Table des matières

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Semaine 45 – du 7 au 13 novembre 2011
N° 199
Table des matières
La compétitivité passe avant tout par la qualité
EDF, Areva et Bouygues craignent que l'arrêt éventuel du chantier de l'EPR de
Flamanville pèse sur les perspectives d'exportation de réacteurs nucléaires par la France. 4
Pourquoi la France se retrouve dans le viseur des marchés
5
L’économie japonaise rebondit au troisième trimestre
6
UniCredit se préparerait à augmenter son capital et à licencier
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La Chine, financier et maître du monde
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La compétitivité passe avant tout par la qualité
Par Emmanuel Combe et Jean-Louis Mucchielli, professeurs à l'université Paris I.
L'attention portée aujourd'hui en France à la question de la dette publique - crise de la zone euro
oblige - ne doit pas dispenser d'une réflexion sur les causes profondes de notre endettement, au
premier rang desquelles figurent la faiblesse structurelle de notre croissance et la dégradation continue
de notre déficit commercial depuis une décennie. Quelles stratégies permettraient de restaurer la
compétitivité de l'économie française et de repartir à la conquête des marchés extérieurs ?
Sur cette question fondamentale, deux discours principaux se font entendre chez les économistes.
Un premier en appelle à la mise en place d'une TVA sociale, qui viendrait alléger le coût du travail en
France et renchérir le prix des produits en provenance des pays à bas coûts. Les effets nets d'une telle
politique sur la croissance apparaissent pourtant très incertains et reposent sur une vision discutable de
la compétitivité, réduite à une question de différentiel de coût de production.
Un second discours milite pour la poursuite d'une politique d'investissement en R&D et dans
l'enseignement supérieur, afin de développer notre compétitivité hors prix, dans la lignée de la
"stratégie de Lisbonne". Pour nécessaire qu'il soit, ce second discours nous semble doublement
insuffisant. D'abord, il repose sur une vision partielle de l'innovation, réduite à sa composante
technologique. Ensuite, il passe à côté d'un défi politique essentiel : quel avenir propose-t-on aux
travailleurs peu ou non qualifiés, et plus généralement à tous les jeunes qui ne seront demain ni
ingénieurs ni chercheurs, pour qu'ils ne vivent pas la mondialisation sur le seul mode de l'exclusion ?
Il est temps d'élargir notre vision de la compétitivité et de miser sur une politique qui parle enfin à tous
les Français et mobilise toutes les énergies : la compétitivité par la qualité. La qualité passe d'abord par
une meilleure prise en compte du service qui accompagne le produit. Songeons au cas emblématique
du tourisme : la richesse de notre patrimoine ne doit pas nous dispenser de miser sur les autres
dimensions de la qualité, tout au long de la chaîne de valeur, et notamment sur la qualité de l'accueil.
La démarche de qualité suppose ensuite de mieux valoriser les différentes formes de créativité et
d'innovation dans tous les secteurs : design, marketing, nouveaux modèles économiques, innovations
d'usage, excellence de la main. Le succès des voitures allemandes n'est-il pas dû tout autant à la force
de leur marque, à la qualité de leur service après vente, à leur design qu'au nombre de brevets
déposés ? L'histoire récente nous démontre qu'un secteur n'est jamais dépassé, dès lors que
l'imagination s'en mêle. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder la réussite éclatante d'Apple avec
l'iPhone, de la firme italienne Luxottica dans les montures de lunettes ou du français SEB dans le petit
électroménager. L'exemple de l'industrie française du luxe, deuxième industrie exportatrice après
l'aéronautique, est également riche d'enseignements : la mondialisation y prend même un tour
inattendu et paradoxal puisque, loin de nuire aux cols bleus, elle valorise leur savoir-faire et leur
créativité, qui s'exportent dans le monde entier. Pour accompagner la montée en gamme de
l'ensemble de notre économie, nous proposons de lancer une marque pays "France made", véritable
label de qualité qui permettra de mieux valoriser nos savoir-faire à l'étranger.
