AVVEJ - RAPPORT D`ACTIVITE 2015 Sommaire :

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AVVEJ - RAPPORT D`ACTIVITE 2015 Sommaire :
AVVEJ - RAPPORT D’ACTIVITE 2015
Sommaire :
CONSEIL DřADMINISTRATION : ...................................................................................................
DIRECTION GENERALE : ............................................................................................................
1
3
Paris :
FOYER KAIROS : ...............................................................................................................
SERVICE DřEDUCATION SPECIALE ET DE SOINS A DOMICILE « SESSAD » : ...........................
SERVICE DřINVESTIGATION, DřORIENTATION ET DřACTION EDUCATIVE « SIOAE 75 » : ...........
21
35
51
Yvelines :
I.T.E.P. « LE LOGIS » : ....................................................................................................... 65
FOYER EDUCATIF « LřOUSTAL » : ........................................................................................ 89
SERVICE DřACCUEIL DřURGENCE « SAU 78 » : .................................................................... 111
CENTRE DřHEBERGEMENT ET DE REINSERTION SOCIALE « STUART MILL » : .......................... 123
Essonne :
SERVICE DřACCUEIL DřURGENCE « ESPACE ADOLESCENTS 91 » : ........................................ 149
FOYER EDUCATIF « LA PASSERELLE » : .............................................................................. 165
FOYER EDUCATIF « LE VIEUX LOGIS » : ............................................................................... 173
Hauts de Seine :
SERVICE DřACTION EDUCATIVE EN MILIEU OUVERT « AEMO » : ........................................... 199
MAISON DřACCOMPAGNEMENT PARENTS ENFANTS « MAPE » : ............................................ 229
FUSION DES FOYERS MATERNELS « LE BIEF & CLAIREFONTAINE »
SERVICE DřACCUEIL DřURGENCE « SAU 92 » : .................................................................... 245
Seine Saint Denis :
CENTRE MERES-ENFANTS : ................................................................................................ 267
RENCONTRE 93 .................................................................................................................. 297
SERVICE DřINVESTIGATION, DřORIENTATION ET DřACTION EDUCATIVE « SIOAE 93 » : ........... 333
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CONSEIL D'ADMINISTRATION
Au 31.12.2015
BUREAU
Président
HOLLIER-LAROUSSE
Pierre Etienne
Ingénieur en retraite
Vice-Président
BELLO Roger
Ancien Directeur Général de
lřAVVEJ
Vice-Président
LIARDEAUX Jean
Ingénieur en retraite
Trésorier
DURAND Christian
Trésorière
Adjointe
LAUTIER Josette
Secrétaire
BUISSON Jean-Luc
Secrétaire
Adjointe
DOMANGE Claude
Membres
BLONDEL Pierre
Ingénieur informaticien Ŕ
Expert-Comptable en retraite
Commissaire aux comptes en
retraite
Ingénieur en retraite
Ancienne Directrice
dřétablissements de lřAVVEJ
Ancien Préfet - Ancien
Conseiller à la Cour des
Comptes
Ancien Directeur Général
de lřAVVEJ
Juge assesseur au
Tribunal pour Enfants de
Versailles
CADOUX Pierre
COVAS Gérald
SALABER Jean
Professeur
MEMBRES ACTIFS
BARON Fabienne
Cadre comptable AVVEJ
DEFRANCE Michel
Ancien Directeur d'ITEP
FAUCHEUX Marie
Educatrice Spécialisée AVVEJ
MOREAU Philippe
Architecte
DURAND Bernard
Psychiatre
AVVEJ
DEVEILLE Sylvie
Aide Médico-Psychologique
SAMMOURI Abir
Psychologue
STOLARCZYCK Marie-Agnès
Ancienne Chef de Service Éducatif AVVEJ
GEREAUME Lucien
Retraité
NARAS Roger
Cadre commercial en retraite
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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MEMBRES D’HONNEUR
PRESIDENT D'HONNEUR :
THERY Henri †
Vice-Président de l'UNIOPSS
MEMBRES :
ENFRUN Raymond †
Contrôleur Général de la Marine
CHARLOT Jacques †
Président de Chambre Honoraire à la Cour d'Appel de Paris
ADMINISTRATEURS HONORAIRES
AUTIN Jacqueline
Ancienne Directrice d'établissements de l'AVVEJ
FAURE Norbert
Ingénieur en chef honoraire à la SNCF
MEUNIER Michel
Ancien Conseiller Technique de l'AVVEJ
PECHABRIER Madeleine
Ancien Sous-directeur de l'Action Sociale
NEVEU François †
Ancien Trésorier de lřAVVEJ
Ancien Cadre Technico-commercial
DIRECTION GÉNÉRALE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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Direction Générale
« Comment, qu’est-ce que nous allons faire ? La
question ne se pose pas. Le vent se lève, il faut
tenter de vivre » Boris Vian
Hommages :
Alain Bruel est mort le 22 septembre 2015. Il avait 77 ans. Nous avons appris son décès
alors que nous étions à Ronce-les-Bains, réunis pour notre séminaire, séminaire auquel
il avait dû décliner sa participation. Il était pourtant présent avec nous, puisque son
dernier livre « Pratiques et évolutions de la justice des mineurs » quřil avait achevé
quelques mois plus tôt y était proposé à la vente.
Nommé juge des enfants à Lille en 1966, Toulouse puis Versailles, il présida le tribunal
pour enfant de Paris de 1989 à 2000.
Alain Bruel avait accepté de devenir administrateur de lřAVVEJ en 2011.
Il aura été lřun de ces juges dřenfants engagé, fervent défenseur de la justice des
mineurs et de lřordonnance de 45, qui aura été un guide irremplaçable pour des
générations de juges et dřéducateurs.
Nous avons pu mesurer combien il comptait pour nombre de professionnels œuvrant
dans le champ de la protection de lřenfance à lřémoi que sa disparition a provoqué
auprès dřeux et dont il nous a été fait retour.
Nous avons une affectueuse pensée pour lui et ses proches.
-----------------------------------------------Voilà plusieurs années que rapport dřactivité après rapport dřactivité, nous nous
appliquons à décrire ou à commenter une situation qui se dégrade, un monde qui se
défait, une société qui se déshumanise, qui se technicise, sřautomatise, ne faisant que
nous faire lřécho ou le perroquet dřobservateurs experts qui dénoncent les méfaits
destructeurs dřun libéralisme à tout vent, qui épuise les ressources vitales de la planète
et des hommes qui lřhabitent, tant lřavidité de ces derniers paraît inépuisable.
Natifs pour beaucoup dřentre nous dřune génération issue des trente glorieuses, qui a
grandi et sřest construite sur des valeurs de progrès et de justice sociale quřavaient
érigées le Front Populaire et le Conseil de la Résistance, posant le bien collectif, lřintérêt
général et la solidarité comme des valeurs suprêmes, nous avons eu le privilège, mais
sans doute aussi la faiblesse, de penser que demain serait meilleur quřaujourdřhui, que
la société que nous laisserions à nos petits enfants serait plus humaine, plus
démocratique, plus solidaire, plus…. que celle que nous avaient laissée nos parents,
bref que le mouvement de progrès et dřhumanisation nřétait pas réversible et quřil serait
toujours tiré par le haut.
Force est de constater que cette vision du monde en a pris un coup et quřun
mouvement de déclin, de déconstruction, de deshumanisation, sřest opéré. Un
mouvement de retournement tel que lřon a le sentiment parfois de marcher sur la tête.
Les événements tragiques qui nous ont submergés dřun bout à lřautre de cette année
2015 nřont fait quřen rajouter à ce sentiment de déclin, poussant à son paroxysme la
capacité de lřhomme à sřautodétruire.
DIRECTION GÉNÉRALE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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La confiance en lřavenir a laissé place en la peur de demain.
« Tout se joue entre la peur et la confiance » nous avait rappelé Philippe JEAMMET lors
de la conférence quřil avait tenue pour les salariés de lřAVVEJ le 10 juin 2014.
Comment en effet transmettre à la génération qui suit une confiance en lřavenir quand
nous lřavons perdue.
Je vous renvoie à ce propos au texte de Thierry Simon, « To be or not to be Charlie »,
que vous trouverez en ouverture du rapport dřactivité annuel, qui pose notamment la
question de ce qui fait ou peut faire société dans nos associations et dans les lieux
quřelles font vivre. En formulant lřhypothèse que « les établissements sont parfois et
peuvent devenir plus encore des laboratoires de citoyenneté, où s’apprend l’exercice de
la liberté d'expression et de l’écoute, où la laïcité est le ciment qui n’a pas besoin de dire
son nom parce qu’elle s’impose en préalable pour constituer non pas une juxtaposition
de communautés, mais une communauté unique, dans cet espace-là, à ce momentlà »,Thierry Simon ouvre des pistes de travail concrètes qui nous rappellent, si besoin
est, la dimension politique de ce qui se joue dans nos institutions, où se rejouent sous
un mode micro les mêmes enjeux que ceux auxquels nos sociétés modernes sont
confrontées, modernité étant à entendre ici comme la définit Raphaël LIOGIER, à savoir
une multitude de modes de vie dans un même espace, une société globalisée1.
Lourd et triste bilan donc en guise dřintroduction de ce rapport dřactivité que je me
refuse à réduire une année de plus au commentaire dřune chute inéluctable qui nous
projetterait vers le sol. Arrêtons de tomber, disons que nous touchons le fond, arrêtons
de nous mortifier et faisons notre travail. Et notre travail, cřest lřéducation des jeunes
vers la vie.
Revenons aux fondamentaux : Qu’est-ce que nous allons faire ? La question ne se pose
pas. Le vent se lève, il faut tenter de vivre ! Chaque génération nřa-t-elle pas eu à
relever le défi du progrès et de la modernité propre à son époque ?
Et pourtant, « malgré les années qui passent et charrient leur flot de changements
parfois difficile à suivre, [nous dit Joseph Rouzel dans un article intitulé « ouverture au
quotidien »], il demeure, autour de la notion de quotidien, des invariants. Le quotidien
est tramé de ces petits riens qui occupent chaque jour : dormir, se lever, se laver, faire
son lit, les courses, la vaisselle, le ménage, manger, bavarder, rigoler, bailler, regarder
la télé, se balader, bouquiner, rêvasser, s’ennuyer, ….autant d’infinitifs qui désignent
autant de territoires où les éducateurs, AMP, veilleurs ….croisent des gens, petits ou
grands, qui vont mal dans leur corps, leur tête, leur être, qui sont mal dans le
quotidien ».
Contrairement à ce que lřon voudrait nous faire dire, lřéducation nřest pas (qu)řune
question de moyens, mais une question de temps, de sens et de cadre.
Lřéducation est à ce prix de lui consacrer du temps, le temps quřil faut, le temps pour
quřil se passe quelque chose. Ce nřest pas lřéducation qui coûte cher aujourdřhui dans
nos institutions, cřest tout ce qui lřentoure, les conformités, la sécurité, la qualité, la
bureaucratie professionnelle, les ressources humaines, les procédures, les contrôles,
les arrêts maladies, le droit du travail, .... Et jřen passe, tous ces petits riens qui
deviennent peu à peu notre quotidien, qui nous prennent un peu plus chaque jour de
notre temps, au risque de trouver parfois que les enfants sont dérangeants ; ils ne se
rendent pas compte que lřon a du travail !
1
Raphaël Liogier, sociologue et philosophe, dont le dernier ouvrage sřintitule : »La guerre de civilisation
nřaura pas lieu . Coexistence et violence au XXIème siècle
DIRECTION GÉNÉRALE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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Si le temps cřest de lřargent, arrêtons alors dřopérer des OPA sur le temps disponible
dans nos institutions quřau nom de la rationalité et de la conformité, on détourne pour
faire fonctionner la machine à compter. Je pense ici en particulier aux chefs de service
éducatifs qui ont vu le contenu de leur poste totalement envahi par lřorganisation du
travail et la gestion des plannings, mais aussi par la mise en place des nouveaux outils
de la loi 2002 ou de 2007, lřévaluation interne, externe, lřécriture des projets
dřétablissement, la mise en place du contrat de séjour et/ou du document individuel de
prise en charge, du projet personnalisé et de son suivi, tout un travail bureaucratique qui
va au détriment de leur soutien aux professionnels qui sont en prise directe avec le
terrain.
Nous sommes confrontés dans nos métiers au sens et aux finalités de ce que lřon fait,
avec le sentiment bien souvent dřune perte de sens. Mais le sens nřest ni inné, ni
unique. Il se construit à plusieurs. Cřest la narration qui donne le sens et qui permet que
se mettent en scènes les individus. Il a besoin dřêtre inscrit dans un cadre, référé à des
valeurs qui ne sont pas livrées aux caprices du temps. On parle aujourdřhui de
désinstitutionalisation ! De quoi sřagit-il au juste ? Quřattendent donc ceux qui lřappellent
de leurs vœux ? Un peu plus de liberté individuelle ? Le renforcement du rapport
contractuel entre les personnes fragilisées et les professionnels qui sřen occupent, le
réduisant peu à peu à une affaire strictement privée ?
Je vous renvoie à ce propos au rapport dřactivité du SAU 92 qui illustre bien, de mon
point de vue, les dérives que peuvent prendre certaines situations lorsque des
institutions se retirent, abandonnant à la libre adhésion des protagonistes le cadre
structurant quřelles tenaient avec dřautres. Là où le cadre institutionnel servait la
cohérence, il laisse place à la co-errance.
Cřest ce qui fait que nous restons persuadés que lřéducation ne relève ni de la logique
marchande, ni du cadre lucratif, ni encore dřun exercice libéral. Cřest une des fonctions
fondamentales de lřinstitution que de tenir ce cadre. A lřAVVEJ, il est tenu par les
options fondamentales et le projet associatif, mais aussi par la vie statutaire qui sřy
déploie, les commissions associatives qui œuvrent, toutes les occasions qui nous sont
données de créer une culture propre et des liens dřappartenance, ou pour le dire
autrement, de nous donner une identité professionnelle.
A-t-on conscience de la richesse que constitue une association dans ce quřelle
rassemble et quřelle fait rendre solidaire ? Jeunes, moins jeunes, salariés,
administrateurs bénévoles, rencontres de générations, de modes de vie, de mode de
culture. Si lřon se demande parfois à quoi sert lřinstitution, la réponse est là. Faire tenir
ensemble, tirer un fil commun, transmettre des savoirs, savoir être et façons de vivre.
Le séminaire est à cet effet exemplaire de la valeur ajoutée que peut apporter
lřinstitution lorsquřelle parvient à créer les conditions dřune rencontre qui permet
lřexpression et lřéchange de toutes ses composantes.
Lřannée 2015 a été comme toutes les années impaires une année de séminaire qui, sřil
ne dure que 3 jours, est lřaboutissement dřun travail collectif qui a mis à lřouvrage durant
lřannée qui lřa précédé, tous ceux qui ont bien voulu contribuer à son organisation (une
quinzaine de salariés cette année), mais aussi tous les professionnels qui ont saisi
lřopportunité de ce séminaire pour venir y présenter un aspect de leur pratique.
Rappelons que le thème de cette année était : « Normes, règles, lois : quels repères
pour lřinstitution éducative ? », quřil a rassemblé environ 180 personnes, salariés et
administrateurs principalement, et quřil constitue un temps fort de formation de lřAVVEJ.
Les actes de ce séminaires sont consultables sur notre site et disponibles gratuitement
au siège de lřassociation.
DIRECTION GÉNÉRALE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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Je ne résiste pas à reprendre lřévocation de la métaphore des porcs-épics que Jean
Pierre PINEL a empruntée à Parerga & Paralipomena, à lřinstar de FREUD, pour
caractériser lřune des fonctions fondamentales de lřinstitution : permettre aux hommes
de se supporter, de vivre ensemble, sans sřentretuer, se dévorer ou former des masses
indifférenciées :
La parabole des porcs-épics et la sociabilité :
« Par une froide journée d’hiver un troupeau de porcs-épics s’était mis en groupe serré
pour se garantir mutuellement contre la gelée par leur propre chaleur. Mais tout aussitôt
ils ressentirent les atteintes de leurs piquants, ce qui les fit s’écarter les uns des autres.
Quand le besoin de se réchauffer les eut rapprochés de nouveau, le même inconvénient
se renouvela, de sorte qu’ils étaient ballottés de çà et de là entre les deux maux jusqu’à
ce qu’ils eussent fini par trouver une distance moyenne qui leur rendît la situation
supportable. Ainsi, le besoin de société, né du vide et de la monotonie de leur vie
intérieure, pousse les hommes les uns vers les autres ; mais leurs nombreuses
manières d’être antipathiques et leurs insupportables défauts les dispersent de
nouveau. La distance moyenne qu’ils finissent par découvrir et à laquelle la vie en
commun devient possible, c’est la politesse et les belles manières. En Angleterre on crie
à celui qui ne se tient pas à cette distance : Keep your distance ! Par ce moyen le
besoin de se réchauffer n’est, à la vérité, satisfait qu’à moitié, mais, en revanche, on ne
ressent pas la blessure des piquants. Cependant celui qui possède assez de chaleur
intérieure propre préfère rester en dehors de la société pour ne pas éprouver de
désagréments, ni en causer. » (Parerga & Paralipomena, Aphorisme sur la sagesse
dans la vie)
Je suis sensible à cette métaphore qui nous rappelle que vivre ensemble ne va pas de
soi, quřil ne va pas davantage de soi de travailler ensemble, et donc que les équilibres,
la bonne distance, indispensables à nos institutions pour créer les conditions pour
remplir leurs missions, sont toujours fragiles. Ces piquants, qui peuvent prendre la
forme des passions, parmi lesquelles lřamour et la haine sont des formes dřexpression
extrêmes, menacent les institutions lorsquřon les laisse gouverner. Cřest bien une des
fonctions de lřinstitution que de ne pas se laisser gouverner pas les passions. Et cřest
bien une responsabilité de chacun de faire le travail pour ne pas se laisser dominer par
elles. Pour rappel, lřévocation de ce très beau texte de Jean Pierre LEBRUN sur
« L’avenir de la Haine » :
« Nous aurons pourtant beau faire, beau dire, elle est là, la haine, dans notre vie au
quotidien, dans nos colères, dans notre violence, dans notre agressivité bien sûr, mais
aussi dans nos ruses, dans nos dérangements aussi bien que dans nos arrangements,
dans la façon dont parfois nous regardons, dans le ton de notre voix, dans notre vœu de
maîtrise, dans notre voracité, dans la manière dont nous nous adressons à l’autre ou
dont nous évitons de lui répondre, dans le comme si nous ne l’avions pas vu, dans le
suspens où nous le tenons ou dans le sur-le-champ avec lequel nous lui donnons la
réplique, dans le ridicule où nous le poussons, dans la boue où il nous arrive de le
traîner, dans nos soi-disant gentillesses ou nos fausses amabilités… ou même dans nos
silences ; enfin, à y regarder d’un peu plus près, il faut bien accepter ce constat : la
haine m’habite, elle est dans ma vie, dès son début sans doute et avant même que je
m’en souvienne ; mais alors se pose d’autant plus la question : qui est-elle ou, encore,
d’où vient-elle ? »
DIRECTION GÉNÉRALE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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Eléments marquants de l’année 2015
Madeleine Husson a renoué avec un usage qui avait été abandonné : le rapport
dřactivité de la Direction Générale. Vous pourrez en prendre connaissance dans le
rapport général au même titre que celui de chacun des établissements de lřAVVEJ. Il
reprend de manière transversale des dossiers qui nous ont occupés tout au long de
lřannée, et qui attestent si besoin était de lřaffirmer, que les charges de travail
administratif au sens large ne cessent dřaugmenter.
Des départs, des arrivées, des mouvements
Laurent Dupond qui a été nommé directeur général adjoint de lřAVVEJ a pris ses
fonctions le 1er septembre 2015.
Norbert Giuliani lui a succédé à la direction de Rencontre 93 à la même date.
A la direction Générale, Jean Pierre Beauchêne et Elisabeth Lecomte ont fait valoir leur
droit à la retraite. Natacha Stagge et Fabienne Baron leur ont respectivement succédé.
Appels à projet
LřAVVEJ a répondu à deux appels à projet pour :
-
Lřaccueil de jeunes dits très difficiles en Seine St Denis
Un service de visites médiatisées en Essonne
Notre proposition dřaccueil de 18 jeunes très difficiles que nous avons nommée « La
Métis » a été retenue. Elle repose sur un dispositif composé de 8 maisons dans
lesquelles un assistant familial spécialisé accueille deux jeunes. Un service
pédagogique baptisé « Educart » vient en appui des assistants familiaux en proposant
des activités en journée aux jeunes. Des accompagnateurs de projets, appelés
« e.accordeur », accompagnent chacun 4 jeunes. La Métis est rattachée à Rencontre
93. Un directeur adjoint, Monsieur Fraysse Davide, a été recruté auprès de Norbert
Giuliani pour piloter le dispositif.
Notre proposition de visites médiatisées nřa pas été retenue.
Parallèlement, le SIOAE 93 est à lřétude dřune extension qui devrait se concrétiser à
lřhorizon septembre 2016 par la création dřun service dřAEMO intensive. Ce service
recrutera une quinzaine de salariés.
Des expositions
Une véritable dynamique, pour ne pas dire un engouement, sřest concrétisée depuis
2014. Il a pris un volume important en 2015, à lřoccasion de plusieurs expositions
présentant des réalisations de jeunes dans ou en dehors de lřAVVEJ. Parmi celles-ci,
notons les noms évocateurs de :
-
-
« Le monde vu de ma fenêtre » (novembre 2014), exposition réalisée par
Espace Adolescent dans les locaux des MAPE de Clairefontaine,
« Au-delà des murs » (Avril 2015 au siège de la BNP à Pantin) Ŕ (septembre
2015 au Château de Villiers à Draveil) - Exposition réalisée par des jeunes
de Rencontre 93
« Objets dans tous leurs états » (Juillet 2015) - exposition réalisée par le
SIOAE 75 au théâtre de Mouffetard, rebaptisé le théâtre des marionnettes
DIRECTION GÉNÉRALE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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-
« A ta rencontre » (Janvier 2016) Ŕ Exposition de photos réalisées par des
jeunes du SIOAE 93 dans les locaux des MAPE Clairefontaine
« Je (ux) et apparences » (Avril 2016) Ŕ Exposition de photos réalisées par
des jeunes du SIOAE 93, au 6B à St Denis et au Molière à Paris.
Dřautres événements à vocation culturelle ont également vu le jour, parmi lesquels :
-
« Des plongeurs éco citoyens », dans la suite du projet « le grand bleu » du
Vieux Logis, qui a concerné 8 jeunes et 2 éducateurs
« La campagne à Evry », qui consiste en la création dřun jardin pédagogique
à destination des jeunes dřEspace Adolescent.
Un site de mieux en mieux alimenté
La commission « Communication - Relations extérieures » a travaillé à la rénovation du
site de lřAVVEJ. Les activités de médiation culturelle des établissements trouvent sur ce
support un moyen de se faire connaître. De plus en plus dřactualités remontent des
établissements rendant notre site plus réactif et plus riche. Nous pouvons encore mieux
faire, et le recrutement dřun service civique début 2016 dont la mission sera de faire
vivre la vie culturelle de lřAVVEJ nous laisse penser que ce sera le cas demain.
--------------------------------------------------------Au gré de rencontres diverses, on me demande souvent : « Comment va lřAVVEJ ? »
Après un temps dřhésitation qui vient autant du fait que ma réponse spontanée serait de
dire « il faut lui demander » que de lřimmensité même de la question, ma réponse est le
plus souvent que dans le contexte que nous traversons, elle ne va pas si mal que cela.
Car comment répondre à ce type de question dans un environnement aussi versatile et
pétri dřinformations contradictoires ?
Etant entendu que gouverner cřest prévoir, le temps est à la prospective et chacun tente
à sa manière de scruter lřhorizon, utilisant tout artifice susceptible de lřéclairer sur ce
quřil en sera demain et pour les plus ambitieux, dans une dizaine dřannées.
Il nřaura néanmoins échappé à personne que la prévisibilité de lřévolution de notre
environnement nřa jamais été aussi incertaine. Il y a à peine un an, toutes les tribunes
débattaient de la disparition des départements et de la montée en puissance des
métropoles. Les élections départementales ont rendu leur verdict et les débats sur la
territorialisation ont pris un nouvel angle. Quřen sera-t-il demain ? Lřannonce de la
fusion des départements des Hauts de Seine et des Yvelines, au prétexte que le Grand
Paris est un projet qui serait déjà dépassé, concomitante à lřannonce quřà lřhorizon
2021 les départements du 75, du 92, du 93 et du 94 disparaitront au profit de la
métropole du Grand Paris ne peuvent que nous laisser dans la perplexité. Est-ce bien
raisonnable de faire de ces feuilletons à rebondissements notre actualité et de les
considérer comme des éléments majeurs sur lesquels penser notre devenir ?
Je reste pourtant persuadé que nos institutions doivent évoluer et que nous devons
comprendre dans quel sens cette évolution doit se faire. Je pense quřil faut dřavantage
observer lřévolution de notre société, de ses mœurs, de ses structures familiales
diversifiées, de la prégnance des libertés individuelles qui nous obligent à repenser, par
exemple, lřinternat, notamment dans le fait dřen faire le lieu incontournable de la
protection de lřenfant. Ce nřest pas le fait quřun enfant dorme dans un lieu protégé
chaque nuit qui garantit sa protection.
DIRECTION GÉNÉRALE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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Dans ma boule de cristal, des mots cohabitent ensemble : territoire, parcours, CPOM,
transversalité, accueils diversifiés, nouveaux collectifs, coopérations,….en les agençant
de telle ou telle manière, pourraient réapparaître les formes dřUPAES chères à Jean
Claude FERRAND.
Dans ma boule de cristal, il nřest pas question de fermer les institutions, mais au
contraire de les ouvrir. Ce ne sont pas les murs qui font les institutions, mais ce quřelles
font tenir ensemble, ce quřelles disposent autour dřune personne pour quřelle se
construise, autour dřun jeune pour quřil grandisse.
LřAVVEJ ne va pas si mal parce quřelle a des atouts pour tenir dans la tempête, se fixer
des caps et se donner les moyens de les atteindre. Ce qui fait et qui fera sa force, je
pense, cřest la sincérité de son projet associatif, cřest lřincarnation de sa conception de
la solidarité, de la convivialité et de la démocratie participative, cřest la vitalité de ses
services et établissements, cřest sa capacité dřinvention et de renouvellement, cřest son
ancrage dans la pensée de ce qui fait éducation.
LřAVVEJ ira dřautant mieux et remplira dřautant mieux sa mission quřelle parviendra à
raconter une narration désirable, « désirable » pour elle afin de la transmettre.
Serge RAGUIDEAU
Directeur Général
DIRECTION GÉNÉRALE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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DIRECTION GÉNÉRALE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 11 -
Rapport de la Direction
Administrative et financière
Il fut un temps où la Direction Générale rédigeait son rapport dřactivité, mais cet usage a
été abandonné depuis longtemps.
Prise par le temps, la difficulté aussi de lřélaborer, ce fut lettre morte lřannée dernière
une fois encore. Le regret de ne pas lřavoir fait pour 2014 lřa emporté cette année.
Tentons alors un regard en arrière et faisons partager le chemin parcouru.
De retour sur la fonction Direction Administrative et Financière depuis avril 2014 après
une interruption de huit ans, jřai retrouvé un travail en équipe par rapport à la fonction
« plus solitaire » de Secrétaire Générale et ce, avec plaisir. Même si, parfois, cela
bouscule.
2015 a été avant tout marquée par des mouvements de personnel et non des moindres.
Ces mouvements amènent chacun à accueillir, former et transmettre, obligent à
réinterroger ses pratiques et revisiter ses modes de travail, à étendre ses actions et son
volume de travail. Cela prend du temps et nécessite énergie et volonté car cela peut
parfois décourager ou laisser une impression de débordement :
Les départs à la retraite de Madame Elisabeth LECOMTE après quinze ans au
poste de Responsable comptable et de Monsieur Jean-Pierre BEAUCHENE après
un peu plus de six ans au poste de Responsable Ressources Humaines, chacun à
leur manière ayant laissé leur empreinte.
Nous avons dřabord accueilli Madame Natacha STAGGE à la suite de Monsieur
Jean-Pierre BEAUCHENE. Titulaire dřun diplôme de niveau I, expérimentée en
gestion administrative du personnel, en recrutement et formation, droit du travail et
relations sociales, sa candidature a retenu toute notre attention dans le contexte
actuel dřévolution de lřenvironnement juridique du travail. Comme dans tout
processus de recrutement, rencontre, il y a eu.
Puis Madame Fabienne BARON, présente aux côtés de Madame Elisabeth
LECOMTE, a pris sa suite. Très au fait des dossiers et procédures, nous avons
vivement apprécié sa candidature et sa promotion est ô combien méritée tant son
engagement pour lřAVVEJ est constant et son professionnalisme dřexcellence.
Lřarrivée de Monsieur Laurent DUPOND sur le poste de Directeur Général Adjoint,
auparavant Directeur de lřétablissement Rencontre 93, nous apporte la réalité du
terrain, élargit notre champ de vision et nous fait faire le lien plus encore avec les
établissements et services de lřAVVEJ.
Outre les principales missions techniques couvertes par la Direction Générale pour les
établissements : comptabilité, gestion des immobilisations, paye, gestion des
ressources humaines, gestion de la formation, gestion de la trésorerie et la mission
particulière de la Direction Générale pour la finalisation des comptes de lřAVVEJ audités
par le Commissaire aux comptes, certains projets et dossiers nous ont plus
particulièrement mobilisés cette année :
DIRECTION GÉNÉRALE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 12 -
 Lřaccompagnement, formation et soutien aux comptables et économes des
établissements :
Ces actions se traduisent par des journées collectives sur des thèmes généraux de
comptabilité et paye réunissant une trentaine de personnes et plusieurs journées par
petit groupe de cinq/six établissements centrés sur des thèmes plus ciblés, plan
pluriannuel dřinvestissements par exemple cette année, budgets prévisionnels,
comptes administratifs, etc….
Ces journées sont denses mais toujours plébiscitées de part et dřautre.
Ces temps de travail permettent à chacun de « revisiter » nos circuits dřinformation,
mettre à jour les connaissances nécessaires, comprendre les contraintes de chacun,
rompre lřisolement que certains pourraient ressentir, développer des relations de
travail entre économes, intégrer les nouvelles recrues.
 Le recrutement des comptables :
Cette mission sřavère compliquée au regard du volume de travail à fournir, de la
diversité des tâches à couvrir, de lřautonomie demandée au quotidien et des salaires
proposés.
Les candidats sont vus par les Responsables comptable et des Ressources
Humaines pour validation technique des connaissances sur proposition des
Directeurs.
Cette année, quatre postes ont été pourvus (trois en établissements et un à la
Direction Générale) après de nombreux entretiens, notamment sur un poste en
établissement où trois comptables se sont succédés. La reprise partielle
dřancienneté, le niveau de diplôme requis (BTS), la grille de salaires ne sont pas en
adéquation avec les niveaux de rémunération demandés.
Il est grand temps que la convention collective soit revue.
 La mise en œuvre du logiciel de comptabilité GESSI :
Elle se poursuit après des débuts « chaotiques », beaucoup de lassitude et
dřénervement.
Ceci étant, les relations avec la société AXAPA, éditeur du logiciel GESSI mis en
œuvre en 2013 se sont apaisées et se sont « normalisées » ;
Beaucoup dřefforts, encore cette année, axés sur les tests, le paramétrage, la
formation. De nouvelles fonctionnalités sont en place : module plan pluriannuel, bilan,
comptes de résultat, bilan financier, module « Projets » pour les investissements à
proposer dans le budget prévisionnel.
Il reste encore à faire.
 « La délocalisation » du travail :
Je force le trait mais de plus en plus souvent lřadministration se retourne vers nous.
Nous avons cette année au service paye mis en route la D.S.N. Ŕ Déclaration Sociale
Nominative. Celle-ci sřest traduite :
 En amont par la reconfiguration de notre schéma informatique : installation de
deux nouveaux serveurs et nouvelles liaisons pour lřaccès à la « plate-forme
DSN », par la coordination entre Cegi-ALFA (éditeur du logiciel GRH) et MSI
(prestataire informatique AVVEJ),
 Ensuite par lřinstallation et le paramétrage du module DSN, par la formation des
quatre personnes paye à la Direction Générale,
DIRECTION GÉNÉRALE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 13 -
 Enfin, la correction des anomalies générées lors du premier envoi sur la plateforme DSN dues aux informations manquantes (non saisies auparavant parce que
non nécessaires) ou aux informations mal renseignées.
Au service comptable, une comptabilité analytique a été mise en œuvre pour les trois
établissements de lřEssonne, pour Rencontre 93 en Seine-Saint-Denis et pour les
M.A.P.E dans les Hauts-de-Seine :
Cette demande émise par les Conseils Départementaux des 91, 92 et 93 génère un
surcroît de travail : pour traiter lřantériorité (immobilisations, emprunts, subventions,
…), dřune part, paramétrer la comptabilité et la paye dřautre part, et enfin au
quotidien, sur le traitement des opérations comptables, dans les établissements
comme à la Direction Générale.
Ceci multiplie aussi le nombre de budgets et de comptes administratifs : trois par
établissement dans lřEssonne et dans les Hauts-de Seine et quatre pour Rencontre
93.
 Un seul chiffre sur le volume de travail à la paye :
La Déclaration Annuelle des Salaires 2015 (DAS) fait état de mille cinq cents lignes
pour sept cent trente salariés en postes autorisés. Les autres lignes représentent les
salariés en contrats à durée déterminée traités pour les remplacements, maladie,
parfois dřun jour, dřune nuit, congés, maternité, etc.
 Lřaudit CCE :
Le CCE cette année a fait valoir ses droits à demander un audit des comptes AVVEJ.
Je ne remets pas en cause ce droit, il ne mřappartient pas dřen juger.
Je souligne que les interrogations quřavaient les membres du CCE auraient pu être
posées à la Direction Générale, au moins dans un premier temps et traitées en
séance.
Cette démarche a amputé nos ressources qui sont au final déployées en fonction des
besoins recensés pour les établissements et a largement mobilisé notre temps au
détriment des actions en cours ou à mener.
Le cabinet a rendu son rapport qui était clair et précis, mais pour quel usage ?
 La mutuelle :
Obligatoire au 1er janvier 2016, le projet mutuelle a débuté en juin 2015 :
consultation des opérateurs retenus par la branche UNIFED Ŕ diffusion et
présentation de lřoffre retenue par lřassociation dans les établissements Ŕ préparation
des fichiers à envoyer Ŕ gestion des cas particuliers, saisie de la base salariés.
 La nouvelle loi sur la formation :
Elle sřest traduite par la mise en œuvre et le déploiement des entretiens
professionnels pour tous les salariés concernés, par la révision de notre stratégie de
formation compte tenu de la forte baisse des budgets formation disponibles dans
notre OPCA, par une réorganisation de notre suivi des formations et une recherche
constante dřoptimisation des financements.
 Le patrimoine immobilier et travaux :
Cet aspect nous amène à traiter des dossiers comme le suivi des travaux, les
déménagements, notamment celui du service AEMO Clairefontaine pour répondre à
lřaccessibilité handicapés, lřachat dřun pavillon à Aulnay-sous-Bois par
lřassociation mis au service de Rencontre 93 pour son accueil de jeunes en très
grandes difficultés. Enfin lřaccessibilité handicapés : au 15 mai 2015, a été déposé en
DIRECTION GÉNÉRALE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 14 -
préfecture de Versailles le dossier Accessibilité Handicapés AVVEJ multi-patrimoine
par établissement, par site : dossier « ADřAP ».
Peu de mots au regard du volume de travail fourni par Monsieur Gilles FADEL,
Chargé de Mission à la Direction Générale, responsable du dossier.
 La gestion et le suivi des dossiers contentieux se compliquent et « sřétirent » dans le
temps :
 Avec le STIF notamment sur la remise en cause de notre exonération. Le tribunal
a statué en notre faveur nous exonérant de payer cette taxe pour les années 2011
Ŕ 2012 Ŕ 2013. Les enjeux financiers sont énormes et lřaffaire nřest sûrement pas
terminée.
 Avec le Conseil Départemental de lřEssonne sur nos frais de siège,
 Avec lřŒuvre Villages dřEnfants en Haute Savoie, sur la reprise de notre ITEP
dřAnnecy,
 Avec lřentreprise en charge des travaux de lřEspace Pierre BALDINI puisque
lřascenseur installé nřest toujours pas mis en service.
 Dans le cadre de lřoptimisation de nos ressources, certains contrats ont été revus :
 Liaisons informatiques,
 Contrat location longue durée sur les voitures,
 Consultation sur les chèques restaurant.
Des postes sont toujours gelés, 1 ETP Technicien Supérieur « Audit et Méthode » et
0,5 ETP de cadre. En contrepartie, certaines actions, notamment prévues dans notre
Convention fais de siège contractée avec le Département des Yvelines nřont pas
avancé comme nous lřaurions souhaité, lřinventaire physique notamment.
Les salariés sont plus que sollicités, les journées sont denses et les périodes se
succèdent sans avoir lřimpression de « souffler ».
La Direction Générale est au service des établissements : accompagner, soutenir,
former, préparer, faire, produire, organiser, rappeler et beaucoup « démêler » les
questions et les régler. Ceci amène parfois le sentiment de ne traiter que ce qui ne va
pas, les établissements nřarrivant pas à solutionner certaines questions.
Les mouvements du personnel nous ont fait nous réinterroger sur notre organisation.
Pour ce faire, lřassociation Passerelle et Compétences nous a accompagnés, un temps
cette année, lřensemble du personnel a été rencontré. Ces échanges ont permis de
formaliser « une feuille de route » collective.
Cette démarche, menée en amont du renouvellement de nos frais de siège, structure
ainsi les actions à mener, par ordre de priorité dès 2016 et pour les cinq ans à venir.
Je voudrais dire mon intérêt, ma satisfaction de partager ces journées à la Direction
Générale.
Je voudrais enfin mettre en avant chacun à la « DG » qui travaille, parfois dans lřombre,
à assurer « le quotidien » de lřAssociation, à régler les difficultés qui remontent.
Madeleine HUSSON
Secrétaire Générale
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RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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To be or not to be Charlie
«Etre ou ne pas être : telle est la question. Y a-t-il pour l’âme plus de noblesse à
endurer les coups et les revers d’une injurieuse fortune, ou à s’armer contre elle
2
pour mettre frein à une marée de douleur ? »
Etre ou ne pas être…
Les débats avec les jeunes femmes du foyer maternel après les attentats du 7 janvier
ont projeté une lumière crue sur les problématiques que les professionnels doivent
intégrer dans lřexercice de leur mission dřéducation.
La majorité de ces jeunes femmes ont vécu leur enfance dans les « quartiers »,
territoires d'appartenance et de solidarité où s'est construite leur identité sociale et
culturelle. Environ 40 % sont originaires dřAfrique subsaharienne et sont arrivées en
France parfois récemment. Une grande partie a grandi dans un environnement
musulman, une minorité se réfère à différentes religions chrétiennes.
Ce foyer comme d'autres est le réceptacle dřun monde globalisé et de migrations
accélérées avec ou sans papier. Des communautés, des origines, des religions sřy
côtoient, partagent le statut de personnes accueillies avec charte dédiée pour leurs
droits. On peut dire qu'il est le reflet d'une société multiculturelle en précisant qu'il s'agit
de sa fraction la plus pauvre, ces différentes communautés se côtoyaient déjà dans les
quartiers, les écoles, les foyers. Si quelques-unes ont reçu en héritage la rancœur
contre l'ancien colon, surtout quand il intervient militairement sur leur territoire d'origine
quelles que soient les intentions, sans trop avoir à insister, la plupart des jeunes
femmes reconnaissent que la France ne les traite pas si mal, elles et leurs enfants.
Mais ce qu'elles connaissent du modèle républicain apparait trop mal en point pour les
séduire, d'autant que ce modèle est souvent dénigré par ceux-là mêmes qui à leurs
yeux en profitent, que loin du sursaut républicain fantasmé, une partie majoritaire
s'abstient aux élections et que « La France périphérique3 » se donne de scrutins en
scrutins chaque fois un peu plus, à un parti qui les rejette plus ou moins subtilement.
« Je suis Charlie » a dřabord été un slogan abscond pour elles qui découvraient ce Dieu
spontané. Son succès fulgurant est d'abord apparu énigmatique Ŕ pourquoi une telle
émotion ? - vite incompréhensible - quant au même moment, par centaines, en Afrique,
- ... et puis révoltant parce qu'il cautionnait le blasphème alors qu' « il y a des choses qui
ne se font pas », - et finalement injuste, puisque d'autres, Dieudonné en icône des
censurés, accumulent les procès pour l'exercice d'une liberté perçue comme étant à
géométrie variable, toujours défavorable aux mêmes...
Même si le public de jeunes femmes ne constitue pas un groupe homogène et si le
spectre des idéologies est relativement large, au cours des échanges entre les jeunes
femmes et les professionnels, ce qui transparaît, cřest l'absence de références et de
sources dřinformation communes et finalement de culture partagée. Ce n'est pas que
nous ne parlons pas la même langue : les mots sont les mêmes mais ils ne désignent
pas les mêmes objets, à commencer par ceux de la devise nationale : qu'est-ce que
cette liberté qui oblige à cacher les signes de son appartenance religieuse et culturelle ?
Qu'est-ce que l'égalité des droits sans égalité dans leur exercice ? Quřest-ce que la
fraternité dans une société dřisolés où seuls les pauvres paraissent solidaires des
pauvres ?
2
William SHAKESPEARE (1564-1616). Hamlet Prince of Denmark, 1558 (traduction d’André
Gide)
3
Christophe GUILLUY. La France périphérique. Comment on a sacrifié les classes populaires. Flammarion.
2014
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RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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Chacun fortifie ses convictions à ses propres sources dřinformation, avec ses références
et ses maîtres, mais ni les unes ni les autres ne se croisent : des vérités se développent
parallèlement tout en s'ignorant. Les valeurs de lřAVVEJ émanent d'une pensée sociale,
dřune histoire, d'une société construite depuis des siècles avec ses mythes, ses héros,
ses artistes, ses créateurs, son patrimoine, ses lieux de mémoire, sa culture donc. Mais
celle-ci est presquřinconnue de la plupart des jeunes femmes. Comment parler, quand
de bonne foi, nous ne parvenons pas identifier et circonscrire ensemble l'objet de la
controverse ?
Y’a-t-il pour l’âme plus de noblesse à endurer les coups et les
revers d’une injurieuse fortune…
Lřéducation nationale sřest chargée de prodiguer aux frères Kouachi quelques savoirs ;
lřaide sociale à lřenfance a protégé la fratrie quand elle est devenue orpheline ;
l'institution judiciaire les a jugés pour quelques délits ; lřadministration pénitentiaire sřest
chargé de la peine et la police les a surveillés par intermittence. Il faut des parents aux
enfants parricides, les institutions républicaines réunies ont fait ce quřelles ont pu et
chacune regarde lřautre pour trouver laquelle a failli un peu plus.
Le 11 janvier, plusieurs millions de personnes avaient chacune ses raisons de défiler.
Quelques jours plus tard, le nouveau Charlie est sorti. Les conditions de sa production
en disent plus que son contenu. Comment traduire une opinion quand le producteur de
texte est sous protection policière ? Comment des penseurs peuvent-ils user de liberté
contre l'état, alors qu'ils savent que ses agents payent de leur propre vie la protection
physique de ceux qui sřexpriment ? Une liberté sous surveillance est une liberté
surveillée, il faut admettre qu'elle n'en est plus une.
Son enterrement a donc eu lieu et en même temps, a été entériné le fait que les
terroristes avait gagné, que le blasphème est aux Pays-Bas, au Danemark et en France,
un crime puni de mort. Sřil est légalement affaire privée, les lois nationales sont
illusoires face aux fatwas prononcées par des donneurs d'ordre installés au Yémen ou
ailleurs, diffusées par ce que la technologie occidentale a créé de plus performant, qui,
comble de lřabsurdité, envoient les habitants du Kazakhstan mourir pour la destruction
dřun journal quřils n'ont pas lu, qui délèguent l'exécution d'un infidèle à une petite main
en mal d'insertion dans son pays, désireuse de se réaliser en martyr.
En Syrie comme en Afghanistan, les attentats contre les représentations culturelles
« impies » visent moins la concurrence religieuse que lřarbitre des élégances en matière
de Patrimoine mondial. L'étape suivante, s'en prendre aux visiteurs de musées en plein
recueillement dans les églises du tourisme culturel comme le Bardo de Tunis, atteint
directement cet occident qui a défini le beau et pour cela, a sacralisé les
représentations, ces images qui révulsent les prétendus adorateurs dřun prophète sans
image, pourtant caricaturé pour satisfaire très peu spirituellement leur avidité de pouvoir
politique, de domination, de violence, et puisquřil en faut pour cela, de pouvoir
économique et de biens matériels, entre hommes bien entendu.
Dans une confrontation où l'un des protagonistes s'affranchit de toutes règles, l'autre
perd à tous les coups. Et pour revenir à nos débats au sein du foyer maternel, il se
trouve de paisibles mères de famille aspirantes à une insertion sociale ordinaire en
France, pour considérer que l'attentat contre Charlie est excessif mais qu'il n'est pas
sans raisons. Lřhumour de Charlie suppose pour être perçu la maitrise dřune culture
sociale, scolaire et un type de formation intellectuelle dont lřécole est le principal
vecteur, autant dřinstruments qui ne sont pas en odeur de sainteté dans les quartiers
parce quřassimilés à ceux de lřexclusion sociale4. Le symbole de la contestation
libertaire est rangé du côté de lřoppresseur quand les tueurs font figure de victimes des
4
Dalilbor FRIOUX. Sommes-nous tous égaux devant l’humour ? Libération. 19 janvier 2015
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RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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institutions républicaines. Les Coulibaly-Kouachi suscitent de la compréhension et
certaines jeunes femmes ne sont pas loin de pardonner leurs excès.
… ou à s’armer contre elle pour mettre frein à une marée de
douleur ?
Mon propos est celui d'un directeur d'établissement qui s'interdit toute défausse sur
d'autres institutions alors qu'il exerce des responsabilités auprès d'un public spécifique,
auprès de professionnels en charge de ce public et avec lesquels il assume des
missions de prévention, de protection et d'éducation. Les quelques pistes ici proposées
sont une recherche de réponses pour un établissement, avec son projet et ses moyens.
A priori elles n'ont qu'une portée « locale ». Les partager permettra peut-être de
poursuivre le débat pour que d'autres pistes participent d'une démarche plus
« globale ».
Car un autre groupe nřest pas plus homogène que celui des jeunes femmes : les
salariés de lřassociation. Si tous se réunissent contre l'horreur, beaucoup ne se
reconnaissent pas dans un slogan par essence réducteur. Lřinstitution incarnée par des
professionnels est confrontée à un autre défi : constater que lřadhésion de ses agents
au projet dřétablissement et aux options fondamentales de lřassociation militante peut
nřêtre que partielle. Cřest pourtant avec ces professionnels qui nřen sont pas moins
engagés dans leur travail, quřil faut exécuter la part du contrat éducatif qui nous
incombe.
On peut d'entrée éliminer ce qui ne marchera pas : les leçons de morale laïque,... toute
cette propagande incantatoire a des effets répulsifs garantis. Ce n'est pas de discours
dont les jeunes femmes ont besoin mais de la démonstration par l'action qu'elles sont
considérées en tant qu'elles ont une culture et une pensée, quřelles devront les
confronter à celles des autres personnes accueillies parce quřil faut bien vivre
ensemble, et à celles de professionnels revendiquant des valeurs et un héritage.
Il faut trouver des terrains dřentente : des terrains où les voix sont suffisamment proches
et intelligibles pour que les uns et les autres entendent ce qui se dit, préalable à une
compréhension mutuelle,… instituer des espaces de parole et dřexpression culturelle
réversibles, qui soient simultanément des lieux dřécoute de la parole et de la culture de
lřautre. A trop individualiser la relation éducative, on en oublie parfois que « … parmi les
rares choses qui ne font qu’augmenter si on les partage, il y a la douleur et la misère. »5
et quřil faut donner à partager autre chose, non de surcroît mais prioritairement, des
expériences collectives de création pour que chacun en reçoive une charge égale et
incompressible.
Les professionnels ne doivent pas douter de lřautorité des valeurs qu'ils incarnent
(tolérance, laïcité…), qui garantissent la compatibilité entre toutes les autres et exerce
une prédominance sociale sur celles qui prétendent imposer au collectif des
comportements sociaux. Ils ne doivent pas douter quřil est juste dřempêcher que celleslà le fassent. La notion de blasphème est affaire privée parce quřil est spécifique à
chaque religion et quřaucune ne saurait se prévaloir du droit de dicter les affaires
publiques. Prévert a résumé : « Notre père qui êtes aux cieux, restez-y. Et nous nous
resterons sur la terre… 6». Ne pas lřéquiper de cette certitude laisse lřéducateur sans
arme, sans pouvoir pour permettre que des valeurs multiples évoluent ensemble dans
un même espace dřéducation, où chacune est protégée du désir dřexclusivité au
détriment des autres. La formation collective et permanente de lřensemble des
intervenants professionnels, et peut-être, une instance qui sřapparenterait à un groupe
5
Leonardo PADURA « L’homme qui aimait les chiens » p 18 ed. Métaillié.
Jacques PREVERT. Parole. 1936
DIRECTION GÉNÉRALE
6
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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dřanalyse des pratiques laïques en institution, peuvent favoriser la découverte dřune
posture cohérente. Il faudra trouver les moyens et les organisations pour cela.
Mais ce sont aussi les instances mises en œuvre dans les établissements qui doivent
permettre lřimplication du public dans lřorganisation même : le Conseil de la Vie Sociale
fonctionne sur le principe de délégation qui est nécessairement restrictif. Dřautres
instances sont inventées : un Groupe dřAction Culturel constitué de professionnels et de
jeunes femmes doit être une expérience de participation, où la dissociation des places
sřinscrit dans un processus de production partagée ; dřautres bien sûr, nombreuses,
prêtes à lřemploi, dès lors que toute prise de parole est une parenthèse entre deux
silences, le silence qui permet de se laisser prendre par la parole de lřautre, condition
pour que la sienne soit prise en compte.
Les professionnels nés avec les portables et les réseaux sociaux maitrisent les mêmes
outils de communication que les jeunes femmes accueillies et circulent parfois sur les
mêmes canaux dřinformation. Même sřil y a des exceptions, ce nřest pas le cas des
éducateurs plus expérimentés et de lřencadrement. Il faut pourtant aller y voir dans ces
endroits où lřobscurantisme se pare des habits lumineux de la révolte sociale,
comprendre les mécanismes de contournement de lřhistoire telle quřelle sřest faite, et
peut-être même intervenir. Créer des moyens de veilles pour connaitre et décrypter ces
canaux qui fonctionnent en parallèle des moyens dřinformation traditionnels, de
communication interne, de création dřespace de paroles sur les réseaux sociaux comme
espace dřintervention éducative. La mise en œuvre dřune courroie de transmission en
partance des jeunes générations de professionnels vers les autres est nécessaire pour
relier la maîtrise des outils aux valeurs qui doivent guider leurs usages. Les contraintes
organisationnelles, le pouvoir normatif qui fait des associations les variables
dřajustement des politiques publiques et les contraint parfois au renoncement éthique
pour survivre dans lřunivers concurrentiel des appels dřoffre, ont généré des systèmes
verticaux dřorganisation qui font que les professionnels éducatifs ne sont plus (toujours)
les penseurs de leur action. Ce sont pourtant les équipes éducatives qui mettent en
œuvre le projet, les autres professionnels faisant en sorte quřelles le fassent le plus
sereinement possible.
LřAVVEJ est pourtant préparée : « De sa place, avec ses moyens, elle entend participer
activement à l’émergence de nouveaux rapports humains et sociaux, équilibrés et
respectueux, pour permettre aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui de relever les
défis auxquels la transformation du monde la confronte, notamment celui de son identité
et de ses appartenances dans un univers à la fois de plus en plus complexe et de plus
en plus global.7 »
Mais peut-être faudrait-il que lřhorizontalité et la vivacité des échanges qui prévalent
dans les séminaires de formation de lřAVVEJ ne relèvent pas de lřexceptionnel. Si des
prolongations sont expérimentées ici et là par quelques groupes de professionnels, elles
ne sont pas possibles pour ceux qui sont souvent assignés à résidence par des
plannings contraignants. Dřautres font lřéconomie de lřengagement associatif en
considérant que toute implication dans cette démarche relève de la collaboration avec
lřemployeur, sur-jouant une petite lutte de classes sans risque et en oubliant quřil y a
communauté dřintérêt entre lřassociation militante, ses professionnels salariés et le
public accueilli.
On peut douter que lřassociation aille assez loin dans ce travail de veille, de formations
collectives, de communication autre que du haut vers le bas, et dřapplication par lřaction
de ses principes démocratiques, tant les besoins sont vastes et urgents, que le fossé
est béant. Les lieux dřexpression sont insuffisants ou peu utilisés. Les articles du Flash
sřéloignent rarement du descriptif des pratiques. Il nřexiste pas dřintranet qui favoriserait
une circulation des idées plus fluide…
7
Options fondamentales de l’AVVEJ. 2004
DIRECTION GÉNÉRALE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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Les établissements sont parfois et peuvent devenir plus encore des laboratoires de
citoyenneté, où sřapprend lřexercice de la liberté d'expression et de lřécoute, où la laïcité
est le ciment qui nřa pas besoin de dire son nom parce quřelle sřimpose en préalable
pour constituer non pas une juxtaposition de communautés, mais une communauté
unique, dans cet espace-là, à ce moment-là. Peut-être faut-il pour cela que les
associations tétanisée par la peur dřêtre hors normes trouvent des formes
dřexpérimentation avec leurs professionnels, acteurs qui accepteraient de faire évoluer
leurs rôles au-delà des stéréotypes.
Avril 2015
Thierry SIMON
Directeur des MAPE
DIRECTION GÉNÉRALE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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DIRECTION GÉNÉRALE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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FOYER KAIROS
ACCES :
Espace Pierre BALDINI
6/8 rue Eugène VARLIN
75010 Paris
Téléphone : 01.40.40.23.60.
Télécopie : 01.40.34.61.81
e-mail : [email protected]
MÉTRO : ligne 4 / 5 / 7
Stations : Gare de lřEst ou ChâteauLandon
AUTOBUS : 26 / 46 / 54
Arrêt : Château-Landon
ACCUEIL :
KAIROS, est un établissement éducatif pour adolescent(e)s de lřAVVEJ dans Paris
intra-muros. Il a vocation à accueillir 32 adolescent(e)s de 13 à 18 ans bénéficiant
dřune mesure de placement dans le cadre de la Protection de lřEnfance. Les
demandes dřadmission sont adressées par les secteurs de lřAide Sociale à lřEnfance
de Paris.
MISSION :
Le projet se fonde sur un accompagnement personnalisé, reposant sur des actions
individuelles et collectives, prenant en compte les différentes dimensions de
lřaccompagnement : éducative, scolaire, insertion professionnelle, vie sociale, santé,
relations familiales.
Nous privilégions lřinscription des jeunes dans les réseaux de droits communs
existants, publics ou privés. Les ressources de proximité sont sollicitées et les
partenariats recherchés.
Lřétablissement participe au souci de lřAVVEJ en matière de développement durable
et de qualité environnementale. Cette orientation sřinscrit à tous les niveaux de
fonctionnement du foyer y compris dans lřaccompagnement éducatif des
adolescents.
Lřaccueil se fait sur deux unités de vie collective à partir de 13 ans (internats
éducatifs) et sur un service dřappartements partagé (KAP), de 16 à 18 ans
(expérimentation sans présence adulte 24/24 mais avec des liens quotidiens avec
lřéquipe éducative).
AGREMENTS - HABILITATION :
Lřétablissement est agréé dans le dispositif de protection de lřenfance par le Conseil
Général de Paris.
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 22 -
STRUCTURE :
Directrice : Marie-Catherine RENEVOT
Chefs de service :
Lucie AZZOUG (KAP)
Elise DUMAS (UV1 et UV2)
Educateurs spécialisés, moniteurs éducateurs, psychologues, éducateur jour pour
lřatelier pédagogique, maitresses de maison, surveillants de nuit et professionnels des
services administratifs.
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
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Rapport d’activité 2015 - Kairos
Marie-Catherine RENEVOT, directrice
« Le véritable humanisme, c’est celui qui reconnaît l’autre dans sa dignité et sa qualité
humaine » - Edgar MORIN
Lřannée 2015 nous a plongés chacun et collectivement, dans des évènements
douloureux au plus près de notre quotidien, dans la proximité de nos quartiers parisiens
dřimplantation.
Les situations de destruction que nous rapportent les médias, étaient jusque-là « un peu
plus loin », « chez les autres ». Nous nřy étions pas indifférents mais pas touchés dřune
façon aussi « intime », du moins je le présume, pour la plupart dřentre nous.
Ces évènements, la tuerie de CHARLIE et celle du supermarché cacher dřune part, les
tueries de novembre dřautre part, ne sont pas sans effets sur les jeunes qui nous sont
confiés. Certains ont pu être tentés par les théories du complot, dřautres ont pu faire
part à leurs éducateurs des sentiments dřinsécurité majeure que cela a ranimé pour eux,
venus en France pour échapper justement aux dangers extrêmes quřils ont connus.
Mais quoi ! « Pourquoi ne pas sortir, (consigne de sécurité oblige), tu sais, il y avait des
chars qui passaient en bas de chez moi, je sortais quand même, ne třinquiètes pas » dit
lřun dřentre eux à son éducatrice.
Nous avons une mission de protection, qui dans ces circonstances, prend une tonalité
toute singulière.
KAIROS, en cette année 2015, a néanmoins poursuivi sa progression :
 Ouverture en juin du second pavillon à Montreuil après quelques mois de
travaux pour remettre la maison en état et conformité.
 « Garden party » pour la crémaillère de « MAISON KAIROS », un samedi
ensoleillé à Montreuil où jeunes et adultes se sont rencontrés sous les arbres
fruitiers avec le plaisir de la découverte et du partage.
 Ajustement de nos modes dřaccompagnement en fonction des situations
singulières des jeunes afin de préserver une continuité de parcours et dřancrage
relationnel.
2015 est également une année de « séminaire » pour lřAVVEJ consacré cette année à
« Normes, règles, lois, quels repères pour l’institution éducative », et bien que tout
jeune, KAIROS y a pleinement participé avec la préparation et lřanimation dřun atelier «
Normes et créativité » par des professionnels de différentes équipes et fonctions. Vous
en trouverez un témoignage dans la suite de ce texte.
Ainsi les trois équipes éducatives du KAP (KAIROS Appartements Partagés), de lřunité
de vie de Paris 19ème et de lřunité de vie de Montreuil sont constituées et au travail.
KAIROS
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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Répartition géographique et mise en
réseau, unités de vie, appartements
partagés :
Kairos
Appartements partagés
Unités de vie
Cependant, nous nřavons pu installer comme nous le souhaitions, lřintégralité des 32
places prévues dans le projet. La mise en conformité des deux pavillons sřest
confrontée au rythme des démarches administratives pour Montreuil : nous avons le
document favorable de la préfecture mais avons dû revoir plusieurs fois notre copie
avec la mairie de Montreuil, dřun bureau à lřautre pour finir par comprendre quřil
manquait quelques aménagements de sécurité (2 diffuseurs lumineux et un détecteur
de fumée !) : tout cela nous a conduits en fin dřannée avec une finalisation des travaux
en 2016 et un nouveau délai administratif de réponse.
Pour le pavillon de Paris, nous sommes confrontés à des travaux impliquant des
interventions sur des murs porteurs dans le cadre dřune location. Début 2016, le
propriétaire nous a fait savoir son désaccord, nous nous sommes donc mis en
recherche dřautres solutions.
Ainsi nous sommes à une capacité dřaccueil de 24 jeunes/32 avec les 12 places du
KAP et 6 par pavillon en attendant le passage en ERP, du moins pour Montreuil. Notre
activité est de ce fait déficitaire en lien avec la montée en charge plus tardive que
prévue sur les pavillons. Notre taux dřencadrement alors peut apparaitre conséquent.
Cependant, quel que soit le nombre dřenfants présents, nous devons assurer une
présence éducative 24h/24 et 365 jours/365 sur des petites unités de vie diversifiées tel
quřil en a été convenu dans le cadre du notre habilitation.
L’accompagnement personnalisé
Partant du constat que la vie d’adolescents en internat peut parfois être inadaptée et
générer des conflits au quotidien au dépend du cheminement personnel de chaque
jeune, le dispositif proposé dans le cadre du projet d’établissement organise un accueil
en collectifs de petite taille reposant sur des hébergements diversifiés * (projet
d’établissement 2013)
Si tout collectif même limité, est porteur de conflits, nous nous sommes attachés à
travailler la question de la sanction dans le cadre des formations internes organisées
dans l’établissement. Les mouvements destructeurs, dans lesquels peuvent être pris les
jeunes accueillis en lien avec leurs expériences d’enfance, peuvent mettre à mal les
éducateurs dans leur positionnement éducatif : entre bienveillance et fermeté, se glissent
l’exaspération et les effets miroir provoqués par des agressions souvent violentes
verbalement voire physiquement. Il s’agit alors à toutes les strates de l’institution, de
lutter contre l’issue ultime comme seule solution envisageable : la fin de la prise en
KAIROS
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 25 -
charge ! Comment lutter contre les surenchères dans lesquelles jeunes et adultes
peuvent être happés et redonner des marges de manœuvre possibles à une continuité
relationnelle et éducative nécessaire à l’avancée de l’évolution et des projets du jeune.
Ce n’est pas toujours possible et des limites sont à poser pour préserver le collectif des
jeunes, limites que nous avons cherchées tout au long de cette année à rendre
constructives, vers une nouvelle étape du parcours dans lequel les expériences sont des
ressources et non des échecs.
Tenir le fil de la continuité dans des temporalités contraintes
Nous constatons que nous avons été amenés sur certaines situations à ajuster un
dispositif singulier pour prévenir d’une rupture de prise en charge inadaptée pouvant
annuler les constructions de projet en cours, faute de possibilités du côté de l’Aide
Sociale à l’Enfance.
Cela a pris différentes formes :







Ainsi un grand adolescent ayant eu une période dřerrance et de rupture avant
dřentrer au service des appartements partagés, était très en difficulté pour
sřancrer dans un projet : son rythme personnel était décalé par rapport à celui
des institutions. Au vu du peu de possibilités dřaccueil pour ce jeune, nous avons
accepté le pari de son accompagnement. Nous disposions de peu de temps
avant sa majorité et la possibilité dřun contrat jeune majeur, pour faire évoluer
avec lui sa situation.
Au fil de son accueil, nous avons constaté quřil ne parvenait pas réellement à
sřadapter à une vie à trois, mettant les deux autres jeunes sous tension
(problème dřhygiène, de rentrées tardives, de visites de la petite amie non
autorisées…etc.).
Nous avions le choix dřarrêter un accueil dans un dispositif qui ne lui
correspondait pas et de construire avec le secteur de lřASE une autre
orientation. Cependant, à 3 mois de sa majorité, lřAide Sociale à lřEnfance nous
a fait savoir quřils nřavaient pas dřalternatives. Ce jeune homme bénéficiait
néanmoins pleinement du droit à la Protection de lřEnfance.
Nous avons de ce fait construit avec lřaccord du responsable de secteur, un
parcours final de prise en charge avec un accueil externalisé en hôtel, moins
exigeant en matière de cohabitation, avec un rythme de rencontres journalier
avec les éducateurs pour continuer à lřaccompagner dans sa démarche vers la
formation et le soin. Si cette dernière sřest avérée plus aléatoire, son adhésion
nřétant pas tout à fait acquise, la démarche de formation sřest concrétisée sur les
dernières semaines.
Ce dispositif nřétait pas sans poser souci : nous finançons des nuitées dřhôtel en
plus du « lit » disponible pour lui aux appartements. Le jeune sřest, les dernières
semaines, installé chez son amie étudiante tout en maintenant ce lien fragile
mais régulier avec lřéquipe éducative. Ce dispositif nous a permis de le «
préparer à la suite », vers une autonomie « obligée », sans reproduire une fois
de plus les ruptures brutales antérieures liées aux évènements familiaux.
Pour un autre jeune, nous avons, suite à des situations de crises et de violences
au sein du groupe sur un pavillon, pu lřéloigner momentanément en sollicitant
son accueil sur un weekend dans un autre établissement de lřAVVEJ. Cette «
parenthèse » nous a permis dřapaiser les choses et de maintenir son accueil à
KAIROS, lui permettant de se repositionner dans son projet avec nous, projet qui
se poursuit à ce jour.
Nous sommes amenés à développer ce type de réponses « parenthèses » pour
dřautres jeunes notamment déscolarisées ou en voie de lřêtre, prises (il sřagit là
de trois situations de jeunes filles) dans des problématiques familiales
passionnelles et/ou fortement abandonniques. Si lřancrage relationnel est en
KAIROS
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 26 -


place avec les adultes et les autres jeunes du foyer, leur mode de
fonctionnement dans la transgression et lřagression, demande un pas de côté
pour les dégager dřun processus destructeur pour elles et lřentourage.
En ce sens, toujours dans la construction dřun projet personnalisé en lien avec
leur famille et le secteur de lřASE référent, nous avons mis en place des séjours
extérieurs, que nous ne nommons plus « de rupture » mais « séjours
ressources », leur permettant de partir pour revenir sans interrompre la
continuité de lřaccompagnement éducatif et relationnel qui se construit.
Ce fut le cas pour une jeune fille de 14 ans (cřest son premier placement et nous
découvrons la complexité de la situation au fil de son accompagnement) pour
qui, un séjour dřun mois en famille dřaccueil en Normandie , financé par
lřétablissement, a permis son retour et de relancer son projet de façon plus
constructive et apaisée. Elle a réaffirmé ainsi sa volonté de rester au foyer mais
en prenant mieux la mesure des enjeux pour elle : ses relations aux adultes, sa
scolarité, son besoin dřêtre aidée…
Ces quelques vignettes sont évidemment réductrices de la complexité des
situations et du travail mené mais rendent compte de la nécessité de garder
créatifs nos établissements et les dispositifs pour répondre au mieux aux besoins
de ces jeunes « sur le fil », sollicitant de façon répétitive rejet passionnel et /ou
abandon brutal, tout en étant dans des attentes souvent désespérées dřêtre
investis et compris.
Les passerelles de la majorité
KAIROS est un établissement pour enfants mineurs et les 18 ans marquent la butée de
notre accompagnement. Bien sûr, nous ne mettons pas fin brutalement à nos
accompagnements au jour anniversaire ! Nous avons dans le projet d’établissement
inclus une marge de souplesse de trois mois pour finaliser avec les services de l’ASE
l’orientation du jeune majeur.
8 jeunes hommes ont ainsi été orientés avec un contrat jeune majeur au terme de leur
prise en charge par KAIROS. Nous constatons néanmoins que l’équipe éducative du KAP
s’est retrouvée souvent bien seule pour construire ces orientations et mener les
démarches administratives nécessaires, particulièrement concernant les jeunes isolés sur
le territoire, cela au dépend de l’accompagnement éducatif au quotidien des jeunes
présents. Les démarches auprès des consulats et autres administrations étant fortement
chronophages, les jeunes accueillis fraichement majeurs, sont rarement en capacité de
mener seuls des démarches complexes et souvent éprouvantes.
Les orientations sont représentatives des tendances actuelles en matière de politique
sociale, une majorité des jeunes sortant ont été accueillis dans des structures
d’insertion : FJT, CHRS. Un seul jeune a bénéficié d’une suite éducative en lien avec le
dispositif de soins construit pendant son accompagnement à KAIROS, permettant ainsi
une continuité du projet en cours.
Pour 7 jeunes ayant atteint leur majorité sur 8, leur accueil à KAIROS s’est prolongé
jusqu’aux 3 mois et au-delà pour 4 d’entre eux (4, 5 et 7 mois après les 18 ans) entre le
moment de la signature du CJM et une place disponible dans le service suivant. Nous
réfléchissons au vu de ces premières expériences, à l’évolution de nos accompagnements
dans ce passage à la majorité et ses suites.
Nous avons le souci de la continuité des parcours et du projet personnalisé. Cependant le
nouveau dispositif concernant les jeunes majeurs introduit de fait une rupture
relationnelle avec le référent de l’ASE et le secteur qui a, jusque-là, accompagné le projet
du jeune. Le passage de l’éducatif à l’insertion peut déstabiliser des jeunes au parcours
chaotique pour lesquels la transition peut s’avérer brutale et mettre en péril des projets
encore fragiles.
KAIROS
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 27 -
Le personnel
Avec l’ouverture du second pavillon, le nombre de salariés s’est rapproché du projet
initial avec quelques postes en attente du fait de l’activité.
Un mi-temps de chargé de mission a été recruté en complément d’un mi-temps
thérapeutique chef de service éducatif jusque fin aout : Mr Norbert GIULIANI, afin de
finaliser l’ouverture et la mise en route du pavillon de Montreuil : soutien à la nouvelle
équipe et accueil des jeunes, suivi logistique.
Un second chef de service, Madame Elise DUMAS a été recrutée en septembre avec la
responsabilité des deux unités de vie et de leurs deux équipes. Madame Lucie AZZOUG
est repositionnée sur le KAP (Kairos Appartements Partagés), elle est relayée depuis
début novembre par Madame Catherine MUNTZ dans le cadre d’un intérim suite à un
arrêt de travail de Mme AZZOUG.
Les deux chefs de service présentes ont fait un travail important de structuration
d’équipes et de construction des supports de travail sur le dernier trimestre, ce qui se
poursuit actuellement. Cela permet à la directrice de se recentrer sur sa fonction et faire
avancer les dossiers en cours pour finaliser la construction de KAIROS.
Un élan interrompu : l’atelier pédagogique. Madame Constance BERTRAND, éducatrice
scolaire chargée de la mise en place et l’animation de l’atelier pédagogique a impulsé
une dynamique intéressante autour de bilans pédagogiques, d’activités pédagogiques et
culturelles et de partenariat avec les établissements scolaires et de formation, visant à
soutenir notamment l’inscription scolaire de jeunes en « risque de décrochage ». Nous
avions le projet d’initier un atelier multimédia avec le soutien de la fondation Crédit
Agricole qui a permis un premier équipement informatique. Cet élan s’est interrompu en
avril suite à des problèmes de santé de Mme BERTRAND qui a dû arrêter son activité.
Elle a toute notre sympathie dans l’épreuve qu’elle traverse avec courage.
Nous avons fait une tentative de remplacement en CDD en décembre qui n’a pas donné
satisfaction. Pour le moment, le poste reste en attente de la montée en charge à venir
de l’activité. Des projets sont cependant en cours d’élaboration.
L’atelier pédagogique de KAIROS offre un potentiel que nous souhaitons développer
notamment en direction des jeunes déscolarisés afin de les soutenir et leur permettre de
reprendre place dans le dispositif de l’éducation nationale.
En attendant, les équipes éducatives ont su faire preuve de réactivité : un soutien
scolaire individualisé pour une jeune se met en place en partenariat avec l’ASE, d’autres
pistes similaires sont explorées pour 2016.
Madame AMEGNRAN a quitté son poste de comptable à KAIROS après deux années de
collaboration de qualité, pour un poste de cadre près de son domicile. Nous avons alors
été confrontés à une difficulté de recrutement liée au salaire qu’offre la convention
collective. De nombreux candidats (13 retenus et rencontrés) correspondaient tout à fait
au profil de poste et se sont montrés enthousiastes pour cet emploi. Tous ont fini par
décliner l’offre en raison du salaire. Nous avons heureusement pu recruter fin décembre
d’abord pour un CDD puis en CDI Monsieur ABOTSIVIA avec la compréhension de notre
interlocutrice financière du département concernant la reprise d’ancienneté. Le retard
pris lié aux mois de carence sur le poste est ainsi en voie d’être rattrapé.
KAIROS
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 28 -
Séminaire AVVEJ - Retour sur l’atelier Kairos
Nathalie JEANJEAN psychologue, Mélanie GEAY, Odile VALETON, Emilie ROIDIEZ,
Carine DUCATEZ éducatrices, et avec lřamicale participation de Norbert GUILIANI.
Une vingtaine de personnes, téméraires, se sont inscrites et ont joyeusement participé à
lřatelier « Normes et créativité ».
Le menu « Conversations autour de la norme et de la créativité » déclinait 3 temps,
sous forme dřexpériences à vivre : recueil de données à froid ; conversation et mise en
température ; et pour finir un temps dřexpression à chaud.
Pour reprendre la belle remarque dřune participante, nous avons, ensemble, au fil de 3
balades expérimentales fait un aller-retour, à la façon dřAlice, de lřautre côté du miroir,
et pourrait-on ajouter dans lřespace intermédiaire entre normes et créativité,
intermédiaire entre réalité extérieure et subjectivité.
Tout dřabord, après un contrôle dřidentité, les participants sont invités à entrer dans une
salle préalablement aménagée selon des règles strictes et les normes de la scolarité de
lřentre deux guerres, chaises alignées face au bureau du maître, en silence, une feuille
et stylo sur chaque chaise, chacun est pris dans un collectif obéissant… Le maître
donne une consigne « Écrivez la définition de la norme et celle de la créativité », ne
laissant pas dřalternative, et destinée à faire ressentir le malaise produit par cette
situation normée et niant lřindividu… Le maître ordonne pendant que 2 intervenants
circulent dans les rangs. Soudain un autre intervenant apparaît derrière le maître, le
dérange, et sans lřannuler, le modèle différemment, par sa créativité produit une
nouvelle posture…
KAIROS
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 29 -
Ensuite, les participants sont répartis en 3 groupes qui circulent et participent à 3
expériences dřexpression qui associent norme et créativité :




Le Bac à sable : un écriteau : « fixez votre empreinte éphémère » (injonction par
oxymore),
Un polaroid à proximité, une corde et des pinces à linge pour suspendre les
productions
Le cadavre exquis : respect de règles grammaticales strictes et association libre/
production dans le même temps individuelle et collective
Lřhistoire des temps Chronos et Kairos : entrer dans un espace clos par un
rideau, où le temps sřécoule selon la norme universelle à travers un sablier puis,
derrière le rideau, un cahier et des feutres pour saisir ou pas lřopportunité
dřinscrire lřinstant furtif de lřéprouvé, la représentation de ce vécu, à la façon du
Kairos.
Enfin, après un temps de déconstruction de lřespace qui nous a conduits à disposer les
chaises en cercle et nous y installer, nous avons fait circuler les cadavres exquis que
chacun a lus aux autres, et nous sommes ensemble questionnés sur nos vécus de la
norme et la créativité.
Participants et intervenants, installés dans le même cercle, se sont exprimés à partir de
leur vécu et en lien avec les différentes places assignées par les mises en scène, et les
échanges furent très enrichissants.
Le cercle aura sans doute provoqué que chacun sřexprime en suivant la dynamique de
circularité, par contre il a été remarquable que spontanément ce sont les vécus
individuels et communs de cette expérience à 3 temps (elle-même en rythme circulaire
donc), entre norme et créativité, qui ont guidé nos échanges, et non les fonctions
occupées dans la réalité normative liées à un statut professionnel par exemple.
Les échanges ont porté sur la question de lřannulation ou la complémentarité des
normes avec la capacité créatrice, ainsi que sur lřétrangeté de notre proposition de
travail commun à partir de lřintitulé de lřatelier.
Cet atelier sřest construit dans un contexte de création de lřétablissement Kairos. Après
un regroupement un peu tardif du groupe dřorganisation, les idées et la compréhension
ont été notre point de départ. Le travail en équipe a laissé place à la découverte.
Le propos était moins de répondre à la question posée par ce séminaire « Normes,
règles, lois : quels repères pour lřinstitution éducative » et plutôt dřy apporter des
possibles en creux : si éduquer cřest transmettre des repères pour se construire en tant
que sujet, si être sujet est en soi un acte créatif (au sens de Winnicott), normes, règles,
lois sont-elles compatibles avec la créativité ?
Ont été évoqués les concepts de création à différencier de la créativité ; de normes, de
règles de lois, dřindividu dans un environnement avec des normes, une culture donnée,
concept de transmission…
Nous nous étions aussi appuyés sur la pensée de D.W. Winnicott qui nous invite à
concevoir « la créativité dans son acception la plus large….. En la considérant comme
la coloration de toute une attitude [subjective] face à la réalité extérieure… Il sřagit dřun
mode créatif de perception qui donne à lřindividu le sentiment que la vie vaut la peine
dřêtre vécue… ce qui sřoppose à une relation de complaisance soumise envers la réalité
extérieure qui entraîne chez lřindividu un sentiment de futilité associé à lřidée que rien
nřa dřimportance… Cřest cette créativité qui permet à lřindividu dřêtre, et dřêtre trouvé.
Cřest elle aussi qui lui permettra finalement de postuler lřexistence de son soi.»
D.W. WINNICOTT, Jeu et réalité, collection Folio/Essais, Gallimard, Paris, 1975
KAIROS
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 30 -
Les empreintes éphémères fixées :
Quelques productions expérimentales
Des cadavres exquis réalisés pendant lřatelier :
« Les yeux vigilants courent au jardin merveilleux »
« Le tilleul vert boit dans la voiture brillante »
« Le chat merveilleux démonte paradoxalement les livres roses »
« Le poireau’ judicieusement’ rit de la charrette »
« Le singe fatigué réfléchit au super marché »
« Le chat merveilleux mange dans la forêt lointaine »
« La lune vert d’eau enjambe- violet- et saute à la classe douteuse »
Formation
Le séminaire participe de la démarche de formation impulsée par l’association et relayée
par les établissements. KAIROS a su se mobiliser pour cette première expérience
associative !
Par ailleurs, des formations individuelles et collectives ont été réalisées en 2015 :
 Formation qualifiante maitresse de maison pour une professionnelle en
poste qui a obtenu sa certification ;
 Partenariat avec les MAPE pour une formation transversale des
surveillants de nuit appelée à se poursuivre en 2016 ;
 Formation interne collective pour lřensemble des professionnels de
KAIROS : une première initiation par Mr L.DUPONT sur la « sanction non
punitive » accompagnée dřune éducatrice de RENCONTRE 93 afin de
partager leur expérience en la matière, suivi dřune journée de formation
avec Mr François HEBERT autour de la thématique : « la violence et les
réponses éducatives », journée qui aura un prolongement en 2016 ;
 Formation dřun éducateur spécialisé pour le tutorat de stagiaire.
KAIROS
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 31 -
Nous avons accueilli 5 professionnels en formation au cours de l’année pour des stages
entre 2 et 6 mois : 1 psychologue en partenariat avec le SIOAE 75, 1 moniteur-éducateur
et une éducatrice spécialisée sur le KAP, 2 professionnels en formation de cadre de
direction.
L’activité 2015
Nous avons accueilli au total 38 jeunes au cours de l’année, dont 18 mineurs isolés, soit
65,8 % de garçons et 34,2% de filles. Cependant notre activité reste en deçà de ce qui
était espéré, essentiellement en lien avec les locaux et les normes administratives (ERP).
Entrées dans l'année
30
20
10
0
2013
2014
2015
Jeunes présents au
AP 31 décembre 2015
9%
OPP
91%
Répartition des jeunes présents au 31
décembre 2015
Âge
13 ans
14 ans
15 ans
16 ans
17 ans
18 ans
Total
KAIROS
Filles
1
3
2
5
1
12
Garçons
1
1
2
4
4
12
En 2015 avec l’ouverture du
pavillon de Montreuil, nous
sommes passés de 18 à 24
places d’accueil en juin.
Cependant nous restons
tributaires des délais entre
la sortie d’un jeune et
l’entrée d’un autre sur les
trois services. La montée en
charge en est le reflet.
Les jeunes accueillis le sont
majoritairement dans le
cadre d’une Ordonnance de
Placement Provisoire. Les
placements
administratifs
(AP) sont plus complexes du
fait des problématiques
familiales et l’absence d’une
autorité
incarnée,
notamment
lors
de
séparation des parents et
famille monoparentale.
Si les deux premières années, nous
avons eu peu de demandes pour des
filles,
en
particulier
pour
les
appartements partagés, nous avons pu
en 2015 ouvrir un « appartement filles »
avec le passage dřune jeune fille du
pavillon de Paris sur le KAP dans le
cadre de son projet personnalisé et avec
lřentrée de deux autres jeunes filles de
16 ans pour lesquelles ce dispositif
pouvait correspondre à la suite de leur
parcours. Les demandes dřadmission
sur les pavillons ont fait basculer la
répartition filles/garçons vers une parité
inattendue sur lřensemble en fin dřannée
(50/50).
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 32 -
Répartition des jeunes entrés en 2015
Âge
13 ans
14 ans
15 ans
16 ans
17 ans
18 ans
Total
Filles
1
3
1
4
1
10
Garçons
1
1
2
4
2
10
Répartition des jeunes sortis
Âge
13 ans
16 ans
17 ans
18 ans
Total
Filles
1
1
Garçons
2
1
2
8
13
Motifs d'admission
20
15
10
5
0
KAIROS
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 33 -
Secteur de provenance
Bagnolet
1-2-11
1-2-3-4-9-10
5-13
6-14
7-15-16
11-12
17
18
19
20
SEMNA
10
9
8
7
6
5
4
3
2
1
0
Paris
Motifs de sortie
10
8
6
4
2
0
KAIROS
Avec le SEMNA, les
secteurs du nord/est
parisien
restent
majoritaires en lien avec
l’implantation
de
l’établissement.
Nous
continuons cependant à
travailler avec l’ensemble
des secteurs parisiens,
correspondant
à
la
vocation
de
l’établissement. Les 2
jeunes
du
93
correspondent
à
la
poursuite
de
l’accompagnement de la
fratrie entrée en 2014.
L’ainé est sortant en
cours
d’année
2015
après un prolongement
conséquent
de
son
accueil au-delà de sa
majorité (7 mois). Sa
sœur après un accueil en
pavillon, est à présent
sur un appartement du
KAP.
La majorité des sorties est liée à
leurs 18 ans et leur orientation vers
des structures dřinsertion, ce qui
correspond
à
lřaboutissement
prévu de nos accompagnements.
Un jeune de 13 ans après plus
dřune année de prise en charge, a
été orienté vers un lieu de vie
mieux adapté pour lui à ce stade
de son parcours, projet construit
avec sa référente ASE incluant un
maintien des contacts fratrie, sa
sœur étant restée à KAIROS.
Deux retours en familles : pour un
jeune de 15 ans accueilli dans le
cadre dřun AP peu investi par le
jeune et ses parents, lřautre est un
jeune quasi majeur pour lequel le
placement ne faisait plus sens.
Cřest également le cas de la sortie
« fugue » qui est un retour dans
son milieu relationnel mis en acte
par le jeune.
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 34 -
Durée des prises en
charge en 2015
10
5
0
1 à 3 3 à 6 6 à 9 9 à 12 1 à 2
mois mois mois mois ans
Nous constatons que la
majorité des jeunes
accompagnés l’ont été
jusqu’à leur majorité.
Cela
représente
essentiellement
les
premiers
jeunes
accueillis
dans
l’établissement au KAP.
Les
accueils
courts
correspondent
aux
entrants 2015 avec
notamment l’arrivée en
juin/juillet des enfants
accueillis
dans
le
pavillon de Montreuil.
Conclusion et perspectives
Nous sommes en fin 2015 à 24 places dřaccueil, il nous faut continuer à construire
KAIROS pour finaliser le projet. Si nous pensons raisonnablement pouvoir passer à
lřaccueil de 10 jeunes sur la maison de Montreuil soit 28 jeunes sur lřensemble de
lřétablissement, il ne sera pas possible de le faire sur le pavillon de Paris, le propriétaire
refusant son accord pour les travaux nécessaires au passage en ERP (établissement
recevant du public).
Cependant, nous avons plusieurs pistes au travail pour atteindre voire dépasser le
nombre de places attendues dans une perspective dřadaptation de nos réponses aux
situations des jeunes confiés. Nous nous proposons de rencontrer courant 2016 nos
interlocuteurs de la DASES en ce sens.
Au cours de ces deux premières années et demie de fonctionnement, nous avons pu
développer des modalités dřaccompagnement adaptées à la singularité des situations
rencontrées : lřavantage de petits effectifs en accueils diversifiés permet dřêtre au plus
près des projets personnalisés pour chacun en privilégiant la continuité de prise en
charge. Ces expériences (séjours « passerelles » par exemple), demandent à être
conceptualisées et développées en modalités dřaction qui viendront renforcer
lřactualisation du projet dřétablissement.
Les partenariats et réseaux se précisent et demandent à sřétoffer encore au fil des
expériences dans les différents domaines de prise en charge : scolarité, formation,
santé, loisirs, socialisation…
KAIROS
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 35 -
SERVICE D’EDUCATION SPECIALE ET DE SOINS A DOMICILE
« SESSAD »
CONTACT :
Adresse : Espace Pierre Baldini
6/8 rue Eugene Varlin
75010 Paris
Téléphone : 01.40.09.60.23
Télécopie : 01.43.67.08.87
e-mail : [email protected]
[email protected]
ACCES :
MÉTRO : ligne 4 / 5 / 7
Stations : Gare de lřEst ou ChâteauLandon
AUTOBUS : 26 / 46 / 54
Arrêt : Château-Landon
ACCUEIL :
Notre capacité dřaccueil est de 52 garçons et filles âgés de 6 à 18 ans, dotés dřune
intelligence normale, présentant des troubles du comportement et de la personnalité,
orientés par la Maison Départementale des Personnes Handicapées de la Ville de Paris.
MISSION :
Le Service dřéducation spéciale et de soins à domicile vise par des actions spécifiques,
à prévenir lřexclusion scolaire et sociale des enfants et adolescents présentant des
difficultés psychologiques dont lřexpression, notamment des troubles du comportement,
perturbe gravement la socialisation et lřaccès aux apprentissages.
Par une approche tridimensionnelle thérapeutique, éducative et pédagogique, les
professionnels ont pour mission :
 De créer les conditions favorisant la prise de conscience du jeune de ce qui
le handicape et dřengager les moyens pour lřaider à mieux gérer ses
difficultés
 De lui permettre de mieux respecter les règles et les lois fondamentales du
savoir vivre avec les autres en société.
 Dřinstaurer une relation de confiance dans un cadre contenant et sécurisant
qui lui permet de se sentir mieux et dřintégrer lřespace qui lui est offert.
Nos missions sřexercent en complémentarité avec la MDPH, lřÉducation Nationale et les
services sociaux prenant en compte lřenvironnement familial, social et culturel de
lřenfant ou de lřadolescent :
ADMISSION :
La notification de décision dřorientation de la MDPH en service de SESSAD est
nécessaire pour recevoir la demande de la famille et proposer un premier entretien
dřadmission avec la directrice et lřassistante sociale, qui est suivi par un rendez-vous
avec le psychiatre ; lřadmission est prononcée en commission suite à ces deux
rencontres.
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 36 -
AGREMENTS - HABILITATION :


Compétence État / ARS-IF Ŕ Agrément 16 novembre 1973
Lřarrêté 2008-161-6 du juin 2008 autorise « lřAssociation Vers la Vie pour
lřEducation des Jeunes » à gérer un SESSAD dřune capacité de 52 places
destinées aux enfants et adolescents des deux sexes, âgés de 6 ans à 18 ans et
présentant des troubles du comportement et de la conduite.
STRUCTURE :
Direction : Issam SAHILI
Directeur adjoint : Vincent BILLARD
Effectif : équipe pluridisciplinaire : psychiatres, psychologues, orthophoniste,
psychomotriciens, éducateurs spécialisés, apprentie éducatrice spécialisée, assistante
sociale, enseignante spécialisée, comptable, secrétaires, agent de service.
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
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RAPPORT D’ACTIVITE 2015 SESSAD de Paris
Issam SAHILI - Directrice
Lřannée 2015 a été traversée par une crise institutionnelle. Plusieurs réunions ont eu
lieu. Un organisme extérieur, lřARIP, est intervenu pour nous aider à dépasser ce conflit
et à nous construire collectivement. Permettre à lřensemble de lřéquipe de prendre le
temps de travailler sur ce qui fait obstacle, travailler sur lřhistoire de lřinstitution, sur
lřimplication de chacun dans ce qui se joue au SESSAD, puis par la suite, élaborer une
stratégie, dépasser la crise et le sentiment dřinsécurité, très perceptible, se centrer sur
le projet institutionnel, tels ont été les objectifs visés par lřARIP. Ce travail a dû être
interrompu en cours de route, les prérequis à un tel travail nřétant pas réunis.
"Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle" disait Baudelaire que la misère
mélancolique travaillait jusqu'au génie…jusquřau mot-à-mot halluciné, comme seule
perfusion pour supporter de vivre.
"Quand la terre est changée en un cachot humide, où l'Espérance, comme une chauvesouris, s'en va battant les murs de son aile timide et se cognant la tête à des plafonds
pourris"
Quand l'ambiance institutionnelle est pesante à l'image de ce que Baudelaire décrit :
cela m'amène à poser la question: soit du fait que l'institution est malade, comme dirait
Tosquelles, soit qu'elle se laisse pénétrer par la morbidité et le huit clos. Il y a un autre
génie à convoquer, un seul : celui qui se niche dans la lampe d'Aladin que contient toute
praxis d'équipe vivante. C'est ce souffle de vie de la connivence et de l'alliance à créer,
réinventant un collectif qui permet "de tenir le coup".
Bion relate que la vie d'un groupe, quel qu'il soit, se poursuit sur deux niveaux :
 Un niveau manifeste, rationnel, conscient, celui des tâches, en rapport direct
avec la réalité objective, qui se nomme groupe de travail spécialisé ; l'activité y
suppose un apprentissage et se trouve normalement facilitée par une structure
institutionnelle et divers systèmes de contrôle acceptés par les membres de
l'équipe.
 Un niveau implicite, irrationnel, généralement inconscient et irréaliste, dominé
par des fantasmes avec une activité mentale instantanée et instinctive qui
viennent perturber plus ou moins gravement la coopération rationnelle …
Ma question aujourd'hui est comment trouver un équilibre entre ces deux niveaux
manifestes et implicites au sein de l'institution pour nous permettre de faire un saut qui
nous éloigne de « lřanimosité » et de la destructivité qui engendrent souffrance et
insécurité au sein de l'équipe.
Je me pose la question de savoir la part de la pathologie des jeunes et de leurs troubles
psychiques qui peuvent affecter singulièrement l'équipe. Chaque professionnel y prend
sa part, la particularité du SESSAD est censée s'en occuper tout seul. Une organisation
institutionnelle est nécessaire, une remise en question de nos pratiques est importante
pour quřun projet global puisse fonctionner en lien avec la direction qui souhaite ouvrir
le SESSAD à la ville, à la vie.
A notre insu, la difficulté des adolescents peut être aisément transposée sur l'équipe
entière. Mais ce nřest pas tout, lřinstitution ne doit pas vivre sur ses acquis, elle doit être
en mouvement et questionner ses pratiques. Lřintervention de l'ARIP Transition allait à
mon sens dans cette direction. Est-elle arrivée trop tard ? Je nřen sais rien mais je crois
encore qu'il est possible de reprendre ce travail et d'en faire quelque chose pour
SESSAD Paris
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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dépasser nos limites, nos préjugés, nos représentations isolées, sortir de lřimaginaire et
pouvoir symboliser ensemble.
Comment articuler notre statut à nos rôles et fonctions ?
Si ce n'est en revenant et en prenant appui sur les Options fondamentales de l'AVVEJ
« l'acte éducatif est toujours incertain ; éduquer conduit toujours à prendre et à faire
prendre des risques, l'éducation suppose le respect du principe d'extériorité : la
complexité des processus en jeu dans ces interactions entre personnes, les tensions,
les émotions, les doutes qu'elles provoquent rendent nécessaire le recours à des aides
ou des interventions extérieures ».
Le défi de travailler à plusieurs est au cœur de nos pratiques : notre spécificité au sein
du SESSAD est de travailler avec des jeunes ayant des troubles des comportements.
L'opposition d'un jeune face à l'autorité est problématique chez les adolescents que
nous accueillons : insulter, provoquer, hurler, donner des coups….les attitudes du jeune
peuvent être épuisantes : elles nous rappellent souvent à notre devoir de lui imposer
des limites ; cela est structurant et peut lui procurer une sécurité malgré son opposition.
Il attaque et teste le cadre institutionnel mais a besoin dřêtre cadré.
SINGUE SABOUR, « Pierre Patiente », mythe perse que jřai découvert lors d'un
séminaire, relater par Lucas Bemben, fait caisse de résonance avec la crise
institutionnelle que traverse le SESSAD.
Le Singué Sabour est une « pierre de patience » : on la poserait devant soi pour y
déverser ses malheurs, sa souffrance et ses douleurs. A cette pierre, lřhomme confierait
tout ce dont il nřoserait pas faire part à autrui. Cřest ce dévoilement, cette fragilité et ces
souffrances, quřelle absorberait patiemment, jour après jour. Au bout dřun moment,
cependant, elle finira par éclater. Cřest alors que la magie opère : la pierre, en se
détruisant, délivrerait lřhomme du poids des malheurs quřil y aurait déversés. Si cet
impact sur la vie institutionnelle mérite dřêtre souligné, la question demeure présente :
quel effet le travail institutionnel peut avoir sur les pratiques ?
Lřinstitution SESSAD est en quête dřidentité, à mon sens cřest en revisitant le passé que
peut être on dénouera lřénigme institutionnelle. On ne peut aller de lřavant si on ne
regarde en arrière. Alors même que les positions se radicalisent, la tempête
émotionnelle semble propice à lřexpression de chacun. Le Singué Sabour éclatant,
lřinstitution se sentira-t-elle délivrée de lřimpasse de lřimpensable, de lřabsurde ?
En attendant, des pistes sont là :

Permettre au SESSAD de penser et se donner à penser son propre
fonctionnement ? La crise est-elle la fin dřun écueil insurmontable ?

Travailler sur nos missions et revisiter nos procédures.

Mettre en place des temps de réflexion sur lřabsentéisme des jeunes au sein du
SESSAD. Comment faire face à lřadhésion fluctuante des jeunes ?

Lřembauche cette année dřune éducatrice art-thérapeute en CDD dans un
premier temps puis en CDI suite au départ à la retraite dřun éducateur. Cette
embauche est un point fort au sein du SESSAD, cela a permis une ouverture et
un travail sur lřestime de soi, a permis aux jeunes de savoir quřils sont autrement
capables, et de pouvoir déposer parfois leur fardeau entre deux coups de
pinceau sur la feuille blanche sans se sentir trahis par le poids des mots.
Certains jeunes ont répondu présents et ont participé à des concours dřaffiche
SESSAD Paris
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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pour le séminaire de lřAVVEJ, pour la carte de vœux de lřassociation de fin
dřannée.

Développer davantage la pérennité des médiations à visée thérapeutique, pour
permettre aux jeunes dřapprivoiser et de construire des connaissances en
valorisant leur activité réelle, aider le jeune à se situer dans un groupe, à
travailler avec dřautres, à prendre des responsabilités et devenir acteur de sa
vie. Une autre médiation musicale verra le jour en 2016.

Nous avons questionné le mode de calcul des actes, provisoirement, en
attendant les instructions de lřARS pour lřannée à venir, nous serons dans
lřobligation de comptabiliser à la journée en prenant en compte les trois volets de
notre prise en charge, à savoir : éducatif, pédagogique et thérapeutique.

Faire une fiche informatique par jeune qui indique sa présence, son absence et
le motif. Au bout de trois absences le jeune sera convoqué avec sa famille et un
remaniement de son projet de soin pourra être retravaillé, si nécessaire avec les
personnes concernées au sein du SESSAD (Psychiatre, psychologue,
éducateur), en lien avec sa scolarité aussi.

Préciser que le SESSAD nřest pas le prolongement de lřécole mais le lieu où le
jeune pourra trouver lřattention, le soin et lřécoute nécessaire pour lui permettre
de rebondir et avancer vers la vie, par la vie. Le temps de prise en charge doit
être réfléchi avec la perspective de la sortie.

Soutenir lřéquipe en mettant en place un travail de soutien et dřélaboration
clinique. Nous avons contacté plusieurs organismes pour reprendre lřanalyse
des pratiques professionnelles après la fin dřun cycle de travail qui a duré quatre
ans.

Optimiser la prise en charge, permettre à lřadolescent de mieux traverser sa
crise identitaire et ses troubles, lui permettre de tenir compte de lřévolution de la
société ; un travail autour de lřenvironnement, de la laïcité, de la tolérance, du
respect de lřespace privé et public, enfin du droit et des devoirs de citoyens pour
lui permettre dřêtre acteur de sa vie.

