Espaces utopiques : en quête de la cité idéale.

Transcription

Espaces utopiques : en quête de la cité idéale.
« L’utopie résonne comme un appel au large
et dans la nuit constellée de nos rêves,
elle nous invite à un étonnant voyage. »
Thierry Paquot, « L’utopie ou l’idéal piégé »
Espaces utopiques :
en quête de la cité idéale.
Pour comprendre comment Jean-Baptiste-André Godin a élaboré et
réalisé le Familistère, il convient d’entreprendre un court chemin initiatique
parmi les penseurs, ceux qui ont rêvé une refonte politique, urbaine,
économique et sociale, supposée conduire les hommes enfin réconciliés vers
le bonheur. La matière est vaste, et le florilège proposé offre un éventail non
exhaustif de la quête de l’idéal en matière d’urbanisme et d’architecture.
Nous avons tenté de ne retenir que les étapes des utopies les plus illustres et
les plus marquantes pouvant être mises en relation avec la pensée de Godin
et sa matérialisation. Même si les solutions proposées côtoient parfois
l’absurde, elles forcent notre réflexion sur notre quotidien et nous
démontrent que le monde est toujours à faire.
C’est aussi une évasion vers la fantaisie …
Espaces utopiques : en quête de la cité idéale.
1 - Cités parfaites ?
ÿ
ÿ
ÿ
ÿ
Utopia – Thomas More.
Thélème – Rabelais.
Cité du Soleil – Campanella.
Eldorado – Voltaire.
ÿ Arc-et-Senans – Claude Nicolas Ledoux.
2 – Virtualité et réalité :
ÿ De New Lanark à New Harmony - Robert Owen.
ÿ Icaria - Etienne Cabet.
ÿ Phalanstère – Fourier.
3 - Utopie réalisée ? De la cité idéale au Palais social :
ÿ Biographie J.B.A. Godin par Guy Delabre.
ÿ Conception du Familistère : extraits de : « La richesse au service du peuple : le Familistère de
Guise », J.B.A. GODIN.
ÿ Jugements des contemporains : Guisards, Zola, Engels, témoignages visiteurs, Godin.
ÿ Le Familistère de Guise : dates.
4 – Cités des Temps Modernes :
ÿ Cité Radieuse – Le Corbusier.
ÿ Ville radieuse – Barjavel.
ÿ Ville 1984 – Orwell
5 - Travaux annexes:
-
Cité de Noisiel.
-
Vie à New-Lanark en VO.
Livret d’accompagnement .
Illustrations, sources et bibliographie.
1 – Cités parfaites ?
Si l’utopie trouve ses sources dans « La République » et « les
Lois » de Platon (IV siècle av. J.C.), c’est avec l’essor de la pensée
humaniste qu’elle prend véritablement forme. Le mot est inventé par
Thomas More. Son étymologie ou-topo, la région qui n’est d’aucun lieu
donc le pays de Nulle Part, et eu-topo, la région du bonheur, offre au terme
toute l’élasticité de son concept. C’est l’époque des explorations lointaines
qui ouvrent des horizons inconnus, de l’imprimerie qui transmet les écrits,
de la science qui impose sa rationalité. Ce nouveau genre littéraire qui va
fleurir au XVI siècle a longtemps permis aux auteurs de dénoncer les
travers de leur société présente ou à venir sans encourir les foudres de la
censure. Les références à l’utopie de Thomas More seront multiples parmi
les œuvres des penseurs qui imagineront d’autres modèles de société au fil
de romans satiriques ou d’explorations de mondes extraordinaires.
2 - Virtualité vers réalité :
L’Europe aborde le XIX siècle dans un contexte nouveau. Les philosophes du Siècle
des Lumières et la Révolution Française ont profondément marqué les courants de pensée.
L’aristocratie s’affaiblit, le pouvoir est confisqué par la bourgeoisie au détriment du peuple.
Les richesses s’accroissent, le machinisme se développe, le libéralisme économique
s’installe ; l’artisanat se restreint, et les classes laborieuses vont subir une exploitation
inique. La Révolution industrielle engendre de pénibles conditions de travail et bouleverse la
société.
