«Je suis prêt à me prendre une balle pour sauver le pape»
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«Je suis prêt à me prendre une balle pour sauver le pape»
3 5 VEVEYSE Châtel-St-Denis et Attalens participent à l’opération Coup de balai 13 MAI 2011 – NO 18 FR. 1.70 PALÉZIEUX La société Altimum érigera un mât de grimpe pour la formation de professionnels m le 7 VOLLEYBALL Le bilan du VBC Haute-Broye 6 MÉMENTO - CINÉMA AVIS MORTUAIRES VEVEYSE – RÉGION D’ORON – JORAT essager J.A. 1618 Châtel-Saint-Denis ASSERMENTATION VATICAN «Je suis prêt à me prendre une balle pour sauver le pape» Le Châtelois Florian Colliard est officiellement devenu garde suisse. En poste au Vatican depuis juin 2010, il a été assermenté vendredi dernier. F lorian Colliard n’est pas un Châtelois comme les autres. Agé de 22 ans, bûcheron de métier, il a décidé de tout quitter l’espace de deux ou trois ans, afin d’intégrer les rangs de la prestigieuse Garde suisse au Vatican. En poste depuis juin 2010, il a été assermenté lors de la traditionnelle cérémonie du 6 mai, en présence de ses parents (lire encadré), de ses amis et d’une importante délégation d’autorités fribourgeoises. Le canton était l’hôte d’honneur de la manifestation. Pourquoi avez-vous rejoint les gardes suisses? Florian Colliard: Tout d’abord parce que c’est un honneur. Nous sommes peu de Suisses à avoir la chance d’être choisis. En plus, c’est une opportunité pour apprendre des langues, notamment l’italien et l’allemand, la langue officielle des gardes depuis 500 ans. Etait-ce un rêve d’enfant? Non, pas vraiment. C’est un ami de l’école de recrues qui a tenté l’expérience avant moi et qui m’en a dit beaucoup de bien. Il m’a parlé de cette possibilité d’apprendre des langues et de l’expérience qu’on peut y gagner. Je me suis rensei- gné et j’ai finalement envoyé mon dossier en janvier de l’année dernière. Ils m’ont accepté et je me suis incorporé en juin. Il est possible d’apprendre ces choses ailleurs, alors pourquoi la Garde suisse? Je suis catholique et l’aspect religieux de cette unité est important pour moi. En plus, on est entre Suisses. Quitte à choisir, je préfère être entouré de compatriotes. Comment vos proches ont-ils réagi lorsque vous leur avez annoncé vos intentions? C’était surtout de la surprise. Ils connaissaient mes affinités avec l’armée mais, la Garde suisse, personne ne s’y attendait. Tout le monde l’a bien pris et m’a encouragé. Mes parents sont fiers de moi, peu de Châtelois ont fait ça avant moi. Quelles sont vos missions? Principalement, on s’occupe du service de sécurité. On contrôle les personnes, on protège la résidence et la personne du Saint-Père et on gère la sécurité lors des célébrations et des visites importantes. Personnellement, je préfère être affecté sur les postes extérieurs, car on a le droit de parler aux gens et de renseigner les touristes. Lorsqu’on est posté à l’intérieur, on est souvent tout seul et le temps devient très long. A quel type de menace devez-vous faire face? En chemin vers Rome, et bien accompagnés Une importante délégation châteloise est descendue le week-end dernier à Rome pour rendre hommage à l’enfant du pays fraîchement assermenté. Il a fallu un car entier, spécialement affrété pour l’occasion, pour transporter les 43 «supporters» de Florian Colliard. Trente-six proches, l’abbé Nazaire Kwiatkowski, curé de Châtel-St-Denis, ainsi que six membres du Conseil de paroisse, ont ainsi parcouru les 900 kilomètres qui séparent le chef-lieu veveysan de la Ville éternelle. «Sur place, avec un temps magnifique, tout s’est déroulé à la perfection», raconte Eliane Publicité Colliard, la maman de Florian. La Châteloise évoque avec émotion sa poignée de main avec