Sujet de commentaire composé ( mouvement romantique) Ce
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Sujet de commentaire composé ( mouvement romantique) Ce
Sujet de commentaire composé ( mouvement romantique) Ce roman épistolaire, composé de quatre-vingt lettres, présente les réflexions et les états d'âme d'un jeune homme en proie au « désordre de l'ennui ». Ce roman, qui s'apparente à un journal intime, développe l'expression personnelle, et privilégie l'analyse aux dépends de l'action. Quand le jour commence, je suis abattu ; je me sens triste et inquiet ; je ne puis m'attacher à rien ; je ne vois pas comment je remplirai tant d'heures. Quand il est dans sa force, il m'accable ; je me retire dans l'obscurité, je tâche de m'occuper, et je ferme tout pour ne pas savoir qu'il n'y a point de nuages. Mais lorsque la lumière s'adoucit, et que je sens autour de moi ce charme d'une soirée heureuse qui m'est devenu si étranger, je m'afflige, je m'abandonne ; dans ma vie commode, je suis fatigué de plus d'amertumes que l'homme pressé par le malheur. On m'a dit : vous êtes tranquille maintenant. Le paralytique est tranquille dans son lit de douleur. Consumer les jours de l'âge fort, comme le vieillard passe les jours du repos ! Toujours attendre, et ne rien espérer ; toujours de l'inquiétude sans désirs, et de l'agitation sans objet ; des heures constamment nulles ; des conversations où l'on parle pour placer des mots, où l'on évite de dire des choses ; des repas où l'on mange par excès d'ennui ; de froides parties de campagne dont on n'a jamais désiré que la fin ; des amis sans intimité ; des plaisirs pour l'apparence ; du rire pour contenter ceux qui bâillent comme vous ; et pas un sentiment de joie dans deux années ! Avoir sans cesse le corps inactif, la tête agitée, l'âme malheureuse, et n'échapper que fort mal dans le sommeil même à ce sentiment d'amertume, de contrainte, et d'ennuis inquiets : c'est la lente agonie du cœur ; ce n'est pas ainsi que l'homme devrait vivre. Oberman, Senancour, lettre XLVI, 1804 Consigne : élaborez un plan détaillé de commentaire de texte Rappel de la procédure à suivre ( au brouillon) : 1. Établissez la carte d'identité du texte 2. Procédez ensuite à la lecture analytique du passage 3. Dégagez vos axes de lecture ( deux ou trois) 4. Construisez le plan 5. Rédigez l'introduction et la conclusion Recopiez au propre le plan détaillé uniquement ( qui comprend l'introduction et la conclusion rédigées) Plan détaillé de commentaire : Oberman , Senancour Introduction : Le roman épistolaire de Senancour, Oberman, publié en 1804, présente un narrateur en proie à un « Ennui » dont il analyse finement les caractéristiques. Propre à la génération romantique, cet « Ennui » s'apparente au « Mal du siècle » typique des premières décennies du XIXème siècle. Nous observerons d'abord par quels procédés le narrateur dramatise tout au long du texte la thématique de l'Ennui ; et dans un second temps nous analyserons les indices qui permettent au lecteur d'inscrire ce passage dans le registre lyrique, également très représentatif du mouvement romantique. I. Un narrateur en proie à « l'Ennui » – 1er argument : un état d'ennui immuable => cette prostration occupe entièrement les journées du narrateur, comme l'indiquent les indices temporels au 1er § : « quand le jour commence je suis abattu »(l. 1) « quand il est dans sa force, il m'accable »( l. 2), « mais lorsque la lumière s'adoucit »(l. 4) … => le présent de narration rend plus perceptible le malaise du narrateur : « je me sens triste et inquiet; je ne puis m'attacher à rien » (l. 1); c'est un malaise durable, qui envahit sa vie. – 2ème argument : cet « ennui » est décrit comme un état passif et douloureux => la comparaison avec la situation du paralytique ( l. 8) souligne l'impuissance et la souffrance du narrateur. => l'énumération des circonstances où se déploie cet ennui s'accompagne d'expansions du nom dévalorisantes, qui mettent l'accent sur le mal-être du narrateur, sur son sentiment de vide : « des heures constamment nulles » (l. 10), « des amis sans intimité » (l. 12). – 3ème argument : l'ennui atteint toute la personne du narrateur => son être entier, moral, physique, spirituel, est contaminé : « Avoir sans cesse le corps inactif, la tête agitée, l'âme malheureuse... » (l. 14/15) – 4ème argument : cet « Ennui » s'apparente au « Mal du siècle » de la génération romantique => la date du texte, 1804, rappelle au lecteur que Senancour est le contemporain de Chateaubriand; => le chapeau nous permet de replacer le texte dans le contexte d'un roman par lettres consacré à l'expression de sentiments et d'états d'âme, en particulier de « l'Ennui » qui semble être un thème dominant de l'œuvre. II. Un registre dominant : le lyrisme – 1er argument : le narrateur utilise la 1ère personne du singulier pour exprimer des sentiments personnels => douze occurrences du pronom « je » dans le 1er §, repris par des pronoms possessifs : « je ne puis m'attacher à rien » => de nombreux verbes de perception accompagnent l'expression des sentiments : « je me sens triste et inquiet » (l. 1), « je ne vois pas comment je remplirai tant d'heures » ( l. 2) – 2ème argument : l'expression de la tristesse et de la mélancolie dominent le passage : => champ lexical de l'accablement et du dégoût recouvre les deux § du texte : « abattu », « triste et inquiet », « je m'afflige, je m'abandonne », « des plaisirs pour l'apparence », « l'âme malheureuse » « ce sentiment d'amertume, de contrainte, et d'ennuis inquiets »... => la proposition assertive de la ligne 15 résume ce sentiment de désespoir : « c'est la lente agonie du cœur » – 3ème argument : le narrateur analyse avec finesse son propre malheur=> la très longue phrase non verbale du 2ème § contient dix propositions juxtaposées destinées à préciser par de nombreux exemples l'expression de l'ennui. => cette phrase contient de nombreuses antithèses qui ont pour fonction de souligner le déchirement du narrateur : son état est ambivalent, contradictoire : « Toujours attendre et ne rien espérer » (l. 9) , « du rire pour contenter ceux qui bâillent comme vous » l. 13) – 4ème argument : la conclusion proverbiale exprime le regret nostalgique d'une vie meilleure => le présent de vérité générale : « ce n'est pas ainsi ... » (.16) donne au propos du narrateur une portée universelle : tous les hommes pourront se reconnaître dans cette remarque. => la tournure négative (« ce n'est pas.. ») et l'emploi de l'irréel du présent (« ..que l'homme devrait vivre ») soulignent la mélancolie contenue dans cette réflexion finale. Conclusion : En proie à un malaise qu'il s'efforce de décrire avec précision, le narrateur d'Oberman a recours a de nombreux procédés d'écriture propres à donner une représentation fidèle de l'Ennui qui le ronge. Entièrement consacré à l'expression lyrique d'un sentiment intime pénible, le passage permet au lecteur de construire pour lui-même une représentation du « Mal du siècle ». Par bien des traits, cette évocation de l'Ennui se rapproche de « l'état presque impossible à décrire » du héros de Chateaubriand dans René. N'est-ce pas le même mal-être qu'expriment encore Musset dans La Confession d'un enfant du siècle (1836) ou, sur un plan musical, Schubert dans ses célèbres Lieders de 1815 ? ….........