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Semaine 45 – du 7 au 13 novembre 2011 N° 199 Table des matières La compétitivité passe avant tout par la qualité EDF, Areva et Bouygues craignent que l'arrêt éventuel du chantier de l'EPR de Flamanville pèse sur les perspectives d'exportation de réacteurs nucléaires par la France. 4 Pourquoi la France se retrouve dans le viseur des marchés 5 L’économie japonaise rebondit au troisième trimestre 6 UniCredit se préparerait à augmenter son capital et à licencier 8 La Chine, financier et maître du monde 9 Performances Veille © 2011 Performances MC - www.performancesconsulting.com - Tous droits réservés 2 1 La compétitivité passe avant tout par la qualité Par Emmanuel Combe et Jean-Louis Mucchielli, professeurs à l'université Paris I. L'attention portée aujourd'hui en France à la question de la dette publique - crise de la zone euro oblige - ne doit pas dispenser d'une réflexion sur les causes profondes de notre endettement, au premier rang desquelles figurent la faiblesse structurelle de notre croissance et la dégradation continue de notre déficit commercial depuis une décennie. Quelles stratégies permettraient de restaurer la compétitivité de l'économie française et de repartir à la conquête des marchés extérieurs ? Sur cette question fondamentale, deux discours principaux se font entendre chez les économistes. Un premier en appelle à la mise en place d'une TVA sociale, qui viendrait alléger le coût du travail en France et renchérir le prix des produits en provenance des pays à bas coûts. Les effets nets d'une telle politique sur la croissance apparaissent pourtant très incertains et reposent sur une vision discutable de la compétitivité, réduite à une question de différentiel de coût de production. Un second discours milite pour la poursuite d'une politique d'investissement en R&D et dans l'enseignement supérieur, afin de développer notre compétitivité hors prix, dans la lignée de la "stratégie de Lisbonne". Pour nécessaire qu'il soit, ce second discours nous semble doublement insuffisant. D'abord, il repose sur une vision partielle de l'innovation, réduite à sa composante technologique. Ensuite, il passe à côté d'un défi politique essentiel : quel avenir propose-t-on aux travailleurs peu ou non qualifiés, et plus généralement à tous les jeunes qui ne seront demain ni ingénieurs ni chercheurs, pour qu'ils ne vivent pas la mondialisation sur le seul mode de l'exclusion ? Il est temps d'élargir notre vision de la compétitivité et de miser sur une politique qui parle enfin à tous les Français et mobilise toutes les énergies : la compétitivité par la qualité. La qualité passe d'abord par une meilleure prise en compte du service qui accompagne le produit. Songeons au cas emblématique du tourisme : la richesse de notre patrimoine ne doit pas nous dispenser de miser sur les autres dimensions de la qualité, tout au long de la chaîne de valeur, et notamment sur la qualité de l'accueil. La démarche de qualité suppose ensuite de mieux valoriser les différentes formes de créativité et d'innovation dans tous les secteurs : design, marketing, nouveaux modèles économiques, innovations d'usage, excellence de la main. Le succès des voitures allemandes n'est-il pas dû tout autant à la force de leur marque, à la qualité de leur service après vente, à leur design qu'au nombre de brevets déposés ? L'histoire récente nous démontre qu'un secteur n'est jamais dépassé, dès lors que l'imagination s'en mêle. Pour s'en convaincre, il suffit de regarder la réussite éclatante d'Apple avec l'iPhone, de la firme italienne Luxottica dans les montures de lunettes ou du français SEB dans le petit électroménager. L'exemple de l'industrie française du luxe, deuxième industrie exportatrice après l'aéronautique, est également riche d'enseignements : la mondialisation y prend même un tour inattendu et paradoxal puisque, loin de nuire aux cols bleus, elle valorise leur savoir-faire et leur créativité, qui s'exportent dans le monde entier. Pour accompagner la montée en gamme de l'ensemble de notre économie, nous proposons de lancer une marque pays "France made", véritable label de qualité qui permettra de mieux valoriser nos savoir-faire à l'étranger. Mais