Les gangs de rue - Forum Belge pour la Prévention et la Sécurité

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Les gangs de rue - Forum Belge pour la Prévention et la Sécurité
Les gangs de rue :
premiers éléments d’un
état des lieux
international
Olivier BARCHECHAT
Chargé d’études
Mai 2006
Les gangs de rue : premiers éléments d’un état des lieux international
Mai 2006-05-22
Olivier Barchechat, Chargé d’études au CIPC
Dans plusieurs pays, le phénomène des gangs de rue représente une réalité de plus en plus visible et
problématique, particulièrement en Amérique du Nord et dans certains pays d’Amérique centrale et du
Sud, mais également en Afrique ou en Europe. Cette réalité prend des formes très variées qui ne
présentent pas toutes le même degré de gravité, ni ne suscitent le même intérêt ou la même inquiétude de
la part des autorités.
Le CIPC a voulu rechercher dans quelle mesure les gangs de rue constituent ou non un phénomène
mondial en identifiant des points de comparaison entre les pays et régions concernés. Après avoir pris
connaissance de certaines définitions et typologies, ainsi que des facteurs de risque, la présente note
proposera un instantané de la situation des gangs de rue un peu partout dans le monde : Canada, EtatsUnis, El Salvador, Jamaïque, Brésil, France, Belgique, Angleterre, Afrique du Sud et Nigeria. La
deuxième partie donne quelques exemples des types d’analyse utilisés par rapport aux gangs de rue. Dans
un dernier temps, nous tenterons de recenser certaines des actions de prévention mises en place pour y
répondre.
Une mise en garde méthodologique est nécessaire. Les pays susmentionnés ont été sélectionnés dans
l’optique de présenter un éventail relativement large de gangs de rue : ils n’ont donc pas vocation à être
représentatifs de leurs « voisins » (comme par exemple le El Salvador par rapport au Honduras, au
Guatemala et à l’Équateur, même si tous trois sont confrontés aux maras). De même, les descriptions
nationales des gangs de rue n’ont pas l’ambition d’être exhaustives. Dernier élément : pour être retenus,
les pays ne devaient pas être le théâtre d’une guerre civile ou militaire.
1. AMPLEUR ET FORMES DU PHÉNOMÈNE
1.1 Qu’est-ce qu’un gang ? Une approche internationale peu aisée
1.1.1
Définition des gangs de rue
S’il y a bien une question relative aux gangs de rue qui fait consensus, c’est bien celle de l’absence d’une
définition commune. Cette observation commande donc une extrême prudence tant pour ce qui concerne
les comparaisons internationales qu’au sein d’un même pays. À la question « Qu’est-ce qu’un gang », il
n’existe donc pas de réponse facile.
Plusieurs définitions ont été proposées. Certaines sont très larges et qualifient parfois de gangs des groupes
de jeunes non délinquants :
i. Le National Youth Gang Center des États-Unis a proposé la suivante à ses répondants policiers : « A
group of youths or young adults in your jurisdiction that you or other responsible persons in your
agency or community are willing to identify or classify as a “gang” ».
ii. Pour le Federal Bureau of Investigation (FBI), un gang de rue violent est une entreprise criminelle
(une entreprise criminelle est une union d’individus engagés dans un modèle (« pattern ») d’activités
criminelles qui a une structure organisationnelle et qui fonctionne comme une conspiration criminelle
continue, recourant à la violence et n’importe quelle autre activité criminelle pour se maintenir.
iii. Selon la définition légale utilisée par la police de Bruxelles dans les années 90, un gang est une
organisation qui a l’intention de s’en prendre à une personne ou à un bien.
D’autres définitions tentent de mieux cerner le phénomène :
i. Dans Hamel et coll. (1997), un gang de rue est « une collectivité de personnes (adolescents, jeunes
adultes et adultes) qui a une identité commune, qui interagit en clique ou en grand groupe sur une base
régulière et qui fonctionne, à des degrés divers, avec peu d’égard pour l’ordre établi ».
2
ii. Pour le Service de police de la ville de Montréal (SPVM), un gang de rue est « un regroupement plus
ou moins structuré d'adolescents ou de jeunes adultes qui privilégie la force de l'intimidation du
groupe et la violence pour accomplir des actes criminels, dans le but d'obtenir pouvoir et
reconnaissance et/ou de contrôler des sphères d'activités lucratives » (Gang de rue, déc. 2005).
iii. Selon le programme Eurogang, « A street gang (or a problematic youth group corresponding to a
street gang elsewhere) is any stable, street-oriented youth group whose own identity includes
involvement in antisocial activity » (Klein, 2001).
La complexité du concept se reflète également dans la diversité des termes utilisés : les pays de langue
anglaise parlent de « gangs de rue » (« street gangs ») et « gangs de jeunes » (« youth gangs »), sans que
la distinction entre les deux ne soit vraiment établie; en France, on réfère aux « bandes de jeunes » mais
aussi aux « regroupements de jeunes »; au El Salvador, le phénomène est celui des « pandillas »
(« bandes) et des « maras »; au Nigeria, ce sont des « vigilantes » (« groupes de justiciers »).
1.1.2
Typologie des gangs de rue
Plusieurs typologies ont été élaborées relativement aux gangs. Ci-dessous celle de Klein qui est
fréquemment utilisée, tandis que celle d’Hamel et coll. (1997) est reproduite en annexe 1 : cette dernière
est plus précise mais le lien qui est fait entre le degré d’organisation d’une part et le niveau de criminalité
et de violence d’autre part est contestable.
Typologie des gangs de rue établie par Malcolm Klein
Type de gang
Années
d’existence
Sousgroupes
Nombre de
membres
Âge des
membres
Territorial
Versatilité
criminelle
Gang traditionnel
Plus de 20 ans
Oui
Plus de 100
20-30 ans
Oui
Oui
Oui
Plus de 50
Variable
Oui
Oui
Gang néotraditionnel Moins de 10 ans
Gang compressé
(« compressed »)
Moins de 10 ans
Non
Moins de 50
Moins de 10 ans
Parfois
Oui
Gang collectif
De 10 à 15 ans
Non
Plus de 50
Plus de 10 ans
Parfois
Oui
Gang spécialisé
Moins de 10 ans
Non
Moins de 50
Moins de 10 ans
Oui
Non
Source : Klein et coll. (éds.) (2001), The Eurogang Paradox. Kluwer Academic Publishers.
1.1.3
Facteurs de risque reliés à l’affiliation à un gang
De nombreux facteurs de risque ont été identifiés par la recherche. Le rapport Neither War nor Peace
(2005) distingue les facteurs de risque des influences externes :
Facteurs de risque
Pauvreté
Influences externes
Pression des parents pour contribuer au revenu familial
Manque d’opportunités économiques dû à la sousParenté ou amis membres d’un gang
scolarisation et au chômage élevé
Marginalisation sociale
Problèmes familiaux
Manque d’infrastructures pour les loisirs
Culture des gangs admirée par les pairs
Violence culturellement ancrée comme outils de
résolution de problème
Absence de personne-ressource (professeur, famille, ami)
susceptible d’aider
Violence causée par les forces de l’ordre ou les
Désœuvrement (beaucoup de temps passé dans les rues)
groupes rivaux
L’équipe de recherche de Hamel (1997) rapporte les facteurs de risque (annexe 2) recensés par la
littérature scientifique, qu’elle a rangés dans quatre catégories (famille, école, pairs et individus). Il ne faut
pas perdre de vue que ces facteurs sont presque toujours regroupés chez les (ex) membres de gangs de rue,
et leur concentration impose que les réponses apportées soient multisectorielles et non unidimensionnelles.
