Salim Abderemane n`est plus - Comores

Transcription

Salim Abderemane n`est plus - Comores
.
N°18/30 decembre 2007 / N°ISSN : en cours
La France est devenue partie prenante. Elle est devenue partie prenante parce qu’elle parle d’organiser
des consultations sur une partie de
notre territoire national au mépris de
notre souveraineté (...)
Elle est partie prenante parce
qu’elle sait que nous sommes économiquement faibles et qu’elle
conditionne la coopération au
démantèlement de notre peuple et
de notre patrie bien-aimée
(...) elle subordonne l’aide qu’elle
peut nous apporter, et à laquelle elle
nous a du reste habitué, au dépéçage
de notre pays. Alors que, elle sait
pertinemment, que l’intégrité du sol
de nos ancêtres n’est pas, ne peut pas
et ne doit pas être négociable.
Ali Soilihi
Discours du 14 novembre 1975
Vie de
l’Association/Actualité
Hommages à Salim
Communiqué du CCMM sur
le décès de S. Abderemane
Intervention
d’Abdourahamane Ahmed
page 2
Réactions reçues par le
CCMM suite à la mort de
Salim
Page 3
Tribune Libre
Dernière rencontre avec
Salim Abderemane
Page 8
EDITORIAL
Salim Abderemane n’est plus
En ce mois de décembre 2007, les milieux de la société
civile
comorienne
en
France ont été
attristés par la
soudaine disparition de Salim
Abderemane.
Nous avons
donc décidé de
consacrer
ce
numéro 18 de
MasiwaMane à
ce décès.
Salim a été,
en France, de
tous les combats pour l’unité et l’intégrité des Comores. C’est pourquoi
de nombreux militants et compagnons de lutte se sont
mobilisés pour une prière à la mosquée de La Courneuve,
la levée du corps et un dernier hommage le 25 décembre
dernier à Nanterre.
Nous ne cesserons pas de le répéter : le meilleur moyen
de lui rendre hommage est sans aucun doute de faire en
sorte que le travail pour l’unité et l’intégrité des Comores
soit le plus efficace et qu’il soit placé au-dessus des fanfaronnades et des petites querelles mesquines.
Au nom du Collectif que j’ai eu l’honneur de présider
pendant l’année 2007, je présente encore une fois mes
condoléances à sa femme, à ses enfants, ainsi qu’à toute
la famille comorienne qui vient de perdre un homme valeureux.
Mahmoud Ibrahime
Association Comores-MasiwaMane, 2 rue de Bezons 92000 Nanterre - Email : [email protected]
Directeur de publication : Mahmoud Ibrahime - Rédacteur en chef : Abdou Himaya - Secrétaire de Rédaction : Mohamed Nabhane - Rédaction
: Ahmed Abdou-Rahamane, Badjrafele, Abdou Himaya, Mahmoud Ibrahime, Mamaye Idriss
V i e d e l ’ a s s o c i a t i o n / Actualité
Salim Abderemane est décédé le 13 décembre 2007. Une
prière a été organisée le 16 décembre. Le Secrétaire
Général du CCMM, qui connaissait le défunt depuis son
enfance y a assisté. La prière en présence du corps a été
faite le 19 décembre à l’hôpital la Roseraie (Aubervilliers).
De nombreux Comoriens étaient présents. Le CCMM a été
représenté par le président et le Secrétaire Général.
Le corps de Salim est arrivé à Moroni le 22 décembre,
réceptionné par sa belle famille, ramené dans sa ville
natale, Wani, où il a été enterré le jour même.
Les associations de la société civile ont tenu à lui rendre
hommage une dernière fois le 25 décembre à Nanterre.
Plusieurs orateurs sont intervenus pour rappeler les souvenirs qu’ils gardent de Salim Abderemane.
Hassane Jaffar (GRITAC), son beau-frère, a remercié, au
nom de la famille, l’ensemble des Comoriens qui ont
témoigné leur soutien durant cette dure épreuve.
Notre secrétaire Général a rappelé les qualités qui étaient
propres au défunt dans les organisations de la société
civile en France.
Intervention d’Abdourahamane Ahmed, lors de
la journée d’hommage à Nanterre le 25 décembre.