Permettre au SESSAD de penser et se donner à penser son propre
fonctionnement ? La crise est-elle la fin dřun écueil insurmontable ?
1. Les mouvements des jeunes
Présents au 1er janvier 2015 : 48 jeunes
Admissions en 2015 : 14 jeunes
Sorties en 2015 : 15 jeunes
Présents au 31 décembre 2014 : 50 jeunes.
2. La répartition par sexe des jeunes suivis au SESSAD-AVVEJ en 2015
Répartition par sexe en 2015 : Sur 50 jeunes pris en charge :
 48 garçons
 2 filles
SESSAD Paris
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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Nous observons un pourcentage assez élevé de prise en charge de jeunes de sexe
masculin soit 90% de la totalité de jeunes accueillis au SESSAD.
3. La répartition par âge, des jeunes suivis au SESSAD-AVVEJ au 31/12/2015
Age Effectif Entrées Sorties Hospitalisés
6 ans
7 ans
8 ans
9 ans
10 ans
11 ans
12 ans
13 ans
14 ans
15 ans
16 ans
17 ans
18 ans
19 ans
20 ans
21
ans
TOTAL
1
1
1
4
1
3
8
16
9
3
3
2
49
Suivi Suivi
AEMO AED
ASE
PJJ
Club de
prévention
1
2
8
1
14
1
2
2
5
3
1
1
4
6
5
5
3
3
2
1
1
1
1
1
2
15
10
6
4
2
1
2
2
15
4
Nous constatons un nombre assez important de jeunes suivis par un autre service à
caractère social : 15 en AEMO, 10 jeunes en AED, 6 jeunes sont suivis par lřASE, 4 ont
une mesure judiciaire et 2 jeunes en club de prévention. La précarité sociale et
économique des familles est un facteur qui accentue les troubles des jeunes.
4. Répartition géographique des jeunes suivis par le SESSAD-AVVEJ en 2015
Tout Paris notamment
Seine Saint Denis
ème
ème
ème
ème
ème
8 , 10 , 11 , 12 , 13 , 15 , 18 ,
1 enfant vit chez sa mère dans le 93
19ème, 20ème
ème
ème
La totalité des jeunes sont domiciliés à Paris. Un enfant a des parents séparés et vit de
ce fait en partie en banlieue proche.
Lřaccompagnement est plus difficile à mettre en place, lorsque le jeune a un domicile
éloigné du SESSAD.
Les trajets freinent parfois lřinvestissement de lřadolescent dans un suivi thérapeutique
et éducatif. Exemple dřun jeune qui habite le 14ème arrondissement : cela mobilise
lřéquipe éducative pour aller à sa rencontre.
SESSAD Paris
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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5. Répartition par âge des jeunes suivis au SESSAD. Évolution sur 3 ans
Âge
6/8
9/12
13/15
16/17
18/20
TOTAL
2013
3
15
24
7
2
51
2014
0
15
29
4
2
50
2015
1
8
33
6
1
49
Nous observons que durant lřannée 2015 nous avons accueilli un jeune de 6/8 ans.
Nous accueillons 33 jeunes entre 13 et 15 ans. Augmentation de la moyenne dřâge en
2015 : 60% de ces jeunes ont entre 13/15 ans.
Cela sřexplique par notre agrément de 6-18 ans et aussi par le fait que le SESSAD
AVVEJ est seul à accueillir des adolescents à partir de 13 ans sur Paris.
6. Tableau des actes effectués sur l’année 2015
MOIS
NOMBRE DE JEUNES
Janvier
Février
Mars
Avril
Mai
Juin
Juillet
Août
Septembre
Octobre
Novembre
Décembre
TOTAL
48
48
48
50
51
53
55
53
50
50
51
49
ACTES AUPRES DES
JEUNES
694
454
794
545
448
726
640
27
487
828
623
484
6750
Malgré un taux dřabsentéisme assez important chez les jeunes (29%), nous avons eu
un excédent 853 actes par rapport au prévisionnel, cela sřexplique par lřorganisation
spécifique pendant les vacances scolaires où les jeunes sont accueillis à la journée et
en groupe.
La demande de l'ARS est de passer à la journée. Nous avons comptabilisé en acte pour
l'année 2015. Nous travaillons cette question avec les autres SESSAD et nous
attendons les instructions de lřARS pour mieux harmoniser cette nouveauté et répondre
à la demande dřune manière cohérente.
SESSAD Paris
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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Unité d’enseignement au sein du SESSAD AVVEJ :
Virginie Martinez, Enseignante Spécialisée
Lřunité dřenseignement accueille 16 jeunes individuellement vu les troubles des élèves.
Ce chiffre est variable selon les fins de notification, les débuts de prise en charge ou les
réunions dřéquipe de suivi de scolarisation. Les élèves que jřaccueille ont de 10 à 14
ans, 2 sont en Segpa, 1 en Ulis collège, les autres sont scolarisés dans lřenseignement
général dont lřun très récemment. La scolarisation sřeffectue du CM2 à la 3 ème, de deux
à neuf demi-journées. Pour ces derniers cas, ils viennent en soin en plus de leur temps
de collège.
La rentrée a consisté en une phase de connaissance.
Avec certains jeunes, en relation avec leur collège ou école primaire, jřai pu commencer
à évaluer leur niveau. Avec dřautres, lřévaluation diagnostique a été impossible tant le
passif scolaire provoque un refus de tout ce qui a trait à lřécole : lřacte dřécrire ou même
celui dřêtre évalué oralement. Enfin, certains élèves manifestent de tels troubles des
conduites que lřactivité pédagogique est développée selon leur état au jour de la
séance.
En début de séance, un bilan de la semaine passée en classe me parait indispensable.
Il me permet dřéprouver parfois le décalage entre le ressenti du jeune et ce que je sais
par ailleurs et que je ne lui dévoile pas. Ce travail me permet de penser à lřorientation
professionnelle mais aussi et surtout dřéchanger avec mes collègues en leur donnant un
retour.
Pour les élèves de troisième, le travail sur lřorientation professionnelle est essentiel. En
effet, le logiciel PROPHET est à renseigner à partir de mi-janvier avec une date limite en
mi-février. Les recherches internet de métiers, de mini-stage et de portes ouvertes ont
constitué lřessentiel des séances.
Pour les élèves qui ont déjà un projet professionnel, des séances de soutien sur les
points de cours complexes proposés par les élèves sont effectuées.
Pour les autres, lřaxe de remédiation choisi a été lřécriture et plus particulièrement celle
du texte libre. Pratiquer l'expression libre, c'est donner la parole au jeune, lui donner des
moyens de s'exprimer et de communiquer. C'est créer un milieu de vie au sein duquel
cette parole sera accueillie, écoutée, discutée, valorisée. Mon travail est de créer un
milieu sécurisant et établir les relations nécessaires à l'épanouissement de l'individu. Ce
n'est qu'un aspect de l'expression libre des enfants et adolescents. C'est l'occasion d'un
débat, d'une discussion, d'un dialogue ; il peut être un prétexte à une remédiation en
français si le jeune est volontaire. L'aboutissement logique du texte libre est le journal,
mais cela n'écarte pas d'autres valorisations : recueil personnel de l'enfant, affichage,
futures correspondances. Le texte libre peut aussi engendrer d'autres activités: débat,
dessin, enquête, poésie, maths dans le cadre de création mathématique, histoire,
SVT…
La première modalité retenue a été lřaffichage dans lřespace pédagogique. Les jeunes
étant pris en charge individuellement, certains se sont intéressés aux productions des
autres et cela a créé une émulation qui sřest traduite par dřautres textes sur les mêmes
thèmes ou plus intéressants, des réponses à certains textes ou enfin des défis pour
dřautres élèves.
Dès le début, jřai évoqué la possibilité dřun journal. Ils ont proposé des titres. Nous
allons commencer le travail de mise en forme. Jřaimerai faire évoluer ce travail par le
choix dřun thème central.
SESSAD Paris
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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Mise à part deux absentéistes, les élèves sont le plus souvent assidus et prennent
plaisir à investir lřespace dřenseignement.
Pôle pédagogique : Laurence Dugué, Educatrice Scolaire
Dans le cadre du pôle pédagogique et en lien avec lřenseignante, nous avons organisé
quelques sorties pédagogiques dans différents musées. Nous avons ensuite tenté de
mettre en place un suivi et de retravailler avec les jeunes sur les thèmes abordés lors
de ces visites. Lřorganisation de ce pôle pédagogique nřa pas fonctionné. Les jeunes
sont très peu venus. Nous étions deux adultes pour un jeune. Nous avons mis en place
un projet pédagogique le vendredi après- midi de 13h30 à 16h pour 5 jeunes en phase
de décrochage scolaire. Ce projet est axé sur des jeux coopératifs et des sorties
découvertes afin dřamener ces adolescents à développer leurs centres dřintérêt,
dřéveiller leur curiosité, dřaccéder à une meilleure socialisation. Il doit aussi leur
permettre dřélargir leur champ de choix dřorientation et de découverte professionnelle.
Un atelier dřArts graphiques dispensé sur lřextérieur, a été mis en place et proposé à
une jeune du SESSAD. La découverte de la gravure et des différentes techniques
utilisées avant la réalisation ont donné à cette jeune fille un moyen dřexpression jusquelà inconnu pour elle.
Sortie à la mer : En juin, nous avons (2 éducateurs et moi-même) organisé une sortie
découverte dřune journée à la mer pour 4 jeunes du SESSAD. Ce temps a été pour
eux lřoccasion dřexpérimenter la relation à lřautre, et pour nous, lřoccasion de les voir
évoluer dans un environnement autre que celui dans lequel ils ont lřhabitude de se
trouver.
Sortie au zoo : A lřoccasion des vacances de la toussaint, le psychologue et moi-même
avons proposé un après- midi au zoo pour deux jeunes ayant des difficultés à être en
groupe. Lřexpérience sřest avérée intéressante et enrichissante tant pour eux que pour
nous.
Céline Talonton, Educatrice Spécialisée
Un jeune est pris en charge au SESSAD depuis trois ans. Nous avons un entretien
toutes les semaines où nous faisons le point sur ses difficultés scolaires, ses avancées,
ses réussites. Il a besoin que les adultes fassent le lien autour de lui et le motivent pour
ses projets, ce quřil nřarrive pas encore à faire par lui-même.
Lřaxe de travail avec lui a été dřarriver à le faire venir régulièrement à ses rendez-vous
de soins… jřai tenté à plusieurs reprises de le chercher, de faire des sorties extérieures
Pendant les vacances scolaires, des activités et des sorties de groupe sont organisées
en transversal avec lřensemble de lřéquipe, la nécessité de prendre son temps pour
établir une relation de confiance sřest imposée à moi.
Le groupe Parents :
A lřinitiative dřune stagiaire psychologue, nous avons mis en place un groupe
accueillant les mères ne travaillant pas le mardi après-midi. Une autre éducatrice du
SESSAD sřest intéressée au projet. Nous avons continué ensemble, une autre
éducatrice sřest invitée aussi. Lřidée consistait à créer un espace de parole en se
servant de diverses médiations telles que la fabrication de bijoux et la couture.
Cela permet de favoriser l'émergence de la parole à travers lřacte créatif, à utiliser la
dynamique groupale autant que possible dans sa dimension bénéfique et stimulante;
identifications, échanges, à créer du lien grâce à la régularité de rencontres
L'intérêt de cet atelier porte bien évidemment sur le processus créatif et le contexte
convivial qui lřaccompagne plutôt que sur le « produit fini ».
SESSAD Paris
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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Articuler soigneusement le travail social, l’éducation, la créativité, le soin.
DOHERTY Annick, Educatrice
1- Pensée, poncée, ponce fer…
Une histoire de pensée, poncée, une rencontre singulière dans le cadre de mes
accompagnements auprès dřun jeune accueilli au SESSAD.
Je vais lřappeler Z, il met le bazar, provoque, transgresse les limites, avec les
professionnels du SESSAD, ….
Le jeune H. était en train de préparer une pièce de bois pour le marouflage, Z passe et
repasse devant lřatelier et il pose la question, Je peux, il le dit avec hésitation… et il
continue ; « moi aussi je veux faire comme lui ».
Avec Z, la rencontre a eu lieu autour de cette question, nous avons convenu lors de
nos rendez-vous éducatifs de travailler le bois.
Je récupère une petite table en bois, Z sřest mis au travail avec une grande sensibilité et
une belle motivation : tablier, papier de verre en main, un apprenti artisan…. en
ponçant, Z parle de lui, de ses envies, de sa vie …de ses soucis, il avance à son rythme
doucement mais sûrement me semble-t-il. Je commence à comprendre ! « Il y a une
fleur... je crois quřelle mřa apprivoisé » disait le petit prince dřAntoine de Saint Exupéry.
Le « bur Řatelier » est un espace où le bricolage est de rigueur,
philosophiquement, déductivement,
humainement….
Chaque mardi après-midi Z ponce,
pense, il se découvre un savoirfaire, un savoir-être, une posture de
jeune en relation, dřécoute et de
partage.
Ses mains sont des outils merveilleux, il s'applique avec des gestes
précis et précieux…Z regarde autour de lui, passe de « lřautre côté
du miroir », découvre le monde autrement : un fer à repasser dans le « burřatelier », il
décide de fabrique un « ponce fer* » pour être plus efficace et faire des gestes plus
harmonieux,
« Le sens nřest jamais principe ou origine, il est produit » Deleuze
En traversant le miroir, Z découvre un monde où il inverse les règles du jeu : il restaure,
il récupère, il outille, il élabore, il fabrique, il ponce, il pense en lui pour lui ....
2- Une histoire de liberté….
« Le regard en coin ».
On ne voit lřessentiel quřen regardant de côté.
JB regarde toujours comme ça.
Suite à une invitation à participer à un atelier créatif, JB répond présent avec
enthousiasme et une envie de faire, de raconter, dřexister….
JB assis devant la table à peindre crie « je suis libre ici je fais ce que je veux »
Il plonge ses pinceaux dans la couleur, il trace, trace des émotions harmonieuses et
fortes… Lřart nřest pas une fin en soi, mais un moyen ou un passage nécessaire pour
mieux « goûter » la vie. Robert Filliou.
SESSAD Paris
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 45 -
JB est tellement gourmand….
Lřart doit nous apprendre à voir des choses que nous ne voyions pas auparavant.Lřart
est là pour poser cette question : Que voit JB ?
Le Burřatelier est un espace, un lieu « de libération », de création, de construction, de
destruction, de reconstruction, un lieu de passage, de partage, dřécoute, de faire,
défaire, être avec lřautre, les autres, de se montrer….
« Trouver ou fabriquer « des clefs » pour avancer »……Vivre, c'est être simultanément
dans le monde et hors de lui ; c'est, par un miracle précaire, contenir, dans un geste,
l'intime et le lointain. Comme dit Merleau-Ponty, « voir, c'est avoir à distance », ou
incorporer le monde, mais sans jamais le contraindre. « La vision, -ajoute le philosophen'est pas un certain mode de la présence ou présence à soi ; c'est le moyen qui m'est
donné d'être absent de moi-même, d'assister du dedans à la fission de l'Etre, au terme
de laquelle seulement, je me ferme sur moi ».
Le plaisir est le moteur de lřensemble des actions.
Plaisir de voir, dřéchanger, de faire, de créer, de partager, de se construire avec lřautre,
dřêtre en lien avec le monde, de se valoriser, de se montrer aux autres.
A travers les arts, lřenfant, le jeune peuvent trouver un moyen particulièrement
intéressant pour communiquer, identifier des sensations, des émotions, sřexprimer en
développant leurs capacités affectives et intellectuelles…
Chercher/trouver les traces du parcours poétique de chacun, sřapproprier son univers et
lřinscrire dans le temps. Pour Z c'est un pas en avant.
Objet/signe/œuvre fabriqués au sein du Burřatelier nous mettent en face du monde,
cřest ce qui nous permet dřêtre ensemble, nous prenons conscience que nous pouvons
fabriquer, avec le petit rien, objet perdu, jeté, informe qui une fois restauré prend
forme…. la récupération était présente et travaillée avec les jeunes, à leur manière, le
jeune devient artiste et créateur de son oeuvre, prend conscience aussi de notre
environnement…
La médiation artistique est lřoutil que jřutilise pour accompagner les enfants et
adolescents fragilisés par la vie à acquérir de lřautonomie, une capacité à réaliser des
projets et retrouver ainsi confiance en eux…
En apprenant à faire, ils apprennent à voir, à être, à se connaître...
Ce passage sřaccompagne dřune prise de responsabilité, dřun engagement personnel et
collectif qui les aident à affirmer leur identité, à construire leur place dans la société et à
SESSAD Paris
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 46 -
se projeter dans lřavenir.
Le Burřatelier participe à la vie en société et à la vie de la société.
Lřart est un levier….La création est un jeu qui se joue entre lřobjet et lřêtre, mais elle
comporte des risques.
Ces risques peuvent être perçus comme dangereux pour les enfants et les jeunes en
échec et très peu confiants.
Le temps de préparation est à prendre en compte, apprivoiser ce temps avec les jeunes
est nécessaire, comme pour cultiver un terrain en jachère...
Il se fait à travers le dialogue ouvert et lřattention portée au jeune, qui le rassurent, le
motivent, et lui permettent dřexprimer sa propre sensibilité.
Découvrir que celle-ci peut être reconnue le rend prêt à accepter quelques jeux de traits.
Ces jeux de traits ont un triple avantage : ils expliquent la méthode dřapproche des arts
plastiques concrètement, ils prouvent que le savoir technique du dessin nřest pas un
obstacle à la création, lřenfant, le jeune peut passer à lřacte sans que celui-ci nřait à
craindre un enjeu trop important.
A la suite de ces jeux lřenfant, le jeune peut se lancer à la recherche de matériaux qui
seront les premiers éléments de sa production personnelle.
Les évaluations lui permettent dřacquérir une conscience de sa créativité. Elles lui
donnent également la possibilité de parler de sa production, et surtout de parler de lui.
Les relances entrecoupant les séquences créatives lřouvrent au champ de
l'apprentissage, mais apprendre autrement sans se sentir juger, il devient artiste et il a à
partager sa création avec les autres.
Il comprend que ce milieu nřest pas réservé à quelques-uns. Il peut envisager de porter
un autre regard sur la culture qui lřentoure.
Les pratiques artistiques sont élitistes. Notre objectif est de faire en sorte que chaque
jeune puisse participer au festin de la délectation poétique… sans distinction
sociale/culturelle.
Juste pour conclure, lřart nřest pas censé changer le monde, mais les perceptions, pour
les adolescents au SESSAD cřest une ouverture …comme le dit Freud, lřart cřest une
arme contre la guerre…« Lřart peut changer la façon dont nous voyons le monde » JR
Accompagnements individuels, Anthony ALANOU-GALES, Educatrice Spécialisée
Je suis référent éducatif dřune dizaine de jeunes, dont lřâge varie entre 9 et 15 ans,
présentant des troubles du comportement et/ou de la conduite. Une de mes missions
premières est de favoriser avant tout lřinclusion des personnes que jřaccompagne et de
prévenir au possible lřexclusion scolaire de ces dernières.
Jřai donc reçu chaque jeune en séance individuelle, sur des plages horaires dřune à
deux heures, définies en amont et dřun commun accord avec le jeune, sa famille mais
aussi les établissements scolaires. En fonction de lřâge et du niveau dřautonomie de la
personne, au regard des transports en commun et du repérage spatio-temporel, il
mřarrive dřaccompagner physiquement certains jeunes sur le chemin du SESSAD, aussi
bien pour lřaller que pour le retour. Par exemple, je suis amené à me rendre dans une
SESSAD Paris
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 47 -
école primaire, afin quřun enfant puisse se rendre à ses différents temps de rendez-vous
au service. Chaque jeune étant unique et singulier, mon rôle consiste avant tout à
mřadapter aux envies de chacun mais également de faire émerger de nouveaux désirs
en eux.
Cřest pourquoi mes accompagnements éducatifs reposent sur différentes médiations,
comme par exemple des activités manuelles, culturelles, sportives, des jeux de société
ou encore de la cuisine, « entre » et « hors » les murs institutionnels. Mon objectif
premier à travers ces temps de rencontres est de proposer, aux adolescents, un espace
où ils se sentent à lřaise et suffisamment en confiance pour quřils acceptent et
reconnaissent comme légitime ma présence auprès dřeux, dans leur vie quotidienne.
Une fois cette « amorce » esquissée, mon rôle est dřessayer de les faire cheminer et
élaborer, de manière autonome, sur leur vécu et surtout de faire éclore, en eux et pour
eux, leur potentiel (en me basant avant tout sur leur capacité) dans lřoptique que ces
« adultes en devenir » puissent se projeter plus aisément dans leur avenir. Ces
différentes rencontres éducatives représentent pour moi les temps dřaccompagnements
« directs », c'est-à-dire les échanges de visu avec les jeunes.
Les multiples facettes que peut revêtir mon accompagnement auprès des jeunes et de
leurs familles me permettent dřentretenir des liens constants et réguliers avec certains
établissements scolaires parisiens (notamment dans le cadre du projet personnalisé de
scolarisation élaboré lors des réunions des équipes de suivi de la scolarisation des
jeunes), mais également avec des services de lřaide sociale à lřenfance, des centres de
soin ou encore certaines associations. Cette première année au SESSAD a également
pu me conforter dans lřidée que le travail en équipe pluridisciplinaire représente une
richesse certaine. Les actions éducatives et pédagogiques couplées à celles du soin
apportent un réel soutien ainsi quřun équilibre dans le développement des potentialités
et de lřautonomie des enfants et adolescents. En outre, les différents temps dřéchanges
que jřai pu avoir avec chaque jeune du service mřont permis dřétoffer, de réfléchir et
dřélaborer davantage ma pratique. Ce dernier point représente un réel atout dans mon
travail, car jřestime important et nécessaire, en tant que travailleur social, de ne jamais
négliger ce processus de réflexion collégiale afin de ne pas se reposer uniquement sur
ses acquis, au risque de tomber dans le piège du « laisser-aller » intellectuel et de ne
plus être en capacité de proposer et dřélaborer autour dřun accompagnement adapté.
Accompagnements collectifs
Jřai également été amené à encadrer et à organiser des temps dřaccompagnements
collectifs. Par exemple, en période de vacances scolaires, jřai eu lřoccasion de participer
à plusieurs activités de groupe : tournois de baby-foot et de ping-pong, sortie
randonnée, sorties culturelles, atelier percussions, ou encore des ateliers ciné-débat.
Ces temps de groupe qui généralement sont pensés et réfléchis en amont, afin de ne
pas proposer nřimporte quoi à nřimporte qui dans lřidée dřéviter au possible de placer les
jeunes au sein de situations difficiles à gérer pour eux, permettent dřobserver certains
faits qui sont ensuite repris et retravaillés dans lřespace individuel.
La psychomotricité au SESSAD Aurélie FREDERIC, Psychomotricienne
Elle est assurée par deux psychomotriciens à mi-temps (un homme et une femme). Ils
sont présents aux réunions institutionnelles, cliniques, ont participé aussi à certaines
réunions de synthèse interinstitutionnelles.
Ils se sont rendus exceptionnellement à des réunions dans les écoles ou collèges, si la
situation du jeune concerné lřexigeait. Le ou la psychomotricien(ne) reçoit les jeunes en
séances le plus souvent lors de suivis en individuel. En outre, les psychomotriciens ont
SESSAD Paris
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 48 -
proposé plusieurs groupes à médiation en 2015, en coréférence avec dřautres
professionnels :
Le groupe Mouvřensemble (groupe dřexpression corporelle) co-encadré avec une
psychologue ; 3 jeunes en ont bénéficié.
Les enfants ou adolescents suivis au SESSAD sont orientés en psychomotricité par les
médecins psychiatres. Lřindication du médecin peut avoir différents objectifs :

un bilan psychomoteur en début de prise en charge dřun jeune au SESSAD afin
dřaffiner son projet de suivi

une évaluation psychomotrice en préambule dřune prise en charge en
psychomotricité

une adresse en psychomotricité dans le cadre dřune médiation précise (ex :
relaxation…), quřelle soit individuelle ou en groupe.
Les prises en charge se déroulent ensuite à raison dřune séance hebdomadaire
dřenviron 45 minutes par jeune. Elles ont lieu dans la salle de psychomotricité. Les
parents des jeunes sont reçus par le psychomotricien si besoin.
Ainsi, au cours de lřannée 2015, environ 25 jeunes ont pu bénéficier dřun suivi régulier
en psychomotricité, 5 ont été reçus en bilans, et une vingtaine a participé à des groupes
réguliers.
Les psychomotriciens ont des temps dřécrit, pour la rédaction des notes de suivi, des
notes de renouvellement et de fin de prise en charge, des notes dřorientation, des
comptes rendus de bilan psychomoteur, la prise de notes individuelles, les échanges
interinstitutionnels, les bilans de groupe, la rédaction de courriers aux familles. Les
psychomotriciens ont également participé en 2015 à des activités groupales hors cadre
thérapeutique pendant les vacances scolaires, qui font partie de la vie institutionnelle :
sortie escalade, sortie randonnée, tournois de baby-foot, tournois de ping-pong, journée
percussions, pique-niques, journées à thème.
Yeliz Tarhan, Psychologue
Sur lřannée 2015, jřai en charge le suivi psychologique de 11 jeunes accueillis au
SESSAD.
Un travail préalable dřévaluation et dřélaboration de la demande dřun espace de parole
est effectué avec trois jeunes.
Certains jeunes pris en charge au SESSAD arrivent à sřinscrire et investir cet espace
dédié à lřélaboration psychique de leur histoire, et de ce qui se passe pour eux dans lřici
et maintenant.
Dřune manière générale, trois jeunes ne viennent pas régulièrement à leur séance
individuelle hebdomadaire ; les autres sont réguliers.
Des entretiens familiaux ponctuels peuvent « colorer » la prise en charge à certains
moments opportuns (orientation du jeune vers une autre structure, évènement familial
particulier, ou simplement sur demande des parents de faire un point) en articulation
avec les professionnels concernés par la situation. Cette année, jřai rencontré tous les
parents des jeunes que je suis au moins une fois.
SESSAD Paris
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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Au cours de lřannée 2015, jřai réalisé un bilan psychologique avec un jeune dont je ne
mřoccupe pas par ailleurs afin dřapporter un éclairage clinique sur son fonctionnement
psychique (trois rencontres avec le jeune et une séance de restitution avec le jeune et
sa mère.
Jřai participé ponctuellement aux activités pluridisciplinaires organisées pendant le
temps des vacances scolaires, comme lřatelier de création-arts plastiques que
proposaient deux collègues éducatrices avec trois jeunes durant une matinée.
Il mřarrive dřassister aux réunions de synthèse des jeunes que je rencontre avec les
partenaires, notamment les partenaires de soins (CMP, CATTP…) et plus rarement aux
synthèses avec les partenaires du milieu scolaire ou partenaires de justice (ASE..).
Dr Rodrigo GUTIERREZ, Médecin psychiatre
Les médecins psychiatres sont responsables du projet de soins du jeune (indications
thérapeutiques des différents suivis du jeune). Ils sont garants de la cohérence et de la
coordination des interventions thérapeutiques. Le travail de médecins psychiatres du
SESSAD pendant lřannée 2015 sřest développé sous différentes formes. Intervention
dans la procédure dřadmission par le biais des entretiens dřadmission et de la
commission dřadmission, et les différentes réunions de lřéquipe pluridisciplinaire
(réunion de fonctionnement, synthèses, PIA, points sur les situations…), ainsi que des
échanges réguliers avec les différents professionnels, élaboration de différents
documents médicaux nécessaires pour la prise en charge (certificats médicaux,
comptes rendu, notes médicales…), ainsi que les entretiens familiaux et guidance
parentale, ainsi que des entretiens et suivis des jeunes. Interventions en activités de
groupe qui se mettent en place pour les jeunes, notamment pendant les périodes de
vacances scolaires, travail dřorientation du jeune à la sortie du SESSAD (15 sorties
durant lřannée 2015), et participation aux réunions de cadres.
SESSAD Paris
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 50 -
SESSAD Paris
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 51 -
SERVICE D’INVESTIGATION D’ORIENTATION
ET D’ACTION ÉDUCATIVE EN MILIEU OUVERT
« SIOAE 75 »
CONTACT :
ACCES :
SIOAE 75
Espace Pierre Baldini
6-8 rue Eugène Varlin
75010 PARIS
MÉTRO : ligne 4 / 5 / 7
Stations : Gare de lřEst ou ChâteauLandon
Téléphone : 01.40.34.93.21
e-mail : [email protected]
AUTOBUS : 26 / 46 / 54
Arrêt : Château-Landon
RER : Magenta
ACCUEIL :
Filles et garçons mineurs sur décision des Juges pour Enfants de Paris.
Effectif habilité :

178 mesures annuelles dřA.E.M.O.
MISSION :
Les mesures dřA.E.M.O. (Action Educative en Milieu Ouvert) constituent un
accompagnement éducatif pour des enfants mineurs demeurant dans leur famille mais
pour lesquels des éléments de danger ont justifié lřouverture dřune procédure
dřassistance éducative visant à assurer leur protection. Ces mesures sont financées par
le département de Paris.
Lřactivité se répartit sur lřensemble des arrondissements de Paris.
On peut distinguer plusieurs modalités d'intervention :






Les entretiens au Service
Les visites à domicile
Les contacts avec les partenaires
Les accompagnements des jeunes et de leurs familles
Les activités collectives de loisirs
Les bilans et la rééducation orthophonique.
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 52 -
AGREMENT - HABILITATION :
 Justice
 Aide Sociale à lřEnfance
STRUCTURE :
Direction : Claude AMIEL
Chef de service : Brigitte DECROIX
Effectif : 1 psychiatre,
3 assistantes sociales,
6 éducateurs,
3 psychologues,
1 orthophoniste,
1 secrétaire,
1 comptable également chargée des dossiers des salariés,
1 agent de service
Seulement 8 salariés sur ces 19 personnes travaillent à temps plein.
TOTAL DES ETP : 14,27 ETP
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
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RAPPORT D’ACTIVITE 2015 – SIOAE 75
Claude AMIEL Ŕ Directrice
Malgré les nuages qui sřamoncellent dans le ciel du secteur social et socio-éducatif,
lřéquipe du SIOAE 75 a pu traverser cette année 2015 de façon assez tranquille, en
sřefforçant de consolider et dřaméliorer son cadre de travail.
1. L’ACTIVITE
En 2015 le service a réalisé 66743 journées pour une habilitation de 64970 journées,
soit un excédent de 2.73%. La facturation du mois de décembre nřétant pas encore
validée par la DASES, il est possible que le chiffre définitif diffère légèrement de cette
estimation.
Au 31/12/2015, 188 mesures étaient en cours, cette file active résultait de 70 entrées et
67 sorties au cours de lřannée.
Effectif au 31/12/2015 Entrées Sorties
188
70
67
Répartition par âge et par sexe
AEMO en cours
au 31/12/2015
188 enfants
121 Garçons
67 Filles
0/2
ans
2/4
ans
4/6
ans
6/8
ans
8/10
ans
7
14
24
20
12
10/1
2
ans
25
12/1
4
ans
26
14/1
6
ans
31
16/1
8
ans
29
64 % des mesures concernent des garçons et 36% des filles (dont le pourcentage est
donc en légère augmentation par rapport à lřannée précédente). La proportion des petits
(moins de 6 ans) reste stable, la proportion des adolescents (plus de 14 ans) passe de
25 % à 32 % de lřeffectif et les enfants de plus de 6 à 14 ans baisse légèrement (44%).
Répartition par cabinets et origine géographique des familles
CABINET
S
Arrondists
AEMO au
31/12/201
5
A
B
C
D
E
F
G
H
I
K
L
M
N
P
1/17/
5
1
8/1
8
46
1
8
2
2
10/1
2
13
1
9
3
8
2
0
8
2/4/2
0
3
11/
6
21
3/
7
4
1
3
8
11/
5
9
14/
6
13
1
5
2
9

Les cabinets avec lesquels nous travaillons le plus restent ceux des arrondissements
les plus chargés :
11ème
18ème
19ème

Les enfants sortis en 2015 sont partis pour :
 cessation du danger repéré (23%),
 entrée en placement (26%), en grande majorité ces placements ayant pu être
préparés, et 3 placements en urgence,
 orientations vers une structure adaptée : 1 vers le SAPEJ et 1 vers lřANRS
 raison administrative (déménagement, accès à la majorité….) ,34%
SIOAE 75
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
0
- 54 -

impossibilité dřobtenir une collaboration minimale de la famille (16%)
2. LA GESTION DES RESSOURCES HUMAINES

Les mouvements de personnel
En 2015 lřéquipe éducative et psychologique du SIOAE 75 est restée stable.
Les faits marquants ont été lřinstabilité du poste de comptable et le départ en congé
maternité puis en congé parental de la secrétaire ; cette absence sřest solutionnée par
le retour en CDD de la secrétaire qui avait déjà effectué un remplacement lřannée
précédente lors dřun 1er congé maternité. Cette solution a été appréciée, tant pour la
stabilité du travail dřéquipe puisque la professionnelle remplaçante connaissait très bien
le poste, que pour ses qualités et lřengagement de sa personne.
Le service a plus pâti des mouvements sur le poste de comptable. Lřaboutissement
logique des problèmes déjà bien connus du financeur, a été le licenciement de la
comptable en poste depuis 2011. Elle a saisi les Prudřhommes et lřaffaire est toujours
en cours en ce début dřannée 2016. Elle a tout dřabord été remplacée dans lřurgence
par une comptable de lřassociation partie récemment en retraite, et qui a accepté un
CDD en cumul emploi-retraite pour assurer la comptabilité courante et la préparation du
CA 2014. Ensuite se sont succédées deux comptables qui ont démissionné avant la fin
de leur période dřessai pour des raisons financières, toutes deux, dřun niveau BTS,
ayant perdu 1000€ au minimum par rapport à leur précédent salaire dans le privé. Cette
situation illustre la difficulté que nous rencontrons pour recruter des personnels
occupant ne fonction support. Notre convention ne leur propose pas aujourdřhui des
niveaux de salaires en correspondance avec la charge de travail et les compétences qui
leur sont demandées. Le fait de ne pouvoir reprendre leur ancienneté en totalité, ce qui
au regard du métier quřils exercent nřa pas de sens, nous pénalise dřautant plus. A ce
titre, notons que là où la convention était un plancher pour négocier le salaire des
personnes que nous recrutons, elle est devenue un plafond. Il est regrettable que les
conditions de reprise dřancienneté en vigueur dans la convention collective 1966 et qui
étaient à lřorigine conçues comme des conditions « plancher » soient devenues des
conditions « plafond », ce qui dépossède lřemployeur de toute latitude de négociation
faisant pourtant partie de sa fonction et de son pouvoir de décision…

La formation des jeunes professionnels
Lřéquipe socio-éducative a accueilli en 2015 une stagiaire éducatrice spécialisée et une
stagiaire psychologue. Lřaccueil dřune stagiaire psychologue constitue une nouveauté
dans le service, et sřest avéré enrichissant, probablement parce que cette personne
avait déjà une solide expérience dont elle a pu faire profiter lřéquipe. Cette initiative,
satisfaisante pour tous et en particulier pour le psychologue maitre de stage, sera
reconduite, toujours dans lřesprit de lřassociation de participer à la formation des jeunes
professionnels (« jeunes » dans la fonction, mais pas obligatoirement dans lřâge….)
Par ailleurs, la directrice a volontairement, bien que provisoirement, laissé vacant le
poste de contrat de professionnalisation, auparavant occupé par une jeune fille en
cursus de comptabilité ; lřinstabilité de la fonction comptable dans le contexte ci-dessus
exposé ne paraissait évidemment pas offrir les garanties requises pour la formation dřun
ou dřune jeune. Cette vacance dřun an a permis également de dégager dřautres
alternatives : lřhypothèse dřun recrutement sur ce poste dřun jeune en formation de
coordination de micro-projets et en capacité de rechercher des financements adéquats
a été émise. Si elle sřavère trop difficile à réaliser, et après stabilisation de la fonction de
comptable unique dans le service, le retour au recrutement dřun aide comptable en
formation pourrait sřimposer, dřautant que la fonction comptable est très chargée et est
appelée à terme à reprendre la facturation, toujours tenue par le secrétariat.

Les entretiens professionnels et la formation
SIOAE 75
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 55 -
Lřannée 2015 a vu la mise en œuvre de la nouvelle loi sur la formation. Après la
formation des cadres suite aux dispositions prises par le siège associatif pour que cette
mise en œuvre se fasse dans les meilleures conditions possibles, les entretiens
professionnels de tous les salariés du SIOAE 75 ont pu être menés avant la fin de
lřannée. Ils représentent un moment privilégié où cadres et non cadres prennent le
temps de faire un point sur la carrière de chacun, ses projets, ses aspirations et les
moyens dřatteindre les buts fixés. Malheureusement la réorganisation des financements
dédiés à la formation et mal adaptée aux besoins spécifiques de notre secteur, diminue
significativement les enveloppes, ce qui complexifie dřautant les moyens de réalisation
des projets professionnels élaborés dans les entretiens, et risque dřavoir un impact
négatif sur la possibilité pour les salariés de se projeter de façon réaliste et motivante
dans lřavenir. Toutefois, après des mois dřincertitude, le plan de formation élaboré pour
2015, et qui avait reçu lřassentiment des représentants du personnel au comité
dřentreprise, a enfin pu se réaliser.
En particulier, une formation collective sur le génogramme et les liens
intergénérationnels a été organisée au COPES. Si la plupart des professionnels avaient
déjà acquis des notions sur le sujet, il nřétait pas inutile de revenir sur certaines notions
théoriques et lřoutil du génogramme à la lueur de la pratique éducative en AEMO où les
effets des dysfonctionnements, voire des pathologies des générations précédentes,
produisent des effets nocifs sur les enfants dont sřoccupe lřéquipe.
Par ailleurs, et sans attendre les financements désormais très restreints du plan de
formation, dřautres actions de formations collectives ont été expérimentées :

Une formation à la petite enfance, engagée en 2014, sřest poursuivie en 2015 ;
elle a été animée par le Dr MORISSEAU, pédopsychiatre spécialisée depuis de
nombreuses années sur cette thématique, et qui a su faire profiter lřéquipe de la
richesse de son expérience clinique ; il sřagissait en particulier de revisiter les
effets de certaines pathologies maternelles sur la relation mère-enfant et le
développement du nourrisson.

Des formations en interne : en tant que cadres techniques, le psychiatre et les
psychologues du service ont animé tour à tour des communications théoricocliniques sur les principales catégories de psychopathologies, repères
théoriques à partir desquels les travailleurs sociaux ont pu associer sur les
situations connues dans leur pratique. Pour ne pas multiplier les temps de
réunion/formation au détriment des réunions de synthèses hebdomadaires, et
conserver un juste équilibre, le calendrier de ces séances sřéchelonnera sur
2015 et 2016.

Suite aux préconisations de la DASES venue procéder en 2014 à un audit, une
formation collective à la bientraitance a été organisée avec le COPES. Cette
formation visait à partir de situations concrètes déjà expérimentées, à affiner le
délicat positionnement des professionnels qui doivent pouvoir en même temps
se mettre à lřécoute de lřenfant en difficulté, et guider ou contenir avec
bienveillance des parents souvent peu en capacité de percevoir les besoins
spécifiques de leur enfant et dřen tenir compte. Ce double positionnement chez
le professionnel apparait souvent paradoxal et lřoblige à une distanciation
psychique avec ses propres affects, quřil lui faut dřabord repérer et accepter,
pour agir avec la neutralité attendue de lui. Cette formation a été aussi lřoccasion
de revisiter synthétiquement les grandes catégories psychopathologiques.

Enfin, les séances dřanalyse de la pratique se sont poursuivies en 2015 au
rythme dřune séance par mois et demeurent indispensables aussi bien à la
qualité de lřélaboration quřà la santé des travailleurs sociaux, « en première
SIOAE 75
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 56 -
ligne » dans la relation difficile avec les familles. Cette analyse de la pratique,
temps de pause, de prise de distance, de réflexion et dřanalyse dans le rythme
trépidant de lřaction éducative, permettant aux professionnels de travailler les
affects intenses générés par ce travail relationnel à visée éducative, constitue le
meilleur rempart contre les risques de passage à lřacte, le burnout, lřépuisement
psychique. Il se place au 1er plan des outils de prévention des risques psychosociaux.
Plusieurs salariés du SIOAE 75 ont pu bénéficier en 2015 du séminaire associatif sur la
thématique très actuelle des normes, règles, lois et des repères quřils représentent (ou
non) pour lřaction éducative, et échanger à cette occasion avec des collègues quřils ont
rarement lřoccasion de rencontrer.
Des formations collectives transversales ont été organisées en 2015 entre les 3 services
de lřEspace Pierre Baldini, contribuant à la connaissance mutuelle des uns et des
autres : formations à la sécurité incendie et aux 1ers gestes de secours au travail,
rassemblant toutes les fonctions.

La réflexion institutionnelle
Cřest une dimension, qui, sans être prépondérante en dehors des moments de crise,
appelle néanmoins une vigilance permanente et fait partie intégrante des
préoccupations dřun service, car elle contribue aussi bien au bien-être des
professionnels et à leur sécurité psychique, quřà la qualité de leur travail.
Lors de réunions institutionnelles ont été particulièrement travaillées :


Lřarticulation entre travailleurs sociaux et secrétariat, surtout dans la préparation
de lřenvoi des rapports.

Lřarticulation entre travailleurs sociaux et psychologues (et psychiatre) : après
débats animés, décision a été prise dřabandonner le principe de la désignation
dřun « psy » pour chaque enfant, car, au-delà dřun souci dřéquité louable dans
son principe, ce fonctionnement était générateur de beaucoup de tensions pour
les « psy », lřETP global dont est doté le service nřy suffisant pas. Les « psy » se
sont donc vus attribuer des « quotas » de dossiers dans lesquels ils ont à
intervenir en direct, proportionnellement à leur ETP, la décision de faire
intervenir directement un « psy » dans une situation familiale revenant
exclusivement aux cadres (CSE et directrice), après évaluation en équipe sur les
enjeux et les modalités de cette intervention.

Par ailleurs, la direction a décidé de la mise en place de permanences
éducatives un jour par semaine pour ne pas laisser la secrétaire seule face à la
gestion des appels téléphoniques relatifs aux situations des enfants suivis et de
leur famille, lors de lřabsence des cadres, du fait de leur temps partiel et des
réunions associatives.
Les instances représentatives du personnel et la révision du DUERP
Porté par une grande rigueur de lřélue titulaire, le conseil dřétablissement a fonctionné très
régulièrement.
En particulier le DUERP, élaboré avant le déménagement du service, et incluant les
risques psycho-sociaux, a été revisité avec le concours du médecin du travail qui, à
cette occasion, a réalisé une visite de lřensemble des locaux du site parisien de
lřAVVEJ.
SIOAE 75
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 57 -
3. S ACTIVITES POUR LES JEUNES, LE PARTENARIAT ET LES PROJETS

L’atelier d’arts plastiques
Centré cette année sur le thème de la transformation et la renaissance des objets, il a
donné lieu en juin à une exposition publique très appréciée, dans le cadre de la
poursuite du partenariat engagé les années précédentes avec le Théâtre Mouffetard qui
est devenu le Théâtre de la Marionnette, dirigée par Mme BERTOLA. La présentation
des objets réalisés a été mise en valeur par lřanimation des mobiles présentés sur la
scène avec un jeu dřombres et de lumières, et lřaccompagnement de musiciens (Jérémy
NATTAGH et Adèle B). Tout au long de lřannée les 11 enfants participants ont bénéficié
des conseils de Michel OZERAY, scénariste et créateur de marionnettes. Les enfants se
sont impliqués dans la réparation et la réutilisation dřobjets divers, quřils ont ré-agencés
en les transposant dans un contexte totalement différent de leur contexte habituel
dřutilisation, créant ainsi des scènes familiales, ou de voisinage pittoresques et
touchantes ; la thématique du bébé en souffrance a été particulièrement remarquée
dans la mise en scène pourtant totalement libre, de quelques poupons. Mais dřautres
scénarios ont révélé plus dřoptimisme.
La mise en scène et lřanimation dřobjets (production de mobiles surprenant par leurs
qualités esthétiques) permettent de travailler avec les enfants les dimensions plurielles
de lřespace, du volume et du mouvement, qui sont moins prégnantes dans la peinture
de tableaux ; il sřagissait donc dřune expérience nouvelle pour cet atelier.

L’atelier pâtisserie
Cette année 2015, lřatelier a pu sřautonomiser en obtenant du financeur un budget de
fonctionnement propre, bien que modeste (800€) mais qui lui permet de se détacher de
lřatelier dřarts plastiques dont il partageait le budget depuis sa création.
Cet atelier, animé conjointement par une éducatrice et une assistante sociale, répond à
plusieurs objectifs : pédagogique, éducatif et préprofessionnel. Il a fonctionné au rythme
dřune fois par mois, avec 6 enfants de 5 à 15 ans, cette mixité dřâge nřétant pas du tout
un obstacle, contrairement à ce quřon pourrait en penser a priori. Il sřappuie sur la
mobilisation de lřensemble des collègues référents des jeunes.
Déroulement de lřatelier : accueil des enfants, rappel des règles dřhygiène et de
fonctionnement, choix des recettes (capacité de négociation dans le groupe) , inventaire
des ingrédients et liste des courses à prévoir (capacité dřanticipation) , préparation du
matériel, respect des étapes de réalisation des recettes. Puis dégustation avec les
professionnels présents sur le site, et les parents, assurant aux enfants la
reconnaissance sociale de leurs jeunes talents.
Nous avons effectué deux ateliers ponctuels dans lřannée, durant les périodes de
vacances scolaires, afin dřouvrir le groupe à des enfants ou adolescents qui
souhaitaient « sřessayer à la pâtisserie », ou même, qui avaient le projet de sřorienter
vers les métiers de la restauration (cřétait le cas de deux jeunes élèves de 3ème). Durant
SIOAE 75
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 58 -
les vacances scolaires de décembre 2015, nous sommes allés dans une cuisine
privatisée. Cet atelier à lřAnnexe Kangourou à Paris dans le 10ème arrondissement était
dirigé par un grand chef. 6 jeunes de 8 à 15 ans y ont participé. Les jeunes ont pu
pratiquer la pâtisserie dans une grande cuisine qui offrait un cadre adapté aux jeunes
pâtissiers en herbe (plan de travail, matériels, espace…) et y effectuer des découvertes
gustatives : fleurs et fruits inconnus dřeux. Lřun des jeunes après avoir montré ses
talents, a pu bénéficier dřun stage dans un restaurant parisien qui pourra se transformer
en contrat dřapprentissage. Un contact privilégié a ainsi été établi entre le SIOAE 75 et
des professionnels de la cuisine, préalable à lřinstauration dřun partenariat …

Les sorties collectives
Cette année 2015, un partenariat a été établi avec la Fondation du Paris Saint
Germain ; lřobjectif en était de permettre à des adolescents férus de football dřassister à
de grands matchs au Parc des Princes.
Quatorze jeunes garçons et filles,
accompagnés de 3 éducatrices, ont ainsi pu assister au match Paris-Saint-GermainCaen en mars 2015. Cette sortie leur a été bénéfique, car elle leur permettait à la fois de
sřextraire de leur quartier, de découvrir le football, et de pénétrer un espace public
comportant une dimension festive, quřaucun dřeux nřavait eu lřopportunité de connaitre.
Un autre match en avril 2015 a permis à 7 autres jeunes dřassister à une rencontre de la
coupe européenne de football féminin : Paris Saint-Germain /Glasgow.
Lřaccompagnement était assuré par une assistante sociale et une stagiaire psychologue
écossaise. Là encore ce fut lřoccasion dřaborder la question du genre dans le sport ainsi
que dans le quotidien des relations entre pairs. Depuis cette sortie, deux jeunes filles
ont intégré lřéquipe de football de leur collège.
Dřautres activités collectives ont été programmées autour de la découverte de la ville, et
de son histoire. Cřest ainsi quřun groupe dřenfants est allé visiter le musée de lřAir au
Bourget : sensation garantie dans le cockpit face au simulateur de vol ! De quoi nourrir
des rêves, des désirs, des passions. Mais plus concrètement, de quoi aussi donner à
voir les métiers de lřaéronautiques pour nos jeunes confrontés à la question de leur
orientation !

Le partenariat culturel avec le Théâtre de Chaillot :
Situé dans un lieu exceptionnel de la capitale, le théâtre peut accueillir chaque soir
jusquřà plus de 1600 spectateurs dans ses trois salles. Son grand foyer qui fait face aux
fontaines du Trocadéro, à la Tour Eiffel et au Champs de Mars, offre de jour comme de
nuit lřune des vues les plus célèbres du monde.
Pour mémoire deux sorties collectives avaient été organisées en 2014 pour emmener
les jeunes à des spectacles, suivis dřun temps dřéchange avec les acteurs ; très
intéressés, les enfants ont posé beaucoup de questions, non seulement sur le contenu
du spectacle, mais aussi sur les jeux de scène, le matériel, et une rencontre ultérieure a
permis de revenir à distance sur les émotions ressenties.
SIOAE 75
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 59 -
En 2015 dřautres adolescents ont assisté à une comédie musicale dansée à laquelle ils
ont été très sensibles.
Par ailleurs, une 4ème sortie a été proposée en fin dřannée aux familles (parents et
enfants) : il sřagit dřun spectacle de danse de José Montalvo.. A lřissue du spectacle, les
parents et les enfants ont pu discuter entre eux. Les retours ont été plutôt positifs :
« - c’était beau…
- ça m’a plu, je n’étais jamais venue dans un endroit comme celui-là… »
Il nous a été proposé à lřissue du spectacle de pouvoir bénéficier dřun atelier Hip-Hop
dans le théâtre de Chaillot avec un des danseurs de la troupe de Montalvo.
Cet atelier a eu lieu un mercredi après-midi. Nous avons accompagné un groupe de 9
jeunes tous intéressés par une initiation au hip-hop.

Visite des Juges des Enfants
En 2015 nous avons accueilli plusieurs magistrats du Tribunal pour Enfants, à qui nous
avons pu présenter les nouveaux locaux. Les échanges ont porté essentiellement sur
les attentes réciproques, et surtout sur lřarticulation de nos fonctions respectives, des
champs judiciaire, éducatif et thérapeutique dans les situations délicates de certains
jeunes qui se mettent en danger ou mettent les autres en danger, sans que la famille
soit en capacité dřintervenir. Les informations échangées ont permis une certaine
clarification des rôles et champs dřaction de chacune des institutions concernées
(Tribunal, Police, Justice, Hôpital, AEMO).

Partenariat socio-éducatif de territoire
Une rencontre avec la conseillère dřarrondissement du Xème, en charge de la petite
enfance et de la protection de lřenfance, nous a permis à la fois dřaccroître notre
visibilité sur lřarrondissement et de recueillir des informations précieuses pour répondre
aux besoins des familles que nous suivons.
Depuis septembre 2015, la cheffe de service est devenue membre permanent de la
Commission de prévention et protection de lřenfance et de la famille du 19ème
arrondissement, ce qui nous donne aussi un ancrage sur un autre arrondissement que
celui de notre site.
Préoccupés par la problématique adolescente qui demande une disponibilité importante,
et un rythme dřinterventions intensif, ainsi que par le devenir des jeunes adolescents
que nous suivons lorsque lřaccès à la majorité met fin à notre intervention, nous avons
organisé un échange avec lřéquipe de lřANRS, en charge des AED et des AEMO
Jeunes Majeurs sur Paris. Nous prévoyons en 2016 de renouveler cette expérience
avec lřANEF.
SIOAE 75
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 60 -
Le partenariat avec les CMP nřest pas toujours satisfaisant, les délais dřattente pour les
nouvelles prises en charge sont souvent très longs et la communication peu fluide.
Dans le cadre de nombreux suivis éducatifs, lřindication de prise en charge
psychothérapeutique est posée. Cette année nous avons pris le parti dřaller rencontrer
le plus souvent possible les équipes médico psychologiques dans leurs CMP,
accompagnés du pédo psychiatre et des psychologues du service, afin de présenter
une situation en amont du démarrage de la prise en charge thérapeutique de lřenfant.
Ce préalable favorise des échanges entre lřéducatif et le soin pour les familles et les
enfants, et permet dřoptimiser une orientation mieux concertée.

Les micros-projets
Trois micro-projets élaborés fin 2014 nřont pu se concrétiser faute de financements.
Mais par ailleurs le financeur a accepté à titre expérimental (4 mois) lřouverture dřun
espace dřentretiens familiaux certains samedis matin. La réponse à notre budget
prévisionnel ne nous étant parvenue que début décembre 2015, ce projet ne pourra se
réaliser quřen 2016. Il fait suite à une préconisation de la DASES, consécutive à son
audit 2014, dřouverture du service sur des temps de week-end.
4. VIGNETTE CLINIQUE ILLUSTRANT L’INTÉRÊT POUR LES ENFANTS DE LA
COLLABORATION ENTRE ORTHOPHONISTE ET TRAVAILLEUR SOCIAL AU
SIOAE 75
M. est un jeune garçon âgé de 14 ans. En 2012, sa situation est signalée par des
services sociaux pour des faits de maltraitance physique que M. subirait à son domicile.
Après différentes enquêtes et interventions, de nombreux suivis (éducatifs,
psychologiques et autres) sont mis en place pour lui.
Il a fallu sřarmer de patience, de persévérance et de créativité pour pouvoir instaurer, au
fil des mois, une relation de confiance avec M. Les professionnels ont coutume de
qualifier ce garçon dř « attachant » ; il est vrai quřil a dans son regard cette interrogation
permanente, cette envie de faire confiance, cette recherche dřattention qui ne laissent
personne indifférent. M. est un garçon qui a été écorché par un conflit parental, une
place particulière dans sa fratrie, des ruptures incessantes, un déracinement
géographique brutal, qui ont eu pour conséquence un extrême manque de confiance en
lui, en les adultes et en les autres de façon générale. Cřest pourquoi il faut dřabord
apprivoiser M., ne pas tourner autour du pot avec lui. Il a besoin de savoir à qui il a à
faire avant dřenvisager quoi que ce soit.
Pour rassurer M., nous avons dû clarifier dřemblée nos intentions de travail et sans
cesse les lui rappeler. Avec lui, plus particulièrement encore, nous avons dû dire ce que
nous allions faire et faire ce que nous avions dit. Il nous a mis à lřépreuve pour savoir sřil
pouvait nous faire confiance.
M. teste tout le monde. Mais à lřécole, malgré sa scolarité en enseignement adapté
(SEGPA), sa méfiance relationnelle nřest pas du goût de tous les adultes et encore
moins de ses camarades. Forcément, ils ne sont pas au courant de tous ses maux et
souffrances. Alors nous avons tenté de lui faire comprendre cela, et M. a
progressivement fourni des efforts pour y remédier. Son comportement sřen est
amélioré ; probablement les consultations psychologiques au CMP lřaident aussi ;
lřethnopsychiatrie lřaide à savoir dřoù il vient et qui il est. Chacun de ses interlocuteurs
privilégiés tente de jongler entre postures maternante et cadrante. Ce que recherche
M., cřest la sécurité, la fiabilité ; il nous force à nous replonger dans la psychopédagogie
de la petite enfance et ses concepts fondamentaux.
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RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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Pour en revenir à sa scolarité, elle nřest pas simple. Seulement en 4ème SEGPA et déjà
renvoyé de 4 établissements pour sa difficulté à gérer toutes les émotions qui lřaniment.
Comment pouvions aider M. à renouer avec lřinstitution scolaire ?
Nous avons profité de notre chance de pouvoir faire intervenir une orthophoniste au sein
de notre service dřAEMO.
Un bilan orthophonique a été fait le 12/12/2014 et a mis en évidence les difficultés
dřapprentissage suivantes :
 Expression orale : difficultés dřaccès à la compréhension et à lřutilisation du langage
oral élaboré.
 Expression écrite : lecture, transcription, segmentation des mots, compréhension.
 Défaut dřattention et de concentration qui pénalise M. dans sa capacité à réfléchir,
analyser et mémoriser.
Après ce bilan, une rééducation orthophonique a commencé en mars 2015. Sřest
notamment mis en place un véritable soutien à la scolarité, un espace de remobilisation
pour M. facilité par une relation individuelle privilégiée.
Les débuts ont été difficiles : M. ne vient pas à ses séances, se montre agité dans son
comportement et ses propos, teste et provoque beaucoup lřadulte.
Puis, il commence à venir régulièrement à partir du mois de mai : il est maintenant
toujours à lřheure et présent le plus souvent. Il apprécie la relation duelle et le lien tissé
avec lui est de bonne qualité.
M. parle beaucoup et pose de nombreuses questions. Il est curieux, tout lřintéresse. Il
semble avoir besoin de ce temps dřéchanges spontanés parallèlement aux activités plus
scolaires. Il sait quřil peut interroger sur tout ce qui le préoccupe, y compris sur des
sujets personnels quřil nřaborde peut-être pas avec sa famille (questions dřados, ses
origines, son histoire…). La relation avec lřorthophoniste du service est donc basée sur
la confiance et M. apprécie lřintérêt quřelle lui porte
.
M. reste toujours un peu provocant mais il sřest « posé », et il cherche aussi à faire
plaisir. Il se montre courageux face au travail et ne râle jamais, même quand la tâche
est difficile. Il fait de son mieux.
La rééducation orthophonique au sein du service dřAEMO permet :
 De mettre en place et dřassurer un suivi sur le long terme : beaucoup de rappels et
dřencouragements ont été nécessaires au début mais notre persévérance et notre
disponibilité lui ont permis dřaccepter petit à petit la prise en charge et de se
lřapproprier.
 De considérer la problématique de ce jeune dans sa globalité. Les temps de
recadrage, de rappel des règles, quand cela est nécessaire ainsi que les temps
dřéchanges libres permettent dřapaiser M. qui est très réceptif et demandeur de cette
attention que nous lui portons.
 De croiser nos regards pluridisciplinaires en temps réel et dřéchanger nos
informations de façon efficace, sans perte de temps, la communication étant facilitée
par le cadre interne commun du service.
Le cadre de cette pédagogie différenciée permet une souplesse où les apprentissages
sont suffisamment explicités et diversifiés pour que M. retrouve lřenvie, lřintérêt
dřapprendre. Cette approche pédagogique privilégiée est centrée sur le jeune afin de
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RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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mobiliser toutes ses potentialités. Elle favorise la prise en charge par le jeune lui-même
de ses propres ressources.
La relation de confiance et la sécurité apportées par ce cadre favorisent lřestime de soi,
lřintérêt pour la découverte, la motivation, le plaisir. Il sřagit là de préalables
indispensables aux situations dřapprentissage. Tout cela a permis à M. dřaccéder à une
restauration de son image et de se renarcissiser. Retrouvant confiance en lui, il devient
progressivement moins méfiant envers lřadulte, accepte lřaide de celui-ci, et déploie de
réels efforts pour obtenir une réussite en laquelle il ne croyait plus.
La relation qui existe entre lř « enseignant » et lř « élève » exerce, on le sait, une
influence sur lřapprentissage des savoirs, mais cřest encore plus flagrant pour les jeunes
que nous accompagnons et qui sont en situation de grande fragilité.
5. LES QUESTIONS TECHNIQUES

la facturation
Si, à la différence des années précédentes la facturation a pu se faire régulièrement,
cela est dû en grande partie à la persévérance de la secrétaire Madame GONZALEZ,
qui a su avec habileté et ténacité, tisser une collaboration étroite tant en direction des
interlocuteurs dřAXAPA (gestionnaire du logiciel GESSI) que des gestionnaires de la
DASES. Elle a eu à mobiliser les uns et les autres pour solutionner plusieurs problèmes
techniques qui ont encore bloqué cette année le processus de facturation.
Mais en fin dřannée, non seulement la facturation était à jour, mais encore les factures
étaient payées, ce qui a permis dřassainir la trésorerie du service et contribué à la
stabilité de celle de lřassociation.

Les locaux et le « vivre ensemble »
Animé par la directrice du SIOAE 75, le Comité de Suivi de lřEspace Pierre Baldini sřest
réuni régulièrement, même si en raison des contraintes personnelles et professionnelles
des uns et des autres, il nřa pas été possible de travailler avec les mêmes participants
dřune réunion à lřautre. Le groupe est resté ouvert, le principe essentiel étant la
représentation de chacun des 3 services dans lřinstance et lřengagement des membres
présents à faire le lien avec leurs équipes respectives.
Ce comité sera reconduit en 2016. Le bilan effectué a en effet montré son utilité sur
plusieurs plans :
 Le Comité a fonctionné depuis + de 2 ans comme instance dřéchanges entre les 3
services, et à ce titre il répondait à un besoin : expérimenter la coexistence dans un
lieu commun sans perdre ses repères identitaires. Il a aidé à apaiser les rivalités.
Cřest une étape nécessaire pour véhiculer à lřextérieur, sur Paris, une identité
associative.
 Il a traité un certain nombre de questions relatives au site et qui ne pouvaient donc
être résolues par lřun ou lřautre des 3 services, en identifiant les problèmes, et en
proposant des solutions sur lesquelles les 3 directrices ont eu à se prononcer :
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o
Les modalités dřaccueil différencié des publics
La délimitation, la décoration, les modalités dřutilisation des espaces communs
La visibilité de lřAVVEJ sur Paris et en particulier lřorganisation dřune journée Portes
ouvertes à destination des partenaires des 3 services
En matière dřhygiène : le nettoyage des toits, des sols, des cuisines
Lřusage de la cour interne, les relations de voisinage
En matière de sécurité : les formations, les procédures...
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RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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o
o
Les dysfonctionnements des équipements : ascenseur, porte dřentrée, ventilation,
éclairage, chauffage, température de lřeau : sur ces problèmes structurels il
sřagissait plus dřéchanges dřinformations que de solutions à proprement parler, car
elles nřétaient pas de son ressort
Le partage dřoutils : création de fichiers partagés par les 3 services : le « Commun
EPB ».
A compter de 2016 ce Comité de suivi devrait laisser place sur certains problèmes à la
création dřun CHSCT. Néanmoins les 2 instances cohabiteraient car elles nřont pas la
même vocation.
Parallèlement une instance décisionnaire sřest créée en 2015 : un comité de
coordination de lřEspace Pierre Baldini, réunissant les 3 directrices, le directeur général
et le directeur général adjoint. Lřabsence de moyens budgétaires autorisant des
fonctions support (intendance ou économat et agent dřentretien) sur le site constitue un
réel handicap car les problèmes de locaux, de relations avec un syndic aux abonnés
absents, de réactivation des entreprises qui opposent une résistance passive épuisante
aux donneurs dřordre, sřavèrent chronophages pour les directrices, déjà toutes trois
surchargées par des tâches du ressort direct de leur fonction et manquant de
disponibilité pour y faire face.
6. LA GESTION BUDGETAIRE 2015
La réception tardive du budget accordé (9 décembre 2015) a complexifié la réalisation
des investissements prévus dans les locaux du SIOAE 75 mais les projets ont
finalement pu se concrétiser.
Lřaccent a été mis sur les moyens de communication, indispensables à la fluidité de la
communication : installation du WI-FI, renégociation de la téléphonie fixe et mobile,
création de boites mails partagées pour les bureaux des travailleurs sociaux et des
psychologues.
Par ailleurs du mobilier et des tissus ont été choisis pour améliorer la présentation de la
salle dřattente du service.
Enfin, suite a été donnée à un devis remplaçant lřactuel boitier de sonnette extérieur par
un boitier comportant 3 sonnettes (au lieu dřune seule) de façon à ce que chaque
service puisse gérer lřaccueil de son propre public sans déranger les deux autres.
Claude AMIEL.
Directrice
Avec la collaboration de :
Brigitte DECROIX
Vanessa RAÏS
Hélène MOREAU
SIOAE 75
Cheffe de Service
Educatrice Spécialisée
Orthophoniste
Fabienne BLADIÉ Assistante Sociale
Brigitte LAMANDE Assistante Sociale
Nadia BOUCENNA Educatrice Plasticienne
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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SIOAE 75
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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ITEP - SESSAD Le Logis
CONTACT :
ACCES :
Adresse ITEP : 7 rue du Moulin
78 470 St Lambert des Bois
Téléphone : 01 39 44 88 20
Télécopie : 01 30 96 09 80
e-mail : [email protected]
MÉTRO et BUS ITEP :
RER : Ligne B4, St Remy lès Chevreuse ;
7 km de lřétablissement
RER ligne C, gare de St Quentin ; 10km
de lřétablissement
SNCF (depuis Rambouillet, La Défense,
Adresse SESSAD : 1 place Charles de Paris-Montparnasse) :
Gare
de
la
Gaulle
Verrière ; 9 km de lřétablissement
78 180 Montigny le Bretonneux
MÉTRO et BUS ITEP SESSAD :
Téléphone : 01 61 38 27 90
Télécopie : 01 61 38 27 90
gare SNCF, gare routière et RER St
e-mail : [email protected]
Quentin en Yvelines.
ACCUEIL :
LřInstitut Thérapeutique Educatif et Pédagogique Le Logis est un établissement de
lřA.V.V.E.J. (Association Vers la Vie pour lřEducation des Jeunes) qui existe depuis
1953 et qui conformément à sa mission accueille : «… les enfants, adolescents ou
jeunes adultes qui présentent des difficultés psychologiques dont l’expression,
notamment l’intensité des troubles du comportement, perturbe gravement la
socialisation et l’accès aux apprentissages. Ces enfants, adolescents et jeunes adultes
se trouvent, malgré des potentialités intellectuelles préservées, engagés dans un
processus handicapant qui nécessite le recours à des actions conjuguées et à un
accompagnement personnalisé… tels que définis au II de l’article D. 312.59.2».
Article D. 312-59-1 du code de l’action sociale et des familles.
MISSION :
LřITEP et le SESSAD ont pour vocation en conformité avec les dispositions de lřarticle
D. 312-59-1 du CASF, de prendre soin du jeune dans toutes ses dimensions :
Thérapeutique, Educative et Pédagogique.
En arrivant à lřITEP ou au SESSAD lřenfant rentre dans un processus indissociable où
trois champs, thérapeutique, éducatif et pédagogique, complémentaires et dřimportance
égale, agissent en interaction les uns avec les autres afin de créer une synergie et
dřoffrir à lřenfant le meilleur accompagnement possible pour lřaider à surmonter ses
difficultés.
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 66 -
AGREMENTS - HABILITATION :



ITEP : établissement agréé par arrêté du Préfet des Yvelines, No A-04-01699 du
28 septembre 2004. Modification de lřhabilitation dřorigine le 21 juillet 2015 :
accueil de 40 garçons de 8 à 20 ans.
SESSAD : service agréé par arrêté du Préfet des Yvelines, No A-05-01205 du
27 juin 2005 ; Modification de lřhabilitation dřorigine le 21 juillet 2015 : accueil de
28 garçons et filles de 6 à 20 ans.
Prise en charge sur décision d'orientation de la Commission des Droits et de
l'Autonomie des Maisons Départementales des Personnes Handicapées.
STRUCTURE :
Direction : Geneviève de Foucauld, directrice ; Olivier Cadiou, directeur adjoint.
Chef de service : Alain Ribout ; Martial Martinez Lopez ; Stéphane Goutel ; Daniel Valot
(SESSAD)
Effectif ITEP SESSAD :






Equipe thérapeutique : 2 psychiatres, 3 psychologues, 1 médecin, 1 infirmière, 1
psychomotricienne, 2 orthophonistes, 1 art-thérapeute.
Equipe éducative : 19 éducateurs, 4 maitresses de maison, 3 veilleurs de nuit
Assistante sociale : 1
Equipe pédagogique : 3 enseignants, 4 éducateurs scolaires, 1 éducateur
technique
Fonctions support : 2 hommes dřentretien, 2 chauffeurs
Equipe administrative : 2 économes/comptable, 3 secrétaires
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
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RAPPORT D’ACTIVITE 2015 – ITEP – SESSAD Le Logis
Mme De FOUCAULD - Directrice
Préambule
2015 est marqué par lřaboutissement de plusieurs dossiers essentiels amorcés il y a
plus de quatre ans déjà :
Lřévaluation externe, résultat dřun travail commencé en 2012 par la réécriture du projet
dřétablissement, et précédé de lřévaluation interne conduite en 2014.
Ce regard objectif, porté par des tiers sur lřinstitution dans son ensemble, nous
encourage à poursuivre le travail amorcé sur la réorganisation institutionnelle et sur
lřamélioration de lřaccompagnement proposé au Logis aux jeunes et à leur famille, jugé
pertinent.
Début janvier, nous avons également eu une inspection des services de lřARS qui par
son absence de remarques significatives concernant lřaccompagnement des jeunes a
elle aussi validé la pertinence de notre travail auprès de ceux-ci. Quelques points
dřaméliorations cependant ont été pointés concernant principalement lřorganisation
administrative telle que la souhaiteraient les services de lřétat (procédures, tenue des
registres, fiche de poste…) et des problèmes techniques de matériel. Il reste encore
beaucoup à faire et à penser mais il est encourageant de savoir que nous sommes dans
une dynamique satisfaisante pour les pouvoirs publics qui nous financent mais aussi et
avant tout pour les jeunes que nous accueillons et pour leur famille.
Premier trimestre 2015, nous apprenions que le Logis était inscrit sur la « liste » de
rouge de lřARS comme 1000 autres établissements de la région parisienne. Il était
reproché au Logis de ne pas respecter le nombre de places installées prévues par son
habilitation, dřavoir une activité nettement inférieure au 95 % demandé aujourdřhui par
lřARS et dřavoir un coût à la place très supérieur à celui de la moyenne régionale.
Un gros travail de restructuration a permis dřabaisser de façon significative le coût de
lřaccompagnement à lřannée des jeunes pour se rapprocher de la moyenne régionale,
calculée il faut le rappeler, sur un ensemble dřinstitutions dont les modalités
dřaccompagnement peuvent être très différentes. Aujourdřhui le coût à lřannée dřun
jeune reçu au Logis reste supérieur à cette fameuse moyenne régionale mais il est
important de souligner que nous sommes la seule institution du département à continuer
à accueillir en internat complet les trois quart de notre effectif, dont une majorité de
jeunes qui nřont plus leur place ailleurs.
Il est également important de noter que ce travail de réduction des coûts sřest fait sans
amputer les moyens permettant un accompagnement de qualité.
Le dialogue parfois difficile, amorcé il y a plus de 3 ans avec lřARS, sřest intensifié et en
juillet 2015 nous avons reçu notre nouvelle habilitation. LřITEP le Logis est désormais
habilité à recevoir 40 jeunes garçons de 8 à 20 ans dont 30 en internat, 8 en semi
internat et 2 en semi internat de fin de parcours. Le SESSAD quant à lui accueille 10
jeunes supplémentaires soit un total de 28 jeunes (filles et garçons) et lřâge dřarrivée
possible des jeunes a été abaissé à 6 ans.
La clôture de ces dossiers marque le début dřune nouvelle étape pour le Logis, ITEP et
SESSAD confondus, où la confiance dans la qualité de notre travail et lřapaisement ont
retrouvé toute leur place dans nos relations avec lřARS, la Mdph et nos partenaires de
lřéducation nationale.
Dans ce contexte plus apaisé, la réflexion sur lřamélioration de lřaccompagnement
proposé aux jeunes se poursuit ainsi que la montée en compétence de lřensemble des
salariés.
ITEP – SESSAD Le Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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La recherche dřune collaboration étroite avec les familles des jeunes que nous
accueillons a été un axe essentiel de notre réflexion concernant lřaccompagnement des
jeunes cette année. Dès lřadmission, que ce soit à lřITEP ou au SESSAD, un travail
dřinclusion, dřexplication, de mise en confiance, est fait pour construire le climat qui
permettra cette collaboration des familles, indispensable à la progression des jeunes.
Certaines familles aujourdřhui considèrent lřinstitution comme un point de repère et un
endroit où ils peuvent déposer en confiance leurs difficultés et trouver une écoute et une
aide bienveillante : le travail fait lors des CPCE8, la disponibilité des parents lorsque
nous les sollicitons, leur assiduité et la présence des fratries lors des samedis qui leur
sont consacrés en témoignent. Voir les uns et les autres mettre la main à la pâte pour
faire de ces matinées un temps de partage et de convivialité, est pour nous une source
de joie et dřencouragement à poursuivre cette recherche, car il nous arrive, a contrario,
de mesurer les conséquences très négatives dans notre travail auprès dřun jeune
lorsque nous ne parvenons pas à travailler en confiance avec sa famille.
Durant toute cette année 2015, nous avons continué à travailler, échanger, apprendre
pour développer notre expertise des troubles du comportement et de la conduite. Des
formations collectives ont été mises en place comme « Renforcer sa professionnalité
auprès de préadolescents de dřadolescent difficiles accueillis en ITEP », conduite par
Michel Defrance, administrateur de lřAVVEJ et ancien directeur dřITEP, et des temps
dřéchanges et de réflexion autour du «Diagnostic partagé» ou lors des temps dřanalyse
des pratiques avec un nouvel intervenant
Lřintégration de la dimension de soin dans tous les espaces dřaccompagnement au
travers dřun travail très concret est portée par lřensemble de lřéquipe thérapeutique :




Présence des psychologues à toutes les réunions dřéquipe éducative pour
enrichir la réflexion des éducateurs sur la vie du groupe et sur les situations de
chaque jeune.
En plus de la présence hebdomadaire du psychologue chaque lundi pour un
temps de travail avec lřéquipe pédagogique, présence du médecin psychiatre qui
est venue soutenir elle aussi la réflexion bien nécessaire pour remettre ces
jeunes dans les apprentissages.
lřorganisation dřateliers croisés avec les pédagogues et les éducateurs et de
temps dřéchange avec les enfants comme le groupe de parole dans une classe
ou lors du temps dřaccueil sur le groupe de semi-internat le lundi matin.
Un travail dřanalyse des pratiques a commencé également en septembre avec
un nouveau formateur très expérimenté, avec la particularité pour le SESSAD de
partager ce temps avec les thérapeutes.
Au SESSAD comme à lřITEP, nous devons continuer à être innovants dans notre
recherche afin dřélargir lřhorizon souvent si étroit, si fermé de ces jeunes. Notre travail
cřest aussi de leur faire vivre des expériences qui vont les construire, les enrichir, les
bousculer, les marquer, comme le faisait déjà Jean Claude Ferrand avec les « loisirs
thérapeutiques ». Lorsquřon interroge les anciens de St Lambert cřest de cela dont ils se
souviennent : la spéléo, les sorties en montagne, le bateau construit avec Tino... Les
expériences artistiques, la découverte du beau, de la nature, du monde en général et en
particulier celui auquel ils nřont pas eu accès, font pleinement partie de notre mission de
soin, dřéducation et dřenseignement.
A plusieurs reprises, les équipes ont pu sřextraire du quotidien souvent pesant et
enlisant de lřinternat pour oser des séjours « autrement », comme le séjour organisé en
Drome Provençale par Benoit, notre éducateur environnement, ou tout simplement la
nuit passée dans les hamacs sous les tilleuls du Logis pour les jeunes semi-internes du
Cap. A chaque fois ils ont pu constater toute la richesse de ces expériences ;
8
Conseil de Paroles et Commission Educative
ITEP – SESSAD Le Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 69 -
individuellement pour chaque jeune, mais aussi pour lřensemble du groupe et pour les
éducateurs eux-mêmes.
2015 cřest aussi malheureusement lřinterruption brutale, fin juin, à la demande de lřARS,
de notre participation à lřexpérimentation DITEP.
Pouvoir sortir du cadre contraint de la notification MDPH et penser lřaccompagnement
dřun jeune en termes de parcours pouvant évoluer au gré de ses besoins, de ses
souhaits pour son avenir et de ceux de sa famille nous donnent la souplesse nécessaire
pour être réactifs, inventifs et rester au plus près des besoins du jeune. Le dispositif
nous permettait aussi dřéviter des ruptures inutiles lorsque lřenfant « nřen peut plus » et
quřil retourne à la maison sans que nous ayons eu le temps de penser et de mettre en
place dřautres perspectives.
Cette interruption est pour nous un pas en arrière qui nous prive dřune manière de
penser et de construire lřaccompagnement personnalisé dřun jeune, demandé par la loi
2002 et celle de 2008.
2015 cřest aussi la préparation dřun projet qui verra son aboutissement pour la rentrée
scolaire 2016 : le déménagement de lřunité de vie de Raizeux à St Lambert des Bois.
Cette décision a été longuement murie et lřouverture de cette nouvelle unité de vie,
appelée « Terre neuve » se fait avec lřidée que le rassemblement de tous jeunes du
Logis sur le site de St Lambert, va nous permettre de mieux travailler, échanger et
mutualiser nos moyens comme nos savoir-faire pour un meilleur accompagnement des
jeunes.
La fermeture de Raizeux, ouvert depuis plus de 20 ans est pour certains salariés une
étape importante car ils y ont vécu lřessentiel de leur vie professionnelle au Logis. Mais
lřâme dřun lieu nřest pas uniquement constituée par des murs ou un jardin mais bien
par la qualité dřune équipe qui porte ensemble un projet et nous sommes confiants dans
le fait que lřéquipe en place aux Eterlous saura transposer tout son savoir-faire et son
savoir-être à St Lambert.
2015 sřest donc achevée de façon plus sereine quřelle nřavait commencé. Nous
sommes conscients dřavoir franchi quelques tourbillons dangereux et de pouvoir
aborder des rivages un peu plus paisibles qui vont nous permettre dřapprofondir le
travail commencé. Lřécueil à éviter aujourdřhui est de penser que nous pouvons nous
reposer sur nos lauriers. Lřéquilibre dřune institution, sans cesse remis en question, doit
être le résultat dřune tension permanente entre deux pôles :


Dřune part, le désir de mettre en place une organisation et un fonctionnement
rationnels nous permettant de répondre le mieux possible aux contraintes
administratives et sécuritaires de plus en plus envahissantes, mais aussi de
donner une visibilité et des repères nécessaires à la gestion dřune institution de
cette taille ;
Dřautre part, la nécessité de laisser lřespace à la création, lřinnovation,
lřinterrogation, la prise de risques qui engendrent une forme de désordre mais
qui sont constitutifs de la vie elle-même.
Sans eux, lřaccompagnement de ces jeunes qui viennent sans cesse nous bousculer
par leur trop plein de souffrances et de difficultés, ne peut être pensé et lřinstitution se
réduirait bien vite à un ensemble de procédures et de règlements mortifères, loin des
valeurs portées par lřAVVEJ : Association vers la vie et pour lřéducation des jeunes.
ITEP – SESSAD Le Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 70 -
L’I.T.E.P
L’activité
I.
2015 est encore une année de transition marquée par le changement dřhabilitation du
Logis en juillet, modifiée afin dřajuster notre capacité dřaccueil et nous permettre de
sortir de la situation de déséquilibre qui perdurait depuis trop longtemps.
a. Capacité d’accueil de l’ITEP
Suite à la fermeture du Mesnil fin 2013 le nombre des places installées au Logis, a été
de 32 places jusquřen juillet 2015 : 24 places dřinternat et 8 places de semi-internat ;
puis de 40 places depuis août 2015 : 30 places dřinternat, 8 places de semi-internat et 2
places de semi-internat de fin de parcours suite à notre changement dřhabilitation le 21
juillet 2015.
b. Photographie de l’effectif 2015 et des admissions
Nous avons accueilli en moyenne sur lřannée entre 31 et 35 jeunes :



Entre 24 et 27 jeunes en internat
Entre 4 et 8 jeunes en semi-internat
A partir dřaoût 2015, 2 jeunes en semi-internat fin de parcours
12
10
8
6
4
2
0
Age des enfants accueillis au Logis en 2015
10
6
5
5
3
3
1
1
1
9 à 10 10 à 11 11 à 12 12 à 13 13 à 14 14 à 15 15 à 16 16 à 17 17 à 18
ans
ans
ans
ans
ans
ans
ans
ans
ans
Répartition des 35 jeunes accueillis en 2015, selon le
régime d'accueil
semi-internes fin
de parcours : 2
Internes
semi-internes
semi-internes fin de parcours
semi-internes : 7
Internes : 26
ITEP – SESSAD Le Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 71 -
Répartition des 35 jeunes suivant leur âge, et le régime d'accueil
6
5
4
3
7
4
3
2
2
1
7
Légende :
Internat
semi-internat
semi-internat,
fin de parcours
7
1
0
1
0
00
2
1
0
1
0
1
00
2
1
0
1
1
0
00
16 ans
17 ans
0
9 ans
10 ans
11 ans
12 ans
13 ans
14 ans
15 ans
On peut constater que 74 % des garçons accueillis ont entre 13 et 17 ans dont la
majorité en internat.
c. Dossiers d’admission

76 dossiers reçus :
- 36 dossiers pour le département du 78 : 15 demandes dřinternat, 18
demandes de semi-internat et 3 sans précision quant à la modalité
dřaccueil.
- 40 dossiers hors département : 24 demandes dřinternat, 2 de semiinternat et 14 sans précision quant à la modalité dřaccueil.

55 refus sur dossier dont :
- 9 pour des raisons dřéloignement géographique
- 7 jeunes étant déjà accueillis dans un autre établissement
- 4 dossiers concernaient des filles
- 13 dossiers car la problématique des jeunes nřétait pas adaptée à lřitep
Le Logis
- 11, lřeffectif du groupe pouvant les accueillir étant complet
- 6 pour des raisons de manque dřadhésion de la famille
- 4 car lřitep Le Logis ne permettait pas la poursuite du projet professionnel
du jeune
- 1 car nous nřavons pas pu rentrer en contact avec la famille.

18 visites dřadmissions ont été réalisées par lřéquipe :
- 10 jeunes ont été admis
- 2 jeunes ont été mis en liste dřattente
- 2 jeunes ont été accueillis dans dřautre établissement
- 4 refus dřadmission ont été prononcés suite aux rendez-vous car
lřétablissement nřétait pas en mesure de prendre en charge les
problématiques de ces jeunes.

3 dossiers reçus en fin dřannée ont été traités sur lřannée 2016.
ITEP – SESSAD Le Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 72 -
Départs
6 jeunes ont quitté lřITEP
- 1 jeune a été accueilli sur un dispositif de classe relais au lycée Colbert
- 1 jeune est parti poursuivre sa formation professionnelle en MFR après plusieurs
années de présence au Logis
3 jeunes ont été accueillis en IME et IM-Pro
- 1 jeune reste sans solution, après avoir été accueilli à lřITEP le Logis pendant 7
ans. Aucun IME nřa voulu lřaccueillir malgré une notification de réorientation en
IME faite par la MDPH.
d. Taux d’activité
Lřactivité théorique est calculée dřaprès lřancienne habilitation, soit 50 places installées
dont 42 places dřinternat.
Lřactivité accordée par lřARS au budget 2015 tient compte des places réellement
installées, soit 32 places jusquřen juillet 2015 et 40 places à partir dřaoût 2015.
Internat



Activité théorique : 8 820 journées.
Activité retenue par lřARS au budget : 4 713 journées.
Journées réalisées : 4 770.
Semi-internat



Activité théorique : 1 680 journées.
Activité retenue par lřARS au budget : 1350 journées.
Journées réalisées : 1493 dont 148 journées de semi-internat de fin de parcours
mis en place à partir de septembre 2015.
Total des journées accordées par l’ARS : 6 063.
Total des journées réalisées : 6 283, soit 103,62 % de lřactivité accordée.
Journées non comptabilisables :
La baisse constante des journées dřabsence des jeunes se confirme : 312 en 2015
contre 633 en 2014, 713 en 2013 et 1 131 en 2012.
LřITEP le Logis a su ces deux dernières années développer des outils innovants afin de
répondre au mieux aux situations de crises qui ne manquent pas dřarriver dans les
ITEP. Ce travail a permis dřaméliorer de façon visible et constante la qualité de
lřaccompagnement que nous proposons aux jeunes mais aussi de diminuer de façon
sensible lřabsentéisme et les ruptures de parcours.

Le travail de compréhension et dřadhésion au projet de leur fils et au
fonctionnement de lřITEP, fait auprès des familles dès lřadmission donne des
résultats très positifs quant à lřabsentéisme.

Lřinstance dřéchange du CPCE (Conseil de Paroles, Commission Educative)
régulatrice des tensions et des conflits permet également de désamorcer des
situations qui autrefois aboutissaient à des interruptions de prise en charge.

La mise en œuvre de la nouvelle modalité dřaccompagnement appelée « Prise
en Charge Hors Cadre » pour les jeunes les plus en difficulté au sein du Logis,
démarrée en novembre 2013 se révèle également très pertinente dans les
ITEP – SESSAD Le Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 73 -
réponses à apporter aux jeunes et dans la diminution des journées dřabsences
et de suspension de prise en charge.
e. Un excédent financier
Nous présentons un résultat comptable excédentaire de 123 385 euros rendu possible
essentiellement par la vigilance de tous pour ajuster nos dépenses à la réalité des
effectifs réellement accueillis à lřITEP.
Un travail pédagogique est également fait depuis plus de 4 ans auprès des jeunes mais
aussi auprès des salariés autour de la question de la consommation dans les
Institutions. En rendant chacun plus responsable face aux dépenses institutionnelles et
en ayant recours à lřingéniosité et à la vigilance de chacun, nous avons pu continuer à
faire avec moins de moyens, sans toucher à la qualité de lřaccompagnement.
II.
Ressources Humaines
Lřéquipe du Logis a continué de se stabiliser et nous avons enregistré peu de
mouvement de personnel.
a. Mouvement du personnel
Arrivées :
- 2 personnes en CDI (1 orthophoniste et 1 maitresse de maison)
- 7 personnes en CDD principalement des éducateurs pour assurer des
remplacements maladie longue durée ; 2 éducatrices ont vu leur contrat CDD se
transformer en CDI en 2016.
Départs :
- 1 départ à la retraite dřune maitresse de maison.
- 3 démissions dont 2 dřéducateurs et 1 secrétaire.
- 7 fins de CDD.
Intérim :
- 11 personnes sont venues travailler en intérim pour de courtes missions
essentiellement des veilleurs de nuits afin dřassurer la continuité de la prise en
charge des jeunes en internat.
b. Arrêts maladie
En 2014 nous enregistrions 2 719 journées. En 2015, nous enregistrons une
augmentation de 67 % avec 4 040 journées dřarrêt maladie dont :
- 125 jours de congés maternité (3 personnes)
- 660 jours de congé parental (3 personnes)
- 2309 jours concernant 9 personnes pour des arrêts longue maladie
supérieurs à 100 jours.
Cette question des arrêts maladie, récurrente dans le secteur médico-social, reste un
point crucial qui vient trop souvent mettre à mal la continuité de la prise en charge des
jeunes et lřéquilibre des équipes et de lřinstitution en général.
La gestion des dossiers de ces salariés absents est chronophage et mobilise une part
importante de lřénergie de lřéquipe de direction qui doit gérer les remplacements et de
lřéquipe comptable qui a la responsabilité du suivi administratif.
ITEP – SESSAD Le Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 74 -
c. Formation
La question de la formation reste prégnante au Logis et nous essayons avec les
moyens qui sont les nôtres de continuer de permettre à un maximum de personnes de
pouvoir bénéficier de ces temps de réflexion et de recul, bien nécessaires dans ces
métiers que nous exerçons.






III.
Le travail commencé en 2014 pour 15 personnes sur les questions liées à
lřagression, « je třagresse, tu mřagresses, nous communiquons » sřest poursuivi
en 2015.
La totalité des éducateurs, des pédagogues et des chefs de service a suivi une
session de formation dispensée par Michel Defrance sur la question « Renforcer
sa professionnalité auprès de préadolescents et dřadolescents difficiles accueillis
en ITEP.
Notre éducateur technique « environnement » est allé parfaire ses
connaissances en permaculture.
Un chef de service a eu la chance de pouvoir suivre le DU dirigé par Philippe
Jeammet sur la question « des adolescents difficiles ».
6 salariés, essentiellement lřéquipe thérapeutique, accompagnés par le directeur
adjoint, ont suivi les Journées dřétudes, de recherche et de formation organisées
chaque année par lřAIRe. La thématique cette année était « Des corps. Entre
corps et psyché. Penser ce qui les habite. »
11 salariés ont également pu participer au Séminaire organisé par lřAVVEJ tous
les deux ans. 2015 a été lřannée où nous avons essayé de réfléchir sur une
question ô combien dřactualité « Normes, règles, lois : quels repères pour
lřinstitution éducative ? »
Bilan de l’accompagnement
a. Bilan Thérapeutique
Des départs momentanés et des arrivées ont marqué ce début dřannée 2015 :

Congé de maternité de la psychomotricienne en poste dont le remplacement
a été assuré par la psychomotricienne récemment diplômée à l'issue de son
année d'apprentissage au sein de l'Itep . Cette continuité, actée par un
Ŗtuilageŗ de quelques jours, a permis de préserver la créativité et de
maintenir le fort investissement de ces professionnelles auprès des enfants
tout au long de l'année, qui en réponse ont adhéré fortement aux prises en
charge proposées.

Arrêt maladie de plusieurs mois d'une psychologue. Le reste de lřéquipe a su
prendre le relais et les rencontres psychologiques individuelles pour chaque
jeune accueilli ont pu se poursuivre sans conséquences négatives.

Lřaccueil dřune nouvelle orthophoniste, après une année de vacance du
poste. " je découvre les jeunes accueillis au travers des bilans, tant par la
passation des items que par la façon dont la relation peut sřinstaller au cours
de ces quatre ou cinq séances : quelles sont leurs stratégies de réussite,
dřévitement, face à une difficulté…Mais je les découvre aussi et surtout à
travers le regard que les adultes portent sur eux, ce que chaque pédagogue,
éducateur, thérapeute, tout intervenant auprès du jeune peuvent en révéler.
Ces regards croisés, à croiser, sont les piliers du « prendre soin », dřoù mon
attachement à rencontrer chacun".
ITEP – SESSAD Le Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 75 -
Tous ces mouvements de personnel ont nécessité de renforcer encore la mise en
œuvre du travail de collaboration existant afin dřéviter un impact négatif sur
lřaccompagnement des jeunes.
ŖApprendre le manque, le changement , l'attente, s'autoriser une perte pour une
nouvelle rencontre, le plaisir de se retrouver, s'assurer de n'avoir pas été oublié ...voici
les enjeux, riches d'aléas que ces situations de rupture de suivi génèrent. Nous tentons,
autant que possible, que des relais soient chaque fois mis en place afin de soutenir les
mouvements émotionnels qui les accompagnent. Notre vigilance s'attarde sur les
ressentis des enfants mais aussi sur ceux des adultes. L'institution acte sa fonction
soignante dans la mise en œuvre de la permanence de l'autre, permanence du lien,
possibilité du tissage de la relation. Le jeune apprend à faire confiance, à supporter un
nouvel attachement au risque de s'en séparer et de grandir un peu plus... La mise en
place de ces relais est soutendue par la conviction de l'importance de la continuité du
soin conjointement à la singularité de chaque thérapeute. Il s'agit donc, chaque fois, de
la proposition d'une nouvelle rencontre qui participera à accompagner le jeune dans son
parcours d'élaboration psychique.
Par ailleurs, lřéquipe a poursuivi tout au long de l'année le soutien aux équipes dans le
cadre de l'interdisciplinarité.

ŖAu Logis, les éducateurs viennent facilement et régulièrement échanger dans
nos bureaux, participer à un entretien à leur demande, celle du jeune ou du
psychologue. Ces rencontres complètent les temps de travail communs
existants lors des réunions d'équipes chaque semaine. Un temps de travail
hebdomadaire a lieu également avec le chef de service éducatif permettant
échanges, réajustements et approfondissements de la réflexion. Ces rencontres
répétées favorisent le tissage de liens professionnels, les découvertes et
l’enrichissement des pratiques respectives. Des projets peuvent naître, de la
créativité apparait dans les prises en charge, ateliers éducateurs - psychologue,
participation au séjour.... Une expérience à la croisée des regards et des
pratiques spécifiques à chaque entité professionnelle dans le but commun du
prendre soin de l'enfant. »

Initiée à la rentrée de septembre 2014, l'année 2015 a permis la pleine
consolidation du travail dřune des thérapeutes de l'I.T.E.P. présente sur le site de
Raizeux tous les vendredis matins. Ce ne sont plus les enfants qui se déplacent
mais la thérapeute qui va à leur rencontre sur leur lieu de vie. Quelle place
possible dans la vie de ce groupe ?
" Arrivée de bon matin, allais-je attendre dans mon bureau ou pouvais-je entrer
sur le lieu de vie? Ce moment particulier, où il a fallu que je trouve ma place
progressivement - un psy au p'tit dej ! Et puis quoi encore! - est riche
d'observations de la vie d'un groupe.
Des rituels se mettent en place : lorsque je rentre sur le groupe, je salue les
jeunes et leurs éducateurs, leur souhaitant bon appétit. Je réponds aux
possibles questions et rejoins un des éducateurs dans la cuisine qui jouxte la
salle à manger. Tous ces mouvements, ce que je vois, j'entends, les mots
échangés avec les enfants, entrecoupés par la transmission d'informations
réciproques entre éducateurs et psychologue, ont permis au fil du temps, une
autre rencontre avec l'équipe sur leur lieu d'exercice "principal".
Marjorie Vandepuy Psychologue clinicienne
b. Bilan Educatif
ITEP – SESSAD Le Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 76 -
Fin 2013, les cadres de direction, assistés par lřéquipe thérapeutique, ont entamé avec
les équipes un travail de réflexion appelé « diagnostic partagé » afin de mieux cerner le
travail très spécifique des équipes en ITEP.
Cinq items ont été retenus pour être lřobjet de la réflexion de tous :





la gestion du quotidien,
le travail en équipe,
les écrits professionnels,
la gestion du conflit
le travail avec les familles.
Cette réflexion a été étayée par ailleurs par des temps de formation, en particulier sur
les écrits professionnels et la gestion des conflits. Ces temps de réflexion qui doivent se
poursuivre et se formaliser pour rendre plus visible notre spécificité au cœur de
lřinstitution a permis à beaucoup de se questionner. Certains ont confirmé leur vocation
« dřitepiens » et dřautres ont pris conscience que lřaccompagnement de jeunes dans
dřautres lieux leur était préférable.
Le médecin psychiatre et le directeur adjoint se sont particulièrement penchés ensemble
sur le travail avec les familles dès lřadmission. Ce travail dřinclusion, dřexplication, de
recherche dřadhésion et de partenariat de la famille dans lřaccompagnement de leur fils
a impacté de façon très positive lřaccueil des jeunes.
Regard sur l’admission du directeur adjoint, Olivier Cadiou
Le processus dřadmission est un organe institutionnel qui ne supporte ni lřerreur ni
lřapproximation. Une admission bien menée cřest l'assurance dřune sortie honorable.
Tout commence par une première rencontre. Il sřagit de ne pas la rater car tous les
anciens dřinstitution vous le diront : « on sřen souvient toute notre vie… » Voilà qui met
la pression…
Après les présentations dřusage : « nous allons parler de la notification MDPH…! »
Cřest donc la maison départementale pour lřautonomie des personnes handicapées…
« Es-tu handicapé ???
Te manque-t-il une jambe, un bras, un œil ??? Non ?
Pardon nous avons dû nous tromper, au revoir…
Pardon ??? C’est ton comportement qui est handicapant ??? Veux-tu m’en dire un peu
plus… ».
La base du processus dřadmission, cřest une famille et un enfant qui viennent nous faire
une demande et certainement pas le dossier que nous avons sous les yeux à ce
moment-là et où lřadmission se résumerait à une vérification de ce qui sřy trouve et de
la famille. Il est donc primordial quřils puissent formuler leur demande sans aucune
introduction ou intervention de notre part.
Il sera alors souvent nécessaire de préciser que la venue à lřITEP est leur démarche,
quřil nřy a là aucune obligation et quřen aucun cas nous ne sommes la protection de
lřenfance. Ce qui les amène, cřest leur impuissance, leur souffrance et la certitude que
sans savoir comment, ils ont tous envie que cela sřarrête.
Une fois que lřenfant et la famille auront, tour à tour, expliqué leurs raisons et leurs
attentes, il sera souvent nécessaire de préciser que nous ne sommes pas une école.
Que le pédagogique est un outil (au même titre que lřéducatif et le thérapeutique) au
service du soin de leur enfant afin de lřaider à renouer avec les apprentissages,
ITEP – SESSAD Le Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 77 -
retrouver une posture dřélève autour dřun projet qui fasse sens, et quřune fois ce but
atteint, lřécole fera mieux que nous. Et que si cřest lřécole qui a été bien souvent le
révélateur de cette souffrance, le handicap de leur enfant réside également dans son
impossibilité à sřintégrer socialement car il ne possède pas les codes nécessaires et ne
sait pas comment les assimiler.
Nous abordons ensuite la partie la plus délicate où il est dit que lřenfant a besoin de
soins et que ce qui fait soins en ITEP cřest lřinterdisciplinarité. Comment reconnaitre et
accepter que son enfant est différent, handicapé psychiquement (car en défaut
dřélaboration psychique) alors que son intelligence est préservée et que son handicap
nřest pas …visible. Si pendant lřadmission il y a souvent une adhésion et une
acceptation de surface de cet état de fait, il faudra bien souvent une année entière pour
lever les résistances et la souffrance du désespoir dřavoir un enfant différent, enrayer un
processus fataliste et redonner espoir.
Nous insistons alors sur le fait quřà lřITEP le LOGIS, puisque lřenfant a besoin de soins,
il faudra se conformer à la prescription :
-
-
-
-
reconnaître et accepter à moyen terme la différence de lřenfant, pour lui laisser
lřopportunité de sřinscrire dans un processus soignant, sans rentrer dans un
conflit de loyauté vis-à-vis de ses parents qui, désirant à tout prix un enfant
« normal », resteraient dans le déni de ses troubles.
Se rendre disponible chaque fois que lřITEP le jugera nécessaire pour lřaccueil
et lřaccompagnement de leur enfant (a minima 2 fois par an pour la signature du
projet personnel dřaccompagnement et six samedis matin par an pour la réunion
famille avec les différents professionnels qui travaillent avec leur enfant).
Que leur enfant est en souffrance psychique et quřà ce titre la prescription de
lřITEP est de 210 jours de présence par an et quřaucune absence ne saura être
tolérée sans motif réel et justificatif. Les dates de vacances des parents, la
location du mobil home, le barbecue familial ne seront pas retenus comme
raisons valables mais plutôt comme le déni des troubles de lřenfant à des
moments bien choisis. Le non-respect de cette consigne donnera lieu à une
convocation où lřon se redira lřimportance dřautoriser son enfant à avoir besoin
de soins.
Enfin, on se rappellera chaque fois que nécessaire, que si leur enfant est mis à
lřécart par sa différence, ce nřest la faute de personne : ni de lřécole qui nřest pas
équipée pour recevoir la différence, ni de leur enfant, qui est le premier à en
souffrir et quřune chose est sûre : cřest que sřil savait fonctionner autrement il le
ferait ; et enfin ni de leur faute à eux, les parents, qui nřont pas fait exprès de
mettre leur enfant en difficulté parce quřils nřauraient pas su, pu, voulu bien faire.
Par contre que chacun prenne sa part de RESPONSABILITE ; que chacun
reconnaisse et convienne de ses erreurs et tente dřy remédier sans porter la
faute ou la responsabilité sur lřautre.
Enfin, lřentretien se termine toujours par la même question : « es-tu quelqu’un de bien ?
Es-tu une belle personne ? »
Un ITEPIEN répond souvent : « non !, je ne fais que des bêtises et je rends mes parents
malheureux ». Un enfant est par définition une belle personne, et notre travail est dřaller
réveiller cet être endormi par des années de malentendus. La tâche est ardue et nous
nřavons pas le droit à lřerreur car elle est souvent lourde de conséquences et
catastrophique pour ces enfants qui ont si peu dřestime dřeux-mêmes. Voilà pourquoi
nous prenons parfois beaucoup, beaucoup, vraiment beaucoup de temps pour faire les
admissions à lřITEP le LOGIS pour que tout chemine et que chacun soit sûr de faire le
bon choix.
ITEP – SESSAD Le Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 78 -
Car nous avons une fleur unique au monde, qui sur la planète ITEP ne demande quřà
éclore, « car une mauvaise herbe, c’est une herbe dont on n’a pas encore découvert les
vertus… ». Dessinons-lui un ITEP.
Regard sur l’admission du Dr Laurence L'hostis - Le Louarn, médecin psychiatre
Le second temps de la visite d'admission est la rencontre du médecin psychiatre. Elle
symbolise l'entrée dans le processus de soin que constitue l'ensemble du dispositif de
l'Itep.
Il convient de rappeler que la demande des parents est à lřorigine de l'admission en
ITEP, selon la procédure de la MDPH. Ce n'est pas un placement à caractère social au
titre de l'assistance éducative ou de la protection de l'enfance. L'enfant n'est pas
reconnu en situation de danger dans le milieu familial. Ses actes passés ne justifient
pas d'un suivi de protection judiciaire.
L'enfant et ses parents sont reçus ensemble durant une heure ou plus. La présence
conjointe des deux parents est demandée. Selon la nature des liens parentaux des
aménagements sont réalisés afin de s'assurer que chaque parent soit reçu avec son
enfant. C'est, dès l'admission, la prise en compte que les premiers interlocuteurs seront
le père et la mère, détenteurs de l'autorité parentale.
Cette première rencontre doit permettre de valider l'orientation inscrite sur la notification
MDPH. Non pas une simple confirmation administrative mais une validation de la
compréhension par l'enfant et ses parents de la symptomatologie qui motive une telle
décision. Il s'agit donc de déterminer et d'actualiser ensemble, la nature des troubles du
comportement et des conduites qui entravent les capacités de socialisation et
d'apprentissage. Les symptômes colligés sont teintés d'une coloration psychiatrique,
déficitaires et/ou du registre de la délinquance mais ne sont, en aucun cas, fixés dans
l'un ou l'autre de ces secteurs. C'est une clinique à la croisée de ces possibles
trajectoires.
La famille sera une ressource à toutes les étapes de la prise en charge. Les parents
sont porteurs et rapporteurs de l'histoire de leur enfant. L'écoute de l'anamnèse va
permettre une nouvelle narration, ponctuation d'une vie à revisiter afin de mieux
comprendre les liens, les interactions, les ruptures, les incompréhensions, les blessures
mais aussi les choix, les réussites, les envies, les attentes et les projets qui concourent
à la vie actuelle de l'enfant au sein de cette famille. L'enfant semble souvent découvrir
des éléments de son histoire. L'échange apporte aussi des indications sur les
compétences parentales anciennes et actuelles, compétences qui seront
indispensables à la mobilisation d'un réel processus soignant.
Au fil de la discussion sont exposées les modalités de prise en charge que peut
apporter l'Itep.
L'Itep n'est pas une école bien que la présence de l'unité d'enseignement pourrait le
faire penser. L'Itep est un lieu où seront proposées des approches pédagogiques,
éducatives et thérapeutiques, toutes destinées à mobiliser le jeune autour de son
comportement et de ses conduites. De la compréhension du sens que peuvent avoir ces
nouvelles modalités d'entrée en relation avec l'autre, avec les savoirs, débutera une
nouvelle réflexion. Cette élaboration psychique doit permettre la mobilisation de
compétences nouvelles et la modification possible du comportement. C'est un
processus long, qui nécessite de prendre le temps. Plus qu'une réparation, une
rééducation c'est la construction d'un enfant, qui n'a pu, jusque là, développer les
capacités d'expression émotionnelles et cognitives lui permettant le vivre ensemble et
l'accès réel aux apprentissages.
ITEP – SESSAD Le Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 79 -
L'une des particularités de l'Itep Le logis est l'accueil majoritaire des enfants en internat.
L'internat est synonyme de séparation, de mise à distance volontaire de la dynamique
familiale. Cette séparation doit inclure les parents à leur juste place. Parents épuisés,
démunis face aux comportements de leur enfant, dévalorisés par le regard scolaire,
social. Des parents qui expriment leur incapacité à faire face aux troubles de leur enfant.
Cette démarche doit être volontaire, certes souvent guidée par les professionnels qui
jusqu'à ce moment là étaient en charge de leur enfant. Ils acceptent l'idée d'une
séparation temporaire de la dynamique familiale afin que chacun puisse souffler. Dans
la réalité des premières rencontres, ces parents évoquent quelques semaines, quelques
mois, jamais plusieurs années d'internat. La demande d'internat est une pause, le
souhait d'un retour au domicile, dès que l'enfant s'est apaisé est le plus souvent
formulée.
Rares sont les enfants qui expriment d'emblée une demande propre d'entrée en
internat. C'est une adhésion de nécessité dans le contexte d'un nouveau dispositif qui
leur est proposé, c'est une injonction parentale, scolaire, sociale. La formulation souvent
de la dernière chance après une série d'échecs. Il sřagit de s'assurer que l'enfant et les
parents sont dans la capacité de vivre cette séparation dans la réalité. La notion de
temps de séparation que lřenfant est capable de vivre sans se sentir anéanti sur le plan
émotionnel et intellectuel doit être évaluée. Sans quoi, se sentant rejeté, abandonné,
lřenfant devient inaccessible aux influences éducatives de l'internat et cela renforce
alors ses troubles du comportement.
Tout au long de l'entretien d'admission est recherchée avec insistance l'adhésion de
l'enfant et de ses parents à l'éventualité d'un processus de transformation. Processus
qui pourrait alors débuter maintenant.
Cette rencontre est donc une conversation qui implique conjointement l'enfant et ses
parents. La parole leur est alternativement donnée afin que chacun, de sa place,
confirme cette possible entrée en Itep et plus précisément la venue, maintenant, à l'Itep
Le Logis.
Au cours des derniers mois, l'accent a été mis sur cette nécessité que l' admission se
fasse dans une temporalité qui corresponde au mieux aux possibilités psychologiques
réelles de chacun des demandeurs :
" je viens à l'Itep parce que ici je pense que l'on va m'aider " et non pas " je vais à l'Itep
parce que je fais des bêtises et que plus personne ne veut de moi".
c. Bilan pédagogique
Lřunité dřenseignement, bien que donnant toute satisfaction en ce qui concerne
lřaccompagnement des jeunes, a besoin de continuer dřapprofondir certains dossiers
qui lui sont spécifiques :

Nous nřavons toujours pas signé de convention avec lřéducation nationale. Le
projet dřexternalisation des unités dřenseignement des EMS (Etablissements
Médico-Sociaux) semble ne pas concerner en premier chef les ITEP, pour qui il
semble a priori difficilement réalisable.