3
1.2 Exemples de gangs de rue dans le monde
1.2.1 Les gangs de rue nord-américains
Au Canada, le nombre de gangs rue est estimé à plus de 400 et le nombre de membres à plus de 7 0001.
Longtemps limités aux grandes villes, ils sont de plus en plus visibles dans des milieux semi-urbains, voire
ruraux. Près de la moitié de ces derniers ont moins de 18 ans et presque tous sont des garçons (94 %).
Cependant, le phénomène ne se manifeste pas de la même façon dans toutes les provinces : celles de
l’Ouest sont les plus touchées, tandis que celles des Maritimes (sauf la Nouvelle-Écosse) sont
complètement épargnées. En ce qui concerne la composition ethnique, la moyenne nationale (25 % des
membres sont Noirs, 22 % Autochtones, 18 % Blancs, 14 % Indiens ou Pakistanais et 12 % Asiatiques)
masque de fortes différences entre les provinces. Une proportion non négligeable de gangs de rue (36 %)
sont hybrides, c’est-à-dire composés d’au moins groupes raciaux/ethniques. Selon Fredette (2005), moins
les gangs sont organisés, plus ils sont hétérogènes au plan racial et vice-versa. Par ailleurs, l’influence des
gangs américains est significative chez certains gangs canadiens autant en termes d’organisation que de
noms, de signes distinctifs et de tenue vestimentaire. Néanmoins, cette influence n’est pas synonyme
d’affiliation ni même de relations. Dans l’ensemble, la grande majorité des gangs de rue canadiens ne sont
pas très structurés mais plusieurs gangs néo-traditionnels ayant des liens avec le crime organisé sont actifs
dans les principales villes (Montréal, Toronto et Vancouver). Les membres de gangs de jeunes canadiens
sont impliqués dans plusieurs activités criminelles dont les voies de fait, le trafic de drogues illicites, les
cambriolages et le vandalisme.
Même si les gangs de rue existent depuis longtemps aux États-Unis, les 20 dernières années ont été
marquées par l’explosion du phénomène et en ont fait l’un des pays qui compte le plus de gangs de rue et
de membres.
É.-U. (1980)
É.-U. (2000)
Écart 1980-2000
Canada (2001)
Population
226 545 805
281 421 906
24 %
30 007 094
Nombre de gangs de jeunes
2 000
24 500
1125%
434
Nombre de membres de gangs
100 000
772 500
673 %
7 071
Densité/population de 1 000 hab.
0,44
2,75
525 %
0,24
Cet accroissement s’est traduit par une grande complexité de la réalité américaine. Il existe ainsi divers
types de gangs que la typologie de Klein permet de distinguer : concernant les gangs de rue traditionnels,
la situation varie d’une région à l’autre, mais le sud-ouest (Californie en tête) est particulièrement touché
et certains experts ont noté un mouvement migratoire vers l’est (National Alliance of Gang Investigators
Associations, 2005); pour ce qui est des gangs moins structurés, cette variation s’observe à l’échelon local.
Il en va de même avec la composition démographique des gangs de rue, qui est bipolaire au niveau
national : en effet, la moitié des membres sont d’origine latino-américaine et le tiers d’origine afroaméricaine, les Blancs représentant seulement 10 % et les Asiatiques 6 %2. Cependant, la multiethnicité
n’est pas rare, y compris dans des gangs établis comme les Crips et les Bloods.
Les États-Unis se distinguent des autres pays par la présence dans plusieurs de leurs grandes villes de
gangs de rue institutionnalisés (correspondant aux gangs traditionnels de la typologie de Klein) qui se
caractérisent notamment par leur stabilité, leur enracinement dans la collectivité locale et leur
1
. Enquête policière canadienne sur les gangs de jeunes de 2002. Elle donne une vue d’ensemble du phénomène dans
les collectivités canadiennes, tel qu’il est signalé par les services de police. Le lecteur attentif aura remarqué qu’il ne
s’agit pas de gangs de rue. Cet élément est sans conséquence parce que le questionnaire envoyé aux répondants des
services de police définit le gang de jeune « comme un groupe d’adolescents ou de jeunes adultes…, âgés de moins
de 21 ans, que vous… êtes disposés à identifier ou à classifier comme gang. Nous vous demandons d’exclure [sic]
de cette définition les bandes de motards, les groupes haineux ou idéologiques… et les autres bandes réservées aux
adultes » (p.5. Les italiques sont de nous).
2
. Site Internet du National Youth Gang Center : le même constat peut être fait que pour l’Enquête policière
canadienne, op.cit. Voir note précédente.
4
homogénéité ethnique. À Chicago par exemple, ils sont présents dans les quartiers les plus défavorisés,
comme par exemple Roseland3. Le nombre de leurs membres varie de quelques milliers à 20 000 dans le
cas des Latin Kings. Leur durabilité s’explique par leur capacité à conserver dans leurs rangs les moins
jeunes, diminuant ainsi les risques d’éclatement ou de disparition et à fédérer des gangs plus désorganisés.
Généralement parlant, ces gangs ont une direction centralisée qui entretient des liens plus ou moins étroits
avec des branches de quartier et des sections dans d’autres villes. Leur organisation complexe (les Black
Gangster Disciples ont un conseil d’administration et un président) leur permet de s’adapter aux
changements de leur environnement et de résister à la pression policière. En outre, ces gangs de rue jouent
un rôle non négligeable dans l’économie, les services et la sécurité au plan local4.
1.2.2
Les maras et les pandillas du El Salvador
Au El Salvador, la délinquance générale mais surtout juvénile a fortement augmenté à la fin de la guerre
civile. Elle s’est notamment manifestée sous la forme de gangs territoriaux, les maras et les pandillas5,
créés par des contrevenants salvadoriens déportés des Etats-Unis (en provenance de Los Angeles surtout).
Cela dit, Carranza (2005) avance que leur essor et leur développement, mais plus encore le degré de
violence de ces groupes, doivent davantage être placés dans le contexte de la construction culturelle de la
violence d’un pays où circulent une multitude d’armes à feu.
Si leurs membres sont surtout des jeunes de 15 à 20 ans, ces groupes recrutent dans la tranche d’âge
inférieure. Quant au nombre de membres, les données existantes sont imprécises et fluctuent entre 10 et
30 000. Ayant un très fort sentiment d’affiliation, ils mènent des activités liées à l’exercice du pouvoir du
contrôle territorial des quartiers et des bidonvilles de plusieurs villes du pays, même s’ils sont surtout
concentrés dans les secteurs défavorisés de la capitale. Le recours à la violence est d’autant plus
systématique que la plupart des pandilleros possèdent une arme.
