La Voie Beechwood #38
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La Voie Beechwood #38
LA VOIE BEECHWOOD BEECHWOOD, LE CIMETIÈRE NATIONAL DU CANADA Grete Hale : Plus de 20 années dans mon rétroviseur Grete Hale Présidente émérite La Fondation du cimetière Beechwood J e me sens vraiment choyée d’avoir fait partie de l’équipe du cimetière Beechwood pendant 20 et quelques années, qui ont vu ce cimetière local devenir le Cimetière national du Canada. Ce fut une saga tellement mémorable et réconfortante. Le chemin n’a pas été facile. Il y a eu de nombreux moments laborieux mais, grâce à notre personnel et à notre Conseil bénévole, à nos avocats, à nos bâtisseurs et à nos bénévoles, nous avons pu les surmonter un à un. Je ne peux pas commencer à énumérer, vous savez qui vous êtes, qui nous a aidés à franchir les obstacles pour réaliser notre rêve de devenir le cimetière national de notre pays. Je vous remercie tous et chacun. Je retourne en 1873 vers ce groupe d’hommes locaux qui ont eu l’inspiration et la vision de créer le cimetière Beechwood. Nous leur devons une gratitude éternelle pour leurs actes. J’ai des centaines de souvenirs de mes jours à Beechwood. J’en ai sélectionnés seulement une douzaine pour les partager avec vous. Le premier est l’appel téléphonique inattendu, un samedi après-midi, du Dr J. David Roger me demandant de l’aider à résoudre un problème de terrain au cimetière Beechwood. Il siégeait au Conseil à l’époque. Il avait demandé en premier à ma sœur, Jean Pigott, qui était à la tête de la Commission de la capitale nationale mais, étant donné que le problème concernait le terrain, elle avait répondu à David qu’elle ne pouvait pas intervenir et lui avait suggéré de me demander de m’impliquer. De là est venu le coup de téléphone qui a changé ma vie. Le souvenir suivant est celui des cinq administrateurs bénévoles et du directeur général du Cimetière Beechwood de l’époque, assis autour de la table dans la salle du Conseil pendant des heures et des jours innombrables, mois après mois, année après La Voie Beechwood Photo : Carolyn Burd Mme Hale se préparant pour sa randonnée annuelle à moto dans Beechwood après la cérémonie de la Randonnée commémorative nationale (RCN) le 7 juin 2015. ‘Radar’, membre de la RCN, l’emmène sur sa moto à trois roues depuis les débuts de la cérémonie en 2009. année, en s’efforçant de trouver des moyens et des façons de résoudre la multitude de problèmes auxquels nous étions confrontés. Je me souviens du général Hillier, alors chef de la Défense nationale, nous remettant un chèque très substantiel pour la construction de notre Centre commémoratif national Beechwood. Il déclara : « Les militaires canadiens sont reconnaissants car nous avons dorénavant un endroit où nous pouvons enterrer nos morts, mais nous n’avons pas de lieu de rencontre où nos familles peuvent se retrouver après l’inhumation pour s’étreindre, prendre une tasse de café ou une bière, alors voici un chèque pour commencer à bâtir ce vaste lieu de rencontre, pas seulement pour les militaires mais aussi pour tous les Canadiens ». Et c’est ainsi que le projet se réalisa. Après les évènements tragiques du 11 septembre 2001, le personnel de Beechwood décida de prendre l’initiative d’honorer les 26 Canadiens tués ce jour-là et trouva la façon et les moyens de le faire à Beechwood. Aujourd’hui, près de la section des anciens combattants du Cimetière militaire national, la grande plaque commémorative apposée sur une grosse pierre se dresse pour Publié par la Fondation du Cimetière Beechwood rendre un hommage silencieux et concret à ces femmes et à ces hommes. J’aime beaucoup notre Service commémoratif annuel de Noël fréquenté en plein air par des centaines de personnes le premier dimanche de décembre. C’est une rencontre bilingue et multiculturelle durant laquelle