traduire ou pas : dix conseils pour vous aider à choisir

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traduire ou pas : dix conseils pour vous aider à choisir
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TRADUIRE OU PAS : DIX CONSEILS POUR
VOUS AIDER À CHOISIR
Dans un texte à traduire du français à l’anglais, doit-on conserver Université de
Montréal ou lui substituer University of Montreal ? Faut-il écrire ministère de la
Santé ou Health Department ? Le mot Québec garde-t-il l’accent ? Voilà autant de
questions épineuses pour celui qui prépare à l’intention d’un public anglophone
un texte qui traite de réalités propres à un milieu francophone… Pour vous aider
à y voir clair, voici quelques conseils.
1. Laissez-vous guider par votre public cible
Si votre traduction s’adresse à un public qui ne connaît pas du tout le français, il est inutile
de laisser de grands bouts de phrase en français sous prétexte qu’il s’agit de noms officiels.
Un lecteur anglophone peut deviner le sens de Université de Montréal, mais comment
ferait-il pour savoir que Commission des valeurs mobilières est l’équivalent de Securities
Commission ? Par ailleurs, on peut lasser le lecteur, même celui qui arrive à déchiffrer le
français, si on surcharge le texte de termes français.
2. N’oubliez pas l’importance du nom français officiel
Si, par politesse ou par désir de vous faire comprendre, vous traduisez un nom comme
Commission des valeurs mobilières, n’oubliez pas que votre lecteur peut devoir contacter
ladite commission ou qu’il aura peut-être à faire une recherche dans Internet, d’où la
nécessité de connaître le nom officiel. Dans ce cas, il peut être utile de tourner votre
phrase comme ceci : Mr. Tremblay works for Commission des valeurs mobilières, the
Quebec securities commission (ou vice versa, M. Smith travaille pour l’Ontario Securities
Commission, commission provinciale des valeurs mobilières). L’emploi de minuscules à
securities commission permet de signaler qu’il s’agit d’un descriptif, et non du nom officiel.
3. Si le nom français peut porter à confusion en anglais, traduisez
C’est le cas notamment de direction (par ex., Direction des systèmes d’information). Le
mot direction existe en anglais, mais ne désigne en aucun cas un service ou groupement à
l’intérieur d’un organisme (lequel s’appelle normalement branch, directorate ou division).
D’ailleurs, si au Québec le nom d’organismes gouvernementaux reste toujours en français,
celui de leurs composantes internes peut très bien se traduire.
4. Si le nom français peut porter à confusion une fois traduit, ne traduisez pas
C’est le cas notamment de capitale nationale, utilisé pour désigner la ville de Québec. Le
problème, c’est qu’une fois transformé en national capital, le lecteur anglophone risque de
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Plongeons dans l’anglais
conclure qu’il s’agit d’Ottawa, capitale du Canada. Dites plutôt Quebec City. Dans le cas
de la région administrative, conservez l’appellation officielle, Capitale-Nationale.
5. Laissez les adresses en français
C’est par l’adresse que les Postes vous retracent. Même si on vous écrit de l’étranger, il
reste que le postier local est francophone et que le nom de votre rue est en français. Si vous
voulez faire un petit clin d’œil à l’anglais, vous pouvez traduire les indications comme
bureau (Suite, avec s majuscule), étage (Floor), etc. Montréal et Québec peuvent aussi se
départir de leur accent aigu.
6. Traduisez les noms géographiques au besoin
La plupart des noms géographiques français n’ont pas d’équivalent anglais. Aix-les-Bains
ne devient pas Aix-the-Baths, pas plus que la ville de Grand-Mère ne devient Grandmother.
Par contre, certains noms géographiques dits « d’importance nationale » au Canada, ou
désignant des régions très connues de France, doivent se traduire.
Un bon exemple au Québec est le fleuve Saint-Laurent, qui se dit St. Lawrence River.
D’autres plans d’eau se traduisent aussi : rivière Saguenay/Saguenay River ; rivière des
Outaouais/Ottawa River ; lac Abitibi/Lake Abitibi ; baie des Chaleurs/Chaleur Bay ; lac
Champlain/Lake Champlain ; baie James/James Bay ; baie d’Ungava/Ungava Bay ; et
détroit de Belle Isle/Strait of Belle Isle. On traduit aussi les toponymes comme Laurentides
(Laurentian Mountains), île d’Anticosti (Anticosti Island) et, officieusement, île des Sœurs
(Nuns’ Island). En France, on dit Brittany pour la Bretagne, Normandy pour la Normandie,
Picardy pour la Picardie et Burgundy pour la Bourgogne, et on voit encore à l’occasion les
villes de Lyon et de Marseille s’écrire Lyons et Marseilles, avec un s.
7. Au Québec, tenez compte de la politique du gouvernement, mais aussi de
votre interlocuteur
Les ministères et organismes du gouvernement du Québec n’ont pas de nom anglais et
conservent donc leur appellation française. Voici toutefois quelques précisions :
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ifie en rien qu’il est interdit de traduire le nom de programmes
ou de politiques, ou de services internes, voire le titre d’un fonctionnaire. À trop
conserver de mots français, on peut nuire à la lisibilité du texte ;
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communique en anglais, par courtoisie, avec un interlocuteur étranger ;
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en milieu de phrase (I work for Ministère du Revenu / Je travaille au ministère
du Revenu) ;
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Les trucs d’anglais qu’on a oublié de vous enseigner
8. Faites ce que vous feriez en français
Vous avez dit Université de Toronto en français ? Alors dites University of Montreal en
anglais. Il n’est pas logique d’appliquer une règle différente selon la langue d’origine.
9. Le cas spécial de Montréal…
Montréal a son équivalent anglais (Montreal, sans accent et prononcé à l’anglaise), au
même titre que London a son équivalent français (Londres). Mais de plus en plus, Montréal
tend à conserver son accent aigu, même en anglais. Le gouvernement québécois l’utilise
systématiquement dans tous ses textes. L’industrie touristique en fait largement usage.
Même les Anglo-Québécois en usent à l’occasion. Il peut être pertinent d’employer l’accent
dans les textes gouvernementaux et touristiques, par égard à la spécificité francophone
du Québec, mais de le supprimer dans les communications d’affaires, où la version sans
accent prédomine encore très largement. En définitive, c’est vous qui décidez.
Une mise en garde, toutefois : enlevez l’accent lorsque vous parlez de Montréalais, car le
mot Montréalers, avec accent aigu, n’existe ni en anglais ni en français.
10. … et celui de Québec
Le cas de Québec ressemble à celui de Montréal : l’accent aigu est de plus en plus fréquent
en anglais. Mais là encore, enlevez l’accent en parlant des Québécois : on écrit Quebecers
(ou Quebeckers si vous préférez cette orthographe), mais pas Québecers, hybride de
l’anglais et du français. Autre mise en garde : lorsqu’il est question de la ville de Québec,
ajoutez le mot City (Quebec City), sinon on comprendra le Québec dans son ensemble (voir
le chapitre 4).
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Traduire en anglais ? Tout dépend du contexte, du public et de vos préférences personnelles.
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