Les mutuelles
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Les mutuelles
fiche 9.les mutuelles Un système historique... Commes nous l’avons vu dans l’historique de la protection sociale, les mutuelles viennent des sociétés de secours mutuel (création de la fnmf en 1902) et était souvent en opposition avec le mouvement syndical. En 1930, une loi abandonne pratiquement l’ensemble de la gestion des assurances sociales aux mutuelles. La mutualité se renforcera, se bureaucratisera et cèdera aux sirènes de Vichy. A la création de la sécu, malgré une campagne contre l’avant-projet du 31/8/45 («mutalistes, assurés sociaux défendez vos droits») la FNMF, appuyée par la CFTC n’a pu enrayer le processus. Premier vote aux élections sécu: CGT: 53;9%, CFTC: 26.4%, familiaux et mutualité: 10.2%. Au congrès de 48 la mutualité se posa même la question , thème du congrès: «la mutualité a-t-elle encore un avenir ?» Mais peu à peu, notamment par délégation de gestion dela sécu pour les fonctionnaires la mutualité a repris du poids. La fédération nationale des mutuelles de fonctionnaires et agents de l’état (FNAMFAE devenue MFP en 88) a participé activement àa pesé dans cette évolution. L’avènement de la V° république accentue les dissensions dans la mutualité entre FMF (proche dela CGT(FNMO en 60, FMTen 68)) et FNMF( regroupant mutualités de fonctionnaires, mutualités d’entreprises et caisses chirurgicales mutualistes), alors que les atteintes à la sécu leur donnent un rôle plus important. La FMF et FNMF ont entériné dés 2002 le long processus de l’unification, amorcé dans les années 70. Des questions se posent toujours sur leur fonctionnement démocratique...ainsi, par exemple, les plus grosses mutuelles sont de fait «tenues» par des syndicats minoritaires dans leurs secteurs: le système de vote donnant plus qu’une prime aux sortants. aujourd’hui... Hormis certaines longues maladies type cardiopathie grave ou cancer prises en charge dans leur totalité par la Sécu, la santé n’a jamais était gratuite. Au travers l’instauration d’un ticket modérateur ou tiers payant, du forfait hospitalier une part de la dépenses en cas de maladie est à la charge de l’individu malade. Les sociétés mutualistes sur le même principe de solidarité (mutualisation des cotisations, des risques) que l’assurance maladie ont pallié ce non remboursement. Les sociétés mutualistes s’associent en complémentarité au risque. La progression importante de la pauvreté, de la précarité a abouti à l’impossibilité pour un grand nombre de personnes à s’intégrer dans un tel système. La Couverture Maladie Universelle voyait le jour, système qui au travers d’un reversement étatique (assistanat) permettait d’accéder à cette couverture complémentaire mais introduisait de façon insidieuse la notion d’assurance privée. Peut être là le premier pas vers une réforme de l’assurance maladie et par ricochet du rôle des mutuelles. La multiplication des déremboursements de médicament entreprises dés les années 1980 -l’augmentation régulière du forfait hospitalier - la mise ne concurrence mutuelle/assurance privée suite à une directive européenne (Jospin) - l’augmentation octroyée aux médecins libéraux - le taux de remboursement de l’assurance maladie (avant 70 à 90%- puis de 35 à 65%- avec aujourd’hui 65% des traitements pris en charge à 35% et 35% des traitements pris en charge à hauteur de 65%) change considérablement la donne et la survie du système mutualiste. Ainsi en ce début d’année 2004, l’ensemble des mutuelles a du augmenter ses tarifs de plus de 10%, ce qui pèsent sur les salariés, risquant d’accentuer la démutualisation des plus précaires, d’autant que certaines mutuelles ont déjà opté pour des taux à plusieurs niveaux rappelant fort les systèmes assurantiels. les 25 propositions Les mutuelles en appellent donc à la solidarité nationale en lançant une offensive de communication vers les syndicats et les institutionnels. Pour ce faire elles ont élaboré une série de pro- positions, 25 pour être exacte. Leurs propositions mettent en exergue un système basé sur la solidarité mais en proie aux attaques d’un système libéral. fiche 9.les mutuelles Leurs propositions sont divisées en 3 domaines: - la cohérence - la responsabilisation - la qualité La cohérence Dans ce chapitre, plusieurs propositions sont évidentes: handicap, santé au travail, prévention... ne peuvent que retenir notre attention, même si nos formulations seraient quelque peu différentes. Par contre certaines sont discutables: laisser à l’Etat le soin de définir la politique de Santé, créer une haute autoritéchargé de définir l’utilité des différentes interventions... peuvent procéder d’une dérive étatique contenue dans le plan Juppé. L’idée du crédit d’impôt pour faciliter l’accès aux garanties mutualistes, nous éloigne des fondements de la sécu, et de fait, transforme le système vers une logique fiscale (CSG, la CMU...) au détriment d’une logique salariale. la responsabilisation Les projets de la mutuelle tournent autour d’un système étatique ou l’état serait dominant, via une haute autorité en santé, et se concertrait avec les professionels, les caisses d’assurances maladie et les mutuelles chacun étant représentés par une haute institution (union nationale des CAM, instance représentative des mutuelles et instance représentative des professionels de Santé). Un établissement public serait dépositaire et gestionneire de l’information de santé. Ce système, fortement marqué par une logique étatique enlèverait de fait tout pouvoir à la sécu, et à aucun moment l’idée de revenir à des élections, à la réapropriation par les usagers de l’outil sécu n’apparait dans le texte. pour plus de qualité Dernier volet des 25 propositions, il propose essentiellement des mesures liées à la prévention (prise en charge précoce, rôle du généraliste et des réseaux, contre la rémunération à l’acte, dossier médical, prévention dentaire...), à revoir l’organisation des hopitaux , et celle des médicaments. Dans tous ces points, le problème du public et du privé, celui des moyens, du contrôle de l’industrie du médicament restent oubliés. quel choix pour les mutuelles? Comme on l’a dit plus haut, les mutuelles sont à la croisée des chemins. Face aux réformes annoncées elles devront choisir entre une lutte résolue contre les mesures qui s’annoncent ou l’adaptation à ces mesures. Les 25 propositions sont à cheval entre les deux. Elles préfigurent un modèle où les mutuelles tentent de limiter l’introduction des assurances sur leur précarré mais ne remettent pas forcément en cause les projets du gouvernement et du MEDEF. On a vu ci-dessus que certaines de ces propositions sont plus que discutables, mais c’est l’absence de propositions sur un certain nombre de thèmes qui sont pour le moins inquiétant : - rien sur les causes du déficit - rien sur les dettes patronales ou gouvernementales - rien sur un retour à une couverture minimum de 80% par la sécu... les mutuelles et nous Nous pensons que dans la période actuelle il est nécessaire que l’ensemble des organisations du mouvement ouvrier, les syndicats, mais aussi les mutuelles, malgrè certains désaccords que l’on a eu ou que l’on peut avoir, doivent défendre ensemble la sécu- rité sociale. C’est pous cela que nous participons à tout débat pouvant aller dans ce sens, mais que nous devrons en même temps continuer le débat de manière critique sur certains positions des mutuelles.