chacun reçoit une bougie pour se souvenir des êtres chers qui sont décédés. C’est un moment magnifique pour entonner des chants ensemble en français et en anglais. Je chéris les évènements au marais Macoun, cette magnifique terre humide d’origine que Beechwood a réservée pour enseigner aux jeunes élèves les merveilles et les bienfaits du contenu de cette minuscule parcelle de terre sur notre propriété. J’emmène toujours des invités pour qu’ils s’émerveillent devant cet intéressant projet silencieux. J’attends toujours avec impatience notre rencontre de septembre avec la communauté chinoise qui honore ses morts à la magnifique pagode construite grâce à des dons. Ils font rôtir un porc qui est honoré avec des libations et des fleurs et ensuite (Voir « Grete Hale » à la page 2) Volume 10, Numéro 38 Grete Hale (suite) tout le monde est invité à manger. Feu le Dr Roger était toujours invité à parler lors de la cérémonie, généralement sous un soleil splendide. Une occasion heureuse pour moi a toujours été la présence des divers clubs de motocyclistes qui viennent parcourir le cimetière un dimanche après-midi de juin sur leurs motos pour honorer nos anciens combattants canadiens lors d’un service multiculturel simple et bilingue. C’est toujours un honneur d’être invitée à parcourir le cimetière avec eux sur une moto à trois roues. Je me souviens du premier service funéraire organisé dans notre Espace sacré pour un soldat canadien tué en Afghanistan – c’était pour le capitaine Jonathan Sutherland Snyder âgé de 25 ans. Il fut tué lors d’une patrouille de nuit en tombant dans un puits. Je ne connaissais pas le jeune homme mais je tenais à être là pour lui. Je suis restée debout au fond du hall. Son père est venu me voir et a posé son bras sur le mien avec des larmes qui roulaient sur ses joues en me disant : « Je suis tellement reconnaissant envers Beechwood pour la tenue des funérailles de mon fils dans cet endroit magnifique. Cela a contribué à guérir mon cœur brisé ». Un moment que je chérirai toujours a été la cérémonie de bénédiction de notre Espace sacré. Nous avions invité un représentant de chacune des 29 religions pratiquées à Ottawa à être présents dans leurs habits de cérémonie. Comme nous sommes sur un terrain algonquin, nous avions invité un représentant de la réserve de Kitigan Zibi près de Maniwaki, au Québec, pour exécuter une cérémonie de purification autour du gros rocher au centre de la pièce, pendant que nous marchions tout autour. Je me suis dit à ce moment-là : « C’est fantastique, nous représentons là toutes les religions du monde, dans leurs tenues variées, mais nous adorons le même Dieu ». Quel moment de délectation et de gratitude. La communauté franco-ontarienne d’Ottawa a recueilli 163 000 $ pour faire ériger une statue en l’honneur de Mère Élisabeth Bruyère qui a fondé le premier hôpital d’Ottawa, la première école bilingue au début des années 1800 et les Sœurs de la Charité d’Ottawa. Ce fut un moment mémorable lorsque ce magnifique monument fut dévoilé à Beechwood, en présence de nombreuses sœurs. Elles n’ont jamais cessé Volume 10, Numéro 38 Photo: Lipman Still Pictures Mme Hale et son successeur à Beechwood, le général Baril, à la cérémonie de bénédiction du MNCB le 28 novembre 2007. Photo : Le ministère de la Défense nationale Mme Hale et feu le Dr J. David Roger déposant une couronne au nom de Beechwood au MNC le Jour du Souvenir. de sourire durant l’évènement, conscientes de l’importance que leur fondatrice soit ainsi reconnue et honorée. Les évènements des décennies qui se sont déroulées au cimetière Beechwood me submergent. Il y en a tant à se rappeler. Je terminerai ce récit avec une histoire très réconfortante. Un petit groupe du Club des femmes universitaires visitait Beechwood et remarqua une vieille pierre tombale intitulée ‘Le Foyer des femmes