linguistic turn » à aujourd`hui : Héritage théorique et perspectives

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linguistic turn » à aujourd`hui : Héritage théorique et perspectives
Du « linguistic turn » à aujourd’hui :
Héritage théorique et perspectives contemporaines
Sylvie Grosjean
Université d’Ottawa
Département de communication
[email protected]
Communication présentée dans le cadre de la table ronde
Fondements des « approches communicationnelles des organisations » : France, Belgique,
Canada
Colloque « La communication des organisations en débat dans les Sciences de l’Information
et de la Communication : quels objets, terrains et théories ».
Université Rennes 2
11 et 12 juin 2009
Introduction
Dans le cadre de cette table ronde, on m’a demandée de présenter les principaux courants
théoriques au fondement des approches communicationnelles des organisations, d’identifier
les paradigmes dominants et les controverses théoriques actuelles et de souligner notamment
les éventuelles ruptures paradigmatiques opérées dans le champ depuis une vingtaine
d’années. C’est dire que la tâche n’est pas aisée et c’est – probablement – la raison pour
laquelle j’ai décidé de porter un regard rétrospectif (et sûrement non exhaustif) sur ce que
l’on nomme dans la littérature le « linguistic turn » ou le « tournant linguistique » en
communication organisationnelle (Alvesson et Karrëman, 2000a).
Il se dégage en Amérique du Nord, à partir de travaux effectués après 19801, une
conception nouvelle de la communication organisationnelle qui va très clairement au-delà de
la vision fonctionnaliste2 qui se dégage des premiers travaux (Deetz, 2001). On assiste à une
volonté de libérer la communication organisationnelle de « sa servitude en tant qu’objet réifié
qui est stocké puis transporté » (Giordano, 2006, p.162) et l’organisation est alors vue comme
une réalité socialement constituée à travers la communication (Weick, 1995, 2001 ; Taylor et
Van Every, 2000). Les chercheurs réfutent la conception de l’organisation comme une entité
pré-établie, statique, relativement ordonnée, aux frontières claires. Les travaux menés en
communication organisationnelle vont alors intégrer des réflexions philosophiques sur le
langage (Wittgenstein, 1961, 1953/2004), la linguistique (Austin, 1962), les travaux du
courant ethnométhodologique (Garfinkel, 1967), le post-structuralisme (Foucault, 1975,
1
Putnam et Pacanowsky en 1983 publient un ouvrage intitulé « Communication and Organizations: an
Interpretative Approach » qui est comme une petite révolution dans le champ de la communication
organisationnelle et annonce le développement de perspectives interprétatives et critiques.
2
Le terme « fonctionnalisme » réfère à un paradigme relevant d’une orientation positiviste. Et comme l’écrit
Putman : « Functionalists treat social phenomena as concrete, materialistic entities – types of social facts.
Collectivities are external to individuals, and their properties, such as norms, values, and roles, are treated as
hard, tangible facts » (1983, p.34).
1
1983), le post-modernisme (Derrida, 1972) et le point de vue de la construction sociale
(référant notamment aux travaux de Berger et Luckman3 et de Giddens4)
Dans un premier temps, afin de présenter ce tournant important dans les travaux en
communication organisationnelle, nous décrirons son évolution. Pour cela nous aurons
quelques questions qui vont servir de fil conducteur : Qu’est-ce que ce « tournant
linguistique » ? Comment s’est-il développé ? Sur quelles représentations de l’organisation
repose-t-il ? Dans un deuxième temps, nous soulignerons l’héritage laissé par les divers
travaux qui ont contribué (malgré les limites énoncées) à développer tant au niveau théorique
qu’empirique l’hypothèse selon laquelle la communication est constitutive de l’organisation.