Communiqué
sur le décès de Salim Abderemane
Nous venons d'apprendre avec une grande émotion
le décès, survenu jeudi 13 décembre, de notre
compatriote et frère, Salim Abdérémane. Que peuvent les mots pour dire notre peine ?
Salim était un militant inlassable du combat pour
l'unité et l'intégrité territoriale de notre pays, les
Comores. Il a passé une grande partie de sa vie au
service de cette cause. Que ce soit au sein de
l'Association des étudiants et stagiaires Comoriens
(ASEC), du Front Démocratique (FD), du Groupe de
Réflexion sur l'Intégrité du Territoire de l'Archipel
des Comores (GRITAC), du Collectif Comores
MasiwaMane (CCMM) ou du Collectif des
Associations et Amis des Comores (CAAC), son
objectif était unique : défendre l'unité et l'intégrité
des Comores.
C'est pourquoi, il avait résolument rejoint le camp
des antiséparatistes dès 1997 pour dénoncer ceux
qui avaient pris en otage son île natale et semé la
zizanie dans la famille comorienne.
Sa mémoire et les moments passés avec lui continueront à animer notre combat. C'est le meilleur
moyen de lui rendre hommage.
Les membres du Collectif Comores-MasiwaMane se
joignent aux nombreux militants de la cause nationale pour exprimer à sa femme et à ses enfants
leurs condoléances.
Bureau du Collectif Comores-MasiwaMane
Paris le 14 décembre 2007
J’ai connu Salim Abderemane à mon arrivée en France en 1984
comme un des principaux responsables de l’A.S.E.C
(Association des Stagiaires et Étudiants de France). Il a occupé la
fonction de Président de cette association pendant deux mandats
au moins. Sa femme Bourouka et lui ont investi beaucoup de leur
temps, malgré leur vie de famille, à aider beaucoup de camarades
dans divers domaines (dossiers d’hébergement, d’attribution de
chambre universitaire, en matière financière...). Il a poursuivi ces
aides dans le cadre du Front Démocratique. Il n’hésitait pas à
mettre la main à la poche pour des frais divers.
L’autre fait marquant de Salim c’est qu’il n’hésitait pas à affirmer ses positions quelle que soit la personne en face. Il n’hésitait
à contredire qui que ce soit à partir du moment où c’était nécessaire. Mais cela se passait dans le respect des autres. S’il le fallait, il poursuivait la discussion après la réunion pour essayer de
convaincre son interlocuteur. Il l’accompagnait jusqu’au métro
ou lui proposait d’aller prendre un café après une réunion.
Il a occupé la fonction de trésorier du CCMM. Après le changement de bureau, il continuait à participer aux réunions du
Collectif. Il ne connaissait pas bien Himaya qui occupait la fonction de président, mais quand il l’a découvert en pleine réunion,
il a débattu avec lui et lui a promis de revenir et de participer aux
activités. C’est cette qualité de travail, de débat sans rancune ni
arrière pensée qui m’a marqué. Aujourd’hui que le combat est
difficile nous devons prendre exemple sur lui.
Salim dénonçait fermement toute activité ou position séparatiste. Il me disait qu’il n’allait pas perdre son temps sur des
activités d’ordre local, que ce soit des originaires de sa ville ou
de son île natale. Sa volonté était d’aider les Comores pour leur
unité et le respect de leur intégrité territoriale.
Enfin, Salim n'aimait pas se plaindre de ses problèmes de santé.
Il minimisait ses arrêts maladie ou ses hospitalisations. La dernière fois que je l’ai eu au téléphone, début novembre 2007,
c’était pour lui demander des banderoles pour la célébration du
“12 novembre”. Il m'a dit : “ Je souhaite venir, mais comme je
suis en convalescence, je ne sais pas si je vais pouvoir”. Je
regrette de ne m'être pas déplacé pour aller le voir chez lui.
MasiwaMane n°18/30 decembre 2007
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Actualité
Réactions
Voici quelques-unes des réactions que certains militants de la société civile ou de la vie
politique comorienne ont envoyé sur la boite
email du CCMM suite au décès de Salim
Abderemane.