sans ami-e-s’. Les conditions météorologiques avaient rendu les lettres quasiment illisibles au fil des ans. Elles firent immédiatement une collecte parmi le groupe, bon nombre d’entre elles étaient des femmes d’ambassadeur, et nous remirent suffisamment d’argent pour faire refaire les lettres du monument, ainsi que des monuments homologues (marquant les 2 concessions pour l’Orphelinat protestant et le Foyer protestant pour personnes âgées), et pour les rendre plus lisibles. Une autre amie me déclara par la suite : « Grete, qui sont ces femmes sans ami-e-s, y a-t-il un moyen de connaître leurs noms? » Notre personnel parvint à consulter les vieux dossiers et enregistra les noms de toutes ces personnes inhumées dans ces trois concessions et une amie me donna de l’argent pour faire réaliser une magnifique plaque portant 87 noms. Les femmes ne sont dorénavant plus sans logis. Il y a des dizaines d’autres anecdotes à raconter sur l’histoire de Beechwood, le patrimoine et les gens qui ont contribué à faire de Beechwood ce qu’il est aujourd’hui, mais je les raconterai plus tard. Je chéris le passé et j’attends l’avenir. Été 2015 Entre Amis Ian Guthrie Amis de Beechwood D ans la vie, nous avons la chance de rencontrer quelques personnes vraiment remarquables et c’est le cas du Dr J. David Roger, décédé le 14 juin. On pourrait rédiger une élégante biographie de sa longue vie (près de 99 années) bien remplie. Dans cet espace, je vais lui rendre un bref hommage : médecin militaire durant la Deuxième Guerre mondiale dans l’ARC en Angleterre et en Europe; à son retour au Canada, une carrière comme interniste, radiologue et consultant à Ottawa, des deux côtés de la rivière des Outaouais, et dans l’Arctique; un homme dévoué à son épouse, ses enfants et ses petits-enfants; un jardinier ‘scientifique’; un ami apprécié. Comment at-il pu trouver le temps d’être tout cela?! Pour Beechwood, on se souviendra de lui avec les fondateurs car, en tant que membre du Conseil depuis 1977 et président de 1993 à 2002 (administrateur émérite jusqu’à maintenant), il fut une inspiration pour sauver la propriété contre ceux qui voulaient en amputer une partie pour réaliser un projet de développement immobilier. Sous son leadership, il préserva l’intégrité de la propriété et s’assura que Beechwood devienne l’atout formidable qu’il est pour notre ville et notre pays. L’hommage ‘concret’ et approprié au Dr Roger est le beau jardin, actuellement dans toute sa splendeur estivale, nommé en son nom à l’extérieur du Centre commémoratif national dans le cimetière Beechwood. Un hommage plus complet et plus digne à J. David Roger figurera dans le prochain numéro de LA VOIE BEECHWOOD. Entre-temps, je vous recommande de trouver votre voie vers Beechwood cet été et de vous arrêter devant le jardin du Dr Roger pour vous souvenir d’une personne remarquable, d’un Canadien éminent. Comme l’indique la rubrique d’Ian, nous envisageons de consacrer une grande partie du prochain numéro de LA VOIE BEECHWOOD au souvenir du Dr Roger et de ses remarquables contributions à notre pays, à notre ville et à notre cimetière. Pour celles et ceux d’entre vous qui ont eu la chance de le connaître, nous vous invitons à nous envoyer vos bons souvenirs et nous les inclurons assurément dans son hommage. Été 2015 Photo : Les familles endeuillées d’Ottawa Les Familles endeuillées d’Ottawa ont partagé leur deuil Denise Smeaton Beechwood staff A u cours des quatre dernières années, Les Familles endeuillées d’Ottawa ont organisé un hommage commémoratif annuel spécial avec la libération de papillons et la marche commémorative annuelle dans Beechwood. Cette année, j’ai eu le privilège de participer à la libération des papillons et de passer du temps avec Mme Hale, qui a prononcé le mot de bienvenue. La cérémonie a débuté dans l’Espace sacré. Mme Hale