Les paysans, chassés par la mécanisation, abandonnent leurs villages dans l’espoir de
trouver un travail dans l’industrie en plein essor ; les campagnes se dépeuplent. Les villes
aux rues moyenâgeuses connaissent une véritable explosion urbaine. Roubaix, par exemple,
de 4500 habitants en 1811 passe à 100 000 en 1891, soit un accroissement multiplié par 22.
Rien n’est planifié pour accueillir ce flux anarchique, et les évocations de la misère des
familles ouvrières abondent dans les constats dressés par des médecins comme le Docteur
Villermé, des philanthropes, des penseurs, ou dans la littérature chez Hugo, Flaubert ou Zola.
La population s’entasse dans des taudis, caves, greniers ou réduits et se trouve
sporadiquement décimée par des épidémies. Peu se font l’écho de la misère encore plus
sordide dans les campagnes :
« Dans les provinces comme la Picardie, entre Amiens, Cambrai et Saint-Quentin, les
paysans, sous leurs huttes de terre, n’ont point de lit ; ils se forment une couchette avec des
feuilles sèches qui, pendant l’hiver, se changent en fumier plein de vers; de sorte qu’au
réveil, les pères et les enfants s’arrachent les vers attachés à leur chair. La nourriture, dans
ces huttes, est de la même élégance que le mobilier. Tel est l’heureux sort de la belle
France ».
Charles Fourier, cité dans la thèse de Guy Delabre et Jean-Marie Gautier.
Le désordre s’installe en milieu urbain, les explosions de misère sont durement
réprimées, les patrons voient leurs profits diminuer. Il paraît nécessaire d’instaurer l’ordre,
de mieux contrôler les ouvriers dans un cadre moralisateur. Dans ce but, les grandes
compagnies construisent des corons, les patrons paternalistes des cités ouvrières, espaces
nouveaux, composés de services et de logements loués aux ouvriers, mais généralement clos.
La nécessité de reconstruire la société relance le mouvement utopique. Les acteurs ne
sont plus des hommes de lettres, mais des philosophes, des architectes, des industriels, des
hommes politiques. Owen en Grande-Bretagne, Saint-Simon, Proud’hon, Fourier, Cabet, en
France jettent les bases du Socialisme et, à l’exception de Cabet, inspireront l’idéologie de
Godin. Plus tard, Karl Marx et Friedrich Engels prônent l’avènement du mouvement social et
se baptisent « socialistes scientifiques ». Ils qualifient ces prédécesseurs de « socialistes
utopiques », leur reprochant leur foi en la raison et la bonté de l’homme, leur pacifisme qui
ne tient pas compte de la lutte des classes ni du rôle du prolétariat.
3 - L’utopie réalisée ?
De la cité idéale au Palais Social
« Ne pouvant faire un palais de la chaumière ou du galetas de
chaque famille ouvrière, nous avons voulu mettre la demeure de
l’ouvrier dans un palais ; le Familistère, en effet, n’est pas autre
chose, c’est le palais du travail, c’est le PALAIS SOCIAL de l’avenir.
Ce qu’il n’est pas possible de faire au profit de familles
éparpillées et sans lien, les améliorations qu’on ne peut introduire
dans le tohu-bohu des habitations ouvrières, ni à la ville, ni à la
campagne, ni dans les caves, ni dans les mansardes habitées ; ce
que ne permettent pas même les habitations ouvrières isolées les
mieux construites, quel qu’en soit le système : le Familistère le
permet, le palais social le rend possible, bien plus, il le rend
nécessaire. »
Jean-Baptiste-André Godin
La Richesse au service du peuple, le Familistère de Guise. 1875.
Les passages utilisés sont extraits de l’ouvrage de Jean-BaptisteAndré Godin publié en 1874, « La richesse au service du peuple : le
Familistère de Guise », version simplifiée de « Solutions Sociales » (1871).
L’auteur y explique comment la conception architecturale et urbaine du
Familistère étaye son projet social.
4 - Cités des Temps Modernes…
Le XX siècle, secoué par ses conflits idéologiques, économiques et
sociaux, par ses guerres, appréhende l’utopie. Si l’architecte reste avant
tout un utopiste puisqu’il tend à créer la réalité de demain, les thèmes
littéraires, artistiques et cinématographiques marginalisent l’utopie en
contre-utopie comme pour en conjurer la réalisation.