La réflexion autour de lřutilisation des pédagogies nouvelles doit continuer afin
de perfectionner nos approches pédagogiques pour réconcilier les jeunes avec
les apprentissages. Aujourdřhui, les enseignants et les éducateurs scolaires,
aidés par lřéquipe thérapeutique, font preuve de beaucoup dřinventivité pour
garder en classes ces jeunes, leur redonner confiance et les remobiliser autour
des apprentissages. La formalisation de toutes ces tentatives pour mieux les
instituer au Logis représente désormais lřétape suivante.
ITEP – SESSAD Le Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 80 -

La mise en place dřateliers techniques pensés et organisés comme une modalité
permettant une première étape vers la professionnalisation peine à se réaliser.
Les difficultés à trouver des éducateurs techniques souhaitant et ayant la
capacité à travailler avec ces jeunes ainsi que le manque dřespace dédié pour
lřatelier cuisine et lřatelier bricolage sont de véritables freins.
Il est cependant essentiel que nous puissions permettre à nos jeunes :


dřune part de se projeter et de préparer leur avenir professionnel avec
une intégration, dans des structures dřenseignement type CFA, CFA
spécialisé et MFR (Maison Familiale Rurale) lorsque cela est possible ;
dřautre part, pour ceux dont le retard scolaire est trop important, pouvoir
à terme bénéficier de la possibilité de délivrance dřattestations de
compétences professionnelles sur site en partenariat avec lřéducation
nationale.
Concrètement aujourdřhui, tous les jeunes de lřITEP, au nombre de 35, sont accueillis
sur lřespace pédagogique :




18 jeunes sont scolarisés à temps complet sur lřunité dřenseignement de lřITEP
3 jeunes ont bénéficié dřune prise en charge adaptée dans le cadre du PECHC
13 jeunes bénéficient dřune double scolarité à plein temps : ITEP / inclusion
scolaire
15 jeunes, en plus de leur scolarité, ont pu partir en stage pour préparer leur
avenir professionnel.
Bilan du chef de service pédagogique M. Martinez
Quelle belle année que celle passée à lřécole de lřitep Le Logis. Une équipe
pédagogique investie, qui a envie de travailler auprès de nos jeunes, qui donne envie
aux enfants, à travers tout ce quřelle propose : remises à niveau scolaire, application
des cours généraux par le biais des travaux pratiques, atelier environnement, ateliers
interdisciplinaires autours du sport (foot, rugby, VTT), des arts plastiques (peinture et
poterie) et du bricolage avec lřatelier « paléothologie ». Mais aussi des temps de
découvertes à lřextérieur de lřinstitution et des temps dřéchanges et de partages avec
les jeunes lors des temps de parole quotidiens ou hebdomadaires qui permettent de
créer un lien « autrement ».
Les jeunes sont en classe et ont cessé de fuir lřespace de lřunité dřenseignement.
Aujourdřhui tout le monde participe activement. Des « primo arrivants » retrouvent
lřenvie dřapprendre et réinvestissent leur scolarité. Des enfants plus anciens se
projettent sur un avenir professionnel. Entre temps de classes et ateliers techniques,
stages préprofessionnels et inclusions scolaires, ateliers interdisciplinaires, séjours et
premiers diplômes (ASSR et CFG), chaque jeune y trouve son compte et sřépanouit
petit à petit.
Les retours à lřécole, dite traditionnelle, par le biais des « inclusions scolaires », nřont
jamais été aussi nombreux et réussis. Nos jeunes réintègrent les SEGPA, les DIMA, les
MFR, mais aussi pour certains les classes traditionnelles. Ils font des stages de
découverte de métiers, obtiennent de bons résultats et se font remarquer de la bonne
manière. Ils découvrent la joie dřêtre fiers dřeux et en ressortent grandis.
Voici donc une année 2015, faite dřavancées et de réussites, qui donne envie à tous de
continuer à sřinvestir pleinement.
ITEP – SESSAD Le Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 81 -
Un groupe de parole pour retrouver le calme ; Monique Bachelier, Enseignante.
Suite à lřabsence pour maladie de lřéducateur scolaire de son binôme, lřenseignante
Monique BACHELLIER a dû gérer seule sa classe à la rentrée scolaire en septembre
2015.
Très vite elle constate que le groupe classe est inexistant. Il s'agit bien plus d'un agrégat
d'individualités « se cherchant », s'invectivant par la parole et les gestes ; ignorant
jusqu'à la présence de l'adulte dans son autorité. A lřorigine de ces conflits, le plus
souvent des gestes déplacés et répétés et des paroles blessantes stigmatisant lřun ou
lřautre.
Lřintervention des éducateurs ne règle que momentanément les conflits bilatéraux, sans
permettre à la classe de retrouver un climat d'écoute : un conflit à peine apaisé et cřest
un autre qui se crée entre d'autres jeunes.
Le retour de lřéducateur scolaire va permettre de séparer les éléments les plus
perturbateurs et dřapaiser un peu les tensions. Dans le même temps, une réflexion
menée en commun avec le psychologue Yann LE GALL, intervenant auprès de l'équipe
pédagogique, aboutit à la mise en place dřun groupe de paroles avec, pour but,
d'apprendre aux jeunes à s'écouter et à prendre la parole à bon escient dans le calme et
le respect des autres. Ce temps est régulé par des modalités bien précises (lever la
main pour parler, une émoticône fait office de bâton de parole et est distribuée
maintenant par un jeune aux autres jeunes qui demandent à sřexprimer).
Les débuts furent laborieux, les attitudes que les jeunes avaient en classe se répétaient
à l'identique (langage grossier, gestes déplacés, coups de pieds, aucune écoute,
moqueries) et les échanges tournaient courts. La réflexion sřest poursuivie. Il a été
décidé de choisir un support visuel : des images concrètes du quotidien à commenter.
Très rapidement les jeunes se sont montrés plus attentifs, intéressés par cet échange
ludique. Des images, nous sommes passés à la lecture d'histoires à décrypter. Les
échanges se sont faits plus nombreux, dans le respect, les moqueries sont devenues
plus rares même lorsqu'un enfant énonçait une idée farfelue.
Ce temps est maintenant bien repéré par les jeunes, il a lieu tous les mardis de 11h45 à
12h00 dans la classe de Monique BACHELLIER. Les jeunes de ce groupe préparent la
classe en conséquence (ils poussent les tables et ils mettent les chaises en rond afin
que tout le monde puisse se voir durant ce temps d 'échange). Ils viennent chercher
leurs camarades qui sont dans la classe d'à côté pour participer à ce temps de parole,
dès l'arrivée du psychologue, M. LE GALL, dans leur classe.
Aujourd'hui lřexpérience se poursuit, c'est une aventure à vivre.
« Heureusement que tu m’avais soulé… » Vanessa Clinckemaillie, éducatrice
scolaire.
Travailler à lřItep… Accueillir des jeunes abîmés, perturbés, perturbants… Toujours en
mouvement, agités. Créer du lien… Donner du cadre… Se confronter… Partager ;
Echanger et transmettre, écouter et rire. On tisse du lien.
Voici le quotidien du travail à lřItep avec ces jeunes. Quand ils vont mieux, ils nous
quittent et vont « ailleurs ». Pendant des heures, des semaines, des mois, souvent des
années, on sème, tant bien que mal, des petites graines. On les arrose. On y prend
soin. On observe. On attend. Alors, quand ils partent, que devient ce que lřon a tenté de
transmettre ?
Jřai suivi un jeune au sein de ma classe pendant deux ans. Puis il a intégré une DIMA
en mécanique. Il nřest plus sur lřinternat. Rodrigue est donc en « fin de prise en
charge », dans cet « ailleurs ». Cependant, nous avons mis en place des temps de
soutien scolaire pour continuer à lřaccompagner sur cette question.
ITEP – SESSAD Le Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 82 -
Je discute avec Rodrigue. Cela fait plusieurs mois que lřon ne sřest pas vu. Il est
content de venir, de nous revoir tous. Il peut dire : « Heureusement que tu mřavais
« soulé » avec les multiplications parce que je les ai fait en classe et maintenant jřy
arrive. » « Au fait, maintenant que je suis à la Dima, je comprends pourquoi tu me disais
tout le temps quřici on avait de la chance dřavoir des adultes pour sřoccuper de nous. Ça
mřénervait mais maintenant je me dis que vous aviez raison. »
Quand on entend cela, en tant que professionnel, on se dit quřon va continuer à semer
des petites graines, car on sait quřun jour, elles prendront forme.
ITEP – SESSAD Le Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 83 -
SESSAD Le Logis
Préambule
Dans la continuité des années précédentes, le SESSAD du Logis a continué
paisiblement son chemin.
Janvier 2015, suite à son déménagement à lřautomne 2014, le SESSAD a inauguré ses
nouveaux locaux par un temps de portes ouvertes. Nos collègues des autres SESSAD
du département et nos partenaires de lřéducation nationale sont venus nombreux. Ce fut
un temps de convivialité autour dřun bon buffet mais aussi un temps de travail et
dřéchange sur le travail fait au SESSAD.
2015, cřest le départ à la retraite de notre orthophoniste, proche de lřAVVEJ depuis son
enfance et présente au Logis depuis 5 années. Le départ dřune orthophoniste est
toujours une difficulté car il est extrêmement difficile aujourdřhui de pourvoir ce poste en
institution. A ce jour, nous cherchons toujours notre orthophoniste. Nous avons recours
à des professionnelles extérieures avec lesquelles nous signons des conventions. Cette
solution, validée par lřARS, nous permet dřassurer le suivi en orthophonie pour les
jeunes qui en ont besoin mais nous prive dřun apport indispensable à la qualité de notre
accompagnement : le travail en équipe interdisciplinaire.
2015, cřest aussi pour le SESSAD la modification de son habilitation et lřautorisation à
partir de janvier 2016, dřaccueillir 10 jeunes supplémentaires de 6 à 20 ans. Lřéquipe en
place sřest donc préparée durant cette deuxième partie de lřannée à accueillir 3
personnes supplémentaires : une éducatrice, une psychologue et une
psychomotricienne dès janvier 2016. Lřaugmentation dřune équipe dřune moitié de son
effectif, nřest pas un fait anodin. Ce sont dřautres regards, dřautres fonctions, dřautres
façons de faire qui vont venir questionner et enrichir cette équipe qui fonctionne
ensemble depuis de nombreuses années. Les évaluations interne et externe qui
doivent avoir lieu dřici 2017, seront aussi dřexcellentes occasions pour revisiter nos
pratiques afin de valider ce qui fonctionne, modifier ce qui est nécessaire et continuer à
enrichir notre réflexion pour continuer dřapporter des réponses de plus en plus
pertinentes aux jeunes et aux familles que nous accueillons.
I.
L’activité
a. Les effectifs
Effectif 2015 : 23 jeunes dont 16 garçons et 7 filles ; le nombre de filles reste stable par
rapport à 2014.
PYRAMIDE DES AGES
18 ANS; 2
16 ANS; 2
10 ans : 1
11 ANS; 3
12 ans : 2
15 ans : 5
13 ans : 3
14 ans : 5
ITEP – SESSAD Le Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 84 -
LOCALISATION GEOGRAPHIQUE
Elancourt : 2
Magny les
hameaux : 2
Le Perray : 1
Bois d'Arcy : 1
Montigny : 2
Trappes : 6
La Verriere : 2
Voisin : 1
Guyancourt 6
Les jeunes que nous recevons pour permettre la mise en œuvre de leur projet
dřaccompagnement, habitent principalement dans lřagglomération de la Ville Nouvelle.
b. Les admissions :
29 dossiers de demandes d'admissions ont été reçus en 2015 et se sont rajoutés aux
dossiers reçus en 2014 et toujours sur liste dřattente.


2 admissions ont été refusées sur dossier car il sřagissait dřenfants trop jeunes.
10 familles ont été reçues et ont vu leur dossier validé pour une admission à
partir de janvier 2016.
Départs et arrivées :


3 jeunes ont intégré le SESSAD en cours dřannée (janvier, juillet et septembre)
2 jeunes ont quitté le SESSAD car ils ont déménagé (Essonne et sud de la
France)
c. Activité réalisée en 2015 :
Forfaits réalisés en 2015 :




Activité théorique : 1 912 forfaits
Activité accordée : 1 690 forfaits
Activité réalisée : 1 845 forfaits
109 % de lřactivité accordée et 96,49 % de lřactivité théorique.
Les actes considérés comme non comptabilisables sont au nombre de 449.
Comme les années précédentes, nous rappelons que sont jusquřà aujourdřhui exclus du
décompte :


Les entretiens réalisés par le chef de service et/ou le psychiatre avec les
familles, hors de la présence des enfants, indispensables pour la qualité de leur
suivi.
Les actions de partenariat (école, ASE, CPM…).
ITEP – SESSAD Le Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 85 -

Les différents actes (éducatif, pédagogique ou thérapeutique) réalisés au cours
dřune même journée afin de faciliter l'emploi du temps de l'enfant et qui doivent
être comptabilisés comme un seul forfait.
Ce système de décompte ne tient pas compte de la réalité du travail fait par le service et
met dans lřombre une partie pourtant essentielle de notre travail dřaccompagnement. En
2014, nous apprenions que les services ARS Ile de France sřétaient saisis de cette
problématique. A ce jour, nous nřavons toujours pas de retour sur les conclusions de ce
groupe de travail.
Lřhabilitation du SESSAD pour 2015 prévoit 18 places et nous avons accueilli 23 jeunes
tout au long de lřannée. Ce léger sureffectif nous permet dřadapter le nombre de forfaits
à réaliser à la situation particulière de chaque jeune. En effet, certains dřentre eux, à
leur arrivée ou avant leur départ, nřont parfois quřun ou deux rendez-vous
hebdomadaires au lieu de trois. Nous permettons ainsi la souplesse nécessaire à
lřaccompagnement de nos jeunes sans mettre en péril nos obligations de résultat quant
au nombre de forfaits à réaliser dans lřannée.
d. Résultat financier
Le SESSAD affiche un résultat comptable bénéficiaire de 7 573 euros.
Travail avec les familles au SESSAD Le Logis
Comme à lřITEP, la question du travail avec les familles est au cœur des réflexions de
lřéquipe et commence dès lřadmission ; le Dr Fallet, pédopsychiatre au SESSAD et le
chef de service, Daniel Valot sřexpriment à ce sujet :
Le travail avec les familles ne nous apparait pas comme le respect dřune indication,
mais comme une nécessité. Nous ne pouvons pas nous passer du savoir que les
parents ont de leurs enfants, leur description de la relation et leur narration de leur
histoire commune. Nous ne pouvons pas non plus nous priver de réfléchir avec eux.
Jřinsiste dès le rendez-vous dřadmission sur lřimportance du travail avec la famille. Je le
fais lors de la présentation du service. Dans notre livret dřaccueil qui sert de support à
cette présentation nous y consacrons un chapitre. Cřest lřoccasion pour moi de répéter
que les parents sont avec le jeune lui-même ceux qui ont la meilleure connaissance de
celui-ci, un véritable savoir. Lřhistoire du jeune, et le récit des relations familiales qui est
fait par la famille, sont deux supports indispensables de notre réflexion.
L’adhésion à la demande
Ce sont les parents qui font la demande de Sessad à la MDPH. Mais très souvent la
proposition émane de lřécole et les parents peuvent avoir une adhésion au projet, une
demande, des attentes très variables dřune situation à lřautre. Au moment des
entretiens dřadmission, les parents sont souvent mal informés de lřindication et du
fonctionnement du SESSAD. « Jřavais demandé un taxi et on mřa donné un Sessad » !
La demande peut être très pressante lorsque les troubles du comportement sont très
actifs à lřécole. Mais une demande très pressante nřindique pas toujours une adhésion
et un engagement solides. Parfois les parents demandent le Sessad pour leur enfant,
mais ils ne veulent pas être trop sollicités eux-mêmes ; parfois au contraire, ils veulent
être très impliqués et ont tendance à envahir lřespace éducatif et thérapeutique de leur
enfant.
Lors de lřadmission, il est essentiel de préciser le rôle et le fonctionnement du Sessad,
lřengagement des parents, les objectifs du service ; lřexpérience montre que tant pour
lřenfant que pour les parents la qualité des échanges lors des premiers entretiens est
essentielle pour la confiance et lřengagement quřils auront ensuite au Sessad.
ITEP – SESSAD Le Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 86 -
Des parents contraints nřaident pas leur enfant à investir le service. Nous souhaitons
que notre travail conjoint puisse se faire sur une base de liberté. Certains parents ont pu
accepter de faire une demande dřaccompagnement SESSAD sous la pression des
équipes enseignantes. Cřest parce que nous avons pu entendre les résistances de
certains quřils ont pu ensuite investir le service.
Laisser un espace de liberté ne veux pas dire limiter ou taire notre parole. Nous
nřoccultons pas les difficultés du jeune et son besoin dřaide. Lřadhésion peut demander
du temps, mais elle est nécessaire pour que le jeune ne se retrouve pas écartelé entre
deux loyautés.
Nous disons aux parents dès lřadmission que nous souhaitons de vrais interlocuteurs,
quřils ont la possibilité dřexprimer leur désaccord avec nos choix, nos options, nos
objectifs. Quřils ont toutes latitudes pour énoncer leur point de vue même sřil peut
apparaitre contradictoire. Nous les invitons dans ce cas à une discussion sans lřenfant
pour que celui-ci ne soit pas perturbé par nos débats, et ce, jusquřà trouver une position
commune qui satisfasse chacun.
Il nous est arrivé dřévoquer dès lřadmission la notion philosophique de « promesse ».
Pour des familles qui arrivent avec un mal vécu important, leur enfant ayant posé
dřimportants problèmes dans sa scolarité, ils savent quřils ne vont plus être seuls pour
affronter la situation, et que le chalenge dřinverser la spirale négative devient aussi le
nôtre.
La construction patiente du lien et de la relation de confiance au quotidien.
Elle commence dès le premier contact téléphonique, le temps accordé à lřécoute, la
qualité de lřaccueil, le souci que celui-ci soit chaleureux conditionnent la suite. La
relation de confiance va être ensuite le travail des éducateurs au quotidien, tous les
échanges autour du jeune, le partage dřinformations, les anecdotes rapportées par les
uns et les autres… Ce travail qui sous un certain angle peut paraitre banal est
essentiel. Cřest lui qui tisse la relation de confiance, et donne sa densité au lien
service/famille. Cet accompagnement au quotidien apaise les relations tendues.
Lřéducateur investi dans lřaccompagnement participe à ajouter de la sécurité.
Nous essayons dřêtre attentifs à la manière dont la famille nous appréhende. La notion
dřaccompagnement situe assez bien notre position « être avec » et aucunement audessus comme des spécialistes en surplomb. Il nous arrive dřéclairer avec la famille la
façon dont elle se positionne par rapport au service. Certains parents que les difficultés
de leur enfant, ou des parcours de vie difficiles ont mis à mal, se déchargeraient
volontiers de leur fonction : « cřest vous qui savez mieux ! ». Au contraire, nous les
invitons et les aidons à reprendre pleinement leur place de « père » et de « mère ». Il
nřy a quřeux qui peuvent jouer ce rôle. Pour certaines familles lřéducateur et le service
ont à offrir un soutien à la parentalité. Nous aidons les parents à prendre des décisions
communes et à les tenir.
Le travail avec la famille va se décliner ensuite selon différentes modalités :

Des rencontres régulières ont lieu avec la pédopsychiatre du service, au
minimum une fois par trimestre. Le cadre de ces entretiens est variable en
fonction des besoins de la famille, de sa demande, de son implication, de sa
disponibilité psychique. Il se fait en lien avec les autres intervenants, éducatifs et
thérapeutiques. Les entretiens dřadmission commencent à tisser des liens ;
lřexploration, même prudente, de lřhistoire de la famille et du jeune, alors quřil
nřy a pas encore de liens de confiance, est délicate. Elle nécessite de sřimpliquer
dans la relation, dřy mettre de la discrétion, de lřempathie mais aussi de la bonne
humeur, de lřhumour, introduire ce que Minuchin appelle « du joining » :
rejoindre la famille là où elle est, évoquant parfois leurs origines ou leur pays, en
échangeant sur les différences, ou les ressemblances, en nřayant pas peur de
ITEP – SESSAD Le Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 87 -
citer ses propres expériences de parent ou de soignant… de manière à créer ce
climat de confiance qui permet la parole et nřest pas un interrogatoire.
Il est essentiel de rencontrer les deux parents à lřadmission si possible ;
ensemble ou séparément, quřils soient ou non en situation de séparation.
Quelles que soient leurs rationalisations sur lřabsence de lřautre parent, si on
nřapprofondit pas cette question, on court le risque dřaccentuer, de cautionner un
dysfonctionnement éventuel où lřun des parents sřest évincé ou est mis à lřécart.
Ces entretiens trimestriels permettent de faire le point avec le(s) parent(s) et le
jeune, et parfois avec lřéducateur, sur le déroulement de la prise en charge, la
perception des parents sur lřimplication de leur enfant dans les rendez-vous, les
progrès ou les difficultés actuelles, dans la famille, à lřécole, à lřextérieur…

Les entretiens parents enfants permettent dřévoquer les évènements familiaux et
les liens qui peuvent être faits avec les changements relationnels, avec les
difficultés qui ont pu surgir, parfois en réinterrogeant lřhistoire
transgénérationnelle. Ils permettent aussi, dans lř« ici et maintenant », la
circulation de la parole entre parents et enfants ; les postures, les dialogues, les
récits et les interactions qui surgissent dans lřentretien, les messages
émotionnels implicites ou explicites peuvent permettre un travail relationnel
constructif. Pour certaines familles des entretiens parents- enfant réguliers (une
fois par mois) sont nécessaires pour que la parole et les émotions circulent ; ces
entretiens ont alors une valeur thérapeutique par eux-mêmes.

Certains parents ont besoin dřentretiens individuels plus fréquents, une fois par
mois voire deux, pour être soutenus dans leur fragilité personnelle et dans leur
fonction parentale.

Des rencontres régulières ont lieu avec le chef de service et lřéducateur.
La construction dès lřadmission du projet provisoire dřaccompagnement (PPA)
donne les grandes directions qui seront précisées ensuite dans ce PPA. Il est
essentiel pour le jeune et la famille de formuler les progrès, de préciser où nous
en sommes des objectifs fixés ensemble. Il est important de vérifier si ce constat
est partagé par le jeune et sa famille.
Je peux mřinvestir en tant que chef de service quand jřai le sentiment (je vérifie
sřil est partagé par mes collègues) que la situation elle-même bloque le travail,
par exemple lřexcès de pression, ou encore des positions figées, des jeux qui se
répètent...
Jřai parfois demandé dans des situations très bloquées à des parents de quitter
leur position pour aider leur enfant à bouger. Ce qui est remarquable cřest
quřelles ont accepté de jouer le jeu.
Il mřarrive de décrire les relations familiales. Parfois pour aider la famille à
visualiser celles-ci je peux avoir recours à des images. Je peux intervenir aussi
quand nous faisons le constat quřun jeune est enfermé dans le regard de ses
parents dans une image « handicapé » « malade » et ce parfois au terme des
marathons médicaux. Le jeune ne peut plus exister pour lui-même et il importe
de lui redonner sa place de sujet.
Je peux aussi intervenir pour libérer la parole du jeune. Dans certaines situations
sociales délicates les familles craignant lřintervention des services sociaux
peuvent bloquer la parole de lřenfant. Il sřagit de repréciser alors la nature de
notre service pour dissiper les malentendus et rassurer.
Je peux aussi intervenir pour soutenir la parole de lřenfant. Dans des relations
mises à mal, lřenfant nřest plus entendu, sa parole a été discréditée par son
comportement. Or il a besoin dřêtre entendu. Jřinterviens aussi pour dégager à
nouveau un espace de confiance. Quand les problèmes de comportement
sřaccumulent, certaines familles nřautorisent plus aucun espace de liberté. Cřest
la tolérance zéro. Or la confiance ne peut se jouer que dans un espace de
liberté.
ITEP – SESSAD Le Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 88 -
Il est aussi essentiel pour nous de redonner des repères. Dans les conflits sans
fin quřoccasionnent les problèmes du jeune il est facile de les perdre.
Il est également important que nous puissions nous dégager des discours
rationnels habituels qui nřont pas marché et proposer un regard neuf ; dřinventer
ce que jřappelle de nouvelles fictions.

Les réunions de parents : La réunion de début dřannée offre lřopportunité
dřassocier les familles à la vie du service. Les réunions à thèmes qui se
déroulent le reste de lřannée, permettent aux parents de partager entre eux et
avec nous leur expérience de parents, les réponses quřils ont trouvées, leurs
réussites et leurs difficultés. Elles fonctionnent un peu comme des groupes de
paroles et sont dřune grande richesse.
ITEP – SESSAD Le Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 89 -
Foyer Éducatif l’Oustal
CONTACT :
15, rue Jacques Boyceau
78000 Versailles
Téléphone. : 01.39.67.52.20
Télécopie : 01.30.21.38.22
Courriel : [email protected]
ACCES :
PARIS St LAZARE – Direction Versailles
Rive droite, descendre « gare de
Montreuil »
PARIS MONTPARNASSE - Direction
Rambouillet ou Chartres - descendre
« Versailles Rive Gauche » ou « Versailles
chantiers ».
ACCUEIL :
Adolescentes de 14 à 21 ans confiées par les Juges des Enfants ou les services
départementaux dřAide Sociale à lřEnfance, pouvant bénéficier du travail éducatif
proposé.
MISSION :
Les difficultés que rencontrent les jeunes filles accueillies au Foyer Educatif
« lřOustal » sont dřabord des difficultés familiales et sociales importantes.
Elles entrainent bien souvent pour ces jeunes filles un grave manque de repères et
des difficultés personnelles et relationnelles considérables.

Face à cela, les objectifs éducatifs sont les suivants :
- Donner des repères socialisants qui permettent à chacun de vivre en société,
- Permettre aux adolescentes reçues dřaller vers un équilibre psychologique et
affectif personnel,
- Les aider à développer leurs capacités personnelles,
- Favoriser pour les jeunes accueillies comme pour leurs familles la
compréhension de leur situation.

Les supports éducatifs spécialisés procèdent de ces objectifs :
- Un travail effectué dans et à partir de la vie quotidienne,
- Un travail soutenu avec les familles,
- La mise en place de loisirs éducatifs et thérapeutiques,
- Un accompagnement thérapeutique
- Des suivis scolaires et des formations professionnelles modulées et adaptées,
- Un partenariat avec les mandats, référents et autres intervenants extérieurs.
AGREMENTS - HABILITATION :
Aide Sociale à lřenfance
Protection judiciaire de la jeunesse
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 90 -
STRUCTURE :
Directrice : Narjès GUETAT-CALABRESE
Directeur Adjoint : Fabien GARNIER
Responsables
éducatives
d’Unités
Structures d’hébergement :
4 unités de vie décentralisées accueillant 42
adolescentes
Nathalie DEBAYLE (depuis juin
« Montreuil » et « Frémillon »
2015)
Isabelle ZOUBIRI
« Etats-Unis » et « Pt Colbert »
Chef de service éducatif
Service d’Accompagnement Vers la Vie Adulte
12 appartements à Versailles
Accueil de 17 à 19 jeunes femmes en situation
Nadine BOYER (depuis juillet
« dřautonomie accompagnée »
2015)
Age minimum dřadmission : 17 ½ ans
Chef de service pédagogique
Possibilités de scolarisation interne
Les jeunes collégiennes, lycéennes et apprenties en
stages professionnels peuvent être prises en charge
suivant
des
contrats
éducatifs
élaborés
préalablement.
Une classe : Six élèves maximum, jeunes filles en
rupture de scolarité, en situation dřabsentéisme
scolaire prolongé pour qui « lřécole » reste encore le
meilleur chemin du succès. Les jeunes filles ayant
moins de 16 ans demeurent affectées à un
Nadia KRAIEM (depuis juillet
établissement Education Nationale.
2015)
Une plateforme de mobilisation personnelle (PMP)
sřadressant à toutes les jeunes filles de lřOustal et
plus particulièrement à celles qui rencontrent des
difficultés de choix ou de concrétisation dřorientation.
La Plate-forme construit pour chacune un chemin
personnalisé avec des activités variées (leçons
particulières, arts plastiques, stage en entreprise,
etc…).
Effectif :
Deux responsables dřunités éducatives, 1 chef de service et 1 chef de service
pédagogique - Educateurs spécialisés et scolaires - Surveillants de nuit - Assistantes
sociales - Infirmière - Psychologues à temps partiel - Maîtresses de maison - Une équipe
administrative [Secrétariat - Economat] - Une équipe de maintenance et entretien.
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
91
RAPPORT D’ACTIVITE 2015 – L’OUSTAL
Introduction
Narjès Guetat-Calabrese, Directrice.
2015 fut une année pour lřOustal que lřon pourrait désigner dřintense et de dynamique.
Chacun sřest, semble-t-il, saisi du mouvement initié en 2012 par le biais de lřorganisation du
temps de travail contribuant ainsi à une mobilité interne inédite dans lřinstitution.
Les événements qui, sur le plan national, ont à la fois introduit et conclu cette année nous
ont conduits à modifier fondamentalement notre vision du monde ce qui, au regard de notre
mission dřéducation, impacte sans aucun doute notre approche éducative au quotidien. Pour
autant nous nřavons pas assez de recul pour développer plus avant ce ressenti.
Malgré ce climat mêlant colère, tristesse et incompréhension, nous avons dans lřinstitution
continué dřassurer notre mission de protection et dřéducation auprès des jeunes filles qui
nous sont confiées.
Ce rapport dřactivité nřa pas pour vocation de rapporter de façon exhaustive le cours des
événements qui ont constitué cette année 2015. Nous avons fait le choix dřen extraire
certains qui nous ont semblé significatifs, en privilégiant une forme clinique éclairant les
effets de notre travail au quotidien.
1. L’activité de l’année
Nous avons légèrement dépassé notre objectif dřactivité (20574) en réalisant 20 593
journées durant lřannée 2015. Nous nous en félicitons dřautant plus que ce chiffre
vient nous aider à dépasser le contexte quelque peu instable dans lequel nous avons
pu lřatteindre.
En effet, ce résultat positif réclame un complément sur la manière dont il a été atteint
au 31 décembre 2015. Nous pouvons noter globalement une baisse notable des
demandes dřadmission depuis 2012 (254 en 2012 pour 144 en 2015).
Cette baisse sřest effectuée progressivement sur les 3 dernières années. Entre juin
2015 et septembre 2015, le nombre de demandes émanant du département des
Yvelines fut extrêmement réduit, alors que cette période estivale marque
habituellement des ruptures familiales conduisant aux placements. Après avoir
confronté ce constat avec de nombreux établissements yvelinois, la seule piste
dřanalyse que nous pouvons proposer à ce jour est à relier avec la mise en place un
peu laborieuse du logiciel UGO sur le département du 78.
Cette même période estivale qui scande le renouvellement de lřannée scolaire
représente souvent une étape vers de nouvelles orientations, mettant ainsi fin à
certaines de nos prises en charge. Ce déséquilibre entre les entrées et sorties durant
la période qui sřétend entre juin et octobre a eu des répercussions dans lřactivité des
équipes au quotidien, avec un fort sentiment de « déficit » difficilement verbalisé. Il
est à noter également le déficit dřactivité qui sřimpose à nous sur lřunité de vie
« Frémillon », située dans la ville du Chesnay et dans laquelle nous sommes installés
depuis avril 2014. Nous nřavons malheureusement toujours pas eu lřoccasion de
rencontrer le maire de la ville, démarche conditionnant la procédure de changement
de destination des locaux ; ceci nous permettrait enfin dřaccueillir sur cet immense
pavillon un nombre supérieur de jeunes filles (seulement 6 jeunes filles peuvent y être
hébergées à ce jour).
Foyer Éducatif l’Oustal
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
92
Cependant, nous espérons que la visite en novembre 2015 de Madame Marie-Edith
Rémilly (déléguée aux questions liées au « Social et au Handicap dans lřéquipe
municipale du Chesnay), dans les locaux de lřOustal, nous permettra dřavancer dans
cette procédure.
Cette impossibilité dřaccueil sur une unité contraint les autres structures à accueillir
« à flux tendus » durant toute lřannée, ce qui, malgré lřengagement des équipes et
les efforts constants des professionnels, peut impacter la qualité de nos prises en
charge. Force est de constater, pareillement, les effets de cette tension sur le
sentiment dřépuisement chez les professionnels.
Nous avons également observé durant cette année que près de 60% des jeunes filles
que nous avons accueillies nřavaient pas de possibilité dřaccueil dans leur famille, ce
qui bien entendu agit sur lřactivité de lřétablissement favorisant une dynamique
excédentaire. Il apparaissait essentiel de préciser, bien que la traversée de cette
année 2015 fût particulièrement tourmentée, que nous avons tenu la barre.
2. Evolution du Public
Isabelle ZOUBIRI, Responsable dřunités éducatives.
Nous avons observé cette année un rajeunissement des jeunes filles avec des
problématiques dřabsentéisme scolaire et dřerrance prolongée.
En effet, nous avons accueilli des jeunes filles ayant à peine 14 ans qui avaient
déserté les bancs de lřécole depuis, pour certaines, lřentrée au collège, ces jeunes
filles manifestant de réelles difficultés à sřinscrire dans un accueil de plus de 3 jours.
Elles ont tendance à « sřenfuir », certaines pour se rejoindre en groupe et errer sans
donner de nouvelles pendant plusieurs jours. A titre dřexemple, la situation de KarineEdith qui nřa que 14 ans et demi. Elle sřenfuit régulièrement, escaladant un mur, un
portail, pour disparaitre pendant une semaine ou plus. A chacun de ses retours elle
refuse de donner une explication lorsque nous lřinterrogeons sur les bleus quřelle
présente. Elle a tendance à banaliser ces traces de violence nous disant quřelle a
juste eu « une explication avec quelquřun ». Elle nřen dira pas plus lorsquřelle sera
accompagnée au commissariat.
Ces jeunes filles, que nous découvrons bien fragiles lorsquřelles acceptent de lâcher
la tension, semblent, bien avant dřarriver à lřOustal, être prises dans des réseaux
avec des codes de territoires qui nous échappent.
Confrontés à ces situations, les professionnels se trouvent souvent démunis. Les
parents de ces jeunes filles, malgré le désarroi profond quřils expriment, se montrent
extrêmement présents et déterminés. Ils représentent des alliés précieux pour nous
aider à aborder lřaccompagnement de leurs filles.
Nous savons à quel point ces situations trop fréquentes, eu égard à la fragilité des
jeunes filles quřelles concernent, exigent que nous inventions et construisions avec
nos divers partenaires des réponses évolutives ; cřest ce à quoi nous nous sommes
efforcés dřœuvrer tous les jours.
Nous avons également observé lřémergence dřune autre population dont nous
ignorons tout, mais qui se fait connaitre par ces jeunes filles qui viennent dénoncer
des us et traditions de cultures tamoules pakistanaises jusque-là tus. Ces prises en
charge difficiles nous plongent dans une incompréhension que nous ne parvenons
pas à dépasser du fait, entre autre, de la barrière de la langue.
Foyer Éducatif l’Oustal
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
93
3. Les mouvements du personnel
Nous avons appris le décès de Didier Nicaise survenu le 26 mars 2015. Il combattait
la maladie depuis près dřun an. Thérapeute en ville, il occupait un poste dřéducateur
depuis le 8 janvier 1991. Il avait commencé dans un pavillon pour rejoindre lřéquipe
du SAVVA en 2000. Au-delà de la vive émotion ressentie par ses collègues directs,
sa disparition a marqué lřensemble de lřinstitution.
En juin 2015, Thierry Agostino chef de service du SAVVA a quitté ses fonctions pour
sřexercer aux fonctions de direction dans une autre structure.
Nadine Boyer, responsable des unités éducatives de Frémillon et Montreuil a accepté
de reprendre les missions de chef de service du SAVVA.
Lřarrivée de Nathalie Debayle dès la mi-juin 2015 a permis que le remplacement de
Madame Boyer se réalise dans les meilleurs délais.
Emmanuelle Alibert effectuant le remplacement du poste de chef de service
pédagogique depuis septembre 2013 sřest orientée vers de nouvelles fonctions en
mai 2015.
En juillet 2015, lřembauche de Nadia Kraeim au poste de chef de service
pédagogique a permis dřorganiser la rentrée scolaire 2015-2016 dans des conditions
très satisfaisantes.
Si nous tenons compte de la mobilité interne pour Madame Boyer, nous pouvons
considérer que lřéquipe de cadres de lřOustal a été totalement renouvelée entre 2014
et 2015, ce qui a conduit à des réajustements au niveau de lřéquipe dřencadrement.
Lřactualisation du projet dřétablissement engagée depuis septembre 2015 est une
occasion appréciable pour soutenir lřeffort de collaboration dans lřéquipe.
Jihane Ajardi, maitresse de maison et secrétaire du Comité dřétablissement a quitté
ses fonctions en février 2015 en vue dřune reconversion professionnelle que nous lui
souhaitons réussie.
Marie Mercadier, assistante sociale depuis mai 2013 a également quitté ses fonctions
en mai 2015. Son départ a créé un petit bouleversement dans lřinstitution ; en effet
son tempérament particulièrement engagé avait fait naitre un fort investissement à
son égard tant de la part de ses collègues que de la part des jeunes filles quřelle
accompagnait.
Depuis son départ, nous nous confrontons de nouveau à la difficulté dřembaucher
une nouvelle assistante sociale. Cette difficulté est principalement liée au niveau de
salaire très bas dans la convention 66.
Maria Aguiar a dřabord occupé les fonctions dřagent de service au CFA (1977) puis
de maitresse de maison (2003). Elle a quitté les fonctions de maîtresse de maison
quřelle occupait dans lřunité de vie Pont Cobert à la fin de lřannée 2015 dans la
perspective de son départ à la retraite. Son engagement durant toutes ces années
dans lřinstitution a permis à de nombreuses jeunes filles de construire des points de
repères indispensables à leur évolution. Nous la remercions de son investissement et
de son professionnalisme.
Cřest en septembre 2015 que Sébastien Quiniou a rejoint notre équipe de maitresses
de maison initiant une grande première puisquřil est le premier maitre de maison de
lřOustal. Cřest avec fierté que nous lui souhaitons la bienvenue.
Daniel Nigond, éducateur au SAVVA depuis de très nombreuses années a fêté son
départ à la retraite le 15 décembre 2015. Il a, à travers la conception quřil sřest forgée
de son travail au quotidien, la notion quřil a toujours soutenue de la responsabilité de
chacun dans le fait institutionnel, ainsi que la haute considération dont il a fait preuve
Foyer Éducatif l’Oustal
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
94
à lřégard des jeunes femmes quřil accompagnait, toujours soutenu les valeurs
associatives qui fondent lřOustal.
Marie-Jo Da Sylva, éducatrice depuis de nombreuses années dans lřéquipe de Pont
Colbert a rejoint lřéquipe du Savva en Juin 2015. David Vernet, quant à lui, a
également souhaité rejoindre en décembre 2015 ce service après avoir travaillé de
nombreuses années au sein de lřéquipe de Montreuil.
Lřéquipe de surveillants de nuit sřest vue renforcée par lřembauche de Fidèle
Dobozendi, et Aissata Sané durant cette année.
Par ailleurs, LřOustal demeurant un lieu de mouvement important au niveau éducatif,
nous avons eu le plaisir dřaccueillir cette année plusieurs éducateurs :T. Chevalier, C.
Cournollet, M.L. Fecher, S. Grondin, M. Heyart et Xavier Lucas.. Nous avons accueilli
de très nombreux professionnels dans le cadre de contrat à durée déterminée (18)
pour pallier aux absences de plus ou moins longue durée des salariés en poste. Audelà de la volonté dřinvestissement de ces « remplaçants » et de nos efforts pour
encadrer au mieux ces ruptures et passages, nous observons les effets de ces
changements fréquents sur la continuité du travail au quotidien. Ces changements
que nous ne pouvons anticiper (arrêts maladie, absences injustifiées) exigent une
capacité dřadaptation intense des éducateurs en poste et de lřéquipe dřencadrement.
Lřinstitution poursuit son engagement dans la formation des futurs professionnels en
offrant des possibilités de stages de plus ou moins longue durée. Nous avons, en
septembre, également signé avec S. Lokonge-Deville notre second contrat de
professionnalisation.
4. La mobilité interne : enjeux et limites
La question de la mobilité interne sřest manifestée cette année à partir de velléités
exprimées par un certain nombre de salariés et particulièrement dans lřéquipe de
maitresses de maison.
Cřest à lřévocation de son départ lors dřune réunion de maitresses de maison que
Mme Ajardi parvient à susciter chez ses collègues une volonté de mouvement,
comme une envie de bouger, de changer dřhorizon. Lřune des maitresses de maison
sřexprime : « moi jřaimerais bien changer de pavillon…Je tiens dřailleurs à rappeler
que je nřai pas toujours été affectée sur lřunité de vie dans laquelle je travaille, jřai
vraiment besoin de changer… ». Elle finit en indiquant quřelle envisage justement de
proposer sa candidature sur le poste qui allait se libérer. Cette candidature en a
encouragé dřautres et cřest ainsi quřun jeu de chaises musicales a permis un
changement dřaffectation pour trois dřentre elles.
Nous devons reconnaître que cette expérience de mobilité dans lřéquipe de
maitresses de maison a contribué à donner à la notion de mobilité une connotation
plutôt positive. En effet même si un article du contrat de travail à lřAVVEJ précise une
clause de mobilité interne, elle est rarement bien reçue par le salarié lorsquřelle est à
lřinitiative de lřemployeur.
Les mouvements engagés par les maitresses de maison à lřOustal ont réellement
initié dans lřétablissement un processus de mobilité qui semble faire évoluer les
mentalités permettant ainsi de renforcer un sentiment de renouvellement au travail.
Madame Tadmaya Fatna a accepté de nous dire quels avaient été les effets de
sa« mutation »
Foyer Éducatif l’Oustal
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
95
« Mon changement d’affectation sur une autre unité de vie a changé
ma vie de tous les jours. J’ai le sentiment d’avoir redécouvert mon
travail et surtout renouvelé le plaisir qu’il m’a toujours procuré. Les
jours durant lesquels j’ai changé d’unité, je travaillais dans un climat
de grande excitation ; j’avais envie de laisser les locaux que je
quittais dans un état irréprochable. Je voulais que ma collègue que je
connais depuis de nombreuses années prenne ses nouvelles
fonctions dans des conditions optimales, j’ai même fait une demande
à ma directrice pour acheter des fleurs en pots avec lesquelles j’ai
décoré les abords du pavillon. Et tout ceci avec l’aide des jeunes filles
qui, elles aussi, malgré la tristesse qu’elles ressentaient de me voir
partir, pouvaient se projeter dans l’arrivée d’une nouvelle maitresse
de maison.
Dans le même temps, je pensais à tout ce que j’allais installer de
nouveau dans les nouveaux locaux que j’allais investir. Et en arrivant
dans le pavillon Etats Unis, j’ai fait de nouvelles demandes à ma
directrice d’achats de vaisselle, de linge de table. J’avais la même
impression que lors d’un déménagement, de m’installer mais avec
une forte envie de changer des choses pour me sentir de nouveau
dans « mon » pavillon, dans « ma » cuisine, pour retrouver quelques
repères pour supporter ce changement que j’avais demandé. En effet
cela fait bientôt 8 mois que j’ai changé de pavillon, et j’ai l’impression
d’avoir de nouveau la capacité de planifier mon travail, de
m’organiser en toute tranquillité. Je me sens reconnue et considérée
tant par ma chef de service, ma direction que mes collègues. La
reconnaissance qu’expriment les jeunes filles lorsque je leur prépare
un gâteau au chocolat ou que je laisse un bon gratin au four pour leur
repas du soir, me fait pousser des ailes. Je réalise à quel point la
reconnaissance et l’attention de ceux qui nous entourent comptent
dans notre travail au quotidien. J’imagine d’ailleurs que pour les
jeunes filles que nous accueillons ce doit être similaire, si elles se
sentent reconnues, elles peuvent se dépasser.
Ce changement d’affectation m’a fait retrouver l’amour et le goût de
mon métier que je pensais avoir quelque peu perdus ».
 Une mobilité que nous avons également initiée au niveau des prises en charge.
Isabelle ZOUBIRI, Responsable dřunités éducatives
Il y a encore quelques mois, lorsquřune jeune fille mettait à mal son accueil à lřOustal,
les limites de notre accompagnement semblaient atteintes là où les limites de lřéquipe
éducative qui en avait la charge sřexprimaient. Nous avons expérimenté cette année
le ré-accueil dřune jeune fille qui manifestait une violence difficilement contenable par
lřéquipe éducative qui assurait son accompagnement. Elle fut accueillie et prise en
charge par une autre équipe dans une autre unité de vie, ce qui a eu un effet très
apaisant pour cette jeune fille, lui permettant ainsi de poursuivre son évolution à
lřOustal. Il ne sřagit pas de systématiser cette pratique mais la savoir possible enrichit
nos aptitudes à répondre à certaines situations.
Ces modalités nřont pas manqué dřêtre reconnues par nos partenaires repérant chez
nous un engagement réel dans la prise en charge et une volonté de demeurer dans
une continuité en dépit des passages à lřacte et pour ne pas inscrire ces jeunes filles
dans une rupture systématique avec les institutions.
Foyer Éducatif l’Oustal
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
96
Cette pratique nous a permis dřintervenir à plusieurs niveaux tant du côté des
équipes auprès desquelles nous réaffirmons notre préoccupation, que des familles
trop souvent sollicitées dans la gestion des crises et des ruptures. Certaines ont pu
nous témoigner leur confiance.
5. Deux minutes de silence en un an
En cette année 2015, nous avons eu à observer à deux reprises une minute de
silence en hommage aux victimes des attentats de janvier et de novembre.
Il nous a semblé important dřen faire un retour dans ce rapport dřactivité.
Suite aux attentats du 7 janvier, nous avons observé une minute de silence le 8
janvier à 12h dans les locaux de lřécole interne. Adultes et jeunes filles ont partagé ce
moment de recueillement. Le choc ressenti ainsi que le poids de lřémotion a laissé
peu dřespace pour préparer ce moment avec les jeunes filles. Il semblerait que
lřémotion dans la voix chevrotante de la directrice lorsquřelle a pris la parole pour dire
pourquoi nous étions réunis a fait réaliser aux jeunes filles lřonde de choc quřelles
partageaient avec de nombreux membres du personnel. La préoccupation dřêtre ou
de ne pas être Charlie leur était en ce moment silencieux encore bien étrangère.
La minute de silence que nous avons observée le 16 novembre suite aux terribles
attentats du 13 novembre nous avait laissés un peu de temps pour nous extraire de
lřétat de sidération que nous partagions. Le lundi matin les collègues du dispositif
pédagogique ont créé un espace dans lequel les jeunes filles ont pu exprimer leur
incompréhension, leur terreur, leurs questions. Elles ont pu dire quřelles
commençaient à comprendre ce que « nous » entendions par démocratie, liberté,
valeurs. Elles ont pu témoigner quřelles commençaient à prendre la mesure de ces
valeurs au regard des évènements qui se déroulaient sous leurs yeux. Elles ont pu
également exprimer leur incompréhension quřune « partie de la jeunesse attaque une
autre partie de cette même jeunesse »…. Elles ont souhaité écrire un texte pour
ouvrir la minute de silence :
« Nous sommes réunis aujourd’hui en union avec tous ces innocents
tombés sous les balles de fanatiques : et à tous leurs proches en deuil.
Nous voulons aussi témoigner notre attachement aux valeurs universelles
de la liberté de pensée, de fraternité et de laïcité.
Nous nous associons chacun avec notre propre sensibilité à travers cette
minute de silence, à l’ensemble des français. », Texte écrit par Areba et
Marine, jeunes filles accueillies à l’Oustal.
6. Un travail en partenariat avec l’Institut en Santé Génésique
Depuis bientôt 5 ans, lřOustal compte parmi les divers professionnels qui composent
ses équipes, une infirmière. Chacune des jeunes filles que nous accueillons
rencontre lřinfirmière dans les 15 jours qui suivent son accueil. Lřaccompagnement
que propose lřinfirmière se situe dans une logique transversale en lien avec lřéquipe
éducative ainsi que lřéquipe de psychologues, dřassistantes sociales et de cadres.
Un projet a pu se mettre en œuvre pour soutenir la démarche de deux jeunes filles,
victimes de mutilations sexuelles, pour une chirurgie réparatrice de leur intimité.
Foyer Éducatif l’Oustal
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
97
« Je peux maintenant tourner la page »
Jessica Hainaut, Infirmière
Ces mots sont ceux dřune jeune fille que nous avons accompagnée, en décembre dernier,
pour une réparation du clitoris.
Encore aujourdřhui, sous des formes diverses, les mutilations sexuelles touchent plus de 140
millions de femmes dans le monde et sont pratiquées dans plus de 60 pays. Pour reprendre
la définition de lřInstitut en Santé Génésique, lřexcision est une pathologie criminelle,
dŘorigine humaine, dont les conséquences complexes affectent la totalité de la personne tant
sur le plan physique que psychologique. Cette année, suite à leur demande, nous avons
accompagné deux jeunes femmes dans la démarche de réparation du clitoris. Il me tenait à
cœur dřen écrire quelques mots.
Marie Mercadier, Assistante Sociale, sřest mise en lien avec lřInstitut en Santé Génésique de
Saint Germain en Laye. Cet Institut accueille les femmes victimes de toutes sortes de
violence (femmes battues, femmes victimes de harcèlement au travail, femmes victimes de
mutilation sexuelle…). Cet Institut propose également une chirurgie visant à réparer les
mutilations sexuelles féminines. Le Dr Foldès est, avec un confrère, le pionnier dans cette
chirurgie en France. En effet, depuis le début des années 1980, ils ont progressivement mis
au point une technique de réparation complète du clitoris, qui permet dřabord de supprimer la
douleur latente laissée par la cicatrice. Elle résout également les problèmes obstétriques et
urologiques causés par lřexcision. En France 3000 femmes ont pu bénéficier de cette
intervention. Cette technique est inscrite à la nomenclature des actes médicaux remboursés
par la Sécurité Sociale française depuis 2004.
Quand la jeune femme sřinscrit dans cette démarche dřintervention, elle est prise en charge
par une équipe pluridisciplinaire. Elle rencontre dans un premier temps, une première fois, le
Dr Foldès qui lřexaminera et lui expliquera la procédure. Ensuite, la rencontre avec la
psychologue de lřInstitut est incontournable car cřest elle qui évaluera si la femme est prête à
subir cette opération. En effet, lřopération va toucher à ce quřil y a de plus intime chez une
femme. Cette réparation modifie complètement lřimage corporelle ainsi que les sensations
au quotidien. Après deux entretiens avec la psychologue, cette dernière peut alors donner
son accord. Dans ce cas, la jeune femme rencontre, de nouveau, le Dr Foldès qui
programmera une date opératoire.
Le plus gros du travail se joue après lřintervention. Le Dr Foldès prévient bien ses patientes
en leur disant que ce sont elles les principales actrices dans la réussite de cette chirurgie. En
effet, des soins locaux sont à réaliser quotidiennement dans les 6 mois qui suivent
lřintervention. Le suivi psychologique est également primordial comme nous avons pu le
constater avec la première jeune fille qui sřest faite opérer. Cette dernière, quelques
semaines après lřintervention, avouait quřelle ne se reconnaissait plus, quřelle avait peur de
se regarder, quřelle ne supportait pas ce nouveau corps et quřelle avait lřimpression que le
médecin nřavait pas réalisé une chirurgie correcte. A la suite de ces révélations, un rendezvous avec la psychologue ainsi quřun rendez-vous avec le Dr Foldès ont été pris. Ces
rencontres ont permis à la jeune fille de se rassurer et de comprendre, réellement, dans le
détail, la chirurgie réalisée. La jeune femme a donc pu assimiler lřidée quřelle avait, à
présent, « une image corporelle » semblable à celle des autres femmes et a pu sřapproprier
ce nouveau corps
En décembre dernier, jřai eu la chance de pouvoir accompagner une jeune fille à lřhôpital de
Saint Germain en Laye pour quřelle puisse bénéficier dřune réparation du clitoris. Cette
dernière attendait tant cette intervention. Elle qui subissait en permanence des douleurs
quotidiennes liées à la cicatrice laissée par lřexcision, qui ne pouvait envisager prendre du
plaisir lors de relations intimes…elle qui nous confie une fois remontée dans la chambre
après lřopération, que la dernière image quřelle avait en tête avant que lřanesthésie ne la
Foyer Éducatif l’Oustal
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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transporte aux pays des rêves, cřest ce jour où des femmes de sa famille la maintenaient
plaquée au sol, puis cette douleur terrible qui lřa envahie quand elle avait 5 ans. « Je peux
maintenant tourner la page » nous a-t-elle dit avec un sourire timide avant de se rendormir.
La plateforme de mobilisation professionnelle, un dispositif de l’école interne.
Nadia KRAIEM Chef de service pédagogique
En 2015, vingt-neuf jeunes filles ont été prises en charge par le dispositif pédagogique de
lřOustal, dix-sept dřentre elles ont été re-scolarisées, six autres ont quitté l'Oustal. Notre
dispositif demeure un atout pour entretenir le partenariat avec les établissements de
lřEducation Nationale. En effet, lřobligation scolaire des jeunes de moins de 16 ans
confrontées à la faiblesse de leur niveau scolaire, nous conduit à resserrer notre capacité de
collaboration. Cřest dřailleurs spécifiquement à cet endroit que notre intervention trouve toute
sa dimension.
Nous avons donc reçu de manière régulière six jeunes filles en classe que nous avons pu
inscrire au CFG (Certificat de formation générale) et que nous avons accompagnées pour
passer au mieux leur examen. Nous sous sommes rapprochés du SAU 78 avec qui nous
avons organisé le CFG blanc. Cinq jeunes filles ont été diplômées.
Notons que nous avons accompagné une jeune qui a été reçue au concours d'AMP.
Nous avons également proposé aux jeunes de passer leur PSC1, cinq l'ont obtenu.
En Septembre, nous nous sommes rapprochés de nos collègues de Rencontre 93 (AVVEJ)
et leur avons proposé un partenariat avec l'Université de Paris 13. La convention tripartite
que nous avons signée avec lřuniversité nous permet de disposer du gymnase de l'Université
afin que nos jeunes puissent bénéficier de cours de sport. Le choix de l'Université de Paris
13 qui se trouve à Villetaneuse permet aux jeunes filles de sortir en découvrant d'autres lieux
et en se découvrant dans un autre espace mixte avec d'autres jeunes. De plus, par le biais
du sport, nos jeunes découvrent également l'Université et s'y projettent en interrogeant les
éducateurs sur son fonctionnement. Depuis la rentrée scolaire, chaque lundi après-midi,
nous nous rendons à l'Université Paris 13 avec lřéquipe et les jeunes de Rencontre 93 afin
de bénéficier de cours de sport dispensés par un enseignant de l'Université.
Le cours se divise en deux parties : dans un premier temps, il est question de remise en
forme avec 45min de fitness et dans un second temps, le professeur amène nos jeunes à
une expression artistique corporelle avec de la danse hip-hop. Les éducateurs participent
également aux cours et se mettent au même niveau que les jeunes qui se sentent soutenus
lorsqu'ils se trouvent en difficultés pour réaliser un pas. Nous pouvons également assister à
l'inverse lorsqu'un jeune explique à son éducateur de quelle manière réaliser un
enchaînement.
1. La détermination de Valéria : le chemin vers la réussite
Christian NEGRI, Educateur spécialisé, Plateforme de Mobilisation Personnelle de lřOustal
A lřaurore de cette nouvelle année, il est temps de poser son regard sur celle qui vient de
sřachever. Au sein dřune institution cela se matérialise par la rédaction dřun document
désigné sous le terme de rapport dřactivité. Chaque année apporte une évolution dans la
pratique dřune équipe, visant, suite à une réflexion et un bilan, à en améliorer lřefficacité et la
productivité. Dans notre champ dřactivité « protection de lřenfance » lřamélioration se mesure
en termes dřengagements et de lřeffet de nos accompagnements sur les jeunes filles qui
nous sont confiées.
Je souhaite cette année témoigner du parcours de Valéria. Je le fais avec émotion, car oui,
je suis fier du parcours de Valéria ! Cette jeune fille, née en Guinée, est arrivée en France en
Foyer Éducatif l’Oustal
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
99
avril 2011, à lřâge de 16 ans dans des circonstances exceptionnellement difficiles. Elle a été
accueillie par le SAU78 (AVVEJ) de Bois dřArcy en novembre 2011.
En Guinée, Valéria a été scolarisée à lřâge de 5 ans, surmontant le tumulte quotidien, elle a
poursuivi ses études pour atteindre au collège une classe équivalente à une « 4ème » en
France. Malgré de lourds problèmes à la maison, Valéria a toujours été très assidue et
déterminée à sřinvestir dans sa scolarité.
Son arrivée en France a eu comme conséquence une déscolarisation dřune durée dřun an,
avant dřintégrer en mars 2012 lřEcole Interne du Foyer Educatif lřOustal.
Au cours de lřannée 2015, en regardant Valéria se débattre avec sa situation, jřai repensé à
la petite phrase affichée dans mon bureau: « Le talent de chacune des jeunes filles est une
petite chose que le vent emporte. On ne se sait pas où il va se poser, pourtant un jour, il
germe et sřépanouit »
Je ne travaillais pas encore à lřOustal quand Valéria a rejoint le dispositif pédagogique. Mes
collègues, déjà présents mřont témoigné que cette jeune fille a fait preuve dřune grande
assiduité et dřune forte volonté dřapprendre. Elle a progressé très rapidement et en fin
dřannée, elle avait atteint le niveau requis pour intégrer un CAP. Le CIO souligne dans une
note en 2012, le sérieux de Valéria, sa volonté dřaller au bout dřexercices compliqués et déjà
sa détermination à exercer plus tard un métier dans le secteur médico-social. Elle fait dès
2012, un stage en maison de retraite, qui la conforte dans son choix professionnel que
lřéquipe qui lřa encadrée durant le stage valide sans réserve. Le dossier de retour en
formation monté en partenariat avec le CIO a permis à Valéria dřintégrer une classe de CAP
ATMF (Assistant Technique en Milieu Familial) au lycée Louis Blériot à Trappes. Elle obtient
des résultats très satisfaisants ; les observations du conseil de classe la qualifient dřélève
sérieuse et elle reçoit les félicitations. Après lřobtention de son CAP, Valéria poursuit sa
formation en obtenant son diplôme « Mention Complémentaire dřAuxiliaire de Vie » et
prépare en parallèle le concours dřentrée en formation dřAide-soignante.
En novembre 2015, elle obtient une note de 13/20 au concours dřentrée en formation à lřIFSI
de Versailles. Elle se trouve sur la liste complémentaire de cet établissement et en lřabsence
de désistements, elle ne peut pas intégrer cette école. Valéria me sollicite alors. Je crois
quřune relation de confiance sřest instaurée entre elle est moi. Ce lien sřest tissé quand nous
avons « galéré » ensemble pour trouver des stages dans le cadre de sa formation en CAP
puis en mention complémentaire. Premier stage dans un foyer maternel et le second dans
un EHPAD. Jřai également partagé ses moments dřabattement concernant sa situation
administrative qui nřévolue pas « de récépissés en récépissés sans droit de travail ».
Elle ne renonce pas et effectue, en sřappuyant sur le dispositif de la PMP, des recherches
qui aboutissent à trouver lřécole « IFAS DOMEA » pouvant lui permettre dřentrer en
formation le 4 janvier 2016. Le tarif de la formation au sein de cette école est de 5800 euros.
Valéria ne dispose dřaucune ressource personnelle en dehors dřune subvention de 360
euros qui lui est attribuée par le foyer. Elle bénéficie dřune prise en charge dans le cadre
dřun contrat jeune majeure depuis 2013 dont lřéchéance est fixée à juin 2016. Elle ne
dispose que de minces économies de 500 euros dont 300 quřelle peut consacrer à sa part
de financement personnel.
Valéria a sollicité, auprès de la mission locale, une aide de type FAJ pour lui permettre
dřavoir un complément de financement de 1000 euros afin de pourvoir entrer en formation.
Le financement principal pourrait être obtenu à travers la demande dřune bourse dřétudiant
de 4700 euros pour une formation paramédicale.
Par ailleurs, lřassistante sociale du Secteur Educatif auprès des jeunes majeurs (SEJM), en
charge de la situation de Valéria, envisage de faire une demande de « subvention ASE » afin
de venir se substituer à la bourse en cas de non obtention.
Foyer Éducatif l’Oustal
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
100
Une fois tout ce travail effectué pour monter une solution permettant à Valéria de ne pas
abandonner le rêve quřelle a depuis toujours, Valéria reçoit un appel de LřIFSI lui proposant
une place inespérée grâce à nos relances et au nombre important de désistements. Valéria
est folle de joie, elle va pouvoir effectuer sa formation sur Versailles pour un montant plus
raisonnable à rassembler : 2500 euros. Nous avons dû faire preuve de délicatesse pour
prévenir IFAS DOMEA quřelle nřintègrerait pas leur école malgré la place quřil lui avait
réservée et lřaménagement du financement.
Valéria est en formation à lřIFSI depuis le 4 janvier 2016 : lřaboutissement de tant dřefforts
effectués par elle depuis son arrivée en France en 2012. Elle nřa jamais lâché. Nous
sommes en attente dřune réponse des trois dossiers de financement demandés (FAJ, ASE,
Bourses).
Drôle de coïncidence, pendant que jřécrivais ce texte, Valéria mřa téléphoné pour me
demander si je pouvais lui imprimer les cours que les professeurs de lřIFSI lui ont transmis
par mail car elle aurait bien aimé réviser ce week-end.
Combien de jeunes filles qui passent par le dispositif de lřaide sociale à lřenfance et le
placement arrivent à aller au bout de leur rêve de formation ? Très peu dřaprès les
statistiques. Comme dit lřAbbé Pierre on ne pleure pas devant les statistiques. En reliant les
20 fascicules de la formation dřaide-soignante ce samedi matin, jřavoue avoir été envahi par
lřémotion.
Les projets des jeunes filles que nous accompagnons peuvent si vite basculer et
sřinterrompre pour tant de raisons.
Mon travail dřaccompagnement de Valéria mřa souvent fait ressentir le poids dřune grande
responsabilité quand on sřengage sans certitude de réussir. On peut avoir parfois
lřimpression de mettre « la charrue avant les bœufs ». Lřexpérience acquise depuis deux ans
sur la PMP mřa appris que lřimportant est de sřengager sans réserve et on peut prendre le
risque dřéchouer car les jeunes filles sont très sensibles à notre engagement comme des
« thermomètres » avisés. Il vaut mieux échouer que de ne pas essayer, cřest cela aller vers
la vie.
Avoir de lřhumour a permis à Valéria de tenir et passer des périodes difficiles. Un jour, elle
mřa dit lors du départ dřun chef de service : « Elle était gentille et a fait beaucoup pour moi,
heureusement car un jour cřest peut-être moi qui mřoccuperai dřelle quand elle sera en
maison de retraite. »
Deux commissions de sécurité cette année
Fabien GARNIER, Directeur-adjoint
Lřoustal est un ERP (Etablissement Recevant du Public)
Tous les 5 ans, afin de garantir la sécurité des jeunes qui sont accueillies dans notre
établissement, une commission de sécurité (composée de représentants de la Mairie, des
pompiers et du préfet) vérifie la conformité des bâtiments et leur niveau de sécurité en
exploitation. Nous avons accueilli durant lřannée 2015 deux commissions de sécurité sur les
pavillons Montreuil et les locaux rue Jacques Boyceau, ainsi que sur le pavillon Etats Unis.
Le déroulement d'une visite donne lieu systématiquement à la vérification du registre de
sécurité et des documents nécessaires à la réception éventuelle de travaux, à des essais
des moyens de secours (alarme incendie - détection automatique incendie - dispositifs de
désenfumage et autres dispositifs techniques facilitant l'intervention des sapeurs-pompiers).
À l'issue des visites de sécurité, les membres de la commission de sécurité vont délibérer et
prononcer un avis motivé, favorable ou défavorable à la poursuite de lřexploitation de
l'établissement.
Foyer Éducatif l’Oustal
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
101
Au-delà de la fierté que nous avons éprouvée des deux validations avec les félicitations de la
commission pour la poursuite de notre activité sur les pavillons Montreuil et Etats Unis, ces
visites valident surtout pour nous, notre préoccupation quotidienne pour garantir la sécurité
des jeunes et des professionnels qui vivent et travaillent sur les pavillons. Pour cela, nous
remercions sincèrement notre architecte, Mr Bruno Lam Quang et Mr Jean-Michel Gatille,
notre coordinateur SSI (Système de Sécurité Incendie) pour leur professionnalisme et leur
engagement dans notre collaboration.
Durant cette année 2015, nous avons également travaillé sur lřagenda du dispositif
dřaccessibilité aux personnes handicapées. Ce dispositif comprend les actions nécessaires à
la mise en accessibilité, le programme, le calendrier des travaux et les financements.
La formation du personnel
Nadia EL GANFOUD, Secrétaire de direction
Nous avons amorcé, en lien avec notre direction générale, cette année la mise en place des
entretiens professionnels avec lřensemble des salariés de lřOustal. Lřobjectif, selon la
réforme de la formation continue, étant dřaboutir à construire des propositions de formations
alliant les besoins de lřassociation et lřadaptation des compétences des salariés aux postes
quřils occupent. Nous espérons, avec une meilleure maitrise des dispositifs de formation et
de leur articulation, continuer de soutenir la démarche formative indispensable des
professionnels de notre secteur.
Le budget de formation pour lřannée 2015 a connu des incertitudes dues à lřaccord de
branche UNIFED relatif à la réforme de la formation professionnelle, en cours de négociation
(réforme du 05 mars 2014). Lřannée 2015 a donc été une année de transition et de ce fait
nous avons rencontré quelques difficultés à mettre en place les demandes individuelles
effectuées par les salariés, face aux réponses tardives des accords de prise en charge des
services dřUNIFAF, (reçu en juin 2015), rendant presque impossible la réalisation de cellesci. Pour un très grand nombre, les dates de stage ayant déjà eu lieu au premier trimestre,
pour dřautres, les organismes ou écoles de formation avaient annulé les stages faute de
participants au vu des inscriptions non confirmées.
Nous avons tout de même pu réaliser les formations collectives inscrites sur le budget de
formation, pour certaines engagées dès le début de lřannée 2015. Nous avons pris le risque
de les entamer sans garanties certaines de prise en charge.
De ce fait, en fin dřannée nous avons pu réaliser avec le reliquat du budget non utilisé, une
formation pour lřensemble des maitresses de maison en intra, intitulée, « Les bonnes
pratiques d'hygiène en Foyer Résidentiel », nous avons eu, à cette occasion, le plaisir
dřaccueillir deux maitresses de maison dřune autre structure de lřAVVEJ.
De projets en perspectives…
Plusieurs projets ont vu le jour cette année et se poursuivent. Nous avons effectivement
commencé en septembre le travail dřactualisation du projet dřétablissement. Le dispositif que
nous a proposé le cabinet ITACA et conduit par Madame Antonella Relli consultante a
permis une mise au travail sur le plan institutionnel. Le comité de pilotage composé de
représentants des métiers présents dans lřinstitution adossé à un comité de direction a
ouvert un nombre appréciable de pistes de réflexion qui ne manquent pas de donner un
ressort indispensable à la dynamique institutionnelle. Ce travail se poursuivra encore durant
quelques mois en 2016.
De nombreux professionnels ont participé au 23ème séminaire de lřAVVEJ qui sřest tenu en
septembre 2015 dont le thème fut : « Normes, règles, lois : quels repères pour lřinstitution
éducative ? »
Foyer Éducatif l’Oustal
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
102
Comme tous les ans, nous avons réalisé durant lřété 2015 quelques travaux de rénovation
de nos locaux : Pose de carrelage sur lřunité de vie de Montreuil, pose de parquet sur celle
de Pont Colbert. Création dřune salle de bains dans le pavillon Etats Unis améliorant de
façon significative le quotidien des jeunes filles. Nous y avons également amélioré les
conditions de travail dans le bureau éducatif par le biais dřun réaménagement des locaux.
Nous avons rénové les installations de 3 appartements.
Conclusion
Narjès Guetat-Calabrese, Directrice
Isabelle ZOUBIRI, Responsable dřunités éducatives
Ce rapport dřactivité 2015 vient faire état dřune année que nous qualifions objectivement de
positive.
Pour autant cette année est venue nous interpeller sur la précarité des équilibres. Les
événements nationaux qui lřont inaugurée et qui lřachèvent nous ont émus et rassemblés
alors quřils mettaient à mal la liberté et le droit individuel.
Est-ce à dire que ces ruptures ont été un appui pour trouver lřénergie créatrice ?
Quoi quřil en soit cette année a été le moment dřinaugurer dřautres pratiques, de transmettre
notre capacité dřenvisager la prise en charge de notre public et lřaccompagnement des
équipes autrement, de se penser et de se transformer collectivement.
Cette énergie et cette mobilisation, nous la retrouvons aujourdřhui dans lřécriture du nouveau
projet dřétablissement qui viendra sans doute incarner ce qui nous a rassemblés.
Foyer Éducatif l’Oustal
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 103 -
Activité de l’établissement
Nombre de journées réalisées
Activité de l'établissement
Activité de l'établissement
21 036
20 802
20 593
20 447
20 180
20 020
2010
2011
2012
2013
2014
2015
L'activité est supérieure à celle de 2014. L’objectif fixé pour 2015 était de 20574 journées.
Foyer éducatif l’Oustal
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 104 Répartition du nombre de journées
Départements
Yvelines
27, 28, 75, 77, 91, 92, 93, 94, 95.
Total
2014
10765
9682
20447
2015
10359
10234
20593
Évolution 2014>2015
-3,77
+5,70
+ 0,72
Nous notons une nette diminution du nombre de journées du département des Yvelines.
Répartition de l’activité
50 % de l’activité sont réalisés avec le département des Yvelines. 28 jeunes filles originaires des Yvelines étaient présentes au 1 er janvier 2016.
Yvelines
50%
Foyer éducatif l’Oustal
50%
Autres départements
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 105 -
Activité de l’oustal avec le département des Yvelines
Evolution du nombre de jeunes Yvelinoises présentes à l'Oustal au 1er janvier
60
59
58
55
55
31
29
29
27
Total de jeunes accueillies
28
Yvelinoises
2011
2012
2013
2014
2015
Activité régionale
Si tous les départements de la région Ile-de-France sont concernés par notre activité, le département des Yvelines demeure le département avec lequel nous
travaillons le plus fréquemment. Les variations d’une année à l’autre dans chaque département ne sont pas significatives d’une tendance sur le long terme.
JUSTICE
DEPT77
DEPT75
DASDY
DEPT91
DEPT92
DEPT93
DEPT94
DEPT95
DEPT 28
-
66
483
10359
1851
1130
1996
823
3520
365
Foyer éducatif l’Oustal
20593
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 106 Admissions 2015
Accueil de jeunes filles en cours d’année
Tous départements confondus
Jeunes filles originaires des Yvelines
36
14
Demandes d'admission à l'Oustal de 2011 à 2015
Demandes d'admission des Yvelines
254
Nombre total de demandes d'admission
225
174
168
100
56
144
99
76
63
2011
2012
2013
2014
2015
Foyer éducatif l’Oustal
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 107 Nombre de demandes d’admission émanant du département des Yvelines, 62 contre 76 en 2014. Nous avons constaté depuis la mise en place du
logiciel UGO en juin 2015, une réelle baisse de demandes d’admission du département des Yvelines sur la période de juin à décembre 2015 (23 demandes).

Type de prise en charge des jeunes filles des jeunes filles présentent au 01 janvier 2016
PCA_CJM
Départements des Yvelines
Autres départements
PCJ_TE ASE
11
4
PCA_Parents
13
24
4
3
2011
2012
2013
2014
2015
Total dossiers traités
174
254
225
168
144
Dossiers adressés par le département des Yvelines
56
100
99
76
63
Dossiers adressés par d'autres départements : 75, 91, 92, 93, 94, 95 autres
118
154
126
92
81
Jeunes filles accueillies en cours d'année (tous départements)
47
43
41
38
36
Jeunes filles originaires des Yvelines accueillies en cours d'année
21
23
23
21
14
Récapitulatif des demandes d’admission
Par rapport à 2014, nous observons une diminution importante des demandes d’admission, surtout pour le second trimestre de l’année.
Foyer éducatif l’Oustal
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 108 -
Procédures d’admission non finalisées
Non admission…
…Du fait de l'Oustal : par choix
Du fait de l’Oustal par manque de place au moment de la demande
Du fait des prescripteurs
Du fait des jeunes filles au moment de l’admission ou après la visite de pré-admission
Dossier non étudié en 2015 du fait de leur arrivée tardive reporté en 2016
19
9
55
18
Lorsque l’admission n’a pas lieu du fait de l’Oustal, par manque de place, ceci doit s’entendre au moment où le dossier est reçu. Le choix de ne pas engager
une procédure résulte soit d’une problématique trop éloignée du public que nous accueillons, soit que la jeune fille présentait des caractéristiques trop
similaires à d’autres déjà présentes. Il apparaissait peu opportun dans ces circonstances de l’accueillir.
Sorties de l’établissement
 Sorties des unités de vie
Autonomie
Retours en famille
Réorientation ASE, (FJT, CHRS) autres établissements…)
Foyer Maternel
Orientation vers le SAVVA
Sorties de l’établissement

32 jeunes filles ont quitté l’établissement en 2015.

24 à partir de l’une des unités de vie, dont 3 ont intégrées le SAVVA

8 à partir du service d’accompagnement vers la vie adulte
Foyer éducatif l’Oustal
9
4
15
1
3
32
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 109 Formation professionnelle
Fonction
Organisme Lieu du
de formation stage
Surveillants de nuits + une
ANREL
maitresse de maison
Date du stage
Titre du stage
Sur site La spécificité du public accueillie
Optimiser la conduite de deux équipes en
accord avec le projet d'établissement
Début
Durée
(heures)
Fin
Septembre 2015 Novembre 2015
25
avr.-15
14
sept.-15
24,5
Chef de services éducatif
ALDAE
Conseil
Sur site
Educateurs
ANTHEA
Renforcer sa professionnalité éducative
Sur site auprès d'adolescentes difficiles accueillies en Février 2015
Foyer éducatif
Janvier 2015
Formation à la sécurité
De nouveau cette année l’ensemble des professionnels des unités de vie ainsi que l’ensemble du personnel affecté au siège ont pu bénéficier de la formation
« sécurité ». (Responsable chargé d’évacuation, et formation au système de sécurité incendie).
Foyer éducatif l’Oustal
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 110 -
Foyer éducatif l’Oustal
- 111 -
SERVICE D’ACCUEIL D’URGENCE
« SAU78 »
CONTACT :
ACCÈS :
28 avenue de la République
78330 Fontenay-le-Fleury
Téléphone : 01 34 60 43 44
Télécopie : 01 30 58 13 40
Courriel : [email protected]
SNCF : Paris Gare Montparnasse Ŕ
Direction Plaisir-Grignon / Station Fontenayle-Fleury
ACCUEIL :
365 jours par an et 24 heures sur 24
Enfants, adolescents et jeunes majeurs
Accueils collectifs, Appartements et accueils chez des Assistants Familiaux
MISSION :
Lřaccueil dřurgence trouve son fondement dans lřarticle L 221-2 du Code de lřAction Sociale
et des Familles qui dit que : « Le département organise sur une base territoriale les moyens
nécessaires à lřaccueil et à lřhébergement des enfants confiés au service. Un projet de
service de lřaide sociale à lřenfance […] précise notamment les possibilités dřaccueil
dřurgence ».
Lřaccueil dřurgence peut intervenir ou être ordonné lorsque le mineur ou le jeune majeur ne
peut être maintenu dans son milieu familial au sens large du terme, du fait dřune situation de
danger, soit pour lui-même, soit pour son entourage habituel.
Le SAU78 offre une possibilité de prise en charge immédiate (hébergement et
accompagnement éducatif), en réponse aux situations de crise et aux demandes de
placement en urgence des autorités judiciaires (Parquet des mineurs et Juge des Enfants) et
des services de lřAide Sociale à lřEnfance.
Lřaccueil assuré doit, par définition :




Pouvoir être effectué au moment où il est prononcé
Être limité dans le temps
Être clairement défini vis-à-vis du jeune et de sa famille
Être un espace temps permettant une recherche dřorientation construite pour lřenfant,
lřadolescent ou le jeune majeur
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 112 -
Cet accueil conjugue plusieurs paramètres :


Pour lřenfant qui est placé et est amené, le plus souvent sans préparation préalable,
à vivre une rupture majeure (famille, amis, logement, école…) et à sřintégrer dans un
groupe quřil ne connaît pas
Pour le SAU78, lřadmission supposant un travail immédiat pour intégrer au mieux
lřenfant dans un groupe déjà constitué sans pour autant écarter tout risque de
déstabiliser le dit groupe, ou dans la famille dřaccueil : la nécessité de mobiliser
rapidement un suivi renforcé (médical, psychologique, éducatif…)
L'accueil est organisé dans trois services différents, avec un Service Pédagogique associé :

Service « Filles » : 1 pavillon accueillant 7 jeunes filles

Service « Garçons » : 1 pavillon accueillant 7 jeunes garçons et un appartement
pour 2 jeunes garçons

Service Assistants Familiaux et Appartements (SAFA) : un réseau dřAssistants
Familiaux et 3 appartements (1 appartement pour 4 jeunes et 3 studios pour 2
jeunes chacun)
AGRÉMENTS - HABILITATION :
 Aide Sociale à lřEnfance et Justice (au titre des articles 375 à 375-9-2 du Code
Civil)
STRUCTURE :
Direction : Véronique BLAIN
Chefs de service éducatif : Service « Filles » : Laetitia LE GALL Ŕ Service « Garçons » et
Service Pédagogique : Michel NGOH NTOUMBA Ŕ Service « Assistants Familiaux et
Appartements » (SAFA) : Christel RAVIER
Effectif : 3 Psychologues (1 ETP), 17 Éducateurs spécialisés et faisant fonction, 1
Éducatrice scolaire spécialisée, 2 Maîtresses de maison, 5 Surveillants de nuit (4,5 ETP), 1
Agent technique de maintenance (0,60 ETP), 1 Agent dřentretien (0,40 ETP), 1 Secrétaire de
direction, 1 Comptable, 1 Adjointe-comptable (0,50 ETP) et un réseau dřAssistants
Familiaux.
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 113 -
RAPPORT DřACTIVITE 2015 Ŕ SAU78
PRÉAMBULE
Véronique BLAIN, Directrice
Sans conteste, nous pouvons écrire que le SAU78 a, aujourdřhui, acquis une certaine
maturité, tout du moins dans son organisation.
Les choix que nous avons faits, en accord avec le Conseil départemental des Yvelines,
continuent à porter leurs fruits, en termes dřactivité, même si du chemin reste à parcourir.
La route nřest pas linéaire, tant elle est liée aux problématiques des jeunes que nous
accueillons. De même, la mission même dřaccueil dřurgence peut venir complexifier nos
interventions, de par ses caractéristiques : entrées et sorties permanentes, peu ou pas
dřanticipation possible pour les admissions, dynamique des groupes fragilisée par les
courtes durées de placement…
Pour autant, la configuration du SAU78, aux modalités de prise en charge diversifiées,
permet de répondre aux besoins de nombreux dřentre eux. A cela sřajoute, la capacité de
ses salariés à prendre en compte nombre de situations et à sřadapter, dans ces contextes et
environnements fluctuants.
Si le studio adossé au Collectif « Filles » reste à trouver, cřest bien le SAFA qui a été le
Service le « plus transformé » puisque né de la réunion des dispositifs « Assistants
Familiaux » et « Appartements ».
Avant de laisser la plume à la Chef de service du SAFA, je souhaite évoquer, rapidement et
sans ordre dřimportance, quelques points marquants de lřannée 2015 :

SAU78
La finalisation de notre Projet dřétablissement et sa validation associative en juillet
2015.
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 114 -

Le séminaire 2015 de lřAVVEJ dont le thème : « Normes, Lois, Règles… Quels
repères pour lřinstitution éducative ? » a eu, en ce qui me concerne, une résonnance
particulière. En effet, aucun dřentre nous ne saurait ignorer le contexte dans lequel
nos institutions évoluent et sont contraintes à la fois de se référer et de sřadapter.
Pour autant, notre engagement au service des enfants, des jeunes et des familles
que nous accompagnons et soutenons au quotidien doit rester intact. Nous ne
pouvons laisser « lřappareil technocratique » nous envahir et nous devons rester
mobilisés par le cœur de notre métier. Je me suis, ainsi, engagée dans le Comité
dřorganisation, une expérience, certes épuisante, mais riche dřenseignements et de
réflexions. Ce séminaire a également eu beaucoup de succès auprès des salariés du
SAU78, puisque deux dřentre eux (Élodie KLOJ et Yves LEFRANÇOIS) ont préparé
et animé un atelier : « Paroles de jeunes dřhier et dřaujourdřhui » (ci-après leurs
impressions relatées), tandis que sept autres y ont participé, tous métiers confondus
(Secrétaire, Comptable, Assistante Familiale, Éducateurs spécialisés, Chef de
service éducatif).

Les effets subis des orientations du Conseil départemental des Yvelines avec
notamment, la mise en place du logiciel UGO. Il en sera fait mention plus largement
dans la partie « statistiques » de ce rapport.