a pris le temps de partager ses pensées sur Beechwood avec les quelque 200 personnes rassemblées ici. Elle a partagé sa vision initiale visant à rendre Beechwood accessible à tous les Canadiens, un endroit à découvrir lors d’une visite dans la capitale du Canada et un hommage à tous ceux qui nous ont précédés. De bien des façons, elle a fait simplement cela et ce fut évident pour nous tous. La harpiste et la flutiste ont empli l’Espace sacré avec une magnifique musique calme. Lorsque chacune des personnes se levait pour recevoir ses papillons, emballés sécuritairement dans de petites boîtes triangulaires, elle avait l’occasion de décliner le nom de son être cher au micro. Une certaine tristesse était palpable et pourtant ce même sentiment, partagé par tant de gens, reflétait la beauté de la célébration, le caractère poignant du souvenir commun et le deuil partagé. Selon une ancienne légende autochtone, « Si quelqu’un désire qu’un vœu se réalise, il doit capturer un papillon et lui chuchoter ce vœu. Comme il n’émet pas de sons, il ne peut pas le raconter à quiconque sauf au 3 Grand Esprit, si bien qu’en faisant le vœu tout en relâchant le papillon, il sera emporté au Paradis et exaucé ». Après avoir reçu leurs papillons et prononcé le nom de leurs êtres chers, tous les membres du groupe sont sortis en silence par les portes arrière de l’Espace sacré et ont marché vers les jardins botaniques de crémation. Toujours en silence, les gens ont pris leur temps pour faire leur vœu et ont relâché lentement les papillons. Pendant que Mme Hale et moi-même étions assises ensemble sur le banc et regardions avec plaisir nos papillons prendre leur envol, d’autres personnes étaient éparpillées partout dans les jardins, chuchotant leurs vœux, libérant leurs papillons tout en se souvenant de leurs êtres chers. Plusieurs personnes prirent le temps de remercier Mme Hale pour ses paroles et pour son travail acharné en vue de faire de Beechwood l’endroit qu’il est aujourd’hui. Elles partagèrent aussi les souvenirs de leurs êtres chers en disant combien cette cérémonie les avait aidées. Beechwood organise tant d’évènements magnifiques et chacun ajoute à la beauté et à la grâce du cimetière, mais celui-ci est définitivement mon préféré. Il permet à des gens d’origines différentes de se réunir en croyant qu’un deuil partagé pèse un peu moins lourd. Transportés sur le dos de ces magnifiques papillons belles dames se trouvent les vœux de tant de gens différents qui survolent dorénavant les terrains de Beechwood. Ce fut un honneur de participer à cette célébration. Merci aux organisateurs des Familles endeuillées d’Ottawa et à Nicole Bedard, coordonnatrice du développement à Beechwood, pour leur engagement envers un si bel évènement au cimetière Beechwood. Volume 10, Numéro 38 Jack Cook : La vie remarquable d’un homme qui a poursuivi ses rêves George Popadynec, avec des recherches complémentaires de Jacques Faille Les Amis de Beechwood J ohn Cook, communément surnommé Jack, est né à Virden, au Manitoba, le 26 octobre 1922, fils de Charles et Mary Cook. Il était le second de trois garçons, Alex, Jack et Lorne. Son enfance a ressemblé à celle des enfants qui ont grandi dans les Prairies pendant la Dépression. À l’école secondaire, son professeur de musique détecta son talent musical inné et sa forte voix de baryton. Il le persuada de jouer le rôle principal dans une production scolaire de « The HMS Pinafore ». Après ce premier essai dans le divertissement musical, les albums de Cook contiennent de nombreux bulletins paroissiaux et coupures de journaux démontrant qu’il fut actif dans le chœur paroissial et participa à de nombreux récitals. Sa passion pour le chant fut donc déclenchée et enracinée dans son cœur pour le reste de sa vie. En 1942, Cook entra à la GRC et devint gendarme aux services généraux. Il