Cependant, certaines questions se doivent d’être posées : (a) Quels sont les enjeux pour la
communication organisationnelle d’une « approche constituante » de l’organisation ? (b) et
qu’en est-il aujourd’hui de la place accordée à la communication dans les recherches en
communication organisationnelle ? Ceci nous amènera à présenter les orientations (théorique
et méthodologique) prises par certains chercheurs en communication organisationnelle
aujourd’hui et de tenter de souligner les points de convergences entre ces travaux mais aussi
les défis qu’ils ont à relever.
1- Le « linguistic turn » en communication organisationnelle
1.1. Les années 1980 et le mouvement interprétatif
Avant les années 1980 et l’amorce du tournant linguistique, l’approche fonctionnaliste a
dominé l’ensemble des travaux menés en communication organisationnelle. Le statut
ontologique, l’origine et le maintien de l’organisation ne sont nullement questionnés. La
communication est un artefact, un moyen de contrôle, un indicateur d’une culture
organisationnelle, un instrument de persuasion, etc. Plus simplement, c’est la communication
dans l’organisation qui intéresse alors les chercheurs5.
Au cours des années 1980 se développe une approche dite « interprétative » qui marque
l’émergence d’une nouvelle conception épistémologique relative à l’organisation.
L’organisation devient un espace symbolique, construit par des signes où les individus
réinventent continuellement la réalité par et à travers des actions de communication. Et
comme l’écrivent Fairhurst et Putnam : « [The] scholars treat organizations as a state of
becoming. They privilege the processes of organizing and the way that discourse creates,
sustains, and transforms these processes » (2004, p.13). Les chercheurs ont le discours
comme problématique et/ou méthodologie de recherche et insistent sur le rôle des processus
symboliques et des significations subjectives dans la communication organisationnelle
3
L’ouvrage de Berger et Luckmann « La construction sociale de la réalité » (1966), insiste sur la nécessité de
s'attarder sur le double caractère de la réalité sociale (structure/processus). Les organisations apparaissent donc à
la fois comme des produits des interactions humaines et, en même temps, elles structurent fortement ces mêmes
interactions. Nous reviendrons ultérieurement dans le texte sur cette question importante.
4
La théorie de la structuration repose sur la notion de dualité du structurel. Pour Giddens (1987), les structures
sociales sont à la fois habilitantes et contraignantes pour les acteurs sociaux. Comme l’écrit Rouleau : « [La
théorie de la structuration] formule […] les principes d’une ontologie des pratiques sociales qui considère que
les structures font partie des acteurs en même temps qu’elles contraignent et habilitent leurs actions » (2007,
p.173)
5
Lors d’une conférence en 2007 dans le cadre du congrès de l’ACFAS à Trois Rivières (Québec), J.R.Taylor
dira que c’est 69% des textes et articles publiés en Amériques du Nord qui s’inscrivent dans cette perspective.
Malgré ce tournant important, il faut néanmoins souligner que les travaux s’inscrivant dans une perspective
fonctionnaliste dominent encore le champ de la communication organisationnelle en Amérique du Nord.
2
(Putnam, 1983). Et comme l’écrit Deetz : « In the constitutive conception, messages are an
active part of the production of meaning, perceptions, and feelings... all expression is derived
from a more fundamental set of discursive practices in which the things that are to be
expressed by messages are constitutively produced through messages » (1995, p.572-573).
On peut dire que les travaux de Karl Weick (1995, 2001) ont marqué de leur empreinte ce
mouvement. Ce chercheur a étudié la dynamique des processus interprétatifs qui façonnent
l’organisation. Une des innovations les plus importantes qui fonde le modèle de Weick est
que l'environnement n'est pas une chose donnée et objectivable, mais un produit de
l'interaction particulière qui s'installe entre une organisation et son environnement
(Robichaud, 1998). Ainsi, Weick insiste dans ces travaux sur les processus d’interaction par
lesquels une organisation est continuellement « mise en acte » pour exister6. S’oppose alors à
l’objectivisme (inhérent aux travaux fonctionnalistes) une vision de l’organisation en train de
se faire. Ajoutons que pour Weick, la communication est la matrice au sein de laquelle une
organisation prend forme. Il souligne l’importance du processus de « sensemaking » (ou
construction de sens) comme moteur de l’action. Par exemple dans l’épisode de Mann Gulch,
Weick (1993) montre fort bien comment l’effondrement de sens prive les individus de leur
capacité d’agir. C’est donc à travers leurs interactions que les membres d’une organisation
s’engagent dans la négociation du sens de leurs actions et la construction d’un système
d’actions coordonnées.