Le travail inter associatif qui sřest poursuivi, dans le département, tout au long de
lřannée.
Je ne peux passer sous silence les attentats qui nous ont tous bouleversés et ébranlés cette
année. En ma qualité de Directrice, ils mřont conduite à rappeler aux salariés les principes
fondamentaux de notre République, qui doivent être ceux qui nous animent, au quotidien,
dans lřexercice de nos fonctions. Nous nous devons de transmettre aux jeunes que nous
accueillons une culture commune de la tolérance mutuelle, du respect et leur inculquer le
refus de lřintolérance, de la haine et de la violence, sous toutes leurs formes. Cřest dans ce
contexte actuel et les épreuves que nous traversons, que lřimportance de notre mission
apparaît avec plus de force et dřintensité encore.
Je terminerai mon propos en évoquant le départ à la retraite, à la fin de lřannée 2015, dřune
salariée présente depuis plus de 14 ans dans lřInstitution, Jocelyne SAVONET, Psychologue
positionnée auprès du Service « Filles ». Pilier du SAU78, témoin de ses évolutions, de ses
turbulences et de ses accalmies, elle témoigne un peu plus loin dans ce rapport dřactivité de
la fonction exercée et des inévitables questions quřelle recouvre et a suscitées.
XXIIIème séminaire de l’AVVEJ : Histoire d’un atelier : « Paroles de
jeunes d’hier et d’aujourd’hui » - Échanges et impressions partagés
Élodie KLOJ et Yves LEFRANÇOIS, Éducateurs spécialisés
Nous avons décidé de nous investir dans la préparation du XXIIIème Séminaire de lřAVVEJ
en participant au Comité dřorganisation et en proposant dřanimer un atelier, soutenus en cela
par notre Directrice, Véronique BLAIN.
Nous avons choisi de faire venir, à Ronce-les-Bains, la parole des jeunes accueillis au
SAU78, pour la faire entendre et la confronter à celle dřanciens jeunes placés (Les « 3A » Association des Anciens et Amis de lřAssociation Vers la Vie), en utilisant comme support, le
film.
SAU78
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 115 -
Lřobjet du Séminaire : « la loi, la norme, la règle » a rapidement trouvé sens, non seulement
pour nous, professionnels, mais également pour les jeunes filles et garçons accueillis dans
notre structure et qui ont contribué à nos travaux.
Nous avons procédé par étapes successives, associant également, au fur et à mesure de
leur avancée, tout ou partie de nos collègues et encadrants.
Lřaventure a débuté un 1er avril (2015), à lřoccasion dřune « Réunion Jeunes » (modalité de
représentation et de participation des usagers). Huit garçons et filles étaient présents et ont
été interrogés, au moyen dřun méta plan, sur leur vision de la loi, la règle, la norme au sein
du SAU78, à lřécole ou sur le lieu de formation / travail et plus généralement en société.
Ce temps dřéchanges avait été préparé en amont sur chaque Service du SAU78, à
lřoccasion des groupes de parole qui y sont mis en place.
Les propos recueillis ont permis de dégager et dřélaborer les questions destinées à être
posées aux jeunes intéressés par le projet, au moyen dřinterviews filmées.
Onze dřentre eux, sollicités par nos collègues, ont répondu présents et se sont investis dans
la démarche.
Nous sommes allés à leur rencontre, sur leur lieu de vie (Pavillon des Filles, Pavillon des
Garçons, Service Assistants Familiaux et Appartements) et les avons interrogés tout en les
filmant, sans plus de préparation afin de garantir leur spontanéité. Nous avons ensuite
procédé au montage du film et à la préparation de lřatelier que nous avons décidé dřanimer
au Séminaire.
Parallèlement à ce travail, nous nous sommes rapprochés des membres des 3A (Association
des Amis et des Anciens de lřAVVEJ), leur exposant notre projet et sollicitant leur
contribution, ce quřils ont accepté.
Nous nous sommes lancés dans ce projet, un peu fébriles car une première pour nous, mais
avec une envie et une motivation très fortes ; même si nous avons dû faire face à des soucis
techniques, qui ont pu, à certains moments, entacher notre moral et nous laisser quelque
peu insatisfaits (notamment, en raison de la mauvaise qualité de son du film). Nous avons
connu le trac et quelques hésitations lors de lřanimation de lřatelier, exercice que nous
nřavions jamais fait auparavant ; une dose de pression supplémentaire face à Pierre-Étienne
HOLLIER-LAROUSSE, Président, et Serge RAGUIDEAU, Directeur général, et à tous les
participants au nombre un peu impressionnant.
Nous sommes particulièrement contents, voire fiers, dřavoir mené ce projet jusquřau bout et
avoir partagé avec les salariés et bénévoles de lřAVVEJ participant au Séminaire. La
collaboration avec les 3A a été intense en émotion et en échanges de points de vue. Nous
les remercions, une nouvelle fois, pour leur engagement et espérons prolonger ces contacts
dans un avenir proche (participation à une « Réunion Jeunes »). De même, nous souhaitons
remercier tous les jeunes, et plus particulièrement Marcello, Gwendal, Steeve, Amadou,
Leïla, Dimitrinka, Hinatea, Chantal, Ruth, Élodie et Ikram pour avoir participé à lřexercice,
pour la justesse et la pertinence de leurs propos, ainsi que notre Chef de service éducatif,
Christel RAVIER, présente à ce Séminaire, et lřensemble des professionnels du SAU78.
Au-delà de cette expérience très enrichissante, nous avons vécu un Séminaire passionnant
et nous sommes heureux dřy avoir participé, tant personnellement que professionnellement.
Ce fut un vrai temps de rencontres et de partages tant avec nos collègues du SAU78, vus
dans un autre contexte (Issa MBENGUE-Éducateur spécialisé, Anaïs LANNEZ-Éducatrice
SAU78
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 116 -
spécialisée, Marie ARGOT-Maitresse de maison, Caroline ROUSSEL-Assistante Familiale,
Anne-Laure GEVREY-Secrétaire de direction, Sophie GESLIN-Comptable adjointe), quřavec
ceux des autres
Établissements de lřAVVEJ que nous nřavons pas ou peu lřoccasion de rencontrer par
ailleurs. Il a vraiment été très agréable de faire leur connaissance et dřéchanger autour de
nos pratiques respectives dans un environnement convivial et différent de celui habituel.
Le « SAFA »
Christel RAVIER, Chef de service éducatif
Je suis arrivée au SAU78 le 4 novembre 2013 dans le contexte dřune institution en pleine
mutation avec le projet annoncé dřorganiser la fusion de lřancien « Service Familles Relais »
et du mode dřaccueil en appartement, sous la responsabilité dřun unique chef de service.
Il sřagissait donc de trouver entre autres, un dénominateur commun à deux dispositifs de
prise en charge très différents : accueil familial et accueil en appartement.
De nombreuses questions se sont alors imposées à moi : comment réunir en une seule et
même équipe des Assistants Familiaux, des Éducateurs, des Surveillants de nuits, un chef
de service et un psychologue ? Comment donner du sens et de la cohérence à un projet
dont les modalités dřaccueil et lřaccompagnement qui en découlent sont si différentes ?
Construire un projet sur les vestiges dřun existant très fragile ou penser un nouveau projet ?
Il est important de préciser que cette réflexion sřest menée dans le contexte de la réécriture
du projet dřétablissement et la perspective de lřévaluation externe.
Mais comme rien nřest jamais binaire en matière de projet éducatif, toutes ces interrogations
se sont entrechoquées, emmêlées, démêlées et il a bien fallu se lancer, tâtonner, faire
monter en charge une activité insuffisamment viable, pour finalement réussir à créer le
Service « Assistants Familiaux et Appartements » (SAFA).
Le SAFA est donc aujourdřhui un des quatre services du SAU78 et propose deux modalités
dřaccueil distinctes, répondant de manière individualisée aux problématiques singulières
rencontrées par les enfants et adolescents relevant de la Protection de lřEnfance. Il se
compose dřune équipe pluri professionnelle de quinze salariés avec une capacité dřaccueil
globale de 18 à 20 jeunes. Si le SAFA est bien un seul et même service, chapeauté par un
chef de service et disposant dřun psychologue 2 jours par semaine, le choix a été fait de
positionner trois Éducateurs sur le dispositif « Appartements » et deux Éducateurs sur le
dispositif « Assistants Familiaux ».
Le dispositif « Appartements » : Le projet global de ce dispositif vise lřacquisition
progressive de lřautonomie des jeunes afin de travailler leur orientation vers un service
éducatif de suite (avant 21 ans) ou un hébergement de droit commun (après 21 ans). La
complexité et la subtilité du travail que nous menons avec eux résident notamment dans le
fait que beaucoup dřentre eux résistent à ce que nous leur proposons, sřestimant aptes à
gérer les nombreuses démarches et la pression inhérente à lřapproche de leur majorité ou
de leur 21 ans et à la fin de lřintervention des services de la Protection de lřEnfance à leur
profit.
Notre travail se situe donc au croisement dřun accompagnement de grande proximité et dřun
suivi plus distancié. Pour atteindre nos objectifs, notamment en matière dřorientation, il sřagit
SAU78
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 117 -
aussi dřenrichir et faire vivre un partenariat de proximité avec les institutions susceptibles
dřaccueillir les jeunes, notamment après leur 21 ans.
Le dispositif « Assistants Familiaux» : Il se compose, à ce jour et entre autres, de sept
Assistants Familiaux et de deux Éducatrices spécialisées.
Les Assistants Familiaux résident dans des départements limitrophes aux Yvelines (91, 27),
ce qui implique des déplacements au minimum par demi-journée et une communication
téléphonique bien rodée.
Le projet global de ce dispositif vise à proposer un accueil de type familial, une expérience
positive préservée des difficultés liées à la vie en collectivité insupportable pour certains
jeunes. Les Assistants Familiaux ont pour missions notamment dřaccompagner les jeunes au
quotidien, de transmettre leurs observations à lřÉducatrice référente, qui contribueront à
lřélaboration du projet individualisé. Les Éducatrices les soutiennent dans cette prise en
charge, rencontrent régulièrement les jeunes, confrontent leurs observations avec les leurs
afin de proposer une évaluation de la situation et in fine une orientation adaptée.
Aujourdřhui, après deux années de fonctionnement, nous avons décidé de prendre un peu
de recul et de faire un bilan évaluatif de lřaccompagnement proposé aux jeunes. Cette
démarche sřinscrit dřune part, dans le cadre du plan dřamélioration continue de la qualité,
dans une volonté dřêtre au plus près des missions dévolues au SAU78 et aussi dans une
grande détermination dřajuster la prise en charge au plus près des besoins des jeunes que
nous accueillons.
« Quinze ans de rencontres au SAU78 »
Jocelyne SAVONET, Psychologue
Sarah, Marie, Erica, Ramatoulaï, Inès, Falonne, Stessy, Mariama, Hajar, Yurub, Coralie,
Merveille, Catalina…et combien dřautres, rencontrées au rythme des accueils ! Parfois à
peine entrevues, parfois accompagnées régulièrement pendant plusieurs mois. Presque
quinze années de rencontres avec les jeunes filles du SAU78 !
Partir en retraite après une si longue tranche de travail amène forcément à une réflexion, à
un retour sur soi : comment ai-je occupé ma place de psychologue auprès dřelles ?
Certaines de ces adolescentes ont aujourdřhui la trentaine : que sont-elles devenues ? Sontelles des femmes debout ? Ont-elles pu reprendre les rênes de leur existence ?
Les écouter, quelques jours après leur arrivée au SAU78 ne fut pas toujours facile :
D’abord, établir un contact, entrer en relation : « Pourquoi cette psy demande à me voir ?
Que veut-elle ? Jřai déjà parlé de mon histoire… de toute façon, parler ça sert à rien... Moi, je
ne parle pas aux psys… » : faire la démarche de répondre à une invitation, accepter de se
poser dans un bureau, dans un face à face dont on ignore a priori les tenants et les
aboutissants ne va pas de soi pour ces adolescentes : elles nřont le plus souvent aucune
confiance dans les adultes et sont prises dans des agirs répétitifs qui ont, justement, pour
fonction dřempêcher de se poser pour penser.
Ensuite, construire et garantir un espace, un cadre pour accueillir cette relation, la
délimiter aussi:« Va-t-elle penser que je suis folle ? Est-ce quřelle peut me faire dire des
choses que je préfère garder pour moi … Si je lui parle est-ce quřelle va tout raconter aux
éducs ? »
SAU78
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 118 -
Il faut parfois être tenace, proposer plusieurs rendez-vous avant que la porte du bureau ne
soit franchie, ou attendre dans un échange qui sřannonce limité, le moment de grâce,
moment dřouverture et dřémotion où une parole peut éclore…
Pour la Psychologue clinicienne, ce travail en Service dřAccueil dřUrgence a comporté une
bonne dose de frustration : une rencontre a lieu, un transfert commence à se nouer :
lřadolescente a une demande… mais déjà, il faut préparer lřaprès... et passer le relais. Au
SAU78, je ne suis pas dans une fonction de psychothérapeute et il est impossible de lřêtre
dans ce cadre.
De plus, très souvent, ce nřest pas dans les paroles déposées dans « le petit bureau au fond
du jardin » que réside ce qui va nous permettre, en équipe, de penser la problématique de
lřadolescente, de réceptionner quelque chose de sa souffrance : cřest bien davantage dans
ce quřelle vient, au fil des jours, montrer et dire aux uns et aux autres membres de lřéquipe,
jouer sur la scène du Collectif. Cřest à travers le quotidien partagé, à travers des relations qui
sřétablissent avec les éducateurs, avec les autres jeunes du groupe que « ça » parle… Ce
travail conduit donc le psy à une posture dřhumilité : non, je ne « sais » pas tout ! Cřest à la
construction dřun « objet clinique » spécifique, constitué à la fois de la parole des jeunes en
entretien et des échos, des résonnances de la vie du groupe au quotidien, tel quřil va se
dessiner à lřécoute du discours de lřéquipe éducative, quřil sřagit de travailler.
Alors, le travail avec l’équipe, EN ÉQUIPE… Cřest autour de la table de réunion du
mercredi (et de ses innombrables cafés) que se déploie un espace essentiel au travail du
psy, cřest un espace dřécoute, dřattention (plus que dřobservation), de recherche de sens, de
co-construction et, dans les meilleurs jours, de création. Ça ressemble le plus souvent, à un
bricolage qui tente de faire tenir ensemble les éléments les plus disparates, pour avancer
quelques hypothèses, bâtir une « prise en charge » au quotidien, et avancer dans
lřélaboration dřun projet.
Deux dimensions (contradictoires ?) sont en effet en permanence à articuler, tout en les
différenciant : la dimension psychique individuelle et la dimension psychique institutionnelle
et groupale.
La question de la transmission : Elle fut posée il y a quelques années dans un séminaire
de lřAVVEJ, auquel jřavais activement participé, et me semble aujourdřhui plus pertinente
que jamais, pour réfléchir à ce que, ensemble, nous avons rendu possible pour ces jeunes
filles que leur histoire chaotique a fait « passer» par le SAU78.
Je reste profondément convaincue que, plus que nos discours, notre manière dřêtre vis-à-vis
dřelles et entre nous, ce que nous sommes en tant que professionnels, citoyens, et simples
personnes, nos actions et nos réactions, les actes que nous posons, la qualité de notre
présence, sont les véritables messagers des valeurs humanisantes que nous voulons
transmettre…
Jean GIONO parlait de « ces petits éclairs qui nous traversent, comme des guêpes » et
écrivait-il, quand on est avec des enfants, « cřest avec ça quřon les élève, pas avec de la
soupe… »
Avons-nous su entretenir ou ranimer lřespoir dans la vie à venir, insuffler la confiance en
lřautre, la richesse de la différence ?
Ai-je pu, par ma contribution au travail de cette équipe, au sein de cette institution, tenir le
cap dřune présence attentive et respectueuse de chacun et de chacune, dans la
permanence, au-delà des aléas et des embûches ? Ce nřest pas à moi de le dire. En tout
cas, jřai essayé.
SAU78
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 119 -
L’ACTIVITE EN 2015
Lřannée 2015 se caractérise par une augmentation très nette du nombre des admissions
(112 contre 79 en 2014) et des départs (118 contre 75 en 2014). La durée des séjours est,
dans sa grande majorité, inférieure à 3 mois.
 Les demandes dřadmissions
Le SAU78 a été sollicité pour lřaccueil de 413 jeunes (contre 569 en 2014), dont 28
demandes dans le cadre du « Protocole sur lřaccueil dřurgence des mineurs confiés au
Parquet de Versailles en dehors des heures ouvrables ».
Les demandes proviennent, pour 81% dřentre elles, du département des Yvelines, territoire
dřimplantation de lřétablissement.
1%
2%
5%
3% 2% 2%
0%
4%
75
77
78
91
92
93
94
95
Autres
81%
45
48
47
46
31
35
32
31
25
SAU78
28
22
23
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 120 -
La diminution conséquente des demandes dřadmission, depuis le mois de juillet 2015, a eu
un impact certain sur notre activité. Ce constat est à mettre en perspective avec la mise en
place, par le Conseil départemental du 78, du logiciel UGO, à compter dřavril 2015. Depuis le
8 de ce mois, 266 sollicitations dřaccueil nous ont été adressées, dont 83 via UGO.
 Les admissions réalisées
112 nouveaux accueils ont été réalisés, dont 26 au titre du « Protocole sur lřaccueil
dřurgence des mineurs confiés par le Parquet de Versailles en dehors des heures
ouvrables » : 96 jeunes originaires des Yvelines et 16 relevant des autres départements de
la région parisienne.
75
77
78
91
92
93
94
95
Autres
 Le nombre de jeunes pris en charge
143 jeunes ont été accueillis au SAU78 au cours de lřannée 2015 dont 69 filles et 74
garçons.
124
2010
127
2011
114
2012
143
107
2013
105
2014
2015
 Lřâge des jeunes accueillis
SAU78
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 121 -
La tranche dřâge la plus représentée est celle des 16 - 18 ans (82 jeunes). Toutefois, le
SAU78 est habilité pour accueillir des enfants, adolescents, et jeunes majeurs âgés de 0 à
21 ans. Le SAU78 est bien un lieu dřaccueil repéré pour les adolescents.
46
36
26
21
3
5
5
1
< à 10 ans
10 à 15 ans
16 à 18 ans
> à 18 ans
 La durée moyenne des séjours
118 mineurs et majeurs ont quitté le SAU78 dans le courant de lřannée 2015. 83 dřentre eux
sont restés moins de 3 mois, 12 entre 3 et 6 mois et 23 plus de 6 mois.
< à 3 mois
3 à 6 mois
> à 6 mois
70%
10%
20%
CONCLUSION
Véronique BLAIN, Directrice
Les institutions socio-éducatives sont des équilibres fragiles et loin dřêtre dans la routine,
notre quotidien nous donne, bien souvent, lřimpression dřêtre sur le fil.
Le SAU78 nřéchappe pas à ce constat, et ce dřautant quřil est soumis à un rythme tout à fait
particulier, au regard de la mission qui est la sienne et qui exige permanence et continuité
dřaction.
Les entrées et sorties permanentes des jeunes colorent nos actions dřune dynamique
particulière, qui requiert, de notre part, stabilité et cohérence.
Or les problématiques rencontrées par les jeunes que nous accueillons peuvent nous mettre
à mal, ainsi que le cadre que nous sommes censés incarner.
SAU78
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 122 -
Ces adolescents que nous accompagnons rencontrent de multiples difficultés, le plus
souvent aux confins de lřéducatif et du soin. Certains dřentre eux peuvent bénéficier dřun
traitement médical, avec une prescription de suivi psychothérapeutique qui ne se met pas en
place du fait des ruptures successives des lieux de placement et dřun refus de leur part.
Leur parcours est particulièrement chaotique, empreint de fugues répétées, de mises en
danger, de violence, de ruptures multiples… ces comportements sont, aujourdřhui, largement
amplifiés par ce qui se véhicule sur les réseaux sociaux et ce que les jeunes en font.
Il sřagit, pour nous, de prendre en compte, dans nos interventions, leur situation singulière,
de leur offrir un environnement sécurisant et soutenant pour la mise en place dřun projet
individualisé, et de leur proposer de sřintégrer et vivre au sein dřun collectif, dřun
appartement ou chez un assistant familial, avec tout ce que cela comporte, y compris en
termes de limites et de règles, fondements également de la vie en société.
Nous sommes de plus en souvent sollicités en « bout de parcours du jeune », lorsque celuici a tout « fait exploser ». Dans le contexte de notre institution et des moyens dont nous
disposons, nous pouvons prendre la décision de lřaccueillir. Pour autant, nous ne sommes ni
meilleurs, ni moins bons que les autres.
Le SAU78 est une maison dřenfants à caractère social, ouverte sur lřextérieur. Il nřy a ni
grille, ni barreaux aux fenêtres. Il ne dispose pas de personnel médical. Nous travaillons
avec les moyens dont nous disposons, dans le respect du jeune et de la prise en compte de
son désir.
Nos interventions nřont de sens et ne peuvent porter leurs fruits que si elles sřarticulent avec
celles du service « placeur ».
A lřheure où nous nous interrogeons sur le positionnement du Conseil départemental des
Yvelines, chef de file de la protection de lřenfance, nous nous devons de continuer à affirmer
lřindispensable nécessité de la mobilisation et de lřengagement de lřensemble des acteurs.
Sans ignorer ni la contrainte budgétaire, ni vouloir remettre en question la légitimité du
Conseil départemental, sachons garder notre cap sans nous détourner de notre
responsabilité, en veillant à prendre en compte et préserver le devenir de notre jeunesse.
SAU78
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 123 -
CENTRE D’HEBERGEMENT ET DE REINSERTION SOCIAL
« STUART MILL »
CONTACT :
ACCES :
43, rue des Chantiers
78000 VERSAILLES
Téléphone : 01 30 84 98 50
Télécopie : 01 30 84 98 53
SNCF: Paris gare St Lazare Direction,
Versailles Rive droite
Paris gare Montparnasse-Direction
Rambouillet
Plaisir
Grignon
ou
Chartes ? Descendre « Versailles
Chantiers »
RER C : Direction Versailles ŔRive
Gauche
ACCUEIL :
A. SERVICE D’ACCUEIL D’URGENCE
Lřhébergement est réservé exclusivement aux femmes faisant lřobjet de violences
conjugales accompagnées de leurs enfants.
Le service dispose de 2 appartements et de 3 studios pouvant accueillir 16 personnes, 8
mères et 8 enfants.
B.
SERVICE D’APPARTEMENTS D’URGENCE VERS L’INSERTION
22 places réparties dans 9 appartements et un studio dans les communes environnantes de
Versailles.
Lřhébergement est réservé exclusivement aux femmes ou hommes faisant lřobjet de
violences conjugales ou familiales accompagnés de leurs enfants.
C.
APPARTEMENTS RELAIS
20 places réparties dans 6 appartements à Versailles et les communes environnantes afin
dřoffrir à des couples avec enfants ou familles monoparentales présentant des difficultés
dřinsertion par le logement et/ou par le travail, un hébergement provisoire de quelques mois
dans lřattente de lřattribution dřun logement définitif.
D. BOUTIQUE SOCIALE
Ouverture au public tous les jours excepté le jeudi.
Accueil, écoute, orientation et accompagnement des personnes présentant une situation de
précarité et en grande difficulté sociale.
Elle réalise des domiciliations qui permettent aux intéressés dřétablir auprès des services
compétents des cartes dřidentité ou des cartes de séjour et de recevoir leur courrier.
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 124 -
MISSION :
Hébergement et Réinsertion Sociale
AGREMENTS - HABILITATION :
DDCS - Préfecture
STRUCTURE :
Directeur : Jean Alexandre MADEJ
Effectif : 1 chef de service, 5 éducateurs spécialisés, 1 éducatrice Jeune enfant, 1
assistante sociale, 1 psychologue, 1 comptable, 1 secrétaire, 1 agent administrative, 1
maîtresse de maison, 2 agents dřentretien, un ouvrier qualifié.
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 125 -
CHRS STUART MILL
Présentation CHRS Stuart Mill
Jean Alexandre MADEJ, Directeur
Dans le cadre du Plan Territorial de Sortie Hivernale (PTSH), le CHRS Stuart Mill a
consolidé tout au long de cette année lřinstallation de 30 places, permettant ainsi dřhéberger
des femmes ou hommes avec ou sans enfants, en situation de violences conjugales pour les
un(e)s et de violences familiales pour les autres.
Lřactivité de lřinternat Ŕ Service dřAccueil dřUrgence et appartements relais - est conforme
aux prévisions envisagées. Le mode de calcul, pour déterminer le niveau de lřactivité de ces
deux services, avait été convenu avec le financeur, la DDCS 78, de la manière suivante : un
taux dřoccupation de 90% pour le service dřaccueil dřurgence, de 95% pour le service
dřappartements relais, cela permettant ainsi dřintégrer la vacance lors des départs et des
arrivées.
Le Service dřAccueil dřUrgence Vers lřInsertion (SAUVI) doit a priori présenter un taux
dřoccupation de 100%. Cela est impossible eu égard à la rotation des personnes et donc à la
vacance des places.
Lřactivité de la Boutique est en repli de 16% comparativement à 2014 mais reste soutenue.
La « Boutique »
La Boutique fonctionne avec deux travailleurs sociaux, un éducateur spécialisé et une
assistante sociale, ainsi quřun agent administratif chargé de lřaccueil et du traitement du
courrier.
A titre de rappel, le mode de calcul de lřactivité de ce service a été fixé, en accord avec la
DDCS 78, de la manière suivante : 40 actes jour X 2 travailleurs sociaux X 21 jours X 12
mois, soit un total de 20 160 actes par an.
32 622 actes ont été réalisés cette année, soit 38% au-dessus de ce qui a été convenu avec
la DDCS 78.
Cependant, comparativement à lřactivité de 2014, celle de 2015 a diminué de 16%. Cela est
dû en partie au fait que la préfecture 78 a réorganisé le traitement des dossiers des
demandeurs dřasile sur le département en centralisant lřaccueil et la domiciliation de ces
personnes sur un seul site géré par COALIA. En conséquence, les deux autres services
domiciliataires, DOMřASILE et la Boutique de Stuart Mill, ont vu leur agrément supprimé à
partir de novembre. La Boutique reste agréée pour les autres motifs de domiciliation.
Concernant les personnes relevant de lřinsertion, les principales demandes ont porté sur la
recherche de places dřhébergements, de logements, le droit à la santé et la recherche de
travail. Nous sommes en contact permanent avec le SIAO, organisme qui gère lřattribution
des places dřhébergement.
Nous avons observé une augmentation très forte de personnes qui nous sollicitent pour des
besoins alimentaires. Leur nombre a augmenté tous les mois. La précarité pour se nourrir
est de plus en plus importante. Nous avons un partenariat avec la Boulangerie Paul qui nous
fournit une fois par semaine du pain et des viennoiseries. Nous avons signé une convention
avec un supermarché qui nous met à disposition une fois par semaine des denrées
alimentaires arrivant à la limite de la date limite de consommation (DLC).
CHRS STUART MILL
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 126 -
Mouvements de personnel
Une éducatrice spécialisée a été recrutée en remplacement des congés dřété du 13/07 au
07/08/2015.
L’internat
Service d’Accueil d’Urgence Vers l’Insertion (SAUVI) et Service d’Accueil d’Urgence
(SAU).
Dans le cadre du Plan Territorial de Sortie Hivernale (PTSH), la DDCS 78 nous a accordé
une subvention permettant lřinstallation de 30 places.
Dans le courant de lřannée, 8 places sur les 30 ont été intégrées dans la dotation globale du
CHRS. Ils font donc maintenant lřobjet dřun financement pérenne. 22 places restent
financées par une subvention renouvelée chaque année.
Ces places sont destinées à lřhébergement de femmes ou hommes accompagnés ou non de
leurs enfants faisant lřobjet de violences conjugales ou familiales.
Il est maintenant admis par la DDCS 78 que les enfants doivent être pris en compte dans le
« dénombrement » des places occupées. Pour aboutir à ce résultat, il aura fallu développer
un argumentaire sur le fait que les enfants étaient les victimes collatérales de la violence
conjugale et quřil était de notre devoir à tous de ne pas ignorer leur souffrance qui souvent
est invisible.
Pour traiter la problématique de la violence conjugale/familiale, nous avons misen place une
équipe pluridisciplinaire composée dřune éducatrice jeune enfant, dřéducateurs spécialisés,
dřune maîtresse de maison et dřune psychologue.
Nous accueillions toutes candidatures provenant du Service Intégré dřAccueil et
dřOrientation (SIAO), soit des femmes seules ou avec un ou plusieurs enfants.
Dřautres associations sur le département mettent à disposition des logements pour accueillir
des femmes avec enfants dans le cadre du PTSH. Les enfants ne sont pas comptabilisés.
Lors de réunions avec ces associations où étaient présents les responsables du SIAO et la
déléguée aux droits des femmes, il a été évoqué le fait quřau regard des chiffres faisant état
de lřoccupation de ces places, il ne faudrait pas conclure que le besoin se limite aux femmes
seules ou avec un enfant. Ces associations nřont pas les ressources financières pour
héberger dans des logements plus grands donc plus onéreux des familles de plus dřun
enfant.
Le fonctionnement quotidien du service est réalisé par l’équipe du service d’accueil
d’urgence (SAU). Autrement dit, le SAUVI et le SAU partageant la même fonction.
Des ateliers et groupes de parole sont organisés régulièrement. Ils donnent lřoccasion aux
personnes de partager des activités manuelles et de débattre sur des questions liées non
seulement aux violences conjugales mais aussi sur les thèmes de la parentalité, le
multiculturalisme, les rapports hommes/femmes et dřautres sujets.
CHRS STUART MILL
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 127 -
Les éducateurs spécialisés et le groupe de paroles
Les éducateurs spécialisés ont un rôle dřaccompagnant éducatif auprès des personnes
accueillies.
Ils interviennent sous forme dřentretiens, de manière individuelle et collective.
Il est essentiel de recourir à des actions collectives au sein de cet accompagnement car les
femmes sont souvent isolées. Dřune part à cause de leurs situations de rupture avec les
violences subies et dřautre part du fait de leur éloignement géographique avec leur
entourage proche (famille, amis…).
Lors des entretiens individuels qui sont menés avec les femmes, il est judicieux de leur
proposer la possibilité de se rencontrer entre elles, dans un cadre bien précis, afin de
confronter leurs parcours difficiles (spécifiques aux violences) et dřadapter au mieux
lřaccompagnement au quotidien.
Ces groupes de paroles permettent aux femmes participantes et impliquées, de ressentir un
mieux-être psychologique en étant entendues et considérées. Cela aura des répercussions
positives sur lřaccompagnement qui est mené avec elles.
Ces groupes permettent aussi, suivant les thèmes abordés, que ces femmes puissent
prendre conscience et confiance en elle, en qualité de mère, de femme mais aussi par
rapport aux hommes et à la société.
Il est important de leur donner la possibilité de partager entre femmes, dřécouter et
dřéchanger les différentes expériences, sentiments, craintes, angoisses, peurs, émotions
autour des violences subies.
Ces groupes sont encadrés par la psychologue et lřéducateur spécialisé dans un esprit
sécurisant et structurant oû chaque participante peut se sentir libre de parler, sans crainte de
jugement, et de ce fait dans le respect de la parole de lřautre.
Un des points importants est de favoriser la solidarité entre les femmes afin de réduire
lřisolement social de certaines participantes.
Chaque samedi matin, il est proposé des groupes dřéchanges de paroles libres, autour dřun
support ou dřune activité commune (ateliers créatifs par exemple) et dřun petit déjeuner.
L’éducatrice de jeunes enfants (EJE)
LřEJE a une action transversale aux différents services que composent lřinternat. En effet,
que ce soit aux appartements relais ou au SAU/SAUVI elle est amenée à rencontrer les
familles dans lesquelles il y a des enfants afin dřapporter un soutien à la relation
parents/enfants.
Son rôle consiste à stimuler les potentialités intellectuelles, affectives et artistiques des
enfants à travers des activités ludiques et éducatives. LřEJE tient compte du milieu familial
de lřenfant, dans ses dimensions sociales et culturelles. Elle est attentive aux problèmes de
santé ou de comportement rencontrés chez lřenfant et contribue à en prévenir lřapparition et
le développement.
Par ailleurs, elle apporte son éclairage lors des réunions de synthèse afin de contribuer à
une compréhension de la situation familiale à ses collègues éducateurs spécialisés,
psychologue et maîtresse de maison.
CHRS STUART MILL
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 128 -
La maîtresse de maison
Cette professionnelle intervient également auprès de toutes les familles que nous
hébergeons. Elle leur apporte ses connaissances en matière de gestion des budgets, des
règles dřhygiène et plus généralement dřorganisation et de fonctionnement de la vie
quotidienne.
Elle anime des ateliers avec les femmes et les familles sur les thèmes ci-dessus.
Elle participe aux réunions de synthèse où elle apporte ses observations sur les difficultés
que les familles peuvent rencontrer.
La psychologue
o
Evalue la charge psycho-traumatique de la violence sur la personne.
o
Soutient, dans un espace de parole neutre et confidentiel, lřélaboration sur lřhistoire
de vie de la personne et sur la violence subie.
o
Repère les éléments de la personnalité et de la dynamique familiale de la personne.
o
Evalue les éventuels troubles psychopathologiques.
o
Elabore des propositions dřorientation.
o
Mène des entretiens ponctuels à la demande de la personne ou dřun travailleur
social dans le cadre dřévaluation clinique et dřorientation vers un partenaire.
o
Co-anime un groupe dřexpression auprès des femmes victimes de violences
conjugales.
o
Co-anime des ateliers à but thérapeutique.
o
Participe aux réunions de synthèse en apportant son éclairage aux phénomènes intra
psychiques en jeu.
o
Participe à des séminaires concernant des thématiques cliniques générales et
spécifiquement liées aux publics accueillis au CHRS « Stuart Mill ».
53 adultes et 4 enfants ont fait lřobjet dřentretiens. Un travail de suivi thérapeutique a été
entamé avec 18 adultes.
A la Boutique, 1 personne (adulte) avec qui un suivi a été engagé.
Entrées/sorties du SAUVI (Places PTSH) 22 places
Entrées :
34 femmes dont 12 femmes seules et 22 femmes avec enfants.
40 enfants dont 19 filles et 21 garçons.
Remarque : 1 femme avec 2 enfants a été mise à lřabri pour 2 jours
CHRS STUART MILL
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 129 -
Sorties :
35 femmes et 1 homme sont sortis en 2015 dont 11 femmes entrées en 2014 et 23 femmes
entrées en 2015.
35 enfants dont 16 filles et 19 garçons.
Entrées/sorties du SAU (16 places)
Entrées :
21 femmes (3 femmes seules et 18 femmes avec enfants).
27 enfants (15 garçons et 12 filles).
Sorties :
17 femmes (3 femmes seules et 14 femmes avec enfants).
18 enfants (10 garçons et 8 filles).
Durée de séjour
SAU : 4 mois avec un taux dřoccupation de 111,07%
SAUVI : 3 mois avec un taux dřoccupation de 113,35%
Mouvements de personnel
Madame MERIAU Laura, éducatrice spécialisée, en remplacement de Madame BOISSON
SOUNACK DU 04/05 AU 12/07/2015.
Monsieur BELORGEY François, éducateur spécialisé, en remplacement de Madame
BOISSON SOUNACK du 13/07 au 07/08/2015.
Madame MERIAU Laura, éducatrice spécialisée, en remplacement de Madame BOISSON
SOUNACK du 10/08 au 10/12/2015.
Monsieur ILIEV Valeri, ouvrier dřentretien, CDI à partir du 11/05/2015.
Le service d’appartements relais
Nous disposons dřun poste dřéducatrice spécialisée pour réaliser le travail dřaccueil,
dřaccompagnement social et dřorientation, en relation avec le SIAO du département. La chef
de service éducatif vient régulièrement aider lřéducatrice dans des tâches qui ne relèvent
pas uniquement de lřéducatif. Ce service compte 20 places.
CHRS STUART MILL
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 130 -
Entrées/sorties
Entrées :
5 familles (4 femmes avec enfants et un couple avec enfants)
8 enfants (5 garçons et 3 filles)
Sorties :
5 familles (2 femmes seules avec enfants, 1 homme seul avec enfants et 2 couples avec
enfants).
7 enfants (5 garçons et 2 filles).
La durée de séjour est de 8 mois avec un taux dřoccupation de 101,86%.
Les durées de séjour des trois services de lřinternat se sont considérablement réduites,
comparativement à lřannée précédente. Cela est le résultat dřune meilleure collaboration
avec le SIAO 78.
Partenariats
Une collaboration étroite de partenariat fonctionne avec trois partenaires, CAPLOGY, le
SIAO 78 et la CPAM 78.
Nous sommes également en étroite collaboration avec toutes les associations et services
publics du bassin versaillais, relevant de lřhébergement et du logement, ainsi que celles du
département 78.
Caplogy et le SIAO 78
Ces associations sont des partenaires privilégiés avec lesquels nous travaillons étroitement
pour faciliter lřaccès des familles que nous accueillons vers lřhébergement dans le cadre de
lřurgence et vers le logement pour celles qui relèvent de lřinsertion.
CPAM
Tous les mardis matins, la CPAM des Yvelines assure une permanence dans nos locaux de
la Boutique, offrant ainsi la possibilité à beaucoup dřavoir une couverture sociale et de
pouvoir se soigner. La fréquentation est importante à chaque permanence. Pour éviter
lřengorgement, nous fonctionnons sur rendez-vous qui sont pris par les éducateurs.
Par ailleurs, nous avons un partenariat avec la boulangerie PAUL et un supermarché
CARREFOUR MARKET qui nous fournissent une fois par semaine des denrées alimentaires
que nous distribuons aux personnes que nous accueillons dans nos trois services.
Projet établissement
La commission de lřAVVEJ, en charge dřexaminer et de valider les projets dřétablissements,
a validé le projet dřétablissement du CHRS en fin dřannée.
Séminaire
Le 23ème séminaire de lřAVVEJ sřest tenu en septembre.
CHRS STUART MILL
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 131 -
Le thème choisi cette année a été :
Normes, règles, lois : quels repères pour l'institution éducative ?
Une fois de plus, il a été lřoccasion de manifester lřintérêt fort que portent toutes les
personnes qui travaillent dans lřassociation, au service de ceux qui sont en grandes
difficultés, avec le souci permanent de penser et dřagir au mieux face aux problématiques
que rencontrent les personnes que nous accueillons.
CHRS STUART MILL
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 132 -
L’ACTIVITE BOUTIQUE
V IS IT E S
A P P ELS
( a c c u e i l s)
contact
autre
Partenair
Appels téléphoniques Déplacement REUNIONS
e
DEPANNAGE
TOTAL
Actes
Entretiens
MOIS
TELEP HONE
RECUS ET
donnés à l'extérieur
pour démarches
hébergements et
autres
avec/chez
la personne
REPERTORIES pour les visiteurs
Démarches partenaire Alim., hygiène Domiciliations
à
transports
L'extérieur
timbres,enve
Actes
Dossiers administratifs
Demandeu
rs d'asile
Lett adm
P A R M OIS
Dossiers+ courriers
Logements Santé Emploi Rapports
Educateurs
JANVIER
737
123
420
580
4
6
18
50
30
68
6
11
21
18
775
2 867
FEVRIER
451
156
380
537
1
1
54
62
37
202
22
29
11
55
703
2 701
MARS
351
180
390
569
1
1
53
71
44
227
40
49
8
27
1 318
3 329
AVRIL
303
160
352
298
4
5
42
96
29
162
23
35
3
27
958
2 497
MAI
291
164
354
319
1
1
19
56
29
207
15
15
14
26
671
2 182
JUIN
337
111
236
344
3
3
44
79
40
259
5
28
2
21
808
2 320
2 470
894
2 132
2 647
14
17
230
414
209
1 125
111
167
59
174
JUILLET
335
228
314
370
2
3
20
75
33
218
21
17
8
20
808
2 472
AOUT
344
189
382
344
2
2
40
92
32
245
38
33
13
28
912
2 696
SEPTEMBRE
404
238
364
395
4
9
58
129
41
259
39
41
8
26
847
2 862
OCTOBRE
502
231
388
417
3
6
64
137
42
246
38
46
15
62
943
3 140
NOVEMBRE
421
324
352
547
4
7
72
149
31
146
50
41
1
57
834
3 036
DECEMBRE
373
182
344
529
4
7
33
133
19
92
35
16
9
29
715
2 520
1 392
2 144
2 602
19
34
287
715
198
1 206
221
194
54
222
5 059 16 726
4 849 2 286
4 276
5 249
33
51
517
1 129
407
2 331
332
361 113
396
10 292 32 622
1er semes
2e semestre 2 379
Total 2015
Comparatif/Actes et visites
Année
Visites
Actes
2011
5627
43258
2012
5605
42334
2013
5408
41788
2014
4928
39199
2015
4849
32622
CHRS STUART MILL
5 233 15 896
Détail actes courrier :
Sur 10 292 actes 8557 actes correspondent à lřactivité de la réception du tri du renvoi à lřexpéditeur et du suivi du courrier aux
personnes.
Ces actes sont réalisés par lřagent administratif.
1735 autres actes correspondent à la distribution du courrier aux visiteurs suivie dřun entretien dřexplication dans certains cas
Ces actes sont réalisés par les éducateurs.
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 133 -
BOUTIQUE STUART MILL
VISITES ET VISITEURS : PERSONNES EN DIFFICULTES
Groupe 1 : Nom bre de personnes venues pour la 1er fois
en 2015
MOIS
HOM.
FEM.
H en couple F en couple
Enfants
G
Juin
2
5
4
3
0
3
1
3
3
4
0
2
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
2
0
0
0
1
F
0
2
0
0
0
0
1e S.
17
13
0
0
3
Juil.
Déc.
1
1
0
6
6
3
1
3
6
3
2
0
0
0
0
0
1
1
0
0
0
0
0
0
2e S.
17
15
2
Total P
34
28
2
Jan.
Fév.
Mars
Avril
Mai
Août
Sept.
Oct.
Nov.
2015
%
HOM
FEM
nouv.
nouv. nouv
2015
Groupe 2: Nom bre de personnes déjà venues en 2014 et qui reviennent
en 2015
Total 1 HOM.
FEM.
H en couple F en couple
Enfants
G
Total 2
Total
Nom bre
1+2
Visites
pers.
m ensuelles MOIS
F
37
5
5
3
3
0
4
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
1
5
1
0
1
1
0
2
2
168
171
737
Janv.
33
45
451
Fév.
24
31
351
Mars
14
21
303
Avril
31
31
291
Mai
6
127
27
18
10
21
18
21
27
337
Juin
2
35
221
53
4
0
7
6
291
326
2 470
0
0
1
0
1
0
0
0
0
0
3
0
2
3
1
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
0
1
0
0
0
0
1
2
0
0
11
335
Juillet
8
12
344
Août
4
11
404
Sept.
12
21
502
Oct.
3
16
421
Nov.
3
7
373
Déc.
0
2
3
39
28
4
0
1
3
0
2
0
1
0
0
3
9
4
6
5
3
8
3
3
39
78
2 379
0
5
5
74
249
57
4
1
10
9
330
404
4 849
H en couple F en couple G
nouv.
F
Enfants
3
12
7
7
0
4
7
9
13
Pers.
HOM.
FEM.
H en couple F en couple G
nouv.
anc.
anc.
anc
anc.
F
Pers.
Enfants
1er Sem
2e sem.
Total 1+2 Visites
anciennes Pers. dif Total annuel
34
28
2
0
5
5
74
249
57
4
1
10
9
330
404
8%
7%
1%
0%
1%
1%
18%
62%
14%
1%
0%
3%
2%
82%
100%
4849
404 personnes différentes ont été accueillies en 2015 à la Boutique sociale. Environ 200 personnes ont dû être réorientées vers d’autres
structures.
CHRS STUART MILL
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 134 -
Nombre de visiteurs 2015
404
450
400
350
300
250
200
150
100
50
0
330
74
Nouveaux
visiteurs
Anciens
visiteurs
Total
404 personnes différentes sont passées à la boutique sociale en 2015
Visites
4849
6000
5000
4000
3000
2000
1000
0
2470
2379
visites 1er
semestre
visites 2er
semestre
Total visites
Il y a eu 4849 visites en 2015 à la boutique Sociale.
Remarque : une même personne vient en visite x fois au cours de l’année
Personnes 1er visiteurs 2015
(74)
50
40
41
33
30
20
10
0
Hommes
Femmes
Nouveaux visiteurs de l’année2015
CHRS STUART MILL
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 135 -
2015
NATIO NALITE : NO UVEAUX VISITEURS (1e r groupe )
C ontine nts
Pays
Homme s
Afrique se pte ntrionale
Algérie
Fe mme s
Total
Maroc
Mauritanie
8
2
1
3
2
0
11
4
1
Portugal
France
1
1
0
1
1
2
Chine
Tibet
Bangladesh
2
19
1
4
17
1
6
36
2
Total
Afrique Noire Cameroun
Sénégal
Mali
Guinée
Nigéria
Côte d'Ivoire
Gambie
Total
1
1
1
1
0
1
1
41
1
1
0
0
1
0
2
33
2
2
1
1
1
1
3
74
Total
Europe
Total
Asie
Age des nouveaux visiteurs venus en 2015 (74)
35
30
25
20
15
10
5
0
29
16
4
0-2ans
6
5
3-17ans 18-25ans26-35ans36-45ans
CHRS STUART MILL
8
6
46-55
ans
plus de
55ans
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 136 -
NATIONALITE :
ANCIENS VISITEURS
(2 èmegroupe)
2015
Continents
Pays
Hommes Femmes Total
Afrique septentrionale Algérie
152
10
162
Maroc
16
1
17
Tunisie
5
2
7
Mauritanie
0
2
2
Europe
France
15
6
21
Espagne
1
1
2
Italie
2
0
2
ASIE
Pakistan
5
0
5
Sri lanka
1
4
5
Tibet
8
7
15
Chine
4
8
12
Inde
6
0
6
Birmanie
1
0
1
Océanie
Madagascar
1
1
2
Europe de l'Est
arménie
1
1
2
ukraine
3
1
4
Roumanie
2
0
2
Kosovo
0
1
1
Bielorussie
1
0
1
Pologne
1
0
1
Moldave
4
4
8
Russie
3
2
5
AFRIQUE Noire
Congo
5
1
6
Togo
1
0
1
Gabon
0
1
1
Niger
2
4
6
Ouganda
0
1
1
Cameroun
2
0
2
Sénégal
8
1
9
Guinée
6
2
8
Rwanda
1
0
1
Erythrée
1
0
1
Ghana
2
1
3
Côte d'Ivoire
3
4
7
Orient
Iran
0
1
1
TOTAL
263
67
330
Age des anciens visiteurs (inscrits avant 2015)
groupe 2 (330)
140
120
100
80
60
40
20
0
103
119
47
4
14
CHRS STUART MILL
11
32
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 137 -
DOMICILIATIONS
Nombre de domiciliations en 2015 (407)
348
400
350
300
250
200
150
100
50
0
59
Nouvelles domiciliations
Anciennes domiciliations
a) Motifs 1ères domiciliations 2015
2
Courrier uniquement
Ame et courrier
37
20
Accompagnement
sociale et courrier
b) Motifs Renouvellements de domiciliations 2015
44
175
Courrier
uniquement
Ame et courrier
129
CHRS STUART MILL
Accompagnement
sociale et courrier
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 138 -
DEMANDEURS D’ASILE EN 2015
Toujours en lřabsence de financement dédié à cette activité le nombre de demandeurs
dřasile domiciliés et suivis par la boutique sera limité à une vingtaine de personnes
suivies.
En 2015 le CHRS STUART MILL a reçu 42 nouveaux demandeurs dřasile dont 20
obtiendront le statut de réfugiés en cours dřannée et ne seront plus domiciliés ni suivis à
la boutique sociale mais réorientés vers dřautres structures. 22 demandeurs d’asile
nouveaux sont présents au 31 décembre 2015.
De même pour les anciens demandeurs dřasile, 32 personnes seront suivies en 2015 et
obtiendront tous le statut de réfugiés en cours dřannée et seront réorientées vers
dřautres structures. Aucun demandeur d’asile ancien n’est
présent au 31
décembre 2015.
Au total 22 demandeurs dřasile sont présents au 31 décembre 2015
L’accueil de nouveaux demandeurs d’asile prend fin au CHRS STUART MILL à
compter du 1er novembre 2015.
L’Association Coallia de Limay(78) devient officiellement la structure d’accueil
des demandeurs d’asile des Yvelines.
a) Demandeurs d’asile suivis en 2015 (Nouveaux)
Hommes
18
Femmes
24
Total
42
Nationalités des nouveaux demandeurs d’asile
Tibet(36) - Chine(4) Ŕ Guinée(1) Ŕ Nigéria (1)
b) Demandeurs d’asile accueillis avant 2015 et toujours suivis (Anciens)
Hommes
17
Femmes
15
Total
32
Nationalités des anciens demandeurs d’asile
Tibet(13) Ŕ Chine (12) ŔMali (3) Ŕ Congo(2) Ŕ Guinée (1) Ŕ Sénégal(1)
ACTIVITE INTERNAT
a) Appartements relais
Entrées 2015
5 familles sont entrées en 2015 (1 couple avec deux enfants- 1 femme avec
deux enfants Ŕ 1 femme avec 1 enfant Ŕ 1 femme avec deux enfants Ŕ 1
femme avec un enfant) = 14 personnes
CHRS STUART MILL
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 139 -
Sorties 2015
5 familles sont sorties en 2015 (1 couple avec un enfant- 1 couple avec deux
enfants- 1 femme avec un enfant Ŕ 1 femme avec un enfant - 1 homme avec
deux enfants) = 14 personnes
Familles présentes au 31 décembre 2015 :
6 familles étaient présentes au 31 décembre 2015 = 20 personnes :






1 couple avec 2 enfants
1 couple avec 3 enfants
1 femme avec 2 enfants
1 femme avec 2 enfants
1 femme avec 2 enfants
1 femme avec 1 enfant
Suivies 2015
Familles présentes au 31 décembre 2015 + familles sorties en 2015 = 20 + 14
= 34 personnes
Etude détaillée des familles suivies en 2015
11 familles (4 couples + 6 femmes seules + 1 homme seul) 15 adultes et 19
enfants (11 garçons et 8 filles)
1.
Origine géographique des familles
11 familles des Yvelines(78) : Versailles(3) - Elancourt (1) - Montigny le
Bretonneux(1) - Maurepas(1) - Rambouillet(1) - Carrières sur seine(1) Ŕ St
Germain en laye(1) - Conflans Ste Honorine(1) - Guyancourt(1)
2.
Nationalité et Age des adultes(15)
 Nationalité Française : 2
 Autres Nationalités : 13
 Sénégal (2)
 Guinée (1)
 Comores (1)
 Cap Vert (1)
 Maroc (3)
 Kosovo (2)
 Egypte (1)
 Sri Lanka (2)
Age :
 26-35 ans (11)
 36-45 ans (1)
 46-55 ans (3)
CHRS STUART MILL
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 140 -
3.
Situation Familiale(15)
Couples : 8 personnes dont 4(Mariés) et 4 (Vie maritale)
Familles monoparentales : 7 personnes (1 homme seul et 6 femmes
seules) dont 1(veuf) - 1(veuve) - 1(divorcée) - 1(séparée) - 3 (mères
célibataires)
4.
Enfants
Age des 19 enfants suivis en 2015
1
6
0 - 2 ans
3
4
3 - 4 ans
5 - 6 ans
2
3
7 - 10 ans
11- 15 ans
16-20ans
5.





Domicile précèdent (11 familles)
Parents/amis : 4
Foyer ADOMA/AFTAM : 2
Service dřhébergement dřurgence : 2
Centre Maternel : 1
Hôtel : 2
6.
Origine de la demande (11 familles)
 SIAO : 9
 Boutique sociale STUART MILL : 1
 Service dřUrgence vers lřinsertion : 1
7.
Procédure Judiciaire

Avocat : 3
 Autres procédures judiciaires : 1
8.
Etude-formation-emploi (15)
a)




Niveau dřétudes :
Alphabétisation : 1
Primaire : 9
Secondaire : 2
Universitaire : 3
CHRS STUART MILL
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 141 -
b) Travail :




CDI : 7
CDD : 2
Formation : 4
Sans emploi : 2
c) Type de ressource :
 Salaire : 9
 RSA : 3
 Pension alimentaire : 1
d) Couverture Sociale et prestation sociale :
 CMU
 Sécurité sociale personnelle
 Caf : 5
L’Après hébergement (5 familles sorties)
9.
 Logement autonome : 4
 Destination inconnue : 1
10.
Durée moyenne de séjour des familles sorties : 6 mois
11.
Durée moyenne des familles suivies : 8 mois
LE SERVICE D’ACCUEIL D’URGENCE
A compter du 1er janvier 2015, huit des trente places PTSH du service dřaccueil
dřurgence vers lřinsertion ont été transférées vers le Service dřaccueil dřurgence, qui
comptera désormais 16 places au lieu de 8 places.
Entrées 2015 :
 21 femmes (3 femmes seules et 18 femmes avec enfants) dont 2 femmes seules
et 4 femmes avec enfants transférées du SAUVI au SAU au 1er janvier 2015.
 27 enfants (15 garçons et 12 filles) dont 3 garçons et 1 fille transférés du SAUVI
au SAU.
Sorties 2015 :


17 femmes (3 femmes seules et 14 femmes avec enfants)
18 enfants (10 garçons et 8 filles)
Familles présentes au 31 décembre 2015 :


7 femmes (1f seule et 6 femmes avec enfants)
12 enfants (6 garçons et 6 filles)
CHRS STUART MILL
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 142 -
Suivies 2015
Familles présentes au 31 décembre 2015 + familles sorties en 2015= 24 familles = 54
personnes
 Origine des demandes
SIAO : 24
 Provenance géographique des familles suivies
 Yvelines : 19 - Achères - Carrières-sur seine Ŕ Chatou Ŕ Elancourt Ŕ Guyancourt
Ŕ Houilles - Les Clayes sous-bois - Les Mureaux - Mantes la Jolie Ŕ Montigny le
Bretonneux(2) - Plaisir(2) Ŕ Sartrouville (2) Ŕ Trappes - Versailles(2) Ŕ Vélizy
 Autres Départements d’île de France : 4 Ŕ Eragny(95) Ŕ Gennevilliers(92) Ŕ
Juvisy sur Orge(91) Ŕ Sarcelles(95)
 Province : 1 Oiron(76)
 Age des femmes suivies (24)




18-24 ans : 3
25 -35 ans : 12
36-44 : 5
45-55 : 4
 Temps de séjour (des sortants)-(17 femmes)





1 à 20 jours : 1
21 à 95 jours : 9
96 à 150 jours : 3
151 à 250 jours : 3
251 à 280 jours : 1
Durée moyenne du temps de séjour des femmes sorties

Séjour le plus court : 7 j
 Séjour le plus long : 273 j
 Situation familiale(24)
 Mariées : 2
 célibataire : 4
 Séparée : 18
 Nationalité des femmes (24)
 Femmes françaises : 10
 Femmes étrangères : 14 Algérie(4) - Maroc(2) Ŕ Mexique(1) Ŕ Cap vert (1) Guinée(1) - Cameroun(2) Ŕ Sénégal(1) Ŕ Burkina-Faso(1) Ŕ Portugal(1)
 Les enfants suivies
CHRS STUART MILL
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 143 -
30 enfants dont 14 filles et 16 garçons
Age des enfants
2
1
2
12
5
0-2 ans
3-5 ans
6-8 ans
9-11 ans
12- 14 ans
15-19 ans
8
Moyenne dřâge des enfants accueillis :
 Le plus jeune avait 1 mois
 Le plus âgé avait 19 ans
 Etudes/Emploi/Formation et ressources
 Formation : 5
 Emploi : 9 femmes étaient en situation dřemploi
 Chômage : 10
 Ressources/Prestation :
 RSA : 7
 Salaire : 9
 CAF : 9
 Aah : 1
 Couverture Sociale
 CMU/CMUC : 8
 Sécurité sociale régime générale : 7
 CMU en cours : 9
Démarches juridiques:
 Aide juridictionnelle : 3
 Autre : 1
 Avocat : 1
 Destination des femmes à la sortie du S.A.U
17 femmes sont sorties en 2015 :







Vers structure éclatée orientées par le SIAO :
Appartement dispositif Soli bail : 3
CHRS (Appartement dřinsertion) : 8
115 (hôtel social) : 1
Vers un appartement privé : 1
Retour au domicile conjugal : 2
Hébergement chez un tiers (ami/famille) : 2
CHRS STUART MILL
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 144 -
Durée moyenne du temps de séjour des familles suivies : 4 mois
Durée moyenne du temps de séjour des familles sorties :
4 mois
LE SERVICE D’ACCUEIL D’URGENCE VERS L’INSERTION (PROJET PTSH)
Entrées 2015
34 familles sont entrées en 2015 (12 femmes seules, et 22 femmes avec enfants (40
enfants dont 19 filles et 21 garçons) = 74 personnes
Sorties 2015
36 familles sont sorties en 2015( 15 femmes seules, 1homme seul et 20 femmes avec enfants
(35 enfants dont 16 filles et 19 garçons) = 71 personnes
Remarque :
11 femmes et 1 homme entrés en 2014 sont sortis en 2015
24 femmes entrées en 2015 sont sorties en 2015
Familles présentes au 31 décembre 2015
10 familles sont présentes au 31 /12 /2015 : 2 femmes seules, et 8 femmes avec enfants (15
enfants dont 10 filles et 5 garçons) = 25 personnes
Suivies 2015
Familles présentes au 31 décembre 2015 + familles sorties en 2015 = 96 personnes
Etude détaillée des familles suivies en 2015
46 adultes et 50 enfants (26 filles et 24 garçons)
1.
 41
Origine géographique des familles suivies
familles des Yvelines
Chatou (1) - Chanteloup Ŕ les- Vignes(1) Ŕ Conflans Ste Honorine (2) Ŕ Ecquevilly(1) Guerville(1) Ŕ Guyancourt (2) Ŕ Houilles(1) Ŕ Le Perray en Yvelines(2) - Les Clayes sousbois(2) Ŕ Les Mureaux(1) Ŕ Mantes la jolie (6) Ŕ Maurepas(4) Ŕ Meulan (4) - Montigny-leBretonneux (4) Ŕ Plaisir(1) Ŕ Poissy(1) Ŕ Sartrouville(1) - St Cyr lřEcole (1) Ŕ Trappes(1) Ŕ
Versailles (4)

4 familles d’autres départements de l’ile de France
Bobigny (93) Ŕ Evry (91) Ŕ Gennevilliers (92) - Massy(91)
 1 famille de province
Albi(81)
2. Nationalité des adultes
CHRS STUART MILL
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 145 -
 Française : 30
 Autres Nationalité : 16 (Algérie (2) Ŕ Belge (1) Ŕ Bulgare (1) Ŕ Congo(1) Guinée (1) Ŕ Inde (1)- Maroc (4) Ŕ Portugal(1) - Roumanie (1) Ŕ Tunisie (2) Ŕ
Sénégal (1))
3. Situation Familiale et âge des femmes
Age des adultes :




18-24 ans : 5
25 -35 ans : 18
36-44 : 15
45-55 : 8
Situation familiale :
 Femmes séparées : 45
 Homme séparé : 1
4. Enfants
Age des 50 enfants suivis en 2015
7
3
0 - 2 ans
11
3 - 4 ans
5 - 6 ans
12
5
12
7 - 10 ans
11- 15 ans
16-20ans
5. Raison du départ du domicile (46 familles)
 Violence conjugale : 30
 Violence familiale : 4
 Violence conjugale et familiale : 2
Dřautre part, beaucoup dřentre elles ont subi des violences psychologiques, morales,
sexuelles ou physiques.
6. Origine de la demande (familles)
 SIAO Urgence : 46
CHRS STUART MILL
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 146 -
7. Formation-emploi
 En situation dřemploi : 14 (CDI : 7 Ŕ CDD : 5 - Congé parentale : 1 Mi-temps)
thérapeutique : 1
 Formation : 1
 Chômage : 9
 Sans emploi : 22
8. L’après hébergement des familles sorties (36)











CHRS Yvelines : 5
Pacte Yvelines : 1
Coalia/Soli bail : 3
Autres Soli bail : 1
Parents/Amis : 9
Logement autonome : 3
Retour au domicile conjugal : 4
Hôtel : 1
115 : 1
Destination inconnue : 6
Service dřurgence Stuart Mill : 2
9. Temps de séjour des sortants (36)





1 à 20 jours : 8
21 à 95 jours : 14
96 à 150j :4
151 à 250 jours : 9
251 à 290j : 1
Durée moyenne du temps de séjour des femmes et l’homme suivis : 3 mois
Durée moyenne du temps de séjour des femmes sorties : 3 mois
Le service dřAccueil dřurgence ŘřStuart Millř a reçu :
68 appels téléphoniques :



12 appels concernaient un problème d’hébergement
39 appels concernaient un problème de violences conjugales
17 appels concernaient un problème de violences familiales
Provenance des appels
46 appels des Yvelines et 22 appels dřautres départements seront redirigés vers le
SIAO.
Un grand nombre dřappels de femmes victimes de violences conjugales continue à
arriver directement au service sans passer par le SIAO.
Toutes les personnes accueillies dans les trois services dřhébergement sont inscrites
dans le logiciel SI SIAO ainsi les entrées et les sorties restent visibles par tous les
CHRS STUART MILL
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 147 -
partenaires de lřhébergement et facilitent ainsi les orientations vers les places libres des
différentes structures dřhébergement.
CHRS STUART MILL
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 148 -
CHRS STUART MILL
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 149 -
SERVICE D’ACCUEIL D’URGENCE
ESPACE ADOLESCENTS 91
CONTACT :
3 impasse Christophe Colomb
91000 EVRY
Téléphone : 01 60 87 17 00
Télécopie : 01 60 77 39 52
e-mail : [email protected]
ACCES :
MÉTRO: RER D4
Gare Le BRAS de FER Ŕ Evry Genopole
AUTOBUS: 401 Ŕ 402 Ŕ 404 (dřEvry
centre)
ACCUEIL :
24 / 24 H - 365 jours / an
30 adolescents et jeunes majeurs des deux sexes
Hébergement dans un réseau dřAssistants Familiaux ou en appartement.
MISSION :
Espace Adolescents a pour mission dřaccueillir en urgence des mineurs à partir de 12
ans et des jeunes majeurs en danger, tout au long de lřannée.
Il est donné priorité aux adolescents et jeunes majeurs du département de lřEssonne.
Le travail sřarticule autour de trois axes :
. Accueillir en urgence,
. Observer et évaluer les difficultés du jeune et de sa famille,
. Construire un projet dřavenir le plus adapté possible, le concrétiser avec le jeune, sa
famille dans la mesure du possible, et les partenaires.
Le service est doté dřun service pédagogique qui accueille en journée les jeunes non
scolarisés.
Toute la difficulté de lřaccueil dřurgence consiste à engager une prise en charge pluri
professionnelle intensive lors dřune période de crise, à en faire une évaluation afin
dřaboutir rapidement à une orientation réfléchie et concertée entre les différents
intervenants.
AGREMENTS - HABILITATION :
Agrément Aide Sociale à lřEnfance 12 à 21 ans Ŕ Arrêté du 11/10/1996 n° 96 02 685
Extension (hébergement en appartement) 16 à 21 ans - Arrêté du 10/02/2005 n° 2005
007 49
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 150 -
STRUCTURE :
Direction :
Chef de service :
Fabienne BROUSSE BRUNEL
Jean-Pierre PERON
Effectif : 1 chef de service éducatif et pédagogique, 1 coordinatrice, 9 éducateurs
spécialisés, 1 apprenti éducateur spécialisé, 3 éducateurs scolaires, 1 conseillère
dřorientation psychologue, 1 économe, 1 comptable (0,942 tps), 2 secrétaires, 1
cuisinier, 1 accompagnateur/homme dřentretien, 15 à 20 assistants familiaux pour
lřaccueil.
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 151 -
Rapport d’activité 2015
Fabienne Brousse Brunel, Directrice
« Vous devez être le changement que vous voulez voir dans le monde » GANDHI.
2015, une année dense et tumultueuse, tant sur le plan des évènements nationaux
quřen interne dans le service.
Cette année fut difficile pour lřensemble du personnel, le profil des jeunes accueillis sřest
sensiblement modifié. Nous avons été amenés à accueillir des jeunes dans des
difficultés plus importantes, et qui nécessitaient un étayage éducatif conséquent.
Lřaccueil de crise ou de rupture dřun placement entre dans cette catégorie et nřest pas
seulement une question de capacité dřaccueil. Cette question est celle de la veille
éducative inter-partenariale pour accompagner ces situations de crise vécues par le
jeune et/ou anticiper la prise de relais et gérer la crise et/ou leur offrir des solutions de
repli. Lřaccueil en urgence est souvent fondé sur la notion de danger apparent immédiat.
Il sřest opéré cette année un glissement progressif des demandes dřaccueil pour des
situations déjà connues de jeunes relevant dřITEP ou dřhospitalisation en
pédopsychiatrie.
Ainsi certaines admissions ne semblaient pas être destinées à un service dřaccueil
dřurgence mais plutôt à de lřaccueil de crise. Ces situations de crise sont généralement
liées à des ruptures dans le lieu de vie du jeune (ruptures institutionnelles, répétées ou
initiales) et elles interrogent nos modalités de fonctionnement existantes.
Ces accueils ont beaucoup mobilisé le service en 2015, de jour comme de nuit, en
semaine et le week-end.
Les accompagnements éducatifs, au cœur de notre mobilisation, se sont élaborés à
partir de situations complexes. Le « répertoire des souffrances » qui composent
aujourdřhui nos accueils a nécessité un réel travail dřéquipe pluridisciplinaire. Ce
rapprochement entre les équipes a permis dřasseoir un cadre de travail et dřexercices
qui a facilité lřanticipation et la personnalisation des prises en charge.
2016 devra conforter ce travail et nourrir nos réflexions afin de ne pas oublier que le
regard bienveillant de chacun doit fonder les actions de tous dans le service.
Fonctionnement d’Espace Adolescents
Ouvert 24/24 H et 365 jours par an, le service accueille le jeune sans délai d’attente,
sans conditions d’admission. Dans cette période de crise et de rupture, le service
prend en compte ses attentes grâce à une présence et une écoute par les adultes, mais
aussi grâce à un cadre de vie structurant.
La durée du placement peut être de quelques jours à plusieurs mois, au cours de
laquelle on évalue sa situation afin dřenvisager un retour en famille ou une orientation
vers une structure dřaccueil adaptée.
Objectif et mission
La crise est par définition un état passager, transitoire. La mission du SAU sřappuie sur
plusieurs leviers pour atteindre un objectif simple : permettre au jeune de sortir de la
crise et des difficultés et construire un projet d’avenir.
Pour cela, lřéquipe éducative et pédagogique accompagne cette transition en offrant
dřabord un lieu d’apaisement, condition de la réflexion. Puis sřengage un travail
Espace Adolescents 91
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 152 -
dřécoute et de prise de parole avec le jeune pour élaborer les solutions qui sřoffrent à
lui.
Les principes de l’action éducative
Lřaction éducative sřinscrit dans la droite ligne des valeurs du projet associatif de
lřAVVEJ :
 respect du jeune quel que soit son âge (et sa situation),
 prise en compte de sa différence,
 reconnaissance de son potentiel,
 responsabilisation : considérer le jeune comme un acteur de son devenir.
Plusieurs options d’hébergement
Composé dřune équipe éducative et de personnels formés, engagés et motivés, le
service accompagne au quotidien ces jeunes en souffrance pour leur redonner la dignité
et les aider à se construire une place dans la société.
En matière dřhébergement, plusieurs options sont possibles en fonction des situations :
au domicile dřun assistant familial ou en appartement partagé. Ce dispositif permet
une prise en charge plus individualisée du jeune.
Point sur notre activité en 2015
Lřactivité réalisée en 2015 est en chute. Il est vrai que le manque crucial dřassistants
familiaux se fait ressentir. En effet, cette année nous avons fait face à deux départs en
retraite qui représentaient 4 accueils, le décès dřune assistante familiale qui accueillait
deux jeunes et le licenciement dřune assistante familiale (1 jeune).
Mais, enfin, le second trimestre 2015 nous laisse entrevoir la perspective de
recrutements ; les annonces passées (plus de 200) et le démarchage semblent porter
leurs fruits. Entre avril 2015 et Décembre 2015, nous avons recruté 5 assistants
familiaux. Ces recrutements nous offrent la perspective de mieux commencer 2016 en
termes dřactivité.
Espace Adolescents 91
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 153 -
6 832 journées ont été réalisées soit 83,55 % de lřactivité. Il faut saluer le travail
accompli par les assistants familiaux présents dans le service sans qui cette activité
nřaurait pas existé.
1571 jours dřaccueil ont été réalisés en dépannage par les assistants familiaux du
service, accueil supplémentaire à celui mentionné dans leur contrat de travail mais en
lien avec leur agrément ou accueil supplémentaire avec accord des services de la PMI.
Lřaccueil en appartement en semi autonomie a réalisé 1 943 journées soit 95,06 %
dřactivité. Cette année, nous avons rencontré quelques difficultés avec le voisinage
dues essentiellement à des nuisances occasionnées par les jeunes accueillis. Nous
avons aussi fait face à des jeunes parfois proches de la majorité dans lřincapacité de
vivre dans un appartement, ne sachant pas se prendre en charge.
Lřaccès à un accueil en semi autonomie nřest pas une fin en soi et de ce fait, nous
avons été amenés à plusieurs reprises à changer les jeunes dřaccueil et les faire
accueillir au domicile dřun assistant familial afin quřils puissent acquérir des bases telles
que se doucher chaque matin , apprendre à se lever seul, à nettoyer leur chambre…. et
ainsi pouvoir imaginer un accueil plus autonome lors de leur orientation ou avant leur
départ dřEspace Adolescents.
200
174
180
157 174
140
156 148
150
100
168
179 168
179
180
174
174
173
144
168
133
180
169
173
173
168
155
50
0
à réaliser
réalisé
SITUATION
des JOURNEES
Le profil des jeunes accueillis
Nous avons, cette année encore, accueilli plus de filles que de garçons même si la
différence est moindre. 58,3% de filles contre 41,7% de garçons (2014 : 65,7% de filles).
Espace Adolescents 91
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 154 -
Nombre de
situations au
cours de l'année
Admissions au
cours de l'année
Jeunes présents
au 01/01 de
l'année
Jeunes présents
au 31/12 de
l'année
2013
2014
2015
113
102
84
FILLES
59
GARCONS
54
FILLES
66
85
FILLES
45
GARCONS
40
GARCONS
14
FILLES
52
GARCONS
10
GARCONS
26
FILLES
14
GARCONS
10
FILLES
38
GARCONS
10
GARCONS
24
22
FILLES
12
22
FILLES
12
GARCONS
35
62
24
24
FILLES
14
FILLES
49
78
28
FILLES
14
GARCONS
36
GARCONS
10
26
FILLES
9
GARCONS
17
Les jeunes filles nous ont particulièrement « malmenés ». 63 % des jeunes filles
accueillies étaient fragilisées et insécurisées par un parcours souvent difficile et
chaotique ; nous avons été amenés à plusieurs reprises à accompagner les jeunes filles
vers une prise en charge médicale spécifique, hospitalisation en psychiatrie, prise en
charge de soin suite à des scarifications, des rapports sexuels non protégés…… A
contrario, seuls 20 % des garçons accueillis étaient dans cette situation.
Sans lřexpression de leurs maux psychiques, souvent trop envahissants, il est difficile
pour ces jeunes de se confronter à la réalité sociale et dřélaborer un quelconque projet
dřavenir (scolarité ou formation). Le pôle pédagogique, un des atouts dřEspace
Adolescents, réside bien dans la possibilité pour ces jeunes de trouver un soutien face à
ces troubles psychiques tout en s'inscrivant dans une insertion sociale, comme par
exemple, participer à lřatelier cuisine du service, au projet de cartes de vœux, dřaffiches
pour le séminaire de lřAVVEJ…. cet accompagnement favorise la mise en place dřune
reconnaissance du travail réalisé et la confiance en soi.
Cependant, nous avons à faire avec des manifestations de mal-être de plus en plus
prégnantes qui nécessitent pour ces jeunes la prise en compte, de façon prioritaire, de
leur angoisse, de leur état suicidaire parfois.
Nous constatons parfois malheureusement que l'accompagnement éducatif sřavère
insuffisant, ou du moins, peut difficilement s'articuler dans un projet d'autonomie et
d'insertion sociale. Aujourd'hui, certains jeunes ne sont pas en capacité de s'inscrire
dans un processus d'autonomie.
Processus dřautonomie de plus en plus exigé lors de la formalisation des contrats
jeunes majeurs, les attentes de lřAide Sociale à lřEnfance sont très orientées vers une
insertion sociale et professionnelle. La réalité est toute autre pour certains jeunes ayant
besoin de soins pour lesquels un accompagnement vers le soin en étant pris en charge
à lřASE pourrait être bénéfique à terme. La prise en compte de lřétat psychique des
jeunes ne devrait pas être mise de côté.
Cette année, la charge de travail des éducateurs a donc été conséquente. Les
interventions de week-end sont plus importantes quřen 2014. 32 % des jeunes ont été
accueillis après une rupture de leur lieu de séjour précédent. Lřétayage indispensable
du psychologue du service a permis dřaccompagner les jeunes accueillis dans une
prise de conscience de leurs difficultés qui a pu permettre à certains dřaccepter du soin.
Espace Adolescents 91
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 155 -
Provenance des jeunes admis en 2015
INCARCERATION
1,2%
HOPITAL
1,2%
MINEURS ISOLES
3,6%
STRUCTURES EDUCATIVE
32,0%
PARENTS / FAMILLE
62,0%
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
Lřâge des jeunes accueillis en 2015 ; les différences significatives concernent la baisse
du nombre de jeunes accueillis âgés de 12 à 16 ans (72 % en 2015, 79,41 % en 2014)
et une augmentation des jeunes âgés de moins de 12 ans (3 % en 2015, en 1,96 % en
2014), âge inférieur à notre agrément mais, avec lřaccord des services de lřASE, nous
avons été amenés à prendre en charge 3 fratries et donc à accueillir des enfants plus
jeunes que dřhabitude (10 et 11 ans), les 3 fratries représentaient 7 jeunes. Nous avons
dřailleurs été sollicités 7 fois cette année pour lřaccueil de fratries.
On constate une augmentation importante de jeunes âgés de 17 ans et plus qui
représentent 24 % des accueils alors que lřannée dernière, ils ne représentaient que
18,63 % des accueils.
Tranches d'âges
FILLES
GARCONS
TOTAL
moins de 11 ans
11 ans
12 à 14 ans
15 à 16 ans
17 ans
majeur
0
1
0
2
19
14
21
7
8
9
1
2
1
2
33
28
17
3
49
35
84
TOTAL
Origines et types de mesure
Les jeunes viennent essentiellement du département de lřEssonne, ce dernier reste
prédominant, à hauteur de 96,4 % des effectifs (81 jeunes sur 84 accueillis). Les trois
jeunes provenant dřautres départements ont eu une durée de séjour courte dans le
service, deux mois pour lřune et quatre jours pour les deux autres.
La demande du Conseil Départemental de recevoir majoritairement des jeunes
essonniens a considérablement modifié les demandes dřadmission des autres
départements en très forte baisse par rapport aux années précédentes. En effet, nous
avons été sollicités 235 fois pour des demandes dřadmission. Seules 13 demandes
émanaient dřautres départements franciliens.
Il convient dřajouter que la réduction des demandes dřaccueil des mineurs isolés a
fortement modifié les accueils réalisés dans le service depuis deux ans ; ils
représentaient 15% des accueils en 2013, 13% en 2014 et seulement 3,6% en 2015.
Espace Adolescents 91
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 156 -
62% des jeunes étaient accueillis par un membre de leur famille avant leur arrivée, en
baisse par rapport à 2014 où ils étaient 71%.
Par contre, 32% des jeunes étaient hébergés dans un établissement éducatif avant leur
arrivée alors que seuls 14% en 2014 ont été accueillis après un séjour dans un
établissement
Les autres jeunes orientés à Espace Adolescents étaient 4 jeunes mineurs isolés dont
une jeune qui sortait dřincarcération et un jeune qui sortait dřhospitalisation.
Comme mentionné précédemment dans cet écrit, lřorigine des jeunes a beaucoup
évolué par rapport à lřannée dernière.
Sřagissant des types de mesures, la prédominance reste aux OPP/ASE (60,7%). Les
OPP parquets sont de 10,7%, les accueils provisoires de 11,9%, 8,3% de mineurs
isolés étrangers en L223-2, 3,6% de jeunes dans le cadre dřun accueil de date à date,
3,6% de jeunes majeurs ce qui représente 3 jeunes, il faut noter que 2 jeunes étaient
déjà suivis par lřAide sociale à lřenfance depuis leur plus jeune âge et 1,2% de jeunes
dans le cadre dřun accueil de 72 heures.
Pour clore ce chapitre, il est nécessaire de rappeler quřun service dřaccueil dřurgence
est censé initialement répondre à lřaccueil quasi exclusif de primo placements, un
critère quřil nřest plus possible de tenir aujourdřhui compte tenu du panel étendu des
demandes et du réalisme qui prévaut quant à la réalisation de lřactivité.
La durée des séjours, orientations.
La durée moyenne de séjour a été de 104,5 jours (3,5 mois) en 2015, en augmentation
par rapport aux années précédentes : 92,3 jours en 2014 et 86,7 jours en 2013.
Cette indication représente la temporalité globale, mais ne reflète pas la singularité des
accompagnements. Pour plus de précision, on relève que 47,32% des jeunes sont
restés au service moins de 6 mois, 21,43% ont vécu entre 6 et 12 mois et 30,95% des
jeunes sont encore présents à Espace Adolescents.
En poursuivant lřexamen des données on remarque que les jeunes (30,95%) nřayant
pas quitté le service au 31 décembre dernier ont quant à eux parfois une durée de
séjour plus longue. Sur les 26 jeunes toujours présents dans le service, 14 sont
présents depuis moins de 6 mois, 9 jeunes depuis plus de 6 mois et moins de 9 mois, 3
jeunes sont présents depuis plus de 9 mois.
Un seul jeune est arrivé en Novembre 2014 et est toujours pris en charge par Espace
Adolescents. Les jeunes toujours présents depuis plus de 6 mois sont des jeunes pour
lesquels lřorientation nřaboutit pas malgré de nombreuses demandes auprès de
Espace Adolescents 91
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 157 -
nombreux établissements, il sřagit de jeunes dont les profils compliqués rendent
complexe leur orientation.
Parvenue à 104,5 jours (3,5 mois), la durée des séjours est marquée cette année
encore par quelques courtes périodes dřaccueil soit 32,14 % des adolescents qui sont
restés moins de 3 mois.
Pour 13 jeunes, le placement a été court car les raisons déjà évoquées à de multiples
reprises sont liées à lřindication de placement en décalage avec la temporalité du jeune
(fugue…), lřincapacité pour lřadolescent dřadhérer aux modalités du placement
(comportement troublé, troubles psychiques, cadre de vie perçu comme trop
contraignant). Pour dřautres, lřorientation du jeune était décidée avant son arrivée au
SAU. À ce sujet, le SAU a répondu favorablement à des demandes de mise à lřabri de
quelques jours, voire quelques semaines, pour des adolescents en transit vers un
placement pérenne.
Le Pôle Pédagogique – L’accueil de jour
Lřabsence de scolarité (plus dřaffectation, décrochage, absentéisme, exclusion) est la
caractéristique qui touche un peu plus de 48,8 % des mineurs à leur arrivée à Espace
Adolescents. Elle est la dominante la plus souvent observée chez les jeunes marqués
par des parcours de vie chaotiques (ruptures multiples, désocialisation, problèmes
psychiques) qui ont altéré leur capacité dřacquisition.
Grâce à la mobilisation et du soutien éducatif quotidien, qui sont les leviers majeurs du
projet SAU (ateliers, sorties, stages courts, bilan CIO, dispositif individuel de parcours
artistique et culturel innovant), seuls 9,5 % des jeunes sont restés sans solutions
acquises ou en situations non abouties à la fin de leur parcours au service.
Le projet du pôle pédagogique est fondé sur la relation éducative dans une perspective
dřétayage et de prise en compte de la souffrance psychique, en articulation avec une
pédagogie qui vise à valoriser les capacités individuelles et à réamorcer les
apprentissages. Il sřagit de prévenir les conséquences du décrochage scolaire et la
rupture avec les institutions, ce qui sřinscrit à plus long terme dans la prévention de la
désocialisation, de la délinquance et des conduites à risques.
Espace Adolescents propose quotidiennement un soutien éducatif, pédagogique et
psychologique aux jeunes confrontés à des difficultés repérées le plus souvent dans le
champ de la scolarité et risquant de compromettre leur éducation ou leur
développement physique, affectif, intellectuel et social.
Le travail réalisé a comme objectif de dynamiser le lien social, donner le goût
dřapprendre et réamorcer les apprentissages pour permettre le retour vers une scolarité
ordinaire ou une formation adaptée. Après plus de 19 années de fonctionnement, il
Espace Adolescents 91
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 158 -
apparaît que ces jeunes, très en errance, se stabilisent dans ce dispositif. Un véritable
«ancrage» est constaté.
Lřéquipe montre actuellement une expertise qui permet une réelle contenance. Le
développement dřoutils pédagogiques innovants porte une réactivation de lřenvie
dřapprendre. Ce dispositif semble fructueux, à la fois pour éviter lřexclusion scolaire, très
présente, mais permet aussi une observation pour engager des orientations mieux
adaptées.
Le service a ainsi permis à 33 jeunes de se réinsérer dans des scolarités ou des
formations adaptées. Le nombre de stages de découverte des métiers a été en nette
augmentation.
Le renouvellement permanent des jeunes fait donc maintenant partie de lřidentité du
service et lřenrichit. Cřest ainsi que nous avons proposé au service de lřenfance du
Conseil départemental de lřEssonne en Juin 2014, notre projet dřouverture du pôle
pédagogique aux autres établissements de protection de lřenfance du Département.
Baptisé PAS A PAS (Pôle dřAccompagnement Scolaire, dřAide Personnalisée,
dřAccueil et de Soutien), notre projet est une opportunité pour la prise en compte des
adolescents déscolarisés (ou sur la voie de lřêtre) et lřouverture de ce service à dřautres
jeunes que ceux hébergés à Espace Adolescents enrichirait les pratiques.
Les actions du Pôle Pédagogique
Pour rappel, le programme dřactivités a pour finalité dřenrichir et soutenir lřaction
éducative. Dans ce sens, il a pour vocation dřoffrir des supports dřobservation plus
étoffés sřagissant des attitudes des adolescents et donc de fournir des évaluations plus
fines de leurs capacités.
Au cours de cette dernière année, les partenariats avec les institutions culturelles et
sportives ont été reconduites (Culture du Cœur, mise à notre disposition dřun gymnase
par la Ville dřEvry, Association Génération II pour de lřalphabétisation..). Dřautres projets
ont également vu le jour, tels que la création de bacs de culture et une activité
jardinage.
Les accompagnements psychologiques
La majeure partie des adolescents sont rencontrés par la psychologue peu de temps
après leur arrivée. Il leur est ainsi proposé un espace de parole propre à faciliter la
compréhension de leur situation et leur suggérer une mobilisation sur tout ce qui peut la
faire évoluer.
Au-delà de lřadmission, la psychologue peut proposer la mise en place de suivis
psychologiques ; elle intervient dans les moments critiques pour soutenir lřaction
éducative ou pour organiser les hospitalisations le cas échéant.
23 jeunes bénéficiaient dřaccompagnement thérapeutique avant leur accueil, un jeune a
été accueilli après avoir été hospitalisé en pédopsychiatrie, 15 jeunes ont été orientés
vers un accompagnement thérapeutique, et enfin 6 adolescents ont été admis aux
urgences psychiatriques. Nous pouvons à ce sujet souligner le partenariat efficace
entretenu avec les différentes structures de soins. Cřest à partir de cette collaboration
que certains accueils ont pu se poursuivre et aboutir à une orientation.
Accompagnement éducatif et prise en charge médicale
Espace Adolescents 91
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 159 -
Nous avons observé cette année de nombreuses demandes dřadmission concernant
des jeunes filles qui avaient une problématique de santé exigeant un suivi particulier ou
des jeunes qui ne sřétaient tout simplement pas rendus chez un médecin et encore
moins un dentiste ou un ophtalmologiste depuis fort longtemps.
Le parcours de soins ou le parcours du combattant pour obtenir une CMU, un
remboursement….
Nous sommes amenés, de façon très régulière et sur un très long temps, à faire
lřavance des frais médicaux puis à nous « battre » avec les services du Conseil
Départemental pour obtenir un remboursement. Les couvertures maladie universelle
pour les jeunes ne nous parviennent pas dans des délais répondant au fonctionnement
dřun service dřaccueil dřurgence, pourtant, il faut être par exemple vacciné pour
reprendre une scolarité.
En cette fin dřannée 2015, le bilan des dépenses médicales et paramédicales atteint le
seuil des 5068,71 euros. Cependant, nous constatons que seuls 3032,86 euros nous
ont été remboursés par les services du Conseil départemental. 2035,85 euros restent
en attente de traitement, somme dont le remboursement est totalement incertain. Il ne
faut pas oublier que cette somme impacte le résultat comptable 2015.
A travers cet écrit, nous voulons insister sur les difficultés que nous rencontrons au
quotidien pour obtenir les remboursements des frais médicaux, lřattribution ou le
renouvellement de CMU (Couverture Maladie Universelle). Dans les principes généraux
de la prise en charge des frais de santé des jeunes confiés à lřAide Sociale à
lřEnfance de lřEssonne, il est dit : «Tous les enfants admis à lřAide Sociale à lřEnfance
sont affiliés à la Couverture Maladie Universelle (CMU) pour la couverture de base et la
couverture complémentaire ».
Le parcours du jeune est au cœur des préoccupations du Conseil Départemental, il est
important de rappeler que ce parcours y inclut le parcours de soins et, force est de
constater quřaujourdřhui, cet aspect ne semble pas être une priorité.
Les départs du service
Sřagissant des orientations, les données sont différentes de lřan dernier. Ainsi, 38 % des
adolescents ont été admis en structure éducative (27,5 % en 2014), 29,3 % sont
repartis au domicile de leur famille (21,3% en 2014).
On constate une baisse importante des accueils en semi autonomie 5,2% (15% en
2014), il sřagit du reflet de ce qui est décrit dans ce rapport. En effet, nombreux ont été
les jeunes dans lřincapacité de se prendre en charge malgré notre accompagnement.
Cette année nous avons été amenés à accueillir directement en semi autonomie 8
jeunes (6 filles et 2 garçons) qui ont changé de mode dřhébergement en cours de
séjour (hébergement au domicile dřun assistant familial), au regard de leurs mises en
danger et de leur manque de capacité malgré leur âge à "se gérer" au sein dřun
appartement.
En revanche, le nombre de situations qui se sont soldées par une fin de prise en charge
suite à une fugue est en baisse significative 8,6% (11,3% en 2014). En 2015, les jeunes
qui nřadhéraient pas à un placement nřavaient pas toujours dřautres solutions
dřhébergement. Certains sont restés et il a fallu porter à bout de bras leur situation et
leur orientation.
Espace Adolescents 91
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 160 -
ORIENTATIONS en 2015
Structure éducative
Famille
Structure éducative en semi
autonomie
Placement familial
Hôtel
F.J.T
Hôpital
Lieu de vie
Fin de prise en charge
suite à départ en fugue
%
38,0
29,3
5,2
6,9
5,2
1,7
1,7
3,4
8,6
Les personnels
Les assistants familiaux
Ainsi pour faire face à ces accueils, les assistants familiaux dont le nombre a oscillé
entre 10 et 14, ont beaucoup été sollicités cette année.
Lřaccueil familial a représenté 6832 journées dřaccueil dont 1571 jours de dépannage,
322 jours de congé et 432 jours de maladie (longue maladie dřune assistante familiale
accueillant deux jeunes). Il a fallu donc, la bonne volonté de tous pour parvenir à faire
un maximum de journées dřactivité en tenant compte des aléas de lřaccueil dřurgence.
Cette année, comme lřavait mis en exergue lřévaluation externe, les assistants familiaux
ont été invités aux réunions de fonctionnement ; cette intégration des assistants
familiaux aux équipes pluri-professionnelles, plus aboutie, sřest traduite par leur
participation accrue au travail dřéquipe et à leur place institutionnelle.
Au cours des réunions des assistants familiaux, ces derniers ont élaboré un document
sur la visite à domicile. Ce carnet de bord est un outil de recueil dřobservations. Il est
utilisé par les assistants familiaux et par les référents éducatifs de lřétablissement.
Une thématique a été traitée en 2015, dans des groupes de travail transversaux entre
les éducateurs spécialisés et scolaires et les assistants familiaux, sur lřaccueil et
lřadmission du jeune. Il est projeté de renouveler ce type de réunions en 2016 sur
dřautres thématiques communes.
Un travail important de mise à jour du « guide de lřaccueil des assistants familiaux » à
Espace Adolescents » a été engagé et terminé par les assistants familiaux. Le guide
sera donc remis au goût du jour début 2016.
Un nouveau dispositif renforce le travail de réflexion pluridisciplinaire transversal : la
commission « indemnité sujétion exceptionnelle ».
Le développement de ce travail inter équipes, nous a amenés à mettre en place une
formation commune au personnel éducatif et pédagogique et aux assistants familiaux
autour du thème de la fugue.
Le travail mené entre ces différents professionnels a permis des moments forts de
rassemblement et de cohésion.
Espace Adolescents 91
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 161 -
Le personnel
Lřannée 2015 a été celle du renouveau de lřéquipe éducative et pédagogique avec deux
départs dřéducatrices spécialisées et le congé sabbatique dřune éducatrice scolaire et
donc lřarrivée de deux éducateurs spécialisés et dřune éducatrice scolaire. Il faut noter
quřà ce jour, un poste dřéducateur spécialisé est en cours de recrutement mais
quřaujourdřhui lřéquipe comporte autant dřéducateurs que dřéducatrices.
Le personnel des assistants familiaux a aussi été beaucoup modifié en 2015 : cinq
assistantes familiales et un assistant familial ont rejoint le service. Mais deux assistantes
familiales ont fait valoir leur droit à la retraite, une assistante familiale est décédée, une
a démissionné, une a été licenciée et le service a mis fin à la période dřessai dřune
assistante familiale.
Nos recherches dřassistants familiaux semblent porter leurs fruits et nous avons enfin
des candidats.
Concernant les autres postes, la secrétaire du service éducatif est revenue à mi-temps
thérapeutique et nous avons donc accueilli une nouvelle secrétaire à mi-temps. Une
apprentie élève éducatrice spécialisée a rejoint lřéquipe éducative en octobre 2015 pour
3 ans. Comme chaque année, nous avons accueilli trois stagiaires éducateurs
spécialisés, dont deux en stages gratifiés.
Premières impressions
Benoît G., Assistant Familial
Premières impressions au Service d’Accueil d’Urgence « Espace Adolescents
91 »
A ma prise de fonction, jřai tout de suite compris que pour faire ce travail auprès des
jeunes il fallait nécessairement mřimprégner et comprendre le projet dřétablissement,
visant à garantir la qualité de lřaccompagnement éducatif des jeunes.
S’ouvrir au monde : un autre monde existe ailleurs ?
Précédemment permanent de lieu de vie et dřaccueil dans le département de lřOise, je
me suis investi dans des activités liées à la nature, au monde rural et associatif en
partenariat avec différents réseaux de lřéducation populaires (Fédération Léo Lagrange,
Accueil Paysan, etc...). Jřai pu constater que le monde rural apportait des possibilités
dřécoutes éducatives non négligeables et un réel impact dans lřaccompagnement des
jeunes fragilisés par la vie. Les habitants de la campagne, « les ruraux », ont souvent un
réel plaisir dřaccueillir, de croiser et dřéchanger avec les adolescents.
Notre famille a donc décidé de sřinstaller en plein cœur de la Picardie notamment à
Breteuil sur Noye. Il est vrai que dès que lřon pense à la Picardie nous imaginons très
vite des champs de betteraves à perte de vue, des plaines immenses, le vent, le froid, la
grisaille et pour couronner le tout la Picardie vient de fusionner avec le Nord Pas de
Calais. (Bienvenu chez les chřtimis). Mais moi je dirai que Breteuil cřest la ville à la
campagne car toutes les commodités se trouvent réunies pour avoir une vie tranquille,
pratique et moderne.
Effectivement depuis le 24 août 2015, je pourrais tenir un véritable carnet de voyages
où sur chaque page se tiendraient de petites notes, des croquis, des idées, des histoires
mais surtout des rencontres. Oui, il nřy a pas une rencontre de lřadolescent type et de
son assistant familial mais de multiples rencontres, toujours avec une nouvelle histoire,
souvent difficile, mais malgré la gravité de chacune dřelle, je peux vraiment apprécier
Espace Adolescents 91
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 162 -
des moments de convivialité, de chaleur humaine. Certes, il y a des moments pas
forcement faciles à gérer face à un adolescent qui va tester les limites, la patience, la
tolérance, qui va utiliser différents moyens pour se faire entendre. Mais les formations
proposées, les réunions inter équipes, les analyses des pratiques, les échanges
permanents mřamènent au constat que lřaccueil dřurgence fonctionne vraiment que si
nous respectons le cadre institutionnel qui est proposé et la place de chacun, c'est-àdire de la personne accueillie, de lřéducateur, des services généraux, de lřadministratif
et de lřassistant familial. Je nřai pas eu lřimpression dřêtre de trop ; bien sûr jřai eu un
petit temps dřadaptation mais je peux dire aujourdřhui que jřai le sentiment dřêtre à
Espace Ados depuis longtemps.
Notre famille à la croisée des chemins, une mosaïque de couleurs !
Aux premières minutes de lřaccueil dřun jeune et avant dřarriver à la maison, je me dois
dřêtre dans le respect de son histoire, de ses croyances et de la vision de son monde.
Je mřinstalle désormais dans une position permanente dřécoute et de proximité afin de
répondre à un état dřurgence. Cřest-à-dire de ne pas manquer la rencontre dans les
contrées lointaines de la vie quotidienne. Mais cřest aussi le choc, la confrontation, la
complémentarité, lřimbrication, lřemboîtement de deux civilisations. La rencontre ne peut
avoir de lřeffet que si elle nřest pas à sens unique. Cřest dřinviter le jeune accueilli au
voyage et non pas à lřerrance. Le voyage se fait sur la modification : du bassin de vie,
du mode de vie, de lřalimentation, du vocabulaire, du bruit, des odeurs, du temps des
transports, etc…
Notre famille aux multiples visages culturels !
Une famille à elle seule ne peut en aucun cas représenter une culture, elle ne peut que
montrer une certaine forme modelée par son histoire, ses goûts, sa gastronomie, ses
rencontres. Elle montre un des visages de la société toujours en mouvement et évolue
dans le respect de chacun. En voici quelques exemples.
Episode du riz au lait. Avec Laura, venant dřune communauté stigmatisée par
beaucoup de personnes en France et sortante de prison. Cet accueil, de quelques jours
en été, laissera un souvenir fort de son passage. Elle découvrit la mer pour la première
fois (la Côte Picarde), le pique-nique sur la plage avec la famille, les séances de course
pour rattraper le parasol, se baigna dans une eau un peu fraîche et dégusta pour finir
des moules-frites. Laura apprécia les moments passés ensemble malgré ses
inquiétudes dřêtre éloignée de sa communauté. Il y eut un jour où mon épouse proposa
de faire un riz au lait ; ce fut un petit moment dřéchanges sur la façon de cuisiner le riz
au lait à la façon des Carpates ou à lřIvoirienne. Nous avons été aussi dans lřun des
deux Kébabs de la ville car même à la Campagne nous en avons ! Il ne faut pas oublier
que ce sont des lieux pour lřintégration et des points de repères pour certains
adolescents venant de zones urbaines et loin de leur bassin de vie.
Le ciné-rural 60. Omar me dit : « mais le cinéma de Breteuil cřest ça ?…. ». Il est vrai
que nous avons aussi sur Amiens des belles salles mais quoiquřil en soit celui de
Breteuil est bien disposé avec des fauteuils, un tirage loto pour lřaffiche du jour, les
spectateurs qui sřinterpellent, échangent, bavardent sur le dernier film ; le responsable
de ciné-rural 60 propose et demande quels sont les films que nous souhaiterions
regarder…. ce nřest pas tous les jours que nous pouvons aller dans un cinéma alimenté
par des éoliennes ! Cřest la découverte dřune autre façon de visionner, se déplacer sans
le RER, sans le Bus. En effet, le cinéma Jules Verne se trouve à 3 minutes à pied de la
maison.
Pierre, un jeune adolescent ayant une vision du monde très figée, avec des idées bien
arrêtées, sera convaincu par les plats Franco-Ivoiriens. Pierre est arrivé avec un statut
non pas de jeune adolescent mais comme un adulte dans un corps dřenfant. Cřétait
impressionnant. Progressivement, il commença à prendre des attitudes de jeunes de
Espace Adolescents 91
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 163 -
son âge. Il faut dire quřil est lřun des plus jeunes des adolescents de la maison. Il
découvre la famille, ses us et coutumes, ses plats, sa façon de parler ; on peut dire que
presque tout lřamène quotidiennement au voyage et à remodeler ses idées préconçues.
Ronaldo remarqua le neveu de mon épouse : jřai vu que toi tu étais de la banlieue. Juste
cela lui permis de sřintégrer plus facilement.
Gabriel, un jeune homme plein de vie, qui par son dynamisme et sa bonne humeur
apporta pendant quelques jours…….
Il pourrait y avoir tant dřautres exemples de vie à citer…
Etre assistant familial est une véritable aventure humaine enrichissante, tant au niveau
professionnel que personnel. Malgré la complexité de chaque situation à gérer et les
difficultés que ces adolescents traversent, je constate quřils ont beaucoup de potentiels
qui méritent dřêtre pris en compte pour la réussite de leurs projets de vie.
Depuis mon arrivée à « Espace Ado » jřapprécie lřappui méthodologique et
lřaccompagnement personnalisé de notre projet, mais aussi de me soutenir pour devenir
un véritable acteur au sein dřEspace Adolescents 91.
Et 2016…..
Créé il y a bientôt 20 ans, le SAU a acquis une expérience spécifique et un savoir-faire
dans lřaccueil dřurgence des jeunes adolescents garçons et filles, en difficulté.
Lřensemble du personnel : administratif, éducatif, familial et services généraux,
contribue de manière collective à cette action globale et en même temps individualisée
et personnalisée.
Les adolescents ne sont pas toujours faciles, de surcroît lorsquřils sont placés. Espace
Adolescents doit être avant tout un lieu où ils peuvent se poser et prendre soin dřeux.
Pour cela, il est impératif de développer les échanges entre les jeunes et le personnel
du service.
Espace Adolescents accueille les différentes problématiques des jeunes, il faut ensuite
les porter et impulser une dynamique dřinformation et de conseil. Il faut que tous au sein
du service dřaccueil dřurgence se montrent inventifs et force de proposition, travailler de
concert et en parfaite harmonie pour apporter à chacun des jeunes accueillis une prise
en charge de qualité.
Les idées nouvelles, la créativité, lřinventivité doivent faire partie de notre pratique
quotidienne tant il est vrai que chaque situation est complexe et unique. Chaque jeune
qui franchit la porte possède sa propre histoire, sa propre problématique, ses propres
souffrances, il est impossible dřapporter des réponses stéréotypées, plaquées et
inscrites dans le marbre.
A lřheure où sřécrit ce rapport dřactivité, nous sommes déjà tournés vers une nouvelle
année qui sřannonce encore riche en projets et en chantiers en tous genres et en
particulier celui de fêter les 20 ans dřexistence dřEspace Adolescents.
ŖLe monde de la réalité a ses limites ; le monde de lřimagination est sans frontières.ŗ
Jean-Jacques Rousseau
Espace Adolescents 91
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 164 -
Espace Adolescents 91
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 165 -
FOYER ÉDUCATIF
LA PASSERELLE
CONTACT :
4 rue du Puits Sucré
91630 MAROLLES EN HUREPOIX
Téléphone : 01.64.56.17.94
Télécopie : 01.64.56.07.12
[email protected]
ACCÈS :
Par la route : R.N. 20 - Après Arpajon,
sortie Direction Évry.
RER C : Direction Saint-Martin dřÉtampes
- Gare "Marolles en Hurepoix".
ACCUEIL :
Le Foyer Éducatif LA PASSERELLE accueille des mineurs (10/21 ans) des deux
sexes originaires, en priorité, du département de l'Essonne et relevant du dispositif
de protection de lřEnfance. Les collectifs sont verticaux, mixtes et de petits effectifs
(10 à 11 jeunes) et situés dans des villes environnantes. Le service dřappartements
partagés est installé à proximité.
Effectif : 45 jeunes de 10 à 21 ans
MISSION :
Le Foyer Éducatif LA PASSERELLE propose un accompagnement éducatif
individualisé s'articulant autour de :





L'accueil
L'action éducative accompagnée d'un travail avec les familles
L'insertion scolaire et professionnelle
La prise d'autonomie
L'éventualité d'une orientation
FONCTIONNEMENT :





Durée de prise en charge variable en fonction de chaque jeune.
3 collectifs 10 à 11 jeunes.
1 Service Appartements Partagés (S.A.P.) accueillant 13 jeunes.
Équipe pluri professionnelle travaillant en interdisciplinarité.
Inter partenariat étroit avec les référents sociaux, les acteurs locaux de
lřéducation spécialisée et lřinsertion des jeunes.
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 166 -
ADMISSION :
La demande d'admission se fait par courrier avec une présentation du jeune et les
raisons du placement. Le chef de service éducatif avec le psychologue évalue la
faisabilité de lřadmission au travers de rendez-vous. La décision d'admission du
directeur intervient dans les délais les plus brefs.
AGRÉMENT :
L'établissement est agréé Aide Sociale à l'Enfance par le Conseil Général de
l'Essonne.
STRUCTURE :
Directeur :
Emmanuel BRETON
Chef de service Educatif :
Patricia BECKER
Carine CAUVIN DESVIGNES
Ernest EBONGUENG
Dominique MORILLE
Équipe Educative:




Psychologues,
Éducateurs spécialisés,
Moniteurs Educateurs,
Éducateurs Faisant fonction dřéducateurs en internat
Équipe Administrative et services généraux:





Comptables,
Économe,
Secrétaire de direction,
Maîtresses de maison,
Ouvrier dřentretien.
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 167 -
Foyer Educatif La Passerelle
Emmanuel BRETON, Directeur
Lřexercice du rapport dřactivité est, il me semble, toujours quelque chose de
périlleux. Cet écrit doit pouvoir combiner un retour sur les évènements de lřannée
passée, une présentation des constats à effectuer mais également une projection vers
lřavenir, il peut être lieu dřinvestigation sans être trop critique, il doit permettre de
soulever des questions sans être trop polémique...
Comme en… patinage artistique !!!
Il est nécessaire de bien réaliser lřimpulsion, la rotation et la réception. Les
spécialistes et les amateurs éclairés savent bien que la combinaison triple axel-double
Lutz piqué est bien difficile à réaliser et bien souvent inachevée, voire même parfois
complètement ratée. Les patineurs peuvent glisser, parfois tomber mais par contre la
fierté leur intime de poursuivre leur programme jusquřà son terme. Les juges sont
souvent exigeants voire même intransigeants. Quant aux notes…
Je vais cesser la comparaison qui pourrait me faire dévier de mon propos et
revenir à lřinstitution qui me préoccupe quand bien même il y aurait quelque chose
dřartistique dans cette entreprise…
Il est de coutume au Foyer Educatif LA PASSERELLE de laisser dans ce rapport
dřactivité une part importante aux écrits des professionnels pour quřils témoignent de
leur travail dřéducation au quotidien auprès des jeunes adolescents que nous
accueillons.
Je vais un peu déroger cette année à cette règle, non pas pour leur enlever un
des supports de présentation de leur travail, non pas pour masquer leur engagement
professionnel toujours présent par ailleurs mais parce que je souhaite expliquer
certaines disgrâces dans lesquelles nous nous trouvons de manière générale dans le
cadre de notre activité de foyer éducatif auprès dřadolescents en difficulté relevant du
dispositif de protection de lřenfance et tenter dřy mettre tout spécialement la focale.
Ainsi, et sans vouloir sortir les mouchoirs ni même ne se situer que du côté de la
plainte, il y a de véritables problématiques que je souhaiterais ici venir exposer. Et pour
paraphraser Émile-Auguste CHARTIER (sous le pseudonyme dřALAIN) dans son
propos sur le bonheur9 paru en 1925, il me faudrait sans doute penser que : « Le
pessimisme est d'humeur; l'optimisme est de volonté. »
Ce que je pourrais nommer comme première problématique concerne la
question financière. Ainsi il existe une pression extrêmement importante exercée sur les
établissements de protection de lřenfance que je nřavais de mémoire pas encore
rencontrée en quinze années dřexercice. Cette pression sous forme de restriction
budgétaire sřest accentuée ces dernières années. Je pourrais même penser que nous
ne sommes quřau début des complications et que cela pourrait bientôt atteindre son
paroxysme, je suis donc assez inquiet pour la suite à venir... Alors dois-t-on se résoudre
à laisser penser que lřaction dřéducation et de protection de lřenfance pourrait être
disloquée ou bradée par manque de moyens ?
Certes, il est possible de comprendre le contexte national des finances
publiques. Certes, il est possible de concevoir les conséquences de la décentralisation
et le transfert de compétences aux collectivités territoriales. Certes, il est possible de se
représenter les problématiques départementales avec des contraintes budgétaires.
9
Propos sur le bonheur, ALAIN, Gallimard, 1925
Foyer la Passerelle
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 168 -
Certes, il est possible de saisir la difficulté à résoudre une équation gestionnaire
départementale.
A contrario, il est important de dire la nécessité de travailler auprès de jeunes
adolescents en difficultés pour préparer leur avenir, notre avenir. A contrario, il est
nécessaire de mentionner la responsabilité dřendosser des décisions concernant des
dépenses dans le cadre des missions qui nous sont confiées, dřaccueil de jeunes en
grandes difficultés, sans repères, désœuvrés et qui ont un besoin important de retrouver
confiance en eux, aux autres, aux adultes qui les entourent. Ainsi, lřactivité dřun Foyer
Educatif dans le cadre de la protection de lřenfance nřest pas superflue, inutile, dérisoire
voire superfétatoire. Il est toujours urgent et nécessaire dřaccueillir, dřéduquer,
dřaccompagner, dřaider à faire grandir les jeunes en difficultés, les mineurs isolés, les
cas dits sociaux. A contrario, il est nécessaire de sřoccuper des Jeunes que nous
accueillons actuellement au risque de voir le coût social démultiplié si lřon ne fait rien. La
question ne se pose dřailleurs plus tellement de savoir sřil faut travailler et se donner les
moyens en amont pour ne plus avoir à le faire en aval et rompre les parcours
dřassistance dans lesquels certains se retrouvent. La question du choix entre le coût
social immédiat ou le coût social différé nřest que très rarement évoquée ouvertement. Il
est même avancé que de nombreux jeunes sans domicile fixe ont été pris en charge par
lřaide sociale à lřenfance, remettant en cause la pertinence de son efficacité et de son
action. Il nřest pas dans mon intention de défendre lřindéfendable et de dire que tout est
parfait dans cette organisation, et nous devons comme dřautres avant nous apprendre
de nos déboires, mais il est possible de concevoir que les rues seraient sans doute
bondées si le système de protection de lřenfance nřexistait pas. De plus ce serait faire
peu de cas de la liberté individuelle de chacun que de penser notre action
systématiquement réussie avec à la clef une insertion obligée.
Par ailleurs et sans vouloir clore cette question, nous savons tous bien que le
temps social et le temps psychique ne sont pas toujours compatibles mais il est plus
que nécessaire de réaffirmer que ce temps social doit être assez consistant et que pour
cela la protection de lřenfance doit avoir les moyens.
Ce que je souhaite nommer comme deuxième problématique concerne
lřexposition. Dans un monde toujours plus médiatique où lřapparence, la communication,
le visible sont devenus des références, il est difficile dřy trouver sa place et de la faire.
Pour justifier de son action il devient nécessaire de lřétaler, de communiquer, de faire un
« coup » médiatique, dřutiliser des signes ostentatoires. La situation paradoxale des
institutions en protection de lřenfance est bien compliquée en ce sens entre exposition
et justification. Ainsi nous devons garantir aux adolescents que nous accueillons une
protection, une sécurité, une stabilité, des repères éducatifs. Et comme le pensait
EPICURE10 puis bien après lui Jean-Pierre CLARIS DE FLORIAN11, je pourrais même
aller jusquřà penser : « pour vivre heureux, vivons cachés ». Car nos actions ne sont
pas médiatiques. Nous nřavons pas à faire de publicité. Nous ne sommes pas acteurs
de téléréalité. Nous travaillons avec le temps comme allié. Les changements sřils ont
lieu sont des frémissements. Les évolutions pour certains jeunes sont à lřimage de pas
de fourmis alors que les éducateurs savent bien que ce sont des pas de géants. La
pudeur de certains jeunes nécessite de ne pas divulguer ce qui leur arrive. Ces jeunes
qui ont eu pour certains des enfances traumatisées ont besoin dřun endroit calme,
chaleureux, « coucounant » pour prendre le temps de se reconstruire. Le travail
dřéducation est un travail de lřombre quřil est difficile dřexposer au risque dřexposer les
jeunes eux-mêmes et de voir une possible avancée annulée par les sirènes de
lřapparence. Certaines professions affichent les résultats de leur travail, leur production.
Rien de tout cela dans notre activité car à rendre publique ou médiatique quelque
chose, ce serait mettre ces jeunes en première ligne, or ils nřont pas encore
complètement conscience de ces évolutions quřils traversent, de ces frémissements que
10
Lettre à Ménécée, EPICURE, Hatier-poche, 2007
Le grillon, Jean Pierre CLARIS DE FLORIAN, Fables, l'école des loisirs, 2009
Foyer la Passerelle
11
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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nous devinons. Leur fragilité ne doit pas être mise à rude épreuve et surtout pas
exposée au risque de penser que nous les aurions trahis. La confiance est si dure à
gagner parfois…
Ainsi la question de la justification de notre action à destination des adolescents
que nous accueillons vient forcément soulever celle de lřexposition et donc de la
communication. Le texte suivant de Nathalie METAIS explique assez bien en détail, il
me semble, la finesse de ce que nous entreprenons auprès dřeux et la difficile
médiatisation de ce travail.
« Vendredi matin, alors que je mřapprêtais à me déplacer pour une réunion à
lřextérieur, je suis appelée par lřéducatrice du pavillon qui a travaillé cette nuit. Elle est
inquiète : la jeune Sylvie nřaccepte pas la sanction qui a été posée la veille et désire
« fuguer » du foyer. Lřéducatrice est ennuyée, ainsi la veille au soir, alors que Sylvie
était rentrée très tard, sans autorisation, lřéducateur en poste lřavait reprise sur ses
agissements et sur le fait quřau vu également de son attitude du moment et de
lřextrême vulgarité dont elle faisait usage auprès des adultes, elle était exclue une
semaine du lycée. Ne sřétant pas rendue au lycée le jour même et toujours sans
autorisation, elle nřavait pu assister à la réunion organisée pour elle et il fallait donc bien
la tenir au courant de ce qui lui était infligé. A lřentente de tout cela, Sylvie redoubla de
vulgarités et dřinsultes et alla même jusquřà frapper puis mordre lřéducateur qui la
sommait dřaller dans sa chambre. Ce moment fut dřune violence extrême et, comme à
son habitude, une fois seule dans sa chambre, elle se mit à pleurer fortement puis
descendit sřexcuser auprès des éducateurs en expliquant quřelle ne savait pas faire
autrement même si elle aimerait apprendre. Mais sans omettre de répéter quřelle nřavait
besoin de personne. Tout le paradoxe de cette jeune fille. Sylvie était donc, selon
lřorganisation mise en place pour les élèves exclus, consignée au pavillon pendant les
heures correspondant à ses heures de cours mais elle ne comptait pas, selon ses
propos du matin, sřy tenir. De plus, eu égard à la violence de la veille au soir, à laquelle
lřéducatrice avait assisté, celle-ci nřenvisageait pas de pouvoir sřopposer physiquement
à Sylvie, le cas échéant. Cřest également pour ces mêmes raisons que je décide
dřannuler ma présence à cette réunion et de me rendre au pavillon. Lorsque jřy arrive,
les gendarmes sont présents. Ils viennent de récupérer Sylvie à la gare suite à lřappel
de lřéducatrice et mřexplique quřils ont dû utiliser la force pour la faire monter dans la
voiture. La jeune fille boude dans le salon en répondant à mon bonjour par : « je mřen
fous, je vais me barrer » … il nřest pas toujours bon de relater le reste des vulgarités.
Le décor est planté. Nous décidons de la laisser tranquille pour le moment. Jřéchange
de la situation avec le Directeur qui, au vu de la violence de la veille, décide dřun séjour
dřéloignement dřune semaine afin de permettre à tout le monde de souffler. Une autre
éducatrice arrive pour prendre le relais. Elle commence par appeler nos lieux
ressources afin de trouver un lieu de vie et dix minutes après, nous savons que Sylvie
peut être accueillie en province le jour même. Pendant ce temps, Sylvie continue de
nous provoquer verbalement à distance et nous continuons de lřignorer … non sans mal
au vu de son discours. Elle effectuera plusieurs allers-retours en dehors du pavillon,
espérant ainsi attirer notre attention mais en vain. Puis elle se pose dans la salle à
manger afin de téléphoner à une copine, continuant ainsi sa provocation vis-à-vis de
nous à travers ses propos. Je décide alors dřaller dans mon bureau pour « couper » le
lien au moins visuel. Cřest alors que lřéducatrice est allée sřasseoir à côté dřelle sans lui
adresser la parole. Cette présence interpela Sylvie qui, semble-t-il déstabilisée,
interrogea du regard lřéducatrice. Cette dernière lřinterrogea à son tour, avec un ton
calme et posé, sur son attitude. Sylvie décida enfin de raccrocher son téléphone et de
lřécouter. Il sřen suivra une conversation censée où cette jeune fille viendra dire tout son
désarroi et son incapacité à faire avec lřautre et en même temps tout son regret vis-à-vis
de ses derniers actes mis en place. Lřéducatrice lui annonce alors calmement ce que
nous avons prévu pour elle en nommant le Directeur et moi-même. Sylvie convient
immédiatement de la pertinence de cette décision et demande à pouvoir partir de suite.
Nous effectuons les démarches nécessaires et Sylvie monte préparer ses affaires. Je
décide alors dřaller la rencontrer dans sa chambre afin de lui dire au revoir. En effet,
Foyer la Passerelle
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 170 -
quittant définitivement LA PASSERELLE en fin de semaine, je nřaurais peut-être pas
lřopportunité de lui dire au revoir. Sylvie accepte de mřécouter. Je lui dis que jřaurais
préféré que lřon se le dise autrement mais que je respectais sa décision de faire ainsi
même si je pensais quřil y avait des solutions bien plus simples et plus riches. Elle en
convient et accepte de me serrer la main tout en me regardant sincèrement. Au moment
de monter dans le véhicule, lřéducatrice lui demande si elle ne va pas regretter de partir
ainsi vis-à-vis de moi et lui glisse quřil est encore temps dřaller me dire quelque chose. A
peine la phrase terminée, Sylvie descend du véhicule, se précipite vers moi, mřenlace
affectueusement et nřa de cesse de me dire pardon tout en mřembrassant. Un moment
incroyable et très émouvant … de part et dřautre. Ce sont les yeux pleins de larmes que
nous nous sommes donc dit au revoir. Je tenais, à travers cet écrit, à féliciter toute
lřéquipe pour ce travail exceptionnel mis en place avec cette jeune fille. En effet, cřest
parce que les choses ont été travaillées en amont et tenues par lřensemble de lřéquipe
quřun tel dénouement a pu avoir lieu. Je pense que cřest une vraie richesse pour cette
jeune fille toujours en quête de reconnaissance et dřattention. Les adultes ici présents
tiennent les choses pour elle et elle peut avoir confiance en eux. Les actes éducatifs
successifs ont été posés de façon intelligente et constructive. Ce que lřéducatrice a pu
mettre en place le matin est le fruit de tout ce travail mais également de sa pertinence et
de son professionnalisme. Je nřoublie évidemment pas toutes les réflexions établies lors
de nos réunions afin dřêtre intelligent et bien à propos dans la prise en charge de cette
jeune fille. Et la psychologue du service a beaucoup œuvré en ce sens. Un bel acte
éducatif dont je suis fière et qui signe ainsi mon départ de la structure … Merci à tous ! »
Je voulais vous soumettre cette vignette visant à expliquer toute la finesse du
travail quřil est possible dřentreprendre auprès des jeunes que nous accueillons tout en
résistant à leur opposition massive parfois, et quřil est bien difficile de communiquer sur
ces petits mouvements qui pourraient paraitre insignifiants mais qui sont à dire vrai des
mouvements internes remarquables.
La troisième problématique dont je souhaiterais parler repose sur le vocable de
désinstitutionalisation. Ce terme assez complexe pourrait rivaliser avec le mot le plus
long de la langue française mais cache en réalité une idéologie bien précise quřil nous
faut interroger. Ce terme apparait au départ dans le champ lexical médical et dont un
ouvrage clef est le texte Asiles12 dřErving GOFFMAN. Il sřagit alors dans les années
1960 dřun processus institutionnel dans le but de réduire et d'arrêter les comportements
dépendants et impuissants des patients mais également de réduire leur nombre dans
les institutions psychiatriques. Concernant ces réformes, à lřépoque et encore
aujourdřhui, il est à noter que bon nombre de personnes ont considéré la
désinstitutionalisation comme un échec. Or, le terme revient à présent et depuis peu
comme une affirmation et un remède et cela suscite plusieurs interrogations. Ainsi, le
conseil de lřEurope13 en 2010 a adopté un texte recommandant aux Etats membres de
ne plus placer les enfants handicapés en institution. La direction de la communication
précisant : « Le placement en institution soulève de nombreuses inquiétudes quant à sa
compatibilité avec lřexercice des droits de lřenfant. Sauf circonstances exceptionnelles,
aucun enfant ne devrait être placé en institution. Il convient, par ailleurs, de remplacer le
placement en institution par des services de proximité dans un délai raisonnable et dans
une démarche globale. » En février 2014, le Groupe Européen dřExperts14 sur la
transition des institutions vers les services à base communautaire déclare : « LřUnion
Européenne sřapprête à mettre en œuvre les sept prochaines années des fonds
structurels et dřinvestissement. Le cadre mis en place pour cette nouvelle période de
programmation représente une opportunité historique pour protéger les droits des
personnes les plus exclues de lřEurope - celles vivant dans des institutions. Pour la
première fois, les nouvelles régulations pour la politique de cohésion, adoptées en
12
Asiles. Études sur la condition sociale des malades mentaux et autres reclus, Erving GOFFMAN, trad. de
Liliane et Claude Lainé, Éditions de Minuit, Paris, 1979
13
https://wcd.coe.int/ViewDoc.jsp?id=1580401&Site=DC
14
http://www.cfhe.org/desinstitutionnalisation.html
Foyer la Passerelle
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 171 -
décembre dernier par le Conseil Européen et le Parlement Européen, incluent des
références spécifiques pour soutenir la « transition des institutions vers les services à
base communautaire. » Et depuis peu, lřUNAPEI15 emploie ce terme de
désinstitutionalisation dans un document dřorientation politique comme un levier pour
une société inclusive. Il faut entendre les arguments de Roland JANVIER16 ou de
Philippe GABERAN17 pour interroger cette manière de voir et de penser et il faut
prendre garde de ne pas créer une ligne de fracture entre le social et le médico-social. Il
nřest pas ainsi question de mettre en opposition lřaccueil des personnes handicapées et
celui des personnes inadaptées. Ce qui est réalisable à certains endroits ne doit pas
être généralisable partout. Il est donc nécessaire de comprendre ces mouvements de
grandes ampleurs qui sont à lřœuvre actuellement, non pour seulement les combattre
mais pour tenter de les anticiper. De plus, il me semble que certains font une grave
erreur en reprenant à leur compte le terme de désinstitutionalisation alors quřil faudrait
plutôt lřentendre comme diversification des modalités dřaccueil et dřaccompagnements.
Il y a déjà eu par le passé des attaques frontales envers les institutions sociales et
médico-sociales et certaines ont pu être justifiées. Mais les institutions actuelles sont
très loin des usines à hospitalisme que lřon a pu rencontrer par le passé en Europe
centrale. Et fort de ces exemples, Il y a une vrai pertinence à faire valoir lřexistence des
institutions avec la reconnaissance de ce quřelles apportent et les difficultés intrinsèques
à toutes organisations humaines quřelles comportent.
Je pourrais alors faire le pronostic comme bien dřautres avant moi que ce terme
de désinstitutionalisation va bientôt inonder le secteur social. Concernant la protection
de lřenfance et donc les maisons dřenfants à caractère social (MECS) et parce que je
perçois le Foyer Educatif LA PASSERELLE avec ses vertus éducatives, contenantes et
bienveillantes pour les enfants et adolescents accueillis, je tiens à dire toute ma
perplexité sur ce type de pensée. Je pourrais même imaginer que ce que je nomme
première
et
troisième
problématique,
la
restriction
budgétaire
et
la
désinstitutionalisation, pourraient bientôt sřautojustifier et sřamalgamer. Cela pourrait
encore davantage mřinquiéter. Il pourrait me revenir à lřesprit des « mauvaises pensées
dřun travailleur social » comme lřécrivait Jean-Marie GENG18 dans les années 1980 et
qui avait suscité de nombreuses réflexions dans les centres de formation en travail
social.
Il me semble alors que nous devons tenir et renforcer la réflexion sur le plan
théorique pour consolider et justifier de notre travail dřéducation et de protection de
lřenfance.
Je voulais présenter ces quelques problématiques et en faire état. Le fruit de ma
réflexion nřest pas exhaustif et il existe sans aucun doute bien dřautres problématiques
que je nřai pas développées. Je devrais alors peut être relire Alain qui disait19 : "Lorsque
Bucéphale, cheval illustre, fut présenté au jeune Alexandre, aucun écuyer ne pouvait se
maintenir sur cet animal redoutable. Sur quoi un homme vulgaire aurait dit : « Voilà un
cheval méchant. » Alexandre cependant cherchait l'épingle, et la trouva bientôt,
remarquant que Bucéphale avait terriblement peur de sa propre ombre ; et comme la
peur faisait sauter l'ombre aussi, cela n'avait point de fin. Mais il tourna le nez de
Bucéphale vers le soleil, et, le maintenant dans cette direction, il put le rassurer et le
fatiguer. Ainsi l'élève d'Aristote savait déjà que nous n'avons aucune puissance sur les
passions tant que nous n'en connaissons pas les vraies causes."
15
.unapei.org
... unapei essentiel desinstitutionnalisation.pdf
R.
Janvier,
Désinstitutionnalisation,
danger
ou
opportunité,
http://www.rolandjanvier.org/pedagogie-education/507-desinstitutionnalisation-dangerouopportunite-03-05-2012/
17
Revue Empan, n°89, Philippe GABERAN, 2013/1, https://www.cairn.info/revue-empan-2013-1-page7.htm
18
Mauvaises pensées d’un travailleur social, Jean-Marie GENG, Le seuil, 1980
19
Propos sur le bonheur, ALAIN, Gallimard, 1925
Foyer la Passerelle
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
16
- 172 -
Je laisse bien sûr à chacun la possibilité de comprendre et dřinterpréter cette
fable.
Pour conclure ma métaphore dřintroduction ; en patinage artistique, il faut
toujours terminer par le salut…
Ainsi donc, lřannée qui vient de sřécouler présente la caractéristique, entre autre,
dřun changement au niveau des postes de cadre de lřinstitution. Cřest ainsi que trois des
chefs de service éducatifs sur quatre nous ont quittés pour accéder à des postes de
direction dans dřautres établissements sociaux. Outre le changement que cela a
occasionné pour les partenaires, pour lřinstitution, pour les équipes et les jeunes
accueillis, il me semble important de leur témoigner toute ma gratitude pour leur
engagement et leur conscience professionnelle durant toute leur activité au Foyer
Educatif LA PASSERELLE. Leur ascension professionnelle rejaillit incontestablement
sur les équipes éducatives dans le travail et le parcours accompli. Le professionnalisme
de Madame Viviane VANDOMME, directrice du SAEMO à NEVERS, de Madame
Nathalie METAIS, directrice du centre dřhébergement de femmes en difficulté LE
RELAIS à VERT-SAINT-DENIS et de Monsieur Claude THOBOR, directeur des
internats éducatifs de THIAIS sont ainsi à souligner et je leur souhaite la plus grande
réussite dans leurs entreprises.
Je tiens pour finir à saluer également le professionnalisme de deux salariées de
lřinstitution qui viennent de partir à la retraite. Marie Dominique ACCARIE a été
éducatrice spécialisée du 28 août 1995 au 29 février 2016 et Vivianne DOAN dit
« CUC » a été maîtresse de maison du 3 décembre 1990 au 31 mars 2016. Je les
remercie toutes les deux pour leur implication, leur conscience professionnelle, leur
engagement institutionnel et ce supplément dřâme quřelles y ont apporté.
Emmanuel BRETON
Directeur
Foyer la Passerelle
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 173 -
FOYER EDUCATIF LE VIEUX LOGIS
CONTACT :
ACCES :
115 Avenue de la République
91230 - MONTGERON
Téléphone : 01.69.40.84.84
Télécopie : 01.69.03.94.95
e-mail : [email protected]
SNCF : Châtelet ou Gare de Lyon : RER
D, direction Melun, descendre « gare de
Montgeron-Crosne »
AUTOBUS : A la gare de Villeneuve St
Georges, autobus ligne A, descendre
« station Pavillon Flore »
VOITURE : N6, Sortie « Montgeroncentre »
ACCUEIL :
Maison dřenfants à caractère social, le Vieux Logis accueille 90 jeunes adolescents
et jeunes majeurs dans 6 services mixtes.
MISSION :
4 pavillons, destinés à lřaccueil de 11 à 12 jeunes, âgés de 12 à 18 ans.
1 service dřappartements partagés, pour 12 jeunes à partir de 16 ans.
1 service dřaccompagnement éducatif, pour 32 jeunes majeurs, logés en studios.
AGREMENTS - HABILITATION :