Je présente, en mon nom personnel et au nom de
mon Gouvernement nos sincères condoléances à la
famille et aux amis de Salim Abdérémane ainsi qu'à
tous les militants de la cause de l'unité nationale et de
l'intégrité du territoire des Comores.
Qu'Allah ait soin de son âme.
Mohamed ABDOULOIHABI
Président de l'Île Autyonome de Ngazidja
Salut
Que le bon Dieu lui reserve le paradis dans son
demeure eternel > Amen
Assoumani Youssouf Mondoha
Député de l’Assemblée de l’Union
J'ai appris avec beaucoup de tristesse le décès de
notre frère et camarade Salim Abdérémane.
Je connaissais bien Salim. Nous avons milité ensemble pendant plusieurs années au sein de l'ASEC.
J'étais l'avant dernier Président de l'ASEC. Je lui
avais transmis le flambeau. Et l'histoire retiendra que
Salim a été le dernier Président de ce mouvement
étudiant qui s'était impliqué fortement dans la défense
des revendications des étudiants comoriens en
France mais aussi des intérêts majeurs du peuple et
de la nation comoriennes.
J'ai toujours apprécié son dynamisme, sa disponibilité
et son dévouement à défendre l'unité et l'intégrité territoriale de notre pays.
Sa disparition constitue une perte douloureuse pour
le mouvement patriotique comorien.
J'adresse mes condoléances les plus émues et les
plus attristées à sa femme, à ses enfants ainsi qu'à
tous ses proches.
La meilleure façon de lui rendre hommage consiste à
continuer le combat pour défendre l'unité de notre
pays qui est gravement menacée ( accélération du
projet de départementalisation de Mayotte avec le
dépôt d'une proposition de loi au sénat et persistance
de la crise séparatiste à Anjouan qui paralyse le fonctionnement de l'Etat comorien).
Que notre frère et camarade repose en paix dans sa
dernière demeure !
Abdallah Ahmed
Militant de la cause nationale
Je viens de lire avec tristesse l’annonce du décès de
Salim, c’est très dur de perdre un ami et aussi un militant, c’était un homme réaliste et très courageux.
Que la terre lui soit légère.
Je présente mes condoléances à toute sa famille et à
tous les amis de lutte.
Ahamada Andjouza
Ancienne Trésorière du CCMM
Toutes nos sincères condoléances et notre sympathie.
Dieu lui reservera son paradis, inch'Allah!
Amitiés
Amina & Assane Mohamed Ahmed
Opérateurs économiques
Mes condoléances les plus attristées aux militants et
à sa famille
Ainouddine Sidi
Directeur du CNDRS
JE PRESENTE MES CONDOLEANCES A TOUTE
LA FAMILLE , LES AMIS ET LES PROCHES DU
DEFUNT SALIM ABDEREMANE QUE DIEU LUI
ACCORDE SA BENEDICTION SON PARDON ET LE
COMPTE PARMI CEUX QUI GAGNERONT SON
PARADIS.
LE MOMENT OU NOTRE PAYS VIVE DANS UNE
SITUATION CATASTROPHIQUE QUI MENACE
L'UNITÉ NATIONALE NOUS VENONS DE PERDRE
UN DES ELEMENTS DE RESISTANCE CONTRE LA
VIOLENCE (...) ET LE SEPARATISME, PAR ICI JE
VOUDRAIS DIRE QUE SALIM ABDEREMANE RESTERA VIVANT DANS NOS PENSEES DANS NOS
MEMOIRES ET AU FOND DE NOTRE AME.
KASSIM ABDEREMANE
CITOYEN COMORIEN (ORIGINE ANJOUAN)
RESIDANT AU CAIRE-EGYPTE
Je vous présente mes sentiments de tristesse.
Je dois vous demander de tout faire pour que Salim
soit enterré aux comores
vous devez vous mobiliser pour créer un précedent:
Vous devez intervenir auprès des instittions comoriennes
pour qu'une rue ou une place des Comores porte le
nom de salim. De cette façon nous ontron que nous
sommes les enfants d'un pays
et d'une patrie reconnaisssant. de cette façon nous
apprenons à nos petits frères et soeurs les vraies
causes surtout en ces temps de séparatisme
et de haine.