1.2. Les années 1990 : un intérêt croissant pour le discours (petit ‘d’ et grand ‘D’)
Certains travaux menés depuis les années 1980 ont fait en sorte que les recherches en
communication organisationnelle accordent une importance grandissante au rôle que joue le
discours dans le fonctionnement des organisations. Or le mot discours est parfois utilisé avec
différentes acceptions, ce qui génère une certaine confusion (Jian et al., 2008). Alvesson et
Karrëman (2000b) proposent donc de distinguer le « discours » (petit ‘d’) et le « Discours »
(grand ‘D’).
Le discours (petit ‘d’) renvoie plus spécifiquement aux conversations et textes produits au
cours d’une interaction. Les chercheurs sont ici plus sensibles aux détails du langage et au
« talk-in-interaction » dans des contextes spécifiques. Les méthodes sémiotique,
narratologique7, ethnométhodologique, sociolinguistique ou pragmatique sont mobilisées
pour étudier les processus discursifs et les pratiques langagières s’accomplissant au sein des
organisations (Iedema et Wodak, 1999; Boden, 1994)8. L’observation de la description de
moments interactionnels s’avère privilégiée pour saisir les phénomènes organisationnels. Par
exemple, en étudiant la dynamique des réunions de travail, Boden (1994) a pu montrer qu’il
est possible d’appréhender les structures en action, telles qu’elles sont réalisées dans et par
l’interaction. Et comme le souligne Héritage9 « it is within these local sequences of talk, and
6
Contrairement à Mintzberg (par exemple), Weick s'est refusé à penser les organisations humaines à partir de la
notion de structure pour privilégier au contraire une conceptualisation des processus par lesquels l'organisation
existe et se reproduit.
7
On voit aussi émerger tout un ensemble de travaux abordant l’organisation comme une métaphore discursive –
qui met en récits des évènements organisationnels pour leur donner du sens (Czarniawska, 1998) – ou comme
un système narratif (Boje, 1991). Par exemple, Boje (1991) montre comment la conception de l’organisation
évolue au fil des interactions et de la production de récits organisationnels.
8
On peut noter ici une proximité avec les travaux développés par le réseau Langage&Travail en France
(Borzeix et Lacoste, 2001).
9
Notons que l’ethnométhodologie développée par Garfinkel s’est tournée vers les activités de travail (Garfinkel,
1986). L’analyse de conversation s’est également tournée vers la question de la spécificité des conversations
3
only there, that these institutions are ultimately and accountably talked into being » (1984,
p.290). Par contre, le « Discours » (grand ‘D’) réfère à une vision foulcadienne du discours et
les travaux (relevant d’approches critiques) s’inscrivent souvent dans une analyse des
relations de domination et de contrôle. D’ailleurs dans les années 1990, la mondialisation,
l’implantation des technologies de l’information et de la communication, la montée de
l’économie tertiaire, le développement des multinationales, etc. redonnent – d’une certaine
manière – leur place aux théories critiques, féministes et post-modernes (Mumby, 1993;
Alvesson et Deetz 1996; Mumby et Stohl, 1991).
Dans d’autres travaux, c’est plus spécifiquement la notion de communication qui est
convoquée (et moins celle de discours). Les chercheurs se démarquent alors d’une vision
informative de la communication (rattachée au paradigme fonctionnaliste), pour adopter une
vision plus dialogique centrée sur la négociation et la production de sens dans l’action
(Weick, 1995; Deetz, 1995). Par exemple, Taylor et Van Every (2000) mobilisent le terme
communication plutôt que discours dans leurs écrits. En effet, le terme discours ne met pas
l’accent sur la dynamique conversation/texte telle que décrite dans les travaux produits par
l’école de Montréal.