Théoriquement, les deux maras (Salvatrucha 13 et Barrio 18) ont une structure de commandement bien
définie : un chef national responsable du travail d’organisation, des chefs de zone qui dirigent plusieurs
cliques et un membre qui répond des activités de sa clique, laquelle contrôlent un territoire restreint et très
délimité. C’est au niveau local qu’auraient été créés des unités spécialisées chargées du recrutement, de la
protection du territoire, de l’organisation de la criminalité, etc. En réalité, l’organisation et la délinquance
des maras et des pandillas sont très variables, tout comme leurs liens avec le crime organisé.
1.2.3
Les factions armées de drogues de Rio de Janeiro (Brésil)
Si le trafic de drogues illicites n’est pas nouveau dans les favelas de Rio de Janeiro, il a pris une tout autre
ampleur au début des années 80 lorsque la cocaïne a fait son apparition, favorisant la création et la
militarisation de factions des stupéfiants (« drug factions ») qui se sont fragmentées et opposées les unes
aux autres par la suite. Ces conflits ont conduit au recrutement de membres de plus en plus jeunes et au
recours de plus en plus systématique à la violence armée.
Il existe aujourd’hui trois grandes factions des stupéfiants (« Comando Vermelho », « Terceiro Comando »
et « Amigos dos Amigos ») qui contrôlent le marché de la vente de drogues (cocaïne et marijuana) dans la
ville, toutes implantées dans ses favelas. Chacune d’elles forme un réseau d’acteurs indépendants qui se
soutiennent et se protègent les uns les autres, et qui se sont dotés d’une structure hiérarchique et armée
dont les membres, estimés à 10 000, sont mineurs dans la moitié des cas. À caractère économique surtout,
elles sont fortement territoriales et exercent un contrôle quasi politique dans leur secteur. Avec le temps,
elles ont mis en place un système de réciprocité forcée qui se traduit à la fois par un soutien mutuel et
l’imposition de châtiments en cas de refus de collaboration. Ce système est d’autant plus ancré dans la
3
Dont le taux d’homicide d’environ était de 60 pour 100 000 habitants en 2000 (comparativement à environ 6 pour
la moyenne nationale).
4
. Hagedorn (2005). L’auteur identifie trois conditions nécessaires à l’apparition de ces gangs : existence d’un conflit
urbain racial, ethnique ou religieux, et pas seulement de classes; dysfonctionnement des contrôles et des services
formels, et rareté des opportunités économiques; présence de zones de repli (« defensible spaces »).
5
. Il ne semble pas exister de différence entre les deux, sinon que les maras réfèrent exclusivement à deux gangs –
Mara Salvatrucha 13 (MS) et Barrio 18 (18) – et les pandillas (bandes) à tous les autres.
5
réalité sociale qu’il se conjugue à l’absence de l’État. Il en résulte que tous les jeunes des favelas dans
lesquelles ces factions sont très présentes, sont à risque d’en joindre les rangs, volontairement de surcroît
puisqu’elles y sont une force socio-politique légitime, ce que les interventions policières répressives ne
font que conforter.
Certains chiffres ne mentent pas : en 2000, le taux de mortalité reliée aux armes à feu des 15-17 ans était
supérieur à 500 (pour 100 000 habitants) dans plusieurs favelas, comparativement à environ 120 pour les
jeunes noirs de 15-19 ans qui sont (avec les 20-24 ans) pourtant de loin le groupe d’âge le plus touché aux
États-Unis.
1.2.4
Les « area gangs » et les « corner gangs » de Kingston (Jamaïque)
L’origine de la violence armée organisée se trouve dans la confrontation qui a opposé depuis la fin des
années 60 les deux principaux partis politiques, le People’s National Party et le Jamaica Labour Party.
Une sorte d’arrangement a été passé entre les politiciens et les « area dons » (leaders de gangs et/ou de
quartier) : ces derniers garantissaient les votes aux premiers qui, en échange, faisaient preuve de
favoritisme en matière d’emploi et de logement social. Si la violence reliée aux gangs est encore politique
de nos jours, elle ne l’est plus de manière exclusive depuis une vingtaine d’années.
Avec le temps, les gangs sont devenus de plus en plus indépendants par rapport aux politiques, processus
duquel a découlé l’apparition d’un nouveau type d’acteur, les « corner gangs ». Cette indépendance
s’expliquerait en grande partie par la perte du monopole des armes à feu des « area dons ». On rencontre
donc présentement deux types de gangs de rue à Kingston :
• Les « area gangs » imposent leur contrôle à l’échelle de quartiers ou de communautés et, pour la
plupart, y sont bien implantés. Leurs activités sont désormais surtout criminelles et prennent la forme
d’extorsion, de protection et de trafic de stupéfiants, mais ils semblent également attachés au maintien
d’un certain ordre.
• Les « corner gangs » sont des groupes plus informels et instables, qui peuvent naître et disparaître très
rapidement, y compris sur des territoires aux mains de « area gangs ». De par leur nature, ces gangs ne
cherchent pas à assurer l’ordre dans leur communauté.
Les deux types de gangs semblent recruter de jeunes membres âgés de 12 à 15 ans mais les données
disponibles ne sont pas précises à ce sujet.
1.2.5
Les bandes de jeunes des banlieues urbaines (France)
La France n’est pas confrontée à un véritable problème de gangs de rue. Certes, il existe de nombreuses
bandes de jeunes dont la majorité ne sont pas structurées même si elles ont parfois des leaders, comme
celles que Esterle-Hedibel (2001) a étudiées dans la banlieue parisienne. La plupart de ces bandes
proviennent de quartiers défavorisés, sont constituées d’immigrants de deuxième génération, ou plus, qui
se sentent rejetés et exclus par la société française6. Depuis une quinzaine d’années cependant, on observe
l’apparition de bandes ethniques qui opposent notamment des jeunes originaires de l’Afrique subsaharienne à d’autres d’Afrique du Nord.
1.2.6
Les gangs de rue de Bruxelles (Belgique)
Le phénomène semble rare en Belgique mais on trouve quelques gangs territoriaux à Bruxelles. Entre la
rareté des études et l’effet amplificateur du traitement médiatique, il est difficile de se faire une idée
précise. De plus, la définition légale très large de gang a pour conséquence que n’importe quel groupe de
jeunes ou presque peut être considéré comme un gang. Notons une forme particulière de gangs, les
« splinter groups » : il s’agit de jeunes qui se regroupent uniquement en vue de commettre certains crimes
et se séparent après être passés à l’acte (Vercaigne, dans Covey, 2003).
6
. Voir l’enquête de Bordes-Benayoun et de Tandian (2004) sur les regroupements de jeunes dans la banlieue
toulousaine, qui permet de mieux en comprendre la formation et la nature.