pour miser sur la qualité totale des produits, il est nécessaire d'accroître le niveau de qualification de chaque Français : pas de qualité totale sans qualification accrue ! En particulier, nous devons gagner la bataille de l'illettrisme, qui touche chaque année près de 5 % des jeunes de 17 ans sortis prématurément du système scolaire ; nous devons encourager la valorisation des acquis de l'expérience (VAE) et accélérer la réorientation de la formation continue à destination des moins qualifiés ; nous devons renforcer l'attractivité et la reconnaissance des métiers de l'excellence de la main. Dans la bataille de la compétitivité par la qualité, la France a besoin de tous ses enfants, de tous ses talents. Qualité des produits, qualification de tous : c'est à ces deux conditions que chaque Français verra dans la mondialisation une chance pour son avenir professionnel plutôt qu'une menace pour son emploi. Performances Veille © 2011 Performances MC - www.performancesconsulting.com - Tous droits réservés 2 C'est à ces deux conditions que nous renouerons avec une croissance économique tirée par les exportations et qui viendra mécaniquement alléger le fardeau de notre dette publique. La baisse de l’immobilier en Chine aura des répercussions mondiales Le marché immobilier chinois, pilier de la deuxième économie mondiale, commence à battre de l'aile et pourrait entraîner dans sa chute d'autres secteurs ainsi que les marché mondiaux des matières premières, estiment les analystes. Selon une enquête publiée cette semaine par le réseau Home Link China, 177 agences ont fermé au mois d'octobre à Pékin suite à une chute du nombre des transactions. Et le nombre d'appartements invendus dans la capitale a dépassé 120.000 au mois d'octobre, son plus haut niveau en 29 mois, selon des chiffres officiels rapportés vendredi le Xinjing Bao (Nouvelles de Pékin). Depuis octobre, des acheteurs récents ont protesté à Shanghai et dans d'autres villes contre des promoteurs immobiliers qui leur ont vendu des appartements, juste avant de baisser leurs prix. Mais le gouvernement a exclu d'intervenir dans l'immédiat pour enrayer cette tendance. Le Premier ministre Wen Jiabao a déclaré que les prix des logements, qui s'étaient envolés ces dernières années, devaient "redevenir raisonnables", et que les restrictions sur le crédit ou le nombre d'appartements que les particuliers peuvent acheter seraient maintenues. Ces mesures expliquent en grande partie le retournement du marché. Face à des acheteurs potentiels qui préfèrent désormais attendre que la baisse se confirme, les promoteurs ont de plus en plus de mal à convaincre. A Yueqing, près de Wenzhou (est), l'un d'entre eux est allé cette semaine jusqu'à offrir une BMW aux 150 premiers acquéreurs d'appartements dans un nouveau complexe résidentiel. La voiture offerte coûte environ 300.000 yuans (34.700 euros), soit 13% de la valeur d'un appartement dans la résidence de luxe. D'autres promoteurs offrent la climatisation ou des garages gratuits. D'après l'agence de notation Standard & Poor's, les prix pourraient tomber en moyenne de 10% d'ici un an. "Je m'attends à une tendance négative sur plusieurs mois ou même plusieurs trimestres. Les prix ont tout juste commencé à baisser et les chiffres pour le mois d'octobre ne sont pas bons", a déclaré à l'AFP Zhang Zhiwei, analyste chez Nomura Securities à Hong Kong. La baisse pourrait atteindre 15% et durera plus longtemps que celle de fin 2008 - début 2009 "car il n'y aura pas de plan de relance de 4.000 milliards de yuans" (462 milliards d'euros) comme celui décidé à l'automne 2009 par Pékin pour répondre à la crise financière, prédit de son côté Yao Wei, économiste pour la Chine de la Société Générale basée à Hong Kong. Ce plan avait été accompagné pour l'ouverture en grand des vannes du crédit, contribuant à faire flamber les prix de l'immobilier en 2009 et 2010. Mais cette politique a engendré de l'inflation en gonflant la masse monétaire et en fragilisant les banques, contraignant Pékin à resserrer le robinet du crédit. Les répercussions d'une crise du secteur de la construction de logements en Chine, qui draine un cinquième des investissements, vont se faire sentir dans d'autres secteurs, et