Ajoutons que c’est sur « l’état d’être organisé et l’action de l’organizing » (Cooper et
Law, 1995) que le regard de chercheurs comme Taylor et Van Every va se porter. Les deux
façons de voir l’organisation (comme une entité, une structure ou comme un processus) ont
souvent été vues comme étant antagonistes, voire même incompatibles. Or s’exprime, dans
bon nombre de travaux, le désir d'intégrer ces deux dimensions et de sortir de cet
antagonisme (structure/processus). C’est d’ailleurs ce que font Taylor et Van Every (2000)10
qui considèrent que pour avoir une meilleure compréhension de l’organisation, il faut
interroger cette relation entre effet (Structure) et processus (Action). Il adopte une orientation
qui ne regarde plus l’organisation comme un « state of becoming », mais comme « grounded
in action » (Fairhurst et Putnam, 2004). Ils montrent, par une démarche analytique
spécifique11, comment le collectif est à trouver dans la structure même de la communication
(Taylor, 1993 ; Taylor, 1999). L’hypothèse forte soutenue par ces chercheurs est que les
interactions, aussi locales et singulières soient elles, sont empreintes de dimensions
structurelles plus larges mais il est indéniable que les structures dépendent, pour leur
reproduction et leur transformation, des accomplissements pratiques des acteurs (Robichaud,
1998). On voit là l’héritage laissé par la tradition ethnométhodologique (et que les chercheurs
en communication organisationnelle ont intégré à leurs travaux) qui avait un intérêt tout
particulier pour les pratiques par lesquelles les membres d’un collectif accomplissent les
activités dans lesquelles ils sont engagés. Plutôt que de voir les pratiques sociales comme
pouvant être déterminées par des paramètres extérieurs (appartenance à une classe sociale,
l’identité, les normes, etc.) les ethnométhodologues insistent sur le fait que l’action est avant
tout un accomplissement localement situé (Drew et Heritage, 1992). Loin de là l’idée de
penser que les membres redécouvrent, recréent constamment des normes, de la culture et de
l’histoire dans l’ici et maintenant de la situation. C’est au contraire considérer les structures
comme des accomplissements pratiques dont la stabilité résulte d’un travail interactionnel
propres aux contextes « institutionnels » ou professionnels, d’une manière qui présente un intérêt certain pour la
recherche en communication organisationnelle (Drew et Heritage, 1992).
10
Intégrant les travaux de Bruno Latour, Taylor et van Every (2000) font valoir que les organisations émanent
des inter-relations entre conversation et texte.
11
Cette démarche intègre à la fois la théorie des actes de langage (Austin, 1962), l’approche de narrative de
Greimas (1970), les travaux issus du courant ethnométhodologique (Garfinkel, 1967 ; Sack, et al., 1974) et les
apports de la théorie de l’acteur-réseau (Latour, 1989).
4
incessant et que les normes, les valeurs ne sont pas les seules guides de l’action, mais des
ressources mobilisées sur la base de leur interprétation pratique dans l’action, dotées donc
d’un sens qui n’est pas donné ou imposé a priori mais qui est constamment retravaillé par
l’action (Mondada, 2005). Latour précise d’ailleurs que « les interactions sont débordées par
des structures qui leurs donnent forme ; ces structures restent elles-mêmes trop abstraites
aussi longtemps qu’elles n’ont pas été situées dans des exemples, mobilisées, réalisées ou
incarnées dans quelques interactions locales vécues » (2005, p.247). Les
ethnométhodologues, les analystes des conversations, les structurationnistes et les tenants de
la théorie de l’acteur-réseau partagent un point de vue – même si ces théories diffèrent sur un
certain nombre de points – ; chacune d’entre elle est à la recherche d’un équilibre entre
structure et processus, entre « agency » et contrainte.