6
1.2.7
Les gangs de rue de Manchester (Angleterre)
Même si des groupes de jeunes délinquants existent depuis longtemps en Angleterre, ils ont été peu
étudiés par les chercheurs. On rencontre trois types de gangs de rue à Manchester, les deux premiers étant
fortement territoriaux et correspondant aux gangs néo-traditionnels de la typologie de Klein. Ils ont en
commun d’être en rivalité constante avec d’autres gangs, de commettre une grande variété de crimes,
d’être influencés par certains gangs américains pour ce qui est de leur tenue vestimentaire et de leurs choix
musicaux (connus sous le nom de « gangsta style ») et d’être situés dans des quartiers défavorisés depuis
plusieurs décennies.
• Ceux des quartiers de la classe ouvrière situés près des centres-villes, comme par exemple le secteur de
Salford, sont presque exclusivement blancs, comptent un maximum de 60 membres, ce qui pourrait
s’expliquer par la présence du crime organisé et sa tendance à les intégrer, et ont une organisation très
peu structurée.
• Se sont ajoutés à eux des gangs de rue ethniques dans certains secteurs urbains de Londres, Liverpool et
Manchester durant les années 80. Dans son étude sur les Gooch et les Doddington de Manchester, Mares
(dans Covey, 2003) indique que, contrairement aux apparences, ces gangs ne seraient pas impliqués
dans le trafic de stupéfiants au niveau organisationnel (mais plutôt individuel). Principalement composés
d’Afro-caraïbiens, ils ne se seraient pas constitués sur une base ethnique, mais territoriale, reflétant ainsi
surtout la composition ethnique locale. En revanche, aucun des deux n’est structuré de façon
hiérarchique et n’a de leader formellement identifié, même s’ils comptent autour de 90 membres chacun.
Le troisième type est celui des gangs de rue de banlieue, qui sont des exemples de « compressed gangs »
de la typologie de Klein. Situés dans des lotissements défavorisés, ils sont l’aboutissement du
développement de cliques de jeunes, mais sont enclins à disparaître au bout de 5 à 10 ans. Moins
nombreux (entre 20 et 30), leurs membres, presque tous Blancs, sont plus jeunes que ceux des deux autres
types de gangs de rue et ont tendance à quitter le groupe lorsqu’ils entrent dans la vingtaine. Versant dans
une criminalité moins sérieuse, ces gangs contrôlent un territoire très restreint et n’entretiennent pas de
relation avec le crime organisé.
1.2.8
Les gangs de rue criminels de Le Cap (Afrique du Sud)
Dans son étude, Leggett (2005) s’est intéressé au cas des gangs de rue7 du district de Manenberg (80 000
habitants), dans le quartier Cape Flats de Le Cap. La population du secteur est principalement composée
de mulâtres (« coloured »), détail qui a son importance dans l’histoire du pays8. Le nombre de gangs est
inconnu parce qu’il est difficile de distinguer les « vrais » de ceux qui les imitent, sans compter que les
territoires qu’ils contrôlent et protègent ne sont pas clairement définis. Selon l’auteur, le concept même de
membre est flou parce que plusieurs d’entre eux traversent des crises pendant lesquelles le recrutement
régulier est interrompu.
Contrairement à la structure organisationnelle hiérarchique et militaire des gangs de prison, celle des
gangs de rue a tendance à être informelle, le leadership passant bien plus par le charisme et la personnalité
de certains individus que par leur titre. En fait, on observe une variation entre les gangs, voire même en
leur propre sein lorsqu’ils sont répartis sur plus d’un secteur. Outre les vols (dont les victimes sont souvent
les membres de leur collectivité), ils sont impliqués dans différentes activités criminelles qui varient selon
le gang, sauf celles relatives aux drogues, le trafic surtout, qui sont communes à la plupart. Il est
intéressant de remarquer que les membres qui n’ont pas la « chance » de participer aux activités touchant
aux drogues, sont souvent désœuvrés et se rabattent sur des crimes d’occasion (« opportunistic crimes »)
pour lesquels ils disposent d’un soutien organisationnel.
En raison de la présence de nombreuses armes à feu, le développement du phénomène des gangs des rues
est à la fois une cause et une réponse à la violence locale.
7
. Par exemple les Americans, les Hard Living Kids et les Junky Funky Kids.
. En effet, ce groupe de population a bénéficié d’un traitement préférentiel relatif pendant l’Apartheid et une partie
se sent désavantagée par le régime démocratique, au détriment des populations « plus noires ».
8
7
1.2.9
Les groupes de justiciers armés et les milices du Nigeria
Après la mise en place d’un mode de gouvernement démocratique en 1999, différents groupes de justiciers
(« vigilante ») et milices déjà existants sont entrés en action dans certains secteurs du pays. Dans un pays
où six habitants sur dix ont moins de 25 ans, il n’est pas surprenant qu’ils aient rallié à eux un grand
nombre de jeunes. Deux de ces groupes se distinguent des autres par leur importance (Ibrahim, 2005) :
•
L’Oodua Peoples Congress (OPC) :
Il a pour but de défendre et de promouvoir les intérêts de l’ethnie Yoruba. Présent dans le sud-ouest du
pays, ses activités prennent notamment la forme d’agitation politique et d’affrontements interethniques. Sa
structure hiérarchique bien définie est dominée par un conseil exécutif national et des conseils au niveau
des États.
•
Les Bakassi Boys :
Ce gang a été créé comme groupe d’autodéfense en réaction aux nombreux vols à main armée commis
dans le marché de la ville d’Aba. Composé de l’ethnie Igbo et opérationnel dans le sud-est du Nigeria, son
organisation est très structurée et ses membres sont formés, armés et rémunérés. Les Bakassi Boys sont
connus pour leur justice expéditive et brutale à l’endroit d’individus suspectés de crimes divers. À noter
qu’ils ont été officiellement installés à Onitsha par le gouvernement de l’État d’Anambra.
2. EXEMPLES DE MESURES ET DE MÉTHODES D’ANALYSE DU PHÉNOMÈNE
2.1 Analyse policière
Peu de sources sont disponibles sur les travaux d’analyse conduits par les différents services de police ou
de renseignement. Dans l’ensemble, les analyses policières consistent à recenser le nombre de gangs et de
membres de gangs et à identifier leurs secteurs d’activités, que ce soit relativement au territoire sur lequel
ils agissent ou aux types de crimes qu’ils commettent. En revanche, à Bruxelles et à Montréal, la police a
travaillé à définir la problématique des gangs de rue et à en élaborer une typologie. Celle de la « Cellule
Bande Organisée » de la police bruxelloise, opérationnelle pendant les années 90, distingue le gang avec
leader, le gang spontané, le gang ghetto et l’organisation criminelle.
