la valorisation de l`enseignement professionnel

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la valorisation de l`enseignement professionnel
 LA VALORISATION DE L’ENSEIGNEMENT
PROFESSIONNEL
L’enseignement professionnel : un formidable atout pour notre
pays
L’enseignement professionnel constitue aujourd'hui un pan majeur de notre système éducatif : à
la rentrée 2011, plus d’un million de jeunes étaient engagés dans la voie professionnelle, du
CAP au bac pro, en lycées professionnels ou dans les formations par apprentissage.
Il représente surtout un formidable atout pour la France, car ces jeunes sont autant de futurs
artisans, commerçants, spécialistes des métiers de bouche ou de l’hôtellerie, techniciens du
bâtiment, de la production ou des services, qui contribueront de manière déterminante à la
richesse de notre pays et à son développement dans l’économie mondiale. Les centaines de
diplômes préparés et délivrés par les filières professionnels constituent en outre de véritables
passeports pour l’emploi et contribuent à élever le niveau général de qualification dans notre
pays.
C'est pourquoi cet enseignement doit être mis au cœur du nouveau contrat entre l’École et la
Nation.
Une voie qui attire de plus en plus de jeunes mais ne permet pas
à tous de réussir
Suite à la réforme de la voie professionnelle engagée en 2009, l’orientation en fin de classe de
3e se fait désormais soit vers un baccalauréat professionnel en 3 ans (au lieu de 4 auparavant),
soit vers un CAP en 2 ans.
En 2012, le taux d’accès en terminale professionnelle des élèves issus de 3e ayant emprunté le
cursus bac pro 3 ans dépassera les 65 %, alors qu’il était de 40 % pour le cursus en 4 ans. On
observe également une baisse sensible des sorties sans qualification.
Cependant, le pourcentage des jeunes en situation de décrochage scolaire issus du lycée
professionnel demeure très élevé : ils représentent aujourd’hui un tiers des décrocheurs.
De plus, si l’on prévoit un afflux de bacheliers professionnels dans l’enseignement supérieur à
la rentrée 2012, en particulier en BTS, une proportion importante des bacheliers professionnels
engagés vers un BTS abandonnent avant la fin du cursus et leurs taux de réussite sont
nettement inférieurs à ceux des autres bacheliers.
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Parallèlement, les effectifs des CAP ont augmenté de 15 %. Les académies ont en effet
cherché à orienter vers ce diplôme les élèves jugés trop fragiles pour s’engager directement
vers un bac pro. Mais aujourd’hui, les passerelles du CAP vers le bac pro sont peu effectives.
Les causes de l’importance persistante du décrochage des
élèves de la voie professionnelle
Les causes du décrochage sont évidemment multiples mais certaines sont reconnues.
Il s’agit souvent en premier lieu d’un problème d’orientation puis d’affectation en fonction des
places disponibles : en fin de 3e, les élèves sont fréquemment affectés vers une formation qui
n’était pas celle qu’ils avaient choisie, ce qui conduit dans bien des cas à un manque de
motivation scolaire durable. Un phénomène renforcé par la faible mobilité des jeunes de la voie
professionnelle, qui réduit encore leur éventail de choix.
Un autre facteur du décrochage résulte de la réforme de 2009. Les élèves qui s’engagent dans
un cursus de bac pro en 3 ans doivent désormais passer, au cours de la 2e année, une
certification dite « intermédiaire » (CAP ou BEP), censée leur garantir un diplôme en cas
d’échec au bac pro. Mais les plus en difficulté, qui n’obtiennent pas ce diplôme intermédiaire,
sont contraints de poursuivre vers le bac pro avec encore moins d’espoir et de motivation pour
l’obtenir. On assiste alors à deux décrochages successifs, en 2nde professionnelle (13,6 %) et
en 1ère professionnelle (12,8 %). À cela s’ajoute la multiplication des périodes d’épreuves de
contrôle en cours de formation (CCF), qui est source de stress pour les élèves et ampute
lourdement le temps de formation à proprement parler.
Comment faire de l’enseignement professionnel une voie
d’excellence et de réussite pour tous
L’orientation vers l’enseignement professionnel, choisie par de nombreuses familles, devrait
être respectée et offrir des parcours d’excellence, du CAP aux BTS, voire aux licences
professionnelles et aux diplômes d’ingénieurs. Cette orientation devrait pouvoir être décidée en
accord avec l’élève, ce qui passe notamment par le respect, à chaque fois que cela est
possible, du premier choix de formation professionnelle à la sortie du collège et la garantie d’un
droit à la réorientation visant à prévenir les abandons précoces.
Pour diminuer les sorties sans diplôme et augmenter l’accès au bac pro, plusieurs pistes
pourraient être explorées : augmenter le temps de formation effectif par une simplification des
conditions de certification du diplôme intermédiaire et du bac pro, mais aussi conforter le
caractère professionnel du bac pro en allongeant la durée de formation en entreprise.
Une plus grande fluidité pourrait en outre être assurée grâce à la mise en place de véritables
passerelles ascendantes. Car, à l’exception des quelques aménagements visant à accueillir des
bacheliers professionnels en BTS, les passerelles existantes fonctionnent aujourd’hui surtout en
sens inverse, par exemple pour réorienter des élèves en difficulté de la 2nde professionnelle vers
le CAP.
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Il conviendrait enfin, dans le cadre de la rénovation en cours des BTS, de réfléchir au moyen de
mieux prendre en compte l’augmentation du nombre de bacheliers professionnels entrant dans
ces formations et de revoir les référentiels et les cursus pour favoriser leur réussite.
Le rôle des régions dans la valorisation de l’enseignement
professionnel
Dans chaque région, un contrat de plan régional de développement des formations
professionnelles (CPRDFP) a pour but d’adapter l’offre de formation professionnelle aux
besoins des territoires, d’anticiper et d’accompagner les mutations économiques, d’améliorer la
qualification et l’insertion des jeunes dans l’emploi, et d’assurer la cohérence des différents
outils de formation tout au long de la vie. Il s’agit là d’un outil précieux pour promouvoir la voie
professionnelle, en travaillant étroitement avec les régions et en respectant leurs prérogatives
dans ce domaine.
C’est en effet dans le cadre de ces partenariats que pourraient être développés des « campus
des métiers », pôles d’excellence professionnelle conçus pour offrir à la fois des parcours
stimulants allant du CAP aux licences professionnelles et aux formations d’ingénieurs, et des
conditions optimales d’accueil, de sport et de loisirs. C’est également avec les régions que
pourrait être envisagée la mise en place de structures permettant de mieux lier orientation,
enseignement professionnel et formation tout au long de la vie, ou pour lutter contre le
décrochage scolaire et les sorties sans diplôme. C’est avec elles que pourraient être proposées
des solutions d’hébergement pour faciliter la mobilité des jeunes et mieux répondre à leurs
choix d’orientation et de parcours scolaires. C’est encore et toujours avec elles que devraient
être traitées les questions de l’amélioration de la qualité et du suivi des contrats d’apprentissage
et des formations en entreprises.
La nécessité de redynamiser le dialogue avec les branches
professionnelles
Pour progresser vers les objectifs généraux d’élévation des qualifications, de lutte contre le
décrochage et de meilleure insertion professionnelle des jeunes, il apparaît indispensable de
revitaliser le dialogue avec les branches professionnelles. Parmi les questions à discuter avec
elles, figurent notamment : le développement de l’offre de stages en entreprise et leur
rémunération, l’amélioration du processus de création et de rénovation des diplômes
professionnels, ou encore la (re)définition d’une instance de concertation entre l’éducation
nationale et le monde économique.
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