Ze Didier`s touch

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Ze Didier`s touch
Les WAMPAS avaient déjà mis Manu Chao en boîte lors de leur dernier album et aujourd'hui, c'est rien de moins que Jacques Chirac qu'ils veulent voir en prison. Rencontre avec
Didier Wampas le leader du groupe, mi-trublion, mi-engagé.
omment t'est venue l'idée du single Chirac en prison ?
On sortait d'un spectacle à la Cité de la Musique avec mes enfants sur
la censure au temps de Louis XIV. Et à la fin du spectacle ils disent : « Et
aujourd'hui, qu'a-t-on fait de la liberté d'expression ? ». Je me suis dit : « Tiens,
aujourd'hui, personne ne dirait "Chirac en prison" », alors voilà, je l'ai fait.
C
Certaines radios refusent de diffuser la chanson... C'est de la censure, non ?
Il n'y a que deux radios qui la passent et toutes les télés ont dit qu'elles ne la
passeraient pas et que ce n'était pas la peine de faire un clip. Il y a un petit côté
censure, mais surtout, les gens ont peur : des programmateurs de radio m'ont
dit : « Tu veux que je me fasse virer ? ».
Chirac en prison, c'est quoi ? De la provoc', un souhait ?
C'est juste une interrogation. Pourquoi personne ne le dit alors que tout le monde
le pense ? On m'a reproché de faire un coup médiatique, alors que je l'ai juste
fait écouter à un mec de Libération qui a fait un article. Après, ça nous a échappé.
Jacques ou Bernadette Chirac t'ont-ils appelé ?
(Rires) Non !
Mis à part le titre et le refrain, ce n'est pas une chanson très contestataire...
C'est une chanson d'amour !
Revenons à la musique à proprement parler. Dans i'aibum, on est constamment balancé entre punk et pop. Tu es un punk qui fait de la pop ou l'inverse ?
Moi, je m'en fous. On fait des chansons comme on a envie. Et c'est vrai que, comme
j'avais quinze ans en 77, j'aime beaucoup le punk, mais après, je ne veux pas me
limiter à un style. Les ballades pour moi, ça fait partie du rock.
Si tu avais écrit cette même chanson vingt ans plus tôt, ça aurait été plus virulent ?
Si il n'y avait pas eu Manu Chao, je ne l'aurais peut-être pas faite... Si c'est juste
pour prêcher devant des convertis aux concerts, ça ne sert à rien. Je voulais
voir ce que ça donnerait.
Tu aurais écrit la même pour Mitterrand ou Giscard ?
Sous Giscard peut-être, mais sous Mitterrand, pas sûr. Alors qu'il l'aurait mérité !
Ze Didier's touch
« Pour éviter que les gens me voient habillé comme la veille
quand je monte sur scène, je fais les boutiques l'après-midi
pour le concert du soir. Je m'habille chez Pimkie et chez Jennyfer. J'ai des grosses caisses de fringues, mais c'est tout moisi
tout mouillé et plein de sueur. Quand tu mets le tout dans u
Avec le succès de Manu Chao, as-tu eu l'impression d'entrer dans l'establishment ?
Oui et non. À partir du moment où l'on parle de toi comme des autres, oui. Mais
je n'ai pas le sentiment d'y être. J'étais mal quand je suis allé aux Victoires de
la musique ! C'est pour ça que j'ai pété les plombs et que j'ai dit des conneries,
genre les Wampas n'aiment pas Kyo et la variété pourrie... J'avais pas l'impression de faire partie de ce monde-là. Ça serait comme aller à la Star Ac'. Mais je
ne refuserais rien du tout ! C'est bien d'y aller. Quand j'étais jeune, tous les mecs
comme Coluche et Gainsbourg allaient faire les émissions pourries. Plus c'est
pourri plus il faut y aller !
Tu continues à travailler à la RATP ; c'est pour garder les pieds sur terre ?
Oui, et puis continuer à être libre. J'aurais peut-être pas sorti Chirac en prison
si j'avais été tributaire de la chanson pour bouffer. Parce que si t'as que ça t'as
le choix entre quoi ? Crever de faim ou faire des compromis ? En France, c'est
dur de vivre de sa musique... et c'est pas que les artistes soient vénaux, mais
ceux qui ne vivent que de ça et qui vendent 20 000 disques par an sont coincés.
Propos recueillis par Benoit Deschodt I