Dans le cadre du Boston Gun Project, un nouveau type d’analyse a été développé, dont la police de
Newark (États-Unis) s’est inspirée : l’analyse de réseau (« network analysis »). Elle consiste à analyser le
modèle de relations sociales entre les groupes ou les individus et ainsi à acquérir une compréhension fine
des gangs (pas de ses causes) tels qu’ils se manifestent au plan local. Elle a ainsi permis de comprendre
pourquoi certains secteurs géographiques étaient le théâtre d’actes de violence causés par les gangs et
d’apprendre l’existence d’alliances et de rivalités, autant d’éléments qui peuvent être nécessaires dans le
cadre d’une intervention policière. Il a même été possible de définir les relations entre les membres
connus de gangs et leurs associés et, par là même, leur fonctionnement interne. Enfin, la présence
d’individus à la périphérie de ces groupes a aussi pu être détectée, permettant alors de concevoir des
stratégies différentes selon le rôle des uns et des autres. L’analyse de réseau gagne à être intégrée dans une
intervention parce qu’elle permet d’observer si les stratégies mises en œuvre ont un effet de
désorganisation sur le gang ou si celui-ci s’adapte.
2.2 Analyse scientifique (recherche)
Le programme Eurogang est une initiative de scientifiques européens qui, en 2000, ont obtenu un
financement de l’Union Européenne pour constituer un réseau de chercheurs consacré à l’étude des gangs
de rue et visant à définir des principes pour la prévention et le contrôle de leurs activités. Dès le départ,
des experts américains, dont Malcolm Klein ont participé à la démarche, agissant rapidement à titre de
consultants.
Le réseau Eurogang inscrit ses recherches dans le contexte plus large des groupes de jeunes (entendu qu’il
s’agit là d’une manifestation du processus de socialisation durant l’adolescence). Par ailleurs, le réseau
soulève un « paradoxe Eurogang » qui comporte deux éléments : le déni de nombreux décideurs et
8
chercheurs européens relativement à l’existence de gangs de rue semblables aux gangs de rue américains,
caractérisés par une structure définie, une grande envergure, des codes culturels forts, une solide assise
territoriale et une utilisation systématique de la violence; le fait que les gangs américains correspondent
rarement, en réalité, à ce stéréotype.
Pour analyser localement les gangs de rue, une définition théorique (voir plus haut) et opérationnelle ont
été proposées. Celle-ci peut être utilisée de deux façons : indirectement, en posant une série de questions
« en entonnoir » à un jeune sur le groupe auquel il appartient; directement, en travaillant avec la typologie
de Klein (voir annexe 1).
2.3 Analyse diversifiée
2.3.1
L’Office of Juvenile Justice and Delinquency Prevention (OJJDP)
Relevant du ministère fédéral américain de la Justice, l’OJJDP s’est doté d’une stratégie globale pour
mieux comprendre le phénomène des gangs et s’y attaquer de manière plus efficace. Elle est constituée de
cinq composantes :
•
Le National Youth Gang Center (NYGC) : qui a pour mission d’aider les décideurs, les praticiens et
les chercheurs à réduire l’engagement des jeunes dans des gangs de jeunes et leur participation à des
activités criminelles. Pour ce faire, il diffuse de l’information et met à disposition diverses ressources,
outils et expertise relativement à l’élaboration et la mise en œuvre de stratégies éprouvées de
prévention, d’intervention et de neutralisation ciblant les gangs de jeunes, notamment le Gang
Reduction Program de l’OJJDP et la Gang-Free Schools Initiative. Le NYGC dresse également la
liste des gangs actifs aux États-Unis
•
La mise à l’épreuve de son Comprehensive Gang Model dans un certain nombre de sites : ce modèle
est articulé autour de cinq éléments : la mobilisation de la collectivité, l’intervention sociale, la
prévention via l’offre d’opportunités sociales, l’élimination (des gangs) et les changements et le
développement organisationnels d’organismes locaux.
•
L’évaluation indépendante de ses projets de démonstration
•
La formation et l’assistance technique relativement aux réponses à l’échelle de la collectivité contre
les gangs : un outil de planification stratégique a été élaboré pour aider les collectivités à
diagnostiquer et s’attaquer à la problématique de façon intégrée.
•
L’acquisition et la diffusion de la documentation sur les gangs via le Juvenile Justice Clearinghouse.
2.3.2
Le Centre Jeunesse de Montréal – Institut Universitaire (CJM-IU)
La Pratique de pointe Gangs et Délinquance du CJM-IU vise à réduire les méfaits de l’expérience des
gangs criminalisés en soutenant les adolescents à différents niveaux d’intégration sociale (personnel,
relationnel et familial, productivité et fonctionnalité, et symbolique). Sa stratégie reflète la collaboration
entre la gestion, l’intervention et la recherche, comme en font notamment foi ces quatre
volets « intervention », « transfert de connaissances », « recherche et enseignement », et « rayonnement et
partenariat ». Le volet recherche s’intéresse moins au fonctionnement des gangs qu’aux besoins des
intervenants et à ceux des jeunes, ainsi qu’aux processus liés à leur adhésion à un gang. L’idée d’outiller
les intervenants en leur transmettant un bagage de connaissances scientifiques procède de la volonté de les
amener à faire une analyse plus fine de la réalité des gangs à laquelle ils sont confrontés, analyse qui
porterait davantage sur les causes que les symptômes et chercherait à comprendre le rôle et la place des
gangs dans la vie des adolescents (Hamel, 2005 et Fredette, 2005).
9
3. EXEMPLES DE TYPES D’ACTIONS EXISTANTES
3.1 Approches non préventives
3.1.1
La politique antigang répressive du El Salvador
Trois mois après le Plan Mano Dura, le gouvernement a voté la Ley Antimaras (« loi anti-maras ») en
octobre 2003. Créée pour établir un régime temporaire spécial pour s’attaquer aux pandillas, elle a été
mise en œuvre pendant six mois : elle faisait de l’appartenance à une pandilla un crime, durcissait les
peines (maximum de cinq ans pour un membre et de neuf pour un chef), donnait un statut d’adulte aux
jeunes âgés de 12 à 18 ans coupables d’infractions en vertu de cette loi, prévoyait des amendes pour le
simple fait de se trouver dans un lieu sans papier d’identification ni justification, et accordait une grande
latitude aux services de police. Elle s’est soldée par l’arrestation de plus de 11 000 individus dont la moitié
seulement a été accusée de crimes de toutes sortes, les autres étant simplement détenus pour être
soupçonnés de faire partie d’une pandilla.
Selon Carranza (2005), cette loi a été complètement inefficace, ne serait-ce que parce que la majorité des
crimes qu’elle vise étaient déjà pris en charge par le système pénal. Elle a également eu pour conséquence
de surcharger l’appareil judiciaire et le système carcéral, sans être en mesure de ralentir les activités des
gangs ciblés qui ont montré qu’ils étaient capables de poursuivre leurs activités en prison. Enfin, elle a été
à l’origine d’abus contre les personnes, favorisant le recours à la violence par les policiers auprès de la
population de certains quartiers.
3.1.2
La stratégie judiciaire du FBI
Le FBI a mis en place une stratégie nationale sur les gangs, la Enterprise Theory of Investigation (ETI)9.
