Contre la guerre en Irak, pour la Palestine

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Contre la guerre en Irak, pour la Palestine
Pacifisme: Dix mille personnes ont défilé à Bruxelles sans débordement
Contre la guerre en Irak, pour la
Palestine
COLETTE BRAECKMAN
Emmenée par de jeunes Maghrébins plus mobilisés par la Palestine que par
Saddam Hussein, la manifestation bruxelloise contre la guerre en Irak a réuni
un long cortège où se mêlaient syndicalistes, pacifistes, altermondialistes et
de très nombreux musulmans venus en famille.
Photo Pierre-Yves Thienpont.
Bush est le problème, pas Saddam... Frank est tout seul, avec sa pancarte fabrication maison. Il est venu d'Anvers, répondant à l'appel
de la manifestation contre la guerre en Irak, lancé par le CNCD (Centre national de la coopération au développement) et le CNAPD
(Centre national d'action pour la paix et le développement), les syndicats chrétien et socialiste, la coordination des mouvements arabes.
Pourquoi étaient-ils aussi nombreux à être venus, comme Frank qui se présente comme un simple citoyen lambda, ou comme Félicien
Pergoraro, un ancien mineur qui marche derrière le ballon rouge de la FGTB ? Ces gens-là sont venus défiler pour des raisons simples
: Parce que trop c'est trop, parce que je ne veux pas que mes enfants connaissent la guerre, parce qu'il y a trop d'injustice et que le
sort de la Palestine nous révolte.
Hamid, un jeune Algérien, a aussi ses raisons : Je n'approuve pas Ben Laden, certes pas. Mais vous devez savoir que, nous les Arabes,
ces images de violence en Palestine, cela nous rend fous...
Aux yeux des organisateurs qui annoncent 10.000 participants comme au dire de la police qui en reconnaît 6.500, la manifestation a
été un succès, car elle s'est déroulée sans violence, avec en tête des personnalités connues comme Elio Di Rupo, Philippe Mahoux et
Françoise Dupuis (PS), Evelyne Huytebroeck (Écolo), Pierre Galand et Véronique Jamoulle (CNCD) et bien d'autres encore, perdues
dans une foule bigarrée, multiculturelle. Car la communauté immigrée de Bruxelles, essentiellement musulmane mais aussi africaine,
avait fait de cette manifestation un but de promenade en famille. Si les candidats casseurs se sont tenus calmes, c'est aussi parce que le
service d'ordre était discrètement assuré par les gros bras des syndicats ainsi que par des hommes qui portaient leur enfant sur les
épaules, ou des mères de famille et des jeunes filles en foulard. Tous ont mêlé Bush et Sharon dans le même opprobre, uni le combat
pour l'Irak à celui de la Palestine.
Lors de la dislocation du cortège, les invites étaient très claires, formulées par Pierre Galand et tous les orateurs : Il faut que la
diplomatie belge s'emploie à faire respecter l'autorité du Conseil de Sécurité, à dissuader les Américains d'aggraver encore les
souffrances du peuple irakien, bombardé depuis douze ans, frappé d'embargo.
Cette manifestation intervient à la veille du départ pour Bagdad de Hans Blix, le chef des inspecteurs de l'ONU, avec lequel l'Irak s'est
déclaré disposé à coopérer en dépit du scepticisme américain.
Aux yeux de la plupart des manifestants de Bruxelles, cette mission n'est que de la poudre aux yeux et seule la pression de l'opinion
publique pourra faire reculer les partisans de la guerre et défendre les droits du peuple palestinien. A ce propos l'un des groupes les
plus applaudis était composé de jeunes étudiants déguisés en soldats israéliens, qui mimaient la répression dans les territoires
occupés...·
© Rossel et Cie SA, Le Soir en ligne, Bruxelles, 2002 - 18/11/2002

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