Aide Sociale à lřEnfance
STRUCTURE :
Direction :
Directrice : Marie-Laure MANUEL
Directrice Adjointe : Véronique GUEGAN
Chef de service :
Mme Florence CREMET, Service des Appartements Partagés,
Mme Patricia BECKER, Service dřAccompagnement Educatif,
Mr Lionel LEBOUCHER, Pavillon les Iris (Montgeron),
Mr Frédéric BISCARAS, Pavillon Crosne (Crosne),
Mr Ridha BOUZIDI, Pavillon les Hêtres (Draveil),
Mr Laurent LAY, Pavillon lřAbbaye (Yerres),
Effectif : 70 salariés
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 174 -
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
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INTRODUCTION
Marie-Laure MANUEL, Directrice
Deux choses remplissent le cœur dřune admiration et dřune vénération toujours nouvelle
et toujours croissante, à mesure que la réflexion sřy attache et sřy applique : Le ciel
étoilé au-dessus de moi et la loi morale en moi.
Critique de la raison pratique Ŕ Kant.
Jřaimerais pouvoir présenter ce rapport dřactivité, à travers cette réflexion que
nous propose Emmanuel Kant. Jřaimerais plutôt ne rien rajouter de plus et mřen arrêter
là.
Les textes qui suivent reflètent le grand écart institutionnel nécessaire pour que
la vie y soit attrayante, entre la réflexion et le plaisir quřon y puise et la réalité, ces petits
gestes presque insignifiants qui fondent lřacte éducatif.
Comment conceptualiser le projet institutionnel pour quřil puisse prendre sens ?
Le sens, arrimé à nos pratiques, elles-mêmes secouées par lřévolution des
comportements sociaux. Notre loi morale ? Notre éthique, ne rien lâcher : accueil,
bienveillance, respect, une promesse, racines incontournables pour les équipes, socle
indispensable de lřéducation. Toutefois, avant de pouvoir lever le nez vers le ciel et
admirer les alignements planétaires, il nous faut semer des petits cailloux,
scrupuleusement. Ainsi donc, le projet institutionnel ne peut avoir dřunité que si sa
conception repose sur les actes éducatifs que nous sommes amenés à poser, soustendus par la réflexion permanente, elle-même gage de notre évolution.
Nous constatons depuis quelques années, la déscolarisation de plus en plus
fréquente de jeunes que nous accueillons. Non, ce nřest pas de la paresse, cřest une
impossibilité, une peur, un manque de disponibilité interne pour engager sa curiosité,
une emprise des problématiques personnelles qui empêche dřinvestir dans un avenir.
Des rêves dřenfants, qui ont disparu. Nous pourrions décliner de mille façons ces peurs
et ces rejets. Cependant, las de ce constat nous avons décidé dřagir. Nous ouvrons un
espace pédagogique au Vieux Logis, lieu de créations, de redynamisation, de
scolarisation, lieu pour recevoir ces jeunes qui peinent à se lever puis qui partent errer,
bien souvent devant la porte de leur établissement scolaire, pour le mieux, ou dans la
cité, et ce peut-être le pire. Plus que jamais, en cette année 2015 explosive, nous avons
nos devoirs au premier plan. Plus que jamais et jřoserai « plus quřhier et moins que
demain » nos responsabilités sont engagées, notre créativité est convoquée. Dans son
livre : Aide aux adolescents difficiles, chronique dřun problème public (ERES) Bertrand
RAVON, sociologue, pointe les difficultés devant lesquelles les professionnels se
trouvent aujourdřhui, face à des adolescents difficiles.
En sřengageant dans une recherche-action, sur le territoire de lřEssonne, le
Vieux Logis a démontré tout son intérêt pour ces questions et nřa pas hésité à accueillir
des jeunes avec des problématiques très complexes, imbriquant lřéducatif, le
pathologique, voire le handicap. Lřaccompagnement éducatif, le pas à pas que
requièrent ces jeunes se fait avec un grand professionnalisme, fait de questionnements
solides et profonds. Le soutien sřaccomplit en interne, par des analyses de pratique de
qualité. Néanmoins sans le soutien du département les bonnes volontés vont sřaffaiblir.
Oui, nous avons encore des projets, des idées, des envies. Le projet
institutionnel qui va naître dans les prochains mois, sera le reflet de nos savoir-faire et
de nos développements. Il ne sera pas plus cher que le précédent, mais précieux pour
les équipes qui lřont conçu. Nous espérons quřil pourra grandir dans de bonnes
conditions.
Foyer Educatif Le Vieux Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 176 -
Jeunes à problématique multiple : de la réflexion à la réalité
Véronique GUEGAN, Directrice Adjointe
Frédéric BISCARAS, Chef de service
Les lois 200020 dans leur ensemble ont modifié de façon structurelle les
rapports entre le public (patients, familles, personnes âgées, personnes handicapées…)
et les institutions qui les prennent en charge. Ces lois sont fondées sur quatre
principes :




La situation de vulnérabilité du public
La prise en compte de lřavis des personnes
La notion dřun accompagnement continu pour éviter les ruptures
Une stratégie globale dřintervention par la mise en place dřun plan
personnalisé.
La formation action UNIFAF - CREAI
Dans ce contexte, mettre du lien entre les différentes institutions est devenu
une nécessité. Le cloisonnement historique entre le social et le médico-social vacille
peu à peu. En 2012, lřUNIFAF et le CREAI mettent en place une formation action pour
aider à réfléchir sur le « travailler ensemble ». Le choix est arrêté sur le public qui
interroge de façon prégnante les établissements et services qui les accueillent : les
adolescents. Une réflexion est proposée sur chaque territoire avec lřensemble des
partenaires concernés :
« Les adolescents en difficulté : quel accompagnement sur les territoires ? ».
En Essonne, cette formation action sřest déroulée toute lřannée 2014 jusquřà
début 2015. A la demande de la directrice, plusieurs salariés du Vieux Logis se sont
mobilisés : directrice adjointe, chefs de service et éducateurs ont travaillé en commun
avec dřautres MECS, des IME, ITEP, SESSAD, le secteur depédopsychiatrie,
lřEducation Nationale, lřASE, lřARS…
Ces différents acteurs se sont retrouvés autour de thématiques communes, de
débats, ou de conférences aussi diverses que la question de la responsabilité et du
risque dans les établissements sociaux, ou travailler avec lřenfant « incasable » et sa
famille.
Des stages croisés entre différents établissements ont été proposés pour les
éducateurs. Au Vieux Logis, nous avons accueilli une professionnelle de la Juine
(Association Feu Vert) sur le service des Appartements Partagés et les deux éducateurs
du Vieux Logis, associés à cette action depuis le début, ont travaillé une semaine avec
un professionnel extérieur : lřun a pu découvrir le fonctionnement de lřAide Sociale à
lřEnfance dřEtampes en suivant un référent social et lřautre a fait son stage à la Maison
des Adolescents de Sainte Geneviève des Bois. A la fin de cette action, les éducateurs
des différents établissements ont produit un document sur la prévention des situations
complexes, quřils ont présenté lors de notre dernière rencontre.
Lřoriginalité de cette formation est dřavoir sur le long terme, mis au travail des
professionnels concernés par les adolescents en grande difficulté, dřen avoir tiré un
diagnostic au niveau du territoire de lřEssonne et des possibilités dřintervention.
20
Loi du 20 juillet 2001 qui instaure l’APA, loi 2002-2, loi de mars 2002 sur le droit des malades, loi 2005102, loi du 5 mars 2007 réformant la protection de l’enfance, loi HPST en 2009
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RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 177 -
Les conclusions de cette formation illustrées par la situation du jeune Samuel
Ces conclusions ont posé une analyse de la situation actuelle dans un contexte
général soumis aux contraintes budgétaires où lřabsence de discussion possible avec
les financeurs et les politiques aboutit à des logiques parfois éloignées des
préoccupations relatives aux jeunes. La formation des professionnels a également été
interrogée avec le glissement de la formation dřéducateur : avant technicien de la
relation, aujourdřhui : rédacteur de projet, de projets individualisés par exemple. Passer
de lřapproche collective à une approche individuelle avec la systématisation du projet
individualisé, a-t-elle mis en exergue les problématiques individuelles ou est-ce la
gestion collective qui empêche les problématiques individuelles dřémerger ? La question
reste entière et illustre la richesse de ces réflexions.
Outre lřanalyse, des pistes pour intervenir sur le terrain auprès de ces jeunes ont
émergé. Mais qui sont ces jeunes ? Autrefois appelés « Incasables »21, aujourdřhui
« jeunes à problématiques multiples », comment définir ceux qui mettent à mal le cadre,
lřaccompagnement éducatif et épuisent les équipes de professionnels ? Un point
commun entre toutes ces situations : ils relèvent à la fois de la protection de lřenfance et
des dispositifs de soins. Cřétait le cas de Samuel que nous avons accueilli sur le
pavillon de Crosne.
Le début de lřhistoire de Samuel avec les services sociaux commence par un
signalement. Samuel a alors 9 ans, lřécole primaire relate des troubles du
comportement, une encoprésie et une grande agitation. Une mesure dřAide Educative à
Domicile sera mise en place et modifiée peu de temps après par un accueil provisoire. A
lřâge de 13 ans Samuel est accusé de viol sur un autre mineur de la structure mais
aussi sur ses petits frères au domicile familial.
Samuel est reconnu coupable des faits. Il est condamné à verser des
dédommagements à chacune de ses victimes et à une peine de réparation. Une
obligation de suivi psychothérapeutique est ordonnée pour lřensemble de la famille. Une
interdiction de voir ses frères est prononcée.
Samuel est alors accueilli chez une assistante familiale pendant quelques
années. Lors de cet accueil, il se rend coupable de coups et blessures sur lřassistante
familiale. Il est jugé et une nouvelle mesure pénale est mise en place.
Samuel arrive au Vieux Logis à lřâge de 16 ans suite à la rupture dřaccueil chez
lřassistante familiale. Il se montre incapable dřenvisager un projet personnel dans un
contexte apaisé mais il sřavère également quřil nřest pas en mesure de projeter quelque
chose pour lui-même car il est envahi par des troubles qui le traversent et le dépassent,
il nous dit entendre des voix, voir des ombres. Il nous dit quřil lui arrive de sortir de son
corps et dřavoir le sentiment quřune autre personne prend alors sa place. Dans ces
moments-là, pour Samuel, ce ne serait plus lui qui agirait mais «quelquřun dřautre». Il dit
avoir peur de faire du mal aux autres jeunes et de reproduire les passages à lřacte
sexuel quřil a eu avec ses frères. Lorsque ses crises dřangoisse surviennent, Samuel
nous décrit un ensemble de phénomènes : bouffées de chaleur, sensation de froideur,
céphalées importantes, vision floue.
21
Incasables : aucune définition précise pour ce terme, « les jeunes dit incasables sont une population à
la limites des institutions » (Jean-Yves Barreyre, 1997),
http://www.cg973.fr/IMG/pdf/ODPE/parcours%20de%20vie%20jeunes%20dits%20incasables.pdf
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RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 178 -
Cet accueil a pu se faire et lřaccompagnement éducatif se réaliser grâce à un
ensemble de facteurs nécessaires, soulevés dans les conclusions de la formation
UNIFAF :

Un engagement de lřéquipe
Il a été décidé en équipe dřaccueillir et dřaccompagner Samuel sur un
autre registre que celui dřun agresseur sexuel pouvant être violent physiquement mais
plutôt comme un adolescent « ordinaire » ayant des difficultés dřun jeune de son âge.
Ce dans le but de permettre à Samuel de se vivre plus positivement et aux
professionnels de lřinvestir autrement que de la manière dont il a toujours été investi.
Les craintes des éducateurs étaient de voir Samuel passer à lřacte au sein du foyer ou
sur lřextérieur. Ils se questionnaient également sur leur responsabilité. Un travail de
réassurance auprès de lřéquipe, mais surtout dřéchange en réunion et en analyse de la
pratique a permis de maintenir le cap de lřaccompagnement de Samuel.
 Un partenariat étroit avec lřAide Sociale à lřEnfance
« Il est nécessaire que les institutions créent du lien entre elles pour ne
pas rendre les jeunes encore plus fous »22.
Le même service dřAide Sociale à lřEnfance suit Samuel et sa famille
depuis une dizaine dřannées. Leur connaissance de la situation nous a évité des
tâtonnements. Nous avons travaillé dans une véritable collaboration où la souplesse du
cadre a été adaptée à chaque fois que nécessaire. Leur réactivité, disponibilité et
soutien nous ont permis de continuer à accueillir Samuel jusquřà sa majorité.

Une défense de la singularité de Samuel au sein dřun collectif
A lřadmission, nous avons pu lui attribuer une chambre individuelle, cette
chambre quřil a occupée pendant tout son placement est son lieu de repli. Son
agencement est réfléchi : chaque objet a une place précise, (ordonnée ou
désordonnée), à laquelle il ne faut surtout pas déroger, sous peine de lřirriter fortement.
Lřensemble des jeux et jouets sřy trouvant ne sont pas ceux dřun enfant
de son âge. Il a un rangement qui lui appartient : les petites voitures sont rassemblées,
chaque Lego ou Play mobile sont ensemble, son bureau est jonché de jouets pour
enfants.
Il collectionne les petites voitures, lřemballage des friandises, les
bouchons de champagne, les décorations de noël, les billes, les porte-clefs, les
bouteilles en plastique usagées. Il entasse de nombreuses choses et est convaincu que
tout ce quřil conserve va finir par lui servir un jour. Il ne supporte pas lřidée quřil doive
sřen dessaisir, notamment pour des problèmes dřhygiène et dřencombrement.
Très à part dans un groupe dřadolescents où chacun revendique sa
singularité, lřéquipe a dû préserver sa place, le protéger par moment et lui accorder
ouvertement des « privilèges », comme celui de ne rien faire car Samuel nřest pas
scolarisé, ni inscrit dans une quelconque activité à lřextérieur.
 Une coordination avec le milieu psychiatrique « La psychiatrie ne doit pas
être pensée comme une solution définitive. L’entretien avec le psychiatre
ne doit pas être idéalisé. Si les conditions favorables n’ont pas été
construites, le jeune ne pourra pas s’exprimer auprès d’un psychiatre. Il
peut avoir peur de parler par crainte des conséquences sur son
placement ou accompagnement »23
Dans cette situation, la crainte était de se retrouver seul, un partenariat
étroit avec les services de psychiatrie étant essentiel. Suite à lřinjonction de soins posée
par le juge pour enfants, lřensemble de la famille est suivie par un service CRIAVS
(Centre Ressources pour les Intervenants auprès des auteurs de Violence Sexuelle). A
la suite, se mettent en place des entretiens réguliers au centre de thérapie spécialisée
22
«Adolescents en difficultés, quel accompagnement sur les territoires ? UNIFAF-CREAI, Essonne, page 21
Adolescents en difficultés, quel accompagnement sur les territoires ? UNIFAF-CREAI, Essonne, page 14
Foyer Educatif Le Vieux Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
23
- 179 -
dans les violences familiales situé à Paris. Avec lřaide par moments de traitement et des
entretiens réguliers avec la psychologue du service, Samuel est ouvert à un ailleurs qui
soit plus de lřordre du soin et qui prenne en compte les phénomènes psychiques qui le
paralysent.
 Des relais possibles : « La gestion des situations de crise nécessite que
des ponts entre les institutions aient été construits préalablement afin que
les professionnels puissent les utiliser de manière réactive au moment
opportun »24
Au hasard dřun courrier de présentation dřun lieu de vie agréé Jeunesse
et Sport reçu au Vieux Logis, un chef de service est allé découvrir cette grande ferme
normande en 2012, et à chaque sollicitation de séjours relais, ils ont répondu présents.
Ce lieu accueillant de jeunes enfants, nous les avons informés de la problématique de
Samuel lors de son premier accueil. Non seulement cette famille nřa eu aucune
réticence à le recevoir mais leur recul a été étonnant. Ils ont su offrir à Samuel une
véritable respiration en lřassociant à leur vie familiale.
Ces séjours ont permis dřéviter une rupture dans le placement puisque au-delà dřun
véritable bol dřair pour le jeune, lřéquipe et les autres jeunes ont pu souffler.

Un travail avec la famille
Le fragile équilibre familial a éclaté lors des accusations de Samuel. Ses
deux jeunes frères ont été placés dans un lieu de vie dans le sud de la France. Le
couple sřest alors retrouvé sans enfant au domicile, Samuel venant les week-ends où
ses parents nřétaient pas en visite dans le sud.
Malgré un climat relationnel particulier avec la mère et violent avec le
père pour Samuel, nous avons été en lien constant avec cette famille et avons suivi leur
cheminement au rythme des rendez-vous thérapeutiques. La souplesse des droits
dřhébergement nous a permis une adaptation constante du cadre : retours plus tôts de
Samuel au foyer, séjours dans sa famille plus longs…

Une gestion des admissions différentes « Il est possible dřaccueillir des
jeunes en difficultés multiples à condition quřils soient peu nombreux »25.
Pendant lřaccueil de Samuel, nous avons prévu les admissions de telle
sorte que les jeunes à problématiques similaires ne soient pas admis sur le même
pavillon. Cependant, la classification des jeunes est heureusement impossible et leur
évolution imprévisible…. Alors la vie a continué à dérouler ses surprises et comme à
chaque fois, nous avons réalisé notre mission entre le collectif et lřindividuel.
Les réflexions produites lors de ces rencontres et la situation de Samuel
nous rappellent un extrait du rapport Piveteau rendu en janvier 2014 : « l’offre sanitaire
et sociale doit se réorganiser pour ne plus simplement proposer des « places » mais
des « réponses ». La place est une case dans laquelle ne rentrent que les profils qui lui
correspondent. La réponse est un dispositif modulaire, capable de combiner plusieurs
prises en charge médico-sociales, sanitaires, éducatives, et d’épouser les situations
complexes évolutives ».
24
Adolescents en difficultés, quel accompagnement sur les territoires ? UNIFAF-CREAI, Essonne, page 11
Adolescents en difficultés, quel accompagnement sur les territoires ? UNIFAF-CREAI, Essonne,
page 25
Foyer Educatif Le Vieux Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
25
- 180 -
Le Vieux Logis un établissement formateur
Florence Crémet, Chef de service
avec la collaboration active des stagiaires
Depuis maintenant plusieurs années, le Vieux Logis donne une place
importante à la formation de lřensemble de son personnel par le biais de formations, de
conférences en interne et ouvertes à tous.
En 2015, le Vieux Logis soucieux de rester en lien avec le travail social
dřaujourdřhui a ouvert ses portes à de nombreux stagiaires, leur permettant ainsi de se
former au contact de professionnels de terrain enthousiastes.
Les stagiaires cette année ont été accueillis non seulement sur chaque
service mais également au siège de lřinstitution. Mme Manuel, la directrice, a elle aussi
offert la possibilité à une future directrice de découvrir le travail aux multiples facettes
quřelle accomplit chaque jour.
Les psychologues ont également pris part à cet élan en accueillant
pendant plusieurs mois un étudiant en Master 1. Cet échange riche en enseignement a
apporté à tous.
La majorité des stagiaires ont été accueillis au sein des différents lieux
dřaccueil. Chaque service a eu à cœur de proposer une ouverture sur la formation à des
étudiants des différentes écoles de travail social dřIle de France.
Apres avoir longuement rencontré sur chaque service les différents
stagiaires, éducateur spécialisé, moniteur éducateur, conseillère en économie sociale et
familiale, tous ont trouvé au sein de lřétablissement une ouverture et une richesse
dřapprentissage nécessaires à leur parcours de formation.
Le Vieux Logis place toujours le stagiaire en situation où les espaces lui
sont ouverts : réunions dřéquipe, réunions institutionnelles, conférences, temps de
travail transversaux, accompagnement des jeunes au quotidien mais aussi à lřextérieur,
rencontre et lien avec les différents partenaires.
La spécificité de notre établissement est de présenter le travail auprès
des adolescents dans le cadre de la protection de lřenfance à travers la vie dans des
petites unités de vie collective. Le sujet de la protection de lřenfance nřétant pas encore
à lřheure actuelle, abordé en détail dans les centres de formation. Les stagiaires ont
ainsi eu la possibilité de découvrir et dřapprofondir la rencontre avec un public et un
fonctionnement de travail, nouveaux pour eux.
Le Vieux Logis maintient un partenariat de qualité reconnu par les
centres de formation. Grace à un souci permanent dřaccompagner les étudiants au
mieux tout au long de leur parcours de formation, cřest un lieu dřapprentissage très
formateur.
Les équipes du Vieux Logis sont très intéressées par lřapport et la
richesse des échanges avec les étudiants et sont investies dans leurs fonctions
tutorielles.
Gageons que le Vieux Logis poursuive avec autant de bienveillance
lřaccueil de professionnels en devenir pendant encore de nombreuses années.
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RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 181 -
« Enlève tes chaussures, mets tes chaussons »
Marie-Laure MANUEL Directrice,
Véronique GUEGAN, Directrice Adjointe,
Anne-Laure PICQUET, psychologue clinicienne,
Lionel LEBOUCHER, Chef de service,
Florence CREMET Chef de service,
Laurent LAY, Chef de service,
Lřéquipe éducative ainsi que la maîtresse de maison des Iris.
Une nouvelle unité dřaccueil sřest ouverte le 09 février dernier sur la
commune de Montgeron.
Pour succéder à la fermeture, un an auparavant, dřun service dont les
locaux ne répondaient plus au confort suffisant dans le cadre dřune évolution de
lřinstitution et des demandes du département pour accueillir des mineurs dits
« incasables », la création de ce nouveau service a été le fruit dřun long travail de
réflexion et de maturation.
1. LES IRIS :
Après un travail dřinvestigation de longue haleine, le choix de la structure
sřest arrêté sur un pavillon de la commune de Montgeron. Anciennement foyer dřaccueil
dřurgence de lřIdef, il nřa pas été aisé de reprendre ce pavillon avec son histoire, mais
lřinstitution acceptait le pari. Et les efforts mis en place par la Direction et lřéquipe nřont
pas été vains…
En effet, nous avons démarré cette aventure avec une équipe
composée :
 Dřun Chef de service, dřune psychologue, de six éducateurs, de deux
surveillants de nuit, ainsi que de six jeunes.
Nřayant pas eu accès à la commission de sécurité communale à
lřouverture du foyer, nous nřavons pu aller au-delà de notre capacité dřaccueil de six
jeunes.
Lřinstitution avait bien pris acte de lřinquiétude des riverains, à la création
dřun nouveau foyer tel que le nôtre. De fait, le chef de service en poste, Monsieur
LEBOUCHER, a mis en place dans un premier temps, un travail de prospection auprès
du voisinage afin de nous présenter.
Puis dans un second temps, avec lřaide de la direction et des
éducateurs, la mise en place dřune cérémonie dřouverture avec lřinvitation :
 du Maire de la commune, devenu à ce jour, président du Départemental
Général, François DUROVRAY et de son adjointe,
 du Commissaire de police de Montgeron,
 du Directeur Général de lřAVVEJ, Monsieur RAGUIDEAU, et la
participation des riverains.
Tout ceci avec lřaide et en la présence de Madame Manuel, Directrice du
Vieux Logis, toute lřéquipe des Iris au complet et lřensemble des jeunes accueillis.
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RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 182 -
2. EXPERIMENTATION
Lřinstitution a repensé son action, auprès du public dřadolescents quřelle
accueille, en lui proposant un nouveau mode dřencadrement.
Premièrement, de par lřactivité des éducateurs consacrée aux journées et
soirées et celle des surveillants consacrée aux nuits. En partant du postulat que le
rythme de travail des éducateurs, régulé par des roulements sans nuit, favoriserait leur
action.
Deuxièmement, par lřintervention de notre psychologue sur le pavillon. En
effet, cette dernière est invitée à venir rencontrer les jeunes sur le foyer, en plus des
rendez-vous quřelle peut donner. Ce qui lui permet dřélargir son champ dřaction en
accompagnant les jeunes de façon plus personnalisée. Mettons lřaccent sur cette
particularité, qui permet de venir étayer lřanalyse et lřélaboration du travail éducatif qui
peut en découler, au bénéfice du jeune.
En effet, une meilleure perception et compréhension des situations et
problématiques, (quřelles soient dřordre sociales, familiales, psychiques ou autres), du
jeune et/ou de son environnement, donnera les éléments nécessaires aux éducateurs
afin quřils construisent des axes de travail qui permettront dřaccompagner au mieux le
jeune, dans lřaboutissement de son projet individualisé. Projet réalisé avec et pour lui
dès son arrivée.
Lřinscription de la psychologue aux Iris a été pensée dans une
dynamique de construction, avec le chef de service et cette nouvelle équipe, pour une
mise en œuvre conjointe dřune pratique clinique et éducative. Les éducateurs ont
rapidement pu se saisir de la venue de la psychologue sur le lieu de travail, également
lieu de vie des jeunes, tout en soutenant et en accompagnant les jeunes aux entretiens
individuels qui leur étaient également proposés. Pour certains jeunes, alors que
lřentretien individuel en face à face sřavère difficile à honorer, ils peuvent être beaucoup
plus à même de se livrer dans leur espace quotidien.
Il en fut ainsi pour M. qui refusait de se présenter aux rendez-vous fixés.
Elle témoignait de son refus de rencontrer un psychologue, cherchant toutefois sa
présence lors de ses venues sur le pavillon et investissant le lieu du bureau comme lieu
dřéchange. La place accordée au professionnel devait ainsi être pour elle moins
inquiétante et impliquante subjectivement, la psychologue apparaissant peut-être plus
accessible et « familière ». Ceci a favorisé dans un premier temps lřinstauration dřune
relation de confiance, lui permettant par la suite de pouvoir sřinscrire dans un
accompagnement clinique à distance de son lieu de vie.
3. PARTICULARITES :
Le public :
Adolescents de 12 à 18 ans, sous ordonnance de placement provisoire,
mandatée par un Juge des Enfants ou par décision administrative de lřAide Sociale à
lřEnfance. Mais aussi à la demande des familles.
Présentant des difficultés dřordre social : Carences éducatives et
affectives, scolaires, dřinsertion, comportementales, dřintégration…
Mais aussi des difficultés dřordre psychologique : Trouble du
comportement, conduite à risques, addictions, fugue…
L’accueil :
Nous accueillons un collectif de six jeunes, avec une équipe éducative
constituée de six éducateurs au départ, puis cinq par la suite ainsi que de deux veilleurs
de nuit. Cet effectif permet de personnaliser de façon significative, la prise en charge du
jeune.
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RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 183 -
Par ailleurs, a été instituée dès lřouverture du pavillon, une règle
singulière qui est la suivante :

« Chaque jeune doit posséder sa paire de chaussons et la chausser en
se déchaussant de sa paire de chaussures, dès son arrivée sur le
pavillon ».
Ce qui a pour effet de permettre au jeune dřinvestir les lieux, de
sřapproprier sa place et dřy trouver un repère sécurisant. Ceci dans le but dřinstaurer
une relation de confiance, afin de lřaider à devenir acteur de son projet et de le
propulser dans une dynamique dřévolution.
Les chaussons ; « occupe-toi bien de tes pieds tu seras mieux dans ton
corps ». Lors du premier entretien de préadmission, le chef de service présente
lřinstitution et ce que lřon y fait, il y définit les bases du projet dřaccompagnement. Un
temps particulier est consacré à lřédiction des règles de vie et du respect des adultes, le
même exemple est systématiquement repris ; les chaussons ! Les jeunes sont surpris
car ils sřattendent tous à entendre autre chose comme lřinterdiction de fumer, les
sorties, etc. le chef de service insiste longuement sur lřobligation du port des chaussons
dans la maison. Bien sûr avant de parler de cette règle aux jeunes, il a fallu surtout
convaincre lřéquipe du sens de cette mesure, le chef de service a dû argumenter pour
que les éducateurs assimilent cette façon de procéder. Lorsque le jeune arrive, il doit se
déchausser. A ce moment très précis, le chef de service a expliqué à lřéquipe quřil fallait
se servir de cet instant pour observer et analyser son attitude. Pour exemple, si le jeune
nřaccepte pas de se déchausser, on peut penser quřil cherche les limites ou veuille
entrer en conflit…, sřil accepte au contraire avec le sourire, on peut en conclure quřil a
passé une bonne journée… Dans sa déclinaison, la méthode ainsi posée place la notion
dřaccueil comme déterminante et basant lřintervention de lřéducateur. Il sřagit dřaccueillir
le jeune avec ce quřil amène. Ce procédé convoque la relation éducative et implique
tous les acteurs dans le travail.
A travers cette règle, le foyer se présente comme un lieu familier,
renvoyant le jeune à un « chez soi », alors que le travail éducatif tend à les conduire
vers un ailleurs en leur rappelant que lřinstitution est un lieu transitionnel. Ce paradoxe
doit être présent dans le travail éducatif et clinique comme un outil de réflexion et
dřanalyse concernant la situation des jeunes qui nous sont confiés. En effet, le refus ou
lřacceptation de cette règle permet dřapprécier lřinscription du jeune dans sa prise en
charge.
Tel V. qui refuse dřinvestir le pavillon comme un nouveau « chez lui », le
seul quřil reconnaisse et revendique étant le domicile maternel. A travers son refus, il
nous donne accès au conflit de loyauté qui lřagite et quřil met en acte lors de ses fugues
à répétition. V. a pu cependant sřapproprier peu à peu cette règle, laissant
progressivement ses chaussures aux portes du pavillon et acceptant de sřy installer
pour un temps. Son comportement vis-à-vis de cette règle a représenté pour lřéquipe et
la psychologue un levier important pour travailler le conflit qui le parasitait et lřempêchait
de sřinscrire plus sereinement dans son nouveau « foyer ».
Au bout de dix mois on constate que cette règle reste fonctionnelle à
condition de veiller à son respect.
Foyer Educatif Le Vieux Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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Foyer Educatif Le Vieux Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 185 -
RAPPORT D’ACTIVITÉ
ANNEE 2015
ASSOCIATION GESTIONNAIRE
Nom de lřassociation ou fondation reconnaissance dřutilité publique : AVVEJ ..................
Adresse 1 Place Charles de Gaulle Montigny le Bretonneux 78067 ST QUENTIN EN
YVELINES .......................................................................
Téléphone 01 30 43 26 00 ..................................................................................................
Télécopie 01 30 43 98 25 ....................................................................................................
Courriel : [email protected] .........................................................................................
Président : Pierre-Etienne HOLLIER LAROUSSE ...........................................................
Directeur général : Serge RAGUIDEAU .............................................................................
Directeur Général Adjoint : Laurent DUPOND ...................................................................
ÉTABLISSEMENT/SERVICE
I
IDENTITE
Nom : Le Vieux Logis.........................................................................................................
Adresse administrative : 115 Av de la République – 91230 MONTGERON ....................
Téléphone standard en horaires dřaccueil (préciser les jours et horaires) 01 69 40 84 84
Téléphone hors horaires dřaccueil ......................................................................................
Télécopie 01 69 03 94 95 ...................................................................................................
Courriel : [email protected] ..................................................................................
Directrice : Marie-Laure MANUEL ....................................................................................
Directrice adjointe : Véronique GUEGAN .........................................................................
SIRET 300 513 033 004 43 ..............................................................................................
Numéro FINESS 910700210 ............................................................................................
Convention nationale collective de travail CCNT 66 ...........................................................
ère
1 habilitation en date du : 01/12/1969 ............................................................................
Dernière habilitation en date du : 27/10/2006 ...................................................................
Par : CG ou CD .................................................................................................................
Dernière capacité autorisée : nombre garçons / filles /tranche dřâge : 90 – 12/21 ans .....
Le nombre de places dřaccueil dřurgence est limité à 2 et soumis aux disponibilités ........
LřEtablissement est ouvert 365 jours par an .......................................................................
Foyer Educatif Le Vieux Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 186 -
II. ORGANISATION DES LIEUX
1.
Lieu d’accueil et administratif
* isolé des unités.................................................... 
2.
Capacité et types d’hébergement
Unités
Capacité théorique
Capacité budgétée
Type de structure
Foyers
46
41
Collectif
SAE
32
29
Studios
Appt partagés
12
11
Appt partagés
Total
90
81
Foyers : 4 structures dřinternat. Nous avons ouvert le pavillon des Iris en février 2015.
En attendant la mise en conformité pour 12 places de la commission de sécurité, nous
avons eu 8 places autorisées sur ce pavillon.
Appartements Partagés : 4 appartements de 3 places, deux appartements de filles et
deux de garçons.
SAE : Service dřAccompagnement Educatif 32 studios pour jeunes majeurs
3.
Accueils complémentaires
3.1 Dispositif dřaide scolaire ou professionnelle
* sur le lieu de lřhébergement ................................ □
* indépendant du lieu dřhébergement..................... 
* réservé à lřétablissement ..................................... □
3.2 Accueil des familles
Les entretiens avec les familles se font au siège administratif du Vieux Logis à
Montgeron
4. Sécurité
Tableau récapitulatif de commissions de sécurité
Lieu
Administratif
115 avenue de la
République
LES HETRES
1 allée des Hêtres
CROSNE
4ter avenue Jean
Jaurès
ABBAYE
102, rue Gabriel Péri
LES IRIS
77, rue des Plantes
91230
MONTGERON
91210
DRAVEIL
91560
CROSNE
91330
YERRES
91230 MONTGERON
Foyer Educatif Le Vieux Logis
date
avis
04/11/1996
favorable
30/05/2011
favorable
09/03/2011
favorable
17/01/2011
favorable
En attente
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 187 -
III. ACTIVITE
1. Occupation
1.1. Occupation de lřétablissement par unités
Internat
16790
Diversifié
16060
15111
14454
29565
15111
14454
29565
14341
14833
29174
94.90
102.62
98.68
Diversifié
1197
total
Janvier
Internat
1106
2303
Février
1001
1092
2093
Mars
1279
1245
2524
Avril
1201
1259
2460
Mai
1265
1241
2506
Juin
1232
1207
2439
Juillet
1313
1261
2474
Août
1244
1211
2455
Septembre
1109
1257
2366
Octobre
1200
1311
2511
Novembre
1158
1261
2419
Décembre
1233
1291
2524
Total
14341
14833
29174
unités
capacité autorisée par le dernier
arrêté
capacité installée retenue au budget
activité théorique = 100% de capa.
installée
activité prévisionnelle en journées (1)
activité prévisionnelle en % du
théorique
activité réalisée en journées
activité réalisée en % du théorique
total
32850
1.2. Journées réalisées
Mois
1.3. Admissions
1.3.1. Délai d’admission – non aboutissement des demandes :
Si la procédure dřadmission se déroule normalement, elle dure 2 semaines
maximum. Cependant, nombreuses procédures ont été interrompues ou
retardées de façon importante : OPP non prise par le juge, AP non signé, CJM
refusé, placement dans un autre établissement.
1.3.2. Admissions en urgence :
Nous avons accueilli 4 jeunes en urgence cette année.
Foyer Educatif Le Vieux Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 188 -
2. Population accueillie
2.1. Provenance géographique et statut de la prise en charge
Présents au 01/01/2015
Pl.
Dir
OP
P
Garçons
Essonne
Filles
Essonne
ASE
L22 OP
AP
3
P
CJ
M
PJJ
ORD
45
Présents au 31/12/2015
TOTA
L
Pl.
Dir
OPP
A
P
3
5
17
15
40
4
7
1
17
19
44
10
1
1
35
85
IDF garçons
ASE
L22 OP
3
P
12
CJ
M
PJJ
ORD
45
TOTA
L
11
19
46
11
14
35
1
1
34
82
IDF filles
Autres
garçons
Autres filles
TOTAL
10
6
34
14
Admissions 2015
Pl.
Dir
OP
P
Garçons
Essonne
Filles
Essonne
ASE
L22 OP
AP
3
P
1
7
3
IDF garçons
CJ
M
PJJ
ORD
45
12
22
Sorties 2015
TOTA
L
Pl.
Dir
OPP
A
P
ASE
L22 OP
3
P
CJ
M
PJJ
ORD
45
TOTA
L
13
9
30
5
4
9
9
27
12
7
22
6
2
8
11
27
1
1
IDF filles
Autres
garçons
1
1
1
1
Autres filles
TOTAL
4
7
26
16
53
11
6
19
20
56
Malgré la loi de 2007 qui privilégie les mesures administratives, le nombre dřOPP est en
augmentation et les accueils provisoires restent très minoritaires.
Les mesures « L223 » ne reflètent pas la réalité du nombre de mineurs isolés pris en
charge au Vieux Logis car le plus souvent, ces jeunes sont admis dans le cadre dřune
OPP.
Toutes les admissions réalisées proviennent de lřEssonne. Les deux sorties dřun autre
département sřexpliquent par le fait que deux jeunes (une fratrie) ont changé de
département en cours de placement du fait du déménagement des parents.
Foyer Educatif Le Vieux Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 189 -
2.2. Répartition par MDS de rattachement
MDS
Arpajon/Dourdan/ Marcoussis
Brétigny sur Orge
Chilly-Mazarin/Massy
Corbeil/Mennecy
Etampes
Evry/Courcouronnes/Ris-Orangis
Grigny/Viry Chatillon/Juvisy sur Orge
Les Ulis
Marcoussis
Montgeron/Brunoy/Draveil
Morangis/Athis Mons/Savigny sur Orge
Ste Geneviève des Bois
Paris 12
Jeunes présents au 31/12
8
4
5
11
6
15
5
2
1
14
10
0
1
2.3. Prises en charges multiples pendant le séjour.
Formation en MFR par
Alternative
garçons
filles
1
Internat médico-social
garçons
filles
2
Suivi spécifique handicap
ou SESSAD
garçons
filles
2
2
La commission SESAME, nous a sollicités pour accueillir deux jeunes filles dépendant
dřun IME : accueils qui se révèlent plus compliqués et nécessitent un accompagnement
très soutenu.
3. Mouvements internes à l’établissement ou à la structure complexe
de...vers ...
Internat vers autre internat
Internat vers Appt partagés
Internat vers SAE
Appt partagés vers SAE
Foyer Educatif Le Vieux Logis
de...vers...
1
5
4
3
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 190 -
3.1. Age des jeunes accueillis en 2015
Sur les internats
Âge
Moins De 14 ans
14 ans
15 ans
16 ans
17 ans
18 ans
garçons
2
2
7
7
2
0
Admissions
filles
1
6
2
0
total
2
2
8
13
4
0
Aux appartements partagés
Âge
16 ans
17 ans
18 ans
garçons
0
3
0
Admissions
filles
0
4
0
total
0
7
0
Au service dřappartements partagés, les jeunes de 16 ans ayant un degré dřautonomie
suffisant sont peu nombreux. Cřest pourquoi nous avons accueilli sur ce service des
jeunes de 17 ans. Nous recevons en majorité des demandes pour des jeunes de 17 ans
sur ce service.
Au SAE
Âge
Moins de 18 ans
18 ans
19 ans
Foyer Educatif Le Vieux Logis
garçons
0
7
2
Admissions
filles
1
7
0
total
1
14
2
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 191 -
Age (année révolue) des jeunes sortis en 2015
Sur les internats et appartements partagés
Âge
garçons
4
3
4
7
4
0
0
13 - 14 ans
15 ans
16 ans
17 ans
18 ans
19 ans
20 ans
Sorties
filles
1
0
6
2
10
1
0
total
5
3
10
9
14
1
0
Les sorties des jeunes ayant moins de 16 ans sont pour la plupart préparées vers des
retours en famille.
Au SAE
Âge
garçons
0
3
2
2
18 ans
19 ans
20 ans
21 ans
Sorties
filles
2
1
3
1
total
2
4
5
3
3.2. Durée des séjours
Durée
1 jour à < 1 mois
1 mois à < 6 mois
6 mois à < 12 mois
12 mois à < 18 mois
18 mois à < 24 mois
2 ans à < 3 ans
3 ans à < 4 ans
4 ans à < 5 ans
5 ans et +
Jeunes sortis
3
5
13
19
7
9
0
0
0
3.3. Accueil de fratries par nombre de fratries, sur l’établissement (unités
d’accueil confondues) ou le service
Foyer Educatif Le Vieux Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 192 -
de 2
2
de 3
-
de 4
-
de 5
-
de 6
-
3.4. Accueil des mineurs ou jeunes majeurs étrangers, présents ou admis en 2015
sur les internats et les appartements partagés
Appartements
partagés
2
3
Admissions en 2015
Sorties en 2015
Présents en 2015 (ni
entrées, ni sorties
Pavillons
9
5
4
5
SAE
TOTAL
12
6
24
14
8
17
3.5. Situations précédant et suivant la prise en charge (hors SAE)
Admissions
garçons
filles
7
7
1
2
2
2
7
8
8
1
1
3
2
1
1
-
Famille
Famille et AED
Famille et AEMO
IDEF / Espace Ado / SAU
Autre établissement ASE
Foyer du Jeune Travailleur
Séjour de rupture Ŕ Lieu de vie
Rue, hébergement précaire
Famille dřAccueil
Solution personnelle autonomie
Foyer maternel
CHRS
Hospitalisation
Sorties
garçons
filles
4
1
1
10
7
4
1
1
2
2
1
3.6. Conditions de sortie pour les jeunes majeurs
avant 21 ans
situation dřemploi
niveau socio professionnel
volonté
instit
volonté
usager
critere
de 21
ans
formation
2
7
5
2
diplôme
prof.
CAP
BEP
Bac
BTS
DUT
BAC
BTSDDUT
8
3
logement
sans
formation
cdi
alternance
interim
tps
partiel
cdd
très précaire
sans emploi
ou
occasionnel
propre ou
en
couple
coloc
famille
temporaire
fjt crous
famille
hôtel chrs
autre ASE
1
6
4
0
2
1
0
3
6
2
3 retours en famille (dont un vers le Tchad) ce qui est plutôt rare
Les orientations vers le PACT 91 ne se font pas toujours en concertation avec les
travailleurs sociaux en charge de la situation des jeunes (décision imposée).
Les jeunes sortent majoritairement diplômés.
Foyer Educatif Le Vieux Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 193 -
Comme les années précédentes cřest le FJT ou les résidences sociales qui
représentent la majeure partie des orientations post SAE.
Les jeunes sortent soit avec un CDI soit encore en alternance afin de finir leur diplôme
en majorité.
IV. INTEGRATION DE L’ETABLISSEMENT DANS LA CITE
1. Evènements favorisant l’intégration
En février 2015, nous avons ouvert un pavillon sur Montgeron, ces locaux avaient été
utilisés précédemment par lřIDEF et les conflits avec le voisinage avaient été nombreux.
Nous avons été particulièrement vigilents, à notre intégration sur le quartier, nous nous
sommes présentés à tous les voisins et nous avons organisé un pot pour lřouverture
(cf. : rapport dřactivité-Ecrits « Enlève tes chaussures, mets tes chaussons »).
2. Dispositions relatives au droit et à la participation des usagers
Validés par le conseil dřadministration:
Projet d'établissement............................................ réécriture en cours
Livret dřaccueil ..................................................... oui
Charte des droits et libertés transmise / affichée ... oui
Contrat de séjour / DIPC / projet individualisé ...... oui
Règlement de fonctionnement ............................. oui
Conseil de Vie Sociale .......................................... oui
En 2015 le projet dřétablissement a été travaillé par lřensemble des salariés du Vieux
Logis avec lřaide dřun cabinet extérieur.
3. Relations parents/enfants
3.1. Visites libres, visites médiatisées, rencontres accompagnées
Famille
présente
Rencontre
s
Visites
médiatisées
à l'admission
29
régulières
21
à l'extérieur
9
Familles jamais rencontrées
Refus des
Abs du
parents
territoire
4
14
3.2. Séjours en famille
Tous les WE et vacances
1 WE sur 2 et la moitié des vacances
De temps en temps
Aucune période
Foyer Educatif Le Vieux Logis
Judiciaire
2
9
3
15
Administratif
1
6
8
8
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 194 -
Nous avons toujours une majorité de jeunes sans aucune solution familiale ce qui
nécessite une présence éducative étayée aussi le Week-end.
V. SANTE
1. Prescriptions de psychothérapie
CMP ou CMPP
Thérapeute libéral
Praticien privé conventionné CPAM
Autre
Au moins 1er RDV
11
3
-
En attente de RDV
2
-
2. Prescriptions de prise en charge médicosociale de journée (externat IME...)
Type de structure
Nombre de jeunes concernés
IME
SESSAD
2
2
En attente de
place
-
3. Prises en charge CPAM
Pour certains jeunes, la réception des CMU est très tardive et nous oblige à faire les
avances de soins.
VI SCOLARITE
1. Niveau
Niveau scolaire ou de formation
Collège
Lycée
Lycée Professionnel
Classe dřaccueil pour étrangers
Apprentissage
Déscolarisation
EREA/CEFOP
18
14
25
3
8
11
5
Commentaires
Le grand nombre des jeunes déscolarisés sřexplique par lřimportance des mineurs
étrangers mais surtout par lřaccueil de jeunes en grandes difficultés pour qui le système
scolaire nřest pas adapté.
Foyer Educatif Le Vieux Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 195 -
2. Examens et diplômes
Cette année, 22 jeunes ont obtenu un diplôme :
BAFA : 01 - CFG : 01 - Brevet des collèges : 05 - CAP : 05 - BEP : 04 - Bac
Pro :05 - Bac : 01
VII LOISIRS
1. Pendant l’année scolaire
Des loisirs sont mis en place régulièrement par les éducateurs. Tout au long de lřannée
2015, une activité « plongée » en partenariat avec le CODEP a permis à 8 jeunes de
pratiquer ce sport et dřobtenir leur diplôme de niveau 1.
Au mois dřoctobre, lřensemble des adultes et des jeunes se sont mobilisés pour
participer au Cross de Crosne (50 participants).
Foyer Educatif Le Vieux Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 196 -
2. Pendant les vacances scolaires et hors séjour en famille
Séjours organisés par le Vieux Logis
Période
Nbre de
jours
Lieu
Nb de jeunes
Nb d'encadrants
Activités
structure
Avril
8
Montgenèvre
10
3
Ski
Les Hêtres
Avril
3
Zoo de Beauval
9
3
Zoo visite
Avril
3
Puy du Fou
7
2
Parc de loisir
Abbaye
Appartements
partagés
Mai
3
Lille
6
2
Découverte ville
SAE
Juin
7
Marseille
8
2
Plongée
Juillet
7
Pyrénées
7
3
Sport et Montagne
Le Vieux Logis
Appartements
partagés
Juillet
8
Biarritz
11
4
Mer
Les Hêtres
Juillet
7
Ardèche
11
4
Multisport-Camping
Crosne
Juillet
4
Houlgate
6
2
Festival musique
SAE
Juillet
3
Nantes
8
2
Les Iris
Aout
7
La Rochelle
8
3
Découverte ville
Multi-découverteloisirs-Mer
Abbaye
Par ailleurs, 23 jeunes ont bénéficié de colonies de vacances pour un séjour moyen de
12 jours et 39 dřentre eux sont inscrits à des activités sportives et culturelles tout au long
de lřannée : (football (19), musculation (5), dessin (01), athlétisme (1), natation (1),
tennis de table (1), taekwondo (4), boxe française (3), volley-ball (1), rugby (1),
badminton (1), judo (1).
VIII. PERSONNEL
1. Temps dédiés
Temps de réunions
* temps consacré par mois en réunions internes : 84 heures minimum .......................................
* nombre de réunions de synthèses dans lřannée : minimum 1 à 2 par jeune et par an .............
* nombre dřaudiences auxquelles participe lřétablissement dans lřannée : à chaque convocation
* collaboration régulière avec dřautres institutions : oui ................................................................
Foyer Educatif Le Vieux Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 197 -
2. Salariés émargeant au registre du personnel
Sur lřexercice, par groupes de fonctions et par type de contrat :
temps plein
temps partiel
total ETP
7
3
8.58
Direction/encadrement
CDI
Administration/gestion
CDI(1)
CDD(2)
Socio-éducatif
CDI(1)
y
compris
les
surveillants de nuit et
maîtresses de maison
CDD(2)
y
compris
les
surveillants de nuit et
maîtresses de maison
Para - médical
CDI(1)
CDD(2)
Médical
CDI
Services généraux
CDI
et
Stagiaires
Contrats professionnalisation
Contrats avenir
(1)
(2)
4
4
24
31
40.25
0
70
4.97
4
2.21
3
1.77
1
6
3
2
correspond au tableau des ETP augmenté des départs/embauches en cours d’année
correspond aux remplacements et renforts de vacances
3. Absentéisme
Maladie hors accident du travail, ALD
Accident du travail, ALD
Formation, colloques
CET
Formation longue
Congé maternité
Congé parental
Congé sabbatique
Nombre de
salariés
45
6
79
1
2
Nombre de jours
dřabsence
1566
859
109
64
21
(*) Salariés : 4 ALD ; 57 arrêts de moins de 4 jours ; 36 arrêts de 4 à 8 jours ; 10 arrêts
de 9 à 15 jours ; 12 arrêts de 16 à 30 jours ; 7 arrêts de 31 à 90 jours.
Foyer Educatif Le Vieux Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 198 -
4. Motifs des départs temporaires ou définitifs
Départ en retraite
Licenciement
Démissions
Mutations
Fin de période
dřessai
TOTAL
Administration
Direction
1
1
Éducatif
et social
1
2
5
1
1
Services
généraux
3
10
4
2
Para
médical
1
Médical
1
1
Total
6
2
5
2
2
17
5. Profil de l’équipe par unités
Présent au 31/12/2015
Ancienneté des salariés
-1an
1 à 5 ans
5 à 10 ans
10 à 15 ans
15 à 20 ans
20 à 25 ans
25 à 30 ans
Supérieur à 30 ans
23
13
14
9
4
2
2
2
IX. EVALUATION
1.
Evaluation
Lřévaluation interne a été réalisée en 2010.
Lřévaluation externe a été faite en 2014.
Les résultats nous ont été communiqués en 2015 et nous avons commencé à mettre en
place les préconisations :
Refonte du projet dřétablissement,
amélioration de lřaccueil des familles,
mise en œuvre du CVS,
Entretien individuel de formation pour chaque salarié.
X. BILAN GENERAL SUR L’ANNEE ECOULEE
Lire les écrits du rapport dřactivité de lřA.V.V.E.J.
XI. PROJETS-PERSPECTIVES


Diversifier les modes dřaccueil, en évoluant vers un dispositif dřaccompagnement
éducatif renforcé.
Développer le projet pédagogique, pour accueillir les adolescents en voie de
déscolarisation (11 en 2015). La première pierre à lřédifice a été posée, les locaux
seront bientôt prêts.
Foyer Educatif Le Vieux Logis
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 199 -
SERVICE D’ACTION EDUCATIVE EN MILIEU
OUVERT ET A DOMICILE
« AEMO-AED DE SCEAUX»
CONTACT :
11, rue Michel CHARAIRE
92330 SCEAUX
Tel : 01.47.02.66.33
Fax : 01.47.02.36.28
e-mail : [email protected]
ACCES :
RER (B2) Station « Sceaux »
AUTOBUS : au départ de la porte
dřOrléans
128 : arrêt Fontenay-Houdan
ACCUEIL :
Notre Service dřAction Éducative intervient dans le milieu naturel de vie et sřadresse à
des parents de très jeunes enfants dans toute la complexité de leur tissu relationnel, de
leurs interactions affectives et émotionnelles, différents, selon lřhistoire familiale et
personnelle de chacun.
MISSION :
Lřaction éducative nécessite à tout moment de prendre en compte le parent et son
enfant, mais aussi son entourage : ami, famille… Lřaide proposée aux parents et à leurs
enfants se situe à plusieurs niveaux :
- aide psychologique
- aide concrète pour lřaménagement de leur cadre de vie (recherche de travail,
de logement, de placement nourricier…)
- aide financière.
Toutes ces formes dřaide sont étroitement liées et la prévalence donnée à lřun ou lřautre
aspect est fonction des besoins, à tel ou tel moment du déroulement de lřAEMO ou de
lřAED.
Le service nřest pas sectorisé. Cette optique de travail permet aux parents, dont
lřinstabilité géographique est très fréquente, et à leurs enfants, de garder le même
service de référence à travers leurs pérégrinations.
AGREMENTS - HABILITATION :
- Aide Sociale à lřEnfance
- Justice (Tribunal pour Enfants)
94 prises en charge familiales. Une seule prise en charge par famille, quel que soit le
nombre de personnes suivies.
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 200 -
STRUCTURE :
Direction : Madame Isabelle BERMOND
Chef de service : Madame Martine PETITPAIN
Effectif : 11 éducateurs(trices), 2 psychologues, 1 pédopsychiatre, 1 secrétaire de
direction, 2 secrétaires, 1 comptable, 2 agents de service.
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 201 -
SERVICE D’ACTION EDUCATIVE EN MILIEU
OUVERT ET A DOMICILE
« AEMO-AED » Les Amandiers à Nanterre
CONTACT :
ACCES :
26 rue des Amandiers
92000 NANTERRE
Téléphone : 01.41.96.23.30
Télécopie : 01.47.51.03.91
E-Mail : [email protected]
RER A : Ligne de Saint Germain en Laye,
gare de Nanterre Ville
BUS : N°304 ; 163; et 160;157 et (arrêt
les Venets)
ACCUEIL :
Créé en septembre 2001, le service intervient à la demande des Juges des Enfants
du Tribunal de Grande Instance de Nanterre auprès de 150 mineurs âgés de 0 à 18
ans et leur famille, domiciliés dans les Hauts de Seine.
Depuis le 1er juin 2009, ce service est associé institutionnellement au service
AEMO-AED « petite enfance » de Sceaux sous une même direction, sans
modification de ses missions.
Depuis 2011, nous exerçons également des mesures dřaction éducative à domicile
qui nous sont adressées par les services territoriaux de lřAide Sociale à lřEnfance de
Levallois et de Nanterre principalement. Ces mesures sont contractualisées
préalablement entre et les parents qui le demandent, afin dřêtre aidés dans
lřéducation de leur(s) enfant(s), âgé(s) de 0 à 18 ans, ou jeunes majeurs.
MISSION :
La mission confiée au service par le magistrat ou les services dřAide Sociale à
lřEnfance vise à apporter une aide à une famille qui rencontre des difficultés dans
lřéducation dřun enfant ou dřun adolescent en devenir adulte.
Cřest une mesure éducative, mais également une mesure de protection qui vise à
restaurer ou construire, avec les parents, un cadre de vie suffisamment sécurisant
pour lřévolution de lřenfant.
Lřactivité se répartit sur lřensemble du département des Hauts de Seine en fonction
des besoins.
Les principales modalités dřintervention auprès des enfants et leur famille :
-
Visites à domicile et / ou dans lřenvironnement de vie du jeune.
Rencontres au service.
Contacts directs avec le jeune.
Activités éducatives collectives.
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 202 -
AGRÉMENTS – HABILITATIONS :
Le service est habilité par le Ministère de la Justice, financé par le Conseil Général
des Hauts de Seine.
STRUCTURE :
Directrice : Isabelle BERMOND
Directrice adjointe : Christine GENEST
7 éducateurs spécialisés, 1 psychiatre-psychanalyste,
secrétaires, 1 comptable, 1 homme dřentretien.
2
psychologues,
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
2
- 203 -
Sceaux
Isabelle BERMOND Ŕ Directrice
1. L’activité :
Lřactivité a été réalisée de façon conséquente (+ 906 jours) alors quřau cours des 5
premiers mois de lřannée le service présentaient un déficit de journées important.
Ce déficit était la conséquence de vacances de plusieurs cabinets de juges des enfants
au tribunal de Nanterre. Cřest dans un tel contexte que lřon mesure combien notre
service est tributaire dřéléments conjoncturels quřil est difficile voire impossible de
prévoir.
A ceci sřajoutaient des mainlevées de mesures dřAEMO non anticipées car non
demandées et qui ont donné lieu à des situations pour le moins inhabituelles, à savoir
parents et enfants pleurant en sortant dřune audience où la « juge placée »26 ordonnait
la fin du suivi éducatif.
A partir de lřété, nous avons été sollicités Ŕ trop - tant par les magistrats que les STASE
pour exercer de nouvelles mesures.
Quelques chiffres :

En 2015, nous avons accueilli 52 nouvelles familles (34 AEMO et 18 AED).
15 enfants ont été placés (12 familles) dont 6 en urgence :
1 à la sortie de lřécole
1 après lřaudience
4 au domicile (dont 1 avec le concours de la brigade des mineurs et 1 autre
après perquisition du domicile et incarcération des parents).

Sur les 12 familles : 7 présentaient des troubles psychopathologiques sévères.
Nos interrogations :
Depuis plusieurs années, le Conseil Départemental réduit voire refuse de financer une
mesure dřAEMO associée à un espace de rencontre parent/enfant.
Au service de Sceaux, compte tenu de la dimension familiale des mesures, les
éducateurs organisent, et ce depuis des années, des rencontres de fratries, père ou
mère/enfant.
Lorsque nous mettons en place des rencontres entre frères et sœurs, au service, il
sřagit principalement de réunir lřenfant pour qui nous exerçons la mesure avec ses
frères ou demi- frères placés.
Ainsi, nous permettons à une petite fille de 4 ans, qui vit avec son père, de rencontrer sa
mère, ses frères confiés à une famille dřaccueil et son demi-frère qui vit avec la mère.
Ce moment attendu par chacun permet de maintenir un lien frères et sœurs et aussi une
reprise de contact entre la petite fille et sa mère dans un contexte de graves
maltraitances.
26
Le Juge placé auprès du premier président d’une cour d’appel, communément appelé « juge placé »,
est agistrat du siège, rattaché à une cour d’appel et affecté au remplacement des agistrats absents
pour raison de congés ou de stage, à l’intérim de postes vacants de son grade ou au renforcement
temporaire des effectifs d’une juridiction.
AEMO SCEAUX
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 204 -
Ainsi, ce lieu de rencontre protège lřenfant et prépare un changement dans les relations
afin de rendre possible, dans le futur, des rencontres sans intermédiaire.
Dřautres éducatrices proposent de façon régulière, principalement à chaque vacance
scolaire, des rencontres fratrie en présence, par exemple, dřune assistante familiale qui
accueille une partie de la fratrie et les enfants qui bénéficient de la mesure éducative ou
pour permettre à un enfant dřavoir accès à son autre parent, et au parent de nouer le
contact avec son enfant dans un lieu neutre. Ces rencontres sont régulières mais la
fréquence ne peut être que bimestrielle.
Ce qui est nouveau et pose de réelles difficultés cřest lorsquřil sřagit de se substituer à
un lieu de rencontres médiatisées à visée thérapeutique.
Nous avons été
préoccupantes.
confrontés
cette année à
deux situations
particulièrement
Lřune concerne une petite fille de 18 mois pour laquelle le juge des enfants ordonne la
mainlevée du placement à lřASE pour la confier à sa tante en qualité de tiers digne de
confiance. Concomitamment, le magistrat ordonne une mesure dřAEMO et comme le
préconise lřASE désigne le centre dřaccompagnement parents / enfant qui, depuis des
mois, permet dřoffrir un accueil contenant, rassurant et protecteur pour lřenfant.
Dès sa naissance, ce bébé a été placé aux vues de la pathologie sévère des deux
parents, du déni de leurs troubles et, par conséquent, de leur refus dřentreprendre des
soins.
Les parents rencontraient leur petite fille chaque semaine dans ce lieu et ils acceptaient
plutôt bien cette organisation même si de façon récurrente ils questionnaient le cadre de
ces rencontres et faisaient état de leur incompréhension à ne pas vivre avec leur enfant.
Très rapidement, nous avons été interpellés par le service désigné pour ces rencontres,
nous précisant que le département des Hauts de Seine refusait le financement.
Nous nous sommes retrouvés, interpellés de toute part (parents, tiers digne de
confiance, service de rencontres, financeurs) et parfois désignés comme responsables.
Le refus de financement a été vécu par la famille comme un bouleversement
insurmontable générant de lřangoisse et empêchant tout travail éducatif ; les courriers,
mails, et appels téléphoniques mais aussi les rencontres ont été centrés uniquement sur
lřincompréhension de la famille à mettre un terme à ce qui était vécu comme adapté et
sécurisant.
Les éducateurs du service dřAEMO, ne peuvent dans les situations où la
psychopathologie familiale est sévère se substituer à des professionnels spécifiquement
formés. Autres éléments à prendre en compte sont le temps et lřespace. Comment
organiser chaque semaine une rencontre de deux heures dans lřunique salle dřéveil, de
jeux et dřaccueil parents/enfant du service ?
Lřautre situation concerne également une petite fille de 2 ans dont les parents sont
séparés depuis lřhospitalisation de la mère, suite à un épisode dépressif grave. Le père
aux prises de difficultés personnelles importantes ne peut prendre en charge sa petite
fille au quotidien ; cette dernière est confiée, par le juge des enfants, à sa grand-mère
maternelle en tant que tiers digne de confiance.
Le père se voit accorder un droit de visite à sa fille deux fois par semaine au domicile de
la grand-mère ce qui nřest pas possible pour la mère compte tenu des relations quřelle
entretient avec sa propre mère.
AEMO SCEAUX
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 205 -
Après plusieurs mois dřhospitalisation en service psychiatrique, lřéquipe médicale
propose des rencontres mère/fille deux fois par semaine (1 heure le mercredi et 1 heure
le dimanche) au sein de lřhôpital et ce dans lřattente de la mise en place dřun lieu de
médiation, après évaluation par notre service.
Lřéducatrice de lřAEMO a organisé des rencontres mère/fille au service qui se sont
déroulées
de façon satisfaisante, ce qui a permis de préconiser des visites hebdomadaires
médiatisées qui ne se passent plus au sein de lřhôpital psychiatrique, (où la mère est
obligée dřêtre hospitalisée une journée pour une heure de visite, alors que son état ne
nécessite plus cette prise en charge) mais dans le cadre dřun relais Parents/Enfants.
Lřéducatrice a sollicité les services de lřASE pour le financement de ce lieu de
rencontres ; le service nous répond quřil nřa pas le budget pour financer ce lieu.
2. Formations collectives :
■ XXIIIème Séminaire de lřAVVEJ « Normes, règles et lois : quels repères pour
lřinstitution éducative ? »
Même après une expérience conséquente, les 3 jours de séminaire représentent un
temps fort pour lřassociation et aussi un véritable défi pour lřéquipe de pilotage
composée de directeurs, chefs de service, éducateurs.
Le thème, puis le titre de ce XXIII ème séminaire ont été définis par le président de
lřAVVEJ après lřintervention de Roland Gori, psychanalyste, auprès des administrateurs
et directeurs. Plusieurs salariés des deux services ont participé.
Si lřon voulait rapprocher le thème du séminaire du travail de lřAEMO « petite enfance »,
on mettrait en avant deux éléments :
Le premier est que dès le plus jeune âge, on peut sensibiliser le très jeune enfant à la
différence entre les règles qui ne se discutent pas (interdit de lřinceste, de la violence,
politesse, règles de sécurité…) et les lois (par exemple, celles de la maison ou de la
classe) qui résultent de décision collective.
Lřautre élément viendrait interroger la question des limites.
Refuser à lřenfant ce quřil désire, lui imposer des interdits, des limites est souvent vécu
par les parents comme un manque dřamour de leur part. Un des axes de travail de
lřAEMO consiste à ce que la question des limites fasse sens pour eux ; quřils entendent
quřun enfant à qui on met des limites va arrêter de vivre dans lřillusion quřil peut toujours
avoir davantage et donc cesser de se sentir malheureux et mal aimé.
Pour comprendre pourquoi un enfant transgresse systématiquement, nous revenons sur
le vécu de son ou ses parents. Soit le parent nřa pas reçu de limite lorsquřil était petit et
a du mal à trouver les repères à donner à son enfant, soit au contraire il a le souvenir
dřavoir été victime de la tyrannie des adultes, soumis à lřarbitraire, humilié … et a peur
dřimposer la même chose à son enfant.
■ « Sauveteur Secouriste du Travail »
8 salariés de Sceaux et 9 de Nanterre ont actualisé et validé le deuxième module de
cette formation de secouriste. Cette formation théorique associée à des mises en
situation permet dřune part dřacquérir les gestes qui sauvent et aussi dřéviter les erreurs
liées à un manque de connaissance.
AEMO SCEAUX
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 206 -
■ « Liberté de conscience ou basculement dans lřembrigadement à lřislam radical »
Cette journée de formation était prévue de longue date le 17 novembre 2015 avec
Madame Dounia Bouzar, anthropologue et directrice générale du centre de prévention
contre les dérives sectaires liées à lřislam. Pour que le financement de cette journée soit
pris en charge dans le plan de formation et remboursé par UNIFAF, le numéro de
formateur de ce cabinet dřexpertise devait nous être communiqué. Deux semaines
avant la date de formation, nous avons été contraints dřannuler, ce cabinet nřarrivait pas
à obtenir de numéro de formateur. Nous regrettons ne pas avoir pu penser ensemble
ces questions, dřautant, quřil sřagisse du service de Sceaux ou de Nanterre, que nous
sommes confrontés directement à des mesures dřAEMO consécutives à la
radicalisation des parents. Ces deux mesures sont antérieures aux évènements
tragiques de novembre 2015.
3. Travaux :
Depuis plusieurs années, nous subissons des infiltrations dřeau sur le mur de la cuisine.
Ces dégradations proviennent du mur extérieur qui nřest plus étanche. Nous avions fait
établir un devis pour réparer ce mur qui présentait des pierres disjointes posées les
unes sur les autres. Interpellée depuis plus dřun an, la mairie de Sceaux a consenti à
réaliser la réfection totale de ce mur, ce que, compte tenu de la charge financière, nous
nřaurions pu réaliser quřen partie.
Nous remercions lřéquipe technique chargée du patrimoine de la ville pour avoir
intercédé auprès du Maire de la ville pour le financement de ces travaux.
Notre section dřinvestissement nous a permis de réaliser des travaux dřembellissement
du hall dřaccueil, de la salle à manger et dřacheter du mobilier.
4. Le personnel :
Nous constatons cette année encore une grande stabilité du personnel.
Toutefois, nous avons été confrontés à un grand nombre dřarrêts maladie. 3 salariés
ont été absents pendant plusieurs mois (1 salarié a été absent 2 mois, 1 autre 3 mois et
un autre 4 mois).
Le remplacement du personnel administratif a été compliqué tant en termes de
compétences que de motivation.
AEMO SCEAUX
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 207 -
Nanterre
Isabelle BERMOND Ŕ Directrice
De la ferme du 18ème à l’usine de stylos…
Depuis sa création il y a 15 ans, le service éducatif de Rueil Malmaison nommé
« AEMO Clairefontaine » est installé dans le centre-ville, dans une ancienne ferme.
Le propriétaire se souvient avec nostalgie et émotion des merveilleux moments passés
dans cette ferme auprès de sa grand-mère.
Aujourdřhui, les animaux de la rue du gué ont disparu, les écuries de la Malmaison et la
maison close ont été transformées en habitations.
Atypiques, inattendus, originaux, voici quelques qualificatifs qui décrivent nos locaux ;
mais dès que lřon veut accéder à lřétage qui dessert le bureau de 4 éducateurs et 2
salles dřentretien, alors les qualités sportives de chacun sont requises.
Lřescalier tournant, étroit, mal éclairé et bas de plafond nřest pour le moins pas
compatible avec la loi du 11 janvier 2005 relative à lřaccessibilité des personnes en
situation de handicap.
Il devient donc impératif de trouver de nouveaux locaux.
Nous découvrons, après de multiples visites de lieux sans âme, un bâtiment dřun étage,
typique de lřarchitecture industrielle des années 30 avec une ossature en béton et
remplissage de briques.
Lřarchitecte, Alfred Palach a soigné lřaspect esthétique de lřusine en jouant sur les
couleurs de la brique, leur agencement, y associant des carreaux de céramique à motifs
végétaux et géométriques.
Cette usine « La plume dřor » fabriquait des stylos porte-plumes commercialisés sous la
marque Météore.
Après plusieurs mois de travaux, nous avons quitté Rueil et sommes installés depuis fin
octobre au
26 rue des Amandiers à Nanterre
Et ainsi, lř« AEMO CLAIREFONTAINE » devient AVVEJ- LES AMANDIERS
1. Commentaire général sur l’activité :
Lřactivité a été réalisée avec un excédent de 369 journées.
En 2015, toutes les AEMO exercées ont émané du Tribunal pour Enfants de Nanterre.
Ainsi tous les moyens alloués par le département des Hauts de Seine ont bénéficié aux
enfants alto séquanais.
Lřinstallation du service à Nanterre facilite les déplacements des familles résidant au
nord du département.
LES AMANDIERS NANTERRE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 208 -
Lřévolution notable de lřannée 2015 est la forte montée en nombre dřexercices dřAED, et
donc le peu de désignation en AEMO.
Les magistrats habituels confiant des AEMO au service nous ont fait part de leur
diminution de saisines, et expliquaient ainsi la baisse des AEMO ordonnées, tout en
renouvelant leur confiance au service. Fin 2015, lřactivité en AED est quasi égale à celle
de lřAEMO.
Notons quřen 2015, nous avons accueilli 19 enfants de plus quřen 2014 en AED. Sur 29
familles, 8 familles ont signé la contractualisation seulement au bout du 2ème RV donné,
alors quřen 2014, pour une seule famille seulement un 2ème RV avait été nécessaire.
Pour la plupart, la raison évoquée est celle des horaires de travail peu souples, et donc
un ajustement a été nécessaire. Pour certaines, il sřagit dřune adhésion flottante à la
perspective dřAED. Quand les propositions dřAED sont conséquentes à une évaluation
faite par les services de lřASE, lřadhésion de la famille à cet accompagnement a été
recherchée et contribue à favoriser la présence des parents à lřentretien de
contractualisation. Nous invitons donc nos collègues qui construisent des écrits en vue
de mise en place dřAED, à préciser la situation professionnelle des parents ainsi que
leurs disponibilités.
La contractualisation aux ST ASE (3-4-6) nřa pas abouti pour 4 situations familiales au
bout du 2ème RV donné. 3 familles ont fait savoir quřelles avaient pris dřautres options, et
la dernière déménageait dans un autre département.
Un autre aspect de la complexité des contractualisations est celui de la gestion de
lřactivité du service.
Les reports de rendez-vous pour la contractualisation diffèrent la date de prise en
charge par le service, et fragilisent lřéquilibre de lřactivité.
Aussi, si les premières rencontres ont peiné à sřorganiser, que reste-t-il alors en durée,
pour le premier exercice convenu de 6 mois en AED ?

Implications pour le service :
A quatre mois de lřéchéance dřune AED de 6 mois, anticiper des réunions cliniques pour
analyser les effets de lřAED et faire une proposition de maintien ou pas dřAED à la
famille. Etablissement du rapport par lřéducateur. Donner RV à la famille
Anticiper deux mois au moins avant lřéchéance de lřAED la potentielle proposition de
maintien ou pas de lřintervention, sachant que lřorientation dépendra également de
lřadhésion de la famille.
2. Le personnel :
Deux nouvelles éducatrices sont venues rejoindre le service. Lřune à temps plein a
remplacé une collègue qui a rejoint son mari muté en province. Lřautre poste, cette
année encore concerne le mi-temps éducatif. Nous arrivons à recruter mais les
personnes qui postulent le font par défaut. Dès quřune offre plus satisfaisante en
termes de temps de travail et surtout de salaire leur est proposée, elles quittent (à
regret) le service.
Chaque année, auprès de nos financeurs nous sollicitons lřoctroi dřun mi-temps
supplémentaire qui nous permettrait aussi de répondre aux demandes dřAED du
département.
3. La nécessité du pas de côté pour une rencontre… :
Christine Genest, directrice adjointe
Nathalie CHAUVET Ŕ éducatrice
Lřinitiative de plusieurs acteurs du département issus de divers champs, désireux de
fédérer les dispositifs et réseaux existants, et dont les objectifs font référence à la
Charte des Maisons Des Adolescents de 2008.
LES AMANDIERS NANTERRE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 209 -
Ce dispositif de réseau, divisé en 3 secteurs géographiques est entretenu par des
réunions partenariales à raison dřune tous les deux mois environ.
Notre service dépend du réseau du centre du département : le Centrado 92.
Chaque année en juin, ce groupe organise une journée dřétudes et y convie les
professionnels pour quřils aient lřoccasion dřexposer et de confronter leurs pratiques par
rapport au thème choisi.
Le dernier thème était : Ficelles et créativité : « Comment réinventer lřinstitution ? »
Notre service y a participé par lřintermédiaire de Nathalie CHAUVET, éducatrice, qui a
exposé une situation, démontrant comment dans le cadre dřune mesure dřAEMO, on
pouvait être amené à faire des pas de côté par rapport à une pratique habituelle pour
déjà favoriser la rencontre avec un adolescent, construire un espace de réflexion avec
lui et lřaider à investir sa place dřadolescent, et dans lřexemple suivant, de parent.
C'est ce genre de situation dont on se souvient longtemps, où le travailleur social,
l'équipe ont été fortement mobilisés, où la notion de pas de côté prend tout son sens.
Valérie a 16 ans, on la connaît depuis 4 ans, avec un parcours houleux, entre
placement en internat qui ne dure pas, déscolarisation, et relation mère-fille
extrêmement fusionnelle.
Valérie est fille unique, ses parents se sont séparés alors qu'elle avait à peine 2 ans.
Son père présente un lourd problème d'alcool et ne la voit que très rarement.
Malgré ce parcours chaotique, la relation avec le service se maintient et nous
entretenons un lien régulier avec Valérie. Elle sait prendre appui sur l'éducatrice pour
différentes démarches et s'en réfère au service en cas de difficulté.
Lors d'un séjour de vacances, elle rencontre Kévin, âgé de 17 ans. Lui-même a un
parcours compliqué. Les deux jeunes entament une relation amoureuse qui s'avère
compliquée dès les premiers temps, entre amour passionnel, ruptures, jalousie,
disputes. Pour rejoindre Valérie, Kévin vient s'installer en région parisienne. Il se
retrouve seul, vivant dans la rue et sans aucun suivi éducatif. Il n'a plus de lien avec sa
famille, sa mère est toxicomane et il ne connaît pas son père.
La mère de Valérie refuse d'accueillir Kévin chez elle et assez rapidement, Valérie vit
avec son petit ami, sous une tente dans les bois de Vincennes.
Quelques mois plus tard, Valérie est enceinte, le couple souhaite garder l'enfant, malgré
l'opposition de la mère de Valérie et des conditions plus que précaires de vie. Ils n'ont
aucun revenu, vivent de mendicité, sřinstallent au sein dřun public désocialisé et à
risques dans les bois de Vincennes. Ils sont en lien avec l'équipe de la Maraude
d'EMMAUS, qui leur fournit de la nourriture occasionnellement et des vêtements. Cřest
le seul service avec la police qui se rend sur cette zone réputée dangereuse. Nous nous
y rendrons plus exceptionnellement.
Nous tentons de mettre en place un projet de centre maternel pour Valérie, alors qu'elle
en est à 6 mois de grossesse. Nous sommes en plein hiver.
Elle rencontre la structure, fait sa valise, s'installe, mais rejoint Kévin après 3 jours et
rapidement cet accueil prend fin.
Tout le travail a consisté en l'établissement d'un « maillage » autour de ce couple et
notamment cette mère et son enfant à venir.
Nous avons rencontré l'équipe d'EMMAUS, avons accompagné Valérie à la maternité
des Diaconesses pour qu'elle puisse avoir un suivi de sa grossesse et repérer le lieu où
aller pour l'accouchement, avons rencontré une équipe de PMI de Paris avec Valérie.
Nous avons aussi informé très souvent les services de l'ASE afin d'anticiper les
possibilités pour la suite : commencer à chercher des possibilités d'accueil pour Valérie
et son enfant.
Le lien avec cette jeune était plus que fragile et très aléatoire : on s'est situé entre travail
de rue et AEMO : rencontres le soir dans les bois de Vincennes, le samedi matin sur
Paris, accompagnement du couple pour les échographies. Le lien avec la mère de
Valérie se maintenait également même si elle se disait sans cesse dépitée et incapable
d'aider sa fille. Valérie a repris des liens avec son père, mais a très rapidement réalisé
son inconsistance.
LES AMANDIERS NANTERRE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 210 -
Bien souvent, je me suis sentie incompétente, dépassée, dans l'urgence, m'appuyant
sur les instances professionnelles du type supervision ou réunion clinique très
régulièrement. Cette situation était devenue le fil rouge du service !
Le Juge était informé régulièrement et a soutenu le fil conducteur du service. Je me
souviens que les mots qui revenaient le plus pour justifier la poursuite de notre
accompagnement, c'était fil conducteur et lien indispensable pour cette jeune.
Plusieurs états m'ont traversée : du transfert, de la peur, des angoisses de mort. Pour
Valérie, je représentais un pilier, mon pilier était l'appui des collègues et la disponibilité
de l'équipe à chaque moment difficile. Quotidiennement, cette situation me mobilisait.
Le danger était présent, tout projet de placement impossible et malgré notre marge de
manœuvre restreinte, nous avons tenus à rester présent et tenu à indiquer à Valérie que
quoiqu'il arrive, nous étions là.
C'est la possibilité de se décaler qui a rendu le maintien du lien possible.
Valérie a finalement accouché presque à terme à la maternité.
Kévin s'est tatoué le prénom de son fils sur le bras, Valérie s'est montrée maternante et
proche de son bébé...mais peu de temps.
A la sortie de la maternité, elle
est allée en famille d'accueil
avec son fils.
Kevin venait les voir les
premiers jours de façon
quotidienne. Puis il est moins
venu, Valérie est allée le voir,
sans son fils, sur Paris. Elle a
laissé son fils, un après-midi,
puis une nuit, puis 2 jours.
Malgré les conseils, elle n'a pu
assumer pleinement son rôle
de maman, et a accepté que
son fils soit placé en famille
d'accueil à Blois. Elle ne le verrait que 2 fois par semaine, si elle tenait réellement les
visites prévues…
Notre accompagnement sřest interrompu, et le service de lřAide sociale à lřEnfance nous
a relayés auprès de lřenfant placé et auprès de ses parents.
4. Petite rétrospective sur une journée peu ordinaire… :
Clotilde Lemaire Ŕ Virginie Dupond
7 enfants, âgés de 7 à 16 ans, et 3 éducatrices ont passé la journée du 02 juillet 2015 à
Villers-sur-Mer.
Dřoù vous est venue cette idée ?
Educatrices : « En juin 2015, nous sommes parties du constat quřun certain nombre
dřenfants accompagnés par notre service nřétaient que très rarement sortis de la région
parisienne et nřavaient, pour la plupart, aucun projet de départ en vacances. Nous
avons donc organisé une sortie à la mer en Normandie ».
Quels étaient les objectifs de cette sortie ?
« Nous souhaitions permettre à ces enfants de découvrir de nouveaux paysages et
dřexpérimenter lřinconnu. De plus, nous voulions leur offrir un moment convivial autour
dřun repas et dřactivités ludiques de plein air. Pour nous les professionnels, il sřagissait
de rencontrer les enfants dans un autre cadre, moins formel, que les entretiens
individuels. Cet espace particulier de rencontre au sein dřun groupe pouvait amener des
observations précieuses et utiles pour la poursuite du travail éducatif ».
Pouvez-vous nous parler de cette journée ?
Educatrice : « Plusieurs enfants nřavaient jamais vu la mer, dont Natalija qui paraissait
assez impressionnée et contente ».
Educatrice : « Certains enfants sřapprochaient de lřeau avec beaucoup dřexcitation. Ils
criaient de joie. Nous ne sommes pas passé inaperçus sur cette plage ! »
LES AMANDIERS NANTERRE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 211 -
Céline (14 ans) : « Je me souviens que jřai eu mal aux pieds à cause des cailloux mais
jřai aimé découvrir la mer et surtout les coquillages ».
Sami (7 ans) : « Jřai bien aimé la glace que jřai mangée et jřai bien rigolé au
restaurant ».
Souaré (10 ans) : « Je me souviens de la plage et des jeux de balle ».
Sami (7 ans) : « Jřai eu peur des vagues, jřai préféré faire un château de sable ».
Educatrice : « Le trajet en voiture leur a paru long, même si certains ont découvert les
champs, les ânes… »
Educatrice : « Ils posaient beaucoup de questions dont les réponses nous semblaient
évidentes. Par exemple, certains ont découvert que le lait venait des vaches ».
Educatrice : « Lřune des fillettes avait peur de tomber dans la mer comme on tombe
dans une piscine ».
Educatrices : « Cette journée était très chouette aussi bien pour les enfants que pour les
éducs. On peut dire que les objectifs fixés ont été atteints : EXPERIENCE A
RENOUVELER ! »
LES AMANDIERS NANTERRE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 212 -
RAPPORT ACTIVITE AEMO - AEAD
ANNEE 2015
Association gestionnaire : AVVEJ
Nom et adresse : AEMO – AED
11, rue Michel Charaire – 92330 Sceaux
Décision Justice AEMO
Garçons
Filles
Jeunes en charge
Au 1er Janvier
2015
Jeunes confiés
Dans l'année
Total
Décision Administrative
Total
AEAD
Garçons Filles
Total Garçons Filles
Total
64
26
90
34
18
52
34
10
65
33
98
139
72
211
Jeunes sortis
44
Dans l'année
Jeunes en charge
Au 31 décembre
2015
Total jeunes
Suivis
l'année
Nombre
familles
Suivies
l’année
Nombre
familles
Admises
l’année
dans
de
99
43
142
18
52
dans
de
dans
34
Département d’origine
Département
92
75
:
Présents au 31 décembre 2015
AEMO
AEAD
42
34
Admissions dans l'année 2015
AEMO
AEAD
23
18
2
91
93
1
94
20
10
95
77
78
Autres
AEMO SCEAUX
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 213 -
Total
64
34
Origine géographique au sein du 92
S.T.
1
AEMO
34
18
:
Présents au 31 décembre 2015
AEAD
Total
2
3
4
1
1
5
2
1
3
6
9
4
13
7
16
13
29
8
14
42
16
34
30
76
Total
Nombre de journées facturées - répartition par organismes payeurs :
ASE 92
ASE Autres Départs
Admi
Judic
/
9401
2013
Admi
9681
Judic
15248
2014
8933
16367
361
2015
11878
15247
70
PJJ
TOTAL
/
34330
9424
/
35085
8008
/
35203
Origine du «signalement» des familles admises dans l’année 2015 (pour rappel, à
Sceaux les mesures sont familiales).
Origine
AS secteur
Nombre
2
PMI
14
ASE
5
Scolaire
2
CMP - CMPP
3
Centre maternel
2
Autres :
Retour de placement
Famille
Hôpital
MJIE
AEMO
13
3
2
3
3
AEMO SCEAUX
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 214 -
Lorsque le signalement émane de plusieurs services ne comptabiliser l’enfant
qu’une seule fois dans la rubrique du service le plus impliqué.
Age des jeunes
:
- 3 ans
3-6 ans
7-10 ans
en
32
18
1
décembre
51
30
14
Au moment
De la prise
charge
Au 31
2015
11-13
ans
14-16
ans
17-18
ans
18-21
ans
1
2
1
Age des mères des enfants suivis au 31.12.2015
:
13-16 ans
17-18 ans
19-21 ans
22-25 ans
26-30 ans
31-35 ans
36-39 ans
+ 40 ans
1
1
6
9
6
11
4
5
2
3
8
14
15
24
8
17
A
l'admission
Au 31
Décembre
2015
Lieu de résidence des jeunes suivis
:
AEMO
AEAD
55
34
Total
Lieu d'hébergement des
Jeunes au 31 décembre 2015
Famille
Placés en établissement
Placement familial
Tiers digne de confiance
7
Internats scolaires
2
Autres IME- IMPRO
Hôpitaux jour.
Total
64
34
Situation préalable à l’admission :
AEMO SCEAUX
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 215 -
AEMO
8
Absence de suivi
Retour de placement
AEAD
18
3
IOE - Enquête sociale
Autre mesure à domicile
Autres : suivi ASE ou AEMO ou MIJE
23
Ancienneté de prise en charge des présents au 31 décembre 2015 :
0-3 mois 3-6 mois 6-9 mois
AEMO
8
AEAD
Total
8
9-12
mois
1-2 ans
2-3 ans
3-5 ans
5-10 ans
10-15
ans
+15
ans
TOTA
L
8
9
2
11
12
2
12
64
8
3
4
9
4
3
3
34
16
12
6
20
16
5
15
98
Durée des prises en charge terminées au cours de l’année 2015 :
0-3 mois 3-6 mois 6-9 mois
AEMO
2
AEAD
Total
3
1
9-12
mois
1-2 ans
2-3 ans
1
13
3
6
4
1
34
4
1
1
1
1
10
17
4
7
5
2
44
2
2
5
1
1
3-5 ans 5-10 ans
10-15
ans
+15
ans
TOTAL
Moyenne : (total du nombre de mois de présence divisé par le nombre des
sortants de l’année) :
Composition familiale des familles suivies (au 31 décembre 2015) :
Mère seule
Père seul
Couple
Tiers digne de
confiance
1 Enfant
31
9
14
8
2 Enfants
11
2
13
2
3 Enfants
3
3
4 Enfants
1
1
5 et +
Situation scolaire ou professionnelle des jeunes en charge au 31 décembre 2015 :
AEMO SCEAUX
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 216 -
AEMO
AEAD
- Crèche – Nourrice – à
- de 3 ans
domicile
16
27
- Scolarisés
24
14
12
3
1
1
- de 6 ans
- non Scolarisés
Primaire
- scolarisés
- Scolarisé
Collège
- non scolarisés régulièrement
+ de 15 ans - 18 ans
- Enseignement général
- Enseignement professionnel
- Apprentissage Stage
- Activité professionnelle
- Sans
18 - 21 ans
- Enseignement général
- Enseignement professionnel
- Apprentissage stage
- Activité professionnelle
- Sans
Situation sociale des familles suivies au 31 décembre 2015
Situation
Commerçant - Artisan - Prof. libérale
Salarié
Retraité
Chômeurs indemnisés
Invalidité ou indemnités SS
Prestations AAH - RSA - API
Allocation mensuelle ASE
Sans ressource stable
Autres (à préciser)
AEMO SCEAUX
:
Nombre
/
51
2
5
/
32
/
4
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 217 -
Fin de mesure : point et analyse :
Conditions de sortie
AEMO
AEAD
Absence de suivi
5
3
Aboutissement
6
3
Autre service
4
1
Déménagement
8
Placement (*)
10
Autre (à préciser)
- IOE – MJIE
1
1
Signalement au Procureur
2
Soit 11 familles dont 14 enfants placés
Analyse fin de mesure
: motif de fin de prise en charge
Motif
AEAD
AEMO
3
6
Majorité
Evolution positive
Déménagement
8
Arrêt à la demande
de la famille
Non coopération
Impossibilité de travailler
3
Signalement au
Procureur
2
5
Placement
1
10
Mesure d'AEMO
(justice)
Mesure d'AEAD
(administrative)
Autre (à préciser) MJIE - IOE
Autre service
AEMO SCEAUX
1
1
4
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 218 -
ACTIVITE 2015
NOM DE LřETABLISSEMENT : AVVEJ AEMO-AED de Sceaux
REPARTITION PAR ORGANISMES PAYEURS
DES JOURNEES REALISEES EN 2015
(PRIX DE JOURNEE 2015 : 30,76€)
Aide
Sociale
à
lřEnfance
des Hauts de Seine
- décision administrative
Mineur
Majeur
- décision judiciaire
Confié à lřASE
Placement direct
TOTAL ASE Hauts de
Nombre
11878
%
33.74
15247
43.31
27125
77.05
70
0.20
8008
22.75
8078
22.95
35203
100
Seine
Aide
Sociale
lřEnfance
à
autres départements
- décision administrative
Mineur
- décision judiciaire
Majeur
Confié à lřASE
Placement direct
TOTAL Autres A.S.E
Protection Judiciaire
Jeunes majeurs (décret Hauts de Seine
1975)
de la jeunesse des
Hauts de Seine
Ordonnance 1945
Total PJJ Hauts de Seine
TOTAL
Autres
Hauts de Seine
Autres
Pour les jeunes placés au titre de lřordonnance de 45 m du décret de 75, répartition
entre le 92 et autres départements en fonction du département de domicile dřorigine du
jeune.
AEMO SCEAUX
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 219 -
RAPPORT ACTIVITE AEMO-AED
ANNEE 2015
Association gestionnaire :
A.V.V.E.J.
AEMO – AED « Les Amandiers »
26 rue des Amandiers – 92000 NANTERRE
Nom et adresse :
1er tableau
Décision Justice AEMO
Mesures AEAD
TOTAL
Total AEADGENERAL
Garçons
Filles
Total AEMO
Garçons
Filles
Au 1er Janvier 2015
62
51
113
23
17
40
153
Jeunes
nouvellement
confiés
Dans l'année
15
16
31
29
21
50
81
32
34
66
14
3
17
83
Au 31 décembre
2015
Total jeunes
45
33
78
38
35
73
151
Suivis dans l'année
77
67
144
52
38
90
234
Jeunes en charge
Jeunes sortis
Dans l'année
Jeunes en charge
Nombre de familles
(ou
nombre
de
fratries
Suivies
dans
l’année
Nombre de familles
nouvellement
Admises
dans
l’année
80
50
130
17
31
48
Lřévolution notable de lřannée 2015 est la forte montée en nombre dřexercices dřAED, et
donc le peu de désignation en AEMO.
Les magistrats habituels confiant des AEMO au service nous ont fait part de leur
diminution de saisines, et expliquaient ainsi la baisse des AEMO ordonnées, tout en
renouvelant leur confiance au service. Fin 2015, lřactivité en AED est quasi égale à celle
de lřAEMO.
Notons quřen 2015, nous avons accueilli 19 enfants en plus que lřannée 2014 en AED.
Sur 29 familles, 8 familles ont signé la contractualisation seulement au bout du 2ème RV
donné alors quřen 2014, pour une seule famille seulement un 2ème RV avait été
nécessaire. Pour la plupart, la raison évoquée est celle des horaires de travail peu
souples, et donc un ajustement a été nécessaire. Pour certaines, il sřagit dřune adhésion
flottante à la perspective dřAED. Quand les propositions dřAED sont conséquentes à
une évaluation faite par les services de lřASE, lřadhésion de la famille à cet
LES AMANDIERS NANTERRE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 220 -
accompagnement a été recherchée et contribue à favoriser la présence des parents à
lřentretien de contractualisation. Nous invitons donc nos collègues qui construisent des
écrits en vue de mise en place dřAED, à préciser la situation professionnelle des parents
ainsi que leurs disponibilités.
La contractualisation aux ST ASE (3-4-6) nřa pas abouti pour 4 situations familiales au
bout du 2ème RV donné. 3 familles ont fait savoir quřelles avaient pris dřautres options, et
la dernière déménageait dans un autre département.
Un autre aspect de la complexité des contractualisations est celui de la gestion de
lřactivité du service.
Les reports de rendez-vous pour la contractualisation diffèrent la date de prise en
charge par le service, et fragilisent lřéquilibre de lřactivité.
En outre, si les premières rencontres ont peiné à sřorganiser, alors que reste-t-il en
durée, pour le premier exercice convenu de 6 mois en AED ?
Implications pour le service :
 A quatre mois de lřéchéance dřune AED de 6 mois, anticiper des réunions
cliniques pour analyser les effets de lřAED et faire une proposition de maintien
ou pas dřAED à la famille. Etablissement du rapport par lřéducateur. Donner RV
à la famille
 Anticiper deux mois au moins avant lřéchéance de lřAED la potentielle
proposition de maintien ou pas de lřintervention, sachant que lřorientation
dépendra également de lřadhésion de la famille.
2ème tableau
Département d’origine :
Présents au
AEMO
Présents au
31 décembre 2015
AEAD
78
73
Département 31 décembre 2015
92
TOTAL
151
Admissions
Dans l’année 2015
AEMO
Admissions
dans l’année 2015
AEAD
31
81
112
En 2015, toutes les AEMO exercées ont émané du Tribunal pour Enfants de Nanterre.
Ainsi tous les moyens alloués par le département des Hauts de Seine ont bénéficié aux
enfants alto séquanais.
Lřinstallation du service à Nanterre facilite les déplacements des familles résidant au
nord du département.
LES AMANDIERS NANTERRE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 221 -
3ème tableau
Origine géographique au sein du 92 :
S.T.
Présents
Le jour du 31 décembre 2015
AEMO
Présents
Le jour du31 Décembre 2015
AEAD
1
14
2
13
3
6
42
4
30
31
5
8
6
2
7
2
8
3
Total
78
73
4ème tableau
Nombre de journées facturées - répartition par organismes payeurs :
AEMO
2013
ASE 92
Admi
Judic
12 639
42 187
2014
11 327
41 742
2015
19 576
35 543
ASE Autres Départs
Admi
Judic
1082
PJJ
TOTAL
55 908
938
54 007
55 119
5ème tableau
Origine du « signalement » des enfants admis dans l’année :
Le signalant est le service ou la personne qui alerte ou/et envoie IP à ASE ou
signalement au Parquet.
Origine
AS secteur
PMI
ASE
Scolaire
CMP - CMPP
Centre maternel
Autres dont
AS Hôpital
Demande famille
CMPP
119
Procureur
Service
Autre à préciser : Bailleur
TOTAL
Nombre AEMO
2
1
24
2
Nombre AEAD
14
17
TOTAL
2
1
38
19
11
1
3
2
11
1
3
4
50
4
81
2
31
Lorsque le signalement émane de plusieurs services ne comptabiliser l’enfant
qu’une seule fois dans la rubrique du service le plus impliqué.
6ème tableau
LES AMANDIERS NANTERRE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 222 -
Age des jeunes AEMO :
Au moment
De la prise
charge
Au 31
2015
en
décembre
-3
ans
3-6
ans
6-10
ans
10-13
ans
13-16
ans
16-18
ans
6
21
42
30
29
16
2
9
10
21
24
12
-3
ans
3-6
ans
6-10
ans
10-13
ans
13-16
ans
16-18
ans
8
8
21
23
24
6
7
5
12
17
23
9
18-21
ans
TOTAL
144
78
Age des jeunes AEAD :
Au moment
De la prise
charge
Au 31
2015
en
décembre
7ème tableau
Lieu de résidence des jeunes suivis
18-21
ans
TOTAL
90
73
:
Lieu d'hébergement des
AEMO
AEAD
70
72
Jeunes au 31 décembre 2015
Famille
Studio indépendant
Placés en établissement dont
- Mesure judiciaire
- Accueil temporaire (la Passerelle)
1
Placement familial dont
- Mesure judicaire
- Accueil temporaire
Tiers digne de confiance
5
Internats scolaires
2
1
Autres IME- IMPRO (en internat seulement)
(Les hôpitaux de jour sont exclus, l’enfant dort chez
lui)...
TOTAL
78
73
8ème tableau
Situation préalable à l’admission :
LES AMANDIERS NANTERRE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 223 -
Absence de suivi
AEMO
45
AEAD
84
44
4
Placement
( IOE et enquête sociale
remplacées par MJIE) MJIE-
sont
17
Autres mesures à domicile
- Evaluation ASE
- AEP
- AED
- MAESF (aide à la gestion par CVS
sans transfert des PF)
- AGBF
- Aide sociale liée au logement
28
1
Autres (à préciser) : AEMO
4
1
5
TOTAL
1
144
90
9ème tableau
Ancienneté de prise en charge des présents au 31 décembre 2015 :
1,5
4,5
7,5
10,5
18
30
48
90
150
0-3 mois 3-6 mois 6-9 mois 9-12 mois 1-2 ans 2-3 ans 3-5 ans 5-10 ans 10-15 ans +15 ans
AEMO
5
3
7
13
24
13
9
4
TOTAL
78
Moyenne : (total du nombre de mois de présence divisé par le nombre de
présents au 31 décembre) : 23,38 mois
1,5
4,5
7,5
10,5
18
30
48
90
150
0-3 mois 3-6 mois 6-9 mois 9-12 mois 1-2 ans 2-3 ans 3-5 ans 5-10 ans 10-15 ans +15 ans
AEAD
13
20
8
10
22
TOTAL
73
Même formule de calcul que pour AEMO
Moyenne : (total du nombre de mois de présence divisé par le nombre de
présents au 31 décembre) : 9,18 mois
LES AMANDIERS NANTERRE
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 224 -
10ème tableau
Durée des prises en charge terminées au cours de l’année 2015 :
1,5
4,5
7,5
10,5
18
30
48
90
150
0-3 mois 3-6 mois 6-9 mois 9-12 mois 1-2 ans 2-3 ans 3-5 ans 5-10 ans 10-15 ans +15 ans TOTAL
AEMO
17
29
13
2
5
66
Moyenne : (total du nombre de mois de présence divisé par le nombre des
sortants de l’année) : 24,79 mois
1,5
4,5
7,5
10,5
18
30
48
90
150
0-3 mois 3-6 mois 6-9 mois 9-12 mois 1-2 ans 2-3 ans 3-5 ans 5-10 ans 10-15 ans +15 ans TOTAL
AEAD
3
2
6
3
3
17
Moyenne : (total du nombre de mois de présence divisé par le nombre des
sortants de l’année) : 13,85 mois
11ème tableau
Composition familiale des familles suivies le jour du 31 décembre 2015 :
Prendre en considération tous les enfants de la fratrie, y compris ceux qui ne sont
pas concernés par AEMO.
AEMO
Mère seule
Père seul
1 Enfant
6
4
2 Enfants
6
1
3
3 Enfants
18
4
4
4 Enfants
7
5 et +
5
6
3
42
15
16
TOTAL
LES AMANDIERS NANTERRE
Couple
Tiers digne de
confiance
TOTAL
5
6
5
78
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 225 -
Composition familiale des familles suivies au 31 décembre 2015 :
Prendre en considération tous les enfants de la fratrie, y compris ceux qui ne sont
pas concernés par AED.
AEAD
Mère seule
Père seul
Couple
Garde alternée
1 Enfant
13
1
2
3
2 Enfants
8
1
9
3 Enfants
5
11
4 Enfants
11
5
5 et +
4
TOTAL
41
2
27
TOTAL
3
73
12ème tableau
Situation scolaire ou professionnelle des jeunes en charge au 31 décembre 2015:
AEMO
-
3 ans
● En accueil externe (crèche, halte
jeux, assistante maternelle
● Au foyer familial
2
AEAD
4
- Scolarisés
11
3
5
18
14
- de 6 ans
- non Scolarisés
Primaire
CLIS
1
- Scolarisé
26
Collège ou IMPro
- non scolarisés régulièrement
1
31
+ de 15 ans - 18 ans
- Enseignement général
- Enseignement professionnel
- Apprentissage Stage
- Activité professionnelle
- IMPro
- Sans
7
8
10
6
4
18 - 21 ans
- Enseignement général
- Enseignement professionnel
- Apprentissage stage
- Activité professionnelle
- Sans
TOTAL
LES AMANDIERS NANTERRE
78
73
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 226 -
13ème tableau
Situation sociale des familles suivies au 31 décembre 2015 :
AEMO
Situation
Commerçant
Libérale
-
Artisan
Père Mère Couple TDC
isolé isolée
-
6
16
Chômeurs indemnisés
3
4
ou
indemnités
Père
isolé
Prof.
Salarié
Invalidité
Soc.
AEAD
Sécu.
Prestations : AAH - RSA
11
2
1
Prestations enfants CAF / ASE
2
Formation
3
1
26
22
1
3
1
2
1
3
6
11
Sans ressources stables
(Emploi
précaire,
intérimaire,
temps
Partiel)
3
Mère coupl Garde
isolée e
alternée
1
3
3
1
1
5
1
2
2
1
Retraite
3
Demandeur
indemnités
d’asile
Prestation
compensatoire
seule
pension alimentaire
avec
ou
Autres :
SOUS TOTAL
TOTAL
LES AMANDIERS NANTERRE
15
42
16
78
5
2
41
27
3
73
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 227 -
14ème tableau
Fin de mesure : point et analyse :
Conditions de sortie
Absence de suivi (aucune suite)
AEMO
AEAD
40
14
7
2
13
1
Retour au Pays
Autre suivi à domicile (à préciser) dont :
(IOE) MJIE
- Mesure pénale
- AEMO (même après AED exercée par
notre service)
- AED (même après AEMO exercée par
notre service)
Déménagement (même si l’AEMO ou
L’AED se poursuit ailleurs)
Placement
Logement Hôtel
Accueil temporaire
Autre condition de sortie dont :
●Décision du juge
● Majorité
● AEMO renforcé
● Demande famille
TOTAL
LES AMANDIERS NANTERRE
1
4
1
66
17
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 228 -
15ème tableau
Analyse fin de mesure : motif de fin de prise en charge
Motif
AEMO
AEAD
Majorité
11
1
Evolution positive
23
4
Déménagement (même si l’AEMO ou
l’AED se poursuivent ailleurs)
Retour au pays
Arrêt à la demande
de la famille
Non coopération
Impossibilité de travailler
7
2
5
10
4
13
1
Signalement au
Procureur
Placement dont :
Judiciaire
Accueil temporaire
Mesure d'AEMO
(justice)
Mesure d'AEAD
(administrative)
Autres dont :
● AEMO Renforcée
● Mesure pénale
(IOE) MJIE
● Décision du Juge
TOTAL
LES AMANDIERS NANTERRE
1
1
66
17
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 229 -
Maisons d’Accompagnement Parents Enfants (MAPE)
Foyers Maternels Le Bief & Clairefontaine
CONTACT :
ACCES :
Maisons d’Accompagnement Parents Enfants
Foyer maternel Clairefontaine et administration
23 rue Boris Vildé, 92260 Fontenay-aux-Roses
Tél : 01 46 01 54 70
Fax : 01 46 01 54 81
[email protected]
Foyer maternel Le Bief
4 rue du Moulin, 92160 ANTONY
Téléphone : 01 46 68 81 48
Fax : 01 46 66 83 40
[email protected]
RER
B
Direction
Robinson.
Arrêt Fontenay-aux-Roses.
Bus : 194. Direction Chatenay-Malabry.
Arrêt Jean Jaurès-Carnot
Autobus : ligne 197 - Paris : Porte
dřOrléans. Arrêt Mounié
R.E.R. B4 -Direction St-Rémy-lèsChevreuse Ŕ Gare dřAntony
ACCUEIL :
de 55 femmes mineures ou majeures, enceintes, ou mères avec un ou deux
enfants de moins de 3 ans, à Antony, Colombes et Fontenay-aux-Roses.
Accueil collectif de 17 familles

Service Internat Mère Enfant (SIME) à Antony, Foyer maternel Le Bief. 8 mères
mineures ou jeunes adultes avec un enfant.