eut toute une série d’affectations dans des villes en Saskatchewan et en Alberta au cours des dix années suivantes. En plus des fonctions relatives au maintien de l'ordre, les gendarmes devaient s’impliquer dans la communauté qu’ils desservaient. Cook le fit en continuant à chanter dans des chœurs paroissiaux, ainsi que dans les nombreux festivals de village dans toute la province, qui à l’époque étaient parrainés par le gouvernement. Il remportait régulièrement les premiers prix, les récompenses et les bourses décernés à ces festivals. Dans la mesure du possible, il travaillait à la radio locale et pour la CBC. À l’époque, les salaires des gendarmes de la GRC n’étaient pas très élevés comparativement aux normes actuelles. Cette réalité, couplée aux affectations fréquentes dans des endroits éloignés, poussait indubitablement les jeunes gendarmes à rester célibataires. Cook accepta ces faits, mais il aspirait à améliorer sa voix. Il utilisa ingénieusement les bourses et ses honoraires pour perfectionner sa voix et continuer à étudier la musique avec des professeurs de chant éminents, notamment BerVolume 10, Numéro 38 Photos tirées des albums personnels de Jack Cook, gracieuseté de Lela Ghaffari En haut : Cook respectait tout particulièrement le travail soigné des Premières nations et des Inuits du Canada. Sa vision consistait à créer une institution reflétant la fierté, l’esprit et les talents de ces artistes. En bas : Jack Cook fut nommé premier soliste vocal de l’Orchestre de la GRC en 1958. Par la suite, il fut chargé de créer et de diriger un chœur de seize chanteurs-instrumentistes avec l’orchestre. nard Diamant à Montréal et Edgar Schœfield à New York et San Francisco. Cook pouvait gérer sa formation musicale avancée uniquement en arrangeant des cours d’un mois durant ses congés annuels afin de ne pas interférer avec ses tâches à la GRC. Sa détermination fut payante car il obtint en 1949 la plus haute note pour le chant de niveau 10 accordée par un examinateur du Royal Conservatory of Music (alors le Conservatoire de Toronto). En 1952, Cook fut admis comme membre de l’Ontario Registered Mu4 sic Teachers Association. Il enseigna le chant jusqu’à tout récemment et se qualifiait avec ironie de plus vieux professeur de musique. Pendant qu’il étudiait à Montréal, Cook obtint également son titre de « Performers ARCT » du Royal Conservatory of Music. En 1952, Cook fut affecté à Ottawa. Il épousa Betty McHattie, une journaliste, et ils eurent un fils, David. Après 16 années de travail policier sur le terrain, Cook eut l’occasion de se joindre à l’Orchestre de la GRC lors de sa formation Été 2015 comme unité distincte en 1958. Il jouait à la fois du trombone et de la caisse roulante. Étant donné ses aptitudes impressionnantes pour le chant, le surintendant Lyoll le nomma premier soliste vocal et, peu après, il lui demanda de créer et de diriger un chœur de seize chanteursinstrumentistes. L’ajout du chœur rendit l’Orchestre de la GRC unique parmi les 135 orchestres policiers et militaires actifs dans le monde. Leur rythme et leur cadence militaires caractéristiques lors des cérémonies ont rehaussé la fierté des membres de la GRC en service sur le terrain. En 1958, l’orchestre fit une tournée en ColombieBritannique pour célébrer son centenaire et il joua pour des dignitaires en visite comme les présidents Eisenhower et Charles de Gaulle. L’orchestre fit aussi des tournées dans des communautés partout au Canada et ses concerts se sont révélés très populaires. Cook prit sa retraite de l’orchestre et de la GRC en 1963 avec le grade de sergent. Malheureusement, les mesures d’austérité provoquèrent le démantèlement de l’orchestre et du chœur de la GRC en 1993. Pendant les tournées avec l’Orchestre de la GRC, Cook admirait la qualité des œuvres d’art et d’artisanat réalisées par