Ce sont donc développés tout un ensemble de travaux qui prennent appui sur l’idée que
l’organisation émerge, se constitue et se maintient à travers des processus communicationnels
(ou discursifs). Il est à noter que même si l’héritage laissé par ces travaux suggère que la
communication est constitutive de l’organisation, l’idée n’est pas de soutenir la position selon
laquelle les organisations ne sont rien d’autre que de la communication, mais plutôt que la
communication est le principal moyen par lequel les membres de l’organisation créent une
réalité sociale cohérente (Mumby et Clair, 1997). Les chercheurs s’inscrivant dans ce
tournant linguistique, nous laissent en héritage une hypothèse forte : considérer les actions
communicatives des acteurs organisationnels comme étant à l’origine de la construction de ce
que l’on nomme « organisation ». Cependant, certains considèrent que la majorité des travaux
souffrent d’une forme de réductionnisme et que les organisations comme entités matérielles
ne peuvent pas être réduites à du discours ou de la communication (Reed, 2000; Bouillon,
2009). Par ailleurs, les analyses présentées sont vues comme trop localisées et certains
chercheurs pointent du doigt une centration trop fine sur les processus micro-sociaux12, sur
les interactions locales qui ne permettent pas de voir où est l’organisation13. On considère que
le lien micro/macro n’est pas suffisamment expliqué, notamment la manière dont les
processus organisateurs du discours et de la parole créent des structures sociales complexes.
En résumé, les critiques mettent l’accent sur le fait que les travaux ont tendance à
privilégier l’action communicative au détriment des structures sociales. Et comme le souligne
Nicoreta (2008), les chercheurs ont eu tendance à être axés sur le processus, c'est-à-dire, sur
l'organisation en tant que verbe (« organizing ») et ont un peu oublié l'organisation comme
nom (« organisation »).
2- Perspectives contemporaines : De la nécessité de déconstruire et reconstruire
l’organisation
2.1. L’organisation vue comme un ensemble de « connections dans l’action »
12
À noter que se sont aussi les critiques qui ont été formulées à l’encontre des « workplace Studies » (Voir pour
une explication plus détaillée, Borzeix et Cochoy, 2008). Mais, il est fait mention aussi du fait que l’organisation
est pensée en dehors de tout contexte économique ou social, et que la question du pouvoir est traitée de manière
trop superficielle.
13
Je remercie J.R. Taylor d’avoir attiré mon attention sur un élément important : Lorsque des chercheurs en
communication organisationnelle procèdent à des analyses des interactions (des conversations), il ne s’agit pas
de concentrer son analyse sur « l’organisation de l’échange » (comme le font traditionnellement les analystes
des conversations), mais sur « l’organisation dans l’échange ». J.R Taylor introduit ici une distinction qui nous
apparaît être fondamentale et qui mériterait d’être discutée.
5
L’implantation quasi généralisée des TIC a contribué à soutenir la mise en place de
nouveaux modes de gestion et de coordination au sein des organisations. On voit émerger des
« communautés de pratique » qui parfois transcendent les territoires professionnels, des
réseaux de coopération entre des entreprises privées, entre des organisations de soins qui
bousculent les frontières de l’organisation. Par ailleurs, se généralise le travail « par équipes
projets », le développement d’outils de gestion et de contrôle, etc. On assiste progressivement
à un décloisonnement des interactions, du dialogue entre des organisations, des services et
comme le dit Zarifian (1996), le paradigme de la coordination horizontale gagne du terrain et
vient remettre en cause les schémas associés au découpage fonctionnel des organisations.
Celles-ci reposent sur un mode de coordination plus « distribuée » des activités, elle aussi,
plus distante, plus immatérielle, moins contrôlable (Borzeix et Cochoy, 2008). Les
changements qui affectent notre société, l’apparition de formes d’organisation plus
distribuées, horizontales, en réseau amène indéniablement le chercheur en communication
organisationnelle à se questionner sur la conception même de ce qu’est une organisation14.