au-delà des frontières chinoises. "Pour l'économie mondiale, le secteur le plus touché sera celui des matières premières. La demande pour le ciment, l'acier, le béton ou l'aluminium seront affectées", estime Mme Yao. La Chine est le premier producteur mondial d'acier et de ciment. "Si la baisse se confirme durant plusieurs mois, elle aura sûrement des conséquences sur l'économie mondiale", renchérit M. Zhang, qui invoque les mêmes raisons. Performances Veille © 2011 Performances MC - www.performancesconsulting.com - Tous droits réservés 3 A un moindre degré, l'électroménager et l'électronique grand public pourraient aussi être touchés, les achats d'appartement allant souvent de pair avec l'acquisition de nouveaux appareils, ajoute Mme Yao. La correction du marché devrait cependant rester limitée alors que la demande reste très forte dans un pays en voie d'urbanisation rapide. "La plupart des investisseurs ne sont pas fortement endettés, ils ont beaucoup d'apport personnel", relève Ren Xianfang, de IHS Global Insight à Pékin. Mais "l'immobilier a été une vache à lait pour beaucoup d'entreprises" et beaucoup d'entre elles vont souffrir, prévient-elle. Aussi la phase de correction qui s'amorce ne devrait-elle pas être suivie d'un boom pareil à celui des années 2009-2010, estime Yao Wei, qui prédit que les Chinois auront bientôt, en dehors de l'immobilier, plus de moyens à leur disposition pour faire fructifier leur épargne, notamment grâce au développement du marché obligataire. Copyright © 2011 AFP. La filière nucléaire française fait bloc EDF, Areva et Bouygues craignent que l'arrêt éventuel du chantier de l'EPR de Flamanville pèse sur les perspectives d'exportation de réacteurs nucléaires par la France. « On est dans la dernière phase du génie civil, 86 % a déjà été réalisé. » Antoine Ménager, le responsable EDF du chantier de l'EPR de Flamanville, ne cache pas sa satisfaction. Mais il reste l'essentiel des travaux d'électro-mécanique. « On est à la moitié du chemin », dit-il. Annoncé pour 2012, le premier réacteur français de 3 e génération ne sera pas mis en service avant 2016. Au lieu de 3,3 milliards d'euros, il devrait coûter près de 6 milliards. Pour ne rien arranger, ce chantier de 3.100 personnes a connu cette année 2 accidents mortels qui ont conduit EDF et ses partenaires à revoir toute leur organisation. L'avant et l'après-Fukushima Le réacteur d'Areva est « trop cher et trop compliqué », se plaignaient les piliers d'EDF ou Bouygues il y a encore un an. C'était avant la catastrophe de Fukushima. Aujourd'hui, l'argument leur est retourné. « Flamanville est en train de devenir un grand ratage industriel », selon Michel Sapin, député PS de l'Indre proche de François Hollande. Depuis, le candidat socialiste à la présidentielle a exclu un arrêt du chantier. Mais la filière craint que les Verts, qui veulent fermer des centrales et stopper l'EPR, ne reviennent à la charge. Elle fait bloc. Pour ses promoteurs, arrêter un tel chantier, avant même qu'il ne produise de l'électricité, serait tout simplement une hérésie. « La décision d'arrêter Flamanville serait très grave, selon un dirigeant d'Areva. Cela voudrait dire qu'il n'y aura pas de remplacement des réacteurs existants. » Bref, la fin de tout développement. « Ce serait pire que l'arrêt de Superphenix, qui était une expérimentation. » Pour Hervé Machenaud, directeur de la production et de l'ingénierie chez EDF, « la filière est un outil industriel exceptionnel résultant d'une organisation, d'acteurs et d'une dynamique industrielle, qui apporte un service d'intérêt général. Il y n'y a pas de logique industrielle à l'interrompre. » Alors que certains pays, comme la Pologne, l'Afrique du Sud ou l'Inde, envisagent de commander des EPR, la filière redoute que la France ne leur adresse des signaux négatifs. Ses piliers estiment qu'une décision de fermeture de centrales nucléaires existantes ou d'arrêt de Flamanville mettrait en cause tout développement à l'export. C'est la différence avec l'Allemagne, qui sort de l'atome mais n'a plus d'industrie nucléaire depuis dix ans. Et au contraire de la France, celle-ci dispose de fleurons industriels des énergies renouvelables. « Il y a peu de filières industrielles