. Depuis trois ans, Frédérique
Bedos a remis les compteurs à
zéro pour débuter une nouvelle
aventure. Même si elle n’a rien
du long fleuve tranquille, sa
nouvelle vie est plus authentique, plus en phase avec ce
qu’elle est vraiment, avec les valeurs qui lui ont été inculquées
dans son enfance. Aujourd’hui,
sa source d’épanouissement,
c’est la chaîne qu’elle a lancée sur Internet où elle met
en avant des héros anonymes
et la nécessité — pour chacun
d’entre nous — d’entretenir
le lien social. Une belle leçon
de vie qu’elle partage dans F
comme femme.
Cécilia Larney
Guy-Robert Firpion
Chef de cuisine
Photo : DR
Frédérique Bedos,
d’hier à aujourd’hui :
« Mes parents adoptifs
sont mes premiers
héros. »
Ex-animatrice de divertissement, fondatrice du
Projet Imagine, Frédérique
Bedos est l’auteur de La
Petite fille à la balançoire.
Sorti en octobre, le livre
revient sur sa naissance,
ses parents adoptifs, « mes
premiers héros », commente-t-elle, son enfance
au sein d’une famille hors
normes, qui a pour seule
devise : « Quand on aime, on ne compte pas ! »,
jusqu’à la création du projet Imagine. « C’est un
média philanthropique, donc un ovni ! C’est un
combat quotidien que nous menons avec peu de
moyens, mais les résultats commencent à être perceptibles. Grâce à Internet, le projet Imagine est
présent partout dans le monde : même l’ONU est
intéressée par un partenariat. » Frédérique Bedos,
qui a été animatrice sur les chaînes événementielles de Canalsat Caraïbes, pour la Karujet et le
Tour des yoles, envisage de se rendre prochainement en Haïti, le pays de son père, pour une
première rencontre avec une autre partie de ses
racines.
Pour en savoir plus : www.leprojetimagine.com
Que retenez-vous de votre
expérience aux côtés du
jury de Masterchef ?
Grâce au premier prix
obtenu au Bòkò d’or 2013,
TF1 m’a sollicité pour faire
partie du jury, au moment
de la dégustation des plats
réalisés par les candidats.
Je ne m’y attendais pas, mais ils ont su
maîtriser des produits locaux qu’ils ne
connaissent pas. Surtout, l’équipe des
filles, en rouge, a su proposer quelque
chose qui sort de l’ordinaire.
Que mettez-vous en avant dans votre
cuisine ?
Après 14 années au lycée Faustin-Fleret, je
suis, depuis septembre 2012, chef de cuisine
au lycée agricole de Convenance, à BaieMahault. J’ai mis en place un système qui
privilégie les légumes verts et les féculents,
mais aussi le poisson ! Mes menus contribuent à l’éducation alimentaire des élèves.
Chaque mois, je propose un repas à thème
inspiré d’un pays de l’Union européenne ; ce
qui donne l’occasion aux élèves d’effectuer,
en amont, des recherches sur le pays. Quand
l’Italie était à l’honneur, je leur avais préparé un hachis parmentier aux ignames et
bananes. La transformation des produits locaux est très importante. Pour que les jeunes
apprennent à les apprécier, il faut qu’ils aient
du goût. La cuisine est un art qui nécessite
que l’on réfléchisse bien aux produits qu’on
va associer !
La principale qualité d’un bon chef cuisinier ?
Une bonne maîtrise de soi, savoir rester
calme en toutes circonstances. J’ai travaillé
dans différents établissements, avant d’intégrer l’Education nationale, notamment aux
Champs Elysées où j’ai appris les bases de
la cuisine française. A partir de là, on peut
tout oser ! Depuis que je suis en Guadeloupe, je me donne les moyens d’assister au
Sial (Salon international de l’agroalimentaire), pour découvrir les nouveaux produits, les tendances… Sans cela, on ne peut
pas progresser !
Propos recueillis par Cécilia Larney
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