les nombreux artisans qu’il rencontrait. Il respectait tout spécialement le travail des Premières nations et des Inuits du Canada. Cook remarqua également que très peu de magasins vendaient des produits confectionnés au Canada au début des années 1960. À sa retraite, Cook et son frère Alex se lancèrent ensemble dans le commerce de détail avec Canada's Four Corners. En 1963, leur premier magasin ouvrit dans l’hôtel Château Laurier, suivi par un autre sur la rue Bank et d’autres à Edmonton et à Toronto. Sa vision consistait à créer une institution reflétant la fierté, l’esprit et les talents de ces artistes. Lorsqu’il apprit que Pinecraft, fabricant de meubles de qualité à Almonte, fermait son usine, il acheta l’entreprise. Il réussit à redresser Pinecraft et ses magasins proposaient un éventail des beaux meubles qu’ils produisaient, ce qui préservait les techniques traditionnelles de travail du bois de la vallée de l’Outaouais. En 1968, Cook et ses partenaires consolidèrent leur entreprise et ouvrirent l’actuel magasin Canada's Four Corners au 93 de la rue Sparks, un des plus anciens immeubles d’Ottawa. Cook en deÉté 2015 Photo : The Associated Press Maureen Forrester, la célèbre contralto d’opéra canadienne, avec son ami Jack Cook, ont donné un cours spécial dans le studio situé au-dessus de Canada’s Four Corners. meura le propriétaire pendant les 50 dernières années de sa vie. Au deuxième étage, au-dessus du magasin, il créa Gallery 93. La galerie servait à réunir la communauté des artistes musicaux et à leur fournir un espace pour se rencontrer, chanter et jouer. Pendant 14 ans, des récitals mensuels furent présentés à l’heure du midi par le Vocal Art Trio of Ottawa avec les chanteurs Bernice Oak, Jean Tickner et Cook, tandis qu’Evelyn Greenberg les accompagnait au piano. Cook donna un cours de maître avec Maureen Forrester dans ce studio pour les chanteurs intéressés. On pouvait entendre aussi dans le magasin les récitals de ses étudiants du chant vocal. À un moment, Cook fut membre de Musica Antica E Nuova sous la direction de Celia Bizony. Il enregistrait également des émissions hebdomadaires au réseau français de la Société Radio-Canada (SRC) comme un des trois membres du Vocal Art Trio et fut récipiendaire d’un prix comme meilleur soliste à l’émission de la SRC « Nos futures étoiles ». Il continua à travailler chez lui comme professeur de chant jusqu’à son décès, avec des membres de la GRC parmi ses élèves. À 50 ans, Jack décida d’assouvir une autre passion : voler. Il obtint son brevet de pilote commercial et ses qualifications comme instructeur. Il aimait voler et travailler avec de jeunes hommes qui apprenaient vite et étaient avides de devenir des pilotes de ligne. Durant sa carrière de pilote, Cook fut le chef instructeur de vol aux aéroclubs de Rockcliffe Bonavair et d’Almonte. Il était capable de piloter des 5 avions multimoteurs, ainsi que des avions à skis et des hydravions. En plus de 25 années de vol, il enregistra plus de 6 000 heures d’enseignement du pilotage de niveau basique et avancé. À Rockcliffe, il qualifia le chiffre record de huit stagiaires pour devenir des pilotes instructeurs cotés. Cook fut influencé par un chef instructeur bien connu, Don Henderson, surnommé ‘l’homme de fer’. En tant qu’ancien membre de la GRC, Cook connaissait la discipline. Pour inculquer la discipline, la sécurité et le professionnalisme nécessaires dans ses écoles de formation de pilotes, il faisait porter à ses instructeurs un pantalon bleu, une chemise blanche, une cravate bleue et un blouson bleu. Transmettre ses compétences constituait sa satisfaction, que ce soit le chant ou le pilotage. Bon nombre de ses étudiants se sont souvenus affectueusement de lui et lui ont exprimé leur gratitude pour leur avoir ouvert un tout nouveau monde. John “Jack” Cook fut inhumé