Foyer Maternel Educatif (FME) à Fontenay-aux-Roses, Foyer maternel
Clairefontaine. 9 mères mineures ou jeunes adultes avec un ou deux enfants.
Accueil femmes enceintes.
Accueil individualisé en appartements de 38 familles

Service Appartement Mère Enfant (SAME) à Antony, Foyer maternel Le Bief.
15 jeunes femmes majeures, enceintes ou mères avec un ou deux enfants.

Service d’Accompagnement Individualisé (SAI) à Fontenay-aux-Roses (11
places) et Colombes (12 places), Foyer maternel Clairefontaine. 23 mères avec
leurs enfants.
Accueil des enfants en journée

Espace Petite enfance (EPE) à Antony pour 12 enfants accueillis avec leur mère
au foyer maternel Le Bief.

Espace Multi-Accueil (EMA) à Fontenay-aux-Roses pour 15 enfants accueillis
avec leur mère au foyer maternel Clairefontaine et halte-garderie pour 5 enfants
extérieurs à lřétablissement.

Assistantes maternelles agréées à Antony, Fontenay-aux-Roses et Colombes.
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 230 -
MISSION :
Dans son projet, les MAPE mettent en œuvre des missions dřéducation, de protection,
de prévention, de soutien à la fonction parentale et dřinsertion.
-
-
Education

des enfants, des mineures, des jeunes adultes dans les lieux dřaccueil collectifs
ou individualisés,

des enfants dans les crèches collectives ou par les assistantes maternelles.
Protection
• physique et morale des enfants, notamment en veillant à garantir le
maternage nécessaire au tout-petit,
•
physique et morale des adolescentes et femmes accueillies.
-
-
Prévention
 des conséquences dřune possible altération du lien mère-enfant, par le soutien
aux femmes isolées, par lřaccompagnement de la femme qui vient dřaccoucher.
 par le soutien à la fonction parentale (maternelle, paternelle), aux liens
intrafamiliaux et avec le compagnon.
Insertion
 socioculturelle (intégration des codes sociaux), socioprofessionnelle (soutien du
projet professionnel et scolaire) et préparation du départ vers un logement.
AGREMENT HABILITATION :
Aide Sociale à lřEnfance
Protection Maternelle et Infantile
STRUCTURE :
Directeur : Thierry SIMON
Directrice adjointe : Hamida BENKHELFALLAH
Chefs de service éducatif:
SIME et EPE : Dominique BOUFFLERD (Mme)
SAI : Béatrice MINGOTAUD
FME : Stéphanie ORINEL
Coordonnatrice SAME : Adrienn JAVOR
Responsable de lřEspace Multi-Accueil : Valérie BERTRAND
Services éducatifs et insertion : éducateur(trice)s spécialisé(e)s, assistante sociale.
Petite enfance : éducateur(trice)s de jeunes enfants, auxiliaires de puériculture, agent
dřaccompagnement petite enfance, assistantes maternelles.
Service médical et suivi psychologique : médecins (référents des crèches), infirmières,
psychologues. Convention avec PPUMMA, Unité de Psychiatrie Périnatale dřUrgence
Mobile en Maternité de lřhôpital ERASME.
Service administratif : secrétaires de direction, secrétaires, économes, adjointes
dřéconomat.
Services généraux : maîtresses de maison, surveillant(e)s de nuit, agents de service
intérieur, hommes dřentretien.
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 231 -
Une discrimination peut en
cacher une autre
Thierry SIMON, directeur
La loi relative à la protection de lřenfant votée le 1er mars 2016 a marqué une avancée
remarquable avec lřinsertion après lřarticle L.222-5 du Code de lřAction Sociale et des
Familles dřun article L.222-5-3 autorisant la prise en charge dans les centres parentaux
dřenfants « accompagnés de leurs deux parents quand ceux-ci ont besoin de soutien
dans l’exercice de leur fonction parentale » voire des « deux parents pour préparer la
naissance de l’enfant. »
En dehors de ce point essentiel, lřarticle initial est inchangé :
« Sont pris en charge par le service de l'aide sociale à l'enfance sur décision du
président du conseil général : (…)
4° Les femmes enceintes et les mères isolées avec leurs enfants de moins de trois ans
qui ont besoin d'un soutien matériel et psychologique, notamment parce qu'elles sont
sans domicile. Ces dispositions ne font pas obstacle à ce que les établissements ou
services qui accueillent ces femmes organisent des dispositifs visant à préserver ou à
restaurer des relations avec le père de l'enfant, lorsque celles-ci sont conformes à
l'intérêt de celui-ci. »
Ce nřest bien sûr pas la désignation des femmes enceintes comme devant être prises
en charge dans certaines conditions par lřaide sociale à lřenfance qui pose question,
mais plutôt la formulation utilisée pour désigner les « mères isolées avec leurs enfants
de moins trois ans » pouvant bénéficier de cette attention sociale spécifique.
La justification sřimpose comme une évidence et personne ne la contestera : les
femmes sont dans la presque totalité des cas le parent isolé qui doit assumer la charge
de lřenfant. Mais ce presque est essentiel parce quřil existe des pères, très minoritaires
dans cette situation dřisolement avec enfant de moins de trois ans, qui ne sont pas pris
en compte par le texte et qui ne bénéficient pas du même soutien. Ce nřest donc pas la
condition dřisolement avec enfant qui détermine lřattention sociale, cřest le fait dřêtre
mère avec enfant.
Pour généreuse quřelle soit, la loi traduit en droit une idée dominante qui considère que
ce nřest pas la place dřun homme que dřêtre seul avec un enfant. Elle sous-entend que
la petite enfance est lřaffaire de la femme et peut-être même plus, que ce nřest pas
lřaffaire de lřhomme.
Pour lřenfant, lřabsence du père ne le privera pas de son autre parent, sa mère
bénéficiera de soutien pour lřéduquer et cřest tant mieux, mais lřabsence de sa mère lui
vaudra une seconde peine puisque son père, à moins quřil ait les moyens du projet
dřéducation, ne pourra sřoccuper seul de lui.
La loi admet maintenant que le besoin de soutien dans lřexercice de la fonction
parentale peut être partagé par le couple parental et inscrit le père dans le processus
dřéducation, mais elle ne prévoit toujours pas quřil le fasse seul en créant des dispositifs
dédiés de soutiens matériels et psychologiques qui prendraient en compte lřabsence de
figure maternelle constante.
Cette discrimination négative des hommes est-elle pour autant positive pour les
femmes ? Sans doute mais il y a un revers à la médaille : elle est pour la femme une
assignation au rôle parental dominant quřelle doit socialement assumer prioritairement
et seule sřil le faut. Elle signifie que pour lřéducation des petits enfants, lřhomme, si les
Maisons d’Accompagnement Parents Enfants (MAPE)
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 232 -
circonstances ne lui permettent pas de jouer le second rôle, peut être dispensé du
premier. Nřayant pas les mêmes droits, il semble quřil nřait pas les mêmes devoirs. La
loi renforce une réalité qui nřa pas forcément besoin de lřêtre en ne favorisant pas
lřexercice isolé de la fonction paternelle.
Le texte législatif reste empreint des stéréotypes parentaux que la société en ces temps
paritaires a peut-être dépassés. Que la loi traduise la possibilité de choix différents
serait souhaitable.
On suggérera une formulation qui modifierait peu lřétat de fait tant le déséquilibre est
flagrant mais beaucoup le fond, et qui pourrait contribuer à lřévolution des mentalités en
plus dřaider les hommes et les enfants qui pourraient en bénéficier :
« Sont pris en charge (…) : 4° Les femmes enceintes, les mères isolées ou les pères
isolés avec leurs enfants de moins de trois ans… » ou bien « Les femmes enceintes, le
parent isolé avec enfants de moins de trois ans… ».
Maisons d’Accompagnement Parents Enfants (MAPE)
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 233 -
Fusion-création : l’an 01
des MAPE
La fusion des foyers maternels Le Bief et Clairefontaine est une longue histoire,
lřaboutissement dřun processus de rapprochement de deux établissements créés par
des associations distinctes dans les années 50, animés par lřAVVEJ indépendamment
lřun de lřautre à partir des années 70 jusquřen 2009, puis réunis sous une même
direction jusquřà cette fusion en janvier 2015.
Cette fusion en une seule entité intervenant sur plusieurs sites ne devait pas distendre
la relation entre le public dřenfants, dřadolescentes et de jeunes adultes et les
professionnels éducatifs qui les accompagnent.
Il fallait préserver ce qui fait la richesse des petites structures : lřencadrement de
proximité pour les équipes éducatives et par conséquent, éviter la relégation des cadres
hors de la zone de relation avec le public. Nous ne voulions pas succomber à la
tentation du désencadrement qui laisse les équipes éducatives dans un face à face à
risque avec le public ; ni à celle de la déterritorialisation des fonctions administratives
qui supprime la présence institutionnelle sur les sites dřaccueil et de travail.
Fusionner, cřest réunir les professionnels salariés sous une même entité juridique et
construire des instances représentatives nouvelles avec un comité dřentreprise et un
CHSCT étoffés.
La qualité des relations sociales est le préalable à lřengagement des professionnels
dans le travail auprès des familles. Les représentants élus des différentes instances
représentatives du personnel ont joué avec rigueur leur rôle pour questionner, alerter,
contrôler mais encore proposer. Ils ont exercé leur vigilance quant aux conditions de
travail, au respect du droit et de la convention collective, alors que des choix difficiles
étaient nécessaires pour donner une réalité sociale à cette fusion. Ce travail de
concertation est une contribution essentielle.
Lřattitude constructive et responsable des élus et des professionnels des MAPE dans
leur ensemble doit être soulignée alors quřil fallait surmonter des craintes légitimes et
mener ce changement sans perdre de vue lřintérêt du public accueilli et la nécessité
dřassurer nos missions sans relâche.
Les actes réglementaires ont été effectués avec difficulté mais finalement sans
contretemps préjudiciables, les comptes 2015 sont excédentaires, lřactivité a été
réalisée à 98,39 %, le nouveau projet dřétablissement sřest installé en référence
commune, la qualité du quotidien a été une exigence éducative constante, des
réalisations ont vu le jour, des projets sont dans les cartons… Le processus de fusion a
été progressif et volontariste, le temps pour une assimilation collective a été pris.
Dřautres méthodes plus expéditives auraient fonctionné sans doute mais on évaluera la
pertinence de celle-là à lřaune de la situation actuelle de lřétablissement : après une
année de fonctionnement des MAPE, le bilan est satisfaisant.
Bien sûr, on pourrait lister ce qui lřest moins et les fragilités dřune organisation qui nřest
pas désincarnée. Lřorganisation la plus technocratique nřest jamais que la mise en
relation de professionnels à qui des taches complémentaires sont attribuées.
Elle est une tentative dřoptimisation des qualités individuelles en les coordonnant entre
elles, tout en contrôlant les effets des faiblesses individuelles puisquřil y en a, et
organisationnelles puisquřil y en a aussi. Si les procédures, les structures, le mode de
management, les conditions de travail sont déterminants, ils le sont comme la mise en
Maisons d’Accompagnement Parents Enfants (MAPE)
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 234 -
scène et le décor pensés au plus près de la scène du travail. A la toute fin, cřest le geste
éducatif qui compte, la capacité de lřéducateur acteur ultime, à improviser un texte
nourri de son professionnalisme, de sa conscience des enjeux et en définitive, de ce
quřil est.
La machine administrative gère, organise, rationalise, compte, répond aux obligations
légales et répond de tout, rend des comptes et rend possible les missions. Elle applique
les procédures imposées et pour cela en produit dřautres quřelle sřimpose, développant
ses propres instances de contrôle et sřauto-alimentant en procédures. Elle est
lřinstrument premier de la fabrique dřéducation parce quřelle en garantit le
fonctionnement.
Il fallait construire une machine à répondre aux normes sans maltraiter ses agents ou
son public, une machine à gérer les impératifs de temps et des flux.
Le service administratif des MAPE assure lřaccueil physique et téléphonique sur trois
sites, la gestion administrative des dossiers des familles en demandes dřadmission, des
dossiers des 55 familles accueillies, produit la centaine de rapports adressés aux
instances de lřaide sociale à lřenfance, gère le budget pour accueillir les familles dans
38 appartements, 2 internats, 2 crèches collectives, prépare les contrats de travail, les
salaires, les congés, pour une centaine de salariés, assure les actes réglementaires,
budget prévisionnel, compte administratif, bilan social, etc.
Deux obstacles peuvent survenir : endogène, la machine ne parvient plus à fonctionner
au rythme nécessaire (absence dřun salarié, contretemps informatique…), exogène,
certaines situations génèrent un temps de travail dont la quantité était imprévisible. Il
arrive que les situations endogènes et exogènes se cumulent.
Des digues ont été construites avec une hauteur suffisante pour canaliser les crues
certaines. Il faut quřil reste de la hauteur entre le volume de travail quotidien et leur
niveau supérieur pour que lřinattendu soit supporté quand il survient.
Le service administratif des MAPE avec ses 6,8 ETP dans sa nouvelle configuration
parait dimensionné pour effectuer ce qui lui est demandé et pour absorber le travail
supplémentaire quřimposera lřaccueil dans lřune des crèches collectives dřenfants
extérieurs à lřinstitution.
Maisons d’Accompagnement Parents Enfants (MAPE)
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 235 -
Prix de journée, prix du
risque et investissement
éducatif.
Hamida BENKHELFALLAH, directrice adjointe ; Thierry SIMON, directeur.
Ce texte a pu être écrit grâce aux observations écrites ou orales des professionnels des
MAPE, foyer maternel Le Bief :
Anne-Marie DAMO, Sandra FEDEROWSKY, psychologues ;
Séverine ATTIA, Pauline BETTEGNIES, Amal JAOUHAR, Caroline LE DUC, Bernadette
MIANTAMA, Sophie MINAULT, éducatrices spécialisées ;
Pascale BRUN, FLOUCH Fabienne, Laurence COURTIN, éducatrices de jeunes
enfants ;
Laetitia GOGOA, conseillère en économie sociale et familiale ;
Diarra CAMARA, Betty DEHAENE, agents dřaccompagnement petite enfance ;
Sylvie DAUMAIN, Christiane NADON, auxiliaires de puériculture.
1.
Structure socio-éducative ancienne et pour certains dépassée, le foyer maternel est
interrogé par diverses instances en responsabilité dans le secteur de lřaction sociale, de
la protection de lřenfance, maternelle, infantile, à partir dřun faisceau de questions
économique, sociale, structurelle, idéologique.
En réponse et préalable à son nouveau projet, les foyers maternels Le Bief et
Clairefontaine sont devenus Maisons dřAccompagnement Parents Enfants pour
anticiper les évolutions inéluctables de ses missions dans un contexte précis : mutations
protéiformes de la famille, fonctions parentales aussi diverses que les cultures le sont,
chronicité de la précarité pour une frange incompressible de la population, crise
économique et coupes dans les dépenses sociales, psychiatrie en perdition, migrants et
mineurs isolés en nombre, tout cela dans un contexte illisible de luttes picrocholines
entre département, Grand-Paris, région et état, dont on voit bien que les enjeux que
sont le logement, lřemploi, lřinsertion, lřéducation, la formation, la culture, le social et le
transport, sont relégués après la réponse à la question de qui se tiendra sur la feuille
supérieure des mille-feuilles, celui du logement, celui de lřemploi, lřinsertion, etc.
Pourquoi tant de technicités pour un public si jeune et en apparente bonne santé ? Ses
missions pour légales quřelles soient sont-elles si nécessaires ? Alors que les fillesmères ont disparu des écrans radar idéologiques, le dispositif est-il encore adapté à un
public et si oui lequel ? Ce public justement dont les ascendants pour beaucoup ont si
peu cotisé mérite-t-il le prix quřil coûte à une société exsangue ?
Parce quřil faut poser cette question sans détour : veut-on encore sřoccuper de ce public
tel quřil est devenu, non plus le produit de lřexode rural dominant jusque dans les
années 1980 mais en grande partie celui des migrations internationales ? Veut-on
sřoccuper de ces nourrissons-là, de ces bébés, de ces enfants, ces femmes enceintes,
ces mères, ces pères, de ces personnes-là telles quřelles sont ici et maintenant ?
Maisons d’Accompagnement Parents Enfants (MAPE)
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 236 -
En effet, nous le constatons, le nombre de demandes dřadmission a considérablement
diminué alors aucune statistique sur les mères isolées avec enfant de moins de trois
ans, mineures, jeunes majeures ou jeunes adultes, ne fait apparaitre une diminution
proportionnelle. Il arrive quřune procédure dřadmission parvienne à son terme, que la
famille désire sřinscrire dans ce projet et quřau dernier moment, le service de lřaide
sociale à lřenfance du département dřorigine lui signifie que son accueil ne sera pas
financé, le prix de journée de lřétablissement étant jugé trop élevé. On fait lřhypothèse
quřune partie du public du foyer maternel nřest plus orientée vers lui pour des raisons
financières.
Dans un discours politique, il est plus prudent dřinsinuer que les foyers maternels ne
sont pas adaptés à leur public que de dire clairement que lřéducation des enfants quřils
accueillent ne relève plus tout-à-fait de la loi nationale et de la protection de lřenfance.
En cette période de tangage, les femmes doivent savoir que le sauvetage sera pour les
plus rapides, et tant pis si elles courent moins vite avec un enfant dans les bras.
Dřailleurs, la nation exige des départements quřils les prennent en charge enceintes ou
déjà mères et isolées avec leurs enfants, mais quand le département dit quřil nřa plus
les moyens dřassumer la mission, ce qui est un fait, la nation qui ne donne rien regarde
pudiquement ailleurs.
Un foyer maternel nřest pas un hébergement. Même sřil est un refuge, un foyer, une
maison. Mais on nřest pas hébergé dans une maison, on lřhabite.
Au-delà, il y a la protection de lřenfance et lřéducation, précisément celle des femmes
enceintes, des nourrissons, des bébés, des enfants, et celles des femmes mineures ou
jeunes adultes aux prises avec le maternage en solitaire, en proie à une fréquente
détresse personnelle et la précarité déclinée sous les formes les plus rudes.
Pas quřun hébergement : cřest dans la restriction que se glisse le travail éducatif et
social et le mode dřaccompagnement proposé, que se justifient un projet
dřétablissement structurant et un plateau technique constitué dřéquipes
pluridisciplinaires avec des techniciens qualifiés de lřéducation spécialisée, de la petite
enfance, du paramédical, du suivi psychologique, de la pédopsychiatrie.
Aux MAPE et ailleurs, il est fréquent dřentendre de la bouche des professionnels que les
familles sont de plus en plus fragiles. Toujours plus, sans pour cela dater cette descente
dans les abysses de la complexité, sans effectuer de comparaison avec le public dřhier
déjà décrit comme « plus » que celui dřavant-hier. La difficulté résolue parait toujours
moindre que celle quřil faut encore résoudre mais il est intéressant de sřarrêter sur ce
public que nous accueillons.
Trois équipes éducatives des MAPE au foyer maternel Le Bief à Antony, une équipe de
crèche (lřEspace Petite Enfance), une équipe dřinternat (Service Internat Mère Enfant),
une équipe dřaccompagnement individualisé (Service Appartement Mère Enfant) ainsi
que les psychologues et les cadres attachés à ces services ont cherché à répondre à
une question simple : qui accueille-t-on dans un foyer maternel, quelles familles, mères
et enfants ont besoin de lui, de nous ?
2.
Les femmes accueillies alors quřelles ont entre 15 et 30 ans ont connu une ou plusieurs
de ces situations :
 parcours dřerrance ;
 ruptures familiales et sociales ;
 souffrances psycho sociales ;
 vécus traumatiques et ou de maltraitances parmi lesquels : négligence, carences
affectives, violence psychologique et ou physique, conflits parentaux massifs,
pathologie psychique des parents, abus sexuels, certaines non reconnues
comme victimes… ;
 parcours migratoires difficiles ;
Maisons d’Accompagnement Parents Enfants (MAPE)
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 237 -

parcours multi-institutionnels dans le cadre de la protection de lřenfance.
Un parcours dřerrance est fréquent et a provoqué un suivi de grossesse discontinu, une
trajectoire personnelle souvent méconnue des services demandeurs. Certaines jeunes
femmes sont arrivées seules en provenance de zones géographiques en proie à des
guerres pour rejoindre une famille, un parent. Mais les retrouvailles ne se sont pas
passées comme espérées et nombre dřentre elles ont été mal intégrées et rejetées,
parfois utilisées comme esclaves, finalement abandonnées.
Leurs parents ont souvent eux-mêmes été fragilisés et nřont pas toujours incarné des
figures parentales stables. Dřautres jeunes femmes ont été confrontées à leur perte
quand elles étaient en bas-âge. Dans un contexte de misère et de souffrance en
héritage, de transmission dřexclusion sous des formes diverses, ces situations
traumatiques ont perturbé lřévolution psychologique de lřenfant, adolescente ou jeune
adulte quřelle est encore ou va devenir.
Lřinteraction entre lřenvironnement et la construction psychologique personnelle relève
dřune évidence sans quřelle soit pour autant mécanique. Quand lřaccueil dans le foyer
maternel est venu combler les besoins premiers et quřun processus de réassurance
sřest initié, les vécus douloureux se traduisent souvent par une réaction dřintolérance à
la frustration.
Les phénomènes vécus avant la grossesse ne disparaissent pas par lřenchantement de
la maternité et il nřest pas rare que le décrochage scolaire antérieur se reproduise, que
des comportements addictifs ou des mises en danger réapparaissent.
Lřaccompagnement éducatif doit composer avec ces fragilités alors quřil a pour objectif
de soutenir ces jeunes femmes et mères dans un processus de socialisation, dřinsertion
scolaire, professionnelle, culturelle, de les éduquer en général et en particulier, à
éduquer leurs enfants.
Les équipes éducatives expriment souvent que les jeunes femmes accueillies ont un
rapport au temps différent, quřelles réclament une réaction immédiate pour la
satisfaction de leurs désirs. Mais est-ce si différent dřun comportement adolescent ou
même dřadulte dans une société sommée de résoudre le moindre problème dès quřil est
posé ? Et a contrario, cřest le peu de désir ou lřinexistence de désir qui peut entraver la
nécessité dřanticiper et de se projeter.
Lřaccompagnement éducatif doit composer avec lřun ou plusieurs de ces paramètres :
 un besoin de relation singulière et parfois dřexclusivité ;
 une autonomie difficile à atteindre dans un contexte de fortes contraintes :
contraintes personnelles (insertion avec plus ou moins de complexités
administratives liées à la nationalité), contrainte maternelle alors que la jeune
femme est souvent seule à assumer la responsabilité de lřenfant ;
 une temporalité accélérée : la jeune femme très tôt dans la vie doit initier un
projet social en tant que personne responsable en charge dřenfant ;
 une nécessité dřaccompagnement pluridisciplinaire : social, médical,
psychologique, éducatif, pédopsychiatrique ;
 un soutien matériel et psychique quotidien ;
 une perte de confiance alors que les adultes ont souvent failli autour dřelles ;
 une gestion douloureuse des émotions, en particulier chez les plus jeunes.
Les jeunes femmes sont passées par les étapes délicates de la
grossesse et de la naissance de lřenfant, état qui accentue des
fragilités initiales sřil y en avait.
Grossesse puis naissance sont une période de mutation qui
nécessite des capacités de réorganisation et dřadaptation
interpersonnelles
et
intrapsychiques
(J.B
DETHIEUX,
psychanalyste). Le travail thérapeutique pour les femmes enceintes
Maisons d’Accompagnement Parents Enfants (MAPE)
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 238 -
dans un contexte de grossesse à risques, de découverte tardive
voire de déni est un levier de prévention alors quřil faut anticiper les
projections négatives dont lřenfant peut être lřobjet. La grossesse et
le post-partum (6 semaines, de lřaccouchement jusquřau retour de
couches) constituent une période à risque psychologique et
psychiatrique imposant une stricte surveillance, lřétat psychologique
de la femme pouvant être perturbé par la survenue dès le troisième
jour après l'accouchement d'un syndrome dépressif.
Sur les expériences traumatiques de lřexclusion et de lřextrême dépendance quřelles ont
pu vivre, elles ne sřexpriment pas ou très peu. Paradoxalement, la maternité peut
donner un statut et favoriser un accès aux soins, les jeunes femmes arrivées enceintes
ayant rencontré des professionnels dans le cadre de leur suivi de grossesse. La
rencontre avec un psychologue de lřétablissement leur permet de penser à partir de
lřarrivée de lřenfant, leur propre place dans leur filiation et dans une histoire quřelles vont
pouvoir réécrire.
3.
Par lřexpérience quotidienne des équipes éducatives, paramédicales, médicales, de
suivi psychologique, il est vérifié que lřhistoire de lřenfant commence bien avant sa
naissance et quřen fonction du parcours éventuellement traumatique des mères avant et
pendant la grossesse, un accompagnement suffisamment étayé est primordial pour
repérer si des troubles nřont pas atteint le bébé.
En 2015, sur 21 familles admises au foyer maternel Le Bief (ce qui correspond au tiers
des enfants accueillis aux MAPE), 5 femmes étaient enceintes, 9 sont arrivées avec un
nourrisson. Dans la crèche collective sur 12 berceaux, 6 étaient destinés à des
nourrissons.
Certains signes de souffrance psychique sont précoces chez ces bébés. Tous ne sont
pas concernés par ces items et heureusement, lřobservation de développements
harmonieux à partir de conditions défavorables pourrait faire lřobjet dřun travail
dřanalyse sur les étonnantes ressources psychiques de ces mères et de leurs enfants.
Mais la présence de symptômes fréquents listés ci-dessous caractérise une fraction
importante des bébés nés dans les conditions dřinsécurité. Leur énumération est en
même temps celle des points de vigilance que les professionnels observent et en creux,
elle dessine leur espace dřintervention.
 Développement moteur
Certains bébés sont hypertendus avec une précocité dans certaines acquisitions par
rapport à leurs compétences réelles, entraînant des mises en danger physiques et la
nécessité dřune vigilance importante. A contrario, dřautres sont hypotoniques et
montrent les signes dřun retard de développement impliquant lřattention stimulante des
professionnels.
 Développement affectif
Lřexpérience de la solitude peut être source dřangoisses primitives intenses et aussi
dřangoisse de séparation, associée à une recherche de corps à corps et de contenance
dans une demande de proximité exclusive avec lřadulte.
 Expression psychosomatique
Les maladies de la sphère ORL, les régurgitations, lřeczéma sont des voies somatiques
prédominantes. Ce registre réclame une attention préventive aux soins quotidiens et
Maisons d’Accompagnement Parents Enfants (MAPE)
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 239 -
suivis médicaux, attention décuplée quand la préoccupation maternelle est inadaptée
(excessive ou absente) quant aux besoins réels de lřenfant.
 Sommeil
Il arrive que lřaccompagnement à lřendormissement dure plus longtemps que la sieste
elle-même. Lřenfant éprouve le besoin dřêtre bercé, contenu, accompagné
physiquement et psychiquement par lřadulte. Son sommeil souvent léger et
perturbé traduit le maintien dřune hyper vigilance et le besoin de rester en lien.
 Alimentation
Certains bébés sont surnutris en raison dřune alimentation à la demande
systématiquement satisfaite, ce qui complique lřinstallation dřun rythme alimentaire
régulier. Même lorsque l'enfant grandit, il continue à réclamer à la vue de la nourriture.
Lřharmonisation entre les habitudes alimentaires sur le lieu dřaccueil en journée
(assistante maternelle ou crèche) et les habitudes alimentaires maternelles contraint
lřenfant à sřadapter aux décalages.
Ont été repérées des situations paradoxales dřintroduction précoce de la diversification
alimentaire et du maintien simultané dřun allaitement « à la demande », comme pour un
nouveau-né.
 Jeu
Tous les enfants nřutilisent pas le jeu spontanément et nřont pas une appétence
suffisante pour lřexploration de soi et de lřenvironnement. Cela est compensé par le
travail des professionnelles pour emmener les enfants vers le monde extérieur.
 Interactions parent/enfant
Lřobservation précoce des liens parent/enfant fait ressortir certaines difficultés
dřaccordage avec les besoins primaires de lřenfant, qui peuvent perdurer et générer un
attachement incertain.
 Portage physique et psychique
La communication et les échanges sont parfois mécaniques dans les soins et
lřallaitement. Dans les bras maternels, le portage peut être inconfortable et susciter une
proposition de réajustement de la part du professionnel. Au contraire, lŘenfant peut
manquer de contact avec les bras de sa mère quand elle privilégie trop un portage en
siège coque.
 Accordage fluctuant
Le décodage de la faim de lřenfant nřest pas toujours juste : les cris ou les pleurs de
lřenfant sont trop souvent interprétés par leur mère comme un besoin de téter ou de
manger.
Il y a un décalage entre ce que perçoivent les mères des besoins primaires de leur
enfant et la réalité de ces besoins ; ce décalage est visible par exemple dans le choix
des vêtements trop grands ou trop petits, la fréquence inadaptée dans les soins
corporels ou médicaux.
 Communication ludique et verbale
Quand elle est préoccupée par elle-même, la mère ne parvient pas à se centrer sur son
enfant et à percevoir la nécessité de lřemmener progressivement vers lřextérieur par la
médiation du jeu et du langage.
 Discontinuité du lien
Les variations dans la relation maternelle sont surveillées. Il faut aider au réglage de la
distance affective entre lřenfant et sa mère, qui peut alterner présence et absence,
rapprochés absorbants et mouvements dřéloignement rejetant, la mère pouvant être
« excessivement aimante » et/ou « insuffisamment bonne ».

Présence du père
Maisons d’Accompagnement Parents Enfants (MAPE)
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 240 -
La démarche du père dřaccompagner son enfant à la crèche ou chez lřassistante
maternelle est dépendante de son investissement dans le projet parental, de la relation
avec la mère dřune part et lřinstitution dřautre part. Le fait quřil ne soit pas présent dans
lřinstitution même sřil y est bienvenu ne signifie pas quřil ne se préoccupe pas de son
enfant ; il peut le faire en ville, chez lui ou chez ses parents. Au foyer maternel, sa
présence est troublante dans un milieu par essence féminisé, dřautant que le personnel
éducatif est quasi exclusivement féminin. La proportion des pères ayant reconnu leur
enfant et qui se manifestent régulièrement auprès de leur enfant dans ce cadre-là est
relativement faible. Leur présence est souvent sporadique même si certains se révèlent
extrêmement assidus.
 Le rôle du tiers
Le contexte dřisolement social de ces familles complique la mise en place de relais
positifs pour lřenfant : pères et familles élargies ne parviennent pas toujours à faire tiers.
Lřaccueil du bébé à lřEspace Petite Enfance ou par une assistante maternelle favorise
lřacquisition dřune certaine rythmicité qui rend possible une meilleure intégration du
corps. Lřintériorisation progressive de cette continuité d'existence rend lřenfant
disponible à lřacquisition des compétences conformes au développement attendu à son
âge et favorise sa croissance psychique.
4.
Etablissement socio-éducatif et non médico-social, le foyer maternel nřen est pas moins
un espace thérapeutique, que ce soit par lřaccueil en internat où tout est ordonné pour
que la vie collective permette la rencontre entre les professionnels, les mères et leurs
enfants, que ce soit par lřaccueil individualisé où lřaccompagnement intégrant des temps
collectifs doit compenser la solitude de la famille monoparentale.
Avec ces familles, quand elles sont carencées sur les plans affectif et éducatif, la
relation à lřenfant peut se construire sur un mode narcissique et indifférencié ; la mère
surinvestit lřéquipe éducative dans lřattente de conseils et dřétayage ou en rejetant le
soutien proposé.
Nos moyens dřaction sřappuient sur nos compétences internes et sur lřexpertise de
lřéquipe de PPUMMA27. Ce service de pédopsychiatrie de lřhôpital Erasme à Antony
avec lequel les MAPE ont signé une convention a un rôle dřévaluation et dřorientation.
Le travail partenarial avec le centre thérapeutique mère-enfant lřAubier et le Centre
Médico Psychologique renforce la veille interne sur le soin effectué dans
lřétablissement, étayée par lřaction quotidienne des équipes éducatives et lřaccueil
contenant par la crèche ou les assistantes maternelles.
Les pratiques professionnelles sřorientent vers la prévention précoce et le soutien des
parents dans lřaccès à une démarche de soins psychologiques. Dřautant que dans un
contexte de périnatalité liée à la précarité, lřexclusion sociale, la rupture familiale, la
perte de repères et dřétayages culturels, lřinexpérience, lřerrance, la peur parfois
ambivalente que lřenfant ne soit placé,… plusieurs facteurs de vulnérabilité
psychologiques sont réunis et des troubles chez la mère peuvent avoir un impact sur la
santé mentale de lřenfant.
Si le soin psychique des jeunes femmes qui rencontrent spontanément le psychologue
de lřétablissement est initié avant quřelles ne soient orientées si besoin vers des
dispositifs idoines, un autre type de travail rythmé de vagues contraires encourage
lřémergence dřune demande dřaide chez celles qui sont encore loin de pouvoir se saisir
dřun espace extérieur à lřinstitution. La psychologue reçoit cette parole de la jeune mère
27
PPUMMA : Unité mobile d’urgence de psychiatrie périnatale en maternité (Hôpital Erasme).
Convention signée en novembre 2014.
Maisons d’Accompagnement Parents Enfants (MAPE)
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 241 -
qui a un besoin manifeste dřêtre écoutée pour faire lřexpérience du regard porté sur soi,
commencer à se penser et penser son enfant.
Le personnel du foyer maternel est en première ligne face à ces problématiques. Cřest
pourquoi, une fois composé le plateau technique de professionnels qualifiés, la
formation permanente est nécessaire pour actualiser les capacités de repérage des
facteurs de vulnérabilité et des indicateurs de troubles psychiques, pour orienter la
dyade mères-bébés au plus près de ses besoins et lřaccompagner dans ses
démarches. Outre de formation, ils doivent bénéficier dřanalyse des pratiques pour les
soutenir autant professionnellement que personnellement.
5.
Ce public tel quřil a été décrit est-il « plus » ou « moins » quřavant ? Cet instantané est
une réponse suffisante pour déterminer des besoins qui justifient lřattention quřun
ensemble cohérent de professionnels lui accorde.
Les MAPE accueillent les familles selon deux modes, collectif et individualisé. Lřaccueil
collectif est parfois jugé inadapté parce que sřy expriment les difficultés liées
précisément au fait que plusieurs personnes vivent ensemble. Mais le vécu de ce
quotidien partagé est un symptôme fondamental qui en fait émerger dřautres moins
apparents, et dans une certaine mesure, le foyer collectif est le lieu pour les constater et
les traiter.
Interroger lřinstitution foyer maternel en tant quřelle est perfectible est la moindre des
choses mais il semble que cette critique masque une forme de rejet de son public, en
refusant de considérer lřampleur des souffrances quřil connait, en le délaissant
partiellement.
Non seulement le public existe mais la structure est adaptée pour accueillir ses
difficultés et les aider.
Ce travail a un coût, les professionnels sont rémunérés en fonction dřune qualification Ŕ
qui peut sřen étonner ? - et le prix de journée de lřétablissement élevé sans être excessif
pour un accueil familial, une femme, un enfant, reflète le niveau de la prestation. Ce prix
de journée, qui est celui du danger dans lequel évoluent ces familles et du risque pour le
développement du bébé, est aussi lřinvestissement éducatif dřune société dans lřavenir
de ces enfants, de ces adolescentes, de ces jeunes adultes.
Baisser le prix de journée est notre ambition de gestionnaire, toutes les économies sont
souhaitables. Nous y travaillons. Mais il ne faudrait pas y laisser ce qui nous permet de
répondre au problème qui nous est posé par ceux que nous accueillons et partant du
principe que supprimer les soins et les soignants nřa jamais supprimé la maladie et le
malade.
A ce moment-là de leurs vies, les femmes et les enfants que nous accueillons nřont pas
besoin dřun hébergement, dřun espace clos pour se débattre seuls avec leurs
souffrances : quelle instance sociale serait le réceptacle de toutes leurs douleurs ?
Quelle instance thérapeutique en partagerait le poids pour soulager ces nourrissons,
ces bébés, ces enfants, ces jeunes femmes ? Quelle instance éducative se chargerait
de préparer avec eux leur avenir ?
Ces familles ont besoin dřaccueil dans un lieu individualisé ou collectif, habité par des
professionnels engagés, formés et compétents : appelons cela un foyer maternel ou
parental, une maison où des parents et des enfants peuvent être accompagnés
quotidiennement.
Maisons d’Accompagnement Parents Enfants (MAPE)
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 242 -
Bilan express 2015
1.
Activité
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Demandes dřadmission : 200 dont 36 mineures
Activité réalisée : 98,39 %
Résultat comptable en équilibre (léger excédent)
Arrivées de nouvelles familles : 34
Accueils de femmes enceintes : 5
Durée moyenne dřaccueil des familles : 15 mois
Départs de familles : 35
Séparations mère/enfants : 5
Passages dřun service dřaccueil collectif vers un accueil individualisé : 2
Séjours de vacances organisés par les équipes éducatives : 5, 26 journées, 20
mères, 20 enfants
Week-end organisé par une équipe éducative : 1, 3 journées, 9 jeunes femmes
Séjours de vacances en familles dřaccueil : 17 familles (2 semaines en
moyenne)
Réunions de jeunes femmes avec lřencadrement éducatif : 53, pour 5 lieux
dřaccueil
Pères rencontrés au moins une fois par un chef de service éducatif : 20
2.
Conditions d’accueil des familles
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
Fontenay-aux-Roses. 23 rue Boris Vildé
Réfection totale du sol souple extérieur et finalisation des barrières.
Antony. 4 rue du moulin.
Création dřun second dortoir et dřune pièce dřeau dans lřEspace Petite Enfance
(crèche collective), réfection de lřéclairage de la salle de réunion, réfection du
local-poussettes, changement des fenêtres de lřinternat (toutes les fenêtres des
chambres sont neuves), 5 arbres plantés dans le jardin (un érable, un gynkgo
biloba, un cèdre, un cerisier du Japon, un saule pleureur).
Antony. Appartements
Fin du programme de 4 ans pour lřaménagement des 15 pièces de vie dans tous
les appartements du Service dřAccompagnement Mère Enfant (SAME).
3.
Organisation/social

An 01 des MAPE.
Fusion des foyers maternels Le Bief et Clairefontaine. Création des Maisons
dřAccompagnement Parents Enfants, les MAPE le 1er janvier 2015.
Instances représentatives.
Création dřun comité dřentreprise unique, dřun Comité dřHygiène de Sécurité et
des Conditions de Travail, CHSCT unique. Conception avec les élus du CHSCT
du DUERP, Document Unique dřEvaluation de Risques Professionnels des
MAPE.
Médecine du travail.
Regroupement des salariés travaillant à Antony et Fontenay-aux-Roses sur le
même centre de médecine du travail.
Entretiens professionnels de formation.
Réalisation de 47 entretiens professionnels par lřéquipe des cadres.
Horaires de travail.
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Maisons d’Accompagnement Parents Enfants (MAPE)
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 243 -
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Réorganisation du travail et des horaires et de la prise du repas pour les
professionnels de lřEspace Petite Enfance à Antony.
Fiches de poste d’établissement.
Finalisation des fiches de poste complémentaires aux fiches associatives pour
les maitresses de maison et les agents dřentretien. Fin 2015, 9 fiches de poste
finalisées concernent 15 professionnels. 13 fiches de poste pour 30
professionnels sont en cours dřélaboration.
Memento ADministratif (MAD).
Pendant la mise en place des MAPE, a été conçu le mémento administratif qui
décrit lřorganisation du travail et la répartition des tâches entre les personnels,
lřensemble des procédures en vigueur dans lřétablissement ainsi que les
délégations autorisant les engagements de dépenses (finalisation : février 2016).
Salaires des EJE.
Revalorisation salariale des éducateurs de jeunes enfants par application de
lřavenant 333 du 4 mars 2015 (CC 66). Les EJE sont dorénavant rémunérés
comme les éducateurs spécialisés.
Stagiaires.
8 stagiaires ont commencé un stage aux MAPE en 2015 (3 autres avaient
commencé en 2014) : 2 CAFERUIS, 3 EJE, 2 ES, 1 AP.
4.
Ouverture et vie institutionnelle

