Mozart - Concerto pour clarinette K622
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Mozart - Concerto pour clarinette K622
Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) Concerto pour clarinette et orchestre en La majeur K.622 L’entrée “officielle” de la clarinette dans la famille des bois de l’orchestre date des années 1780, même si diverses partitions consacrant la spécificité de l'instrument, avaient vu le jour quelques années auparavant, notamment sous la plume de Haendel. Mais, en vérité, aucune pièce n'avait profondément marqué le répertoire. On pense que la clarinette dans son apparence “moderne” fut imaginée par Johann Christoph Denner (1655-1707). Denner n’avait fait que proposer une version améliorée du chalumeau - la Schalmei allemande – à la sonorité pour le moins rude et à la technique délicate. Au milieu du XVIIIe siècle, l’instrument remplaça souvent le hautbois dans les œuvres des compositeurs de Mannheim, issus pour la plupart d’entre eux de la région de Bohème. En moins d'un siècle, le chalumeau disparut et laissa la place à la clarinette, pratiquement telle que nous la connaissons aujourd’hui. L’évolution de la technique ne put se réaliser sans la rencontre entre des interprètes de renom, des compositeurs et des manufacturiers. Ce fut le cas d’Anton Stadler (1753-1812) avec Mozart. Mozart s'enthousiasma pour la sonorité de la clarinette qu’il employa dans plusieurs répertoires, du Trio des Quilles (1786) à la Clémence de Titus (1791). Le 3 décembre 1778, déjà, il écrivit à son père à quel point l’instrument qu’il venait d’entendre à l’Orchestre de Mannheim lui manquait dorénavant à Salzbourg : « Ah, si seulement nous avions des clarinettes ! Vous ne pouvez croire quel effet merveilleux peut rendre une symphonie avec flûtes, hautbois et clarinettes ». Le 7 octobre 1791, moins de deux mois avant sa disparition, il mit un point final à son unique Concerto pour clarinette. En 1789, il avait ébauché l’écriture d’un Concerto pour cor de basset. Le matériau qu’il avait mis de côté servit pour composer rapidement la nouvelle partition qu'il dédia à son ami Anton Stadler. Dès l’Allegro introductif du Concerto, la clarinette impose une présence ininterrompue. Elle module, semble hésiter, change de registre, interpelle l’orchestre, multiplie les changements de rythmes. Elle porte toute l'énergie du chant. Petit à petit, les climats apparaissent de plus en plus tendus et les contrastes s’accentuent. L’Adagio, l’une des pages les plus célèbres de Mozart, délie un cantabile d’une bouleversante tendresse. Sa puissance expressive si ramassée pourtant dans la brièveté du mouvement annonce la liberté du chant romantique, du bel canto. Le finale, un rondo allegro, s’amuse des traits de doubles croches qui font aujourd’hui encore les délices des bons amateurs. Toutefois, en arrière-plan, une inquiétude perce. Elle est d'autant plus surprenante que Mozart ne peut pas avoir conscience du temps qui lui est compté. A LIRE Mozart, chemins et chants par André Tubeuf (ed. Actes Sud / Classica, 2005)