Visant à identifier, perturber et démanteler les gangs violents dont les activités constituent des entreprises
criminelles, elle intègre des théories d’enquête et de poursuite judiciaire « éprouvées » (« effective ») avec
le crime organisé traditionnel. L’ETI est présentée comme une stratégie efficace contre le crime organisé
mais également les gangs de rue plus structurés (du type traditionnel) actifs dans plusieurs juridictions.
Elle comporte deux éléments :
•
Recours à deux lois criminelles fédérales pour les poursuites judiciaires des membres: la Racketeer
Influenced and Corrupt Organizations Act (RICO) et les articles Continuing Criminal Enterprise
(CCE) dans le cadre de la Comprehensive Drug Abuse Prevention and Control Act de 1970.
•
Intégration de la poursuite judiciaire à l’enquête policière pour permettre un travail de collaboration.
Le second élément, qui est au cœur de la stratégie, doit permettre de monter un dossier relativement à
chacun des secteurs d’activité des gangs : par exemple, l’organisation des gangs fortement impliqués dans
le trafic de drogues étant articulée le plus souvent autour de leur transport et de leur distribution, les
procureurs seront en capacité de cibler les secteurs en question de façon très spécifique.
3.2 Approches préventives
3.2.1
Le programme scolaire américain G.R.E.A.T
Lancé en 1991 par le ministère de l’alcool, du tabac, des armes à feu et des explosifs conjointement avec
le service de police de Phoenix, le programme Gang Resistance Education and Training a été étendu à
l’échelle nationale deux ans après. Son objectif est de donner des compétences qui autonomisent les jeunes
adolescents en les aidant à résister aux pressions des pairs pour se joindre à un gang de rue. Il consiste en
une série de 13 leçons donnés par des policiers en uniforme sur 9 semaines, afin de familiariser les élèves
de 6ème et 7ème années (et maintenant également ceux de l’élémentaire) aux compétences de résolution
de problèmes, à la sensibilité culturelle et aux aspects négatifs de la vie dans les gangs de rue. Suite à une
évaluation nationale qui a montré un impact positif sur les comportements des élèves mais décalé dans le
9
. Mcfeely (2001) et Weisel (2002).
10
temps, un important travail a été réalisé pour analyser et améliorer le contenu du programme afin d’y
intégrer des éléments mis en lumière par la recherche scientifique.
3.2.2
L’opération Ceasefire (« cessez-le-feu ») de Boston
Opérationnelle de 1995 et 1997, cette stratégie de résolution de problèmes est l’initiative du Youth
Violence Strike Force du service de police de Boston. Son objectif était de réduire la violence causée par
les gangs et les armes à feu, ainsi que la possession illégale d’armes à feu. Orientée sur les jeunes à risque
et les contrevenants juvéniles violents, elle comportait deux types de mesures :
•
Mesures d’élimination : mandats d’arrêt et sentences prolongées pour les récidivistes et application
stricte des restrictions probatoires.
•
Mesures de prévention : campagne de communication de très grande envergure incluant des réunions
avec des groupes de la collectivité et des membres de gangs de rue, visant à expliquer que la violence
n’est plus tolérée et entraînera systématiquement l’application des mesures précitées mais également à
leur offrir différents services, comme par exemple de l’aide à l’emploi.
L’évaluation a fait ressortir une baisse du nombre mensuel d’homicides de victimes de 24 ans et moins et
la diminution du nombre d’appels pour coups de feu, qui étaient les deux principaux indicateurs retenus.
Ces observations, de même que la comparaison avec d’autres villes, laisse croire que l’opération Ceasefire
a été efficace. Il est toutefois important de préciser qu’elle n’était qu’une composante parmi d’autres mises
en œuvre pour s’attaquer au problème de la violence des gangs.
3.2.3
Le Mesa Gang Intervention Program (MGIP) en Arizona
Il s’agit de l’un des sites pilotes dans lesquels le Comprehensive Gang Model de l’OJJDP a été testé. La
démarche a donc été élaborée autour des cinq éléments (voir plus haut) de l’approche préconisée par
l’agence fédérale. L’évaluation indépendante de l’équipe de Spergel souligne que le succès de
l’intervention a reposé en grande partie sur le travail de collaboration entre le service de police de la ville
de Mesa, qui était l’organisme responsable, et les services de probation du comté de Maricopa, le district
scolaire local, les organismes sociaux de United Way et le conseil municipal. Pour faciliter cette
collaboration, ces acteurs ont été regroupés dans les mêmes locaux. Un peu plus de 250 jeunes ont
participé au programme et se sont ainsi vu offrir une gamme variée des mesures d’intervention sociale tout
en étant soumis à des mesures de contrôle : « counseling » individuel et familial, discussion en groupe,
renvoi à des organismes communautaires, mais également surveillance, supervision et arrestation.
Au niveau de la mise en œuvre, le MGIP n’a pas suivi le modèle de l’OJJDP à la lettre, ni l’utilisation de
travailleurs de proximité auprès des jeunes ni la collaboration avec des organisations communautaires
n’ayant été concrétisées. Pour autant, dans l’ensemble, la baisse du taux d’arrestation des jeunes du
programme a été 18 % supérieure à celle de jeunes non-participants (groupe de comparaison). Parmi les
activités mises en œuvre, les services d’intervention sociale se sont révélés les plus étroitement associés
(statistiquement parlant) à des taux réduits d’arrestation, les activités d’élimination étant les moins
efficaces. De surcroît, par rapport à trois secteurs de comparaison, le secteur-cible a affiché une
diminution du nombre total d’incidents davantage commis par les jeunes 10,4 % supérieure.
3.2.4
Le projet Luta Pela Paz10 de Rio de Janeiro
Piloté par l’organisme Viva Rio, ce projet a pour objectif d’offrir aux jeunes à risque des alternatives à la
criminalité et au trafic de drogues, grâce au sport, à l’instruction scolaire, au développement de
compétences, à l’enseignement d’une culture de paix et à l’accès au marché du travail. Plus généralement,
il est une réponse au problème du trafic de drogues qui sévit dans les favelas de Rio, se traduit par un taux
d’homicides très élevé et met en scène des factions armées principalement composées de jeunes. Il a été
mis en œuvre dans la seule favela où les trois principales factions sont actives, le Complexe de Maré.
L’intérêt de cette initiative est de renforcer les facteurs de protection pour faire contrepoids aux facteurs de
risque liés à l’affiliation à une faction armée. Les activités ont donc été pensées en fonction de leur
10
. Que l’on peut traduire par « La lutte pour la paix ».
11
capacité à répondre aux facteurs de risque qui concernent les jeunes susceptibles de s’y joindre et ceux
pour lesquels le processus d’affiliation a déjà commencé.
Selon le concepteur du projet, le sociologue L. Dowdney, l’accès au marché du travail est essentiel -il
prend la forme de partenariats avec le secteur privé pour offrir de la formation professionnelle ou de stages
rémunérés- mais c’est le caractère intégré de la démarche, c’est-à-dire la participation du jeune à toutes les
activités et la capacité de l’équipe en place à s’assurer qu’il puisse bénéficier de tous les services prévus,
qui est garante de son succès.