Mais pour miser sur la qualité totale des produits, il est nécessaire d'accroître le niveau de qualification
de chaque Français : pas de qualité totale sans qualification accrue ! En particulier, nous devons
gagner la bataille de l'illettrisme, qui touche chaque année près de 5 % des jeunes de 17 ans sortis
prématurément du système scolaire ; nous devons encourager la valorisation des acquis de
l'expérience (VAE) et accélérer la réorientation de la formation continue à destination des moins
qualifiés ; nous devons renforcer l'attractivité et la reconnaissance des métiers de l'excellence de la
main. Dans la bataille de la compétitivité par la qualité, la France a besoin de tous ses enfants, de tous
ses talents.
Qualité des produits, qualification de tous : c'est à ces deux conditions que chaque Français verra dans
la mondialisation une chance pour son avenir professionnel plutôt qu'une menace pour son emploi.
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C'est à ces deux conditions que nous renouerons avec une croissance économique tirée par les
exportations et qui viendra mécaniquement alléger le fardeau de notre dette publique.
La baisse de l’immobilier en Chine aura des répercussions mondiales
Le marché immobilier chinois, pilier de la deuxième économie mondiale, commence à battre de l'aile
et pourrait entraîner dans sa chute d'autres secteurs ainsi que les marché mondiaux des matières
premières, estiment les analystes.
Selon une enquête publiée cette semaine par le réseau Home Link China, 177 agences ont fermé au
mois d'octobre à Pékin suite à une chute du nombre des transactions.
Et le nombre d'appartements invendus dans la capitale a dépassé 120.000 au mois d'octobre, son plus
haut niveau en 29 mois, selon des chiffres officiels rapportés vendredi le Xinjing Bao (Nouvelles de
Pékin).
Depuis octobre, des acheteurs récents ont protesté à Shanghai et dans d'autres villes contre des
promoteurs immobiliers qui leur ont vendu des appartements, juste avant de baisser leurs prix. Mais le
gouvernement a exclu d'intervenir dans l'immédiat pour enrayer cette tendance.
Le Premier ministre Wen Jiabao a déclaré que les prix des logements, qui s'étaient envolés ces dernières
années, devaient "redevenir raisonnables", et que les restrictions sur le crédit ou le nombre
d'appartements que les particuliers peuvent acheter seraient maintenues. Ces mesures expliquent en
grande partie le retournement du marché.
Face à des acheteurs potentiels qui préfèrent désormais attendre que la baisse se confirme, les
promoteurs ont de plus en plus de mal à convaincre.
A Yueqing, près de Wenzhou (est), l'un d'entre eux est allé cette semaine jusqu'à offrir une BMW aux 150
premiers acquéreurs d'appartements dans un nouveau complexe résidentiel.
La voiture offerte coûte environ 300.000 yuans (34.700 euros), soit 13% de la valeur d'un appartement
dans la résidence de luxe. D'autres promoteurs offrent la climatisation ou des garages gratuits.
D'après l'agence de notation Standard & Poor's, les prix pourraient tomber en moyenne de 10% d'ici un
an.
"Je m'attends à une tendance négative sur plusieurs mois ou même plusieurs trimestres. Les prix ont tout
juste commencé à baisser et les chiffres pour le mois d'octobre ne sont pas bons", a déclaré à l'AFP
Zhang Zhiwei, analyste chez Nomura Securities à Hong Kong.
La baisse pourrait atteindre 15% et durera plus longtemps que celle de fin 2008 - début 2009 "car il n'y
aura pas de plan de relance de 4.000 milliards de yuans" (462 milliards d'euros) comme celui décidé à
l'automne 2009 par Pékin pour répondre à la crise financière, prédit de son côté Yao Wei, économiste
pour la Chine de la Société Générale basée à Hong Kong.
Ce plan avait été accompagné pour l'ouverture en grand des vannes du crédit, contribuant à faire
flamber les prix de l'immobilier en 2009 et 2010. Mais cette politique a engendré de l'inflation en
gonflant la masse monétaire et en fragilisant les banques, contraignant Pékin à resserrer le robinet du
crédit.
Les répercussions d'une crise du secteur de la construction de logements en Chine, qui draine un
cinquième des investissements, vont se faire sentir dans d'autres secteurs, et au-delà des frontières
chinoises.