dans le Cimetière commémoratif national de la GRC le 10 mai 2015 en présence de son épouse Grace, de ses petits-enfants et arrière-petits-enfants, de la famille Ghaffari* et de membres de la GRC avec à leur tête l’ancien commissaire Giuliano Zacardelli. Dans un hommage approprié, Garth Hanson, qui reprit le chœur à la suite de Cook, chanta un hymne à la fin du service. *Au fil des ans, Jack Cook transféra la gestion et l’exploitation du magasin Canada's Four Corners à la famille Ghaffari, dont il était devenu ami en 1987. Volume 10, Numéro 38 La‘Voie’des souvenirs…Procès-verbaux de la compagnie : Mark Sunderland Amis de Beechwood S ur le calendrier de LVB, nous sommes actuellement à l’automne de 1925. L’ajournement estival est terminé et le Conseil de Beechwood est revenu dans la salle de conférence. Ethel est repartie dans sa minuscule cuisine et la petite Meg est de retour à l’école. Le premier point à l’ordre du jour, après les retrouvailles et la fraternisation, fut de remercier le surintendant pour l’organisation d’une agréable soirée estivale dans une clairière de Beechwood. En raison des conditions physiques, l’évènement avait été strictement social et, à cet égard, tout le monde a mentionné combien il avait apprécié le panier de sandwiches et de gâteau – « à répéter en 1926 »! Dans le monde du surintendant, les choses de la cuisine étaient un mystère qu’il n’avait jamais exploré. Les sandwiches et le gâteau apparaissaient toujours sur demande et, peut-être pour la première fois, il pensa que, sans Ethel et la petite Meg, personne n’aurait eu à manger. Préoccupé par son échec total en vue de reconnaître leurs efforts et par la perspective d’organiser seul le repas de la soirée de 1926, il décida de rentrer vite à la maison et de leur transmettre les remerciements de tous et chacun et sa profonde appréciation et gratitude personnelle pour leur contribution au grand succès de la soirée de 1925. Le Conseil remercia aussi le jeune M. Dewar pour avoir conduit les gens en toute sécurité dans la nouvelle camionnette de la compagnie (même à l’arrière) et le jeune M. Dewar remercia le Conseil pour l’achat de la camionnette et pour le plaisir d’avoir soulevé le capot pour leur montrer le moteur. Mais, parmi les présents, il y avait ceux qui continuaient à pleurer la mémoire de Dobin, le vieux cheval fidèle de race Clydesdale qui tirait le chariot durant les étés précédents. La beauté du cheval et du chariot n’était plus là. Ils pensaient plutôt : « Nous avons des moteurs et du métal qui roulent sur nos terrains sacrés. Quelle horreur! C’est un signe précurseur de la fin du monde ». Pas tellement, pensait le jeune M. Dewar et, saisissant le moment propice pour rouvrir son dossier afin d’obtenir un concasseur mécanique, il fut promptement détourné du sujet par une communication du juge McKinley. Nous admettons que nous avons chamboulé la chronologie des procès-verbaux de la compagnie. Nous avons rapporté antérieurement que le Conseil avait accédé à la demande d’aide du juge pour le coût de l’enterrement d’un jeune homme, mais ce n’est que maintenant, 90 ans plus tard, que nous avons trouvé et lu la requête du juge à laquelle le Conseil avait accédé. Elle se lit comme suit : Messieurs, Durant la semaine écoulée, le Ottawa Boys’ Camp a eu le malheur de perdre un de ses garçons – Arnold Ferguson – décédé d’une maladie plutôt rare. Lors de l’enquête à son domicile, le personnel judiciaire constata une situation horrible en autant que la misère noire existe, car ses conditions de vie étaient à peine imaginables. Le garçon fut enterré dans votre cimetière et des frais de 10 $ demeurent en suspens pour l’ouverture de la tombe. Étant donné que je m’efforce personnellement de recueillir des fonds pour assumer les frais d’inhumation, je me demande si votre Conseil pourrait renoncer à cette