3.2.5
L’initiative Ecotherapy d’Afrique du Sud
Lancé par l’ONG National Peace Accord Trust (NPAT), cette intervention de réhabilitation utilise
l’environnement pour initier un processus de réflexion sur soi qui doit soutenir les tentatives d’un individu
à faire face à ses problèmes. Il s’adresse surtout aux ex-membres de gangs en manque de repères, dont le
nombre a beaucoup augmenté depuis la fin de l’Apartheid. Il consiste en une excursion de cinq jours
durant laquelle un petit groupe de participants, accompagnés d’un thérapeute, identifie les problèmes
personnels des uns et des autres, avant que chacun ne s’isole pendant 24 heures pour y réfléchir et que le
groupe n’en fasse l’analyse par la suite. Une autre discussion collective est organisée un ou deux mois plus
tard afin de faire le point. En dépit de son apparente simplicité, cette initiative semble avoir obtenu des
résultats très encourageants qui s’expliquent sans doute un peu par le profil des participants, c’est-à-dire
des personnes qui ressentent le besoin et ont la volonté de donner un nouveau sens à leur vie, après avoir
vécu dans la violence (comme agresseur certainement mais parfois aussi comme victime).
Une étude d’évaluation faite entre 1996 et 2002 montrerait11 que 80 % de la cohorte de 90 participants qui
ont été suivis n’ont pas récidivé en matière de criminalité.
11
. Cette évaluation est citée par plusieurs sources, dont les études de Leggett (2003) et de Standing (2005), mais son
titre et le nom de son auteur ne sont pas mentionnés.
12
Annexe 1
Typologie des gangs selon Hamel et coll. (1997)
Leadership informel
Leadership collégial
Leadership hiérarchique
NIVEAU DE CRIMINALITÉ
Très élevé
Peu élevé
FAIBLEMENT
ORGANISÉS ET
PEU STABLES
PSEUDO
GANGS
GROUPES
DÉLINQUANTS
GANGS DE
TERRITOIRE
GANGS
DE RUE
TRÈS ORGANISÉS
ET PLUTÔT
STABLES
GANGS
ORGANISATIONS
IDÉOLOGIQUES CRIMINELLES
Peu élevé
Très élevé
NIVEAU DE VIOLENCE
Niveau 1
Pseudo gangs
•
•
•
Ados s’identifiant aux gangs en imitant leurs manières et comportements
Groupes éphémères qui ont peu ou pas de contacts avec les gangs de rue
Délinquance mineure
•
Ados préoccupés par statut, prestige et la protection du territoire
Peu structurés mais peuvent être stables
Délinquance mineure : désordre, flânerie, contre la propriété
Niveau de violence peu élevé
Niveau 2
•
Gangs de territoire •
•
Niveau 3
Groupes
délinquants
•
•
Ados qui commettent beaucoup de crimes mais moins sérieux, persistants ou
violents
Relativement éphémères, peu stables, peu organisés
Niveau 4
•
Groupes violents à •
visée idéologique •
Ados et jeunes adultes engagés dans des activités ayant une fin idéologique
Parfois structure de leadership développée et intégrés à des associations d’envergure
Crimes sérieux et actes très violents pour défendre les croyances
Niveau 5
Gangs de rue
Niveau 6
Organisations
criminelles
•
•
•
Ados et jeunes adultes engagés dans des activités illégales menaçantes et violentes
Niveaux d’organisation variables, préoccupés par le contrôle du territoire
Formes variées d’activités criminelles dont certaines à des fins économiques
•
Jeunes adultes et adultes formant des groupes ordonnés et stables avec des activités
diversifiées mais toujours à des fins économiques
Préoccupés par le contrôle du territoire
Violence et intimidation pour promouvoir ou protéger les intérêts économiques
•
•
13
Annexe 2
Facteurs de risque identifiés dans la littérature scientifique par Hamel et coll. (1997)
Famille
École
Pairs
Individus
Monoparentalité et bris de
liens familiaux
Avoir peu d'espoir quant à
sa réussite scolaire
Entretenir des relations
avec des délinquants
Faible estime de soi (mais
résultats contradictoires)
Familles plus nombreuses
Avoir peu d'aspirations
liées aux études
Avoir des amis
consommant de la drogue
Attitudes pro-gang
Faibles stratégies de gestion
de la famille
Vivre des échecs scolaires
Avoir des amis ayant déjà
été membres de gang
Plus grande tolérance vis-àvis de la déviance
Discipline parentale
inappropriée
Parents ayant peu d'espoir
pour leur enfant à l’école
Être compétitif
Peu d'encadrement et de
contrôle des parents
Frustrations liées à l'école
Posséder une arme
Peu d'implication de la famille
Être étiqueté négativement
par les professeurs
Consommation abusive de
drogue
Peu d'affection dans les
relations parents-enfants
Pas de modèle positif
parmi ses professeurs
Avoir un dossier de
délinquance (agressivité)
Avoir un frère ou une soeur
membre d'un gang
Vivre de la marginalité
Avoir été approché pour faire
partie d'un gang
Absence de modèles
parentaux
Être dans une classe où il
y a des membres de gangs
Appartenir au groupe d'âge le
plus visé pour le recrutement
(11 à 15 ans)
Attitudes pro-violence de la
part des parents
Être «dans le trouble» à
l'école
Faire partie d'un groupe ou
d'une minorité ethnique
Être un immigrant récent
14
Annexe 3
Caractéristiques des différents gangs mentionnés dans la note
Structure de commandement
Nombre de
membres
Niveau
organisationnel
Activités
économiques clés
Membres
rémunérés
Gangs de rue institutionnalisés de
Chicago
Organisation formelle ou structure
corporative / Structure horizontale informelle
avec branches locales décentralisées
Entre 5 000 et
20 000
Local
National
Drogues
Crimes
Non
Gangs de rue de Manchester
Organisation informelle minimale
Quelques dizaines
Local
Crimes
Non
Bandes de jeunes de banlieue (France)
Organisation informelle minimale
Quelques dizaines
Local
Crimes
Non
Gangs de rue de Bruxelles
Organisation informelle minimale
Quelques dizaines
Local
Crimes
Non
Structure hiérarchique pyramidale
Quelques dizaines
Local
National
International
Drogues
Crimes
Non
Local
Drogues
Crimes
Protection/Extorsion
Commerce licite
Oui
Local
Crimes
Non
Type de gang
Raisons du recours
à la violence
Pays du Nord
Rivalités
Territoire
Conflits internes
Rivalités
Territoire
Rivalités
Territoire
Rivalités
Territoire
Pays du Sud
Maras et pandillas
du El Salvador
Factions armées
de Rio de Janeiro
Structure hiérarchique pyramidale avec
système de classement au niveau local
Gangs de rue de Kingston
Structure horizontale informelle avec
branches locales décentralisées
Quelques dizaines
Entre 6 000 et
10 000
Gangs de secteur de Kingston
Structure horizontale informelle avec
branches locales décentralisées
Groupe de justiciers du Nigeria :
les Bakassi Boys
Structure hiérarchique pyramidale avec
système de classement
Entre 3 000 et
4 000
Régional
Milice du Nigeria: OPC
Structure hiérarchique pyramidale avec
système de classement
n.d
Régional
Local
Crimes
Protection/Extorsion
Favoritisme politique
Protection/Extorsion
Favoritisme politique
Protection/Extorsion
Favoritisme politique
Crimes
n.d
Forces de l’ordre
Rivalités
Territoire
Conflits internes
Justice sommaire
Rivalités
Territoire
Rivalités
Territoire
Justice sommaire
Oui
Justice sommaire
Oui
Ethnique
Territoire
Justice sommaire
Structure hiérarchique pyramidale avec
Drogues
système de classement /
n.d
Local
Oui / Non
Crimes
Structure horizontale informelle avec
Commerce licite
branches locales décentralisées
Source : L. Dowdney (2005). Neither War nor Peace. International comparisons of children and youth in organised armed violence. Viva Rio, Rio de Janeiro.