"Pour l'économie mondiale, le secteur le plus touché sera celui des matières premières. La demande
pour le ciment, l'acier, le béton ou l'aluminium seront affectées", estime Mme Yao. La Chine est le
premier producteur mondial d'acier et de ciment.
"Si la baisse se confirme durant plusieurs mois, elle aura sûrement des conséquences sur l'économie
mondiale", renchérit M. Zhang, qui invoque les mêmes raisons.
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A un moindre degré, l'électroménager et l'électronique grand public pourraient aussi être touchés, les
achats d'appartement allant souvent de pair avec l'acquisition de nouveaux appareils, ajoute Mme
Yao.
La correction du marché devrait cependant rester limitée alors que la demande reste très forte dans un
pays en voie d'urbanisation rapide.
"La plupart des investisseurs ne sont pas fortement endettés, ils ont beaucoup d'apport personnel",
relève Ren Xianfang, de IHS Global Insight à Pékin. Mais "l'immobilier a été une vache à lait pour
beaucoup d'entreprises" et beaucoup d'entre elles vont souffrir, prévient-elle.
Aussi la phase de correction qui s'amorce ne devrait-elle pas être suivie d'un boom pareil à celui des
années 2009-2010, estime Yao Wei, qui prédit que les Chinois auront bientôt, en dehors de l'immobilier,
plus de moyens à leur disposition pour faire fructifier leur épargne, notamment grâce au
développement du marché obligataire.
Copyright © 2011 AFP.
La filière nucléaire française fait bloc
EDF, Areva et Bouygues craignent que l'arrêt éventuel
du chantier de l'EPR de Flamanville pèse sur les perspectives d'exportation de réacteurs nucléaires par la France.
« On est dans la dernière phase du génie civil, 86 % a déjà été réalisé. » Antoine Ménager, le
responsable EDF du chantier de l'EPR de Flamanville, ne cache pas sa satisfaction. Mais il reste
l'essentiel des travaux d'électro-mécanique. « On est à la moitié du chemin », dit-il. Annoncé pour 2012,
le premier réacteur français de 3 e génération ne sera pas mis en service avant 2016. Au lieu de
3,3 milliards d'euros, il devrait coûter près de 6 milliards. Pour ne rien arranger, ce chantier de
3.100 personnes a connu cette année 2 accidents mortels qui ont conduit EDF et ses partenaires à
revoir toute leur organisation.
L'avant et l'après-Fukushima
Le réacteur d'Areva est « trop cher et trop compliqué », se plaignaient les piliers d'EDF ou Bouygues il y a
encore un an. C'était avant la catastrophe de Fukushima. Aujourd'hui, l'argument leur est retourné.
« Flamanville est en train de devenir un grand ratage industriel », selon Michel Sapin, député PS de
l'Indre proche de François Hollande. Depuis, le candidat socialiste à la présidentielle a exclu un arrêt du
chantier.
Mais la filière craint que les Verts, qui veulent fermer des centrales et stopper l'EPR, ne reviennent à la
charge. Elle fait bloc. Pour ses promoteurs, arrêter un tel chantier, avant même qu'il ne produise de
l'électricité, serait tout simplement une hérésie. « La décision d'arrêter Flamanville serait très grave, selon
un dirigeant d'Areva. Cela voudrait dire qu'il n'y aura pas de remplacement des réacteurs existants. »
Bref, la fin de tout développement. « Ce serait pire que l'arrêt de Superphenix, qui était une
expérimentation. » Pour Hervé Machenaud, directeur de la production et de l'ingénierie chez EDF, « la
filière est un outil industriel exceptionnel résultant d'une organisation, d'acteurs et d'une dynamique
industrielle, qui apporte un service d'intérêt général. Il y n'y a pas de logique industrielle à l'interrompre. »
Alors que certains pays, comme la Pologne, l'Afrique du Sud ou l'Inde, envisagent de commander des
EPR, la filière redoute que la France ne leur adresse des signaux négatifs. Ses piliers estiment qu'une
décision de fermeture de centrales nucléaires existantes ou d'arrêt de Flamanville mettrait en cause
tout développement à l'export. C'est la différence avec l'Allemagne, qui sort de l'atome mais n'a plus
d'industrie nucléaire depuis dix ans. Et au contraire de la France, celle-ci dispose de fleurons industriels
des énergies renouvelables. « Il y a peu de filières industrielles françaises d'excellence à l'international,
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seulement l'aéronautique, le cosmétique et le nucléaire, souligne un ministre. La France est-elle assez
prospère pour s'en passer ? »
THIBAUT MADELIN (À FLAMANVILLE), Les Echos
Pourquoi la France se retrouve dans le viseur des marchés
Les taux de marché s'écartent grandement de ceux de l'Allemagne. La dette française a été
contaminée par la flambée des taux italiens. Paris peine à rassurer les marchés.