françaises d'excellence à l'international, Performances Veille © 2011 Performances MC - www.performancesconsulting.com - Tous droits réservés 4 seulement l'aéronautique, le cosmétique et le nucléaire, souligne un ministre. La France est-elle assez prospère pour s'en passer ? » THIBAUT MADELIN (À FLAMANVILLE), Les Echos Pourquoi la France se retrouve dans le viseur des marchés Les taux de marché s'écartent grandement de ceux de l'Allemagne. La dette française a été contaminée par la flambée des taux italiens. Paris peine à rassurer les marchés. Dans les salles de marché, l'inquiétude est encore montée d'un cran sur la France. En privé, certains grands gestionnaires de fonds confient qu'ils ne veulent plus toucher à la dette française en ce moment. Indirectement, mais clairement, la France est en train d'être contaminée par la crise des dettes souveraines de la zone euro. Depuis plusieurs jours, elle voit ses taux de marché s'écarter grandement de ceux de l'Allemagne, la référence en Europe. Jeudi, cet écart (ou « spread ») a même atteint 170 points de base, un niveau record, impensable il y a encore quelques mois. L'incroyable bourde de Standard & Poor's, qui a envoyé par erreur un message d'alerte de dégradation de la note française, démenti une heure plus tard (lire page 31), y est certes pour beaucoup. Dès vendredi, l'heure était d'ailleurs à la détente sur le marché obligataire, et le « spread » français revenait à 150 points de base. Mais pour un pays noté AAA, un tel niveau reste très élevé. Concrètement, cela signifie que l'Hexagone va devoir offrir 1,5 % de plus que son voisin allemand pour placer sa dette auprès des investisseurs. Avant la crise, l'écart était quasi nul. Début juin, il était inférieur à 30 points de base. L'écart s'est aussi creusé avec d'autres pays européens notés AAA : il atteint par exemple 110 points de base avec l'Angleterre et plus de 100 points de base avec les Pays-Bas. Craintes pour l'avenir du FESF Comment en est-on arrivé là ? La hausse de la prime de risque française est d'abord liée au sort de la dette italienne. Les déboires de Silvio Berlusconi ces derniers jours ont entraîné une flambée des taux de la péninsule, au-delà des 7 %. Cela a accéléré les craintes de voir Rome réclamer une assistance financière extérieure. Or « le AAA de la France et celui du FESF [Fonds européen de stabilité financière, NDLR] ne survivraient pas bien longtemps à cette éventualité », souligne Bruno Cavalier, chef économiste d'Oddo. Paris apporte la deuxième garantie au FESF, derrière l'Allemagne. Et les banques françaises sont les plus exposées d'Europe aux obligations italiennes, même si elles ont vendu une partie de leurs titres ces dernières semaines (lire page 32). A cela s'ajoutent des raisons plus fondamentales. La France est jugée par les marchés sur sa capacité à atteindre ses objectifs de réduction du déficit budgétaire. A cet égard, le nouveau plan d'austérité Performances Veille © 2011 Performances MC - www.performancesconsulting.com - Tous droits réservés 5 présenté par Bercy il y a une semaine a démontré la détermination du gouvernement à défendre le AAA et à respecter l'objectif d'un déficit de 4,5 % du PIB en 2012. « Ce nouveau package était plus ambitieux que prévu et contenait en plus des mesures qui porteront leurs fruits à long terme », souligne Dominique Barbet, économiste de marché chez BNP Paribas. Mais les mesures annoncées reposent sur une hypothèse de croissance à 1 % pour 2012, qui est encore jugée bien optimiste. Un ralentissement plus sévère, voire une rechute en récession de l'économie française, porterait à nouveau un sérieux coup aux objectifs du gouvernement. Les agences de notation pourraient déclasser la note de la France - pas par erreur cette fois-ci. Et c'est l'ensemble des dispositifs de secours européen qui serait alors mis à mal. GUILLAUME MAUJEAN L’économie japonaise rebondit au troisième trimestre Le pays du Soleil-Levant voit son horizon s'éclaircir. La croissance du produit intérieur brut japonais s'est établie à 1,5 % lors du trimestre de juillet à septembre par rapport au précédent, mettant ainsi un terme à une série de trois trimestres de récession, selon les données officielles publiées