LYMPHANGIOME KYSTIQUE CERVICAL : APPORT DE L
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LYMPHANGIOME KYSTIQUE CERVICAL : APPORT DE L
LETTRE A L'ÉDITEUR LYMPHANGIOME KYSTIQUE CERVICAL : APPORT DE L’ÉCHOGRAPHIE ET DE LA TOMODENSITOMÉTRIE A PROPOS D’UN CAS K. N’DRI1, V. ADJENOU1, A. KONAN1, G.C. GBAZI1, G.D. MENSAH1, C. AGUEHOUNDE2, B.C. ABBY1 RÉSUMÉ Les auteurs, à partir d’un cas de lymphagiome kystique cervical, signalent l’apport de l’imagerie médicale, surtout de l’échographie et de la tomodensitométrie, dans le diagnostic de cette affection rare. Mots-clés : Lymphangiome, kyste, échographie, tomodensitométrie. progressivement pour atteindre celle d’une orange. Elle est indolore, rénitente et occupe la moitié inféro-latérale droite du cou. En dehors de cette masse, l’examen clinique met en évidence une splénomégalie lisse et peu sensible. Fig. 1 : Radiographie cervicale Masse basi-cervicale, opaque, homogène, arrondie sans modification des structures avoisinantes SUMMARY Cervical cystic lymphangioma : ultrasound and computed tomography findings in one case From one case of cervical cystic lymphangioma, the authors report the place of medical imaging : ultrasound and computed tomography in the diagnosis of this rare affection. Keys-words : Cyst, lymphangioma, ultrasond, computed tomography. INTRODUCTION Les lymphangiomes kystiques sont des tumeurs rares, de pathogénie peu précise et de localisations variables. Le diagnostic suspecté par la clinique et l’imagerie médicale, est confirmé par l’anatomopathologie après exérèse chirurgicale. La radiographie de la base cervicale retrouve cette masse qui se traduit par une opacité arrondie, de tonalité hydrique aux contours internes flous. Fig. 2 : Echographie - Masse kystique multicloisonnée Nous rapportons un cas de localisation basi-cervicale droite et analysons les aspects de cette tumeur à l’imagerie. OBSERVATION L’observation est celle d’un enfant de six (6) ans, sans antécédent particulier, qui consulte pour une masse basicervicale droite (Fig. 1). Cette masse serait apparue 8 mois plus tôt, de petite taille au départ, elle aurait augmenté 1. Service d’imagerie Médicale : CHU de COCODY (Pr ABBY) 2. Service de Chirurgie pédiatrique : CHU de YOPOUGON Médecine d'Afrique Noire : 1996, 43 (4) LYMPHANGIOME KYSTIQUE; A l’échographie ou note une masse à contenu transsonore, multi-cloisonée. Les cloisons sont fines et régulières (Fig. 3). Elle mesure, dans le grand axe, 75 mm de diamètre. La tomodensitométrie retrouve cette masse (Fig. 4) qui est appendue à la partie latéro-droite du cou. Elle est hypodense (20 UH), sans rehaussement après injection d’iode et mesure 82 mm de diamètre transversal. Sa paroi externe est fine, régulière et sa limite interne est modérément bosselée. 0n note de fines cloisons internes. Les structures osseuses et vasculaires avoisinantes sont sans anomalies. Ces aspects sont compatibles avec un lymphangiome kystique. Fig. 3 : Coupe TDM transversale Sans injection d’iode : tumeur kystique avec des cloisons à sa partie externe A l’intervention chirurgicale, on découvre une masse kystique à contenu hématique et avec quelques logettes périphériques. L’examen anatomopathologique confirme le diagnostic de lymphangiome kystique. DISCUSSION Le lymphangiome kystique est une tumeur bénigne, rare (1, 2, 3). Il peut se localiser dans l’abdomen, le thorax, et au niveau cervical comme chez notre patient. La localisation cervicale se rencontre plus dans l’enfance : 90% avant l’âge de 20 ans, mais peut être découverte à tout âge de la vie en raison de la latence d’évolution. Deux théories pathogéniques (4) sont évoquées dans la littérature : . La théorie traumatique (4) explique la survenue de ces kystes par une obstruction ou une contusion lymphatique ; mais cette théorie, est rarement confirmée par l’histoire Médecine d'Afrique Noire : 1996, 43 (4) 238 clinique. . La théorie congénitale est la plus admise actuellement. Le lymphangiome proviendrait d’une séquestration (5) de sac lymphatique embryonnaire qui se remplirait progressivement de liquide lymphatique. Cette théorie expliquerait mieux notre cas où la masse augmentait progressivement de taille. La radiographie standard met en évidence une opacité hydrique, à limite nette, refoulant selon son volume les organes avoisinants. L’échographie et la tomodensitométrie donnent plus de renseignements (5, 6, 8) sur les caractères topographiques et le contenu (liquidien, pseudo-liquidien, caverneux) de cette tumeur. Le contenu hématique observé chez notre patient est probablement dû à une hémorragie intrakystique. L’aspect est uni ou multiloculaire avec la présence de cloisons d’épaisseur et de nombre variable. Les limites nettes, fines et l’absence de prise de contraste à la TDM confirment la nature kystique de la tumeur. A l’échographie, la tumeur apparaît hypoéchogène ou anéchogène, parfois avec un sédiment ou de fins échos internes et un renforcement postérieur d’échos. La TDM montre une tumeur de faible densité liquidienne (10-36 UH) mais les cloisons ne sont parfois révélées qu’après injection du produit de contraste. Ces cloisons sont d’ailleurs mieux appréciées à l’échographie chez notre patient et selon la littérature, qui évalue mieux l’extension de voisinage de la tumeur. L’IRM semblerait être utile pour l’exploration de cette tumeur, mais s’avérerait moins performante que la TDM en cas de complications (5). La lymphographie permet de préciser l’état des voies lymphatiques mais n’opacifie habituellement pas le kyste (7) ; c’est une exploration rarement pratiquée. CONCLUSION Les différents aspects constatés à la clinique et à l’imagerie, surtout l’échographie et la TDM, permettent d’éliminer les autres masses cervicales et sont suffisants pour évoquer le lymphangiome kystique. L’intervention chirurgicale demeure le seul traitement permettant l’exérèse et la confirmation anatomopathologique de lymphangiomes. K. N’DRI, V. ADJENOU, A. KONAN, G.C. GBAZI, G.D. MENSAH, C. AGUEHOUNDE, B.C. ABBY 239 BIBLIOGRAPHIE 1. C. CARON-POITREAU, J.L. RACINEUX; J. RAIMBAULT, J.PH. DAUVER, A. DAUVER. Lymphangiome kystique thoracique et rétropéritonéal. Intérêt de la lymphographie. J. Radiol. 1979, 60, n°1, 33-36. 2. K. MARSOT-DUPUCH, N. LEVRET, F. CHABOLLE. Formations kystiques cervicales de l’adulte. Feuillets de Radiol. 1990, 30, n°5, 347-361. 3. M. HIVET, T. BIZARD, J. RAMAHLO. Les lymphangiomes kystiques abdominaux. Annales de gastro-entérologie et d’hépatologie 1982, 18 n°2, 141-143. 4. E. LEHN, P. FONTAINE, PH. COLLERY, B. SENECAIL, J.C. LEVASSEUR. 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