Dans les salles de marché, l'inquiétude est encore montée d'un cran sur la France. En privé, certains
grands gestionnaires de fonds confient qu'ils ne veulent plus toucher à la dette française en ce
moment. Indirectement, mais clairement, la France est en train d'être contaminée par la crise des
dettes souveraines de la zone euro. Depuis plusieurs jours, elle voit ses taux de marché s'écarter
grandement de ceux de l'Allemagne, la référence en Europe. Jeudi, cet écart (ou « spread ») a même
atteint 170 points de base, un niveau record, impensable il y a encore quelques mois.
L'incroyable bourde de Standard & Poor's, qui a envoyé par erreur un message d'alerte de dégradation
de la note française, démenti une heure plus tard (lire page 31), y est certes pour beaucoup. Dès
vendredi, l'heure était d'ailleurs à la détente sur le marché obligataire, et le « spread » français revenait
à 150 points de base. Mais pour un pays noté AAA, un tel niveau reste très élevé. Concrètement, cela
signifie que l'Hexagone va devoir offrir 1,5 % de plus que son voisin allemand pour placer sa dette
auprès des investisseurs. Avant la crise, l'écart était quasi nul. Début juin, il était inférieur à 30 points de
base. L'écart s'est aussi creusé avec d'autres pays européens notés AAA : il atteint par exemple
110 points de base avec l'Angleterre et plus de 100 points de base avec les Pays-Bas.
Craintes pour l'avenir du FESF
Comment en est-on arrivé là ? La hausse de la prime de risque française est d'abord liée au sort de la
dette italienne. Les déboires de Silvio Berlusconi ces derniers jours ont entraîné une flambée des taux de
la péninsule, au-delà des 7 %. Cela a accéléré les craintes de voir Rome réclamer une assistance
financière extérieure. Or « le AAA de la France et celui du FESF [Fonds européen de stabilité financière,
NDLR] ne survivraient pas bien longtemps à cette éventualité », souligne Bruno Cavalier, chef
économiste d'Oddo. Paris apporte la deuxième garantie au FESF, derrière l'Allemagne. Et les banques
françaises sont les plus exposées d'Europe aux obligations italiennes, même si elles ont vendu une partie
de leurs titres ces dernières semaines (lire page 32).
A cela s'ajoutent des raisons plus fondamentales. La France est jugée par les marchés sur sa capacité à
atteindre ses objectifs de réduction du déficit budgétaire. A cet égard, le nouveau plan d'austérité
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présenté par Bercy il y a une semaine a démontré la détermination du gouvernement à défendre le
AAA et à respecter l'objectif d'un déficit de 4,5 % du PIB en 2012. « Ce nouveau package était plus
ambitieux que prévu et contenait en plus des mesures qui porteront leurs fruits à long terme », souligne
Dominique Barbet, économiste de marché chez BNP Paribas.
Mais les mesures annoncées reposent sur une hypothèse de croissance à 1 % pour 2012, qui est encore
jugée bien optimiste. Un ralentissement plus sévère, voire une rechute en récession de l'économie
française, porterait à nouveau un sérieux coup aux objectifs du gouvernement. Les agences de
notation pourraient déclasser la note de la France - pas par erreur cette fois-ci. Et c'est l'ensemble des
dispositifs de secours européen qui serait alors mis à mal.