lundi. Le rebond des exportations et de la consommation a soutenu l'économie, conformément à la prévision médiane des analystes, qui anticipaient + 1,5 %. Au trimestre précédent, le PIB s'était contracté de 0,5 %. En rythme annualisé, le taux de croissance du trimestre juillet-septembre ressort à 6 %, contre 6,1 % attendus. A titre de comparaison, la croissance des Etats-Unis n'a atteint que 2,5 % sur la même période. Les économistes attendent un quatrième trimestre difficile en raison du cours élevé du yen et de la croissance mondiale ralentie. Les exportations nettes ont contribué à la hausse trimestrielle du PIB à hauteur de 0,4 point de pourcentage, leur première contribution positive en cinq trimestres. La consommation des ménages, qui représente quelque 60 % de l'économie japonaise, a crû de 1 %, et les investissements des entreprises ont augmenté de 1,1 %. SUITES DU TSUNAMI DU 11 MARS Le Japon a sombré dans la récession au dernier trimestre 2010 à cause d'un effritement de ses exportations et de la consommation. La décroissance s'était aggravée après le tremblement de terre et le tsunami qui ont dévasté la région du Tohoku (nord-est). Cette catastrophe naturelle a non seulement fait 20 000 morts et disparus, mais a également détruit ou endommagé des infrastructures et des usines, rompu les chaînes d'approvisionnement des entreprises et provoqué un accident nucléaire à la centrale de Fukushima. Entravée par ces multiples perturbations, la production industrielle avait plongé, entraînant une forte réduction des livraisons de produits japonais à l'étranger, notamment dans les secteurs de l'automobile et de l'électronique, dont l'archipel dépend fortement pour sa croissance. La production nippone s'est toutefois remise en marche pendant l'été, soutenue par des vigoureuses dépenses publiques de reconstruction, malgré les restrictions d'électricité imposées par les autorités à cause de l'arrêt de la plupart des réacteurs nucléaires du pays depuis l'accident de Fukushima. Les pays de l’Apec font front commun face à la crise européenne Les dirigeants des pays du pourtour de l'océan Pacifique se sont engagés dimanche à abaisser les tarifs douaniers entre eux afin de favoriser la croissance mondiale tout en se mettant à l'abri des retombées de la crise de la dette dans la zone euro. Les Etats-Unis étant parvenus à réunir une participation plus élevée que prévue à leur projet de Partenariat transpacifique (TPP), les 21 membres du forum économique Asie-Pacifique (Apec) se sont tournés vers la lutte contre les "risques baissiers notables" pesant sur l'économie mondiale. Peu avant la publication du communiqué final du sommet, le président américain Barack Obama avait appelé au développement des relations commerciales, présentées comme l'antidote aux difficultés budgétaires européennes. Performances Veille © 2011 Performances MC - www.performancesconsulting.com - Tous droits réservés 6 Dans le document commun, les dirigeants évoquent une "ère d'incertitude", non seulement du fait de la crise européenne mais aussi des catastrophes naturelles, telles que le séisme et le tsunami du 11 mars au Japon. "Ces défis n'ont fait que renforcer notre résolution à aller de l'avant par la coopération. (...) Nous reconnaissons qu'une plus grande libéralisation du commerce est essentielle pour atteindre une reprise mondiale durable après la récession globale de 2008-2009. Le communiqué exprime également une volonté forte "de soutenir une croissance solide, durable et équilibrée de l'économie régionale et mondiale". Ces termes font directement référence au reproche adressé par les Etats-Unis à la Chine et à son excédent commercial massif vis-à-vis de Washington. Autre signe de l'influence des demandes américaines, le document final mentionne l'engagement de l'Apec, quoiqu'en des termes imprécis, à réduire les tarifs douaniers sur les biens et services environnementaux, malgré l'opposition de Pékin à cette idée. L'Apec exprime son engagement à soutenir les énergies propres. PROGRÈS DU PARTENARIAT TRANSPACIFIQUE Des divergences persistent toutefois concernant certains aspects des échanges commerciaux et du marché des changes, comme l'ont illustré les tensions entre les Etats-Unis et la Chine