JOHANN TRABER – PIONNIER SUISSE DE RAIFFEISEN

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JOHANN TRABER – PIONNIER SUISSE DE RAIFFEISEN
JOHANN TRABER – PIONNIER SUISSE DE RAIFFEISEN
Là où les érudits et les hommes politiques ont échoué, un prêtre a réussi
Durant le 19e siècle, l'agriculture suisse a dû faire face à de gros problèmes en raison des bouleversements économiques liés à l'industrialisation. La recherche de solutions et de nouveaux
modèles a alors mené les experts agricoles et les hommes politiques suisses dans le pays voisin
du Nord, où leur attention a été attirée par les coopératives de crédit de type Raiffeisen. Bien
qu'ils fussent totalement impressionnés par le succès du modèle Raiffeisen, qui accordait des
crédits avantageux aux familles de paysans, ils doutaient de sa compatibilité à la Suisse. Ils
n'arrivaient pas à décider si le modèle à créer et à développer devait, comme en Allemagne,
être uniquement un dispositif d'entraide ou s'il fallait que l'Etat aide les coopératives locales
avec un soutien financier et logistique. Les hommes politiques ont avant tout renoncé devant la
menace de concurrence que représentaient les nouvelles coopératives de crédit à l'égard des
banques cantonales contrôlées par l'Etat. Dans ce contexte, il n'est pas étonnant que les premières tentatives de création de banques coopératives dans les cantons de Berne et de Zurich
aient échoué.
Malgré cela, dans l'extrême Nord-Est de la Suisse, à Bichelsee, le prêtre Johann Traber continuait à travailler à son projet d'amélioration des conditions de vie des paysans et des travailleurs à domicile. La préoccupation centrale était ici aussi – compte tenu des conditions difficiles sur le marché des crédits – la création de coopératives de crédits. Johann Traber s'en est
certes tenu aux principes de Friedrich Wilhelm Raiffeisen, mais a adapté le modèle au contexte
économique et social. Il était alors animé par sa tâche et s'attelait avec un zèle encore plus
grand, en plus de diffuser la doctrine chrétienne, à propager ses convictions en faveur de l'économie, contre le gaspillage et en faveur des nouveaux modèles de production agricole.
Né en 1854, il est le cinquième enfant d'un père menuisier. Devenu orphelin dès l'âge de
14 ans, il a pu commencer des études de théologie seulement après avoir terminé un apprentissage de menuisier et rattrapé ses études. A l'âge de 31 ans, il est devenu prêtre à Bichelsee et
s'est rapidement occupé des problèmes économiques concrets auxquels les habitants de sa
communauté étaient confrontés.
Pour faire face à la crise financière, les paysans et ouvriers à domicile ont dû avoir recours à
l'entraide coopérative et se regrouper en communautés d'intérêts solidaires. En 1899, la première caisse Raiffeisen a vu le jour à Bichelsee. Seulement trois ans plus tard, Johann Traber a
fondé l'Association suisse des caisses Raiffeisen, dont il fut membre de la direction pendant
dix ans.
Les premières années de l'Association suisse des caisses Raiffeisen ont été turbulentes et ont
mené en 1912 à la destitution du père fondateur, qui s'est exprimé de manière combative dans
de nombreux écrits et s'est ainsi fait aussi des ennemis. Il est toutefois incontestable que Johann Traber a posé par son engagement infatigable la première pierre des actuelles coopératives Raiffeisen en Suisse et qu'il a réussi là où érudits et hommes politiques ont échoué: créer
une coopérative de crédit ancrée dans la population rurale et qui a permis aux paysans et ouvriers de devenir les artisans de leur propre bonheur au sein d'une entraide commune.