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LYON ET SA REGION
Politique Economie
Rédaction : 4 rue Montrochet, 69002 Lyon ­ 04 78 14 76 00 ­ [email protected] ; Publicité : 04 72 22 24 37 ­ [email protected]
Une quarantaine d’entrepreneurs lyonnais conquis par le marché algérien
International. De Sétif à Oran en passant par Alger, une quarantaine d’entrepreneurs de la région viennent de rencontrer le monde des affaires algérien pour renforcer leur coopération. Emmenée par la Métropole et la CCI de Lyon, la délégation a marqué des points sur place.
« L’
opportunité
d’investir, c’est
maintenant ».
Le message est sans appel sor­
tant de la bouche du ministre
des Transports algérien, Boud­
jema Talai à l’adresse de ses
hôtes, des entrepreneurs de la
région lyonnaise et Gérard Col­
lomb mardi dernier à Alger.
« Soyez plus agressifs », insiste­
t­il, déplorant une certaine fri­
losité des Français à venir
s’implanter en Algérie. Ce cons­
tat a été maintes fois exprimé
par d’autres ministres qu’ont
rencontré le président de la
Métropole et cinq autres élus
au cours de ses cinq jours de
visite à Sétif, Alger et Oran. Une
quarantaine d’entrepreneurs
de la région lyonnaise, Kamel
Kabtane, recteur de la mosquée
de Lyon et des universitaires
l’ont accompagné, bénéficiant
d’un accueil jugé « exception­
nel » par le sénateur maire de
Lyon. Il faut dire que les autori­
tés algériennes avaient mis les
moyens pour que ce séjour soit
le plus bénéfique pour tous.
Un contexte
propice
Mais au­delà des gestes offi­
ciels, les chefs d’entreprise ont
surtout noté la volonté des
Algériens de plus et mieux tra­
vailler avec les acteurs écono­
miques français. Le contexte y
« Il faut privilégier le
relationnel en Algérie »
Jean-François Michel,
PDG de Projagro, à Lissieu
« Depuis 8 ans, je
travaille en
Algérie dans le
secteur de la
conception et la
construction de
bâtiments agroalimentaires. Depuis
2 ans, les contacts sont devenus plus
fructueux et j’ai en cours une quinzaine d’offres chiffrées. Avec le soutien
de la CCI de Lyon, j’ai participé à la
délégation lyonnaise et je viens de
signer 2 contrats d’un montant global
de 12 millions d’€. La présence d’élus
a sans doute accéléré cette signature
mais les négociations duraient
depuis 2 ans. Je vais recruter 10
personnes en Algérie. Pour y réussir,
il faut privilégier le relationnel et
laisser le temps au temps ! »
14
n
« Les problèmes de
sécurité ? Pas plus
qu’en France »
Malik Hechaichi, directeur
général Algoé Algérie
Nous sommes en Algérie
depuis les années 1970 et
parmi nos clients figure
Lafarge. Avant tout, il faut
avoir envie de venir en Algérie et non travailler pour faire
des coups. Il faut gagner la
confiance des partenaires
algériens. C’est parfois difficile mais les PME qui en font
l’effort réussissent. Enfin, les
problèmes de sécurité ne
sont pas plus nombreux ici
qu’en France ».
Photo Vincent Rocken
est propice : le pays a vu ses res­
sources pétrolières (60 % des
recettes de l’Etat) c huter.
L’heure est désormais au déve­
loppement du secteur privé
après des décennies de gestion
dirigée par les sociétés d’Etat.
Les entrepreneurs lyonnais ont
eu l’occasion de visiter plu­
sieurs sociétés privées notam­
ment à Sétif (dont le groupe
Condor) qui connaissent de
forts taux de croissance.
Autre facteur positif à ce rap­
prochement : la diplomatie des
villes telle que celle menée par
En visite de terrain
A Sétif, les entrepreneurs
lyonnais et le maire ont visité
un site industriel du groupe
Condor.
Lyon semble mieux adaptée à
l’attente des décideurs de Sétif
ou d’Alger qu’à une relation
bilatérale classique entre les
deux Etats.