au cours des rencontres à Honolulu. Dans son allocution finale, Obama a de nouveau appelé Pékin à laisser le cours du yuan s'apprécier plus rapidement, et souligné que les Etats-Unis continueraient de presser les dirigeants chinois d'honorer leurs obligations commerciales. "Nous allons continuer à nous montrer fermes pour que la Chine agisse suivant les mêmes règles que tout le monde", a déclaré le président américain. Selon lui, les économistes estiment pour la plupart que la valeur du yuan reste sous-évalué de 20% à 25%. Reste à savoir désormais dans quelle mesure les dirigeants pourront transformer leurs promesses en actes une fois rentrés dans leurs pays respectifs. Nombre d'entre eux, à commencer par Obama, auront du mal à ouvrir leurs pays à davantage de concurrence étrangère. Mais la principale menace reste la crise européenne, dont les ondes de choc se font ressentir dans le monde entier. "Sans une solution à la crise de la zone euro, l'économie mondiale pourrait être entraînée dans un cercle vicieux de chute de la confiance, de croissance plus faible et de disparitions d'emplois", a prévenu la directrice du Fonds monétaire international, Christine Lagarde. "Ceci affecterait tous les pays. Nous devons donc tous participer à la résolution de cette crise." Pour les Etats-Unis, la principale réussite du sommet est le lancement des discussions sur le futur Partenariat transpacifique (TPP). Initialement prévu autour de neuf pays -Etats-Unis, Australie, Nouvelle-Zélande, Singapour, Malaisie, Vietnam, Brunei, Chili et Pérou- le projet a reçu le soutien samedi du Japon, qui a officiellement demandé à y être associé. Dimanche, le Canada puis le Mexique en ont fait autant. Selon des responsables américains, les Philippines envisagent également de se joindre. La Chine n'a en revanche pas manifesté son intérêt. © 2011 Reuters - Tous droits de reproduction réservés par Reuters. Performances Veille © 2011 Performances MC - www.performancesconsulting.com - Tous droits réservés 7 UniCredit se préparerait à augmenter son capital et à licencier UniCredit doit annoncer une augmentation de capital pouvant atteindre 7,5 milliards d'euros ainsi que des milliers de suppressions de postes, ont déclaré des sources proches du dossier dimanche. Le comité stratégique, qui compte les principaux dirigeants de la première banque italienne par l'actif, étaient réunis dimanche pour discuter de ces mesures avant la décision finale que doit prendre le conseil d'administration lundi, à l'occasion de la publication des résultats du troisième trimestre. Un consensus d'analystes distribué par UniCredit donne un bénéfice net de six millions d'euros contre 334 millions un an auparavant. Selon ces sources, l'administrateur délégué Federico Ghizzoni annoncera vraisemblablement lundi une augmentation de capital toute en numéraire de sept à 7,5 milliards d'euros ainsi qu'un plan stratégique triennal, l'appel au marché étant prévu au premier trimestre, peut-être dès janvier, dans l'espoir que l'environnement se sera amélioré. Des sources ont dit en suite que le montant proposé pour l'augmentation de capital serait de 7,5 milliards d'euros. "L'idée est de convoquer une AGE en décembre et de lancer l'augmentation de capital le 9 janvier, suivant les conditions du marché", a dit l'une des sources. Mediobanca et Bank of America-Merrill Lynch dirigent le consortium bancaire pour cette opération et leur mandat expire en avril 2012. L'action UniCredit a perdu la moitié de sa valeur depuis le début de l'année et Ghizzoni est prié de renforcer les fonds propres, réduire les coûts et recentrer les opérations en Italie, en Allemagne, en Autriche, en Pologne et en Turquie. La banque, présente dans 22 pays, a un déficit de fonds propres de 7,4 milliards d'euros si elle doit respecter les normes plus rigoureuses établies le mois dernier par l'Autorité bancaire européenne (ABE). Ce montant ne tient pas compte de 2,4 milliards d'euros d'instruments hybrides qu'UniCredit peut intégrer en capital dur comme l'y a autorisée la Banque d'Italie mais Ghizzoni veut lever suffisamment de capitaux pour parvenir sans encombre au ratio Tier 1 dur de 9% de l'ABE, ont précisé les sources. Il doit toutefois convaincre les