dette dans ce cas et je peux vous assurer que, si vous le faites, ce geste sera grandement apprécié par toutes les personnes concernées. Selon les procès-verbaux de la compagnie, la communication précédente concernant le juge, les dix dollars pour la tombe (environ 130 $ de nos jours) et les frais d’inhumation du garçon, atteignit son objectif même si, à la lecture d’aujourd’hui, nous estimons que tout cela a plutôt l’air d’un conte de Dickens. Espérons qu’Arnold était entouré de ses petits amis lorsqu’il est mort – et loin de la misère noire de son domicile. Enfin, nous devons achever une histoire que nous avons commencée durant la soirée estivale. Nous avions remarqué que l’attirance d’Ethel pour Joshua, le jeune garde de sécurité musclé, était tout sauf passive et, à la fin de la soirée, les allées et venues des deux étaient inconnues. Nous pouvons seulement imaginer que, peu importe leurs agissements, tout cela était vraisemblablement étranger à la rubrique de la compagnie et, par déférence pour les lecteurs de cette revue, nous, au bureau de LVB, ne nous lancerons pas dans une spéculation lubrique. Nous tournerons plutôt nos pensées de nouveau vers la glorieuse contribution du Conseil de Beechwood et non pas vers la glorieuse expérience de la femme du surintendant. Merci. Conseil d’Administration de la Fondation du Cimetière Beechwood Général (retraité) Maurice Baril, Président; Carol Beal; GRM commr. Adj. (retraitée) Ghyslaine Clément; Stephen Gallagher; Cathy Gray; Ian Guthrie; Grete Hale; GRC s-commr. (retraité) Tim Killam; Brigadier-général (retraité) Gerald E. Peddle; David Wallace; Richard Wagner; Robert White Volume 10, Numéro 38 6 Évènements à venir Service commémoratif annuel Centre commémoratif national Beechwood Dimanche 20 septembre à 15 h Jour de Souvenir Cimetière militaire national Mercredi 11 novembre à 10 h 30 Des couronnes au Canada Cimetière militaire national Dimanche 6 décembre à 13 h 30 Service de Noël à la chandelle Centre commémoratif national Beechwood Dimanche 13 décembre à 18 h Publication trimestrielle de la Directeur exécutif : Roger Boult Rédacteur en chef: Jacques Faille Mise en pages : Nicole Bedard Traduction française : Jean-Luc Malherbe Collaborateurs à la rédaction : Grete Hale, Denise Smeaton, Ian Guthrie, George Popadynec, Jacques Faille et Mark Sunderland ISSN 2368-545X, 2368-5476 Le bulletin LA VOIE BEECHWOOD est une publication gratuite indépendante et, à moins d’indication contraire, ses articles n’appuient aucun produit ou service. La Fondation du cimetière Beechwood est un organisme de bienfaisance canadien enregistré qui émet un reçu pour fins d’impôt pour tout don d’au moins 20 $. Numéro d’enregistrement 88811 2018 RR0001. Nos coordonnées : Courriel : [email protected] Téléphone : (613) 741-9530 Courrier : LA VOIE BEECHWOOD 280, av Beechwood, CP 7025 Ottawa (ON) K1L 8E2 Veuillez nous avertir si vous aimeriez recevoir LA VOIE BEECHWOOD par courriel en format électronique. Visitez-nous en ligne pour vous informer davantage sur Beechwood, le Cimetière national du Canada, et pour lire les précédents numéros de LA VOIE BEECHWOOD à l’adresse www.beechwoodottawa.ca Nous voulons connaître vos rétroactions sur nos réalisations! Communiquez avec Jacques Faille à l’adresse [email protected] Poste-Publications numéro 42640528 Veuillez retourner à la Fondation du cimetière Beechwood le courrier non livrable à des adresses canadiennes CP 7025 Ottawa ON K1L 8E2. Nous invitons nos lecteurs à nous faire parvenir vos lettres à [email protected] ou à LA VOIE BEECHWOOD à l’adresse suivante : Case postale 7025, 280, avenue Beechwood, Ottawa (ON) K1L 8E2. Veuillez indiquer vos nom, adresse et numéro de téléphone. Les lettres devraient avoir moins de 300 mots et pourraient être éditées pour des raisons d’espace, de style et de clarté. Été 2015