GUILLAUME MAUJEAN
L’économie japonaise rebondit au troisième trimestre
Le pays du Soleil-Levant voit son horizon s'éclaircir. La croissance du produit intérieur brut japonais s'est
établie à 1,5 % lors du trimestre de juillet à septembre par rapport au précédent, mettant ainsi un terme
à une série de trois trimestres de récession, selon les données officielles publiées lundi. Le rebond des
exportations et de la consommation a soutenu l'économie, conformément à la prévision médiane des
analystes, qui anticipaient + 1,5 %. Au trimestre précédent, le PIB s'était contracté de 0,5 %. En rythme
annualisé, le taux de croissance du trimestre juillet-septembre ressort à 6 %, contre 6,1 % attendus.
A titre de comparaison, la croissance des Etats-Unis n'a atteint que 2,5 % sur la même période. Les
économistes attendent un quatrième trimestre difficile en raison du cours élevé du yen et de la
croissance mondiale ralentie. Les exportations nettes ont contribué à la hausse trimestrielle du PIB à
hauteur de 0,4 point de pourcentage, leur première contribution positive en cinq trimestres. La
consommation des ménages, qui représente quelque 60 % de l'économie japonaise, a crû de 1 %, et
les investissements des entreprises ont augmenté de 1,1 %.
SUITES DU TSUNAMI DU 11 MARS
Le Japon a sombré dans la récession au dernier trimestre 2010 à cause d'un effritement de ses
exportations et de la consommation. La décroissance s'était aggravée après le tremblement de terre
et le tsunami qui ont dévasté la région du Tohoku (nord-est). Cette catastrophe naturelle a non
seulement fait 20 000 morts et disparus, mais a également détruit ou endommagé des infrastructures et
des usines, rompu les chaînes d'approvisionnement des entreprises et provoqué un accident nucléaire
à la centrale de Fukushima.
Entravée par ces multiples perturbations, la production industrielle avait plongé, entraînant une forte
réduction des livraisons de produits japonais à l'étranger, notamment dans les secteurs de l'automobile
et de l'électronique, dont l'archipel dépend fortement pour sa croissance. La production nippone s'est
toutefois remise en marche pendant l'été, soutenue par des vigoureuses dépenses publiques de
reconstruction, malgré les restrictions d'électricité imposées par les autorités à cause de l'arrêt de la
plupart des réacteurs nucléaires du pays depuis l'accident de Fukushima.
Les pays de l’Apec font front commun face à la crise européenne
Les dirigeants des pays du pourtour de l'océan Pacifique se sont engagés dimanche à abaisser les tarifs
douaniers entre eux afin de favoriser la croissance mondiale tout en se mettant à l'abri des retombées
de la crise de la dette dans la zone euro.
Les Etats-Unis étant parvenus à réunir une participation plus élevée que prévue à leur projet de
Partenariat transpacifique (TPP), les 21 membres du forum économique Asie-Pacifique (Apec) se sont
tournés vers la lutte contre les "risques baissiers notables" pesant sur l'économie mondiale.
Peu avant la publication du communiqué final du sommet, le président américain Barack Obama avait
appelé au développement des relations commerciales, présentées comme l'antidote aux difficultés
budgétaires européennes.
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Dans le document commun, les dirigeants évoquent une "ère d'incertitude", non seulement du fait de
la crise européenne mais aussi des catastrophes naturelles, telles que le séisme et le tsunami du 11 mars
au Japon.
"Ces défis n'ont fait que renforcer notre résolution à aller de l'avant par la coopération. (...) Nous
reconnaissons qu'une plus grande libéralisation du commerce est essentielle pour atteindre une reprise
mondiale durable après la récession globale de 2008-2009.
Le communiqué exprime également une volonté forte "de soutenir une croissance solide, durable et
équilibrée de l'économie régionale et mondiale". Ces termes font directement référence au reproche
adressé par les Etats-Unis à la Chine et à son excédent commercial massif vis-à-vis de Washington.
Autre signe de l'influence des demandes américaines, le document final mentionne l'engagement de
l'Apec, quoiqu'en des termes imprécis, à réduire les tarifs douaniers sur les biens et services
environnementaux, malgré l'opposition de Pékin à cette idée.
L'Apec exprime son engagement à soutenir les énergies propres.
PROGRÈS DU PARTENARIAT TRANSPACIFIQUE
Des divergences persistent toutefois concernant certains aspects des échanges commerciaux et du
marché des changes, comme l'ont illustré les tensions entre les Etats-Unis et la Chine au cours des
rencontres à Honolulu.