Gangs de rue institutionnalisés
de Le Cap
Rivalités
Territoire
Rivalités
Territoire
Internes
15
Bibliographie commentée :
Astwood Strategy Corporation (2004). Résultats de l’Enquête policière canadienne sur les gangs de
jeunes de 2002. Ministère de la Sécurité publique et de la Protection civile du Canada.
http://ww2.psepc-sppcc.gc.ca/publications/policing/pdf/gangs_f.pdf
Cette première enquête nationale du genre vise à brosser un portrait général du phénomène des gangs de
jeune dans les collectivités canadiennes « tel qu’il est signalé par les organismes d’application de la loi ».
Bordes-Benayoun, C. et A. Tandian (2004). Rôles et échanges des savoirs dans la formation des groupes
juvéniles urbains. Toulouse : Centre d’Anthropologie – EHESS. 247 p.
http://i.ville.gouv.fr/divbib/doc/bordes_tandian_grpesjuveniles.pdf
Braga, A. A. et D. M. Kennedy (2002). “Reducing Gang Violence in Boston” in W. L. Reed, et S. H.
Decker (éds.). Responding to Gangs : Evaluation and Research. U.S. Department of Justice, National
Institute of Justice. pp.265-288.
www.ncjrs.gov/pdffiles1/nij/190351.pdf
Les auteurs présentent l’opération Ceasefire de Boston en mettant l’accent sur les résultats positifs mis en
lumière par son évaluation.
Carranza, M. (2005). “Detention or death: where the ‘pandillero kids’ of El Salvador are heading” in L.
Dowdney, Neither War nor Peace. International comparisons of children and youth in organised armed
violence, Viva Rio, Rio de Janeiro. pp.212-231.
Covey, H. C. (2003). Street Gangs Throughout the World. Springfield, Charles C. Thomas. 267 p.
Bien que publiée en 2003, cette monographie aurait intérêt à être mise à jour parce que les sources
utilisées pour décrire la situation dans les différents pays datent dans certains cas. L’utilité de ce survol
international est cependant indéniable.
Dowdney, L. (2003a). Children of the Drug Trade. A case Study of Children in Organised Armed Violence
in Rio de Janeiro. Rio de Janeiro : Viveiros de Castro Editora Ltda. 265 p.
www.coav.org.br/publique/media/livroluke_eng.pdf
Enquête minutieuse sur les factions armées des stupéfiants des favelas de Rio, incluant les relations
qu’elles entretiennent avec la collectivité, le rôle joué par les enfants et les pistes d’action possibles.
Dowdney, L. (2003b). Methodology manual.Fight for Peace Project. Viva Rio, Rio de Janeiro. 42 p.
www.lutapelapaz.org.br/pdf/Methodology%20Fight%20for%20Peace%20project%202004.pdf
Description du projet brésilien Luta Pela Paz qui met en exergue les facteurs de risque auxquels
l’initiative s’attaque, ainsi que les facteurs de protection qu’elle vise à renforcer.
Dowdney, L. (2005). Neither War nor Peace. International comparisons of children and youth in
organised armed violence. Viva Rio, Rio de Janeiro. 347 p.
www.coav.org.br/publique/media/NewAll.pdf
Excellent rapport qui porte sur le phénomène de la violence armée organisée dans huit villes/pays :
Chicago (Etats-Unis), El Salvador et Équateur pour les maras, Medellin (Colombie), Le Cap (Afrique du
Sud), Nigeria, Philippines, Kingston (Jamaïque), et Irlande du Nord. Les huit rapports sont précédés d’une
analyse comparative axée, entre autres, sur la structure de commandement des gangs, leur processus de
recrutement des membres, les relations avec le reste de la collectivité et les stratégies mises en œuvre par
les autorités gouvernementales.
Esbensen, F. et coll. (2002). “National Evaluation of the Gang Resistance Education and Training
(G.R.E.A.T.) Program” in W. L. Reed, et S. H. Decker (éds.). Responding to Gangs : Evaluation and
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Présentation de l’évaluation nationale du programme scolaire national américain G.R.E.A.T.
16
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Montréal – Institut universitaire.
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Police de la Communauté Urbaine de Montréal, IRDS.
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pour le SCC. Direction de la recherche, Service correctionnel du Canada, Ottawa. 74 p.
www.csc-scc.gc.ca/text/rsrch/reports/r161/r161_f.pdf
Étude comparative entre les gangs de rue canadiens et américains. L’accent est mis sur la situation dans
les établissements carcéraux, mais le traitement de ce qui se passe à l’extérieur des murs est traité
séparément. Une section est consacrée aux initiatives existantes qui visent à répondre à cette
problématique.
Klein, M. W. et coll. (éds.) (2000). The Eurogang Paradox - Street Gangs and Youth Groups in the U.S.
and Europe. Pays-Bas : Kluwer Academic Publishers. 356 p.
Ouvrage solide qui jette un éclairage sur le phénomène des gangs de rue en Europe, ce qui est déjà rare en
soi, même si la qualité des chapitres (par pays) est inégale.
Leggett, T. (2005). “Terugskiet (returning fire): Growing up on the street corners of Manenberg, South
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organised armed violence, Viva Rio, Rio de Janeiro. pp.296-315.
Loor. K. et coll. (2005). “Ecuador’s Pandillas and Naciones – A dreadful reality and a challenging task:
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www.nagia.org/PDFs/2005_national_gang_threat_assessment.pdf
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et de leurs activités dans les différentes régions du pays.
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Coordination of Humanitarian Affairs, vendredi 21 avril. Pas de pagination.
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www.ncjrs.gov/pdffiles1/nij/grants/209187.pdf
Étude d’évaluation de l’efficacité du Comprehensive Gang Program de l’OJJDP, mis à l’épreuve dans la
ville de Mesa. L’évaluation porte à la fois sur la mise en œuvre du modèle et sur les résultats obtenus.
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116. Pas de pagination.
www.iss.org.za/pubs/papers/116/Paper116.htm
Analyse de la problématique des gangs en Afrique du Sud et des réponses apportées.
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18