La Casbah d`Alger attend la mise en oeuvre du

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La Casbah d`Alger attend la mise en oeuvre du
La Casbah d’Alger attend la mise en oeuvre du plan permanent pour sa sauvegarde
ALGER - La Casbah d’Alger, cité antique classée patrimoine mondial, demeure dans un état
vétuste stationnaire surtout dans sa partie basse, menaçant ruine, en attendant les premiers
effets du plan permanent de sauvegarde et de mise en valeur, adopté par le gouvernement en
février 2012.
L’accès à l’ancienne médina d’Alger, à partir de Bab Azzoun ou de la mosquée
Ketchaoua permet à tout visiteur, averti ou profane, de voir une cité millénaire dégradée et
quasiment figée, dans une position d’éternelle attente, avec l’espoir tout de même de pouvoir
renaître un jour de ses cendres.
Les ruelles étroites et les maisons encore debout offrent, dès l’abord, un spectacle rebutant et
font effet de repoussoir puissant : tas de gravats partout, herbes sauvages, façades béantes,
ornements irrémédiablement défraîchis, égouts éclatés par endroits, amas de détritus en tous
genres...
Pour navrant qu’il soit, ce paysage ne réussit cependant pas à faire oublier les trésors que
renferme encore, au double plan matériel et symbolique, ce haut lieu d’histoire et de mémoire
du vieil Alger, appelé "El Mahroussa" (La Bien gardée) sans vraiment mériter ce nom au regard
de son état actuel.
La partie basse de ce site antique -qui recouvre plus de 600 maisons et abrite encore 50.000
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habitants sur une superficie de plus de 100 hectares- est déjà considéré comme un lieu à haut
risque d’effrondrement.
Ce qui semble être une simple impression est confirmé par l’historien Abderrahmane Khelifa.
Selon lui, la Casbah d’Alger, avec tout ce qu’elle renferme comme maisons et monuments, est
quasiment "menacée de disparition" si les travaux de restauration n’interviennent pas sans plus
tarder.
Les textes de loi et décrets adoptés pour sauver la Casbah d’Alger "n’ont pas l’effet d’une
baguette magique" tant que "la volonté de sauvetage de cette cité millénaire est absente",
estime ce spécialiste en histoire et en archéologie, auteur de plusieurs livres sur des villes
algériennes.
Le site n’est pas totalement désert, même si des maisons en ruine ont dû être abandonnées par
leurs propriétaires. Le lieu est encore récupérable et peut devenir un site à la fois résidentiel et
touristique si le plan permanent de sauvegarde est mis en oeuvre dans les plus brefs délais,
s’accordent à dire des habitants interrogés par l’APS.
Ils mettent ainsi tout leur espoir dans le plan de sauvegarde de la Casbah d’Alger, site
historique classé patrimoine national en 1991 puis patrimoine mondial de l’Unesco en 1992.
Pour eux, l’adoption dudit plan aura force de loi pour empêcher toute opération de restauration
individuelle qui pourrait altérer l’aspect architectural authentique de la Casbah.
Mais où est donc l’Agence nationale des secteurs sauvegardés ?
La mission d’exécuter le plan, décliné en trois étapes, revient à l’Agence nationale des secteurs
sauvegardés, créée par décret en janvier 2011 et dont le directeur général n’est pas encore
désigné.
La ministre de la Culture, Khalida Toumi, avait fait savoir en mars dernier que les procédures de
nomination du directeur de cet établissement public chargé de l’application du plan permanent
de sauvegarde et de mise en valeur de la Casbah d’Alger et des autres secteurs sauvegardés
en préparation, étaient en cours.
Cette Agence est nécessaire pour la mise en oeuvre du plan grâce à une approche en
partenariat entre le mouvement associatif et les pouvoirs publics, avait-elle relevé en assurant
qu’une équipe composée d’architectes, d’archéologues et de juristes est installée à la citadelle
d’Alger pour l’application du plan de sauvegarde de la Casbah, en attendant la nomination du
directeur de l’Agence.
Des représentants d’associations qui oeuvrent pour la sauvegarde de la Casbah, dont la
Fondation Casbah, présidée par Belkacem Babaci et l’association des propriétaires
d’immeubles de la Casbah d’Alger, dirigée par Ahmed Ouada, attendent "avec impatience" le
lancement des travaux de restauration car, estiment-ils, "toutes les conditions sont réunies"
pour ce faire.
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"Ce n’est pas en annonçant l’adoption d’un décret qu’on fera en sorte que les murs ne tombent
plus, il faut passer à l’action et savoir pendre les bonnes décisions et y impliquer les
compétences", peste, de son côté, l’historien Khelifa en relevant la persistance d’un "grand
précipice" entre l’intention et l’action.
A ce propos, il cite l’exemple de l’effondrement en mars dernier d’un pan d’une vingtaine de
mètres de la muraille de la citadelle d’Alger, siège de plusieurs monuments historiques dont le
Palais du Dey, pour exprimer son inquiétude des possibles conséquences de cet effondrement
sur le reste du site, d’autant plus que, dit-il, "rien n’y a été fait depuis plus de vingt ans".
Il déplore aussi la fermeture de ce lieu historique, témoin du célèbre et historique "coup
d’éventail" de 1827, au large public depuis plusieurs années pour "travaux de restauration".
Insistant, il affirme que "rien n’a été fait de concret pour sauver ce site qui menace ruine" à part
des échafaudages comme c’est le cas pour l’ensemble du bâti et autres vestiges de la Casbah.
Une lueur d’espoir tout de même : en avançant vers la partie haute de la vieille ville, la vie
reprend ses droits à entendre les doux bruissements des écoliers, les tintements des marteaux
d’artisans à pied d’oeuvre pour réparer ce qui peut l’être, ou encore les arômes de café ou de
galettes chaudes qui se dégage de certaines maisons encore occupées malgré les risques.
Il reste qu’en sillonnant les ruelles de la Casbah de bas en haut, rien n’indique que des travaux
de restauration sont entamés en vertu dudit plan, mis à part les étaiements de bois placés pour
consolider les murs des bâtisses fragilisées, juste pour parer à l’urgence, un état d’urgence qui
dure.
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