Dans son allocution finale, Obama a de nouveau appelé Pékin à laisser le cours du yuan s'apprécier
plus rapidement, et souligné que les Etats-Unis continueraient de presser les dirigeants chinois d'honorer
leurs obligations commerciales.
"Nous allons continuer à nous montrer fermes pour que la Chine agisse suivant les mêmes règles que
tout le monde", a déclaré le président américain.
Selon lui, les économistes estiment pour la plupart que la valeur du yuan reste sous-évalué de 20% à
25%.
Reste à savoir désormais dans quelle mesure les dirigeants pourront transformer leurs promesses en
actes une fois rentrés dans leurs pays respectifs.
Nombre d'entre eux, à commencer par Obama, auront du mal à ouvrir leurs pays à davantage de
concurrence étrangère.
Mais la principale menace reste la crise européenne, dont les ondes de choc se font ressentir dans le
monde entier.
"Sans une solution à la crise de la zone euro, l'économie mondiale pourrait être entraînée dans un
cercle vicieux de chute de la confiance, de croissance plus faible et de disparitions d'emplois", a
prévenu la directrice du Fonds monétaire international, Christine Lagarde.
"Ceci affecterait tous les pays. Nous devons donc tous participer à la résolution de cette crise."
Pour les Etats-Unis, la principale réussite du sommet est le lancement des discussions sur le futur
Partenariat transpacifique (TPP).
Initialement prévu autour de neuf pays -Etats-Unis, Australie, Nouvelle-Zélande, Singapour, Malaisie,
Vietnam, Brunei, Chili et Pérou- le projet a reçu le soutien samedi du Japon, qui a officiellement
demandé à y être associé.
Dimanche, le Canada puis le Mexique en ont fait autant. Selon des responsables américains, les
Philippines envisagent également de se joindre. La Chine n'a en revanche pas manifesté son intérêt.
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UniCredit se préparerait à augmenter son capital et à licencier
UniCredit doit annoncer une augmentation de capital pouvant atteindre 7,5 milliards d'euros ainsi que
des milliers de suppressions de postes, ont déclaré des sources proches du dossier dimanche.
Le comité stratégique, qui compte les principaux dirigeants de la première banque italienne par l'actif,
étaient réunis dimanche pour discuter de ces mesures avant la décision finale que doit prendre le
conseil d'administration lundi, à l'occasion de la publication des résultats du troisième trimestre.
Un consensus d'analystes distribué par UniCredit donne un bénéfice net de six millions d'euros contre
334 millions un an auparavant.
Selon ces sources, l'administrateur délégué Federico Ghizzoni annoncera vraisemblablement lundi une
augmentation de capital toute en numéraire de sept à 7,5 milliards d'euros ainsi qu'un plan stratégique
triennal, l'appel au marché étant prévu au premier trimestre, peut-être dès janvier, dans l'espoir que
l'environnement se sera amélioré.
Des sources ont dit en suite que le montant proposé pour l'augmentation de capital serait de 7,5
milliards d'euros.
"L'idée est de convoquer une AGE en décembre et de lancer l'augmentation de capital le 9 janvier,
suivant les conditions du marché", a dit l'une des sources.
Mediobanca et Bank of America-Merrill Lynch dirigent le consortium bancaire pour cette opération et
leur mandat expire en avril 2012.
L'action UniCredit a perdu la moitié de sa valeur depuis le début de l'année et Ghizzoni est prié de
renforcer les fonds propres, réduire les coûts et recentrer les opérations en Italie, en Allemagne, en
Autriche, en Pologne et en Turquie.
La banque, présente dans 22 pays, a un déficit de fonds propres de 7,4 milliards d'euros si elle doit
respecter les normes plus rigoureuses établies le mois dernier par l'Autorité bancaire européenne (ABE).
Ce montant ne tient pas compte de 2,4 milliards d'euros d'instruments hybrides qu'UniCredit peut
intégrer en capital dur comme l'y a autorisée la Banque d'Italie mais Ghizzoni veut lever suffisamment
de capitaux pour parvenir sans encombre au ratio Tier 1 dur de 9% de l'ABE, ont précisé les sources.