La visite du site :
Toute l’année, sur rendez-vous pour les groupes.
Fermeture : période des fêtes de fin d’année et début janvier.
Pour tous renseignements : 03 23 61 35 36. FAX : 03 23 61 09 67.
Tarif : 3 euros par élève (entrée gratuite pour les accompagnateurs).
La réservation devra être confirmée à l’avance, au minimum trois semaines avant la date envisagée.
La visite du site du Familistère peut être couplée avec celle de l’usine.
Renseignements concernant la visite de l’entreprise :
Godin S.A. tél : 03 23 05 70 18 FAX : 03 23 60 41 05.
532 rue Sadi Carnot, 02120 Guise
Déjeuner : le site n’offre pas pour le moment d’espace de pique-nique, mais la mairie peut mettre une
salle à disposition si celle-ci est disponible à la date de la visite. Des plateaux-déjeuners peuvent être
pris à l’usine qui en fixe les tarifs.
Le déroulement de la visite :
La visite est guidée, parce que d’une part l’approche du site nécessite des explications, d’autre
part le site est toujours une zone d’habitation. Sa durée est d’environ une heure trente. Elle se déroule
selon trois axes principaux :
Le théâtre : projection d’un spectacle multimédia à partir des documents d’archives sur l’idéologie de
Godin et les fonction du théâtre au sein de la collectivité familistérienne.
Les extérieurs et les cours des pavillons: Les bâtiments, leur emplacement dans la cité, leurs fonctions,
leurs corrélations au service de la collectivité, l’organisation du confort et des logements.
Les intérieurs : l’appartement J.B.A. Godin avec l’exposition de la maquette du site, et l’appartementtémoin du Familistérien.
Le site est classé monument historique depuis 1993. Pour des raisons que vous découvrirez, il est
toujours habité. Il est donc impératif que vous nous aidiez à protéger la tranquillité des résidents en
encadrant efficacement vos élèves qui sont sous votre responsabilité.
La réhabilitation du site dans le cadre du projet UTOPIA est en cours. Les travaux ne perturbent en
aucun cas les visites, mais le déroulement du parcours pourrait dans un proche avenir se trouver
modifié, non pas en terme de restriction, mais au contraire offrir des zones de visite plus vastes.
Comment préparer votre visite ?
Le service éducatif du Familistère est à votre disposition sur rendez-vous pour vous aider à préparer
votre visite : vous serez reçu gratuitement, et, accompagné de l’un de ses membres, vous découvrirez
l’ensemble du site et pourrez accéder à toutes les informations disponibles.
Le service éducatif se compose de trois enseignants :
Corinne Bruna, professeur de bio-technologie, David Laude, professeur d’histoire-géographie,
Geneviève Douay, professeur de lettres-anglais. Ils sont tous trois membres de l’Association Pour la
Fondation Godin dont l’objectif est de préserver le site et sa mémoire. L’association gère l’accueil sur
le site. Les membres du service éducatif peuvent assurer directement le guidage des groupes scolaires
selon leurs disponibilités.
Des stages inscrits au PAF ou des stages FIL permettent d’approfondir la richesse des aspects du site.
Présentation du dossier :
Ce dossier de 74 pages est élaboré pour des classes de lycée. Son sujet – formes et
organisations matérielles de la cité utopique – s’intègre aux thèmes retenus du projet « Lille
2004, cité idéale ».
Le domaine de l’utopie est immense, et ne sont retenus ici que ses aspects liés à
l’organisation sociale, étayée par la construction de son cadre de vie. D’autre part, les auteurs,
concepteurs ou penseurs cités sont ceux parmi les plus célèbres liés à ce sujet.
Le dossier offre un parcours chronologique à travers un ensemble de documents. Il se
présente sous forme de fiches photo copiables parmi lesquelles l’enseignant pourra effectuer
un choix selon sa discipline enseignée, ses objectifs, sa sensibilité. Les matières concernées
sont nombreuses : français, philosophie, histoire, économie, sciences médico-sociales,
anglais… Il peut servir de support de cours ou de travaux. Il offre matière à la réflexion, à la
discussion, au débat. Chaque fiche offre des possibilités d’exploitation et peut être utilisée
indépendamment des autres. Elle peut constituer une préparation à la visite du Familistère ou
une évaluation après visite.