fondations, qui détiennent ensemble 13% environ du capital, d'appuyer une troisième augmentation du capital depuis 2009. Un autre problème réside dans la participation de 7,5% détenue par la banque centrale et le fonds souverain libyens, qui reste techniquement gelée en raison des sanctions internationales imposées durant la guerre civile. Les deux sources ont ajouté qu'UniCredit comptait supprimer jusqu'à 5.000 emplois dans le monde et fermer des activités basées à Londres. UniCredit s'est refusé à tout commentaire. © 2011 Reuters - Tous droits de reproduction réservés par Reuters. Performances Veille © 2011 Performances MC - www.performancesconsulting.com - Tous droits réservés 8 La Chine, financier et maître du monde L’atelier du monde devient le banquier du monde. La Chine s’intéresse à la dette européenne comme elle l’a fait pour les Etats-Unis. Sa monnaie sous-évaluée est un des facteurs de l’instabilité mondiale, mais les grandes puissances peuvent difficilement exercer une forte pression sur Pékin si, par ailleurs, ils sont ses débiteurs. - Des bébés pandas dans la crèche du centre de recherches sur les pandas géants de Chengdu. REUTERS/China Daily La Chine finance déjà le déficit des Etats-Unis: c’est aujourd’hui le premier acheteur de bons du Trésor américains par lesquels Washington peut faire face à sa dette. Et voilà que Pékin propose aux Européens de les aider en rachetant une partie de la dette des pays membres de la zone euro les plus fragiles. Certains, avec Nicolas Sarkozy, y voient une marque de confiance dans l’économie de l’Union européenne, d’autres, avec François Hollande déplorent un aveu de faiblesse lorsqu’ils ne dénoncent pas, comme Nicolas Dupont-Aignan, le recours à de l’«argent sale». En Chine, même, la proposition de Pékin n’est pas forcément bien perçue, alors que le pays doit faire face à de multiples priorités sur son marché intérieur avant d’aider les Européens à sortir de leur crise de la dette souveraine. Quoi qu’il en soit, la démarche chinoise pour venir en aide à l’euro marque l’inversion des rapports de pouvoirs dans l’économie mondiale. Un cap est franchi. Les Chinois de Shanghai ne s’y trompent pas qui, sans fausse pudeur et avec conviction, déclarent aux touristes à peine sortis de l’avion qu’ils seront, dans quelques années, les plus puissants sur la planète. Fois cinq en trente ans Avec près de 20% d’une population mondiale qui compte maintenant 7 milliards d’individus, le gisement de main d’œuvre reste énorme. Mais surtout, pays en développement, la Chine a fait progresser son produit national brut de 1,7% du PIB mondial en 1980 à 3,7% en 2000 et 8,6% en 2009. C'est-à-dire que, en une trentaine d’année, son poids dans l’économie mondiale a quintuplé. Sur la période, sa croissance annuelle a toujours été supérieure à 9%, dépassant même 10% la moitié du temps. Et de sous-développé, l’atelier du monde –qui trouve 25% de ses débouchés aux Etats-Unis et même un peu plus en Europe parce que les industriels occidentaux y ont installé des filiales produisant à meilleurs coûts– est devenu la deuxième puissance économique mondiale derrière les Etats-Unis et devant le Japon depuis 2010… et le premier financier mondial. La revanche de l’industrie, mal aimée de l’Occident. Performances Veille © 2011 Performances MC - www.performancesconsulting.com - Tous droits réservés 9 Le tiers des réserves de change mondiales Alors que les grandes puissances occidentales creusent leurs dettes, la Chine engrange des réserves. Elle n’est pas la seule dans cette dynamique où se retrouvent les plus grands pays émergents. Globalement, de 31% en 1980 et 46% en 2009, leur poids dans le monde devrait passer à 52% en 2015, alors que les pays développés ont vu leur place diminuer de 69% en 1980 à 54% en 2009, et devrait encore reculer à 48% en 2015. Dans ce retour de balancier qui consacre l’essor des émergents, la Chine mène la danse. Sur un total des réserves de change estimées par le FMI à 7.500 milliards de dollars à l’automne 2010, elle en détiendrait à elle seule 31% (loin devant le Japon qui, à 11% arrive en seconde position), libellées à 70% en dollars contre une partie croissance en euro. Ce qui explique que, tant pour entretenir ses débouchés