Cordialement
Abou
Ottawa, Canada
MasiwaMane n°18/30 decembre 2007
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Tribune Libre
Dernière rencontre
avec
Salim Abderemane
par Halidi Allaoui*
Je n'interviens pas en tant qu'ami d'enfance
de Salim, et non plus en tant que natif de la ville
de Wani dont le défunt était originaire. Je n'interviens pas non plus en tant que membre d'une
des associations dans lesquelles Salim a milité.
Même si cela peut paraître paradoxale, je ne
connaissais pas Salim jusqu'à l'été dernier. Le
comble est que je ne me suis entretenu avec lui
qu'une seule fois.
Néanmoins, cette rencontre d'un jour m'a permis de le connaître en profondeur. C'est du
moins ce que je pense. C'est la raison pour
laquelle, à l'occasion de cette journée d'hommage qui lui est consacrée, j'ai jugé utile de
baser mon intervention sur cette discussion ô
combien passionnante que j'ai eue avec lui.
Il me paraît nécessaire de vous présenter un
bref compte rendu de cette discussion ainsi que
mon point de vue sur son déroulement et la personnalité de Salim Abderemane, avant de vous
faire part du message que je pense en avoir tiré
suite à son décès qui nous a tous bouleversé.
Un jour alors que je me trouvais seul chez
moi, c'était l'été dernier, il faisait très chaud et
j'avais décidé de faire une petite sieste. Dans les
environs de 14h20, mon téléphone sonne. Au
bout du fil, un homme dont la voix m'est inconnue. Je l'écoute avec réticence et j'attends surtout qu'il me fasse part de l'objet de son appel.
Ses paroles étaient entrecoupées d'éclats de
rires. Il se présente : Salim Abderemane, natif de
Wani. Il souhaite me rencontrer si je ne vois pas
d'inconvénient. Il me rassure tout de suite en
disant que c'est un de mes amis qu'il a rencontré
récemment à Paris qui lui a donné mes coordonnées téléphoniques. En réalité, j'avais déjà
entendu parler de l'homme, car au début des
années 1970, il faisait partie des meilleurs footballeurs de la ville de Wani, voire même de
Comores, un défenseur célèbre à son époque !
Mais c'était la première fois qu'on se parlait. Avec
insistance Salim me propose de passer me voir
le jour même et me demande mon adresse,
chose que j'ai acceptée.
Vers 15 heures, Salim était là. Après les présentations et les échanges banals, il me présente l'objet principal de sa visite. Il souhaite en
effet parler avec moi d'un sujet qui lui tient à
cœur : le combat pour l'unité et l'intégrité des
Comores.
C'est ainsi que pendant au moins trois heures
de temps, nous avons parlé du problème de
Mayotte qui apparemment était un sujet qui l'intéressait depuis plusieurs années et de la crise
actuelle qui ronge notre pays.
J'ai compris à travers cette discussion, que
Salim était un homme qui croyait avec force à
son combat et que c'était surtout un homme de
conviction. J'avais constaté tout au long de cet
entretien qu'à chaque fois que j'exprimais un certain pessimisme quant à l'aboutissement de ce
combat, il s'énervait mais gardait toujours le sourire.
Quand un ami m'a appelé pour m'apprendre
le décès de Salim, plusieurs questions me sont
revenues à l'esprit. Pourquoi Salim a voulu me
rencontrer alors que nous n'étions ni de la même
génération ni de la même promotion ? Pourquoi
insistait-il pour qu'on se voie le jour même ?
Aujourd'hui avec son décès et après avoir
découvert qu'à cette période il était déjà malade,
je me suis dit qu'il s'agit purement et simplement
d'une réelle volonté de sa part de vouloir transmettre le combat sur l'unité des Comores à la
nouvelle génération.
En ce qui me concerne, je pense que le plus
grand hommage qu'on puisse rendre à Salim est
de poursuivre le combat et surtout de passer à
des actes concrets, puisque tout au long de
notre entretien, Salim martelait cette idée et se
définissait comme un homme de terrain.
Le combat pour l'unité des Comores, même le
dernier comorien qui restera en vie a le devoir de
le poursuivre.
*Webmaster de halidiallaoui.over-blog.com
MasiwaMane n°18/30 decembre 2007
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