Il doit toutefois convaincre les fondations, qui détiennent ensemble 13% environ du capital, d'appuyer
une troisième augmentation du capital depuis 2009.
Un autre problème réside dans la participation de 7,5% détenue par la banque centrale et le fonds
souverain libyens, qui reste techniquement gelée en raison des sanctions internationales imposées
durant la guerre civile.
Les deux sources ont ajouté qu'UniCredit comptait supprimer jusqu'à 5.000 emplois dans le monde et
fermer des activités basées à Londres.
UniCredit s'est refusé à tout commentaire.
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La Chine, financier et maître du monde
L’atelier du monde devient le banquier du monde. La Chine s’intéresse à la dette européenne comme
elle l’a fait pour les Etats-Unis. Sa monnaie sous-évaluée est un des facteurs de l’instabilité mondiale,
mais les grandes puissances peuvent difficilement exercer une forte pression sur Pékin si, par ailleurs, ils
sont ses débiteurs.
- Des bébés pandas dans la crèche du centre de recherches sur les pandas géants de Chengdu.
REUTERS/China Daily La Chine finance déjà le déficit des Etats-Unis: c’est aujourd’hui le premier acheteur de bons du Trésor
américains par lesquels Washington peut faire face à sa dette. Et voilà que Pékin propose aux
Européens de les aider en rachetant une partie de la dette des pays membres de la zone euro les plus
fragiles.
Certains, avec Nicolas Sarkozy, y voient une marque de confiance dans l’économie de l’Union
européenne, d’autres, avec François Hollande déplorent un aveu de faiblesse lorsqu’ils ne dénoncent
pas, comme Nicolas Dupont-Aignan, le recours à de l’«argent sale». En Chine, même, la proposition de
Pékin n’est pas forcément bien perçue, alors que le pays doit faire face à de multiples priorités sur son
marché intérieur avant d’aider les Européens à sortir de leur crise de la dette souveraine.
Quoi qu’il en soit, la démarche chinoise pour venir en aide à l’euro marque l’inversion des rapports de
pouvoirs dans l’économie mondiale. Un cap est franchi. Les Chinois de Shanghai ne s’y trompent
pas qui, sans fausse pudeur et avec conviction, déclarent aux touristes à peine sortis de l’avion qu’ils
seront, dans quelques années, les plus puissants sur la planète.
Fois cinq en trente ans
Avec près de 20% d’une population mondiale qui compte maintenant 7 milliards d’individus, le
gisement de main d’œuvre reste énorme. Mais surtout, pays en développement, la Chine a fait
progresser son produit national brut de 1,7% du PIB mondial en 1980 à 3,7% en 2000 et 8,6% en 2009.
C'est-à-dire que, en une trentaine d’année, son poids dans l’économie mondiale a quintuplé.
Sur la période, sa croissance annuelle a toujours été supérieure à 9%, dépassant même 10% la moitié du
temps. Et de sous-développé, l’atelier du monde –qui trouve 25% de ses débouchés aux Etats-Unis et
même un peu plus en Europe parce que les industriels occidentaux y ont installé des filiales produisant
à meilleurs coûts– est devenu la deuxième puissance économique mondiale derrière les Etats-Unis et
devant le Japon depuis 2010… et le premier financier mondial. La revanche de l’industrie, mal aimée
de l’Occident.
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Le tiers des réserves de change mondiales
Alors que les grandes puissances occidentales creusent leurs dettes, la Chine engrange des réserves.
Elle n’est pas la seule dans cette dynamique où se retrouvent les plus grands pays émergents.
Globalement, de 31% en 1980 et 46% en 2009, leur poids dans le monde devrait passer à 52% en 2015,
alors que les pays développés ont vu leur place diminuer de 69% en 1980 à 54% en 2009, et devrait
encore reculer à 48% en 2015.
Dans ce retour de balancier qui consacre l’essor des émergents, la Chine mène la danse. Sur un total
des réserves de change estimées par le FMI à 7.500 milliards de dollars à l’automne 2010, elle en
détiendrait à elle seule 31% (loin devant le Japon qui, à 11% arrive en seconde position), libellées à 70%
en dollars contre une partie croissance en euro. Ce qui explique que, tant pour entretenir ses
débouchés à l’exportation que pour soutenir des monnaies dont ses coffres sont gavés, Pékin n’a pas
manqué de venir au chevet des Etats-Unis et de l’Europe.