Journée portes ouvertes des MAPE.
50 visiteurs extérieurs à lřAVVEJ, représentant 3 hôpitaux dont un hôpital
Mère/Enfant, 4 EDAS, 2 STASE, 1 service CAF, 1 service UDAF, 2 foyers
maternels, 2 services de PMI, 5 établissements de protection de lřenfance, 1
CMP, 1 service dřAEMO /AED, très majoritairement des Hauts-de-Seine. 15
visiteurs de lřassociation AVVEJ. Présence de Mme BELLEE-VAN-THONG,
directrice de la DEFJ (Direction Enfance Famille Jeunesse) des Hauts-de-Seine,
de M. HOLLIER-LAROUSSE, président de lřAVVEJ et M. RAGUIDEAU,
directeur général.
« Lettres de voyage ».
Exposition de Rencontre 93 (établissement AVVEJ à Saint-Denis) dans les
locaux de Fontenay-aux-Roses de mai à août 2015.
« A ta rencontre ».
Exposition du SIAOE 93 dans les locaux de Fontenay de novembre 2015 à mars
2016.
« Tandem en scène »
Le tandem : une jeune femme et un enfant. La scène : un moment de partage
entre lřenfant, sa mère, deux éducatrices de jeunes enfants. La toile se couvre
de peinture, marqueurs, gommettes, paillettes... Une exposition réalisée par les
enfants et leurs mères accueillies aux MAPE, Service dřAccompagnement
Individualisé.
Formations collectives.
« Cultures, migrations et société : du culturel à lřéducatif et au thérapeutique en
maternité » par Isam IDRIS, cothérapeute à la consultation de psychiatrie
transculturelle du Pr M-R Moro au CHU Avicenne (Bobigny). Formation ouverte
à dřautres professionnels de lřAVVEJ.
Séminaire AVVEJ.
Participation de 15 professionnels des MAPE au séminaire AVVEJ 2015.
Groupe musical et de danse : Voyoux Voyelles
Invitation et prestation bénévole de ce groupe à lřoccasion de la fête dřété à
Fontenay-aux-Roses.
3 Réunions institutionnelles
Réunion de rentrée en septembre, réunion sur le projet dřétablissement des
MAPE (février), réunion sur le suivi psychologique et médical avec intervention
de lřéquipe de PPUMMA (mars).
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Maisons d’Accompagnement Parents Enfants (MAPE)
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 244 5.
Outils, formation
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PPUMMA. Unité de Psychiatrie Périnatale d'Urgence Mobile en Maternité
Après la signature de la convention, le travail conjoint a été initié en novembre
2014. La première année de fonctionnement complète est très concluante. La
convention permet
- aux familles que nous accueillons une évaluation de leur situation et une
possibilité dřorientation vers des soutiens pérennes en pédopsychiatrie,
- aux équipes éducatives et aux psychologues, un étayage nécessaire à la
complexité des situations auxquelles ils sont confrontés.
Les objectifs 2016 :
- Etoffer le partenariat avec les autres partenaires du territoire, notamment en ce
qui concerne la prise en charge des mères.
- Aller vers une plus grande homogénéisation de lřadressage entre les deux
sites.
Assistante sociale.
Recrutement dřune assistante sociale à mi-temps pour renforcer les objectifs
dřinsertion des MAPE. Cřest la première fois quřun poste dřAS est occupé dans
les foyers maternels de lřAVVEJ. La charte du SIAO a été signée.
Création de groupes d’analyse des pratiques pour les équipes de crèches, EPE
et EMA.
Les professionnels, éducatrices de jeunes enfants, auxiliaires de puériculture et
agents dřaccompagnement intervenant dans les crèches collectives bénéficient
pour la première fois dřun espace de parole dédié.
Toutes les équipes éducatives des MAPE bénéficient dřun temps de travail
similaire.
1e journée de la petite enfance en accueil individualisé.
Les assistantes maternelles accueillent en journée 38 enfants dans trois villes :
Antony, Colombes et Fontenay-aux-Roses. Elles sont en liens réguliers avec les
éducatrices de jeunes enfants des services dřaccompagnement individualisé.
Cette journée de formation animée par M. MAUVAIS formateur au Copes est la
première et sera institutionnalisée.
Formation des surveillants de nuit.
Les surveillants de nuit participent à un groupe de travail trimestriel pour parler
de leur pratique et élaborer une fiche de poste.
Charte des écrits professionnels.
Ecriture collective de la première édition de la charte, usuel à destination des 40
professionnels concernés par lřécriture, la correction, la validation, la mise en
forme jusquřà lřarchivage des rapports de situation.
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Maisons d’Accompagnement Parents Enfants (MAPE)
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 245 -
SERVICE D'ACCUEIL D'URGENCE AVVEJ "SAU 92"
CONTACT :
ACCES :
45 Rue Labouret
92700 COLOMBES
Tél. permanence éducative :
01 47 81 94 83 - 01 47 81 60 45
Tél. secrétariat : 01 47 81 60 15
Télécopie : 01 47 86 33 73
[email protected]
SNCF :
- Paris Gare St LAZARE - direction
Ermont Eaubonne - station
Colombes ;
RATP :
- Bus 304 Nanterre-AsnièresGennevilliers Les Courtilles (M13) ;
- Bus 166 Pte Clignancourt (M4)-Gare
Gennevilliers (RER C), Les Courtilles
(M13)-Gare de Colombes ;
- Bus 167 Nanterre-ville (RER A)-Pont
de Levallois (M3)
Descendre à « Vieille Eglise »,
ACCUEIL
26 Pré-adolescents et adolescents de 12 à 17 ans révolus des deux sexes 24H/24H, 365J/365J
Accueil collectif dit « SERVICE INTÉRIEUR » : 9 places, (5 filles, 4 garçons)
Accueil individualisé en familles agrées (RP et province) dit « SERVICE EXTÉRIEUR » : 17
places
MISSIONS
1. Missions dřaccueil et dřintégration à la vie commune dřun adolescent en rupture de liens
familiaux et institutionnels,
2. Missions dřinvestigation, dřanalyse et de compréhension de la personnalité du jeune
(ressources et difficultés propres), des apprentissages effectués (moraux, intellectuels,
physiques), de sa situation scolaire, familiale et sociale.
3. Mission dřorientation théorique et physique qui leur permettra de rester et de cultiver
dans le réel les liens « concrets », quřils soient familiaux, sociaux, institutionnels.
Le S.A.U 92 répond en priorité à toutes les demandes à caractère d'urgence, présentées par
l'Aide Sociale à l'Enfance, les Juges et le Parquet du département des Hauts-de-Seine, et ce
dans la mesure des places disponibles, mais nřest pas sectorisé.
AGRÉMENTS – HABILITATIONS
Aide Sociale à l'Enfance : 12 -17 ans révolus
Habilitation Justice : 12-21 ans (primo délinquants & jeunes auteurs de violences intra familiales)
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 246 STRUCTURE
Directrice : L.ROUBINET Ŕ Chefs de service (2 ETP) : P.BASSE & P.DORANLO - Pédopsychiatre
(0,57ETP) : Dr. C.PERROT-GALLIEN - Psychologue (0,5ETP) Ŕ Responsable plate forme scolaire
(1 ETP) - Econome (1ETP) - Assistante de direction (1ETP) Ŕ Comptable (1ETP) - Educateurs
Spécialisés (12ETP) - ASFAMS agréés (17) - Cuisinière (1ETP) - 2 Agents d'entretien : {ménage
(0,5ETP), entretien global (0,75)}.
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 247 -
SAU 92
« Le chef-d’œuvre d’une société libre c’est de savoir combiner la
critique vive des opinions qui semblent fausses avec le respect des
personnes. […] C’est la seule perspective raisonnable et désirable pour
la vie européenne. »
28
Pierre Manent, Situation de la France
Les enfants du chaos… institutionnel29
Laurence ROUBINET, Directrice
2015 : Année de la perplexité et du désarroi. « Situation inédite », selon Pierre Manent.
« Complexité mouvante de plus en plus complexe, et de plus en plus mouvante », selon
Pierre Hassner30. Défi pour lřintelligence. Année de vives émotions suscitées par
lřévènement cruel, à plusieurs reprises (7 janvier, 13 novembre), et « chez nous » ; qui
nous oblige à nous interroger sur des logiques sociales à lřœuvre et le destin de
jeunes, jeunes pourtant « bien de chez nous » qui se retournent contre nous dřune
façon implacable, mettant en lumière colère, désarroi et désespoir, mais aussi la
défaillance de leur intégration sociale, mais, avant eux, souvent, celle de leurs parents.
2015 : Atmosphère dřépoque aux nombreux symptômes de radicalités idéologiques
(religieuse, laïque, économico-libérale), avec les rivalités qui en découlent. Peurs
multiples et multiformes, et soupçons exacerbés. Tensions aigües et menaçantes.
Déchainement des passions.
2015 : Monde à la fois hétérogène et interconnecté, dans lequel images, évènements,
informations, inondent les écrans et les ondes, mais obscurcissent plus quřils nřéclairent
notre vision.
2015 : Basculement, dérégulation et dérèglement de lřinstrument institutionnel ;
faiblesse de son environnement.
2015 : Exigences contradictoires à concilier. « Nous devons prendre conscience du
caractère insuffisant, partiellement trompeur ou dépassé de nos schémas » dit encore
Pierre Hassner. « Nous devrons élaborer des instruments […] inédits », dit encore
Pierre Manent, et « ne pouvons pas nous satisfaire de diriger notre regard vers le passé
qui ne veut pas passer ou le futur qui ne veut pas advenir mais devons essayer de le
garder fixé sur le présent, et nous donner pour tâche de mieux voir ce que nous
voyons », précise-t-il.
2015 : Quand on a choisi la fonction de direction, il nous appartient de faire face ; et
cette année plus que jamais, faire face à lřimprévisible, au désordre, à la fin des
certitudes, faire face dans un « système qui rend fou »31, cette inflation paradoxale
galopante que Vincent de Gaulejac nomme « Le capitalisme paradoxant »32. Donc, il
nous faut pouvoir nous orienter et tenir le cap, ne pas nous laisser emporter par les
émotions et les passions, par nos préjugés ; il nous faut pouvoir donner une orientation
28
29
Pierre Manent, Situation de la France, éd. Desclée de Brouwer, oct. 2015, p..22
Titre inspiré de l’essai d’Alain Bertho, Les enfants du chaos, Essai sur le temps des martyrs, éd. La Découverte,
janv.2016
30
Pierre Hassner, la revanche des passions, métamorphoses de la violence et crises du politique
31
Vincent de Gaulejac & Fabienne Hanique, Le capitalisme paradoxant, un système qui rend fou, Seuil, économie
humaine, avril 2015
32
Le capitalisme paradoxant : « Nouvelle raison du monde », « norme d’existence sociale qui préside aux politiques publiques,
commande les relations économiques mondiales, transforme les rapports sociaux, remodèle la subjectivité », p.11
SAU 92
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 248 -
au collectif que nous dirigeons, et donc rassembler, et donc instaurer la confiance
fondée sur une identité commune, et donc délibérer, et donc aussi porter une parole ; et
donc, oui, il nous faut faire cet effort permanent et toujours renouvelé de mieux voir ce
que nous voyons ; il nous faut faire lřeffort permanent et toujours renouvelé de la
médiation, de lřarbitrage et de la synthèse, comme le soutient encore Pierre Hassner, et
donc celui « dřadmettre les incompatibles », comme le dit La Bruyère. Nous sommes
effectivement amenés, si ce nřest à concilier les contraires, du moins, comme le dit
encore une fois Pierre Hassner, à « gérer leur coexistence et limiter leurs conflits,
concilier la liberté des individus et leur coexistence, leur rivalité et leur coopération, le
respect des règles communes et la résistance à lřarbitraire »33.
2015 : Et donc, « voir ce que nous voyons ! ». Alors, je continuerai à « écrire sans ordre,
mais non point peut-être dans une confusion sans dessein », pour reprendre une
formulation de Pascal.
Signes peut-être, probablement, dřun profond désespoir des temps … Quels sont-ils ?
En cette année 2015, nous avons été confrontés :
• à lřinscription de nouveaux paramètres dans nos grilles de lecture avec la
désignation de nouveaux dangers, dont lřembrigadement des jeunes au Djihad ;
• à lřéviction orchestrée des jeunes mineurs isolés hors de nos établissements ;
• à lřéviction sournoise mais définitive de jeunes de 12, 13 ans hors du système
dřéducation nationale, jeunes qui se trouvent livrés à eux-mêmes ;
• à lřemballement du système « économico-technologico-technocratico
administrativo-politico-financier » des nouvelles politiques publiques (la NGP,
nouvelle gestion publique), politiques au service de la valeur commune de
lřEurope dite « économie sociale de marché »34, et orchestrées par une « entité
bureaucratique purement rationnelle et totalement déshumanisée » ;
• au délaissement des jeunes primo-délinquants par la PJJ, mais aussi à
lřignorance de leurs troubles et souffrances par la psychiatrie ; à lřisolement de
leur famille ;
• à une concurrence ouverte et déloyale du secteur associatif, entraînant
notamment plusieurs démissions dřassistants familiaux à la même date ; à des
difficultés de recrutement, et à lřémergence dřarrêts de travail pour longues
maladies et accidents de travail chez ces professionnels.
• à une fluctuation des demandes de placements en urgence, oscillant entre
lřexcès et le manque ; à la vacuité et au trop-plein de lřétablissement ; à un flux
dřentrées/sorties dřenfants plus massif que ces dernières années mais, ô
paradoxe !, à une activité comptable de journées inférieure de 10%. Le SAU
enregistre donc pour la première fois, depuis sa création en 1972, un déficit de
journées (pour un taux exigé par les autorités de 98,69%), mais, ô paradoxe !,
enregistre un déficit financier de… 0,7%.
Ainsi, la cohésion sociale, et donc la protection de lřenfance, devient à son tour, après la
PJJ, une affaire de « gestion de la performance », une quête forcée de la performance
« visant à davantage dřefficacité de lřaction publique »35, mais « efficacité entendue
comme dépenser moins », ainsi que le souligne Éloi Laurent36. Lesquels critères
dřefficacité sont devenus si déterminants dans ce secteur que le souci de rendement
maximal finit par laminer et engloutir les principes directeurs qui les fondent. Ce
phénomène est-il si étonnant ? Est-il si étonnant en effet que les services publics dits
« non économiques » 37 dans le processus dřeuropéanisation en cours, qualifiés de
33
34
35
36
37
Pierre Hassner, La revanche des passions, Métamorphoses de la violence et crises du politique, Fayard, nov. 2015, P.334
Pierre Bauby, L’européanisation des services publics, éd. Presses de Sciences, Paris, p, 2011
Ibid.
Eloi Laurent, Nos mythologies économiques, éd. LLL, Les liens qui libèrent, fév.2016
Dans le processus d’européanisation les « services non économiques » (éducation nationale, santé, logement, et services sociaux
nommés SSIG) ne sont aujourd’hui définis ni libéralisations obligatoires, ni service universel, ni obligations de service public. Le corps
de règles dont relèvent ces activités reste flou, mais comme le confirme clairement le Traité de Lisbonne ces services « ne sont ni
soumis à une législation communautaire spécifique, ni aux règles du traité relatives au marché intérieur et à la concurrence », mais
SAU 92
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 249 -
« zone grise » par les acteurs (autorités publiques locales, opérateurs…) car sans
critères, sans objectifs définis par la Commission Juridique de lřUnion européenne, et
donc sans identité et entité propres, mais donc « fondés uniquement sur
des conjectures », soient aujourdřhui dans le processus de « déconstruction
compulsive » que voit Olivier Rey ?
En tout état de cause, à la vue du paysage dévasté offert par les institutions et services
dřintérêt public au service de lřEnfance38, en France, (Éducation nationale, Protection
judiciaire, Protection de lřenfance, Santé et notamment pédopsychiatrie) au vu de leur
essoufflement, de leur épuisement et de leur déliquescence ou destruction, le sentiment
amer et nauséeux dřOlivier Rey nous envahit, « sentiment que quelque chose est pourri
au royaume de la modernité ».
En effet, la tourmente que traverse actuellement la Protection de lřEnfance, après celle
de la justice pour mineurs, dévoile les ressorts dřune énorme machine déréglée par des
mesures purement économiques. Lřanalyse économique nřa pourtant, selon
lřéconomiste Éloi Laurent39, « ni la vocation ni les moyens de trancher ». Aujourdřhui cet
« impératif social économique », comme il le nomme, ordonne, arbitre, tranche
indistinctement et en dehors de tout bon sens et de toute raison, précise-t-il ; il ravale
toute initiative des acteurs sociaux de terrain et neutralise donc le propre de leur action.
La question Ŗcombien ça coûte ?ŗ, quand elle se substitue à une parole politique, est
toujours « faussement sérieuse », écrit-il encore. Il martèle que « sacrifier la
mutualisation des dépenses sociales sur lřautel de la compétitivité économique nřest ni
une obligation ni une fatalité financière ». Et de rappeler « le rôle primordial des
institutions sociales de régulations et de services publics dans la prospérité
occidentale », rôle qui ne peut donc, selon lui, être réduit à « un absolu mercantile qui
nřa jamais existé ». Et, affirmant quřil nřy a pas de vérité en économie, quřil nřy a que
des hypothèses en amont et des choix en aval, il rappelle enfin que cřest au politique de
trancher.
Du point de vue des praticiens que nous sommes, cřest pourtant cette question
« Combien ça coûte » qui semble conditionner en partie aujourdřhui les réorganisations
dřampleur de lřadministration de la Protection de lřenfance sur le territoire, et cette
même question conditionne le comportement de ses agents, tous échelons confondus.
Cet impératif40 projette agents publics comme privés dans des situations incohérentes,
contradictoires, et littéralement incompréhensibles. Il les précipite dans la confusion, le
tumulte et lřinsécurité, ce qui crée et renforce amertume, rancœurs, retranchements,
résistances passives, colère voire violences. En effet, si cet impératif règne désormais
dans les pratiques de tous les agents il conditionne leurs comportements. Cela se fait
sans égard pour les détails qui sont pour eux, et on le sait quand on est praticien, de
vrais signifiants sans lesquels ils ne peuvent mener à bien leur tâche). Cela se fait aussi
sans égard pour les agents eux-mêmes, chacun étant réduit, comme le dit Olivier Rey,
à « suivre le mouvement en y adhérant de moins en moins dans une désaffection
intérieure », et pour certains « à attendre la catastrophe comme seule à même de nous
obliger à changer »41 .
Dřautant que cet impératif répète de façon saisissante le commandement auquel la PJJ
a dû se plier, en 2011, sur le département, en se retirant en partie et en fermant sur le
territoire établissements et services cependant précieux et compétents, commandement
relèvent de la « méthode ouverte de coordination » ( OC) et font partie d’une « zone grise » car ni les critères, ni les objectifs ne
sont définis. Pierre Bauby, L’européanisation des services publics, éd. Presses de Sciences po, 2011
38
Services pourtant « non-économiques d’intérêt général », qui ne sont, selon le Traité de Lisbonne, « ni soumis à une législation
communautaire spécifique ni aux règles du traité relative au marché intérieur et à la concurrence », et qui laisse les Etats de leur
organisation et de leur gestion, selon Pierre Baudy, in L’européanisation des services publics, éd. Presses de Sciences po, sept. 2011,
p.142
39
40
Éloi Laurent, Nos mythologies économiques, éd. LLL, Les liens qui libèrent, France, fév.2016, pp.10-11
Par exemple, en 2015, commencent la chasse et hantise des prix de journées : les travailleurs sociaux ont le commandement de
ne plus orienter un enfant dans un établissement dont le prix de journée dépasse 169€.
41
Olivier Rey, Une question de taille, éd. Stock, Les essais, France, avril 2015.
SAU 92
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 250 -
dont les effets se sont faits cruellement ressentir cette année par les équipes de lřASE
(et du secteur associatif), puisque dorénavant ce sont elles qui sont en première ligne,
et seules42, et que la répétition de situations a dřautant plus monopolisé les énergies et
aiguisé les tensions quřun pan manquait à lřédifice. Le département est ainsi mis à
toutes les places, et en tant que Ŗchef de fileŗ il se voit annexer, au nom de la protection
de lřenfance, et sans information sur le terrain et donc sans réflexion, concertation ni
organisation, les services rendus jusquřalors par la PJJ : nous le verrons
particulièrement avec le texte suivant de Salomé Duquesnoy et Emilie Zinc sur les
accueils Parquet.
Le Département se voit aussi annexer une catégorie de jeunes dont le ministère de la
justice se décharge financièrement, mais qui relèvent ou relèveraient de lřordonnance
45 au vu des délits commis. A lřextrême limite cřest aux familles dřaccueil de lřASE,
quand ces jeunes ont justement poussé trop loin les limites du cadre institutionnel de
tous les établissements et services départementaux et associatifs (MECS lambda, si je
peux dire), à qui il est demandé de se substituer, comment dire ?, au Ŗdésertŗ, au
Ŗmanque dřintérêtŗ, aux Ŗimpossibilitésŗ de la PJJ. Sauf rarissimes exceptions, nous
constatons, tout au moins dans notre mission dřaccueil en urgence, lřabsence dřun suivi
éducatif PJJ, pourtant ordonné par le juge, des adolescents auteurs de délits, à partir du
moment où ils sont confiés à lřASE ou du fait quřils le soient. Cette absence est en tout
cas devenue chronique, tout comme est désormais chronique lřabsence de lits et de
suivis en pédopsychiatrie. Autant dire que les Asfams, comme dřailleurs les équipes de
lřASE, comme nous-mêmes, sommes réduits à lřimpuissance et entérinons de facto
lřabsence de limite et lřerrance de ces jeunes, si de tels partenaires ne jouent pas leur
rôle ou ne peuvent pas jouer leur rôle.
Ainsi, lřinstitution Aide Sociale à lřEnfance détient dorénavant le « monopole radical »43
de la protection de lřenfance. Ses agents ont tendance à compter exclusivement sur
leurs forces propres, mais la tension est si forte quřils ont aussi parfois tendance à se
mettre à toutes les places, quitte à usurper les compétences dřautrui, notamment celles
du juge, usant par exemple des contrats dřaccueil temporaires comme dřune
ordonnance de placement : cřest ce quřillustrera le texte de Patrice Doranlo. Ou alors,
dans la pratique, ces agents font fi des décisions judiciaires ou renoncent à judiciariser
une situation quand cela semble nécessaire, ce qui rend la tâche du SAU bien
difficultueuse et crée de nouvelles incohérences. Mais peut-on le leur reprocher?
Mais, comme lřinstitution judiciaire qui sřefface devant la question de certains mineurs,
comme « lřécole » qui croule dans un « système de prise en charge toujours plus
étendu et exclusif », la Protection de lřenfance, à son tour, est débordée. Ainsi ŕ et il
me semble adapté de reprendre presque intégralement la formulation dřOlivier Rey
décrivant ainsi lřécole : elle « se retrouve alors seule et, seule, se révèle
structurellement incapable d’assumer la tâche exorbitante qu’elle s’est arrogée ». Et on
pourrait ajouter « mais quřon lui a donnée ». Et Olivier Rey de poursuivre : « Aussi
gigantesque que lřinstitution devienne, elle est débordée. […] La vérité est quřelle croule
sous son monopole ». Et comme lřÉducation nationale, la Protection de lřEnfance croule
sous sa tâche. Et, comme lřécole vue par Philippe Meirieu44, elle nous apparaît à son
tour « un peu comme une montgolfière qui se dégonfle et sřeffondre ».
42
Ainsi, un juge a jugé bon d’inscrire sur une Ordonnance de placement provisoire d’un enfant que “étant donné le manque de place
à la PJJ”, il confiait le mineur à l’ASE. En état de cause, notre pratique nous amène à faire le constat suivant: Les adolescents ou
préadolescents auteurs de délits peuvent être aujourd’hui placés à l’ASE en tant que “victimes de leurs parents”. D’autres, reconnus en
tant que primo-délinquants, peuvent-être également placés à l’ASE sous l’art. 375, mais estimés par le service d’UEMO, désigné par
le juge, “pas suffisamment délinquants”, tant il dit être absorbé par les cas “plus graves”, pour qu’un suivi en complémentarité à celui
de l’ASE soit réalisé dans le réel.
43
Formulation empruntée à Ivan Illich, qui qualifiait de « monopole radical » la délégation éducative dévolue par l’État à l’Éducation
nationale. Une telle délégation, selon lui, destituait les familles de leurs facultés naturelles et essentielles : celle d’éduquer,. Olivier
Rey, Une question de taille, éd. Stock, Les essais, France, avril 2015
44
Philippe Meirieu, L’école a son maître, La Croix, 3 sept. 2010
SAU 92
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 251 -
Olivier Rey le rappelle : « Pour tout type de technique, dřactivité ou dřorganisation, il
existe un seuil au-delà duquel le développement devient contre-productif et nuit à la
situation quřil était censé améliorer. La règle concerne non seulement le niveau de
développement, mais aussi sa vitesse. […] Certains changements, favorables quand ils
sřeffectuent lentement, peuvent devenir destructeurs quand lřallure se fait trop
rapide. »45 Ainsi, dit-il, « Pour chaque animal il existe une taille adéquate, et une grande
variation de taille entraine un changement de forme », et il en va de même pour les
sociétés, les cultures, les institutions humaines ou les organisations que pour lřêtre
vivant. Et donc, face à « lřhypertrophie démentielle » des organisations qui sřempare de
nos sociétés qui ont perdu la mesure, la juste mesure, dit Olivier Rey, face à des
institutions dont les mécanismes sont le plus souvent grippés ou bloqués, comme le dit
Pierre Hassner, nous devrions en prendre de la graine, nous, associations. Ne cédons
donc pas aux chants des sirènes, et gardons la juste mesure.
Les praticiens du secteur social des services publics et privés ont donc cette année,
douloureusement éprouvé dans leurs sensibilités, leur corps et leur raison, lřapplication
des thèses néolibérales à la protection de lřenfance jusque-là quelque peu protégée.
Par ailleurs, ceux du secteur associatif ont vu apparaître, non sans amertume, une
concurrence sans foi ni loi. Mais notre profonde perplexité, et les tensions comme les
difficultés ne nous ont pas poussés au renoncement, au contraire. Et si « la compétition
est la condition même de la démocratie », comme le dit Pierre Hassner, nous avons
privilégié au SAU le micro-monde commun dans lequel nous œuvrons au quotidien,
« celui qui est formé par les paroles et les actions » de chacun de nous, selon la formule
de Pierre Manent. Et si habituellement une grande partie de notre collectif accorde
beaucoup à la psychologie individuelle (pour ne pas dire « tout ») et donc fort peu à la
réalité collective, pour encore reprendre lřexpression de Pierre Manent, le rapport a
cette année quasi instinctivement évolué : la réalité collective a pris une dimension
particulière dans lřesprit de tous, et si ce nřest encore toute sa dimension il a en tout cas
a pris corps, proportionnellement peut-être aux enjeux territoriaux, à leurs répercussions
sur notre établissement et sur la pratique de chacun.
Mais, alors que, en cette année et en notre for intérieur nous avions parfois tendance à
partager la vision apocalyptique dřOlivier Rey sur notre situation et sur nous-mêmes,
nous ne pouvons pas ne pas ne pas nous demander, comme Pierre Manent, « si la
modernisation qui semble si évidente et nécessaire est si évidente et si nécessaire que
nous le pensons ». Quels que furent les aléas, ce paysage de désolation et cette
atmosphère mortifère qui sřoffraient à nous, nous nřavons pas renoncé. Mais si nous
nřavons pas renoncé, et si nous avons pu encore et toujours mener notre action, et
encore et toujours comme nous le faisions, c'est-à-dire avec ardeur et bienveillance, et
donc avec confiance malgré les inquiétudes et dans le respect des personnes et de
notre collectif, cřest que nous pouvions toujours nous référer institutionnellement aux
principes fondateurs de notre association, et que nous pouvions concrètement nous y
référer et compter sur elle. Nous savons et sommes toujours convaincus que cette
action est nécessaire, tant pour la cohésion sociale et territoriale, présente et future, que
pour la vie civique, présente et future, du jeune adolescent que nous accueillons. Nous
avons ainsi toujours vivement incité chacune des « institutions-sœurs », protection de
lřenfance, justice, éducation nationale, santé, associations de protection de lřenfance, à
tenir leur rôle de leur place et conformément à leurs compétences. Mais, vu les
difficultés rencontrées et auxquelles elles sont elles-mêmes confrontées, nous avons
dû créer un nouvel axe de travail à tous les niveaux de lřorganisation du SAU. In fine,
cřest ainsi que nous avons cette année porté un soin tout particulier à rencontrer les
parents.
45
Olivier Rey, Une question de taille, éd. Stock, Les essais, France, avril 2015
SAU 92
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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Notre action fait partie intégrante dřune construction composée de cet ensemble
dřinstitutions œuvrant à lřintérêt de tous et au bien commun ; elle en dépend. Ce tissu
institutionnel continue à être actif dans le réel et mène une mission dřintérêt général,
quelle que soit aujourdřhui sa dénomination officielle, quřelle soit toujours ou non une
« zone grise » dans le projet européen et/ou comptée pour entité négligeable par ce qui
nous gouverne aujourdřhui. Défaillant, fortement attaqué et fragilisé, ce tissu qui
sřeffiloche de toute part nous permet encore, malgré tout, de mener nos actions en
complémentarité. Ces actions garantissent encore quřune majorité des enfants que
nous avons en charge soient en lien avec le milieu social que nous représentons, et
bénéficient du soutien nécessaire pour espérer encore en cet environnement et en
lřhomme social que nous représentons, concrètement, à leur niveau.
Car si les paradigmes de notre profession ont changé, et si nous savons bien que,
comme le dit Olivier Rey, la meilleure façon dřhonorer le réel nřest pas de le peindre en
rose mais de le voir tel quřil est, il nřen demeure pas moins que nous avons toujours en
charge des enfants-adolescents qui ont besoin, eux, que nous poursuivions notre
approche collective propre, pour tenter dřopérer cette rencontre qui fera sens pour eux ;
et tenter de reconstruire un lien, et reconstruire avec eux des récits où, comme le dit
Éloi Laurent, « la raison et le rêve, sur un pied dřégalité, se nourrissent mutuellement
pour donner sens à leur existence ». Nous savons ce que nous mobilisons de notre être
et déployons dřénergie, simplement pour tenter de mener nos missions dans le temps
qui nous est imparti, c'est-à-dire quatre mois, et dans un espace auquel nous nous
efforçons de maintenir forme et vie commune : Missions au nombre de trois46, bien
distinctes, menées de front par tous, et qui nécessitent que lřon soit également nous en
lien constant, et avec les individus, et avec les agents des institutions.
De par nos actions quotidiennes respectives concrètes, avec et pour ces enfants et ces
adolescents, en dehors du fait quřils soient concrètement protégés, instruits, éduqués, et
soignés, (ce qui ne peut reposer sur leurs seuls « droits » et « bon vouloir », vous
lřaurez compris, et ce serait une grave erreur que de le croire), nous alimentons en eux
deux « vertus » : Ces deux vertus fondamentales et essentielles que sont lřespérance et
la confiance. Espérance et confiance pour simplement vivre, grandir et sřinscrire en tant
quřêtre social ; espérance et confiance en lřautre et en soi, et en nos institutions (et cela
quels que soient les manquements de lřun ou lřautre des composants du tissu, et donc
les déceptions, parfois les rancœurs de nos adolescents ou les nôtres, dřailleurs) ;
espérance et confiance en lřavenir, « demain ». Donc, même si nous sommes dans la
tourmente, et que nous traverserons probablement dans les mois à venir une zone de
turbulences encore plus violente, nous nřéteindrons pas cette lumière dřespoir dřun
avenir meilleur que portent indubitablement en eux ces adolescents, quels quřils soient
et quoi quřils fassent.
Nous nous donnons donc pour tâche, en toute conscience des difficultés et des enjeux,
de poursuivre notre action. Et nous la poursuivons en cultivant et en affirmant notre
spécificité, en défendant notre identité, nous appuyant sur notre histoire et notre culture
institutionnelles, sur notre expérience collective, et en maintenant la souplesse de notre
mode dřorganisation et de régulation : cela constitue la dynamique propre de notre
action et continue de lui donner pertinence et réactivité. Nous poursuivons nos missions
en faisant lřeffort « de voir ce que nous voyons » ; et en faisant lřeffort de nous réajuster
et dřappréhender collectivement les changements inévitables et incontournables, tout en
repérant et distinguant ceux qui relèvent encore de nos choix et initiatives.
Mais cřest en usant de prudence, et en gardant en perspective « la juste mesure » que
nous pensons le présent et envisageons le futur. Un groupe dřintervention nřest pas un
46
1- issions d’accueil et d’intégration à la vie commune d’un adolescent souvent déraciné, en rupture de liens familiaux et
institutionnels, 2- issions d’investigation, d’analyse et de compréhension de sa personnalité (ressources et difficultés propres), des
apprentissages effectués (moraux, intellectuels, physiques), de sa situation scolaire, familiale et sociale. 3- ission d’orientation
théorique et physique qui leur permettra de rester et de cultiver dans le réel les liens « concrets », qu’ils soient familiaux, sociaux,
institutionnels.
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RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 253 -
peloton de fantassins. Par contre nous sommes convaincus, comme Éloi Laurent le dit,
que le rôle que les innovations sociales, notamment au niveau local, jouent et joueront,
est au moins aussi important que les innovations technologiques. Mais ce sont les
mutations technologiques qui ont retenu lřattention de la Commission européenne selon
Pierre Bauby ; ce sont elles qui, dit-il, constituent la toile de fond sur laquelle sřest défini
et a été mené le processus dřeuropéanisation. Mais, nous lřavons abordé
précédemment au sujet des services publics constituant la « zone grise », les États et
leurs représentants et/ou les collectivités territoriales ont encore la main en ce qui les
concerne. Ils possèdent donc encore certaines capacités dřinitiative et de choix, et ont
donc encore leurs propres responsabilités dans les mutations profondes qui les
traversent, et donc dans la politique sociale quřils mettent en œuvre. Ils ne peuvent se
satisfaire de « lřimpératif social économique » pour décider les orientations dřune
politique. Il nous appartient, de notre place, de continuer à mettre en pratique les
valeurs qui nous fondent, et de les défendre avec confiance, ardeur et détermination, et
cela ne pourra se faire sans que lřon ressuscite le primat de la politique, comme tous les
auteurs cités le disent à lřunisson, chacun de son point de vue et à sa manière.
Donc, et pour reprendre la formulation de Pierre Manent, après cet « effort de Ŗsincérité
civiqueŗ sans lequel nous nřavons aucune chance de surmonter ou même dřaffronter
honorablement les épreuves qui sont devant nous », les éducateurs, à leur tour, ont fait
lřeffort de saisir les logiques et les enjeux de ce quřils ont vécu sur le terrain, et dřen
prendre la mesure. Je leur laisse la parole.
Accueil Temporaire et Urgence
Patrice Doranlo, Chef de service
La loi du 5 mars 2007 transfère une grande partie la Protection de lřEnfance de lřÉtat
(juge) aux conseils départementaux.
Si ce transfert a, à mon sens, une visée économique, il est aussi bien sûr en lien avec
une mutation de la société où la primauté de lřindividu est non seulement mise en
exergue mais portée à son paroxysme. Dans le champ de la Protection de lřEnfance, il y
a donc un passage de la notion, que, avec dřautres, nous nommerons
« dřincompétence », qui est la restriction temporaire de lřautorité parentale : un juge
intervient parce que des parents ne savent pas, nřarrivent pas à prendre les bonnes
décisions ou avoir la bonne attitude, voire sont maltraitants, à la notion de
« compétence » (lřautorité parentale reste intacte ; des parents sont en difficulté, mais
restent néanmoins parents en droit et « âme et conscience », si je peux dire, et il sřagit
de les aider à prendre les bonnes décisions, et adopter les bonnes attitudes.
Michel Serres, dans Petite Poucette (éd. Manifeste le Pommier), définit trois grands
moments de mutation de notre société qui ont influencé son mode de pensée : Le
passage à lřécrit (élite, temporalité de la pensée), puis à lřimprimerie (diffusion de la
connaissance, dissociation entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas), in fine au
net (les experts). Il montre comment dans toutes les strates de la société le rapport au
savoir est en mutation, et comme les rôles sont, semblent, inversés. Par exemple, dit-il,
le prof nřest plus celui qui détient le savoir, puisque lřélève peut le détenir aussi à travers
le net, et même le questionner ; idem pour le médecin et le patient. Mais, dans la
Protection de lřEnfance, nřen va-t-il pas de même ?
Avant la promulgation de la loi 2007, dans le cadre dřun accueil fait dans lřurgence,
cřétait le Procureur qui « se saisissait » des faits, et plaçait donc « en urgence » au
SAU, et en direct, sur Ordonnance de Placement Provisoire Parquet (OPP) un jeune
dans une situation « de danger » ; puis il mandatait un juge, ou pas. Aujourdřhui la loi
veut que ce soit au Département (ASE) de « se saisir » ; que ce soit le Département
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(ASE) qui place le jeune immédiatement, en « Accueil Temporaire dřUrgence » (A.T.U.)
donc, dans une structure sur le département, en lřoccurrence au SAU ; puis que ce soit
lřASE qui contacte les parents et qui décide, en 5 jours maximum, lřorientation du jeune,
donc soit un « retour en famille », soit de contractualiser avec les parents un Accueil
Temporaire, dit « A.T », (c'est-à-dire un placement temporaire, mais qui est un
placement administratif et nřest donc plus sur ordonnance judiciaire ni nommé
« provisoire »), soit de saisir le Procureur si les parents nřont pu être joints ou refusent
de « collaborer », ou si, aux dires du jeune, ou aux dires de lřun ou des parents un
danger existerait, ou si encore, bien sûr, le danger sřavère exister dans les faits
présents.
La mise en pratique effective de la loi 2007 sur le terrain (disons « 2011 » sur le
département du 92, c'est-à-dire année où nous en avons ressenti les effets dans nos
pratiques institutionnelles) fait que cet ATU (Accueil Temporaire dřUrgence) vient
progressivement se substituer à lřOPP Parquet (Ordonnance de Placement Provisoire
Parquet), le Parquet nřétant plus lřacteur principal. Nous rappelons que lřOPP Parquet
nřétait valable que 15 jours, et laissait la latitude au Procureur et aux services de la PJJ
donc, de, soit saisir un juge, soit décider un retour en famille. Actuellement, lřaccueil
temporaire dřurgence dřune durée de 3 à 5 jours, oblige le département à mener des
actions nouvelles, entre autre, de signer, en urgence, un contrat dřaccueil temporaire
avec les parents pour une période allant de deux, trois mois à un an. Il semble
quřaucune règle ne soit vraiment fixée pour la durée.
Dans le contrat signé entre le (trop rarement les) parent et lřASE, mais qui en principe
oriente nos actions, peu de choses sont écrites. Rien nřoblige aucune des parties à faire
quoi que ce soit, ce qui est cependant le propre dřun contrat, si lřon sřen réfère à la
définition du dictionnaire. Les motifs sont souvent rédigés de manière mécanique, très
succincte, sans être vraiment pensés. Parfois ce sont même les parents qui en rédigent
les termes, en fonction de leurs désirs et de leurs états dřâme du moment. Les
hébergements comme les visites peuvent alors être suspendus pour toute la durée de
lřaccueil au SAU, simplement du fait que parent(s) et/ou enfant nřen avaient pas le désir.
Généralement aucune participation à lřéducation de leur enfant nřest demandée aux
parents : Les frais dřargent de poche, de vêture, de soins, de cantine, de transport
restent systématiquement à charge de lřASE (et donc du SAU), ce qui, à notre sens,
amorce et donc entérine, légitime et acte la séparation voire lřabandon des parents. De
plus, cet état de fait ne permet pas dřentamer un travail avec les parents sur leur rôle et
leur responsabilité dans lřéducation de leur enfant et de les inscrire dans la réalité du
quotidien. Cela peut même discréditer les parents de leur légitimité et autorité aux yeux
de leurs enfants. Par exemple, récemment une mère dépose sa fille à lřASE car cette
dernière a fugué à deux reprises, ce qui lui était insupportable. Un contrat est signé
pour une durée de trois mois, la jeune est confiée au SAU. Sur ce contrat, que la mère
(dans la toute puissance qui la caractérise) rédige elle-même, elle écrit quřelle avait
besoin dřune séparation dřavec sa fille pour que chacune retrouve la sérénité. LřASE
laisse faire, entérine cette position, et signe le contrat sans rien exiger de la mère,
demandeur du contrat. Donc rien ne sera écrit sur quel type de travail est à effectuer
pour que la relation mère-fille évolue, si ce nřest que lřASE inscrit « évaluer la relation »,
ce qui en soi est assez vague, ne revient aucunement au contractant qui est le parent,
et peut laisser à penser à la mère comme à la fille quřelles peuvent faire ce quřelles
veulent comme elles veulent. Et cřest ce qui va se produire. La mère refuse tous les
rendez-vous qui lui sont fixés par les éducateurs comme les cadres du SAU, mais un
jour vient à lřimproviste, sřimpose aux éducateurs et se « déversera » pendant deux
heures, expliquant pourquoi elle ne voulait pas voir sa fille ; puis elle sřimposera de la
même manière dans les locaux de lřASE, ne supportant que sa fille y soit reçue sans
elle. Elle obtiendra ainsi, par la force, dřaccueillir tout le week-end suivant sa fille chez
elle, sans aucune préparation préalable, et donc obtiendra que nous nous exécutions, et
donc nous organisions en ce sens. Aucune règle, aucun rythme dřentretien ni
SAU 92
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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dřhébergement nřétaient spécifiés dans le contrat. Cřest cette mère, au potentiel de
violence important, qui au final reconduit ses comportements (qui, en partie lui
causaientt ses déboires avec sa fille) et impose de manière impulsive, brutale,
frénétique, son propre rythme et sa loi aux institutions. Sa fille en miroir ne cesse de
faire la même chose où quřelle soit, école, lieu de placement... En résumé, SAU et ASE
ont été utilisés par cette mère, sous prétexte dřune demande dřaide à lřéducation,
comme une antichambre, un hébergement hôtelier tous frais compris, sans quřelle ne
soit contrainte en rien, ni quřaucun travail de réflexion ne puisse être entrepris. On a
rempli notre contrat dřaccueil des trois mois mais avons refusé de réitérer son accueil,
lřASE venant de réitérer le contrat, alors que nous préconisions que cette situation soit
judiciarisée, et avions fait notre rapport en ce sens. Des exemples comme celui-là, où
les contrats sont signés sur le pouce, en urgence, sans aucune réflexion préalable et au
bon vouloir des parents et des enfants, on en comptabilise un nombre conséquent.
Comme ce père Camerounais qui signera un accueil temporaire pour son fils avec
lřintention de le renvoyer au Cameroun et ne se déplacera plus pour rencontrer les
travailleurs sociaux ni à lřASE ni au SAU. Il ne reviendra à lřASE que pour signer un
nouveau contrat dřaccueil, tout en réitérant son refus de travailler avec les services et de
voir son fils.
Ce qui est problématique dans ces situations où un contrat dřaccueil est signé en
urgence, et donc à priori sur le coup dřune grande émotion corrélée à de fortes tensions,
cřest que le contenu (ou plutôt lřabsence de contenu) du contrat est et reste la base dřun
travail sur la totalité de la durée du contrat et a fortiori de lřaccueil du jeune au SAU. Or
lřurgence qui existe au jour J de lřaccueil au SAU, nřest plus là quinze jours plus tard, et
bien sûr cela nécessiterait que les données du contrat dřaccueil temporaire entre
parents et ASE soient dès lors à réévaluer.
Il semble donc urgent et important que des réunions de réflexion aient lieu avec lřASE et
le SAU pour réfléchir sur ces accueils temporaires :
Propositions :
•
Une fois lřémotion et le stress de lřurgence passés, un placement effectué en
urgence doit être absolument requestionné quinze jours plus tard, lors dřune
rencontre avec lřASE, les parents et le jeune, durant laquelle le projet de
placement doit être reconsidéré, les clauses du contrat et obligations du
contractant clairement énoncées et rédigées. En somme, quřun contrat en
bonne et due forme soit établi.
•
Un rythme de rencontres doit être établi à travers des entretiens parentaux
obligatoires et des hébergements ponctués par des bilans pour éviter lřabandon
et mettre au travail parent(s) et enfant(s).
•
Lřautorité parentale et leurs droits étant intacts, ne serait-ce pas une hérésie de
demander à un service de prendre en charge lřargent de poche, la vêture, la
cantine de lřécole, les frais médicaux… Il nous semble important et essentiel de
laisser le parent exercer son autorité parentale y compris dans lřexercice
pratique de cette responsabilité, sauf bien sûr, en cas de grande précarité.
•
Une fin de lřaccueil à lřASE doit être fixée pour un retour en famille sur des
bases déjà travaillées, quitte, au vu de la situation, à poser les fondements dřun
placement au long cours pour la suite sur dřautres bases, ou que le placement
soit judiciarisé.
SAU 92
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 256 Les Accueils Parquet à l’Aide Sociale à l’Enfance : L’urgence dans l’Urgence.
Salomé DUQUESNOY-Emeline ZINCK, Éducatrices spécialisées, service collectif dit « Internat »
Depuis 3 ou 4 ans, nous avons dû adapter notre travail sur ce que nous nommons « les
accueils parquet », des jeunes accueillis sur décision du Procureur de la République,
leur prise en charge étant désormais confiée à lřASE. Auparavant lorsquřun enfant était
directement confié au SAU par le Parquet
(« accueil parquet direct »), nous
lřaccueillions pour lui assurer une protection « pure et dure » : il restait au SAU, ne
sortait ni ne retournait à lřécole, et nous ne contactions pas les parents. Le travail
dřinvestigation se faisait par le Service Educatif de la PJJ Auprès du Tribunal (SEAT),
qui contactait les établissements scolaires, rencontrait le jeune ainsi que les parents
pour des entretiens, et rédigeait la note transmise au juge des enfants. De notre côté,
bien quřétroitement en lien avec le SEAT et le parquetier, nous nřétions pas présents à
lřaudience du Juge des Enfants. Nous amorcions un travail éducatif mais attendions
lřaudience pour commencer notre travail dit « dřévaluation ». Cette audience se faisait
généralement dans les trois semaines suivant la décision du Procureur
Depuis 2011-2012, date de lřapplication de la loi 2007 sur le territoire des Hauts-deSeine, la quasi intégralité des Accueils Parquet étant confiée à lřASE et le SEAT ayant
disparu, nous avons été obligés de repenser notre travail éducatif auprès de ces jeunes
accueillis en urgence et de de leur famille, puisque le travail dřévaluation nous est
revenu sans que rien nřait été dit ni organisé en ce sens. Nous avons ainsi
soudainement été amenés à commencer une investigation dès lřarrivée du jeune pour
avoir les premiers éléments, rédiger une note au juge, et donc déjà donner un avis sur
un retour en famille ou une poursuite de placement. De ce fait, accueillir un jeune sur
décision du Procureur nécessite désormais un travail complet, rapide et immédiat
dřinvestigation avec lui, sa famille et son environnement social (Protection Judiciaire de
la Jeunesse, famille, école, lieu associatif), ainsi quřun travail en collaboration avec
lřAide Sociale à lřEnfance et les services de type milieu ouvert (mesure dřAEMO47,
UEMO48, AGBF49).
Nous avons ainsi dû assimiler ces nouvelles tâches qui se sont abattues sans préavis
sur nous, nous y adapter et réajuster notre pratique en élargissant nos actions : elles
consistaient dorénavant à rencontrer la famille, les partenaires, à re-scolariser le jeune
immédiatement, et à comprendre les difficultés de la relation parents Ŕ enfants ; en
somme de faire notre travail dřévaluation lambda, mais finalisé en un temps record, 15
jours ou trois semaines au lieu des deux-trois mois jusquřà présent impartis pour tout
autre accueil dřurgence avant dřenvisager une quelconque orientation. Ces notes
dřinformation adressées au juge des enfants demandent donc désormais à notre équipe
un investissement supplémentaire sur des temps très contraints, dřautant plus lourd
quřen « accueil parquet » nous avons souvent plusieurs jeunes en même temps et quřen
parallèle à lřinternat nous gérons un groupe au quotidien.
En 2015, nous avons de plus noté un autre changement significatif des Accueils
Parquet, puisque le Procureur mentionne à présent sur ses Ordonnances de Placement
Provisoire les droits quřil accorde aux parents. Jusque là, en lřabsence de droits
particuliers prononcés par le Procureur, par mesure de protection et/ou de précaution
nous ne favorisions ni nřorganisions avant lřaudience du juge aucun contact
téléphonique ni rencontre entre un jeune et sa famille. Si cela devait se faire, cřétait par
lřintermédiaire du SEAT, et nous lřexpliquions à lřun et à lřautre dès lřarrivée du jeune au
SAU. Pour répondre aux nouvelles injonctions « indirectes » du Procureur (indirectes,
puisque lřOPP est adressée à lřASE), nous avons dû là aussi adapter notre manière de
travailler.
47
48
49
Action Educative en Milieu Ouvert
Unité Educative en Milieu Ouvert
Aide à la Gestion du Budget Familial
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Aux investigations naguère dévolues au SEAT se sont donc ajoutées une vigilance
particulière et de nouvelles tâches normalement dévolues à lřASE, afin que les droits
mentionnés sur lřOPP soient effectivement respectés et mis en place dès avant
lřaudience, ce qui nřest pas sans conséquences : désormais, nous devons aussi prendre
immédiatement en compte les difficultés, résistances et ressentis dřun jeune dans sa
relation avec sa famille, à priori dans une situation où une rupture brutale vient dřêtre
opérée soit par lřune, soit par lřautre partie. A posteriori, cela peut bien sûr permettre
dřévaluer les relations intra familiales mais de facto le service se retrouve à présent
régulièrement envahi par différents membres des familles exprimant leur
incompréhension, leur mécontentement ou leurs revendications soit par téléphone, soit
par leur intrusion au SAU. Dřoù lřimportance de les prévenir immédiatement du
placement, de nous présenter le plus rapidement possible à lřarrivée dřun jeune, pour
les rassurer mais aussi pour poser et faire respecter le cadre qui nous permet dřassurer
avec la sérénité nécessaire notre mission de protection de lřenfant.
Lorsque un enfant est accueilli au SAU, nous avons à cœur de le mettre le plus possible
face à la réalité de lřAccueil Parquet : il est dans lřattente de lřaudience avec le Juge des
Enfants, qui décidera si le placement doit perdurer ou sřil rentrera dans sa famille. La
perspective de rencontrer un juge nřest généralement pas rassurante et le fait dřattendre
sa décision peut être source dřune grande anxiété. Cela nécessite une vigilance toute
particulière de lřéquipe éducative à son égard50. Notre discours face à lui et à sa famille
est le même. Lors dřun accueil par décision du Procureur, elle traverse une crise sévère
qui rend souvent difficile la prise de contact avec les parents ainsi que la mise en place
de leurs droits. Face à lřincompréhension, la déception, la colère des parents, ce
discours doit être cohérent et rassurant envers le jeune qui reste, quelle que soit la
situation, à lřaffût de toute information sur nos échanges avec sa famille.
Afin de recueillir les éléments nécessaires à la compréhension de la problématique
familiale, nous avons donc, en général le lendemain de son arrivée, un entretien
approfondi avec le jeune, puis faisons une visite au domicile des parents. Nous tentons
également de rencontrer lřensemble des institutions gravitant autour de lřenfant dans le
temps imparti (comme nous le faisons pour un accueil Protection Ŕ Evaluation Ŕ
Orientation).
Lřaccueil en tant que tel est différent sřil sřagit dřun Accueil Parquet ou dřun accueil
dřévaluation et dřorientation, qui dure habituellement quatre mois au SAU. Pour un
enfant placé par le Procureur, il est à notre sens plus imprévisible pour lui et sa famille,
que pour un enfant placé par OPP dřun Juge des Enfants ou dans le cadre dřun accueil
temporaire. Le placement est un chamboulement dans la vie dřun enfant et de sa
famille, souvent vécu comme un traumatisme, cřest une réelle rupture : rupture avec un
système familial, rupture avec un fonctionnement et une répartition des places et des
rôles qui ne prenaient pas en compte lřindividualité et les besoins de lřenfant. Le
placement en urgence est difficile, dřautant plus en Accueil Parquet où il se fait
généralement de manière brutale, régulièrement par le biais dřune intervention
policière : soit un jeune se présente au commissariat, soit sa famille fait appel aux forces
de lřordre, soit les forces policières vont le chercher à son domicile ou dans son
établissement scolaire, ou encore suite à une arrestation voire une garde à vue de
plusieurs heures. De plus, il peut nous être demandé dřaller le chercher au
commissariat, ce dont nous nřavons pas les moyens ni ne pouvons faire, ne le
connaissant pas. Lřéquipe du service sřapplique alors à rassurer le jeune qui arrive dans
ces conditions, tout en lui expliquant ce que nous ferons avec lui en lřattente de
lřaudience. Il sřagit aussi parfois de lui expliquer le système de la Protection de
lřEnfance, car il arrive que ces jeunes nřaient aucune connaissance des différents
50
Nous avons, par ailleurs, pu remarquer pour de nombreux jeunes un changement de comportement
significatif avant et après l’audience : si avant audience, les jeunes peuvent avoir tendance à se montrer
sous leur meilleur jour, des difficultés dans leur comportement (insolence, provocation, passage à l’acte
comme des fugues) peuvent émerger une fois la poursuite du placement ordonnée.
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RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 258 -
services sociaux et de leur fonctionnement, puisquřil sřagit généralement de leur premier
placement. Certains adolescents sont placés suite à des « révélations » quřils ont faites
(voire confiées à une amie qui a été en discuter avec des adultes). Ces ados ont pu
immédiatement exprimer leurs regrets dřavoir « dénoncé » des choses, nřayant sur
lřinstant eu aucune conscience de ce qui les attendait et de ce quřils provoqueraient, a
fortiori quand cela nřest pas tout à fait exact. Avec le placement en urgence, les jeunes
sont dès lors confrontés au « décalage » entre leur vie au domicile et la vie en
collectivité, avec lřensemble de règles et interdits quřelle implique. Nous devons donc
être le plus clairs possible dans notre énonciation des choses, tout en sachant que
nous-mêmes nřavons pas tous les tenants et aboutissants de la situation familiale, voire
fort peu dřinformations. De nombreux jeunes accueillis en « Accueil parquet » sont,
dřailleurs, suite à lřaudience, retournés au domicile familial sur décision du Juge des
Enfants.
Lors dřun accueil de ce type, lřune des premières préoccupations est de sřinformer si le
jeune est scolarisé ou non. Lui seul peut nous le dire. Dans ce cas, en fonction de la
situation, et donc de ses propos ou ceux de ses parents si nous avons pu les joindre, de
son état psychologique, il devra reprendre aussitôt lřécole.
Afin dřillustrer notre propos, nous allons évoquer la situation dřIngrid (dont le nom a été
modifié pour préserver son anonymat). Le service est sollicité le 10 Novembre 2015
pour lřaccueil en urgence dřune adolescente de 13 ans. Ingrid dénonce, auprès de sa
Conseillère Principale dřEducation, des faits de violences quotidiennes de la part de son
frère aîné et de sa mère. La jeune est amenée par le commissariat le soir même à
lřinternat du SAU. La jeune fille est accueillie dans le cadre dřun Accueil Parquet à lřAide
Sociale à lřEnfance, et le Procureur a notifié un droit de visites médiatisé. Nous
apprenons quřune enquête est déjà en cours concernant les violences intra-familiales.
Le lendemain de son accueil, le service tente de discuter avec Ingrid qui reste
impassible quand elle parle de son conflit avec les membres de sa famille. Elle pourra
cependant nous dire quřelle a besoin de notre aide sans pour autant détailler. Dans la
même journée, son père appelle le service et demande à parler à sa fille. Nřayant
aucune information à son sujet, nous lui expliquons les raisons du placement et nous lui
présentons le service. Monsieur est très inquiet et explique quřil voyait peu sa fille
depuis sa séparation dřavec la mère dřIngrid. Après en avoir informé Ingrid et lui avoir
demandé son avis, nous consentons à autoriser lřappel entre Ingrid et son père en
présence dřun éducateur, (et donc sur haut-parleur, ce que nous appelons des « appels
accompagnés » puisque lřéducateur se doit dřêtre dřune vigilance accrue quant aux
échanges, et dřintervenir si nécessaire). Monsieur, « sans abri », selon les informations
transmises par la jeune à son arrivée, explique quřil sřinstalle dans un logement dès le
lendemain. Il souhaite y accueillir sa fille. Ingrid est dřaccord, même ravie, de cette
proposition, disant quřelle nřa jamais été en conflit avec son père.
Le lendemain, la jeune fille a souhaité retourner à lřécole afin de ne pas prendre de
retard. Nous avons contacté lřétablissement scolaire afin de les prévenir de la situation.
Nous nous sommes déplacés à lřécole dès le 19 Novembre afin de faire un point
scolaire avec les professionnels qui entourent Ingrid. La conseillère Principale
dřéducation nous informe que le 18 Novembre, la veille donc, la maman dřIngrid a
déposé des affaires à la loge du collège pour sa fille. Le service nřa quant à lui, toujours
pas réussi à la joindre.
Nous reprogrammons rapidement un entretien afin quřIngrid évoque sa situation
familiale, son histoire et son parcours jusquřau placement. Cet entretien nous permet de
recueillir aussi les ressentis de la jeune par rapport au placement ainsi que ses
souhaits. La jeune a rencontré dans la semaine la pédopsychiatre du service.
Nous avons aussi été sollicités, peu de temps après lřarrivée dřIngrid, par le
commissariat en charge de lřenquête afin que la jeune soit vue par un médecin de ville
avant le rendez-vous à lřUMJ (unité médico judiciaire), afin de constater les coups.
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Le 19 Novembre, le service rencontre Monsieur à son domicile, ainsi que la tante
dřIngrid qui vit dans le même immeuble.
Le 24 Novembre, Ingrid rentre très tard du collège. Elle nous apprend quřelle est allée
au domicile de sa mère. Elles se sont disputées. Nous avons de nouveau essayé de
joindre Madame et avons pu enfin amorcer un dialogue avec elle. Des contradictions
entre le discours dřIngrid et celui de sa mère apparaissent aussitôt. Madame accepte de
nous rencontrer le 26 Novembre à son domicile. Nous y apprenons que la jeune fille
sřest rendue en catimini au domicile familial plusieurs fois depuis le placement : nous
rappelons que Madame a été privée de droits de visite et dřhébergement par le
Procureur. Les deux visites à domicile des familles, lřune au domicile du père, lřautre au
domicile de la mère ont été faites. Elles montrent les enjeux, les désaccords, les conflits
familiaux et conjugaux toujours à vif, non parlés, non réglés.
Nous avons contacté lřAide Sociale à lřEnfance à plusieurs reprises mais nřavons jamais
pu joindre les personnes concernées par la situation. La référente de la jeune fut
seulement nommée le 25 Novembre, soit deux semaines après lřarrivée dřIngrid au
SAU. Lřadolescente ne devait être reçue à lřASE que le 3 Décembre, mais la
convocation du Juge était fixée le 1er Décembre. La référente de lřAide Sociale à
lřEnfance a finalement rencontré la jeune le 30 Novembre.
Monsieur a appelé très régulièrement au cours du placement dřIngrid, que ce soit pour
manifester son mécontentement quant au placement (le commissariat ne lřa pas
contacté quand sa fille était dans leurs locaux), se plaindre de ne pouvoir ni la voir ni
lřaccueillir à son domicile dans lřimmédiat, pour évoquer ses inquiétudes, ou simplement
pour parler à sa fille. Le service a été contacté par la tante paternelle de la jeune. Nous
avons été à certains moments envahis par leurs différents appels (quasi quotidiens). La
plupart du temps, nous avons essayé de joindre la maman dřIngrid sans succès, et lui
avons laissé un message avec nos coordonnées à plusieurs reprises. Nous avons
fréquemment travaillé en lien avec lřécole et notamment avec la Conseillère Principale
dřEducation de lřadolescente.
Le 1er Décembre, jour de lřaudience, les parents étaient tous deux présents, ainsi quřun
éducateur de notre service et un autre de lřAide Sociale à lřEnfance. Lřaudience fut
agitée en raison des conflits du couple parental et de lřagressivité de Madame envers
Monsieur avant, pendant et après lřaudience. Monsieur quant à lui est resté calme.
Nous avons dû et pu nous exprimer devant le Juge des Enfants qui avait notre rapport
sous les yeux. Ce dernier a décidé un accueil dřIngrid chez son père et la mise en place
dřune mesure dřAEMO afin dřaider Monsieur dans son rôle de père. La jeune fille est
allée directement chez son père après la fin de lřaudience.
Au cours de lřannée 2015, nous avons accueilli 44 jeunes en Accueil Parquet. Nous en
avions jusquřà trois simultanément, masse de travail considérable en plus des accueilsévaluation-orientation habituels et de notre travail de « MECS traditionnelle », c'est-àdire de gestion de groupe au quotidien. Sur ces 44 Accueils Parquet, le Juge des
Enfants a ordonné un retour au domicile familial pour quatre situations. Pour dix autres
jeunes, le placement sřest renouvelé sur décision du Juge des Enfants suite à
lřaudience. La poursuite du placement incite lřéquipe éducative à approfondir son travail
dřévaluation, réfléchir à lřorientation la plus adaptée pour le jeune vu ses difficultés, la
proposer aux services de lřASE, et rechercher une place. Vaste sujet, mais là nřest pas
le propos. Nous comptons aussi cette année 21 jeunes partis en fugue au cours de leur
Accueil Parquet, parfois dès le lendemain de leur admission, parfois une semaine ou
deux après leur accueil, en tout cas, avant lřaudience.
Bien que ce travail soit très enrichissant, intéressant, il demande une forte mobilisation,
un travail très important et concentré de lřéquipe sur une période parfois extrêmement
courte. Ces jeunes confiés à lřASE par le Parquet, pris en charge par le SAU,
nécessitent un investissement particulier, lřinternat étant par ailleurs constamment sous
la pression de la gestion dřun groupe dřadolescents et de son quotidien. Mener à bien
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RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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cette nouvelle mission nécessite aussi un travail de partenariat très réactif sans lequel
nous ne pouvons avancer sur les injonctions du Procureur. Force est de constater que
nous nous retrouvons seuls dans ces évaluations, lřASE,bien que désignée comme un
acteur majeur, nřétant pas organisée. Quid de cette contradiction, quand nous devons
expliquer à un jeune les fonctions, les rôles complémentaires des différentes institutions
et acteurs qui travaillent autour de sa situation ? Dans les faits, le constat quřil fait, que
sa famille fait comme nous sommes amenés à le faire nous-mêmes, cřest que les uns et
les autres nřont à faire quřà nous, SAU. Cela peut être dommageable pour lui, pour la
famille, pour nous. Ce travail dřévaluation avant audience est à notre sens un travail
spécifique à part entière qui ne peut ni ne doit être négligé. Cette mission, nous le
rappelons, était menée par le SEAT de la PJJ. Nous lřassurons aujourdřhui pleinement,
sans avoir eu ni temps ni moyens supplémentaires. Il nous parait indispensable
dřajouter que souvent, lřenfant est symptôme du conflit parental (comme ce fut le cas
dřIngrid). Il est important de travailler la relation parents-enfants dans le cadre de visites
médiatisées, mais il serait nécessaire et judicieux que père et mère soient amenés à
travailler leur relation dans lřintérêt de leur enfant. La question du cadre dřintervention de
cette « médiation » se pose, surtout après la séparation du couple parental.
Pour améliorer la prise en charge des jeunes en Accueil Parquet confié à lřASE, nous
aurions besoin dřun temps de réflexion sur notre manière de travailler avec les jeunes,
leurs familles, lřAide Sociale à lřEnfance, dřéchanger à ce sujet avec les travailleurs
sociaux de lřASE dřune part, le Parquet dřautre part, pour une meilleure et réelle
répartition des tâches et un travail plus efficace autour de ces situations.
Impulser une dynamique
Jean-Christophe MORO, éducateur spécialisé
Cette année 2015 a été marquée par une multitude dřaccueils courts au SAU. Nous
constatons une nette augmentation des prises en charge financières de lřASE dřune
durée de 15 jours, des contrats dřaccueils temporaires de deux ou trois mois, ou
dřaccueils parquet à lřASE qui se soldent avant ou durant lřaudience du juge par un
retour en famille. Ou encore, bien sûr, lřaccueil de mineurs isolés que le département
réoriente sur dřautres structures ou départements, à lřhôtel ou à la rue, dès le lendemain
ou dans les cinq premiers jours de leur accueil au SAU.
Pour chacun de ces accueils, le « service gardien » est désormais lřASE. Nous sommes
donc amenés à travailler en lien étroit avec lřAide Sociale à lřEnfance afin dřeffectuer
notre mission dřaccueil, de protection et dřévaluation. Nous contactons aussitôt les
parents pour les informer de la présence de leur enfant au SAU, nous présenter et les
rencontrer. Nous cherchons à avoir des informations auprès des différents partenaires
(écoles, AEMO/AEAD, tribunal, autres associations, CMP, centres de santé…). Bref
nous démarrons sur le champ notre investigation pour évaluer la situation et proposer
aux services de lřASE ou au juge une orientation. Mais nous tentons aussi la délicate
intégration du jeune dans un groupe dřados devenu imprévisible, car fluctuant
désormais dřun jour à lřautre au rythme de plus en plus rapide des départs et des
arrivées. Nous organisons, assurons, animons la vie quotidienne, faisons des
démarches (de scolarité, de soins, dřachats, de rencontres avec la famille et à son
domicile (quand cela est possible) pour chaque jeune, nous nous entretenons avec eux
individuellement, faisons des animations de groupe et y animons des réunions. Nous
informons régulièrement lřASE de lřévolution de la situation et des dernières
informations que nous détenons, échangeons avec les collègues, nous réunissons,
écrivons des notes de situation, faisons des rapports, nous déplaçons sur lřensemble du
territoire.
Le plus difficile des tâches ne fut pas de devoir recommencer sans cesse de nouvelles
investigations, même au rythme particulièrement intense de cette année, mais bel et
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RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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bien dřétablir le contact, de maintenir un lien avec les référents de lřASE ou autres
partenaires, et surtout dřobtenir en temps et heure les papiers administratifs et certaines
informations importantes pour le suivi des placements. Difficile en effet dřavoir accès
aux pièces maîtresses, dont celles qui posent le cadre de lřaccueil du jeune dans notre
service, et donc légitiment notre action auprès de lui et de sa famille. Pièces qui bien sûr
nous fournissent aussi les indications nécessaires pour penser, orienter, et articuler
cette action : une simple copie de lřaccueil temporaire ou de lřordonnance de placement,
par exemple, qui précise les attendus du juge, de lřASE, ou du Parquet. Et lorsque nous
avons ces pièces, nous avons parfois des difficultés avec leur contenu, notamment des
approximations dans les notifications qui peuvent nous réduire à lřimpuissance, malgré
la bonne volonté des protagonistes.
De tels blocages surviennent aussi lorsque les modalités du placement et/ou la
coordination entre institutions ne sont pas clairement établies, notamment lors des
accueils sur OPP parquet. Par exemple, nous pourrions citer les mineurs isolés qui nous
arrivent le week-end, soit sur décision du Procureur de la République, qui le confie
administrativement à lřASE mais physiquement au SAU, soit directement à la demande
du cadre dřastreinte du Conseil Général, mineurs pour qui notre prise en charge sřarrête
souvent brutalement dès le lundi sur injonction de lřASE, qui les réoriente ou les exclut
sans que rien nřait été énoncé au préalable, ni à notre service, ni bien sûr au jeune. Il
nous est particulièrement difficile, voire insupportable, de nous voir intimer la fin
immédiate dřune prise en charge, donc sans préavis ni possibilité de préparer un jeune
à cette éventualité.
Nous pouvons aussi citer les situations complexes, où la prise en charge dřun mineur
nécessite non seulement un soutien éducatif mais aussi des soins psychologiques voire
psychiatriques et/ou un suivi UEMO de la PJJ. Dans ces cas, il est quasi impossible,
malgré nos tentatives réitérées, que chaque intervenant travaille en lien avec les autres
partenaires. Mieux coordonner les différents services, et donc mieux connaître les
missions, compétences, fonctionnement et pratiques de chacun nous semble
indispensable pour quřun jeune tire un bénéfice de son passage au SAU. Pris dans nos
réalités quotidiennes, nos logiques, habitudes et cultures respectives, nous et nos
partenaires ne prenons pas suffisamment en compte ce paramètre. Rencontrer nos
partenaires présents et futurs, pour tout simplement se présenter mutuellement est donc
précieux pour notre pratique et la réussite de nos entreprises. Ainsi, cette année,
lřéquipe de direction a rencontré lřéquipe mobile psychiatrique de lřunité adolescents de
lřhôpital Louis Mourier. Cela a déclenché des rencontres entre leurs équipes et celles du
SAU, afin de travailler ensemble sur des situations nécessitant tout à la fois un travail
éducatif et du soin. Nous avons aussi été sollicités par des services municipaux comme
Espace Santé Jeunes, avec qui nous avons mis en place des ateliers de prévention
autour de la sexualité et de lřalimentation.
Par ailleurs, pour impulser une dynamique qui soit au bénéfice du jeune et du travail à
effectuer par les différents acteurs, la première rencontre est souvent déterminante. Elle
est celle de lřadmission du jeune au SAU, qui normalement se déroule à lřAide Sociale à
lřEnfance. Cette rencontre aura des répercussions sur tout le déroulé du travail. Le fait
par exemple dřexpliquer son nouveau statut au jeune et à sa famille, le cadre des
interventions, le rôle de chacun, y compris des parents, et donc dřénoncer clairement
qui nous sommes, quel travail nous faisons, de clarifier les spécificités de lřASE et du
SAU, facilite la compréhension de la situation, et donc lřacceptation par les uns et par
les autres de la mise à distance quřelle implique. Cela définit et précise aussi le cadre
de nos interventions, les modalités de concertation et de coordination indispensables
entre les services. Il sřagit en effet de créer un climat de confiance entre tous les
acteurs, et déjà dřimpulser la dynamique qui sera nécessaire pour mener à bien nos
actions respectives. Cřest le « qui fait quoi ». Le cadre est posé pour tous, y compris
pour les parents et lřadolescent, et chacun de sa place sait ce quřil a à faire.
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En cette période où les contraintes financières, politiques, administratives, éducatives
se font de plus en plus pressantes, il est dřautant plus important de continuer à
échanger, à se rencontrer, pour éviter les impairs, économiser temps et énergie,
coordonner nos efforts et impulser une vraie dynamique de travail, au bénéfice de
chaque jeune accueilli et de sa famille.
« Vous ne trouverez pas facilement un autre homme comme moi, un homme
somme toute - et je le dis au risque de paraître ridicule - attaché à la cité par le
dieu, comme le serait un taon au flanc d'un cheval de grande taille et de bonne
race, mais qui se montrerait un peu mou en raison même de sa taille et qui aurait
besoin d'être réveillé par l'insecte. » Platon, Apologie de Socrate.
Un bestiaire éducatif : du taon au cheval, pour ne plus faire l’autruche…
Jalal Nebach, éducateur de nuit
Écrire est toujours une entreprise périlleuse, les mots choisis, les thèmes traités, les
concepts utilisés dévoilent une partie de ce que nous faisons et du même coup de ce
que nous sommes. Lřacte dřécriture nous révèle aux autres et à nous-mêmes, venant
signer notre particularité, dire un peu plus quelque chose de ce qui nous caractérise
dans lřéquipe que nous constituons dans ce service dřaccueil dřurgence.
En cette période de bouleversements institutionnels où la boussole déréglée parvient
difficilement à indiquer le nord, lřaffirmation de ce qui nous spécifie est peut-être la
meilleure option pour maintenir le cap avec sérénité, donnant ainsi lřoccasion à ceux qui
sřinterrogent encore sur notre manière de travailler dřapprendre à nous connaitre
davantage. Avec le risque toujours couru dřêtre mal compris.
Pour ma première participation à la rédaction du rapport dřactivité, jřai essayé de décrire
la posture professionnelle que nous veillons à incarner pour faire acte dřéducation, avec
au second plan une esquisse des difficultés à se parler au niveau intra-institutionnelle
comme caisse de résonnance des problèmes que nous rencontrons dans
lřaccompagnement de jeunes carencés. Pour cette seconde session, jřai souhaité
poursuivre ce cheminement mais cette fois-ci en cherchant à articuler la clinique des
familles, le travail partenarial et la nécessité de revendiquer un peu plus fort ce qui nous
constitue en acceptant cependant de revoir notre copie pour nous adapter aux nouvelles
règles du jeu.
Lřidée est de continuer notre croissance, favoriser le processus de développement de
notre équipe, en un sens, il sřagit à peu de choses près dřun déroulement analogue à
celui que nous espérons pour nos jeunes, afin quřils deviennent des individus. Parce
quřil arrive des temps, dans la vie dřun service, où les métamorphoses sřavèrent
indispensables pour échapper au discours performatif et aux volontés extérieures de
nous conformer à des attentes qui nous éloigneraient de ce que nous observons et
vivons. Lřidée nřest pas de frapper sur notre partenaire principal pour mieux se définir et
dřune certaine manière se défausser de la responsabilité qui nous incombe mais bien au
contraire de définir un peu mieux la démarche qui nous inspire compte-tenu de notre
propre expertise. Le SAU occupe une place de choix devant la misère sociale et la
précarité qui touchent nombre de familles. Les difficultés de violences intrafamiliales et
éducatives que nous rencontrons sont à considérer comme des symptômes qui en
disent long malgré tout. Pour assumer notre mission éducative, nous avons donc à faire
une proposition et jřy reviendrai un peu plus tard.
La position basse qui est la nôtre et que je revendiquerai presque, nřest absolument
pas un handicap. Elle peut même être un atout, à condition dřaccepter de désidéaliser
les relations de travail partenariales. Démystifions, car à force de vouloir être égaux on
nie ce qui nous différencie vraiment. Ne pas reconnaitre nos perceptions revient à nous
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auto-exclure. Le risque est dřêtre en dissonance, comme disent les psychologues
cognitivistes. Sans assurance, confiance dans notre intervention, sans sentiment de
sécurité pour sřengager en soutien à lřautre, nous en sommes réduits à faire de la
figuration sur une scène où se jouent des drames familiaux. Car cřest alors un geste
vide que nous déployons, un mouvement en creux qui ne vient en aide à personne. En
somme, si jřen reviens à Socrate cela consiste à adopter lřattitude de celui qui
questionne naïvement pour « faire accoucher les esprits ».
Il faut donc considérer nos relations interinstitutionnelles pour ce quřelles sont
réellement. Des rapports interdépendants, musclés parfois, convergents aussi souvent,
mais compliqués face à des situations lourdes, chronicisées et appelant à une véritable
cohésion. Seul un constat réaliste nous facilitera une collaboration efficace en
composant, sřil le faut, avec lřusage de stratégies pour convaincre lřautre, en acceptant
toujours nos limites.
Nous sommes donc en crise, comme souvent, le signe probable dřun service en bonne
santé. Nous traversons une phase développementale qui appelle à une mue pour
retrouver un équilibre satisfaisant. Ce qui nous amène à nous questionner sur nos
besoins émergents pour faire preuve dřadaptation. Et il me semble que nous avons
aujourdřhui besoin de restructurer nos relations avec nos partenaires pour faire entendre
notre voie dans les projets que nous envisageons pour les jeunes que nous accueillons.
Il sřagit dřun mouvement double, cet effort vers lřextérieur sřaccompagne dřune remise
en question de notre fonctionnement en interne. Cřest la raison pour laquelle nous
avons au cours de cette année mis en place des ateliers de travail sur des questions
diverses : la récolte dřinformations pour évaluer la demande dřadmission, le binôme
éducateur/assistante familiale comme pierre angulaire de lřaccompagnement en
placement familial tout comme le rôle moteur que nous attribuons au duo éducateur
SAU/éducateur ASE. Des axes majeurs que nous réfléchissons et cherchons à
améliorer. Ces actions entreprises ne suffiront pas mais représentent déjà un premier
pas.
Ne nous sous-estimons pas, nous avons une carte maitresse entre les mains. Notre
force est peut-être bien simplement la place que nous occupons dans le dispositif. Dřoù
nous sommes, nous ne percevons pas les mêmes choses, la même réalité. En ce sens,
nous avons à induire le débat, à disputer les propositions des uns et des autres pour
aboutir in fine à un consensus. Nous avons à piquer pour susciter la vigilance, déranger
pour ne pas laisser les choses nous échapper, par nos incessantes questions,
interrogations, avec en ligne de mire la volonté dřaccomplir notre part face aux
désordres de notre temps. En somme, adoptons une attitude proactive.
Nous savons que lřASE est le « chef de file » de la protection de lřenfance au niveau
départemental, lui accordant par la même occasion un droit de contrôle. La loi de 2007
est très claire à ce sujet. Cependant, lřopposition argumentée que nous avons à lui
adresser peut être légitime et bénéfique si nous ne recherchons pas la confrontation
stérile pour trouver une troisième voie plus rassembleuse, celle de la coopération. La
dispute est toujours de bon augure en soi car si nous revenons à lřétymologie (du
latin, disputare), elle consiste à « mettre au net après un examen et discussion, dřoù
examiner une discussion point par point et raisonner, discuter, disserter ».
Dans un monde marqué par la vitesse et lřincohérence, il est donc bon de prendre le
temps pour que la dispute vivifiante nous permette de dessiner les contours dřune
coopération viable. Pour « co-opérer », travailler avec, lřun avec lřautre, en vue de
construire une pensée opératoire, il faut entendre, comprendre, être traversé par ce que
nous dit lřautre. Selon Michel PERRAUDEAU, dans Éloge des libertaires51, « la
51
PERRAUDEAU. Michel. Éloge des libertaires. Les 100 mots du libertarisme. Éditions Autrement, 2016.
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coopération est une interaction ou chacun, cřest-à-dire chaque état de pensée est
modifiée par la présence active de lřautre ».
Nous avons un rôle essentiel auprès de nos partenaires car nous remontons le temps
dřune histoire vécue, nous voyageons à travers lřespace pour forcer la rencontre, nous
récoltons la matière essentielle pour justifier et donner du poids à nos interventions,
nous opérons une mise en route de lřindividu pour le reconnecter avec le champ du
social, nous le réinscrivons dans les apprentissages, nous lui apportons les soins qui lui
ont manqués, lřécoutons, lřobservons, le conseillons. Nous le découvrons un peu
chaque jour et apprenons à le connaitre pour lřaider à se constituer. Étayer le jeune pour
quřil se construise reste lřessentiel.
Pour cela, il faut faire preuve de rigueur et de pragmatisme, et opter pour une méthode
de travail qui fixe, après une phase dřévaluation, les objectifs de travail de chacun. Il
sřagit dřen finir avec les pensées généralistes et exprimer concrètement qui fait quoi,
comment, quand ? Car aussi évidentes que puissent paraître certaines idées, la
traduction en acte représente une autre paire de manches.
Avant de développer lřébauche dřune méthodologie, il est toujours pertinent de revenir
aux sources et dřexposer les principes dřaction qui guident notre mission éducative.
Elles sont définies comme « options fondamentales » sur le site de lřassociation :
- Nous partageons la conviction selon laquelle chaque individu a la capacité de recevoir
une éducation adaptée, chacun devant faire le pari dřun avenir pour tous.
- Lřengagement personnel dans la relation que nous devons établir avec ceux que nous
rencontrons est une nécessité de ce travail.
- Lřexercice de lřautorité suppose une dissymétrie des places et des rôles entre lřéduqué
et lřéducateur ; lřinterdit est un élément majeur de notre conception de lřéducation, parce
quřil détermine un cadre et des limites nécessaires à lřindividu.
- Lřacte éducatif est toujours incertain ; il nřy a pas de causalité certaine entre la visée
de lřaction éducative et le changement dans la situation de lřautre.
- Éduquer conduit à prendre et à faire prendre des risques. Lřéducation impose de
dépasser ce point de sécurité où « on est sûr quřil nřarrivera rien », sans pour autant
verser dans lřexcès ; le partage des tâches, le travail en équipe, les délégations en
cascade ne sauraient mettre personne à lřabri de lřexercice de sa propre responsabilité.
- Lřéducation suppose le respect du principe dřextériorité : la complexité des processus
en jeu dans ces interactions entre personnes, les tensions, les émotions, les doutes
quřelles provoquent rendent nécessaire le recours à des aides ou des compétences
extérieures.
La prise en charge des jeunes dans le souci de les « protéger » ne peut se réaliser
sans un accompagnement pensé et efficient de leurs familles. Les motifs conduisant à
un échec du placement sont de divers ordres mais je retiens le déni des difficultés qui a
abouti à une mise à distance, les loyautés indirectes, le manque de coordination et de
dialogue entre les services situés. A lřinstar des difficultés intra personnelles, il me
semble quřune restructuration de nos modalités de travail avec notre partenaire principal
nous permettrait déjà dřagir avec plus dřefficacité pour intensifier le travail avec les
familles selon des procédés établis et communiqués. Pour cela, balisons le terrain,
organisons le temps, posons des jalons, fixons les moments, les lieux des diverses
rencontres de travail entre partenaires et avec les familles. En bref, établissons des
protocoles.
La coopération des familles conditionne grandement le succès dřune prise en charge.
Cřest la raison pour laquelle il serait pertinent dřétablir une feuille de route qui guiderait
les conduites des différents acteurs. Des repères et des échéanciers clairement
identifiés par tous, nous permettraient dřune part de prendre le temps dřévaluer notre
travail en toute transparence et dřautre part dřassocier davantage les familles pour les
projets construits. Les rendez-vous réguliers auraient lřavantage dřimpulser une
SAU 92
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 265 -
dynamique. Nous pouvons espérer que lřespace entre deux rencontres favorise la
réflexion, lřanticipation, le développement dřune pensée, la construction de projets,
lřinstauration aussi et surtout dřune relation de confiance. Nous les mobilisons ainsi dans
une dynamique de coopération « guidée », discutée...
Pour le professionnel, il sřagit de prendre le risque de connaitre profondément lřautre, de
le rencontrer. Cřest dans lřexpérience de lřautre, dans les rencontres, que lřon peut
quitter nos certitudes, sřouvrir aux doutes, jouer avec nos préjugés pour enfin être tout
entier attentif à lřautre. Il nřy a quřen apprenant à connaitre lřautre que nous serons en
mesure de construire ensemble un projet adéquat.
Sans aller jusquřà brosser une typologie de la population que nous accueillons, en
décidant sciemment et de manière arbitraire de me focaliser sur le mode dřentrée dans
notre dispositif dřaccueil dřurgence, je pense ne pas trop mřéloigner du réel ni simplifier
à lřexcès si je dis que nous avons à faire grosso-modo à deux types de profils :
- des jeunes qui connaissent leur premier placement quřils aient ou non bénéficié dřun
accompagnement éducatif de type AED ou bien dřAEMO.
- des jeunes qui ont connu plusieurs placements avec par conséquent un parcours
institutionnel bien installé.
Du coup, même si nous nřintervenons que sur une courte période, 4 mois en moyenne,
notre action est décisive. Pourquoi ? De notre intervention dépendra la suite des
événements. Si nous nous laissons happer par le fonctionnement familial et/ou les
discordances institutionnelles et les nombreux mécanismes de résistance au
changement et que nous ne parvenons pas à apporter une réelle contribution en
modifiant la représentation du problème ; nous nous condamnons à lřinertie. Autrement
dit, si nous nous contentons simplement dřobserver et dřévaluer, nous participons dřune
manière ou dřune autre à lřentretien des difficultés que nous cherchons à solutionner. Je
provoque bien évidemment et exagère un peu sur notre responsabilité mais pas tant
que cela.
Ces jeunes nous parviennent souvent quand les ressources de lřenvironnement dans
lequel ils évoluent nřont pu suffire pour contenir leurs difficultés et trouver une issue
positive à la crise que traversait leur milieu dřappartenance. Dans le dictionnaire
historique de la langue française, crise est définie comme la « phase décisive dřune
maladie », comme « malaise » dans un sens abstrait plus général. Il y est précisé aussi
que « lřaccent est parfois mis sur lřenthousiasme subit, généralement passager » (crise
religieuse). Philippe CAILLE définit la crise comme « la perte de contrôle du système sur
son histoire par la mise en doute du modèle de la relation »52.
Nous ne pouvons pas être de simples observateurs. La neutralité nřexiste pas. Cette
posture par ailleurs est en totale contradiction avec lřacte éducatif. Je crois que je
parviens enfin à formuler le manque éprouvé quand on me rappelait au triptyque de
notre travail : accueil, évaluation, orientation. Nous ne pouvons pas être des éléments
passifs mais bel et bien des agents actifs de la relation, jouant de notre influence pour
engendrer de nouvelles expériences.
Je souhaitai terminer cet écrit en citant Erich FROMM : « La première condition à la
création possible de la société nouvelle est la prise de conscience des difficultés
presque insurmontables quřune telle entreprise doit affronter. Le fait quřon se rend
compte plus ou moins vaguement de ces difficultés explique en grande partie pourquoi
on sřefforce si peu de réaliser les changements nécessaires. Beaucoup
pensent : « Pourquoi lutter pour lřimpossible ? Agissons plutôt comme si la direction que
nous suivons nous conduira au lieu de sécurité et de bonheur que nous indiquent nos
cartes ». Ceux qui se désespèrent inconsciemment et qui, pourtant, portent le masque
de lřoptimisme, ne font pas forcément preuve de sagesse. Mais ceux qui nřont pas
52
CAILLE, Philippe. Familles et thérapeutes. ESF, 2006. 100 p.
SAU 92
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 266 -
perdu tout espoir ne peuvent réussir que sřils sont des réalistes invétérés, sřils perdent
toutes leurs illusions et prennent la mesure de toutes les difficultés. Cette pondération
marque la différence entre les utopistes « éveillés » et les utopistes « endormis »53.
53
FROMM, Erich. Avoir ou être ? Un choix dont dépend l’avenir de l’homme. Robert Laffont, 1978. 200 p.
SAU 92
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 267 -
CENTRE MERES ENFANTS
« CME »
CONTACT :
4, rue de Rome
93000 BOBIGNY
Téléphone : 01.48.48.51.30
e-mail : [email protected]
ACCES :
Métro : ligne 5 jusquřau Terminus
« Bobigny Pablo Picasso - Préfecture »
Tramway : Noisy-le-Sec/Saint Denis,
descendre à « Bobigny Pablo PicassoPréfecture »
Bus : de «Bobigny Pablo Picasso
Préfecture »
Prendre le 134 ou 234 en direction de
Bondy
Descendre à lřarrêt « Edouard Vaillant
Varsovie ».
RER : Ligne B, station ŖLe Bourgetŗ,
Prendre le bus 143, descendre arrêt
« Chemin du Tonneau ».
ACCUEIL :
Toute femme majeure, seule, avec enfant(s) habitant en Seine Saint Denis, ayant
effectué une demande de logement dans le département.
33 femmes seules, majeures avec enfant(s) dont au moins un de moins de trois ans, de
la Seine-Saint-Denis, en hébergement individuel en appartement.
MISSION :
Partie intégrante du dispositif agréé par lřAide Sociale à lřEnfance de Seine Saint-Denis,
le Centre Mères Enfants a pour missions principales dřaider les mères isolées au
maintien ou à la restauration du lien avec leur enfant et à devenir autonomes et
locataires en titre dans les meilleurs délais et les meilleures conditions après une
période de rupture sociale et familiale.
AGREMENTS - HABILITATION :
Aide Sociale à lřEnfance
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 268 -
STRUCTURE :
Directrice : Mme BESANÇON-FAUGÈRE
Effectif : 9.86 ETP
1 agent administratif
1 comptable
2 éducatrices spécialisées,
1 monitrice éducatrice,
1 éducatrice de jeunes enfants,
2 conseillères en économie sociale et familiale,
1 psychologue,
1 chargée dřinsertion professionnelle,
1 agent de maintenance,
1 agent de service intérieur
HÉBERGEMENT
33 femmes seules, majeures avec enfant(s) dont au moins un de moins de trois ans,
de la Seine-Saint-Denis, en hébergement individuel en appartement.
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
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2015, l’année du pire et du meilleur
Monique BESANÇON-FAUGÈRE, directrice.
Comment se retourner sur une année passée dans une institution basée à Bobigny, à
quelques encablures de la porte de Vincennes, du onzième arrondissement de Paris et
du stade de France à Saint-Denis ?
Peut-être dřabord, simplement en citant quelques unes des paroles de mères de
familles énoncées au C.M.E. après la seconde période dřattentats : « J’ai connu ça
déjà ; ça me fait peur. Les français ne méritaient pas ça…J’ai le cœur qui bat à 2000 à
l’heure dans les transports en commun… Je pense à ma fille, elle sans moi, moi sans
elle. Qui s’occuperait d’elle ?...Ce ne sont pas des musulmans, ils me font honte…On
ne sait plus sur qui compter…J’ai pris ma fille contre mon cœur, j’avais besoin de la
sentir sur moi. J’ai dormi avec elle cette nuit là… ».
Et puis se dire quřil y a à chercher sans relâche les trésors, les ressources, les forces
positives et les compétences chez lřautre.
Ne pas baisser les bras comme le font toutes ces mères de familles hébergées par le
C.M.E. dont les histoires de vie ont été, pour un certain nombre dřentre elles, entachées
dřépisodes violents, traumatisants.
Se dresser avec elles contre lřignorance, lřirrespect. Avancer à leurs côtés avec soif de
sřenrichir à leur écoute.
Réfléchir, impulser, se renouveler dans la continuité, faire des pas de côté, sřarrêter
pour mieux reprendre la trace, traces du passé, chemins présents et à venir.
Se poser, échanger, accueillir lřautre, sa parole, avec bienveillance, partager, proposer.
Accepter son impuissance et ses limites.
Accompagner le passage, décider ensemble dřy mettre fin.
Cette introduction à lřinfinitif nous permet de nous replonger dans ce qui a pu se vivre au
C.M.E durant cette année 2015.
En effet, ces quelques lignes nous semblent bien résumer la dynamique dans laquelle
nous voulons situer le C.M.E. : une institution vivante avec des salariés engagés.
Durant les douze mois écoulés, nous avons, chacun à notre poste, fourni un travail
conséquent.
Nous avons accompagné 41 familles avec leurs 60 enfants. Cinq mères de familles sont
devenues locataires en titre et ont quitté le C.M.E en cours dřannée avec leurs sept
enfants, dix femmes et treize enfants ont rejoint le C.M.E.
Nous avons capté neuf logements dans lřannée dont quatre dans le cadre de baux
associatifs. Ce qui nous permet dřavoir au 31 décembre 2015, vingt-cinq logements
pérennes où les familles se succéderont selon lřévolution de leurs situations.
Soit les cheffes de famille sont en mesure de vivre sans le soutien de lřAVVEJ et nous
faisons en sorte de leur permette de devenir locataires en titre. Nous recherchons alors
un logement en bail direct (deux en 2015).
Soit un accompagnement de la cellule familiale sřavère encore nécessaire malgré les
avancées et nous lui proposons le passage dans un autre logement dans le cadre dřun
bail glissant (trois en 2015). La famille peut ainsi, avec le soutien du C.M.E., sřinstaller
dans une autre cité et apprivoiser un environnement inconnu qui deviendra en son
temps le sien puisquřà terme, la cheffe de famille deviendra locataire de cet
appartement.
Notre souhait dřagrandir le parc locatif du C.M.E. dans le cadre de baux associatifs (plus
de 60% en 2015) sřorigine dans plusieurs raisons.
La première reste la difficulté à trouver du logement. Or, si une famille est en voie
dřindépendance nous pouvons instruire des demandes suffisamment tôt pour lui donner
Centre Mères Enfants
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 270 -
la possibilité dřavoir accès à du logement direct. Notons cependant que, cette année,
une famille avec 3 enfants a pu sortir du C.M.E. après 2 ans dřattente.
La seconde facilitera quelque peu le travail de lřouvrier qualifié et des administratives,
sřagissant de lřaménagement et la maintenance des logements, de la gestion des
mouvements des mobiliers, des assurances etc. En effet, chaque nouvelle entrée dans
les lieux demande dřadapter lřespace à la famille entrante, faire lřinventaire du matériel
mis en service etc. A la longue, plus le nombre de logements restera fixe moins il y aura
de grands aménagements à réaliser. Seuls les travaux de rénovation, le changement du
mobilier usager et lřentretien courant seront à effectuer.
La troisième offre un avantage certain, celui de développer et fidéliser les partenariats
divers et variés dans les communes dřimplantation.
La quatrième permet (dans différents quartiers où, à présent, lřAVVEJ loue plusieurs
appartements) aux familles hébergées de se rencontrer selon les affinités, de se
soutenir, de sřentraider et de sortir de lřisolement dans lequel elles sont souvent. Ainsi,
un des textes qui suivent illustre, entre autre, ce phénomène possible entre femmes et
enfants hébergés par le C.M.E.
Sřagissant des admissions au C.M.E., nous avons cette année pris en compte à la fois
les réflexions et suggestions des mères de familles54 et les conclusions de lřévaluation
externe55. Ainsi avons-nous élaboré en équipe une nouvelle procédure, décrite par le
menu ci-après.
Elle permet aux familles dřappréhender dřemblée et au fil des réunions ce quřest cette
institution où elles souhaitent être intégrées, ce qui peut être proposé, les limites et
conditions…
Elle favorise aussi une analyse plus collective des situations puisque sont mobilisés
deux à quatre membres de lřéquipe éducative, la directrice et la psychologue.
Elle propose, lors dřune troisième rencontre, un accueil institutionnel et officialise
lřadmission par la signature dřun contrat engageant la famille et le C.M.E. dans un travail
en commun même si, dans le même temps, lřAVVEJ ne peut mettre un logement à
disposition de la famille.
Enfin elle offre la possibilité aux mères de familles de construire un début de lien avec
des pairs, de se constituer un nouveau groupe dřappartenance et dřamener, plus tard,
certaines dřentre elles à fabriquer des actions collectives comme le montre, ci-après, le
texte de madame PERIER.
Le collectif au C.M.E., comme lřan passé, est une dimension qui a pris toute son
importance56.
Il nourrit à la fois la réflexion et le désir de créer, il permet lřimmersion dans un groupe, il
favorise lřexpression de compétences inavouées ou enfouies, il donne envie de
transmettre à son tour, il apporte un regard sur soi différent, il développe la confiance et
lřestime de soi.
Le groupe de femmes participant en 2014 à la réalisation dřun film, portant sur la
transmission et la double culture, a continué à se rencontrer même si en cours dřannée
certaines dřentre elles ont désinvesti puis abandonné le projet. La professionnelle à
lřorigine de cette idée a elle aussi quitté le C.M.E. mais elle a été relayée par une autre
qui porte grand intérêt à cette ambitieuse entreprise.
Le film est, à lřheure de lřécriture de ce rapport dřactivité, avec les femmes disponibles,
au stade du montage.
54
Rapport d’activité du C. .E. : « compte rendu de la première réunion du groupe d’expression des mères de famille admises au
C.M.E. », page14.
55
ENEIS CONSEIL : Synthèse de l’évaluation externe : Plan d’actions d’amélioration qualité « Renouveler la réflexion sur la procédure
d’admission dans l’établissement… Contractualiser l’accompagnement dès l’admission, sans attendre l’entrée dans le logement » ;
page 52.
56
ENE S CONSE L proposait aussi comme Plan d’actions d’amélioration qualité de « poursuivre la réflexion relative à la mise en place
d’actions collectives sur le plan des thématiques favorisant la rencontre entre les femmes accueillies et favorisant leur
socialisation » ; page 53
Centre Mères Enfants
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 271 -
Nous comptons bien le visionner lors dřune journée porte ouverte au C.M.E. pour son
« 20ième anniversaire» en 2016 !
Comme le suggèrent les textes de Mesdames CLAIR et PERIER, les activités ou
actions collectives menées en 2015 au C.M.E. ont facilité lřexpression de lřexpertise de
certaines femmes hébergées.
Pour une part plus large des familles, leur participation aux sorties (une journée en bord
de mer, les visites aux musés du quai Branly, de la Fondation Cartier et de la Cité des
Sciences et de lřIndustrie, des pique-niques au parc de Drancy et de la Courneuve, à la
piscine de Drancy pour les bébés nageurs, au zoo de Vincennes et à celui du Jardin des
Plantes, à lřaquarium de la Porte Dorée, à une exposition interactive sur les dangers
domestiques à Bobigny, au spectacle du cirque Moreno,…) et aux activités proposées
(vernissage des « portraits de familles » et galettes des rois, ateliers Sumba pour les
mères et pâte à sel pour les enfants, des moments dřaccueil conviviaux, des « midis
table-ouverte » et ciné-club au C.M.E., le « repas haut en couleur »…) ont permis de
nous apprivoiser, de dépasser des réticences, de renforcer une dynamique
institutionnelle pour contrecarrer un peu plus lřisolement, de faire se rencontrer de
nouvelles familles admises avec des plus anciennes, de favoriser les échanges
dřexpériences et dřamener aussi des modifications dans lřaccompagnement de ces
femmes et de ces enfants. Le texte de Madame MAHROUR en est un exemple.
Ces nombreuses propositions de rencontres provoquent parfois des effets inattendus
par les professionnels. En effet, les liens se tissant, pourquoi ne pas partir ensemble en
vacances avec les enfants ? Ainsi, par exemple, deux cheffes de famille, logées dans le
même quartier par lřAVVEJ, ayant participé à la même procédure dřadmission, se sont
organisées entre elles pour, après un périple en car, séjourner au Portugal. Dřautres se
sont transmises des expériences en centre de vacances avec le soutien de la CAF.
Ainsi, ont-elles amené certaines de leurs interlocutrices à sřautoriser à prendre du repos
avec leur enfant, loin du quotidien et des contraintes, dans un cadre soutenant et
convivial.
En 2015, nous avons mis en place, en présence du travailleur social, une
formation « petit bricolage » délivrée par lřagent de maintenance aux mères de familles
nouvellement hébergées au C.M.E.
Elle se déroule dans le logement où la famille demeure. Cet espace singulier favorise
lřexpression des questions et permet dřapporter des informations spécifiques liées à
lřappartement. A la fin de cette intervention, un kit dřoutils de base est remis par lřagent
de maintenance à la cheffe de famille.
Cette formation57 a été pensée comme un appui technique au « savoir habiter » des
femmes avec lřobjectif, dès lřentrée, de favoriser une posture autonome. Ce temps
dřapprentissage parait être très appréciée comme ont pu lřexprimer certaines dřentre
elles au cours dřun groupe dřexpression : « il m’a appris à changer les ampoules… Le
bricolage, chez nous c’est pour les hommes et les femmes c’est à la cuisine ! ».
Toujours dans cette perspective de rendre les mères de familles les plus indépendantes
possible à la sortie du C.M.E., nous mobilisons autant que faire se peut leurs forces et
leurs compétences pour sécuriser a minima leur parcours professionnel. Ainsi, si tel est
leur désir et dans leurs possibilités, nous les engageons sur la voie de la formation
diplômante. Nous visons à asseoir, plus tard, leur position sociale et, dès à présent, la
possibilité de tracer la route de lřapprentissage et du savoir à leurs enfants. Les textes
de Mesdames MEZERAI et BABOU traduisent le souci et la volonté des intervenants
pour amener les mères de familles à réussir une insertion professionnelle plus ou moins
choisie.
57
ENEIS CONSEIL proposait également comme Plan d’actions d’amélioration qualité de : « inscrire dans une logique de projet le
renforcement de la dimension éducative de l’intervention de l’agent de maintenance » ; page 53.
Centre Mères Enfants
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 272 -
Néanmoins, pour une majorité des femmes accueillies au C.M.E., cette quête de
lřautonomie est entravée par la scansion des renouvellements des cartes de séjour et
peut entrainer des moments de grandes angoisses, des restrictions drastiques, des
sentiments de honte et dřinjustice quand elles mettent tout en œuvre pour répondre à la
commande sociale.
En effet, imaginez-vous devoir renouveler votre demande de titre de séjour. Vous suivez
les instructions de la préfecture (maintenant uniquement par internet). Vous devez
prendre un rendez-vous le jour de la date anniversaire de votre carte de séjour et ce, 2
ou 3 mois avant selon les indications. Imaginons toujours que, non seulement vous avez
accès à Internet mais que vous prenez votre rendez-vous juste à la bonne date. Dans le
cas présent, la préfecture vous donne cependant un rendez-vous éloigné de la fin de la
validité de votre carte de séjour.
Ah, jřoubliais, vous êtes relativement isolé et ne pouvez compter que sur vous-même.
Vous êtes seul avec deux enfants dans un logement dont vous êtes locataire, vous êtes
en formation, vous percevez un Revenu Solidarité Active, des allocations familiales et
des APL. Vous avez un enfant en bas âge gardé par une assistante maternelle quand
vous êtes en cours et en stage. Votre second enfant, élève à lřécole primaire, participe
aux activités périscolaires et va en centre de loisirs les mercredis et vacances scolaires.
Bref, vous menez une vie, somme toute, banale !
Mais cřest sans compter avec les administrations… Car votre situation va changer
radicalement du jour au lendemain.
Vous nřêtes plus autoriser à poursuivre votre formation jusquřà lřobtention de votre
récépissé et vous nřouvrez plus droit aux prestations sociales que vous perceviez
jusquřalors. LřURSSAF vous demande de lui rembourser les charges sociales que la
CAF prenait en charge pour lřemploi de lřassistante maternelle.
Je vous laisse imaginer lřeffroi, lřeffondrement dans lequel vous vous trouvez. Comment
faire avec rien ?
Et bien, cette situation sřest produite à plusieurs reprises en 2015 pour des femmes
accueillies au C.M.E. Par chance pour elles, car nous avons instruit des demandes
dřaides financières auprès des services de lřA.S.E. en espérant être suivis dans nos
demandes et nous avons fait lřimpasse sur les virements des loyers et sur le versement
des APL pariant quřelles auraient un nouveau titre de séjour et un rappel partiel de leurs
prestations sociales !
Ainsi lřorganisation des administrations peut mettre en péril annuellement lřéquilibre des
familles aux revenus précaires et les entrainer dans une spirale infernale où elles ne
peuvent quřadopter, quand elles sont dotées de forces suffisantes, des attitudes de
survie. Ce qui les replonge, pour la plupart, dans un passé relativement proche et
traumatique et va à lřopposé de ce qui fonde lřaction sociale !
Par ailleurs, cette année encore, nous avons maintenu lřintervention supplémentaire de
la psychologue pour des rencontres ponctuelles avec certaines femmes et leurs enfants.
Nous avons systématisé son intervention dans le cadre de la procédure dřadmission en
lřimpliquant à la deuxième réunion, puis dans les temps dřaccueil des familles admises
et lors dřévénements collectifs. Sa présence à différents moments de la vie
institutionnelle partagée avec les hébergées a pour but de démystifier un tant soit peu
les a priori et faciliter la rencontre entre les femmes et la psychologue. Le texte de
madame Mahrour en est lřillustration.
En 2015, comme les chiffres le montrent ci-après, nous constatons une nette
augmentation des reconnaissances paternelles (plus de 18%). Même si 36% des
enfants nřont aucun lien avec leur père, il nřen reste pas moins que la question du
Centre Mères Enfants
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 273 -
père58, dřun compagnon qui peut prend place aux côtés de la mère, parfois
transitoirement, interroge régulièrement les professionnels du C.M.E. quant à son rôle
dans lřéducation et la vie de lřenfant, sa prise en compte dans lřaccompagnement
éducatif, sřil a reconnu lřenfant ses droits et ses devoirs etc.
Partant de ces interrogations, nous avons mis en place, pour tous les salariés de
lřinstitution, une formation (sous la direction dř« Afrique Conseil ») portant sur la place et
la fonction de chacun des parents, des enfants et de la famille élargie dans les
systèmes familiaux des pays dřAfrique de lřouest et du Maghreb, puisquřune majorité
des familles hébergées au C.M.E. a pris racine sur ces terres lointaines. Il sřagissait
aussi de tenter de décoder les effets de lřimmigration sur la transmission culturelle et sur
les fonctionnements parentaux.
Dans la même veine, des professionnels du C.M.E. ont été invités, par une autre
institution de lřAVVEJ accueillant des jeunes femmes et leurs enfants, les M.A.P.E. à
Fontenay-aux-Roses, à assister à une journée de formation intitulée « culture, migration
et société ». Ils ont participé également à une matinée, proposée par la Maison des
parents de Bobigny, intitulée « la famille aujourdřhui entre mythe et réalité ».
A ce jour, il nous incombe de poursuivre plus avant notre réflexion sur
lřaccompagnement à la parentalité au C.M.E., sur le couple parental séparé réellement
ou pas et sur notre capacité à intégrer ou non cette question dans lřexercice de notre
mission. Le travail commencé avec le cabinet IDACT pour lřévaluation interne prend en
compte ce sujet.
Au-delà de nos murs, avec les responsables des Centres Maternels associatifs du
département, nous souhaitons redynamiser en 2016 une réflexion inter-institutions
commencée en 2014. Le Conseil Départemental, pour sa part, semble intéressé par la
création de places en centres parentaux.
Donner la possibilité aux salariés dřaller écouter, découvrir, apprendre, est pour nous
essentiel car lřentre soi isole.
En 2015, comme les années précédentes, ces derniers ont pu participer à différentes
formations, colloques ou conférences comme « Égale à égal, les métiers nřont pas de
sexe », « 21ième rapport du mal logement », « lřobservatoire des violences faites aux
femmes », « rencontre annuelle avec Solidarité Paris Maman », « la bureaucratisation
du monde à lřère néolibérale », etc.
Quatre dřentre nous, avons œuvré et/ou participé au 23ième séminaire de lřAVVEJ dont
lřambition était de traiter cette question : « Normes, Règles, Lois : Quels repères pour
lřinstitution éducative ? ».
Durant trois jours des conférences, des extraits de livre lus par leurs auteurs, des
débats improvisés, des ateliers, des tables rondes, un apéro-philo, des spectacles ont
donné lieu à des échanges intergénérationnels et interinstitutionnels.
58
ENEIS CONSEIL: Plan d’actions d’amélioration qualité: «Renouveler la réflexion sur la place des pères dans l’accompagnement
proposé aux familles accueillies en tenant compte de la diversité des places des pères/conjoints dans les familles accueillies.
S’appuyer sur les échanges à venir avec les autres C. .E. du 93 autour de cette question de la place du père » ; page 52.
Centre Mères Enfants
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 274 -
La procédure d’admission au C. M. E. de l’AVVEJ
Monique BESANÇON-FAUGÈRE, directrice.
1. Prise de contact et premières orientation
La prise de contact se fait généralement sous forme dřappels téléphoniques par les
partenaires sanitaires et sociaux ou par les personnes elles-mêmes
La réception des appels sřeffectue par les administratives. Elles informent alors les
appelants sur les critères de base :
 Femme majeure et isolée (célibataire : veuve, non mariée ou non pacsée)
 Être enceinte ou/et avoir au moins un enfant de Ŕ de 3 ans
 Être domiciliée en Seine-Saint-Denis
 Être en situation administrative régulière en France
 Être en demande et adhérer à un accompagnement socio-éducatif
 Avoir un numéro unique régional de demandeur de logement dans le 93
 Adresser un rapport social et une lettre de motivation.
2. Étude des demandes d’admission
Les dossiers de candidatures sont enregistrés chronologiquement par la secrétaire puis
sont lus par la directrice qui, outre les critères administratifs, examine la demande à
lřéclairage des critères suivants, indispensables du fait de la spécificité de
lřhébergement diffus en ville et du positionnement du Centre Mères Enfants en tant que
« dernière » étape vers lřinsertion :
 Une autonomie minimale, c'est à dire, pouvoir occuper et vivre dans un logement
avec son enfant en toute sécurité (sinon une réorientation vers des Centre
Maternels Collectifs est suggérée)
 Une capacité minimale d'accepter la relation et la communication avec l'autre
permettant la mise en œuvre dřune relation dřaccompagnement éducatif.
Les dossiers retenus sont mis en attente jusqu'à la prochaine procédure d'admission
laquelle se met en place lorsque des départs de familles sont prévus ou des nouveaux
logements sont attribués au C.M.E.
La directrice reprend alors ces dossiers et, au vu de la configuration des appartements
et de la composition des familles, en sélectionne 3 pour 1 logement.
3. Prise de contact avec les demandeurs retenus
La secrétaire téléphone alors aux mères de familles (aux partenaires sociaux si cette
dernière est injoignable) vérifie si leur demande est toujours dřactualité, et, si tel est le
cas, leur demande de participer avec leur(s) enfant(s) à la réunion dřinformation
collective fixée au C.M.E.
Par ailleurs, il leur est demandé dřapporter certains documents administratifs : papiers
dřidentité, extraits dřacte de naissance des enfants, attestation CAF.
La secrétaire inscrit les candidates sur une liste quřelles émargeront lors de leurs
venues.
4. Information collective
C’est l’originalité de ce dispositif : la rencontre et l’évaluation des candidatures se font
sous la forme d’un cycle de 2 réunions successives. Le groupe est basé sur des
échanges interactifs. Ce travail nécessite des participantes une réelle capacité à
se mobiliser.
Cette première rencontre est un moment de présentation mutuelle et dřéchanges
dřinformations.
Centre Mères Enfants
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 275 -
Dans un premier temps, la directrice, avec 2 membres de lřéquipe éducative, présente
lřinstitution, ses règles, ses limites, ses moyens, ses objectifs et explique la procédure
dřadmission.
Dans un deuxième temps, la cheffe de famille présente son/ses enfants, ses/leurs
besoins aux 2 travailleurs sociaux du C.M.E.
Enfin, chaque participante remplit un dossier administratif personnel avec lřaide, selon la
situation, des autres participantes ou des professionnels du C.M.E.
En parallèle, si nécessaire, 2 autres professionnels du C.M.E. viennent en appui, dans
la prise en charge des enfants.
5. Réunion collective : Pourquoi le C.M.E. aujourd’hui ?
Lors de cette seconde rencontre, les femmes sont accueillies par les 2 travailleurs
sociaux et la psychologue du C.M.E.
Leur(s) enfant(s) peut(vent) être pris en charge par 2 autres professionnels du C.M.E. si
elles nřont pas de solutions de garde.
En effet, durant cette réunion, les participantes sont invitées, chacune leur tour, à
expliquer, au regard de leur histoire, pourquoi elles font appel aujourdřhui au C.M.E. de
lřAVVEJ. Nous essayons de comprendre ensemble comment elles peuvent se projeter
dans lřavenir en tant que femmes et cheffes de famille.
6. Commission d’admission
Les candidatures sont présentées et étudiées en commission dřadmission composée de
toute lřéquipe socio-éducative, au vu des critères dřadmissibilité suivants :
 Adhésion de la cheffe de famille à lřaccompagnement socio-éducatif
 Capacités de lřinstitution à répondre aux besoins de la famille
 Détresse et précarité: les familles avec nouveaux nés, les familles vivant à lřhôtel
de longue date sont prioritaires
 Capacité de la mère de famille à occuper un logement en hébergement diffus en
toute sécurité et capacité de cette dernière à aboutir à une insertion sociale et
professionnelle dans les délais de prise en charge.
4 types de décision sont pris :
 Recherche de complément dřinformation, soit par une rencontre supplémentaire
avec lřintéressée sous forme dřun entretien au C.M.E. (professionnel à
déterminer lors de la commission) soit par un appel téléphonique au partenaire
orienteur
 Refus pour raisons diverses (fragilités psychologiques, dépendance à un produit,
dettes massives ….)
 Réorientation vers dřautres centres maternels plus adaptés (collectifs),
 Admission immédiate ou différée selon les logements libres.
La directrice, en fonction des disponibilités des professionnels et de la problématique,
attribue la prise en charge de la situation familiale à un ou deux membres de lřéquipe
éducative.
7. Notification des décisions
 Accord :
La directrice adresse aux mères de familles admises un courrier les convoquant à une
rencontre avec les différents salariés du C.M.E.
 Refus :
La directrice adresse aux mères de familles un courrier personnalisé précisant les
motifs de refus et suggérant, éventuellement, une autre orientation.
8. Officialisation de la décision d’admission
Au cours dřune troisième réunion au C.M.E., les familles sont accueillies par lřensemble
des professionnels de lřinstitution. A cette occasion la directrice leur remet le livret
Centre Mères Enfants
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 276 -
dřaccueil, la charte des droits et des libertés de la personne accueillie et le règlement de
fonctionnement. Elle leur présente, plus particulièrement, le où les travailleurs sociaux
qui assureront, dans leur situation, lřaccompagnement éducatif.
A lřissue de cette rencontre, un rendez-vous est fixé par la directrice pour signer les
premiers contrats, soit:
 Les contrats dřadmission et dřaccompagnement personnalisé qui officialisent et
déterminent le travail à mettre en œuvre avec la famille avant lřentrée dans un
logement de lřAVVEJ. Ce travail sřélabore à partir des difficultés et des besoins
exprimés mais également, il fait appel aux capacités et à la motivation de la
famille.
 Les premiers contrats dřhébergement et dřaccompagnement personnalisé qui
fixent les délais de séjour au C.M.E. et les objectifs à atteindre ensemble. Ceuxci sřappuient sur le projet que sřest fixée la personne elle-même.
Du premier échange á un travail d’élaboration
Susanna MAHROUR, psychologue.
Lřespace de parole mis en place en 2014 avec la psychologue et les mères accueillies
au Centre Mère Enfants a perduré en 2015.
Cette proposition de rencontre sřinscrit dans lřaccompagnement global de lřéquipe
envers les familles accueillies. Nous avons réfléchi à la manière dont ces rencontres
pouvaient se dérouler, cela autant dans le fond comme dans la forme.
Cette réflexion a été guidée en tenant en compte de la diversité culturelle du public
accueilli car la rencontre avec un psychologue, dřune manière générale, ne fait pas
forcement partie de la culture des mères qui sont hébergées au C.M.E.
Il est important de signaler quřil sřagit dřune proposition que nous faisons aux mères, le
plus souvent après une réunion de synthèse où nous échangeons en équipe sur la
situation dřune famille en particulier.
Les mères de famille peuvent également demander à rencontrer la psychologue quand
elles le souhaitent.
Les expériences vécues, les histoires familiales, ainsi que la culture dřorigine seront la
base sur laquelle la relation mère/enfant va se tisser.
La place de lřenfant dans le psychisme de la mère commence bien avant sa venue au
monde. Le lien entre la mère et lřenfant, ainsi que la place et la fonction du père, ne sont
pas données dřemblée, elles sont à inventer de manière singulière pour chaque sujet.
Le Centre Mères Enfants offre des conditions humaines et matérielles, suffisamment
bonnes, pour que ce tissage puisse se construire.
Ces rencontres ne sřinscrivent pas dans le cadre dřune thérapie ni dřun suivi à long
terme. Il sřagit dřun temps ponctuel où tout ce qui est dit restera dans le cadre du secret
professionnel, entre la psychologue et la mère. Les éléments que la psychologue
considère nécessaires de transmettre à lřéquipe seront transmis avec lřaccord de la
mère.
Au Centre Mères Enfants, nous avons modifié la procédure dřadmission. La
psychologue y participe maintenant. Si nous le précisons ici, cřest pour signifier que les
mères font sa connaissance dés leur arrivée au C.M.E., ce qui peut faciliter le travail par
la suite.
A cela sřajoute le fait que nous organisons un moment de rencontre convivial avec les
nouvelles familles admises et le reste de lřéquipe qui nřa pas participé à la procédure
dřadmission afin de commencer à tisser des liens.
Centre Mères Enfants
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 277 -
Ainsi, jřai fait connaissance de Madame B. lors de la procédure dřadmission qui a eu
lieu au mois de juillet 2015. A cette occasion, nous avons organisé un déjeuner avec les
nouvelles mères admises au C.M.E., leurs enfants et une partie des salariés du C.M.E.
Il faisait très beau et nous avons pu profiter du jardin de notre établissement.
Les mères ont commencé à arriver, à faire connaissance entre elles, les enfants
profitaient du jardin et des jouets mis à leur disposition.
Un climat dřéchange convivial sřest vite installé. Les mères prenaient du plaisir à parler
entre elles, à partager leurs expériences.
Madame B. est venue avec ses deux enfants, lřaîné âgé de trois ans et le petit de 20
mois. Jřobserve ses deux petits garçons pleins de vie profiter de ce moment de joie et
de détente dans ce midi ensoleillé. Jřobserve également Madame B., qui est
physiquement très proche de ses enfants. Elle a lřair inquiet, presque excédée du
comportement de son fils aîné, comme si elle se sentait menacée par son
comportement : elle pose son regard en permanence sur lui, disant dans le même
temps, « il fera une bêtise ».
Les enfants jouent tranquillement, ils ne sont pas agités : ils sřamusent avec un ballon,
un tuyau dřarrosage que nous leur avons donné pour jouer avec des seaux : la scène
est paisible. Mais Madame B. reste quand même inquiète, elle anticipe avec ses mots
« les bêtises » que son fils pourrait faire « Tu vas lancer le ballon de l’autre côté du
mur… Tu vas faire mal à ton petit frère… Tu vas le mouiller… Ne montes pas les petites
marches, tu vas tomber… »
Je mřapproche dřelle lui faisant remarquer que ses enfants ont lřair de bien sřamuser et
quřils jouent tranquillement. Je me montre rassurée par le comportement de ses
enfants et je partage avec elle mon ressentie et mes observations concernant ce
moment de jeu que vivent ses garçons : je nomme toutes les choses intéressantes quřils
sont en train dřexpérimenter.
Madame me dit « vous avez raison, mais, vous savez, le grand fait toujours des
bêtises… »
Son fils ainé pendant quřil joue, cherche sans cesse le regard de sa mère, comme sřil
devait vérifier que le regard de sa mère est toujours posé sur lui pour continuer à jouer :
un jeu de regards se joue entre eux comme un jeu de miroir.
Je propose à Madame B. de profiter du repas avec les autres mères, de se détendre et
de penser quřelle nřest pas toute seule, que nous pouvons surveiller ses enfants. A ce
moment, son fils ainé commence à monter les marches pour rentrer à lřintérieur du
C.M.E. Je lřinvite à ne pas lui dire « tu vas tomber », comme elle lui a déjà répété
plusieurs fois, et de le laisser faire son expérience. Son fils monte et descend les
marches avec soin, et…il nřest pas tombé …
Madame B. me regarde et me sourit en me disant « c’est vrai, je suis toujours inquiète,
j’ai toujours peur, ma mère avec moi, quand j’étais petite elle était comme moi
maintenant et c’était très difficile pour moi… »
Je lui dis alors que, si elle le souhaite, nous pourrons continuer cette discussion à un
autre moment. Elle accepte volontiers.
Cette petite scène a inauguré un travail dřaccompagnement ponctuel avec cette mère.
Elle est venue me voir plusieurs fois. Des fois seule, dřautres fois avec ses enfants.
Ces rencontres lui ont permis de mettre des mots sur son passé douloureux, sur sa
place dřenfant dans sa famille, sur la relation avec sa mère,
sur ses questionnements quant à sa place et son rôle de
mère.
Rappelons que lřangoisse des parents, comme le disait
Françoise Dolto, perfuse littéralement leur bébé et leurs
enfants plus grands. Ce qui provoque, surtout chez lřenfant
petit, des effets de dysfonctionnement, en réponse à cette
angoisse parentale.
Il est nécessaire de prendre en compte ses effets. Ces
réactions et inter-réactions peuvent inaugurer des relations
perturbées entre lřenfant et la mère.
Centre Mères Enfants
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 278 -
A présent, Madame B. est beaucoup plus apaisée. La relation avec ses enfants est plus
harmonieuse. Elle se sent moins anxieuse quřà lřarrivée dans notre établissement.
Cette amélioration est le fruit du travail de toute lřéquipe du Centre Mères Enfants et de
lřimplication de Madame B.
Les rencontres ponctuelles avec la psychologue sřinscrivent dans lřaccompagnement
global en tant que « éponges dřangoisse », pour paraphraser la psychanalyste
Françoise Dolto.
Dialogue entre amis
Isabelle PERIER, éducatrice spécialisée.
«
-
-
Ça va le boulot ?
Oui ! Aujourd’hui j’ai été au zoo avec des familles. En plus il a fait super beau !
C’est pas toi qui est allée l’autre jour voir une exposition ? Et … qui a été invitée avec
toute l’équipe à un repas élaboré par un certain nombre de femmes ?
Si ! Et puis tu peux même rajouter la journée au bord de la mer en fin d’été et …
d’autres !
C’est vraiment cool d’être éduc. !!!!!! »
Je souris et revois toutes ces sorties qui représentent autant de temps singuliers
partagés avec ces femmes et/ou leur(s) enfant(s), si précieux pour les professionnels et
les familles.
Joseph Rouzel, dans « Le travail dřéducateur spécialisé. Ethique et pratique » écrit à
propos des espaces de médiation « cet espace avant tout espace de rencontre et de
partage dřune activité, permet à lřéducateur de mettre en œuvre la finalité de lřaction
éducative qui vise toujours, quelles que soient les modalités, lřappropriation par la
personne de son espace corporel, psychique, social et relationnel ».
Une des particularités du C.M.E. est dřhéberger les familles dans des logements situés
dans différentes villes du département. Cřest ainsi quřun des objectifs de ces actions
collectives est de favoriser la création de lien entre ces femmes afin de rompre le
sentiment dřisolement que peuvent éprouver certaines et faire émerger un esprit de
solidarité entre elles.
Centre Mères Enfants
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 279 -
Par ailleurs, les notions de plaisir, de découverte, dřexpérimentation, centrales dans
lřensemble de ces propositions prennent pleinement sens face aux différents parcours
de vie de ces femmes. En effet leurs histoires de vie sont toutes jalonnées de ruptures,
de séparations, et/ou de violences. De plus la majorité des femmes ont dû fuir leur pays,
leur famille pour diverses raisons (guerre, mariage forcé, tremblement de terre, raisons
économiques, violence ….) et ce, parfois, dans des conditions très difficiles.
Pour les femmes ou les familles ces actions collectives sont donc autant de parenthèses
qui leur permettent un instant de sřévader de leur vie quotidienne et de leurs difficultés
mais également de prendre conscience quřelles ont en elles de véritables richesses.
Mais … Revenons plus en détails sur certaines expériences.
Une sortie au musée
Valérie CLAIR, éducatrice spécialisée
Lřaccès à la culture reste encore difficile pour les
personnes en situation de précarité. Ce sont elles qui
sont les premières privées de contact avec la vie
culturelle. Alors, osons, au sein du Centre Mères
Enfants, proposer la culture comme support à
lřintégration au même titre que le logement, la santé ou
lřemploi.
Une sortie au musée serait elle lřoccasion de faire dialoguer les cultures de chacune au
travers des œuvres exposées ?
Mais lequel choisir alors quřil y a pléthore dřexpositions dans la capitale ?
Cřest lors dřun entretien avec Madame B. que lřinspiration mřest venue. Nous
échangions sur la culture de la République Démocratique du Congo. Elle me parlait de
chanteurs comme « Maitre GIMS », grand sapeur de la communauté, de CHÉRI
SAMBA, peintre congolais.
Cřest à la lecture dřun article dans la presse écrite que jřenvisage une sortie à la
Fondation Cartier pour lřart contemporain. Lřexposition « Beauté Congo 1926-2015
Congo kitiko » retrace un siècle dřhistoire de lřart congolais.
Quatre femmes originaires de Kinshasa et une originaire dřHaïti, une des Comores, une
collègue et moi-même originaires de métropole, composent ce petit groupe de
visiteuses. Nous déambulons dans les salles au gré des peintures et des sculptures.
Tout naturellement les « Congolaises » sřimprovisent guides et nous expliquent lřhistoire
de certains tableaux ou photos. Celui par exemple qui représente Mohamed Ali lors dřun
combat mémorable à Kinshasa. « Mais tu n’étais pas née à ce moment-là » dit une des
femmes « Je sais mais cette histoire a fait le tour de ma famille et c’est mon père qui me
l’a racontée », une autre jeune femme rajoute « tout le monde dans Kinshasa connait
cette légende, elle fait partie de l’histoire de mon pays et je la dirai à mon fils ».
Elles nous traduisent aussi les phrases écrites en Lingala sur les peintures pleines de
couleurs de certains quartiers de la capitale. Et au son des chants qui ont bercé leur
enfance, ces jeunes femmes esquissent quelques pas de danse africaine…
Elles ont mis tant de leurs souvenirs dans cette visite si particulière que nous avons
toutes partagé, avec un vrai plaisir, ces instantanés de vie, nous qui étions étrangères à
leur univers. Voilà une visite au musée des plus vivantes.
Á la sortie, Madame B. exprime son sentiment de fierté « d’être représentée ici en
France dans cette exposition ».
Centre Mères Enfants
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 280 -
Madame L. est ravie que soit présenté « le bon côté de Kinshasa et pas seulement
l’Afrique des pauvres » … « montrer que le Congo ça bouge ! »
Les deux autres mères de famille, non originaires de la République Démocratique du
Congo, expriment le désir dřaller voir des expositions sur Haïti et les Comores et faire, à
leur tour, découvrir leur pays aux autres femmes du C.M.E.
Cette exposition a été une belle occasion de croiser des regards, des histoires et des
souvenirs vécus par ce groupe de visiteuses du 93.
Voici encore un exemple démontrant que la fréquentation des lieux de culture sřavère
être un formidable outil de socialisation et de lutte contre le repli communautaire. Cřest
aussi un moyen de nous faire réfléchir sur « le vivre ensemble ». Certaines des femmes
lřont mis en application dès la fin de lřexposition en allant ensemble à Château Rouge
faire des courses !
Comme le dit Madame L. « c’est grâce à ces sorties qu’on peut montrer ce qu’on est et
découvrir ce qu’on ne connait pas ».
A quand la prochaine sortie ?
Le repas haut en couleurs
Isabelle PERIER, éducatrice spécialisée.
Partition à 2 voix ! Les propos de Mme Saman59, recueillis quelque temps après ce
repas sont retranscrits en italiques.
Mme Saman et son fils, admis au C.M.E. en Mars 2015, rencontrent Aya60 et un de ses
enfants lors dřune sortie proposée aux familles à La Cité des Enfants de La Villette.
59
Par souci d’anonymat les noms ont été modifiés. Un SAMAN en ivoirien est un « éléphant » animal
associé à la mémoire, la sagesse et la bienveillance.
Centre Mères Enfants
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 281 -
Habitant le même quartier, elles sřen retournent ensemble chez elles et, chemin faisant,
tant les femmes que les enfants font connaissance.
Au fil du temps elles vont se voir, rire, se dépanner… De leurs côtés les enfants vont
sřamuser, rentrer de lřécole ensemble, goûter les uns chez les autres……
En Août 2015 Mme Saman signe un CDD dřun mois comme employée de ménage. De
ce fait, devant partir certains jours assez tôt, elle demande à Aya dřaccueillir son fils
avant quřil nřaille chez lřassistante maternelle. Cette dernière accepte tout de suite.
Courant Août, à la fin dřun entretien Madame Saman dit quřen échange du service
rendu par Aya elle va lui apprendre des recettes de cuisine ivoiriennes.
En effet, les deux femmes sont originaires de Côte dřIvoire. Aya a quitté le pays à lřâge
de 5 ans et regrette de ne pas connaitre des recettes culinaires de son pays dřorigine.
Tandis que Mme Saman, restée au pays jusquřà 24 ans, cuisine régulièrement des plats
ivoiriens.
Et là commence lřeffet boule de neige qui va permettre au projet de prendre forme. En
effet aussitôt les idées fusent…… Lors dřun entretien, Madame évoque lřidée dřun repas
collectif au C.M.E.…… Qui permettrait de faire connaissance avec dřautres femmes
suivies par le C.M.E.… Qui pourrait être à lřorigine dřautres occasions de rencontres
avec ou sans le C.M.E…… Chacune ferait découvrir une recette de son pays… On
pourrait écrire les différentes recettes pour que chacune puisse les refaire…
Madame repart du C.M.E. toute souriante et pleine dřénergie avec ses idées en vrac qui
vont lui permettre de penser son projet avant de le proposer à lřéquipe du C.M.E..
« Même si le C.M.E. propose une idée tu peux proposer autre chose ou
apporter ta petite touche pour améliorer le projet… Cela nous ouvre sur
plein de choses. On ne finit pas d’apprendre ».
« Les mamans peuvent faire quelque chose avec ou sans le C.M.E. C’est
vrai, on est accueilli ici car on a des soucis. Chaque personne a son histoire
propre et a besoin d’être accompagnée mais on ne doit pas tout nous
donner. On sait certaines choses qu’on doit pouvoir mettre en pratique et
faire profiter d’autres mamans.
Quelque temps plus tard ce projet de repas collectif a pris forme.
« Le repas, chez moi, réunit les gens. C’est plus qu’un moment de
discussions ou une table ronde. Le repas est toujours convivial, parce qu’on
partage un plat ensemble, chacun est enthousiaste de le goûter.
Lors de ce repas tout le monde était en joie, on rigolait partout. C’est cette
chaleur que j’aime car j’ai grandi dans cette chaleur là. Quand je vois ça, je
me retrouve un peu chez moi. Cela me fait souvenir de plein de choses car
depuis toute petite notre maison était pleine de monde on a toujours mangé
ensemble dans la même assiette »
Madame intitule ce projet « Un repas haut en couleurs »
« Ce nom représente la diversité des plats et des origines. Je suis
ivoirienne, les autres mamans viennent de divers pays et continents donc
quand on parle des plats on évoque plusieurs couleurs, plusieurs horizons,
plusieurs climats c’est donc autant de couleurs … Le soleil, la pluie, le vent
…..
60
Personnage de la bande dessinée « Aya de Yopougon » de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie
(2005)
Centre Mères Enfants
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 282 « Haut en couleurs » donne plus de joie. Cela fait vivre le plat ! Et donne
envie de découvrir ce qu’il y a sur la table. Haut en couleurs et … Haut en
goûts aussi !»
Madame imagine un projet en 2 temps. Avant le repas, elle prévoit une séance
préparatoire avec les femmes disponibles et intéressées par lřidée. Non seulement pour
décider ce que chacune apportera et en quelle quantité afin dřéviter le gâchis mais aussi
et surtout pour que ce projet soit commun et non porté que par elle-même.
« Je n’aime pas être en devant de tout, maître de cérémonie. J’aime être au
même pied d’égalité que tout le monde. Je veux que tout le monde se sente
bien. Quand j’ai convoqué les mamans pour qu’on se retrouve pour donner
l’idée du plat, pour moi je voulais qu’elle me donne aussi leurs idées.
Comment voulaient elles que cela se passe ? Qu’on organise ensemble. J’ai
été satisfaite car elles ont joué le jeu »
Cinq femmes sont présentes le jour de cette première rencontre. Deux qui sřétaient
inscrites nřont pas pu venir. Outre le fait dřimaginer la composition du repas et son
organisation, elles ont pris le temps de discuter et de mieux se connaitre.
Cřest ainsi quřen évoquant les différentes recettes, elles remarquent les différences
dřingrédients ou dřappellation selon les pays dřorigine. Un échange permet à chacune
de sřexprimer sur lřalimentation quřelles offrent à leur(s) enfant(s). Pour la quasi-totalité
des femmes il est très important que ceux-ci connaissent les plats de leur pays
dřorigine.
Madame Saman explique aux femmes que ce repas est un prétexte pour créer dřautres
occasions de rencontres dans et en dehors de lřAVVEJ et que la convivialité, le lien, la
transmission sont au cœur de ce projet.
« C’est tout moi ! Grâce à mes 2 parents qui m’ont appris combien il est
important de savoir vivre avec les gens, de ne pas juger l’autre, de
l’accepter tel qu’il est. Il n’y a pas d’âge pour être attentif à l’autre. J’espère
pouvoir transmettre cela à mes enfants. J’aimerai que mon fils comprenne
qu’il faut être humble dans la vie, respecter son prochain. Tu n’es rien sans
l’autre ».
Ce repas est aussi lřoccasion pour Madame Saman de se changer les idées et de faire
quelque chose ensemble.
« Ici en France, la porte est fermée. Tu rentres, tu fermes la porte, si t’as
pas d’activité c’est compliqué et si en plus t’as pas la télé, t’as rien ! Ces
Centre Mères Enfants
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 283 sorties, ces échanges nous font oublier nos soucis… Combien je vais
percevoir de la CAF ? Comment je vais joindre les 2 bouts avec les
factures ?... On sent quelque part qu’on n’est pas toute seule, enfermée. Ça
fait du bien de partager un repas et de rire. Ça fait du bien de sortir et de ne
pas rester enfermée à la maison.
Les femmes ayant décidé dřinviter lřéquipe du CME pour le repas et deux autres
femmes ayant rejoint le groupe ce fut un repas « haut en couleurs », riche en goût et
plein de gaité.
A la suite de ce beau moment partagé, comme Madame Saman lřavait imaginé, un
recueil de recettes des plats fabriqués pour ce repas a été élaboré avec les
organisatrices. Il sera édité et remis à lřensemble des participantes lors dřun autre
moment convivial au C.M.E.
Le mot de la fin revient à Mme Saman :
« C’est à renouveler. On va organiser cela d’ici
l’été car là on a fait des plats chauds mais l’été
on peut faire des plats froids… Des cocktails…
Du jus de Bissap bien glacé… Du jus de
gingembre … Ah ! Lala ! J’aimerais que cela
arrive ! On va
trouver un jour… On va rigoler, manger ….
Centre Mères Enfants
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 284 -
L’emploi au C.M.E.
Amaria MÉZERAI, conseillère en économie sociale et familiale.
Pendant de nombreuses années, lřaccompagnement vers lřemploi avait une place
centrale au C.M.E. En effet, travailler, avoir un contrat de travail si possible en CDI, des
fiches de paie, étaient des conditions sine qua non pour quřun bailleur accepte le
relogement dřune famille. En conséquence, trouver un emploi représentait la clé de
lřautonomie pour les familles accueillies.
Progressivement les choses ont évolué. Lřéquipe du C.M.E. a encouragé les femmes
accueillies à oser aller vers la formation. A cela plusieurs raisons. En premier lieu, les
emplois occupés par notre public, généralement de bas niveau de qualification voire
illettré, étaient souvent les même : femmes de chambre ou femmes de ménage dans les
bureaux tôt le matin ou tard le soir et qui plus est avec des horaires décalés et/ou en
temps partiel. Des métiers difficiles et usants autant physiquement que
psychologiquement et pas toujours compatibles avec la vie de famille. Nous avions alors
lřambition de leur permettre dřaccéder à des métiers moins fatiguants et plus gratifiants.
Ensuite, nous avons souhaité les aider à sécuriser leurs parcours professionnels.
Obtenir un diplôme ou une qualification professionnelle leur permettrait de faire
reconnaître leurs compétences même en dehors du soutien de lřA.V.V.E.J. Enfin, les
femmes accueillies pourraient choisir leur métier et ne plus le « subir ».
Cependant se former prend du temps. Il fallait donc également faire le choix de la
qualité et non plus seulement de la quantité et ainsi accepter dřaccueillir plus longtemps
ces femmes et leurs enfants. Choix au combien difficile lorsque nous constatons chaque
année le nombre sans cesse grandissant de mères isolées dans lřerrance que compte
notre département et lřengorgement du 115 et des hôtels financés par lřAide Sociale à
lřEnfance.
Mais nous nřétions pas les seuls à évoluer dans ce sens. La formation, surtout celle des
jeunes est devenue une question politique et une « arme » face à la montée du
chômage.
Les jeunes justement. Voilà un autre facteur déterminant dans cette évolution.
En effet depuis quinze ans le profil et la moyenne dřâge du public accompagné par le
CME a beaucoup évolué. Nous accueillons aujourdřhui beaucoup plus de jeunes mères
et qui pour la plupart ont été scolarisées en France. Lřaccueil de femmes analphabètes
est devenu anecdotique.
Ces mères jeunes, malgré parfois un rapport difficile avec lřécole, souhaitent accéder à
de « vrais » métiers. Le travail nřest plus seulement un moyen dřaccéder à lřautonomie
financière mais également un lieu dřépanouissement personnel, la possibilité de voir sa
place dans la société évoluer et le moyen de faire changer le regard que la société porte
sur elles. Devenir actrice de son destin, une citoyenne à part entière et donner lřexemple
à ses enfants. Leur montrer que la société de demain devra composer avec eux pour
peu quřils soient en capacité dřy croire eux-mêmes et de sřen donner les moyens en
travaillant à lřécole.
La fierté qui nous habite en qualité de travailleur social face à une telle évolution ne
nous fait pas perdre de vue pour autant les difficultés qui demeurent. Force est de
constater que les financements obtenus pour aller vers les formations même
diplômantes, se trouvent souvent être les mêmes : Auxiliaires de Vie Sociale, Aidesoignante, Auxiliaire de puériculture… Néanmoins cela correspond à un besoin
économique et au marché du travail. Ainsi, les femmes qui se dirigent vers ces
formations trouvent très rapidement du travail à lřissue de celles-ci. Elles obtiennent
donc les garanties nécessaires à leur relogement, même si les bailleurs eux-mêmes
Centre Mères Enfants
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 285 -
évoluent et acceptent désormais de reloger les familles, sans forcément le
« sacrosaint » C.D.I. et même parfois sans emploi.
Ces jeunes femmes pleinement conscientes des évolutions de la société sřen amusent
régulièrement auprès des travailleurs sociaux de notre service, qui eux ne rajeunissent
pas ! Il nous est par exemple devenu commun dřentendre quelques paroles malicieuses
telles que : « Je vous conseille de faire attention à ce que vous me dites Madame
Durand. N’oubliez pas que, dans quelques années, quand vous aurez besoin de soins
ou que vous serez en maison de retraite, c’est peut-être moi qui m’occuperais de
vous ! »
En 2015, 18 diplômes, dont un Master II de droit, ou qualification professionnelle ont
été obtenus par les femmes accueillies au Centre Mères Enfants.
L’insertion professionnelle : l’accompagnement au C.M.E.
Medhjouba BABOU
Cette action sřadresse aux femmes hébergées par le CME. Elle leur permet dřêtre
conseillée et guidée dans leur choix dřorientation ou de réorientation, de valider un
projet professionnel, de les aider à sřinsérer dans la vie active.
Lřaction dřaccompagnement à lřinsertion professionnelle leur apporte une expertise et
leur propose une méthodologie adaptée en tenant compte de leurs aptitudes,
aspirations et situation sociale.
Les objectifs :




Accompagner les mères de familles pour les rendre actrices de leurs choix et prises de
décision.
Etudier et clarifier les pistes dřorientation et de réorientation possibles.
Définir les étapes à mettre en œuvre.
Valoriser leurs atouts et leur formation pour cibler et réussir leur entrée dans la vie
professionnelle.
Lřaction se décline par :
1. Aide et soutien individualisé : analyse du parcours scolaire et professionnel,
identifier les pistes, réalisation dřun plan dřaction, acquérir une méthodologie
dans sa recherche dřemploi en travaillant sur son potentiel, la confiance en soi,
son image et être plus à lřaise en situation de communication verbale.
2. Diagnostic insertion professionnelle : identification des atouts et freins à
lřinsertion professionnelle, aide à la construction du projet de formation dans la
perspective dřune recherche dřemploi.
3. Validation du projet professionnel : validation des compétences et des
potentiels par rapport à un projet professionnel, validation des possibilités dřune
entrée en formation et/ou lřaccès à lřemploi.
Concrètement, les atouts, les compétences et les handicaps individuels des personnes
accompagnées sont mis en avant dans le travail dřorientation pour définir et rendre
cohérent le projet professionnel.
Afin dřoptimiser leurs chances pour trouver et sřengager dans une orientation
professionnelle ou un emploi, les mères de famille participent à des forums pour
lřemploi, en fonction des événements proposés en Ile de France pour y découvrir les
métiers, se constituer une culture de lřentreprise et se confronter aux recruteurs. Une
jeune femme a trouvé un emploi par ce moyen.
Centre Mères Enfants
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 286 -
Ce travail en partenariat est assuré avec les structures de lřinsertion par lřactivité
économique, Pôle Emploi en ce qui concerne lřaccès aux contrats aidés et lřobtention
des fiches de liaison vers les structures dřinsertion par lřéconomique, les organismes de
formation, les fédérations employeurs dans le cadre des contrats en alternance et
documentation. Il est instauré pour les femmes ayant besoin dřétapes intermédiaires
avant lřaccès à lřemploi classique et/ou une formation.
Les effectifs en 2015
19 Jeunes femmes ont été accompagnées dans le cadre de notre action.
A noter que la majorité de ces dernières a peu ou pas de formation professionnelle à
lřentrée au C.M.E., ce qui ne favorise pas lřaccès à un emploi durable.
Les sorties en emploi et formation




6 femmes ont accédé à un emploi en C.D.D. et deux en C.D.I. : 2 agentes hospitaliers, 1
agente de sécurité, 2 employées en restauration collective, 1 agente de propreté, 1
visiteuse médicale. Une mère de famille a cumulé deux postes dans lřannée en tant
quřagente de service et agente de production.
1 femme est en formation de CAP de cuisine après avoir effectué une formation préqualifiante dans les métiers de la restauration.
61
2 femmes sont en attente de rentrée en formation : D.E.A.V.S. et métier de la couture
1 jeune femme a obtenu un contrat de professionnalisation en tant que vendeuse en
boulangerie mais, par la suite, elle lřa abandonné.
Lřinsertion professionnelle de ces femmes hébergées se caractérise dřun passage de
lřemploi au chômage et elle se traduit par la concentration dans les services directs aux
particuliers
(Services à la personne, hôtels, restaurations collectives et nettoyage). Si ces emplois
permettent aux mères de familles hébergées dřaccéder à un emploi, les conditions de
travail y sont pénibles. Lřendurance et la capacité à supporter des situations plus ou
moins gratifiantes sont des ressources qui rendent possibles lřentrée et le maintien sur
le marché du travail.
Des freins particuliers ont été identifiés, tels que lřabsence de réseau professionnel
doublé de difficultés liées au manque de confiance et dřestime de soi, voire une
méconnaissance des codes culturels utilisés dans le monde du travail en France.
Lřensemble de ces facteurs conduit, quel que soit le niveau de diplôme (obtenu ou non
dans le pays dřorigine), à des orientations vers un champ restreint de métiers peu
qualifiés.
Nous observons aussi un allongement des délais nécessaires du renouvellement du
titre de séjour qui se répercute sur la situation sociale et professionnelle des personnes,
venant entraver leur possibilités de travailler ou de poursuivre leur formation, puisque
sans titre de séjour.
Les conditions dřéligibilité à lřassurance-chômage
se sont faites plus restrictives avec la réduction
des durées dřindemnisation et lřallongement de la
durée minimale dřaffiliation. Les mères de famille
ont, de ce fait, plus de difficultés à se constituer
des droits dřindemnisation et dřouverture de
droits à la formation.
Enfin, nous savons que lřentrée et le maintien
des mères de familles sur le marché du travail
61
D.E.A.V.S. : Diplôme d’Etat d’Auxiliaire de Vie Sociale
Centre Mères Enfants
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 287 -
nécessitent la recherche et la multiplication de modes de garde adaptés et accessibles
à leurs budgets des plus modestes. Ce qui peut faire obstacle à la reprise dřemploi, au
maintien dans lřemploi et/ou à la participation à une formation qualifiante.
I – PARC LOCATIF du 01/01/2015 au 31/12/2015
Bagnolet
Bobigny
Bobigny
Bobigny
Bobigny
Bobigny
Bobigny
Bobigny Bobigny
Bobigny
Bobigny *
Bondy °
Drancy
Drancy
Épinay sur Seine
Gagny
Le Bourget
Montreuil
Montreuil
Montreuil
Montreuil -
F2
F1
F2
F2
F2
F3
F3
F3
F3
F3
F3
F3
F2
F3
F3
F1
F2
F3
F3
F3
F4
NATURE DU
BAIL
BA
BA
BA
BA
BA
BA
BA
BG
BG
BG
BD
BG
BG
BA
BG
BA
BA
BA
BA
BA
BD
Neuilly sur marne
Neuilly sur marne *
Neuilly sur marne
F2
F2
F2
BA
BA
BG
OPH Bagnolet
ICF HABITAT
ICF HABITAT
OPH93
OPH93
OPH93
OPH93
OPH93
OPH93
OPH93
OPH93
ICF HABITAT
ICF HABITAT
OPH93
ICF HABITAT
ICF HABITAT
DOMAXIS
3F
3F
3F
EMMAUS
HABITAT
ICF HABITAT
ICF HABITAT
ICF HABITAT
Neuilly sur marne
Neuilly sur marne
Noisy le Sec
Noisy le Sec *
F3
F3
F2
F3
BA
BG
BA
BA
ICF HABITAT
ICF HABITAT
ICF HABITAT
ICF HABITAT
Rosny-Sous-Bois
F3
BG
LOGIREP
Rosny-sous-Bois
Rosny-sous-Bois °
Rosny-sous-Bois
Sevran *
Sevran *
Sevran
Sevran 
Villemomble
Villemomble
Villemomble
Villemomble
Villepinte
13 Communes
F3
F3
F3
F2
F2
F3
F3
F1
F1
F2
F3
F3
4 F1
13
F2 23 F3 1 F4
LOCALITE
Centre Mères Enfants
TYPE
BG
BG
BG
BA
BA
BA
BG
BA
BA
BA
BA
BG
25 BA 14 BG
2 BD
BAILLEURS
OPH93
OPH93
ICF HABITAT
ICF HABITAT
ICF HABITAT
ICF HABITAT
OSICA
ICF HABITAT
ICF HABITAT
3F
ICF HABITAT
3F
8 Bailleurs
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 288 -
Nombre de logements obtenus dans lřannée : 9
 2 baux directs (-) :1 a été obtenu par lřintermédiaire dřInterlogement93 et lřautre
par lřOPH93
 4 baux associatifs (*) : Tous ces logements nous ont été attribués par le bailleur
ICF Habitat
 3 baux glissants attribués: 1 par ICF HABITAT, 1 par lřOPH93, 1 (°) via la
convention signée entre la ville de Rosny/Bois et lřAVVEJ.
Nombre de logements dont le bail a glissé au nom de la mère de famille dans lřannée :
1
Nombre de logements perdus dans lřannée () : 1 BG. Une mère de famille, pour des raisons de
santé (difficulté à monter des escaliers) a quitté ce logement après plusieurs mois dřinstallation.
Au total, nous avons géré 41 logements au cours de lřannée. Au 31 décembre 2015, nous avons
à notre disposition 37 logements.
II– NOMBRE DE DEMANDES : 277
Plus de 39% des demandes étaient hors critères cette année contre 58% en 2014 et
34% en 2013. Ce qui laisse à penser que notre service, en 2015, est peut-être mieux
repéré par les prescripteurs.
Sur les 59 demandes correspondant aux critères 49 nřont pas pu être satisfaites.
Répartition du total des demandes dřadmission par prescripteur :
Service Social
Départemental
105
ASE
15
Centre Mères Enfants
Hôpital
13
Autres (préciser)
prescripteur
nombre
Maison des Parents
1
Cité Myriam
Essor 93
Tom Pouce
Moissons Nouvelles CE Mixte
ALJT
Jean Cotxet
Toit Accueil Vie
CAF
Fondation Léopold Bellan
Association Entraide Francilien
Mission Locale La Lyre
Sauvegarde
CADA Adoma
Centre Orientation Les Sureaux
Association des Cités
La Main Tendue
Demande directe
SS inter Entreprise
SOS Femmes
Association Devenir
Groupe SOS Jeunesses
4
4
1
1
3
1
1
2
1
1
1
1
1
2
2
1
3
1
1
1
1
35
TOTAL
168
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 289 -





Nombre de familles convoquées à la 1ière réunion collective : 40
Nombre de femmes ne donnant pas suite à sa demande :
5
Nombre de familles participant à la procédure dřadmission : 23
Nombre de dossiers présentés en commission dřadmission : 23
Nombre de dossiers retenus : 10
Cette année, malgré une procédure dřadmission différente (2 rencontres proposées,
au lieu de 5, aux femmes accompagnées de leurs enfants) il nřen reste pas moins
que plus de 57% dřentre elles ont abandonné le processus.
III – ADMISSIONS
♦ Nombre total : 10 femmes et 13 enfants
♦ Origine par commune :
 Bagnolet (1)
 Bobigny (1)
 Gagny (1)
 La Courneuve (1)
 Livry Gargan (1)
 Montreuil (2)
 Noisy le Grand (1)
 Sevran (1)
 Vaujours (1)
♦ Motif principal dřadmission :
Hébergement par des tiers
Hôtel financé par le 115 ou le Conseil
Départemental
Violences conjugales
Risque de prostitution
4
3
2
1
Comme les années précédentes, la situation très précaire de ces familles (après la rue,
lřune dřentre elles a vécu plus de 18 mois en hôtel avec son enfant) est source de
difficultés importantes nécessitant un soutien conséquent dřune institution comme le
C.M.E.
IV – PUBLIC ACCUEILLI
♦ Nombre de familles accompagnées dans lřannée : 41
- 31 étaient déjà dans la structure
- 10 ont été admises dans lřannée
♦ Nombre de journées réalisées dans lřannée : 29 466
Nombre de journées mères : 12 396
Nombre de journées enfants : 17 070
Nous constatons depuis 2013, une constante augmentation du nombre des journées
réalisées
(3% cette année), la diminution récurrente du nombre des journées enfant
et par là-même un nombre plus élevé des familles monoparentales avec un seul enfant
(8 de plus en 2015).
Centre Mères Enfants
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 290 -
♦ Origine par commune de toutes les familles accueillies : 41
Montreuil/Bois
Aulnay/Bois
Noisy-le-Sec
6
5
4
Sevran
Bagnolet
3
2
Bobigny
Bondy
2
2
Drancy
Gagny
Le
BlancMesnil
Le Bourget
La Courneuve
2
2
1
Neuilly-sur-Marne
Noisy le grand
Pantin
1
1
1
1
1
Rosny/Bois
Tremblay-enFrance
Vaujours
1
1
Livry-Gargan
2
Pré
St- 2
Gervais
1
♦ Motif principal dřadmission de toutes les familles accueillies : 41
Gestion budgétaire
Problème de logement
Aide éducative
Relation mère enfant
Risque de prostitution
Violences conjugales
Protection des enfants
1
29
5
1
1
2
2
♦ Nombre de femmes en provenance de :
Dispositif dřaccueil dřurgence du 93 ou hors département (mais financé par la Seine
Saint Denis), et Hôtel 115 : 13
Structures dřhébergement : 7
FJT Rosny-sous-Bois (1) ; Essor 93 (2) ; Foyer dřurgence Georges Sand (1) ; AEF
Montreuil (1) ; C.M.E. Toit Accueil et Vie (1) ; Foyer Maternel le Bief (1)
V – SITUATION FAMILIALE
Célibataire
39
Mariée
0
Divorcée
1
Séparée
0
Veuve
1
VI – ÂGE DES MÈRES
À lřentrée
En 2015
- 18 ans
0
0
18 ans
1
0
19 -21 ans
13
2
22-25 ans
13
17
26-30 ans
4
10
+30 ans
10
12
A noter quřà lřentrée au C.M.E., le nombre de mères de familles de moins de 25 ans est
quasiment identique à celui de lřannée 2011.
En 2015, les chiffres sont similaires à ceux de 2011 en ce qui concerne les mères de
famille âgées de 26 ans et plus.
VII – NOMBRE D’ENFANTS PAR FAMILLE
Nombre dřenfants
1
2
3
Centre Mères Enfants
Nombre de familles
29
5
7
Nombre d’enfants total
29
10
21
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 291 + de 3
Nombre dřenfants dans la structure
Nombre dřenfants hors de la structure
60
6
Localisation des enfants hors de la structure : 2 Guinée, 3 Comores, 1 Mali
Cette année voit le nombre de familles avec trois enfants diminuer de plus de 11% par
rapport à celui de lřannée 2014 et 2011.
VIII – ÂGE DES ENFANTS
Âge
À lřentrée
Au 31/12/15
- 1 an
19
5
1 à 3 ans
26
29
4 à 5 ans
2
15
6 à 10 ans
2
9
+ de 11 ans
1
2
Total
50*
60
*Naissances durant le séjour au C.M.E. : 10 dont 2 en 2015
IX – MODE DE GARDE DES ENFANTS NON SCOLARISÉS
Famille
(dont
mère)
Assistante Maternelle
agréée
Assistante maternelle
non agréée
Crèche collective
Crèche
parentale
7
10
1
6
1
En 2015, une mère de famille a fait appel aux services dřune voisine (rencontrée par un
professionnel du C.M.E.) pour garder sa fille en dehors des horaires scolaires et ce,
compte tenu de lřéloignement géographique de son emploi, de la répartition de ses
horaires de travail
(samedi compris), de lřimpossibilité de trouver dans le secteur une
assistante maternelle agréée acceptant ces horaires et du coût que cela aurait
représenté.
X – RÉSEAU RELATIONNEL DE L’ENFANT (par fratrie)
Avec leur père
38
22
Régulier
Aucun
Avec la famille
38
22
Avec le compagnon
17
43
Autre
49
11
XI – STATUT DES ENFANTS
♦ Reconnus par le père :
♦ Non reconnus par le père :
45
15
XII – PARTICIPATION FINANCIERE DES PÈRES
Pension
alimentaire
Participation
régulière
Participation
ponctuelle
Aucune
5
10
9
17
Centre Mères Enfants
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 292 -
XIII – INTERLOCUTEURS IDENTIFIES PAR L’ÉQUIPE COMME
TIERS AUTOUR DE LA PARENTALITÉ
Père
Compagnon
Autre
Aucun
16
7
2
16
2015 marque une nette augmentation des reconnaissances paternelles (plus de 18%).
Pour autant, 36% des enfants nřont aucun lien avec leur père. 17 dřentre eux ne
participent en rien à lřéducation de leur(s) enfants. Ce désengagement signe souvent le
résultat de désaccords et liens complexes entre les pères et les mères, voire la
disparition totale du père.
XIV – NIVEAU SCOLAIRE DES MÈRES
Analphabète
Illettrée
Cm
2
0
2
1
ème
6
ème
ème 4
5
3
1
CAP
niv.
CAP
CAP
BEP
1
10
7
ème
3
1
ère
Bac
+
0
10
5
1
XV – DIPLÔMES OBTENUS PAR LES MÈRES
CAP
BEP
Bac
Bac+2
8
8
6
3
Bac+3 +
0
1
XVI - FORMATION QUALIFIANTE durant le séjour au C.M.E.
2 mois
0
3 mois
1
6 mois
6
9 mois
8
12 mois
4
Nous avons inclus également dans ce dernier tableau les formations pré qualifiantes
suivies, avec brio, par les femmes hébergées :









Certificat dřagent en restauration collective
Certificat professionnel dřassistante de vie aux familles
Diplôme dřauxiliaire de vie
Diplôme dřaide-soignante
Diplôme de puéricultrice
Diplôme dřagent de sécurité et incendie
CAP facteur
Master I (droit)
Master II (droit et gestion des collectivités)
Centre Mères Enfants
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 293 -
XVII – EXPÉRIENCES PROFESSIONNELLES
Expérience
Jamais travaillé
A lřentrée
Fin 2015
Travaillé 1 à 6 mois
Travaillé 6 mois à 1 an
Travaillé + dř1 an
18
5
7
11
11
5
3
22
A noter quřen 2015, seuls 23% des femmes nřont jamais connu le monde du travail. 6
secteurs professionnels se distinguent pour celles qui ont obtenu un emploi :
 Restauration
 Aide à la personne
 Entretien/agent technique
 Employée en grande surface (caisse, vente de produits frais)
 RATP (régulateur)
 Secteur tertiaire
XVIII – HÉBERGEMENT ANTÉRIEUR
Structure
dřhébergement
Tiers
Famille
Logement
Personnel
S.D.F
(Errance)
Hôtel
7
16
4
1
0
13
Le recours à des tiers est cette année très élevé (39% pour 27% en 2014) mais ne rend
pas pour autant plus facile le parcours de ces familles.
En effet, les conditions posées par les hébergeants sont, en majorité, extrêmement
dégradantes :
 Participation financière demandée exorbitante (par exemple, plus de 400e par
mois)
 Dédommagement « en nature »
 Interdiction de rester dans le logement en leur absence
 Interdiction dřutiliser la cuisine et salle de bain
 Pas de couchage prévu (obligeant, par exemple, la femme à dormir avec son
enfant dans le dos sur un fauteuil)
XIX – RÉSEAU RELATIONNEL DE LA MÈRE
Régulier
Avec le père des
enfants
Avec la famille
Avec des amis
28
32
35
Avec un
compagnon
17
Le nombre des enfants rencontrant leur père est de 38. Le nombre de mères
entretenant des liens réguliers avec le père des enfants est de 28.
Cette différence de chiffre sřexplique par deux principales raisons :
- Un certain nombre de pères ont plusieurs enfants
- Les mères de famille accordent une importance certaine aux relations de leur(s)
enfant(s) à leur père mais ne veulent absolument pas entretenir le lien avec ce dernier
du fait de leur passé commun.
Centre Mères Enfants
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 294 -
XXI – RESSOURCES AUTRES QUE PRESTATIONS FAMILIALES
À lřentrée
35
Indemnité
de stage
1
Fin 2015 ou
sortie
12
1
R.S.A
3
0
Pension
alimentaire
0
23
0
5
Salaire ASSEDIC
Aucune
2
0
A noter que plus de 56% des mères de famille perçoivent un salaire.
XXII – PROBLEMATIQUE SANTE DES FEMMES ACCUEILLIES
Problèmes
psychologiques
1
Autres problèmes
graves de santé
9
Repérés : nombre de femmes
Non repérés : nombre de
1
femmes
 6 femmes ont été victimes dřaccident dans leur pays dřorigine ou en France et
gardent des séquelles importantes (membres supérieurs et/ou inférieurs) ; une
dřentre elle est en surpoids, son hospitalisation est à envisager.
 3 femmes sont atteintes dřépilepsie (dont une déclarée après entrée au C.M.E.)
et sont sous traitement médicamenteux ; 1 dřentre elles est en surpoids
entravant sa capacité de travailler. Elle vient dřaccepter de demander une
reconnaissance handicapée
 1 femme a été victime dřun accident vasculaire cérébral.
XXIII
–
INTERVENTIONS
DE
L’AIDE
L’ENFANCE (Nombre de familles concernées) :
Secours premier
besoin
Allocation
mensuelle
4
2
SOCIALE
A
Placement dřenfant
Ordonnance de
Accueil provisoire
placement
provisoire
0
0
6 dossiers ont été adressés à lřA.S.E. pour venir en aide aux mères de famille :
 3 pour des raisons de retard de traitement (3 mois et plus) de leur titre de séjour
par les services de la préfecture de Seine-Saint-Denis entraînant immédiatement
lřinterruption des prestations de la CAF auxquelles elles ouvraient droit et ce
pour les mois concernés
 1 parce que la mère de famille, arrivée en fin de droit à Pôle Emploi, ne percevait
pas le RSA (son enfant est âgé de plus de 3 ans)
 1 pour compléter le paiement de lřassistante maternelle qui gardait lřenfant audelà du contrat initial, sa mère ayant entamé une formation nécessitant de longs
temps de transports
 1 pour permettre à une famille de payer la caution attendue pour son entrée
dans un logement.
Centre Mères Enfants
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 295 -
XXIV – FAMILLES SORTIES DANS L’ANNÉE :
5
♦ Durée de séjour :
0 à 6 mois
+ 6 mois à
1 an
+ 1 an à
18 mois
0
0
0
+18 mois à 2 ans à 3
2 ans
ans
0
3ans à
4 ans
+ 4 ans
1
2
2
♦ Situation professionnelle à la sortie :
Stage/formation
rémunérée
Sans activité
professionnelle
C.D.D.
C.D.I.
À leur entrée
3
1
1
0
À leur sortie
0
0
1
3
♦ Logement à la sortie ou à la fin de prise en charge :
Foyer
Famille
0
Appartement
0
Sans droit ni titre
5
♦ Commune dřimplantation :
 Bobigny
 Drancy
1
 Montreuil
 Paris
 Villemomble
0
1
1
1
1
♦ Ressources à la sortie hors prestations familiales :
0€
1
0 à 300 €
0
300 à 450 €
0
450 à 600 € 600 à 750 € 750 à 900 €
0
0
0
+900 €
4
Une mère de famille est devenue locataire en titre en étant bénéficiaire du RSA.
♦ Type de logement pour les familles qui étaient en bail glissant :
Restées dans le logement
1
Public
Privé
Autre logement
1
Une mère de famille a quitté le logement en bail glissant du C.M.E. pour sřétablir dans
un logement privé en RDC.
♦ Type de logement pour les familles qui étaient en bail associatif :
Public
2
Privé
1
Nous avons mis fin à la prise en charge dřune famille, celle-ci refusant de payer son
loyer. Elle a trouvé un appartement dans le privé à Paris.
Centre Mères Enfants
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 296 -
♦ Aides financières sollicitées :
LOCAPASS
0
FSL
1
PRÊT CAF
2
♦ Mesures de suivi A.S.E :
A.E.M.O
0
Centre Mères Enfants
A.E.D
0
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 297 -
RENCONTRE 93
CONTACT :
ACCES :
49 rue Marcel Sembat
93200 SAINT DENIS
 : 01 48 13 12 20
 : 01 49 22 06 99
Courriels :
[email protected]
[email protected]
Bus :
154, 168, 170, 177, 255
RER : D Saint Denis Gare
Métro : Porte de Paris
Métro : Saint Denis Basilique
Tramway (T8) : Station Degeyter
ACCUEIL :