Sur ce point, des voix se font entendre via différents travaux de recherche menés ces
dernières années en communication organisationnelle (Czarniawska, 2008; Cooren, 2006 ;
Gherardi, 2006 ; Czarniawska et Hernes, 2005 ; etc.). Les chercheurs se proposent de
regarder le travail d’organisation comme l’établissement de connections dans l’action
(« Connectedness in action »), d’associations d’entités hétérogènes ; etc. La proposition qui
est faite est de ne plus rechercher qu’elle est la substance de l’organisation (c’est-à-dire sa
composition) : que se soit des politiques, des règlements, des valeurs, des sujets, des discours,
etc., mais de mettre l’accent sur les liens que se tissent entre ces différents éléments. C’est
donc les relations qu’entretiennent tous ces éléments entre eux qui va intéresser le chercheur
et comme l’écrit Taylor : « If you accept the ontological primacy of relationship the nature of
organization ceases to be a mystery. » (2008, p.7). Mais alors quels cadres théoriques les
chercheurs sont-ils amenés à mobiliser ?
De récents développement en communication organisationnelle tendent à intégrer le
discours, la matérialité et l’agency (Cooren et al., 2005), c’est-à-dire de regarder
l’organisation comme une construction hybride. Ces travaux incorporent la perspective
latourienne et la reconnaissance de l’hétérogénéïté d’acteurs engagés dans toute forme
d’action, à la fois sociale, matérielle et symbolique. Il y a une volonté de sortir du tout
discursif et de prendre en compte la pluralité des « actants », de suivre leur cheminement, leur
mise en relation, leur association tout en maintenant un ancrage dans les interactions, lieu de
déploiement de l’organisation.
Dans d’autres travaux, l’idée est de mettre l’accent sur l’activité, les « practices »15
(Gherardi, 2006) et c’est « The Texture of Organizing »16 qui va être au cœur des
préoccupations du chercheur (Cooper et Fox, 1990). La proposition revient à suivre ce qui
circule, ce qui est mobilisé, instancié, actualisé (certes des discours, mais aussi des textes, des
artefacts, des émotions, des corps, des relations de pouvoir, etc.), ce qui se lie, se défait, se
stabilise et se constitue. L’idée n’est pas de distinguer des régions, des niveaux, ni des strates
14
Notons qu’un colloque réunissant des chercheurs en communication organisationnelle a eu lieu les 21-22 mai
2008 à Montréal et avait pour intitulé : « What is an organization? Agency, action and discourse ».
15
Schatzky et al. (2001) parlent de « practice turn » dans lequel des penseurs aussi divers que Foucault, Butler,
Bourdieu, Pierce, Dewey et Wittgenstein – pour de nommer qu’eux – sont mobilisés.
16
Pour Cooper et Fox : « The key to understanding texture is the idea of ‘connectedness in action’; this phrase
brings out the definitive features of texture, its endless series of relationships which continually move into each
other. […] In other words, texture is not something that is explicitly linear and superficially visible but instead it
reflects the intricate and complex miscegenation that constitutes all material » (1990, p.576).
6
mais des « textures » (Gherardi, 2006), des relations, des connections, des associations. La
texture de l’organizing peut être vue comme « an imaginary territory, a circumscribed domain
marked out by a plurality of organizational actors which comprises ideas, projects, emotions,
that subjects assign to their organizational behaviour. […] It is the symbolic territory of
policies, conflicts, negatiations and exchanges, but also of reciprocical socialization by
organizational actors to the diverse rationalities of their own activities » (Gherardi et Strasi,
1990, p.617). La prise en compte de ces différences de textures nous invite alors à sortir des
habituelles distinctions d’échelles entre micro/macro, individu/organisation.
La mise en réseau de certaines organisations (par exemple les réseaux de santé)
considérée comme une innovation organisationnelle au service d’une meilleur efficacité et
efficience d’un système impose une activité de coordination qui soutient la production d’un
service en faisant travailler ensemble des acteurs de métiers, de statuts, d’objectifs différents.