à l’exportation que pour soutenir des monnaies dont ses coffres sont gavés, Pékin n’a pas manqué de venir au chevet des Etats-Unis et de l’Europe. Près du quart de la dette extérieure américaine Les interventions sont massives, et la stratégie de long terme. En huit ans, la part de la dette extérieure des Etats-Unis aux mains de la Chine est passée de 6% à 22%. Encore faut-il ajouter les actions détenues dans des entreprises américaines. Par exemple, lorsque la crise bancaire américaine a mis en péril les institutions hypothécaires Freddie Mac et Fannie Mae sauvées par une injection de 85 milliards de dollars de l’Etat, on s’est aperçu que Pékin y avait investi pas moins de 400 milliards de dollars. Le pays pauvre qui épargne, finance le pays riche qui vit à crédit. Trois milliards de dollars dans le fonds Blackstone, cinq milliards dans la banque Morgan Stanley, autant de vedettes de Wall Street, et combien d’autres prises de participation… CIC, le fonds souverain chinois chargé d’acquérir des positions à l’étranger, et les grandes banques du pays (trois banques chinoises figurent aujourd’hui parmi les cinq plus grosses capitalisations bancaires mondiales) sont à la manœuvre. Le rachat de la dette d’Etats européens a commencé depuis un an Dans ces conditions, la proposition de la Chine de contribuer à alimenter le Fonds européen de stabilité financière (FESF) n’est pas vraiment une surprise. Les Européens ont décidé le 26 octobre de porter ce fonds à 1.000 milliards d’euros pour soutenir les pays de l’Union les plus fragilisés par la crise de la dette souveraine, comme la Grèce, le Portugal, l’Espagne et l’Italie. Dans ces conditions, le gouvernement chinois aurait émis l’hypothèse d’injecter 50 ou 100 milliards d’euros, directement ou non. D’où les réactions diverses et opposées à l’annonce de cette immixtion de la Chine dans les affaires européennes. Certes, la perspective soudaine d’un référendum en Grèce peut remettre en question l’accord du 26 octobre tel qu’il fut ficelé. Mais les partenaires de l’euro, dans cette hypothèse, devront en concocter un autre. Et la Chine, de toute évidence, leur ferait les mêmes offres de services. Car les raisons qui l’y incitent, elles, n’auront pas changé. Il ne s’agit pas d’une première. La Chine s’est déjà dotée d’une porte d’entrée en Europe en acquérant, il y a un an, une concession du port du Pirée en Grèce, afin d’enlever une épine dans le pied d’Athènes. Elle a aussi acheté une partie de la dette du Portugal en janvier dernier et a fait des offres de service à l’Espagne. Elle a déjà acquis des titres émis par le FESF pour aider l’Irlande et le Portugal. Ainsi au total, Pékin détiendrait aujourd’hui plus de 7% de la dette globale européenne, soit quelque 380 milliards d’euros. Le yuan, une monnaie de conquête Incontournable dans l’industrie, la Chine le devient également dans le financement de la dette des pays réputés riches. Certes, ce n’est pas seulement sa force de frappe pour produire des chaussures, Performances Veille © 2011 Performances MC - www.performancesconsulting.com - Tous droits réservés 10 des jouets et des tee-shirts, mais aussi des microprocesseurs, des ordinateurs et des téléphones portables, qui l’a portée au premier rang de la finance mondiale. Le recours à une monnaie de conquête, le yuan, volontairement sous-évaluée pour augmenter la compétitivité des exportations, est aussi à l’origine de la désindustrialisation des pays développés au bénéfice de l’Empire du milieu. Aujourd’hui, à 0,15 dollar, on considère que le yuan vaut presque deux fois moins que sa valeur réelle. La concurrence monétaire génératrice d’instabilité fait d’ailleurs partie des priorités de la France qui a inscrit la réforme du système monétaire international au programme de sa présidence du G20. Mais il n’est pas sûr que les Européens puissent exercer de fortes pressions sur la Chine (en ligne de mire, bien sûr) si, dans le même temps, Pékin leur tend la main pour les aider à s’extraire de leur crise. C’est le problème politique de l’indépendance qui est posé de façon flagrante, mais il n’est pas nouveau. Gilles Bridier Performances Veille © 2011 Performances MC - www.performancesconsulting.com - Tous droits réservés 11