40 jeunes, garçons et filles de 12 à 18 ans, présentant des difficultés sociales et familiales,
originaires prioritairement du département de la Seine-Saint ŔDenis
15 enfants de 0 à 3 ans révolus confiés directement par le parent rencontrant des difficultés
momentanées pour la garde de leur enfant de jour et de nuit. Accueil chez des assistantes
familiales
8 places en halte jeux
15 adultes. Parents dont les enfants bénéficient dřune mesure éducative dans le cadre de la
protection de lřenfance
2 jeunes en très grandes difficultés de 14 à 18 ans accueillis chez un Assistant Familial
Spécialisé
MISSION :
RENCONTRE 93 propose :
-
HEBERGEMENT :
M.E.C.S. (Maison dřenfants à caractère social) pour 12 jeunes : Internat mixte à moyen
(observation) et long terme pour adolescents de 13 à 17 ans révolus, scolarisés ou en
formation. Orientation AED et AEMO. Accueil modulable, OPP ou AP ou Ordonnance
45. Ouvert toute lřannée.
 S.A.A. (service dřaccompagnement vers lřautonomie) pour 10 jeunes : Internat mixte à
moyen (observation) et long terme pour adolescents de 16 à 18 ans, scolarisés ou en
formation. Orientation AED et AEMO. Accueil modulable, OPP ou AP ou Ordonnance
45. Ouvert toute lřannée.
 ACCUEIL FAMILIAL
Accueil permanent chez un Assistant Familial Spécialisé de 2 jeunes en très grandes difficultés
orientés par lřAide Sociale à lřEnfance.
-
ACCUEIL DE JOUR :
 ATELIER SCOLAIRE : pour 18 adolescents déscolarisés âgés de 12 à 17ans révolus.
Orientation AEMO et AED - OPP et Accueil Administratif. Prise en charge globale. Suivi
en AEMO. Hébergement ponctuel éventuel.
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 298 -
 CLUB PARENTS : 15 places, ouvert aux parents des jeunes confiés à Rencontre 93
ainsi quřaux parents isolés, dont lřenfant est suivi en AED et en AEMO.
-
ESPACE PETITE ENFANCE :
 Un service d'accueil familial de jour et jour/nuit : 12 places 0 à 3 ans révolus.
Orientation PMI. Accueil 24h sur 24. Accueil et/ou hébergement chez des Assistantes
familiales. Accueil séquentiel dřenfants sur place. Contrat dřaccueil Parents/Rencontre
93.
 Un accueil physique sur la halte-jeux intégrée à l’établissement :
Un accueil des enfants dřune à plusieurs demi-journées par semaine,
Un relais parents Ŕ enfants
SELF : Préparation des repas sur place. Lieu dřéchange où se retrouve pour déjeuner et
diner toute personne fréquentant la structure.
ADMISSION :
Ouvert toute lřannée.
Toutes les demandes sont à adresser au directeur.
Celles de la Seine-Saint-Denis sont examinées en priorité.
AGRÉMENTS – HABILITATIONS
 Convention Aide Sociale à lřEnfance
 Habilitation Justice
STRUCTURE :
Direction : Norbert GIULIANI
Equipe éducative : 3 chefs de service Ŕ 1 médecin pédiatre Ŕ 5 psychologues Ŕ 12
éducateurs Ŕ 6 éducateurs scolaires Ŕ 4 éducatrices jeunes enfants Ŕ 2 animateurs
sociaux éducatifs Ŕ 1 coordinatrice projet - 6 assistantes familiales et 1 assistant familial
spécialisé Ŕ 1 coordinateur.
Equipe administrative et technique : 1 attachée de direction - 1 économe Ŕ 1 adjoint
économat Ŕ 3 secrétaires Ŕ 2 maîtresses de maison Ŕ 2 personnels dřentretien Ŕ 1
cuisinier Ŕ 3 aides cuisine Ŕ 4 surveillants de nuit.
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 299 -
De 2015 à 2016, DU CHANGEMENT AU MOUVEMENT.
Norbert GIULIANI, Directeur
Madame Mado CHARBONNIER est la fondatrice de RENCONTRE 93. Elle a pensé et
porté le projet initial de lřétablissement : sřadapter aux situations des jeunes en se
centrant sur leurs potentialités et rassembler au sein dřun même lieu différentes
populations, de différents âges, accompagnées et orientées selon différentes modalités,
afin de favoriser les rencontres, les échanges, garantir une différenciation des places
dans une dynamique intergénérationnelle.
Monsieur Laurent DUPOND en a été le bâtisseur. Il a ouvert et ancré RENCONTRE 93
dans un fonctionnement autour de valeurs et de principes forts : lřinconditionnalité,
lřengagement et la sécurité affective. Il a su développer une communication interne
facilitant les échanges et prévenant ainsi dřéventuelles maltraitances. Il a amené
RENCONTRE 93 à être reconnu positivement sur le département de la Seine Saint Denis.
Jřai pris la direction de RENCONTRE 93 depuis le 1er septembre 2015. Il sřagit pour moi
aujourdřhui dřaccompagner lřinstitution dans son histoire, certainement pas de remettre
en cause les fondements ni le bâti qui la compose aujourdřhui.
Lřenjeu serait peut-être, après la fondatrice et le bâtisseur, de venir déposer une
empreinte. Lřempreinte cřest la trace que lřhomme imprime sur le sol. Elle est un acte
de création entre lřhomme et son environnement. Lřenvironnement est ici, comme le
propose Tim INGOLD à travers son anthropologie de lřaction, « une zone
d'interpénétration à l'intérieur de laquelle nos vies et celles des autres s'entremêlent en
un ensemble homogène ». Ces notions dřempreinte et dřenvironnement constituent une
invitation à observer et à reconnaitre ce qui se joue et sřopère dans les interrelations et
aux interstices. Elle nous amène à valoriser ces instants de créations trop souvent
méconnus qui sont à lřœuvre dans la relation éducative comme dans toute rencontre
(entre jeunes, jeunes et adultes, bébé et parents, parents et parents, entre
professionnels). Mettre lřaccent sur lřenvironnement nous permet dřinsister sur la
dimension partenariale et sur lřinscription de Rencontre dans un maillage institutionnel,
associatif et humain. Enfin lřenvironnement dans sa dimension écologique est un enjeu
majeur de notre temps dont nous ne pouvons faire lřéconomie.
RENCONTRE 93 étant amené à se développer, cette réflexion sur lřenvironnement
traversera très fortement lřétablissement en 2016.
A la demande du Conseil Départemental de Seine Saint Denis, nous projetons dřouvrir
un atelier de jour à l'est du département. Le projet éducatif est le même que lřAtelier
Scolaire actuel et partage les mêmes objectifs : la revalorisation et la renarcissisation de
la personne, condition sine qua non dřune ouverture vers lřautre et vers les
apprentissages. Pour y parvenir, RENCONTRE 93 fait le choix, cette fois-ci, de médiations
sportives, dans un souci de diversifier et de différencier son offre pour toucher un public
plus large. Au pôle scolaire à médiation culturelle de St Denis sřajoutera le pôle scolaire
à médiation sportive à lřest du département, prenant en compte le développement
physique de lřadolescent. Les deux espaces resteront ouverts à tous les échanges qui
permettent lřépanouissement de lřadolescent.
Parallèlement, lřAVVEJ a remporté un appel à projet pour la création de seize places
dřaccueil pour des jeunes en situation de très grandes difficultés, âgés de 12 à 21 ans
qui relèvent dřun placement judiciaire à lřAide Sociale à lřEnfance de Seine Saint-Denis
et leurs familles. Cet appel à projet correspond à la création dřun nouveau service de
RENCONTRE 93. Lřaccueil et lřaccompagnement de ces jeunes en situation de très
grandes difficultés supposent de multiples ressources, des expériences et des
références théoriques diversifiées. Ce dispositif cherche à créer des synergies entre
différents services et dispositifs, en sřappuyant sur ce qui a été construit par le
Rencontre 93
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 300 -
Département de Seine Saint-Denis, tout en créant une identité propre que vont enrichir
les professionnels qui sřengageront dans ce projet.
La Métis est un dispositif réunissant :
 8 assistants familiaux spécialisés accueillant chacun 2 jeunes au sein dřune
maison mise à disposition par lřassociation.
 5 e-accordeurs, travaillant en binôme avec lřassistant familial, responsables de la
construction et de la mise en œuvre du projet du jeune accueilli.
 5 éducateurs educ’arts, proposant des activités de jour, activités de médiation
individuelles valorisantes, au sein dřespaces de droit commun et en lien étroit
avec les Ateliers Scolaires de RENCONTRE 93.
Nous invitons à créer la continuité malgré la multiplicité des lieux, à user des nouvelles
technologies de lřinformation et de la communication pour maintenir les liens, entre le
jeune et les adultes, entre les adultes. Il sřagit de créer une permanence des liens alors
que le dispositif pourrait se voir reprocher son éclatement en de multiples espaces. Il
sřagit de tisser une toile, un filet qui pourra assurer la sécurité du jeune tout en lui
permettant de sřéchapper. Nous proposons un cadre suffisamment malléable pour éviter
que le jeune sřen sente prisonnier. Il doit disposer dřespaces de liberté, de créativité
pour ainsi échapper à sa destructivité. Pour résister aux attaques, les mailles du filet
devront être suffisamment serrées mais elles offriront des espaces synonymes de
respirations. Pour qualifier ce dispositif institutionnel, nous avons convoqué La métis,
« ce type d’intelligence rusée, assez prompte et souple, assez retorse et trompeuse
pour faire face chaque fois à l’imprévu, parer aux circonstances les plus changeantes et
l’emporter, dans des combats inégaux, sur les adversaires les mieux armés pour
l’épreuve de force » (Détienne & Vernant, 1974).
La création et lřextension de ces services devraient favoriser le développement des
projets de services existants. Le SAA aurait ainsi la possibilité dřexternaliser tout ou une
partie de son accueil via la location dřappartements partagés à Saint Denis, projet
évoqué par lřéquipe depuis plusieurs années. La MECS semble sřinscrire dans une
dynamique de consolidation de son inscription territoriale, par la volonté de lřéquipe de
développer un partenariat avec les associations et services de droit commun de la ville
de Saint Denis, notamment sur le plan culturel. LřEspace Petite Enfance souhaite
développer son accueil jour/nuit en interne. Le Club Parent, fort de son succès, réécrit
son projet de service. Le Self, qui accueille déjà régulièrement des stagiaires et des
jeunes en réparation pénale, pourrait devenir un restaurant dřapplication ou un chantier
école.
Lřhistoire ne peut pas sřécrire à lřavance mais telle serait lřesquisse dřun scénario
possible. Pour lřensemble des équipes de RENCONTRE 93, 2016 sera donc une année à
placer sous le signe de la créativité. RENCONTRE 93 sřest créé et continue de se créer.
« La créativité alors, est la capacité de conserver tout au long de la vie quelque chose
qui est propre à l’expérience du bébé : la capacité de créer le monde. Un faire qui est
issu d’un être. Ce qui nous permet d’agir. » Winnicott.
***
Rencontre 93
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 301 -
Séjour autonome du 19 au 24 décembre 2015
Christine CYPRIEN, Cheffe de Service des Hébergements (MECS et SAA) depuis le 1er
décembre 2015
Dans le cadre dřune préparation à lřautonomie, le SAA a organisé en collaboration avec
les jeunes, un séjour à RENNES du 19 au 24 décembre 2015.
Sur la base du volontariat, 5 jeunes ont participé à ce transfert. Les objectifs principaux
ont été de favoriser :
-
La séparation dřun lieu collectif avec une gestion de prise de liberté et de
distance,
La gestion budgétaire,
Lřapprentissage de la gestion dřun appartement (ménage),
La pédagogie de lřalimentation (menus, confection des repas, choix des
aliments),
Le partage des tâches,
La cohabitation entre jeunes sans la présence dřun adulte,
La prise de conscience de sa responsabilité personnelle dans chacun de ses
actes,
Apprentissage de la cohabitation.
Un budget leur a été alloué pour les courses alimentaires ainsi que les loisirs. Les
jeunes ont eu la possibilité de gérer individuellement ou collectivement ce budget.
Quotidiennement, lřéquipe éducative a contacté les jeunes pour sřassurer du bon
déroulement du séjour.
Cette première expérience a mis en lumière les difficultés parfois à sřentendre ou à
cohabiter mais également à partager des instants de convivialité.
Il est nécessaire de réitérer ces séjours qui permettent aux jeunes dřacquérir une
certaine autonomie dans les tâches du quotidien mais également dans la gestion de
leur vie personnelle.
MICRO PROJET
Le micro-projet est en fait la première maison dřaccueil spécialisé, ou Maison de
Halage, du projet « La Métis ». Il a ouvert au mois dřaoût 2015 et Nadir, Hôte, Assistant
Familial Spécialisé, accueille depuis deux jeunes en très grandes difficultés. Nous
présentons ici un texte rédigé par Nadir suite à lřaccueil du premier jeune. Ce texte a été
lu lors de la commission dřappel à projet concernant les jeunes en Très Grandes
Difficultés.
L’ACCUEIL DE LUC
Nadir SEDDIK, Assistant Familial Spécialisé
Le 31 juillet 2015 à 17h45, Paul et moi sommes allés chercher Luc au lieu de vie.
Le premier jour de lřaccueil, Luc mřa demandé sřil pouvait aller voir son éducateur à
MONTREUIL pour faire un barbecue, je lui ai donc demandé comment il pensait sřy
rendre. Il mřa alors répondu quřil fraudait. Je lui ai alors dit quřà partir de ce jour, il nřétait
plus possible quřil voyage sans ticket. On lřa emmené à la gare du Vert Galant pour lui
faire sa carte de transport. Luc était surpris par cette démarche, il nous a dit quřil nřavait
jamais vu ça. A partir de là, notre travail a commencé.
Rencontre 93
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 302 -
Jřai trouvé Luc affamé, frustré et stressé et manquant de sommeil, car il dormait très
peu la nuit. Il visitait tous les étages de la maison et fouillait les tiroirs, armoires, le
dressing, jusque dans la buanderie.
Luc est un jeune envahissant, très curieux et intrusif à propos de notre vie privée (la
mienne et celle de ma famille). Il fait sans cesse des commentaires sur nos faits et
gestes. Il nous demande aussi où nous sommes allés, ce que lřon compte faire de notre
journée… Il se permet également de faire des suppositions sur notre humeur. Par
exemple, il peut nous dire que lřon a lřair content ou le contraire, et a même demandé à
ma fille de vingt-six ans si elle avait pleuré (alors que ce nřétait pas du tout le cas). Il lui
demande souvent ce quřelle a fait de sa journée. Il demande également les horaires de
travail de mon épouse. Un jour, alors quřelle préparait la table pour le dîner, il lui a
même demandé si elle boitait.
Jřai trouvé Luc très agressif, menaçant envers sa copine (au téléphone). Luc devient
incontrôlable lorsquřil est énervé. Quand Luc réclame quelque chose, il veut absolument
lřobtenir tout de suite. Il me harcèle sans arrêt pour obtenir ce quřil veut. Par exemple,
Luc mřenvoie un message pour me demander quelque chose, et si je ne réponds pas
dans lřimmédiat, il me renvoie plusieurs messages afin dřobtenir une réponse de ma
part.
Au bout dřune semaine, jřai invité Luc au restaurant pour faire le point avec lui sur sa
semaine passée chez nous. Son comportement est anormal, mais ce nřest pas de sa
faute sřil se comporte comme ça. Il est instable et cela est sûrement dû à ses nombreux
changements de lieu dřaccueil quřil fait depuis lřâge de ses six mois. Il a manqué de
beaucoup dřattention et dřaffection dans son parcours.
Jřai demandé à Luc sřil souhaitait que je lřaide pour améliorer son comportement. Il a
accepté.
Luc a un très bon appétit en ce qui concerne le déjeuner et le dîner. Mais pour le petitdéjeuner, il consomme un café accompagné dřune cigarette.
Le 27 août 2015, a eu lieu lřarrivée dřAlexandre, âgé de quinze ans.
Luc a changé de comportement. Il sřest permis des remarques envers le jeune, sřest
moqué de lui ouvertement (exemple lors du dîner devant toute la famille). Il lui donne
des leçons devant nous.
A partir de lřarrivée de ce deuxième jeune homme, Luc est devenu agressif, même
envers moi (alors quřil ne lřavait jamais été jusquřà ce jour avec moi). Par exemple, un
jour, il est venu se plaindre à moi, me disant quřAlexandre mangeait beaucoup le matin
et lui avait mangé sa part. Or, ce nřest pas vrai puisque quřavant lřarrivée de ce dernier,
il nřavait jamais mangé autre chose quřun café le matin (à sa demande). Je lui ai donc
rappelé ceci, et précisé quřil nřavait pas à se mêler de lřappétit dřAlexandre. A la suite de
cela, il sřest énervé, a crié et quand jřai haussé le ton, il mřa dit : « Avant quand je
m’énervais, huit éducateurs me retenaient, sinon j’explose tout le monde. Tu me laisses
tranquille sinon ça va mal aller ». Je lui ai demandé de se calmer et quřon aurait une
discussion plus tard, quand il sera calmé. Une demi-heure plus tard, il est venu
sřexcuser pour son comportement.
Luc a un jour dit à Alexandre : « Si tu ne te calmes pas, ça va mal aller pour toi ».
Même à table, il sřest énervé contre Alexandre par rapport à une discussion où ils
nřétaient pas dřaccord. Il le regardait méchamment, a haussé le ton et a fait un geste
menaçant avec ses mains (sans le taper).
Pour le début de saison de basket-ball dřAlexandre, ce dernier se rendait à
lřentraînement tous les jours, il nřétait donc pas là à lřheure du dîner. Luc en a donc
profité pour le critiquer et me dire : « Un entraînement tous les jours, je trouve cela
Rencontre 93
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 303 -
bizarre, après je dis ça, je dis rien ». Il mřa insinué quřAlexandre nřétait peut-être pas à
lřentraînement. Je lui ai donc répondu que jřétais en contact avec son entraîneur et que
je savais exactement ce quřil faisait. Je lui ai également expliqué quřen tant
quřentraîneur de handball, je faisais également des entraînements de préparation
physique, en début de saison.
Mardi 8 septembre 2015, Alexandre était absent (à son entraînement de basket-ball).
Luc a donc dîné seul avec nous. Il a commencé à le critiquer, en me disant quřil était
envahissant, quřil parlait trop, quřil mangeait sa part du petit-déjeuner et quřil copiait sur
lui, par rapport à un jeu téléchargé sur le portable.
En rentrant de lřentraînement, jřétais seul avec Alexandre (lorsquřil dînait). Je lui ai
demandé de laisser tranquille Luc car il ne supportait pas trop sa présence. Il mřa
répondu quřil nřavait jamais lřair dérangé par lui, au contraire, il mřa dit que lorsquřils
étaient ensemble, ils dansaient ensemble (break dance) et Luc le coachait pour faire
des pompes. Dans la chambre de Luc, jřai moi-même assisté à cette scène à 23 heures.
Alexandre mřa également dit que dans lřaprès-midi, Luc lřavait menacé doucement dans
le salon (jřétais dans la même pièce mais jřétais sur la table du salon et eux, sur le
canapé). Il lui a dit : « Tu restes tranquille, sinon... » Alexandre lui a alors répondu :
« Vas- y fait-le ».
Je fais souvent le point avec Luc sur son comportement, sur tout ce qui se passe. Je
lřécoute et lui demande pour quelles raisons il réagit comme cela. Je reviens toujours
sur ce qui sřest passé, pour éclaircir la situation et régler le problème posé. A chaque
incident, jřinterviens. Il y en a eu déjà beaucoup.
Que dire de l’année 2015 à l’Atelier Scolaire ?
Si ce nřest quřune nouvelle fois, elle a été jalonnée dřactions, de partenariats, de
réussites, de spectacles, de grands moments partagés et de vives émotions.
« LřAttachement, la résilience, la culture et la créativité », face à des situations de
négligence affective quotidienne, restent toujours notre leitmotive et les résultats nous
confortent dřavantage dans notre démarche.
LES ACTIONS PERENNES :
 LES ATELIERS DE MEDIATIONS CULTURELLES :
 Graff
 Slam
 Arts manuels
 Arts plastiques
 Théâtre
 Equitation
 LES STAGES THEATRE :
 Stage Prévention Sécurité Routière en décembre
 Stage de fin dřannée scolaire en juin
Chacun de ces stages a donné lieu à une représentation sous le regard de nombreux
spectateurs venus des divers services de Rencontre 93, du milieu ouvert ou des
familles.
 PASSAGE DE L’ATTESTATION DE SECURITE ROUTIERE EN PARTENARIAT AVEC LE
COLLEGE DEGEYTER A SAINT DENIS
Les 6 jeunes qui ne lřavaient pas lřont obtenue
 PDASR (PLAN DEPARTEMENTAL D’ACTION SECURITE ROUTIERE)
Rencontre 93
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 304 -
Cette action de prévention Sécurité routière a, encore une fois, été très investie
par les jeunes. Durant deux jours, ils ont suivi une formation théorique sur les
conduites à risque au volant (drogues, alcool…), ils ont expérimenté le test choc,
le test dřalcoolémie, le simulateur de deux roues et ils ont passé une journée sur
le site de PSA Peugeot où les jeunes se sont exercés sur un circuit de karting.
Trois classes de 3ème du collège Degeyter ont également bénéficié de ces
journées de prévention qui ont eu lieu au sein de Rencontre 93.
 PASSAGE DU PSC1 (PREMIERS SECOURS)
Les 6 jeunes qui nřavaient pas effectué cette formation ont obtenu leur diplôme.
 STAGE « SONG AND DANCE » en partenariat avec lřambassade des Etats Unis,
comme lřannée précédente, encadré par une chanteuse et une danseuse
américaine
Ce stage a nécessité de la part des jeunes beaucoup de travail et de
persévérance car le niveau demandé était relativement élevé. Le spectacle, qui
lřa finalisé, a remporté un vif succès ce qui les a bien récompensé de leurs
efforts
 CLASSE DE NEIGE :
Cette année, 13 jeunes ont bénéficié de ce séjour. La jeunesse du groupe et la
découverte du milieu montagnard pour la plupart dřentre eux ont donné lieu à de
merveilleuses parties de jeux de neige (descentes fracassantes en luge et à ski,
batailles de boules de neige, promenades en forêt ou autour du lac gelé).
Lřambiance de cette semaine toute particulière fut magnifique, remplie de rires,
dřéchanges et de découverte de la vie en collectivité. Plusieurs dřentre eux
nřavaient jamais quitté leurs parents ou leur quartier. Une fois encore, nous
avons pu constater lřutilité et les bienfaits dřun séjour avec tout le groupe et toute
lřéquipe éducative.
LřAtelier Scolaire sřest, dřautre part, ouvert à dřautres horizons. Il a élargi son
champ de connaissance et de curiosité à travers des actions, des partenariats et
des ateliers nouveaux.
 RESULTATS SCOLAIRES ET PROFESSIONNELS :
 2 jeunes ont obtenu le Baccalauréat : 1 Bac STMG et 1 Bac Pro
Gestion-Administration
 2 jeunes ont réintégré une scolarité au collège : 1 en 3ème générale et 1
en 3ème Prépa Pro
 2 jeunes ont intégré une pré-qualification : 1 en informatique et 1 en
préparation aux métiers aéroportuaires
 4 jeunes ont commencé une scolarité ou formation par correspondance :
2 en 3ème générale par le CNED, 1 en 3ème SEGPA et 1 en formation
Auxiliaire de Vie.
LES NOUVEAUTES
NAISSANCE DE « AU-DELA DES MURS »
« Au-delà des Murs » est un site qui accueille le programme « VOYAGER
AUTREMENT ».
Il sřagit dřune Médiation éducative, culturelle et artistique de solidarité
internationale étalée sur 4 ans et regroupant des jeunes de différents
continents.
En 2015, a débuté la première phase de ce dialogue artistique et culturel avec
lřAssociation le Bambou Vert du Vietnam qui accueille les enfants de la rue de la
Rencontre 93
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 305 -
ville de Ho Chi Minh. Echange artistique et de découverte de lřautre à travers les
livres et les films dans un premier temps. Dans un deuxième temps un accueil
physique durant quinze jours, avec le soutien de la ville de Saint Denis,
lřAssociation des Vietnamiens de France et de lřAssociation Oasis dans la Ville,
des adolescents et leur accompagnatrice du Foyer du Bambou Vert dřHô Chi
Minh Ville. Ce fut une formidable aventure humaine. Quinze jours dřéchanges,
de partages, de rires et de beaucoup dřémotions.
4 EXPOSITIONS
Ces quatre expositions ont rassemblé les œuvres des jeunes de lřAtelier
Scolaire ainsi que ceux des jeunes vietnamiens de lřAssociation Bambou
Vert dřHo Chi Minh ville (graffs, peintures, pochoirs, poteries, broderies et
slam) qui ont été exposées dans des lieux, pour certains, mythiques :
 Les Grands Moulins de Paris où se situe le comité dřentreprise de BNP
Paribas en avril
 La Maison des Ensembles de Paris 12ème en mai
 Maisons dřAccompagnement Parents Enfants (AVVEJ-MAPE) de juin à
août
 Le château de Villiers à Draveil (Essonne), en septembre
De mini- expositions se sont rajoutées à ces grands évènements.
PARTENARIAT AVEC L’UNIVERSITE DE VILLETANEUSE :
Depuis lřouverture de Rencontre 93, nous recherchions des terrains de
sports. Cřest chose faite depuis septembre en partenariat avec la Classe
Interne du Foyer Educatif « LřOustal » de lřAVVEJ et lřUniversité Paris 13 qui
met à notre disposition deux demi-journées par semaine une salle de sport et
un professeur de danse. Ainsi, tous les lundis après-midis, nous nousy
retrouvons en compagnie de la classe interne de lřOustal pour pratiquer la
danse. Et le vendredi, nous y pratiquons du sport collectif.
L’ATELIER « ACTUALITES »
Atelier hebdomadaire qui rassemble tous les jeunes. Lřactualité nationale et
internationale est analysée, discutée et débattue à partir dřarticles de
journaux parus dans la semaine. Chaque jeune présente lřarticle ou
lřinformation qui lřintéresse et sřen suivent des échanges parfois très animés.
Depuis sa mise en place, lřattitude des jeunes a beaucoup évolué. Au début,
lřactualité était quelque chose de trop complexe puis au fil des séances les
jeunes se sont montrés pertinents et capables de sřy intéresser et même
pour certains nous avons découvert une réelle curiosité intellectuelle.
PRISE EN CHARGE DE JEUNES CUMULANT ETUDES ET TRAVAIL
Cette année, nous avons inauguré et testé un nouveau type de prise en
charge notamment pour les jeunes majeurs. Ceux-ci expriment fortement
leur besoin dřautonomisation en accédant au monde du travail quřils vivent
encore en famille ou en foyer jeunes travailleurs. De plus, leur entrée dans le
milieu professionnel les aide à prendre conscience de la réalité de la vie et à
passer plus vite dans le monde des adultes. Il est parfois difficile de
conjuguer les deux, même sřils travaillent à temps partiel, car cela demande,
à des niveaux différents, un gros investissement personnel et notre soutien
et accompagnement sřavèrent primordiaux. Actuellement, 3 jeunes cumulent
ces deux activités avec succès.
Rencontre 93
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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L’ATELIER « AUTONOMIE »
Devant lřimmaturité des jeunes majeurs et leur ignorance de la réalité du
monde des adultes, il a été mis en place un atelier pour eux et les futurs
majeurs afin quřils puissent avoir en main tous les éléments nécessaires à
leur indépendance. Une fois par mois, ils sont réunis autour dřun thème. Un
spécialiste du sujet traité y est convié. Jusquřà présent, lřouverture dřun
compte, CV, lettre de motivation, et simulation dřentretiens dřembauche,
nécessaire de couture et de bricolage sont les principaux sujets qui ont été
traités. Cet atelier est très apprécié et est attendu avec beaucoup dřintérêt.
L’EXTENSION DE L’ATELIER SCOLAIRE
Cela fait plusieurs années que la demande dřextension est sujette à
discussion. Les candidatures croissantes refusées faute de place et les
résultats la plupart du temps positifs des placements ont amené le Conseil
Départemental de Seine-Saint-Denis à étudier avec beaucoup dřattention la
proposition dřextension de la direction de RENCONTRE 93. 2015 nous a
apporté une réponse favorable à ce projet. Celui-ci devrait pouvoir se
concrétiser en 2016.
L’ECOLE DES POTS D’ART
Ingrid HOARAU, Éducatrice scolaire spécialisée
Au-delà de la déscolarisation et des difficultés familiales et sociales, les jeunes accueillis
à lřAtelier Scolaire ont pour moi un point commun flagrant : une intelligence émotionnelle
sous-développée. Le manque de stimulation ou encore des contextes familiaux non
favorables amenuisent considérablement leur développement émotionnel.
Ils sont trop vite adultisés ou surprotégés par des liens affectifs qui en deviennent
toxiques. Ils sont alors démunis car privés de cette créativité instinctive qu'ont les
enfants : cette envie de tremper les doigts dans la peinture, de mélanger les couleurs,
de rêver. La projection dans un monde formaté où l'on ne doit surtout pas sortir du cadre
vient de surplus signer leur mise en échec scolaire.
Or, comment faire progresser ces jeunes en perte de repères sans développer ce
facteur-clé du succès : la capacité pour un individu à identifier, contrôler et accéder à
ses émotions et celles des autres ? Comment sřintégrer socialement et évoluer dans ce
monde sans développer ce processus de construction sociale des émotions ?
L'accès à lřart et la culture reste limité à quelques privilégiés et ne devient accessible
aux plus démunis que sous lřétiquette de lřart thérapie. Les pratiques artistiques,
réintégrées comme essentielles dans un cursus scolaire tel que le fait lřAtelier Scolaire,
permettent de consolider les apprentissages scolaires, ont une portée éducative et
permettent cet accès à une « terre happy ».
Lřimitation est le premier pas avant de se laisser aller à lřimaginaire. Il faut apprendre à
imiter, sřinspirer des grandes œuvres pour sřinitier aux différentes techniques et trouver
ensuite sa propre inspiration. Il faut utiliser le pouvoir dřémerveillement des œuvres et
aller chercher en chacun dřeux ce qui les anime et utiliser leurs passions pour susciter
chez eux de lřenvie, de la créativité et de l'imagination.
Rencontre 93
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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En marchant sur les pas de Picasso et du cubisme
mais aussi dans un travail sur la représentation
autour du corps, K. a intégré sur une toile acrylique
des éléments de son visage entremêlés à d’autres
parties de sa célébrité préférée, Lady Gaga. Dans
ses productions futures, il se dégagera peu à peu
de son fanatisme et de son identification très forte à
ce personnage pour innover et créer.
Même si le but premier est lřinitiation aux arts, lřatelier dřart manuel est un vrai exutoire
pour certains jeunes qui lřont compris et lřutilisent, parfois à leur dépend, comme tel : il
leur permet de se délester de leurs maux, de mettre en matière leurs émotions, de se
projeter. Il y a tant de messages cachés dans chacune des productions…
Représenter sur deux toiles deux parties de soi :
mi-ange et mi-démon à travers un personnage
de manga que l’on affectionne particulièrement.
Avoir conscience d'être dépassé par ses propres
émotions et de ne pas savoir les maitriser,
regretter ses paroles et ses actes et cheminer
sur la toile en admettant que nous avons le choix
est un grand pas dans son propre
développement personnel.
M., Peinture acrylique sur toile,
2015
Éprouver un sentiment nouveau au fond de soi et faire jaillir dans
une reproduction cet amour que l'on porte à quelqu'un et y déposer
ses rêves de mariage. Se représenter une image maternelle
positive en sculptant un couple mère-fille porté sur un nuage et
prendre soin de ne pas mettre d’émotions sur les visages pour que
chaque spectateur puisse y mettre les siennes.
Ou simplement s'assumer et afficher sa personnalité, accepter sa
différence comme le signe de lřindividualité. Arborer du rouge, du
noir et des larmes pour montrer sa colère et/ou une souffrance trop
profonde inavouable…
Les productions parlent dřelles-mêmes mais le plus important nřest
pas tant ce quřelles disent, le simple fait dřexprimer ses émotions,
de dépasser ses souffrances et de développer à travers lřart :
lřestime de soi, le désir et le plaisir sont autant de petites victoires.
Mon plus grand plaisir est celui d'apporter un peu de couleur dans la vie de ces jeunes,
de leur apprendre à utiliser tous ces pots d'art pour affirmer leurs idées et de leur
montrer qu'en chacun de nous se cache un artiste, un individu à part entière. Le pari est
gagné quand le jeune arrive avec un projet, une envie particulière mais aussi quand on
peut lire leur fierté d'avoir accompli une œuvre à leur image.
Rencontre 93
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
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L’ABSENCE DU PERE
Ingrid HOARAU, Éducatrice scolaire spécialisée
Parmi les jeunes de lřAtelier Scolaire, beaucoup nřont jamais connu leur père ou ont un
père connu mais totalement absent. Ces jeunes placés dans le cadre de la Protection
de lřEnfance posent davantage de difficultés et montrent une souffrance plus grande
lorsque lřabsence du père du cadre familial est totale.
Le rôle du père est trop souvent bafoué. Or, plusieurs études montrent lřimportance de
chacun des deux parents dans le développement de lřenfant. Alors que la mère est
perçue comme étant une source de bien-être et de sécurité, le père joue un rôle actif de
stimulant et d'encouragement dans les jeux et le développement de la sociabilité de
l'enfant (Lamb, 1997). De par son mode dřexpression plus autoritaire, il impose
l'attention et contribue d'une façon particulière au développement linguistique de l'enfant
(Gleason, 1975 ; Rondal, 1980).
Mais, lřune des principales fonctions paternelles est la fonction séparatrice dans la mise
en place du triangle père-mère-enfant indispensable à la santé psychique de lřenfant.
Ainsi, de façon inconsciente et non volontaire, il initie à un devenir adulte qui passe par
une séparation psychologique dřavec la mère et une autonomisation. Cette
reconnaissance tierce permet dřéviter à la mère et à lřenfant de se compléter, de se
satisfaire mutuellement, de fusionner. Cette fonction sřexerce au niveau des trois
membres solidaires et indissolubles du triangle. Si le père nřoccupe plus sa place,
réellement et/ou symboliquement, cela entraîne une confusion des rôles et mène
lřenfant vers le non-respect des adultes, des lois et des institutions. De plus, il porte la
prohibition de lřinceste (et permet ainsi dřinterdire la séduction incestueuse) et la
différenciation mère-enfant. A travers ce rôle civilisateur et lřintégration de la différence
des sexes, lřenfant intériorise les interdits, les règles sociales et la soumission à la loi
morale.
La plupart des pathologies de la personnalité enfantine, de la plus grave à la plus
bénigne, sont dues à lřimpossibilité de la mise en place ou au mauvais fonctionnement
de ce triangle et marquent, à des degrés divers, la carence de la fonction paternelle
symbolique et symbolisante (NABATI, 1994). Plus lřabsence du père sera longue et
précoce dans la vie de lřenfant, plus celui-ci sera fragilisé dans son cheminement. Cette
carence peut se traduire par un blocage de lřaccès à lřunivers symbolique (échec
scolaire), en favorisant la libération des pulsions agressives (délinquance, violence) ou
dřautodestruction (sectes, drogues).
Ainsi, le père contribue pleinement au sens premier du terme éduquer, du latin educare,
qui signifie faire sortir, tirer au dehors. Il est donc primordial dřaborder le travail éducatif
de manière avertie et de rester vigilant quant à la place du père dans lřhistoire familiale.
Il faudra veiller à ne pas reproduire le rejet du père en travaillant la séparation du couple
mère-enfant et en essayant de réintroduire un père symbolique. Lřéquipe éducative sera
bienveillante quant à la question de la recherche du cadre et de la souffrance sousjacente du jeune.
LE CLUB DES PARENTS
Kevin CHAVANNE, Animateur
I/ QUEL PUBLIC ?
Au terme de l'année 2015, le Club des Parents comptait un peu moins d'une centaine
d'inscrits, avec plus d'une quarantaine de participants actifs dont une trentaine de
participants très réguliers et investis dans les activités du Club des Parents.
Le Club des Parents travaille aussi transversalement avec l'Espace Petite Enfance et de
nombreuses familles sont présentes sur les deux lieux.
Rencontre 93
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 309 -
Ces inscrits peuvent ainsi participer à des ateliers ou se faire accompagner dans
certaines démarches. Mais surtout, ils trouvent un lieu de réconfort au Club des Parents,
dans lequel les questions de parentalité des uns et des autres peuvent être accueillies.
II/ QUELLES ACTIONS AU CLUB DES PARENTS ?

Quelques exemples d'ateliers :
Tout d'abord une grande variété d'ateliers, basés sur du Bien-Être, de la Médiation
Culturelle, de l'Apprentissage Pratique et Artistique. Ces ateliers sont réalisés avec le
concours des animateurs du Club des Parents et de professionnels de la ville de Saint
Denis.
LE BIEN ÊTRE
Par exemple, dans le cadre du Bien Être, le Club des Parents propose des ateliers
hebdomadaires de Relaxation (« Bien dans son Corps »), avec Chantal MIR de « Geste
en Mouvement », permettant aux participants de dénouer les tensions musculaires qui
fatiguent leur corps, ainsi que les soucis qui fatiguent leur esprit.
Un atelier de soins esthétiques dirigé par Régine CÊTRE a également lieu une fois par
mois sous le nom de « Bien dans sa Peau ».
Dans le cadre de l'Atelier Cuisine (« Bien dans son Assiette »), réalisé
par Linda WILLIAM, diététicienne à la Mairie de Saint Denis, les
participants apprennent à comprendre les valeurs nutritives des
aliments et surtout les méfaits d'une cuisine mal équilibrée. En
cuisinant par eux-mêmes la recette de la diététicienne, puis en
dégustant ensemble ce repas, nous pensons qu'un bénéfice de
l'apprentissage d'une cuisine plus saine aura non seulement un
impact sur le parent, mais aussi sur les enfants de son foyer.
Atelier de Cuisine, en partenariat avec
la Mairie de Saint Denis et
la Maison des Parents de Saint Denis
L'APPRENTISSAGE
Le Club des Parents propose également des ateliers d'apprentissage du français et de
l'informatique. Rassemblant une dizaine de participants, ces ateliers bihebdomadaires
se font avec le concours de l'association Artis Multimédia.
Rencontre 93
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 310 -
Le Club des Parents a également proposé une formation aux Premiers Secours réalisée
par la Croix Blanche pour permettre à dix d'entre eux d'obtenir l'attestation PSC1
LE THÉÂTRE, LE CONTE ET LA VIDÉO…
Afin de travailler sur le rapport à l'autre, le rapport à soi, le doute face à ses capacités
langagières ou tout simplement pour réaliser un rêve d'enfant, nous proposons des
ateliers de « mise en espace des corps et des voix ». Que ce soit le théâtre, le conte ou
la vidéo, chaque projet se solde par une représentation (ou une projection).
Nous travaillons ainsi sur le langage, la
transmission (surtout dans le cas du conte
qui se rapporte directement aux histoires
que les parents peuvent ensuite raconter à
leurs enfants), mais aussi le travail
d'équipe et la confiance en l'autre, et bien
sûr la confiance en soi.
Atelier de Conte avec Nidal Qannari
Ces
expériences
artistiques
de
représentation laissent des souvenirs
indélébiles dans l'esprit des parents ainsi
que dans la mémoire des enfants qui les
voient sur scène.
Représentation d'un Spectacle de Théâtre
mêlant Club des Parents et Atelier Scolaire,
dirigé par la troupe du théâtre El Duende
Rencontre 93
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 311 -
LES SORTIES CULTURELLES
Au travers de sorties hebdomadaires, le Club des Parents permet à ses inscrits de
visiter des musées et des expositions dans le cadre de la mission « Vivre Ensemble »,
mais aussi de découvrir Paris et son architecture historique.
Sortie au Musée d’Orsay
Et Visite des vieux quartiers de Paris
Afin d'informer ses inscrits, le Club des Parents édite chaque mois un Programme
qu'il distribue auprès de ses participants mais aussi auprès des structures de
Saint Denis :
Rencontre 93
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 312 -
III/ L'accompagnement
Le Club des Parents est aussi un lieu d'accompagnement individuel et de soutien moral.
Ce soutien se crée naturellement entre les inscrits qui viennent à échanger entre eux
sur des questions de vie et de parentalité, mais il s'inscrit aussi dans une relation de
confiance des membres du Club des Parents avec l'ensemble de l'institution de
Rencontre 93.
L'accompagnement individuel se fait également par de l'orientation vers les structures
spécialisées du département.
De plus, le travail avec l'Espace Petit Enfance permet à de nombreux parents de
travailler sur la séparation avec l'enfant qui peut être parfois très difficile et de mettre ce
temps à profit pour un temps de Bien Être ou dřApprentissage au Club des Parents.
UN PROJET EST LANCE
Héloïse HANAUT-COURTIER, Sabine JACQUES, Elodie SVAY et Nathalie JEANJEAN,
Psychologues
Une consultation pour les parents et les familles des enfants et adolescents confiés
sous mandat (administratif, judiciaire) ou hors mandat à l'institution RENCONTRE 93 : un
projet lancé !
Les psychologues de RENCONTRE 93 proposent un espace spécifique dédié à l'écoute
des parents et des familles dont les enfants et adolescents sont accompagnés par les
services de l'institution : qu'ils y entrent par un placement administratif ou judiciaire (aux
Hébergements ; aux Ateliers scolaires ; à La Métis) ou sur libre adhésion (à l'Espace
Petite Enfance ; Club Parents).
Cette proposition prendra la forme de consultations familiales sur une base de libre
adhésion. Les psychologues cliniciennes formées à la thérapie familiale mènent les
séances en binôme ou seule, la fréquence est dřune fois par mois.
Le lieu est une pièce à la décoration chaleureuse, lieu pensé comme un dedans-dehors,
à la fois dans l'enceinte de l'institution et hors du bâtiment où sont accueillies les
personnes et où sont proposées les activités.
Un dedans-dehors pensé aussi comme un espace intermédiaire où favoriser un travail
de co-création de soutien et d'accompagnement au changement.
Nous avons bien souvent observé que si les familles n'ont pas d'espace où elles sont
écoutées, elles parasitent, brouillent l'accompagnement des enfants et adolescents.
Cela peut aussi produire du passage à l'acte, de l'impensé, une emprise de l'archaïque,
des entraves à la différentiation, à la subjectivation, enfants et parents peuvent être pris
dans des dynamiques pathogènes qui entravent la créativité de l'enfant comme capacité
d'avancer vers la vie.
Dans les cas où la séparation physique entre enfant et parent est nécessaire, le
placement n'efface pas ses liens psychiques aux parents ; aussi, nous soutenons que
les mouvements actuels de crise peuvent s'écouter, se comprendre, se dépasser dans
un travail de narration de cette famille sur elle-même, dans cet espace temps de la
consultation voulu comme espace sécure, une enveloppe commune pour l'enfant,
l'adolescent et sa famille.
Enfin, il sřagit pour nous de proposer une permanence de cette écoute (autre condition
de vécu sécure), permanence par la régularité des séances, mais permanence
également parce que la proposition est de se dégager de la temporalité d'une OPP
(Ordonnance de Placement Provisoire), ou Contrat d'Accueil, c'est à dire du temps de la
crise : les consultations peuvent se poursuivre au-delà si les familles le souhaitent.
Rencontre 93
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 313 -
ESPACE PETITE ENFANCE
Djamila REZGUI, Cheffe de service Petite Enfance, avec la contribution de l’équipe
Le 10 mai 2015, lřEspace Petite Enfance a soufflé 5 bougies pour ses 5 ans
dřouverture !
Mettant le chiffre 5 à lřhonneur, ce bilan annuel a été construit en tenant compte des 5
années écoulées sous la forme dřune rétrospective. Cette démarche nous permet de
mettre en perspective un service à la clinique si singulière…
Ces extraits choisis des bilans dřactivité écoulés, année après année, sont toujours
dřactualité :
En 2010 :
LIBRE ADHESION ET ANONYMAT :
Le principe de la libre adhésion des familles se confirme comme étant fondamental dans
la démarche d'accueil dans notre service. L'anonymat garanti par notre accueil permet
indiscutablement de favoriser un climat de confiance et de permettre de mener ce travail
d'accompagnement des familles, sans stigmatisation alors même que l'hébergement
d'adolescents au sein de RENCONTRE 93 peut paraître difficile à appréhender pour ces
familles qui franchissent la porte de l'établissement.
En 2011 :
Travail en présence et visites à domicile :
Toutes les familles, que ce soient celles accueillies chez les assistantes familiales ou
sur la halte-jeux bénéficient d'un accompagnement individualisé sur la halte-jeux
soutenu principalement par l'éducatrice référente et très souvent renforcé par l'apport
clinique de la psychologue.
Ce temps de travail en présence du parent s'avère fondamental pour la qualité
éducative du projet mené, comme développé dans le bilan de l'année 2010 puisqu'il ne
s'agit pas uniquement de confier son enfant pour ces mères. En effet,
l'accompagnement que l'on pourrait définir par "soutien renforcé à la parentalité" permet
au parent d'améliorer sa relation, avec ses savoir-faire et à son rythme.
Dans certaines situations, se rendre au domicile des familles, à leur demande ou sur
proposition lorsque cela semble adapté, permet de mieux soutenir les parents dans leur
environnement familial.
En 2012 :
La prise de risque :
Travailler à partir des compétences et des ressources du parent et des enfants n'est pas
sans risque. Il est très complexe de tenir compte de la singularité des parcours de vie
lorsque se greffent des conditions de vie précaires qui peuvent mettre davantage à mal
les situations.
D'autre part, ce sont les parents qui agissent, qui décident et nous les laissons faire au
maximum, quand bien même nous ne serions pas d'accord avec certains choix. Nous
laissons donc la place aux parents d'expérimenter tant qu'ils ne nuisent pas à l'enfant.
Il s'agit alors de trouver un équilibre entre le temps de l'enfant, celui du parent et le
nôtre.
Rencontre 93
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 314 -
La place des familles est donc pensée dans une co-construction incessante. Cela
consiste à toujours partir des familles pour aller vers le service puis vers l'extérieur.
En 2013 :
Par ailleurs, la grande précarité sociale des familles nřest pas toujours soutenue par des
partenaires extérieurs, faute de moyens. Le service a pallié de plus en plus aux besoins
administratifs des familles, ce qui nous conduit à envisager de nouveau qu'un
professionnel, de formation CESF (Conseiller/e en Economie Sociale et Familiale), au
sein de l'établissement puisse répondre tant à ce suivi administratif qu'à organiser des
ateliers collectifs pour la vie quotidienne (fonctionnement et rôles des institutions,
gestion d'un budget réduit, orientation vers des associations caritatives...).
En 2014 :
Plusieurs situations nous ont conduits à la limite de notre projet tant le contexte
entourant ces familles laissées sans protection ni points dřappui. Nous avons eu ainsi à
soutenir plusieurs mères dans une démarche de demande de protection pour leurs
enfants et pour elles-mêmes avec toute lřambivalence inhérente à cette situation ; ce qui
sřest avéré extrêmement difficile et coûteux pour les professionnels. Pour chaque
situation se pose la question de la limite, qui se résume à maintenir ou interrompre notre
aide alors même que les relais sensés prendre la suite peinent à sřinstaller. Pour faire
encore plus simple, signaler une situation à risque et ne voir aucune intervention
adaptée suivre conduit les professionnels et service à douter de lřutilité dřun tel
signalement.
Malgré un travail intense de concertation en interne et en externe associant la Direction
de lřétablissement, ces situations ont mis en lumière la difficulté dřarticuler le passage
dřune prise en charge préventive vers un dispositif de protection.
•
TEMOIGNAGES DE PARENTS : un court métrage réalisé et un film en
construction
Depuis deux ans, au vu de leur nombre, les familles ayant été accueillies sont invitées
sur un temps distinct de celui de la fête dřétablissement dřété.
Cette année, le samedi 5 septembre a été lřoccasion pour les « anciens » (familles et
salariés) de se retrouver lors de cette journée. Une cinquantaine de parents et dřenfants
étaient présents.
Quatre mères nous ont livré leur témoignage devant une caméra, interviewées par
Djamila ZERROUDI, stagiaire-cheffe de service : un premier court-métrage amateur a
été réalisé.
Depuis, un samedi par mois, un groupe de parents se retrouve pour poursuivre la
réalisation dřun film, basé sur dřautres témoignages de parents. Un animateur du Club
Parents de RENCONTRE 93 coordonne ce projet avec la cheffe de service de lřEPE et
avec lřappui à tour de rôle, dřune des éducatrices du service.
Des adolescents hébergés à RENCONTRE 93 (MECS et SAA) se mobilisent pour
accueillir les enfants et permettre que ce projet soit possible. Le personnel de la cuisine
prépare à cette occasion un goûter pour tous : jeunes, parents, enfants et salariés.
Quel que soit le résultat final, le déroulement même de ce projet est une aventure
humaine dřune grande et belle richesse avec très peu de moyens financiers.
Rencontre 93
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 315 -
•
ZOOM SUR RENCONTRE 93
Lřétablissement a expérimenté la location pendant un mois dřun gite à la campagne (à 1
heure de route) cet été pour que lřensemble des services en bénéficient.
Ainsi, deux mini-séjours ont été effectués par lřEspace Petite Enfance permettant à 7
familles de se détendre et dřêtre soutenues au quotidien par lřéquipe.
Dřautres journées réunissant petits, adolescents, parents et professionnels des
différents services ont été source de partage, sous le signe du vivre-ensemble, comme
le soutient le projet dřétablissement.
•
ZOOM SUR L’ACTUALITE DE DECEMBRE 2015
De nombreuses familles, résidant à Saint-Denis, ont été rapidement contactées par
lřéquipe lors de lřassaut par les forces publiques dřun immeuble du centre-ville à la midécembre. Ainsi, un soutien a été proposé par téléphone par lřune des psychologues et
une attention particulière a été accordée à lřensemble des familles, quřelles aient vécu
ou non des évènements traumatiques par le passé.
•
PERSPECTIVES
En 2014, la question dřune extension à lřEst du Département pour une meilleure
réponse aux besoins avait été abordée notamment du fait de l'éloignement
géographique tant des familles que des assistantes familiales, réparties sur l'ensemble
du territoire.
Il nous semble quřau-delà dřune extension, cřest bien la création dřun hébergement
jour/nuit sur place qui aujourdřhui sřimpose.
Cette nécessité est dřailleurs repérée par le Département qui envisage la création dřun
relais parental avec hébergement.
Le développement dřautres services de lřétablissement pourrait permettre de mettre en
œuvre cet hébergement, dřoptimiser les accueils chez les assistantes familiales et de
proposer un soutien éducatif « en présence » à un public en demande sur le territoire.
De plus, lřaccueil ponctuel dřune mère et de son nourrisson pourrait être une réponse à
des besoins identifiés. Lřarticle ci-dessous dřHéloïse HANAUT, psychologue du service,
éclaire ce besoin :
« A l’Espace Petite Enfance, il est possible quand on est un parent isolé, loin de sa
famille et de ses amis, de trouver du soutien. Ce soutien peut être un relais offert par
une assistante familiale qui va accueillir à son domicile un ou deux enfants, pour
quelques heures, quelques jours ou quelques nuits. Cela peut permettre à une mère
d’être hospitalisée pour un accouchement ou une opération sans avoir à s’angoisser
pour son aîné qu’elle n’aurait pas su à qui confier. Cet accueil est alors une aide
véritable, une bouffée d’air pour des parents en situation de fragilité sociale. Mais dans
les situations de fragilité psychologique, en période néonatale, par exemple, la
séparation entre une mère et un bébé n’est pas une solution satisfaisante pour la
relation mère-enfant et pour le développement du nourrisson. Cependant, il nous saute
aux yeux pour certaines dyades, qu’un étayage contenant et soutenu serait primordial
dans cette genèse de relation. C’est pourquoi, nous sommes amenés à penser un
accueil à l’Espace Petite Enfance, qui pourrait offrir jour et nuit, sur une période courte,
un accueil de cette dyade mère-bébé. Cette proposition singulière vient souligner l’enjeu
majeur des premiers liens mère-bébé. Une mère peut donner à voir et même verbaliser
une fatigue extrême, un réel épuisement dans la période qui suit son accouchement.
Elle peut alors penser que sans son enfant, elle pourrait se sentir mieux, se reposer. Lui
proposer alors une séparation en demandant à un tiers d’assurer les soins de son
enfant en l’en excluant est un risque majeur pour l’établissement des premiers liens
d’attachement. En revanche, pouvoir être à ses côtés avec une équipe transdisciplinaire
(éducatrice de jeunes enfants, psychologue, pédiatre) pour la soutenir dans ses soins,
Rencontre 93
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 316 -
l’encourager dans la mise en place de sa parentalité, étayer l’accordage progressif entre
ses compétences de mère et les besoins de son enfant, est une mission de prévention
dont les conséquences à long terme pourraient être de grande ampleur. Un tel dispositif
se différencierait des soins proposés dans les unités de psychiatrie périnatale, en cela
qu’il serait proposé en amont de la déclaration de troubles avérés de la relation mèreenfant. Il se base sur notre capacité à être à l’écoute des signaux précoces, envoyés
par ces jeunes mères, et sur notre confiance en leurs ressources individuelles et
singulières ».
Rencontre 93
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 317 -
RENCONTRE 93 / ESPACE PETITE ENFANCE
Bilan d’activité annuel - 2015
TABLEAU RECAPITULATIF
Mois
PRINCIPALES ACTIONS
Janvier
- Démission dřune assistante familiale
Février
- Démarrage du travail de réflexion en réseau sur lřaccueil des
familles en errance
Mars
- Participation à la pré-commission d'attribution des places en
crèches à Saint-Denis
Avril
- Démission dřune assistante familiale
- Accueil dřune stagiaire EJE
Mai
- Accueil dřune stagiaire CAFERIUS
- Démission dřune assistante familiale
Juin
- Arrivée dřune Educatrice de Jeunes Enfants
- Travaux de clôture du jardin extérieur
Juillet
Août
Septembre
Octobre
- Fête dřété de Rencontre 93
er
- 1 mini-séjour
eme
-2
mini-séjour
- Fête des « anciens » et réalisation dřun court-métrage
- XXIIIème séminaire de lřAVVEJ
- démarrage du travail en réseau sur « la places des pères »
Novembre
- démarrage du projet film
Décembre
- Fête d'hiver de Rencontre 93
Rencontre 93
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 318 -
LES ORIGINES DES DEMANDES PAR VILLE:
VILLES
PMI
Aubervilliers
2
Aulnay-sous-Bois
1
UPP/CMP/ UAPE/
pédopsychiatrie
Hôpital
9
Bagnolet
Bobigny
Service social
1
1
Bondy
Autres
1 (Emmaüs)
1 SESSAD
1 (ASE)
2
1 (Essor 93)
1
1 (SOS femmes)
Clichy-sous-Bois
Dugny
Epinay-sur-Seine
ILE ST DENIS
La Courneuve
4 (Amicale du Nid)
1
1 (ASE)
Le Blanc- Mesnil
Le Bourget
1
Les Lilas
1
Livry-Gargan
1
Montfermeil
1
Montreuil
4
Pantin
3
Pierrefitte
3
Rosny Ŕsous-Bois
1
Saint Ouen
1
Saint Denis
15
Sevran
1
Hors département
TOTAUX: 120
Rencontre 93
1
1
2CME
2
9
8
1
14 (Amicale du Nid) + 5
(CDEF) + 1 (crèche)+
2 (Voix dřElles
Rebelles)+1(ALJM)+1
(ASE)+1(Maison des
parents)+ 1contact
parent direct
1
3 (Tenon- Paris)+
1 (cliniqueParis)+ 1 (ASEParis)+ 1( Paul
BrousseVillejuif)+1
Lariboisiere
1
37
1 CADA
10
17
17
39
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 319 LES ACCUEILS REALISES SUITE A CES DEMANDES :
VILLES
Aubervilliers
Aulnay-sousBois
Bagnolet
Bobigny
Bondy
Clichy-sousBois
Dugny
Epinay-surSeine
ILE ST DENIS
La Courneuve
Le BlancMesnil
Le Bourget
Les Lilas
Livry-Gargan
Montfermeil
Montreuil
Pantin
Pierrefitte
Rosny ŔsousBois
Saint Ouen
Saint Denis
PMI
UPP/CMP/ UAPE/
pédopsychiatrie
1 (ASE)
1
2
3 (Amicale du Nid)
1
1 (crèche)
1
1
2
1
1
1 CME
7
1
4
1
Hors
département
Totaux : 50
accueils
réalisés
Autres
4
5
Sevran
Service Hôpital/clinique
social
8 (Amicale du Nid+
1(CDEF) +
1(ALJM)+
1(Maison des
parents)
1
1 (tenon)
15
5
5
8
17
NOMBRE D'HEURES D'ACCUEIL :
Entre le 1er janvier et le 31 décembre 2015, il a été réalisé auprès des 57 familles accueillies (7
familles déjà accueillies + 50 nouvelles familles) :
 Au domicile des assistantes familiales : 101 accueils en journée et 459 accueils jour/nuit.
Ces accueils jour/nuit ont davantage été sollicités grâce à la confiance faite au service, du fait du
temps dřaccompagnement plus long.
 A la halte-jeux préventive : 773 journées dřaccueil avec séparation, 158 journées de « temps
en présence » (soutien individualisé parents-enfants) et 48 temps collectifs.
 Par ailleurs, le temps de soutien à domicile est régulier et le temps de soutien par téléphone
est quasi-quotidien.
Rencontre 93
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 320 -
Halte-jeux
Réalisés
Rencontre 93
- 773 journées avec
séparation
- 158 journées dřaccueil
individualisé
parents/enfants
- 48 temps collectifs
Assistantes familiales
Accueil de jour
101 jours
Assistantes familiales
Accueil jour/nuit
459 jours/nuits
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 321 -
DURÉE DE LA PRISE EN CHARGE DES JEUNES PRÉSENTS AU 31/12/2015
14 et 15
16 et 17
18 et 19
20 et 21
Totaux
Rencontre 93
-1 mois
3
1
0
0
4
1 à 3 mois
2
5
0
0
7
3 à 6 mois
0
5
0
0
5
6 à 9 mois
1
5
1
0
7
1 à 2 ans
3
5
3
0
11
+2 ans
0
3
1
1
5
Totaux
9
24
5
1
39
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 322 -
TRANCHE D'AGE DES JEUNES AU 31/12/2015
Âge
14 et 15
16 et 17
18 et 19
20 et +
Rencontre 93
HÉBERGEMENT
G
F
2
1
12
5
1
1
0
0
Totaux
15
7
ATELIER
G
5
4
2
0
11
F
1
3
1
1
6
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 323 -
SCOLARITÉ AU 31/12/2015
Scolarité ou formation
Formation CAP 1 ET 2
Formation BP
Formation CPA
Collège 3ème
Segpa 3ème
CLA (classe d'accueil)
Lycée Général Seconde
Lycée Général Première
Lycée Général Terminal
Lycée Pro 1 ET 2 Bpro
Lycée Pro Tbpro
Remise à niveau
LEA
Totaux
Rencontre 93
G
3
0
2
4
0
2
1
0
1
5
1
6
1
26
F
1
1
1
1
1
0
2
1
1
1
0
2
1
13
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 324 -
ENTRÉES 2015
Âge
14 et 15
16 et 17
18 et 19
Totaux
Rencontre 93
HÉBERGEMENT
G
F
1
1
9
5
1
1
11
7
ATELIER
G
4
1
1
6
F
1
3
0
4
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 325 -
ENTRÉES 2015
AP
ASE
OPP
Totaux
HÉBERGEMENT
G
F
1
0
5
10
2
1
8
11
ATELIER
G
0
3
2
5
F
1
2
1
4
1 Jeune issu du 77 et 75 - et 3 jeunes sous Tutelles (1 fille et 2 garçons)
Rencontre 93
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 326 -
SORTIES 2015
14 et 15
16 et 17
18 et 19
20 et 21
Totaux
Rencontre 93
HÉBERGEMENT
G
F
0
0
1
4
2
8
0
0
3
12
ATELIER
G
2
2
2
1
7
F
0
1
1
2
4
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 327 -
MOUVEMENTS 2015 (âge au 31/12/15)
Âge
13 et 14
HÉBERGEMENT
G
F
0
0
G
2
F
0
15
16
17
18
19
20
Totaux
2
5
8
6
2
1
24
5
2
4
2
2
1
18
1
3
1
1
1
2
9
1
5
4
4
0
0
14
ATELIER
Garçons
:
Filles :
Total :
42
23
65
MOUVEMENTS DE L'AGE DES JEUNES SUR L'ANNÉE
8
7
6
13 et 14
5
15
4
16
3
17
2
18
1
19
0
20
G
F
HÉBERGEMENT
Rencontre 93
G
F
ATELIER
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 328 -
RÉPARTITION DES JEUNES PAR
COMMUNE
Origine
Aubervilliers
Aulnay Sous Bois
Bagnolet
Bobigny
Drancy
Epinay Sur Seine
Gagny
La Courneuve
Le Blanc Mesnil
Le Pré Saint Gervais
Montreuil
Neuilly Sur Marne
Noisy Le Grand
Noisy Le Sec
Pierrefitte
Saint Denis
Sevran
Stains
Villepinte
Pontoise
Paris
Coulommiers
Totaux
Rencontre 93
Jeunes
8
3
1
3
4
3
2
7
2
1
4
1
1
4
2
8
5
2
1
1
1
1
65
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 329 -
RÉPARTITION PAR COMMUNES
Villepinte
2%
Sevran
8%
Stains
3%
Pontoise Paris
2%
2%
Coulommiers
2%
Aubervilliers
12%
La Courneuve
11%
Noisy Le
Grand
2%
Montreuil
Noisy Le Sec
Le Blanc Mesnil
6%
Neuilly Sur Marne
6%
3%
Le Pré Saint Gervais
2%
2%
Rencontre 93
Bagnolet
2%
Bobigny
5%
Saint Denis
12%
Pierrefitte
3%
Aulnay Sous Bois
5%
Drancy
6%
Gagny
3% Epinay Sur Seine
5%
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 330 -
Répartition par circonscription
Nombre de Service
1
2
3
4
5
7
8
9
75
77
95
G
3
3
12
4
6
4
4
2
1
1
1
Totaux 41
F
4
7
6
1
2
0
1
3
0
0
0
24
RÉPARTITION PAR CIRCONSCRIPTION
20
18
16
14
12
10
8
6
4
2
0
1
2
3
4
5
7
8
9
75
77
95
F
4
7
6
1
2
0
1
3
0
0
0
G
3
3
12
4
6
4
4
2
1
1
1
Rencontre 93
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 331 -
Durée de la prise en charge des Jeunes Sortis en 2015
Durée de la mesure sorties
-2 mois
1 à 3 mois
6 à 12 mois
1 à 2 ans
2 à 3 ans
+3 ans
G
1
1
1
6
4
2
Totaux 15
F
2
1
1
2
3
2
11
DURÉE DE LA PRISE EN CHARGE DES JEUNES SORTIS EN 2015
6
5
4
G
3
F
2
1
0
-2 mois
Rencontre 93
1 à 3 mois
6 à 12 mois
1 à 2 ans
2 à 3 ans
+3 ans
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 332 -
Rencontre 93
RAPPORT D'ACTIVITE 2015
- 333 -
SERVICE D’INVESTIGATION ET D’ORIENTATION
ET D’ACTION EDUCATIVE EN MILIEU OUVERT
« S.I.O.A.E 93 »
CONTACT :
ACCES :
S.I.O.A.E 93

154, Avenue Jean Jaurès
93000 BOBIGNY
Téléphone : 01.48.32.80.00
Télécopie : 01.48.95.86.21
E-Mail : SIOAE [email protected]

1, avenue Antoine Bourdelle
ZA de Chanteloup
93600 AULNAY SOUS BOIS
Métro : Station « Bobigny Préfecture »
Autobus : Nombreuses lignes jusquřà la
Préfecture.
Tramway : Bobigny/Saint Denis, arrêt :
Libération
RER B : Gare dřAulnay sous Bois et Bus
613, arrêt : Chanteloup
T4 : Gare Rougemont Chanteloup
Téléphone : 01.48.19.98.90
Télécopie : 01.48.68.38.76
ACCUEIL :
Filles et garçons de 0 à 18 ans et jeunes majeurs (18-21 ans).
▪ M.J.I.E
200 pour 280 jeunes
▪ A.E.M.O. ou A.E.D. 350
MISSION :
Le Service comprend trois types de prises en charge :
o
La M.J.I.E (Mesure Judiciaire dřInvestigation Éducative) : dřune durée de 6 mois
maximum.
Elle doit éclairer le Magistrat sur une situation difficile et permettre,
éventuellement, dřentreprendre une action éducative.
o
▪ LřA.E.M.O. (Action Éducative en Milieu Ouvert) consiste en une action de
longue durée (de 1 à 2 ans environ).
o
▪ LřA.E.D. (Aide Éducative à Domicile) : Accompagnement éducatif dans le cadre
dřune mesure contractuelle administrative.
Lřactivité se répartit sur lřensemble de la Seine-Saint-Denis selon les besoins, en
liaison avec les Magistrats ou avec les Inspecteurs/trices de lřAide Sociale à
lřEnfance du département.
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 334 -
On peut distinguer plusieurs modalités dřintervention :
o
o
o
o
o
o
Des rencontres régulières dans un des 2 sites du service : entretiens individuels
et/ou familiaux.
Des sorties éducatives.
Des actions collectives.
Des contacts avec les différents partenaires.
Des visites et entretiens à domicile.
Des accompagnements divers.
Tous ces modes dřapproche amènent les différents membres des équipes à se
retrouver dans des réunions pluri professionnelles pour évaluer leurs interventions :
réunions de présentation, bilans, supervision, ou pour faire le point de leurs actions :
synthèses ou rencontres avec les partenaires, réunions avec des Juges des Enfants,
etc.
AGRÉMENTS – HABILITATIONS :
▪ Aide Sociale à lřEnfance
▪ Justice
STRUCTURE :
Directeur : Monsieur Frédéric MICHEL
3 Chefs de service éducatif, 6 psychologues, 17 éducateurs spécialisés, 3
assistantes sociales, 1 monitrice éducatrice, 2 comptables, 3 secrétaires, 3 agents
de service.
ASSOCIATION VERS LA VIE ET L’EDUCATION DES JEUNES  RECONNUE D’UTILITE PUBLIQUE
1, place Charles de Gaulle – 78067 St Quentin en Yvelines Cedex
Téléphone : 01.30.43.26.00 – Télécopie : 01.30.43.98.25
Courrier électronique Direction générale : [email protected]
- 335 -
Le SIOAE 93 en 2015
Frédéric MICHEL - Directeur
L’activité :
Déficitaire sur les exercices précédents, elle a été excédentaire cette année pour
lřAEMO (102 %) et le contrat dřobjectif en MJIE est atteint (260 jeunes accompagnés).
Cřest dřabord le résultat des efforts faits par lřensemble de lřéquipe pour maintenir le
service à la hauteur des engagements pris vis-à-vis des partenaires. La situation sur le
département en terme de besoin sřaggrave encore et encore : au 31 décembre, les
listes dřattente sont à 106 mineurs pour lřAEMO (contre 56 en 2014) et 126 mineurs sur
les MJIE contre 98 en 2014), soit respectivement une augmentation de 89 % pour
lřAEMO et 28.5 % pour la MJIE.
Si nous constatons que le SIOAE 93 est significativement plus sollicité que les autres
services du département, tous connaissent une augmentation globale de leurs listes
dřattente.
Dans un tel contexte nous nous sommes donnés lřobligation morale dřatteindre a
minima les objectifs négociés en termes dřactivités avec les financeurs, et il sřavère
pourtant que cela nřa pas permis de réduire la liste dřattente comme la PJJ lřavait sousentendu les années précédentes.
Pour ce faire, lřensemble de lřéquipe éducative a dû accompagner plus de mineurs et le
quota en AEMO fixé à 25,5 mineurs / travailleur social a été augmenté à 26,5 pour un
temps plein. La mesure supplémentaire en contrepartie donne droit à une rémunération
dřheures supplémentaires ou une récupération sur le temps de travail.
De même, pour les MJIE, le quota tel exigé par la PJJ a été respecté avec 40 mesures /
an / travailleur social et ce sans contrepartie.
Mécaniquement, lřaugmentation des mesures prises en charge par le service a impacté
la charge de travail de lřensemble de lřéquipe y compris pour les psychologues et les
secrétaires.
Ce choix a aussi été motivé par lřaccumulation des déficits des exercices précédents
quřil nřétait plus possible dřaggraver au risque dřabandonner purement et simplement
lřactivité dřinvestigation. Tout a été tenté pour conserver le sens de notre projet de
service et continuer de mener de manière complémentaire les MJIE et AEMO.
Des espaces de réflexion :
Dans le cadre dřun CAFERUIS, une éducatrice spécialisée a animé un comité de
pilotage pour revisiter la méthodologie des MJIE et la chef de service dédiée à cette
activité poursuit ce travail de réflexion avec lřéquipe pour clarifier les priorités selon les
attendus des magistrats et dans lřintérêt des jeunes quřils nous ont adressés. Ces temps
de travail sřajoutent à la charge courante de lřactivité mais sřavèrent nécessaires pour
conserver le sens de notre action.
En effet, la mise en tension entre les objectifs dřactivités (nombre de mesures annuelles
à réaliser) et le niveau de qualité attendu par les magistrats nécessite un arbitrage
permanent pour éviter une dérive vers la réalisation des mesures de manière
superficielle au détriment de la pertinence des investigations.
SIOAE 93
RAPPORT DřACTIVITE 2015
- 336 -
Parallèlement, lřensemble de lřéquipe AEMO a aussi débuté un travail de réflexion sur le
sens à donner aux accompagnements.
A présent, les marges de manœuvre pour augmenter la quantité sans réduire la qualité
sont quasi nulles. En conséquence, lřabsence dřun travailleur social ne peut pas être
compensée par une augmentation dřactivité des autres collègues et lřatteinte des
objectifs reste dépendante dřune occupation permanente de lřensemble des postes.
Dans ce contexte le risque de déficit reste fort si les départs de travailleurs sociaux ne
peuvent pas être anticipés. Et quand bien même ils pourraient lřêtre, la contrainte
dřintégrer les nouveaux collègues avec une montée en charge nécessairement
progressive empêche la réalisation dřun taux dřactivité linéaire.
Les changements de personnel restent un évènement critique, dřabord pour la
continuité de lřaccompagnement du jeune avec la nécessité pour le reste de lřéquipe
dřassurer cet accompagnement lorsque le salarié parti nřest pas remplacé rapidement.
Le recrutement est devenu un exercice courant mais toujours difficile pour concilier
lřembauche de salarié compétents et engagés, avec les conditions salariales que lřon
connait (1 500 euros net / mois pour un éducateur spécialisé expérimenté de plus de 3
ans).
Ce turn-over, perçu comme symptomatique, doit être plutôt considéré comme une
donnée structurelle du service qui au regard des années précédentes a toujours connu
ce phénomène.
Par exemple, depuis 2 ans, ce sont presque 50% des travailleurs sociaux qui ont été
remplacés.
Il était devenu impératif dřinstituer ces espaces dřexpression et de réflexion pour
permettre le partage dřune culture collective de notre action entre tous afin de maintenir
une cohérence dřéquipe.
Cette année, un espace de travail a aussi été ouvert pour les psychologues.
Accompagnés par un intervenant extérieur, psychologue et chercheur sur le domaine de
la protection judiciaire de la jeunesse, les psychologues du service se réunissent tous
les 2 mois pour réfléchir à cette place singulière quřils occupent dans lřéquipe éducative
en milieu ouvert.
A terme, ce travail, comme celui des autres groupes de réflexion, ont pour vocation de
produire des analyses qui contribueront à faire évoluer, in fine, notre projet de service
qui devra être réactualisé dřici fin 2017.
Les actions collectives :
Elles se sont poursuivies cette année à travers lřatelier photo et lřatelier conte.
Par contre, les ateliers théâtre et socio-esthétisme nřont pas pu être renouvelés par
manque de temps dû à une charge de travail trop importante des intervenants à
lřinitiative de ces actions.
Lřaction collective est largement reconnue comme un support éducatif pertinent dans
nos accompagnements des jeunes et à chaque fois lřimpact sur lřenrichissement de
notre relation avec les jeunes et leurs parents est avéré. Cependant, les ateliers
reposent sur la bonne volonté et lřengagement des membres de lřéquipe et même si les
conditions matérielles sont réunies pour les réaliser, le temps fait défaut pour les
animer. Aucune décharge dřactivité nřest organisée pour permettre la réalisation des
activités qui doivent être intégrées sur le temps de travail courant.
En conséquence, les conditions ne sont pas réunies pour pérenniser ces actions. Une
réflexion collective est à mener sur ce point afin de parvenir à une organisation qui
allègerait le temps de travail sur les accompagnements individuels pour assurer la mise
en œuvre des actions collectives.
SIOAE 93
RAPPORT DřACTIVITE 2015
- 337 -
Le séminaire de l’AVVEJ :
En cette année de séminaire, et dans le contexte décrit ci-avant, le thème « Loi, règles,
normes : quel repère pour lřinstitution éducative ? » a largement inspiré les membres de
lřéquipe. Accompagnés de Mr Jacques Deschamps, professeur de philosophie, les
concepts en jeu ont été battus en brèche pour nous faire cheminer sur nos
interrogations. Rapidement, lřidée de traiter la thématique par la dérision sřest imposée
à travers un jeu qui mettrait en scène des professionnels projetés dans un monde où le
travail social serait une marchandise commerciale quřil faut tracer et rendre transparente
en permanence. Nathalie Bouillet, chef de service et sa bande de Happy coaches,
décrivent dans leur texte ci-après cette belle aventure collective, décalée, sur ce sujet si
grave.
Le projet de déménagement :
Entre autres normes, lřannée 2015 était celle du respect de celles concernant
lřaccessibilité des locaux recevant du public. Les locaux occupés à Bobigny en rez-dechaussée et sous-sol dřun immeuble HLM sont donc largement à réhabiliter pour
respecter cette loi. Cřest finalement une opportunité pour motiver notre projet de
déménagement dans un site bien mieux adapté tant pour lřaccueil du public que pour
les conditions de travail des salariés.
Si le Conseil Départemental a finalement accepté ce projet malgré son surcoût, à
lřheure de lřécriture de ce rapport, la PJJ nřa toujours pas donné de réponse malgré
lřimpérieuse nécessité de se positionner rapidement pour bénéficier des négociations
engagées avec le propriétaire.
Le projet d’AEMO intensive :
Devant la recrudescence des listes dřattente, les échecs de placements effectués en
urgence pour les jeunes de 11 à 17 ans en particulier, le Conseil Départemental a choisi
de financer de nouveaux dispositifs dits innovants.
Le SIOAE 93 a été sollicité avec les autres services dřAEMO du département pour
présenter un nouveau mode dřaccompagnement en milieu ouvert avec des outils
supplémentaires : temps éducatifs plus importants, un lieu dřaccueil en journée, des
actions collectives, un hébergement ponctuel ou périodique…
Ce projet est présenté dans le texte ci-après. Il est le fruit dřune réflexion collective,
moteur dans la relation entre services associatifs habilités, qui permet dorénavant
dřavancer unis vis à vis du Conseil Départemental.
La mise en œuvre de ce projet est prévue courant 2016.
En conclusion de ce rapide tour dřhorizon et pour résumer la dynamique engagée au
sein du service, je reprendrai un proverbe haïtien : seul on avance plus vite, ensemble
on va plus loin.
SIOAE 93
RAPPORT DřACTIVITE 2015
- 338 -
Obtiens ton job et fais virer les autres, bienvenue dans le
Happyworld !
Nathalie Bouillet (Chef de service) avec les happycoaches du SIOAE 93
Bailly (Chef de service), Dalila Benali (Educatrice spécialisée), Sandra
(Psychologue), Magali Lutrand (psychologue), Nadine Repettati
spécialisée), Julie Vander-Heim (Educatrice spécialisée), Julie Verapla
spécialisée).
: Catherine
Fedorowski
(Educatrice
(Educatrice
Invités à participer à un jeu organisé par une « boite de coaching » privée qui propose
au secteur socio-éducatif des cessions de formation pour devenir Happymanager, 27
potentiels « winners » ont eu à sřaffronter dans une série dřépreuves qui permettaient de
déterminer qui allait être « sélectionné », puis « éliminé » … Bienvenue dans le
Happyworld !
Le monde heureux dřun secteur social moderne soumis entièrement à une logique
comptable et gestionnaire, devant rendre compte uniquement dřactes traçables,
quantifiables, contrôlables et rentables. Un monde de directeurs heureux, que disonsnous, « dřhappymanagers », venant tout droit de lřentreprise privée lucrative, appliquant
à la lettre les modèles de management qui ont su si bien faire leurs preuves en termes
de productivité et de rendement.
Imaginez maintenant dřanciens éducateurs formés au coaching, sachant relooker,
jogger, expertiser, monter des projets innovants qui rendent happy … ça fait rêver non ?
Ne reste plus alors quřà nos happyfamilies dřavoir des besoins pleinement et enfin
satisfaits (en attestent très sérieusement nos enquêtes de satisfaction) et qui nřont plus
dřautre choix que celui dřêtre heureux … voilà une injonction au bonheur qui laisse
songeur nřest-ce pas ?
Quelle mouche nous a piqués au SIOAE 93 ? Lois, règles et normes semblent nous
avoir mis dans un drôle dřétat … Lřoie avec laquelle nous devions jouer a cédé sa place
à un tour de dérision quant aux nouvelles normes et règles qui envahissent peu à peu
notre secteur, le modifiant profondément et insidieusement, et avec, disons-le,
quasiment notre accord. En témoignent quelques dizaines de cadres dřune autre
association qui nous ont raconté se former ensemble au happymanagement,
bombardés pendant une semaine de powerpoints listant pléthore de mots et
dřexpressions, dont lřagencement sonne étrangement creux. La relation éducative
devient du « one to one », les éducateurs, des « councelors », on y découvre « lřarbre
de compétences » et comment « motiver ses opérateurs » à coup de « cohérence
existentielle » …
Bref, devons-nous accepter ce qui nous est présenté comme lřinéluctable évolution de
notre secteur qui, sřil voulait être moderne et compétitif, aurait à se soumettre bêtement
aux exigences tyranniques dřune machine qui sřest emballée car ses conducteurs ne la
maitrisent pas davantage ?
Allons-nous céder toujours plus de terrain à ceux qui nřentendent rien de ce qui
constitue le cœur de nos métiers mais qui entendent bien nous mettre au pas quant aux
lois du marché, le fameux ! Nous nřavons pas écrit notre dernier mot … ni lâché notre
dernier éclat de rire !
Lřhumour nous préservera peut-être de la perte de sens qui menace lřensemble de
notre profession, à la condition quřil ne se meuve pas en un cynisme individuel mais
quřil soit au contraire fédérateur de désirs et de projets collectifs. Cřest Victor Hugo qui
disait ŖIl y a du consentement dans le sourire, tandis que le rire est souvent un refus.ŗ
Lřidée de nous jouer dřun happyworld social nous a valu quelques moments de doutes,
de fatigue et dřéclats de rire, mais ce sont sûrement les ingrédients indispensables à la
SIOAE 93
RAPPORT DřACTIVITE 2015
- 339 -
créativité dřun groupe qui sřest exprimée sans trop se censurer, cřest bien là aussi ce
quřautorise la dérision.
Profitons donc de ces quelques lignes pour saluer lřénergie de ceux qui se sont
engagés sans compter à faire de ce moment une invitation à partager de la joie autour
de ce qui se voulait pourtant une critique acide des évolutions actuelles de notre
secteur.
Lřaccueil reçu dans lřéquipe, lors dřune rencontre institutionnelle, puis au séminaire,
nous a confirmé ce que Winnicott décrit des espaces transitionnels, le jeu libère un
espace de transformation et rend possible, par le semblant, lřinsolence subversive dont
nous avons tant besoin aujourdřhui. Le dernier hommage, arrivé plus récemment, est
celui dřune collègue qui nous disait avoir vécu lors de ce jeu et pour la première fois
dans notre institution un réel moment de partage convivial avec lřensemble de lřéquipe
qui réunissait les deux antennes de notre service.
Chapeaux bas donc pour nos happycoaches ! Et plutôt que de faire la danse du ventre
devant ceux rêvant dřun logiciel qui parviendrait à numériser la relation éducative, nous
avons lřaudace de continuer à croire en une clinique éducative préservée des vents
contraires par des positions associatives et institutionnelles fortes dřun soutien qui,
disons-le une bonne fois pour toutes, ne pourra être que collectif.
Mais quels rêveurs nous sommes …
Le projet d’AEMO/AED intensive
Frédéric MICHEL - Directeur
Le contexte :
Sur le département, lřaccueil physique de jeunes âgés de 11 à 17 ans augmente (1831
accueils en 2014 représentant 45% de la totalité des accueils). Cette tranche dřâge
représente à elle seule 59% des placements en urgence et les adolescents sont
dřautant plus nombreux quřils sont âgés (les 13-17 ans représentant 52% des
placements en urgence). Sur ces placements en urgence, 19% sont ressortis après 8
jours et 13% après un mois.
La proportion de jeunes âgés de 11 à 17 ans représente 51% des AEMO/AED.
Le Conseil Départemental 93 (CD 93) souhaite dépasser les clivages entre prévention
et protection, augmenter la proximité et la modularité des prises en charge ainsi que
rechercher la participation de la famille.
Les principes dřactions doivent reposer sur la continuité du parcours, la recherche de la
non-exclusion, la valorisation de l'estime de soi, la prise en compte de la santé,
lřorganisation de petites unités de vie, le soutien des professionnels (réflexions
cliniques, formations, analyse de pratique).
Pour améliorer les dispositifs dřaccompagnement des jeunes en difficulté, le CD
propose, entre autre, la mise en œuvre dřun certain nombre de mesures dřAEMO/AED
avec une possibilité dřaccueil de jour centré sur la remobilisation scolaire et
dřhébergement de manière ponctuelle ou périodique.
Ce dispositif dřaccueil est vu comme une articulation entre l'accompagnement en milieu
ouvert et l'hébergement afin de combler un déficit de réponses qui restent trop
uniformes au regard des besoins.
Cette possibilité dřhébergement sera inscrite sur lřordonnance de la mesure permettant
ainsi sa mise en œuvre par simple information de la famille, du magistrat et du Président
du Conseil Départemental comme le permet la loi 2007 sur la protection de lřenfance.
SIOAE 93
RAPPORT DřACTIVITE 2015
- 340 -
Ce dispositif requiert aussi un temps dřintervention auprès du jeune et de sa famille plus
important que pour lřAEMO actuelle, ainsi que la mise en place dřune permanence et
dřune astreinte permettant dřassurer une continuité de service 7j/7.
Le SIOAE 93 entend contribuer à cette demande qui correspond à un besoin identifié
parmi les nombreuses situations de jeunes que nous accompagnons dans le cadre
dřAEMO ou dřAED.
Le cadre législatif :
Outre les dispositions légales sur lesquelles sřappuie lřexercice dřAEMO et dřAED, le
dispositif dřAEMO/AED renforcées repose plus particulièrement sur lřarticle 375-2 qui
stipule : « Lorsquřil (le juge) confie un mineur à un service mentionné au premier alinéa,
il peut autoriser ce dernier à lui assurer un hébergement exceptionnel ou périodique à
condition que ce service soit spécifiquement habilité à cet effet ».
Les objectifs du dispositif :
Le projet repose sur un dispositif de prise en charge de 44 jeunes.
Entre le milieu ouvert et lřhébergement, le SIOAE 93 préconise un accompagnement
alternatif pour protéger le jeune. Lřaide éducative effectuée par une équipe
pluridisciplinaire peut sřappuyer sur des outils supplémentaires dřune AEMO
« classique » tels quřun accueil de jour, la possibilité dřhébergement et une disponibilité
plus importante de lřéquipe éducative. Cet accompagnement plus intensif cherche à
mobiliser la capacité des acteurs familiaux pour restaurer à court terme (1 an
renouvelable) un mode de fonctionnement plus serein dans lřintérêt supérieur de
lřenfant.
Cela induit une réelle capacité des acteurs à se remettre en cause, ce qui ne peut se
réaliser dans le cas de pathologies et/ou déficiences mentales avérées par exemple.
Cřest donc par lřidentification préalable de compétences mobilisables que lřenfant ou
lřadolescent bénéficiera du dispositif qui a vocation à engendrer une dynamique à court
terme pour atteindre les objectifs prédéfinis.
Lřintérêt du dispositif est dřoffrir une réelle continuité de lřaccompagnement éducatif,
grâce à la connaissance de lřensemble des situations par tous les membres de lřéquipe
éducative, organisée pour assurer une permanence physique et une astreinte
téléphonique.
La possibilité dřhébergement dans le dispositif est vue aussi comme un outil renforçant
la continuité du travail éducatif en milieu ouvert, en évitant des situations de rupture de
lřaccompagnement par des OPP par exemple.
Le dispositif proposé, dans le cadre judiciaire ou administratif, vise la mise en œuvre
dřun projet réalisable à court terme avec des objectifs prédéterminés (Magistrat Ŕ
Famille Ŕ Service éducatif) tels que :





Préparer un placement (distanciation)
Accompagner la dynamique familiale selon la capacité des acteurs en offrant des temps
de répit (individuation)
Accompagner la gestion de crise familiale sans rupture
Enrayer lřisolement social (déscolarisation) : revalorisation/estime de soi,
Etayer et réinsérer dans les dispositifs du droit commun / sřappuyer sur des partenariats
(insertion socio-professionnelle)
SIOAE 93
RAPPORT DřACTIVITE 2015
- 341 -
Le public :
Le dispositif cible prioritairement les enfants et adolescents, filles ou garçons, âgés de
11 à 17 ans déjà connus des services de la protection de lřenfance.
Dans les situations où une fratrie bénéficie du dispositif, il se peut que certains enfants
soient en deçà de cette classe dřâge.
Les caractéristiques des jeunes devant bénéficier du dispositif peuvent être nombreuses
et variées pour correspondre aux objectifs cités ci-dessus. En particulier, les jeunes en
difficulté scolaire, isolés sur le plan social, en rupture avec les dispositifs de droit
commun seront ciblés en priorité. De même, lřidentification dřun lien familial
dysfonctionnant requérant des temps de pause par distanciation pourrait être traitée à
travers un tel dispositif. Lřanalyse de lřenvironnement social et économique de la famille
permettra dřidentifier les ressources sur lesquelles le service pourra sřappuyer pour
accompagner la famille et dřidentifier les carences pour lesquelles il conviendra
dřapporter des pistes de solution.
Dans tous les cas, un travail sur la restauration de lřestime de soi servira de fil rouge
des projets dřaccompagnements qui peuvent être proposés.
Il est prévu que les services dřinvestigation (MJIE) et dřAEMO/AED du département
soient impliqués sur les objectifs recherchés et les modalités de prise en charge du
dispositif pour que les orientations des jeunes sur celui-ci soient effectives et
pertinentes. Le SIOAE 93 peut ainsi assurer une continuité de la prise en charge
lorsque les jeunes entrant dans le dispositif ont préalablement bénéficié dřune MJIE,
dřune AEMO ou dřune AED par notre service.
En effet, il sřagit de sřassurer préalablement de lřexistence des capacités du jeune et de
la famille sur lesquelles pourra sřappuyer lřéquipe éducative afin de faire évoluer la
situation problématique qui met lřenfant en danger ou en risque de danger.
Les axes d’intervention :
De manière concomitante, selon la situation du jeune, plusieurs axes dřinterventions
sont envisagés :
Aider à la compréhension de la dynamique familiale :



amener un questionnement et mettre chacun en face de ses responsabilités,
travailler sur lřhistoire familiale pour que le jeune se repère dans sa famille,
reconnaître l'enfant indépendamment de ses parents, dans le droit d'affirmer sa
singularité et sa différence, de s'engager dans la poursuite de son projet personnel.
Aider à la distanciation, la séparation, lřéloignement :
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accueillir et héberger périodiquement pour faire le point, soulager la famille, évoluer hors
du regard de la famille,
envisager éventuellement un placement,
mettre en œuvre une protection immédiate,
permettre au jeune de sortir de son environnement.
Aider au positionnement des parents / Accompagnement parental :
rappeler les fonctions dřaide et de soutien du dispositif et non de substitution,
reprendre les notions de droits et devoirs, dřautorité parentale et de responsabilité,
revaloriser lřimage du jeune auprès des parents,
soutenir les parents dans leur rôle et leurs prises de décisions,
accompagner physiquement les parents vers les institutions (école, services de santé,
services sociaux, …).
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Faciliter la communication familiale :
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faire tiers dans la relation parents Ŕ enfants pour aider à faire circuler la parole,
utiliser lřaccueil/lřastreinte/lřhébergement comme outils possibles pour désamorcer les
conflits et rétablir la communication.
Favoriser lřaccès au soin, la restauration du rapport au corps et la santé psychique :
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prendre en charge la problématique psychologique par une rencontre systématique avec
le psychologue dès lřentrée dans le dispositif, puis un suivi ponctuel ou régulier,
collaborer avec le secteur psychiatrique, de médecine générale avec accompagnement
aux consultations si besoin,
sensibiliser autour des comportements addictifs, de la sexualité à risque, des troubles de
lřalimentation,
permettre une éducation alimentaire par la confection et le partage de repas avec la
notion de convivialité et de plaisir,
travailler autour de lřhygiène par la sensibilisation, la mise à disposition de supports
autour dřune hygiène de vie (sport,…).
Soutenir le projet scolaire ou professionnel :
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aider au maintien ou au retour vers la scolarité en faisant tiers entre le jeune et les
institutions scolaires,
aider à lřorientation par lřaccompagnement à la recherche de pistes dřorientation, par un
travail sur la motivation et lřadaptation,
aider à lřinsertion professionnelle par le partenariat avec les services dřinsertion
professionnelle, lřaccompagnement à la recherche dřemploi, de stages, à la préparation
aux entretiens, de CV,…
Lřinsertion sociale, la restauration de lřestime de soi et lřouverture à leur environnement :
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favoriser lřaccès à lřautonomie par lřaccompagnement dans les déplacements et les
démarches administratives, par lřaccueil et le travail sur la gestion de la vie quotidienne
(cuisine, ménage, rythme,…),
aider à lřouverture et la découverte de lřenvironnement social par lřaccès à la culture en
sřappuyant sur leurs compétences (ateliers créatifs, sorties,…),
confronter ses représentations, échanger sur ses goûts lors des temps dřaccueil et de
repas.
La conduite des mesures :
Après un premier diagnostic, sur la pertinence du dispositif pour répondre au besoin du
jeune, le service recherche lřadhésion du jeune et de la famille à entrer dans le
dispositif. Cette adhésion nřest pas une condition nécessaire. Le service préconise au
Juge des Enfants dřordonner une AEMO avec possibilité dřhébergement exceptionnel
ou périodique. Si lřadhésion est réelle, une AED sera alors préconisée auprès des
inspecteurs de lřASE.
Lřentrée dans le dispositif est donc conditionnée par la connaissance de la situation et
lřidentification des compétences mobilisables auprès des membres de la famille.
Lřentrée dřun jeune dans le dispositif devra donc être préalablement discutée entre le
SIOAE 93, le magistrat (ou lřASE dans le cadre administratif) et la famille.
A la suite dřune phase dřobservation, lřéquipe pluridisciplinaire déterminera les axes de
travail à prioriser, les outils à mobiliser et lřélaboration dřun plan dřaction. Ce travail est
réalisé en équipe.
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Les visites à domicile, les entretiens au service, les sorties en extérieur, la participation
aux ateliers collectifs, lřorganisation dřun hébergement périodique, la mobilisation des
partenaires utiles à lřétayage de la situation, lřaccueil en journée au service sont autant
dřoutils éducatifs pour la mise en œuvre de lřaccompagnement.
Un suivi régulier (hebdomadaire) en équipe pluridisciplinaire permet de réajuster le plan
dřaction suivant lřévolution de la situation jusquřà la réflexion sur les préconisations en
fin de mesure. Il est prévu que lřéquipe puisse se réunir durant une ½ journée chaque
semaine.
Une analyse des pratiques sera organisée pour lřensemble des travailleurs sociaux une
fois par mois.
Les outils éducatifs du dispositif :
Les rencontres individuelles :
Chaque travailleur social sera désigné comme référent principal pour 10 jeunes.
Cependant chaque situation sera suivie par un binôme de travailleurs sociaux
permettant une continuité du suivi en cas dřabsence du référent et une répartition des
rôles au regard de la configuration familiale, lřun pouvant se concentrer sur
lřaccompagnement des parents par exemple.
Les lieux de rencontre pourront sřeffectuer :
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au service équipé de salles dřentretien et dřun lieu dřaccueil convivial offrant un espace
de repos, une salle dřactivités, un espace de restauration,…,
à domicile,
à lřextérieur sur les sites de loisirs, les institutions utiles aux démarches de socialisation,
dřaccès aux droits et aux soins.
Un rendez-vous individuel sera organisé en moyenne toutes les semaines avec le
jeune. Le service pourra proposer de rencontrer les jeunes sur les temps du samedi si
cela permet dřaméliorer notre accompagnement.
Les actions collectives :
En complémentarité au travail dual, une action collective sera systématiquement
proposée. Il est essentiel de faire un pas de côté pour proposer un travail plus
transversal, non pas uniquement une intervention directe auprès des parents et enfants
concernés, mais un travail plus groupal, faisant se rencontrer les protagonistes de
différentes familles, dans le cadre dřun groupe régulier.
Lřaction collective permet de sřadresser aux jeunes pour qui la verbalisation ne va pas
de soi, et donc pour qui le travail au travers de rencontres individuelles montre ses
limites. Il peut sřagir de jeunes inhibés (quelle que soit lřorigine psychopathologique de
cette inhibition) ou encore, à lřinverse, de jeunes nřayant pas de difficulté avec la prise
de parole et pour qui, du fait des évènements et du climat familial, la parole a été en
quelque sorte pervertie par les enjeux adultes, coupée de son socle subjectif et
exploitée à des fins utilitaires.
Notre visée est donc avant tout de favoriser lřexpression et la projection de
problématiques et conflits internes à travers des supports tels que lřexpression théâtrale,
la photographie et dans la médiation avec les pairs. Nous cherchons à développer entre
autres, lřexpression et la valorisation des capacités de chacun, tel un socle sur lequel
peuvent sřappuyer les référents pour développer leur action éducative.
En moyenne, diverses actions collectives seront proposées sur un rythme mensuel sous
forme dřateliers avec lřintervention de professionnels du domaine dřactivité choisi.
Pour favoriser la dynamique au sein des groupes ainsi formés, toutes les deux
semaines, sera proposé un repas collectif en soirée, une manière de partager un temps
convivial selon les goûts et désirs de chacun.
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Parallèlement, un travail groupal sera aussi proposé aux parents : un espace
dřexpression où peuvent être abordées les questions quant à lřadolescence et les
implications en termes éducatifs.
Les actions collectives ou ateliers pourront être aussi organisés sur la journée du
samedi si cela permet dřassurer une meilleure participation des membres du groupe.
Lřhébergement :
Chaque fois que cela est possible, la forme dřhébergement la plus appropriée et la plus
ordinaire possible est déterminée pour chaque jeune dès que le besoin est avéré. La
possibilité dřêtre hébergé ponctuellement ou périodiquement doit renforcer
lřaccompagnement en milieu ouvert, cřest-à-dire éviter une rupture et servir lřobjectif de
la mesure. Cet outil est donc à visée éducative et contribue à étayer le projet éducatif du
jeune.
Le service offre une capacité propre dřhébergement en logement ordinaire avec une
capacité de 4 lits dans 2 à 3 chambres permettant la mixité garçon/fille. Il permet ainsi
dřhéberger momentanément un(e) jeune lorsquřune solution dřhébergement ordinaire ne
peut être réalisée. Cet hébergement sera assuré par un travailleur social du service.
Le service restera vigilant de ne pas conditionner lřhébergement à la crise, le plaçant
otage de la relation jeune-parent dans un processus de réaction qui ferait perdre le sens
dřun projet éducatif. Lřhébergement doit donc être un des moyens qui sřintègre dans le
projet éducatif : travailler sur la distanciation physique et psychique et/ou offrir des
moments de répits aux acteurs familiaux.
Le développement de partenariats pour accéder à des structures dřhébergement
complémentaires sera nécessaire pour adapter au mieux la réponse à offrir pour chaque
jeune (lieux de vie, internats scolaire, FJT, appartements partagés disponibles,
assistants familiaux…).
Il est estimé que la capacité de 4 lits au sein du service permet la prise en charge au
total des jeunes dans le dispositif. Dřaprès les expériences de tels dispositifs existants
sur dřautres départements, le recours à lřhébergement est considéré en dernière option
et la grande majorité des nuitées sřorganisent auprès dřautres membres du réseau
familial (parents, amis, voisins).
En particulier lorsquřun accueil périodique est envisagé puis programmé, il est
prioritairement recherché à proximité du domicile de lřenfant pour assurer une continuité
de sa scolarité en semaine ou alors sur une structure type lieu de vie sur les week-ends
ou périodes de vacances scolaires. Là aussi, le partenariat avec les structures adaptées
facilitera lřorganisation de ces temps permettant la distanciation entre le jeune et ses
parents, une nécessité pour maintenir le lien familial ou encore pour préparer
sereinement un placement plus long.
Lřaccueil de jour :
Base de la permanence du milieu-ouvert, lřespace dřaccueil sert à lřaccompagnement
éducatif dont la réussite nřest possible que si une continuité est assurée. Il est prévu
que lřespace accueil reste ouvert du lundi au vendredi de 9H00 à 19H00.
Lřéducateur de permanence est au service de lřensemble des jeunes suivis dans le
dispositif et non pas seulement de ceux dont il est le référent principal.
Cet espace permet dřoffrir les moyens de se détendre, dřavoir un temps de répit,
dřaccéder à lřoutil informatique, de prendre un repas. Il a aussi une fonction de
socialisation offrant un lieu de support à la relation et invitant le jeune à sortir de chez
lui. Il permet lřobservation du jeune et aide à la relation de confiance.
Des activités spécifiques ou la participation à des ateliers collectifs sont prévues selon le
projet éducatif établi pour le jeune. La mutualisation avec le service dřAEMO qui
propose déjà des actions collectives enrichit le panel des activités possibles. Cřest aussi
lřopportunité dřorganiser des rencontres avec des services extérieurs pour la
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sensibilisation par exemple sur des problématiques identifiées (planning familial,
addiction,…).
La possibilité de partager un repas midi ou soir, avec lřéducateur et dřautres jeunes
permet de libérer la parole dans un temps convivial. Un mode de relation qui contribue à
tisser le lien avec le jeune.
Les partenariats :
Le projet repose sur un réseau de partenaires : structures culturelles, de soins, soutien
scolaire, tissus associatif local, structures dřhébergement.
En particulier, le service bénéficie actuellement dřune relation privilégiée avec
Rencontre 93, établissement de lřAVVEJ, qui offre un service dřatelier scolaire, un
hébergement en MECS et un club parent. De même, les relations de travail avec les
structures telles que la Caravane, Le Gîtes des Cimes, Le moulin du Roi pourront être
renforcées pour mieux répondre aux besoins des jeunes en terme dřhébergements
périodiques.
Actuellement, le service développe des liens avec les réseaux de pédopsychiatrie du
département.
Le développement des partenariats sera ainsi une activité majeure dans ce dispositif qui
servira alors dřespace de coordination entre les différents intervenants autour du jeune
et de sa famille.
Il est en effet essentiel que des liens institutionnels soient développés pour étayer les
situations des jeunes et leur famille afin quřils bénéficient des dispositifs de droit
commun et de proximité.
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