Des chercheurs ont mobilisé le concept de « knotworking » (Engeström, 2008) ou « travail en
nœud » afin de saisir les relations de collaboration qui se négocient, se font, se défont et se
recomposent au sein d’une organisation, d’un réseau. Engeström définit ce terme ainsi :
« Le knotworking se caractérise par une pulsation, un mouvement cyclique
d’attachement, de détachement et de rattachement au cours d’activités par ailleurs
séparées. Faire ou défaire un nœud de travail collaboratif n’est pas réductible à
une entité organisationnelle distincte ou fixe faisant office de centre de contrôle.
Le centre se dérobe. Au cours d’une séquence de knotworking, le lieu de
l’initiative change d’un moment à l’autre. Ainsi, le knotworking ne peut être ni
analysé convenablement du point de vue d’un centre présumé de coordination et
de contrôle, ni envisagé comme la somme de l’ensemble des points de vue
distincts des individus ou des institutions qui y contribuent. Ce nœud instable doit
lui-même devenir le point central de l’analyse. » (2008, p.305).
Cette notion renvoie à un ensemble d’actions interconnectées entre elles. La question de la
coordination est ici centrale, et le chercheur porte une attention toute particulière aux activités
de « nouages » de différents acteurs, permettant des combinaisons collaboratives, hétérogènes
et changeantes dans le temps (Giroux, 2006). Ces travaux permettent de saisir des formes
émergentes d’organisation du travail et d’identifier une « architecture fluide et flottante »
(Knorr-Cetina, 2003) comme on la retrouve dans certaines formes d’organisations en réseau
ou sur Internet (le mouvement du logiciel libre, les communautés de pratiques, etc.)
Même si ces travaux mobilisent des cadres théoriques différents (la théorie de l’acteurréseau, la théorie de l’activité, la théorie de la cognition distribuée et située, la théorie de la
structuration, etc.), l'unité d'analyse se sont les relations qui se nouent et se dénouent, les liens
qui se tissent entre des entités hétérogènes. Ces différents travaux mettent l’accent sur la
dynamique de la construction sociale de l'organisation et sur le rôle constitutif que jouent la
communication dans l’établissement et la transformation des organisations. Ce qui rassemble
ces chercheurs c’est leur vision de l’organisation et notamment le fait qu’une organisation
existe pour autant que divers éléments (discours, textes, sujets, relations de pouvoir,
institutions, etc.) soutiennent son existence. L’intelligibilité des phénomènes organisationnels
n’est alors plus associée à une prise de hauteur, mais au fait d’avoir parcouru les différents
« territoires » de l’organisation (Gherardi, 2006), de suivre le fil des actions, de porter une
attention aux « actants » (et non plus uniquement aux acteurs), de saisir les relations,
associations, connections qui se font et se défont. Mais pour analyser ces « connections dans
l’action », quelle démarche empirique le chercheur adopte-t-il ?
7
2.2. De l’intérêt d’observer l’activité et d’analyser les interactions
Une démarche ethnographique a été mise en œuvre par de nombreux chercheurs (Orr,
1996; Gherardi, 2006; Cooren et al., 2008; etc.). Ces travaux marquent un intérêt pour l’étude
des pratiques effectives déployées dans les organisations. Par exemple, Orr (1996) pousse la
porte d’une entreprise de réparation de photocopieurs. Cooren s’imisce dans le quotidien de
travailleurs humanitaires œuvrant pour Médecins sans Frontières (Cooren et al., 2007)17.
Gherardi (2006) tente de comprendre comment l’apprentissage de la sécurité se fait dans une
entreprise de construction. Grosjean étudie la manière dont la mémoire organisationnelle se
construit et s’actualise au sein d’une compagnie d’experts-conseils en environnement
(Grosjean et Hüet, 2009). Dans tous les cas, l’objectif est de saisir comment une organisation
se constitue, évolue, se transforme, s’effondre, apprend, mobilise des connaissances, etc. en
se positionnant au cœur des interactions, de l’action. Ces chercheurs font l’hypothèse que la
compréhension des pratiques effectives des acteurs organisationnels, de la manière d’agir et
d’être d’une organisation passe par un travail de type ethnographique soucieux de saisir et de
comprendre via les interactions les phénomènes organisationnels étudiés.