Près du quart de la dette extérieure américaine
Les interventions sont massives, et la stratégie de long terme. En huit ans, la part de la dette extérieure
des Etats-Unis aux mains de la Chine est passée de 6% à 22%. Encore faut-il ajouter les actions détenues
dans des entreprises américaines.
Par exemple, lorsque la crise bancaire américaine a mis en péril les institutions hypothécaires Freddie
Mac et Fannie Mae sauvées par une injection de 85 milliards de dollars de l’Etat, on s’est aperçu que
Pékin y avait investi pas moins de 400 milliards de dollars. Le pays pauvre qui épargne, finance le pays
riche qui vit à crédit.
Trois milliards de dollars dans le fonds Blackstone, cinq milliards dans la banque Morgan Stanley, autant
de vedettes de Wall Street, et combien d’autres prises de participation… CIC, le fonds souverain chinois
chargé d’acquérir des positions à l’étranger, et les grandes banques du pays (trois banques chinoises
figurent aujourd’hui parmi les cinq plus grosses capitalisations bancaires mondiales) sont à la
manœuvre.
Le rachat de la dette d’Etats européens a commencé depuis un an
Dans ces conditions, la proposition de la Chine de contribuer à alimenter le Fonds européen de
stabilité financière (FESF) n’est pas vraiment une surprise. Les Européens ont décidé le 26 octobre de
porter ce fonds à 1.000 milliards d’euros pour soutenir les pays de l’Union les plus fragilisés par la crise de
la dette souveraine, comme la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie.
Dans ces conditions, le gouvernement chinois aurait émis l’hypothèse d’injecter 50 ou 100 milliards
d’euros, directement ou non. D’où les réactions diverses et opposées à l’annonce de cette immixtion
de la Chine dans les affaires européennes.
Certes, la perspective soudaine d’un référendum en Grèce peut remettre en question l’accord du 26
octobre tel qu’il fut ficelé. Mais les partenaires de l’euro, dans cette hypothèse, devront en concocter
un autre. Et la Chine, de toute évidence, leur ferait les mêmes offres de services. Car les raisons qui l’y
incitent, elles, n’auront pas changé.
Il ne s’agit pas d’une première. La Chine s’est déjà dotée d’une porte d’entrée en Europe en
acquérant, il y a un an, une concession du port du Pirée en Grèce, afin d’enlever une épine dans le
pied d’Athènes. Elle a aussi acheté une partie de la dette du Portugal en janvier dernier et a fait des
offres de service à l’Espagne. Elle a déjà acquis des titres émis par le FESF pour aider l’Irlande et le
Portugal. Ainsi au total, Pékin détiendrait aujourd’hui plus de 7% de la dette globale européenne, soit
quelque 380 milliards d’euros.
Le yuan, une monnaie de conquête
Incontournable dans l’industrie, la Chine le devient également dans le financement de la dette des
pays réputés riches. Certes, ce n’est pas seulement sa force de frappe pour produire des chaussures,
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des jouets et des tee-shirts, mais aussi des microprocesseurs, des ordinateurs et des téléphones
portables, qui l’a portée au premier rang de la finance mondiale.
Le recours à une monnaie de conquête, le yuan, volontairement sous-évaluée pour augmenter la
compétitivité des exportations, est aussi à l’origine de la désindustrialisation des pays développés au
bénéfice de l’Empire du milieu. Aujourd’hui, à 0,15 dollar, on considère que le yuan vaut presque deux
fois moins que sa valeur réelle.
La concurrence monétaire génératrice d’instabilité fait d’ailleurs partie des priorités de la France qui a
inscrit la réforme du système monétaire international au programme de sa présidence du G20.
Mais il n’est pas sûr que les Européens puissent exercer de fortes pressions sur la Chine (en ligne de mire,
bien sûr) si, dans le même temps, Pékin leur tend la main pour les aider à s’extraire de leur crise. C’est le
problème politique de l’indépendance qui est posé de façon flagrante, mais il n’est pas nouveau.
Gilles Bridier
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