Benoît XVI: «Un moment inoubliable, et un privilège que de pouvoir être présentée au Saint-Père.» Malgré un agenda plus que chargé, Florian Colliard a néanmoins pris le temps d’offrir à ses proches une visite guidée du Saint-Siège, de la chapelle Sixtine et des jardins. «Sa culture nous a sidérés! Quelqu’un a dit: “Il y a deux Florian, celui d’avant et celui d’après.” Pour lui, la formation de garde a été une école de la vie», estime sa maman. KK Tout est envisageable. Il faut donc tenter de prévoir l’imprévisible et de toujours rester sur le qui-vive. On s’est entraîné sur plusieurs scénarios de menace terroriste. On a des protocoles pour bloquer les accès, ainsi que pour évacuer les civils. Si les terroristes ont pénétré l’enceinte, on a les moyens de les neutraliser. On est en première ligne et disposés à se sacrifier pour le pape. S’il le faut, je suis prêt à me prendre une balle à sa place. Avez-vous régulièrement l’occasion de lui parler? On le voit principalement lors des audiences ou lorsqu’il se déplace dans le périmètre, suivant notre position. Ça peut arriver qu’il échange deux mots avec un garde dans un couloir, mais on ne peut pas dire que je le côtoie ou que j’ai eu l’occasion de le côtoyer. Il n’y a que dans le cadre de l’assermentation que j’ai pu l’approcher et lui présenter mes parents. Envisagez-vous de faire carrière au Vatican? Lorsqu’on s’engage, c’est au minimum pour deux ans. J’envisage de rempiler pour une année supplémentaire. Mais, ensuite, je veux rentrer au pays et fonder une famille. La plupart des anciens gardes travaillent dans les services des douanes ou de police. Le fait d’être garde, avec ses valeurs de discipline, de responsabilité et de respect, nous ouvre beaucoup de portes. On a le profil que les patrons recherchent et, en plus, on parle plusieurs langues. En attendant, comment occupez-vous votre temps libre? Je fais beaucoup de sport. Mais, la principale différence avec l’armée en Suisse, c’est que, chez les gardes, on est libre de sortir et de nous occuper comme on veut. On aime bien aller prendre l’apéro ensemble et sortir en boîte. D’ailleurs, on a vite remarqué que les Américaines – et les anglophones en général – raffolent des gardes suisses. Moi, je dois toujours faire très attention, mon amie m’attend à Bulle. Pour ce qui est de l’assermentation, comment avez-vous vécu ces instants? Avec une grande émotion. Tellement grande qu’elle est indescriptible, je ne peux pas trouver les mots. Ce sont des moments uniques dans une vie, des moments que Pour ses vacances à Châtel en juin, Florian Colliard tombera l’habit de gala peu de monde a la chance de connaître. Je pense que je ne retrouverai jamais pareilles sensations. Avec votre canton comme hôte d’honneur… Ça ma fait bien plaisir lorsque je l’ai appris. J’étais le seul Fribourgeois à prêter serment cette année et j’ai été bien sollicité. J’ai eu l’occasion de rencontrer des conseillers d’Etat, la chancelière et un préfet. Au moins, avec tout ce qu’ils ont apporté, on n’a pas senti le mal du pays (rire). Et, j’ai eu l’opportunité de por- messager Publicité e Hebdomadaire d e l a Ve v e y s e , de la région d’Oron et du Jorat Case postale 112 – 1618 Châtel-St-Denis 021 948 20 20 – [email protected] DR ter la cuirasse neuve, avec l’emblème de Fribourg, qu’ils ont apporté. Votre région ne vous manque-t-elle pas? Si, un peu. Mais Châtel n’aura qu’à bien se tenir, je rentre le 1er juin pour la première fois depuis un an. C’est toujours à la même place? (rire) (réponse de la rédaction: Oui, toujours… Et, les travaux sur l’autoroute ont repris de plus belle). Ah ben, heureusement! Ça aurait été moche que tout change pendant mon absence. Propos recueillis par Xavier Fernandez