L’ethnographie mise en œuvre par ces chercheurs est une démarche reposant sur la
combinaison d’observations réalisées en situation, d’entretiens libres ou partiellement
dirigées, de relevés de documents, par la participation du chercheur à certaines activités, par
des enregistrements audio et vidéo de rencontres. Le chercheur enregistre ce qu’il voit,
entend et vit en tenant un carnet de notes de terrain, en enregistrant des conversations, en
conservant des documents reçus ou produits (e-mails, photographies, copies d’écrans et de
fichiers informatiques, etc.) et en compilant progressivement toutes ces données. L’idée est
d’adopter une démarche attentive non seulement aux interactions humaines, mais aussi aux
« performances »18, c’est-à-dire à ce qui est produit dans et par l’action de communication
(Vinck, 1999).
L’ethnographie proposée cherche à saisir et comprendre l’action communicative (quelle
soit langagière ou non) et ce qu’elle produit à savoir des dynamiques organisationnelles, des
connaissances, des identités, etc… La proposition est de « suivre les pratiques », les actions,
les activités plutôt que l’acteur, individuel ou collectif. Et comme l’écrit Gherardi : « the
methodological principle of ‘follow the practices’ acquires concrete meaning when the
researcher observes a situated practice and moves up from it to the institutional order or
conversely moves down from it to the individual-in-situation » (2006, p.XVIII). L’idée est
d’explorer le réseau de connections qui se tisse entre les individus, les collectifs, les
organisations, les institutions, les contextes dans lesquels ces connections prennent formes.
L’objectif est alors de déterminer comment des connections dans l’action s’établissent,
comment des associations se forment, se maintiennent, changent et parfois se désagrègent
entre les éléments.
17
Les chercheurs ont mis en œuvre une approche ethnographique qui consistait à suivre et observer des
personnes avec une caméra vidéo alors qu’ils travaillent pour l’organisation étudiée dans le but de mieux
comprendre leurs activités quotidiennes, ainsi que le type de défis et de problèmes qu’ils ont tendance à
rencontrer et de montrer ainsi comment ils les résolvent.
18
L’ethnographie des organisations n’est pas une pratique nouvelle (Neyland, 2008), mais on peut dire que dans
ces travaux en communication organisationnelle, il s’agit « de saisir la ‘contexture’ indissociablement sociale et
technique des situations, des êtres et des cours d’action » (1999, p.206).
8
Conclusion
Je vais conclure mon intervention en soulignant le fait que malgré tous ces
développement heureux du champ de la communication organisationnelle et la richesse de
l’héritage intellectuel que nous ont laissé les travaux menés depuis les années 1980, la
question de la fragmentation théorique doit être néanmoins soulignée (Craig 1999; Corman et
Poole 2000). Robert T. Craig dans un article intitulé « Communication Theory as a Field »
(1999), souligne que la recherche en communication est devenue productive du fait de la
migration de fragments de plusieurs autres disciplines dans sa propre culture, mais les
fragments ne se sont pas constitués en un tout cohérent (Craig utilise alors l’expression
« fragmentation productive » pour décrire cet état de la recherche). Dans le même ordre
d’idée, Corman et Poole (2000) publient « Finding Common Ground between
Metatheoretical Perspectives on Organizational Communication », et tentent de cerner les
problèmes inhérents à la multiplicité des perspectives théoriques en communication
organisationnelle. De nombreux chercheurs entament une réflexion sur les moyens de
transcender leurs différents horizons paradigmatiques; l’objectif est alors de réfléchir au
territoire (social et intellectuel) qu'occupe le champ de la communication organisationnelle.
Un vaste programme qui est encore en train de se faire.
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