Les services de la Métropole ont
ainsi participé à la mise en
lumière réussie de la mosquée
de Sétif. A entendre les Algé­
riens, c’est encore insuffisant
mais c’est déjà plus fructueux et
plus prometteur pour l’avenir.
Les CCI de Sétif et de Lyon ont
renouvelé leur accord de coo­
pération traduisant cette
volonté tout comme les villes
de Lyon et de Sétif. Les entre­
preneurs présents reviennent,
à des degrés divers, avec des
contacts, des offres ou des pro­
messes prises au sérieux.
A l’image de Mireille Gerin,
directrice du développement
d’Orca Mobilier Urbain, avec
des projets de coopération avec
l’un des plus grands cabinets
d’architectes algériens.
Tous comptent bien suivre les
traces des belles réussites de
sociétés de la région lyonnaise à
l’image du cabinet d’architectes
Arte Charpentier (tour Oxygè­
ne à Lyon). Ce dernier va inau­
gurer à Sétif, à la fin de l’année,
le plus grand centre commer­
cial d’Algérie et le deuxième du
Maghreb au sein d’un ensem­
ble immobilier de 120 000 m².
Des réussites qui en appellent
d’autres de la part de PME ou
groupes de la région toutefois
bien conscientes aujourd’hui
des difficultés notamment
administratives qui restent à
surmonter pour percer dans ce
pays émergent à une heure de
vol de Lyon. n
Vincent Rocken
Khaled Bouabdallah « Centrer la coopération Un marathon
pour Collomb
autour de la santé et de l’urbanisme »
L
e p e r s o n n e l qu a l i f i é
manque dans nombre de
secteurs en Algérie. Au
cours de la visite de la délé­
gation lyonnaise, Khaled
Bouabdallah, président de
l’Université de Lyon, a ainsi
constaté cette pénurie et sur­
tout relevé la demande pres­
sante des autorités algérien­
nes ­ au plus haut niveau ­
pour que les universités et
écoles de la région coopèrent
davantage avec leurs homo­
logues algériens. « Nous ne
p o u vo n s p a s r é p o n d r e à
toutes les attentes », nous
explique Khaled Bouabdal­
lah, « nous allons centrer
notre coopération autour des
thèmes où nous avons une
LE PROGRES - DIMANCHE 1ER NOVEMBRE 2015
valeur ajoutée en particulier
la santé avec l’université
Lyon 1 et l’urbanisme notam­
ment avec le laboratoire
lyonnais Intelligences des
mondes urbains (IMU).
La question du développe­
ment des villes en Algérie est
l’un des points de cette coo­
pération que nous allons
mener avec Sétif et avec
Alger. Nous avons été sollici­
tés aussi pour la formation au
management et nous allons
regarder ce que pourrait pro­
poser l’IAE (Lyon 3) en ce
sens. Cette visite montre
aussi à quel point les rela­
tions entre entreprises et le
monde universitaire lyonnais
peuvent contribuer à valori­
Khaled Bouabdallah (à g.) avec
Gérard Collomb et le Premier ministre
algérien. Photo Vincent Rocken
n
ser l’attractivité du territoire
du pôle urbain lyonnais. C’est
unique en France ! ». n
V. R.
Le sénateur-maire de Lyon s’est
entretenu mardi avec pas moins de
sept ministres algériens. Parmi
eux, Abdelmalek Sellal, Premier
ministre. L’entretien a duré une
bonne heure dans le palais du
gouvernement dominant la baie
d’Alger. Il a également rencontré
les ministres des Affaires étrangères, de la Santé, des Transports, de
l’Enseignement supérieur, des
Cultes et de l’Intérieur. Autre rencontre promise de longue date :
celle avec Mgr Jean-Paul Vesco,
évêque lyonnais d’Oran et frère de
Gilles Vesco, élu du Grand Lyon.
Ensemble, ils ont visité le sanctuaire de Santa Cruz qui domine la ville
avant de se rendre à la Grande
Mosquée d’Oran, où ils ont été
accueillis par le recteur.
RHO