Contenu du Guide - Boulevard Des Potes
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Préface Le mot du Président du Conseil Général de la Gironde La lutte contre les discriminations est un combat pour la justice et le respect des valeurs de la République. Inscrite dans l’article 1 de la Constitution de 1958 et dans la loi du 16 novembre 2001, l’égalité des droits est trop souvent réduite au registre des bonnes intentions. Seule la mise en place d’une politique de cohésion sociale et d’accès aux droits est capable de corriger les trop fréquentes pratiques discriminatoires. Le Conseil Général a fait de la jeunesse un des axes prioritaires de sa politique : l’égalité des droits inspire toute la politique de rénovation et de construction des collèges sur l’ensemble de la Gironde. Notre responsabilité d’élu est de mettre tous les enfants sur la même ligne de départ. Le collège ne peut se réduire à un simple lieu d’apprentissage du respect de l’autre, du civisme. Au sein de la Cité, le collège reste un lieu d’excellence où s’expriment les valeurs républicaines et laïques : c’est là que les jeunes doivent apprendre à vivre ensemble, dans le respect de leurs différences culturelles. Elaboré par des collégiens pour des collégiens, ce guide représente un exemple réussi et prometteur de mobilisation et de citoyenneté de la jeunesse de notre département. Outil de combat et d’action contre les discriminations, ce guide qui présente et détaille tout l’arsenal juridique constitue un encouragement à ne jamais renoncer au droit, à toujours dénoncer toutes les pratiques racistes et discriminatoires. Et lorsque l’appareil juridique ne parvient plus ou ne parvient pas à condamner, c’est signe que l’on n’a pas assez lutté contre les préjugés, les stéréotypes, les représentations, les peurs… J’adresse toutes mes félicitations à ces collégiens responsables qui ont su exprimer à travers ce guide leur volonté de construire une société respectueuse de valeurs républicaines. Philippe MADRELLE Sur proposition du Boulevard des Potes et avec le soutien du Conseil général, nous avons initié, en février 2007, un projet dans le cadre des Itinéraires citoyens(1). Il s’agit de créer un outil durable d’échanges et de sensibilisation à la lutte contre les discriminations pour les collèges du département. La pertinence de ce projet s’inscrit dans la dynamique de mobilisation d’un collectif de jeunes à la conception et à la réalisation de cet outil. En effet, comment s’adresser aux jeunes en étant le plus accessible possible si ce n’est en les impliquant dans la réflexion ? L’enjeu consiste à la prise de conscience de la jeunesse au principe d’égalité mis en péril par les actes discriminatoires. Car ce principe est une valeur fondamentale de notre République, il est garant du « mieux vivre ensemble », avec les uns et les autres, avec nos différences et nos richesses. C’est ainsi que nous avons sollicité 4 collèges girondins, situés en milieux urbain et rural : Yves du Manoir à Floirac, Alfred Mauguin à Gradignan, Alienor d’Aquitaine à Castillon la Bataille et Les Lesques à Lesparre. L’action se déroulant sur deux années scolaires (2006-2007 et 2007-2008), nous avons privilégié des élèves en classe de 5° et 4°. Ces jeunes volontaires, à raison de 4 à 6 par collège (22 au total), ont collaboré à l’élaboration du guide en participant à un travail de sensibilisation et de réflexion, organisé sur six séances. Ce travail a été mené avec la présence et le soutien pédagogique des enseignants. Les réunions de travail ont permis dans un premier temps de clarifier les notions et de réfléchir au contenu du guide. Puis, dans un second temps, nous avons rencontré sur deux séances un graphiste qui nous a conseillé sur l’aspect visuel du guide. Ce guide se veut simple et pédagogique afin de bien cerner la question dans toute sa complexité. Ainsi, vous y trouverez des éléments historiques, indispensables pour la compréhension du contexte actuel, des définitions et bien sûr un rappel de la loi et les moyens d’agir, le tout illustré d’exemples. Nous avons imaginé ce guide de façon à ce qu’il soit facile et agréable à parcourir. Nous n’avons plus qu’à vous souhaiter une bonne lecture et nous espérons que les citoyens en devenir que vous êtes en feront bon usage. Car chacun a la possibilité, au quotidien, de faire changer les choses, de veiller à ce que chacun ait sa place dans notre société qui se doit de permettre à chaque citoyen d’être libre, égal et fraternel. (1) Il s’agit d’ateliers d’éveil civique, animés par des associations habilitées et subventionnées par le Conseil Général qui peuvent intervenir dans les collèges, à la demande et en appui de l’équipe pédagogique, sur des thématiques citoyennes (accès aux droits des mineurs, lutte contre les discriminations, vie associative, découverte de la vie publique). Citoyenne té : être citoyen, les autres et c’est respec les lois et s’im ter et tolérer pliquer activ vie quotidienn ement dans e pour gara la ntir le bien-ê l’environnem tre de tous et ent. de Ex : - ne pas dégrader le matériel du bien de tous collège car c’est le - ne pas insu lter les autre s - ne pas crac her par terre , respecter so humain et na n environnem turel ent Pourquoi ce guide ? Le Boulevard des potes, association de lutte contre les discriminations, située sur le quartier St Michel, œuvre pour l’égalité des droits pour tous et ce, depuis plus de 15 ans. L’association forme, informe et sensibilise différents publics en matière de lutte contre les discriminations et de promotion de la citoyenneté, notamment par le biais d’actions d’éducation au quotidien dont celle de l’éducation contre le racisme en milieu scolaire. Définitions Le groupe a trouvé important de clarifier dès le départ les notions de racisme et discrimination pour bien savoir de quoi on parle et éviter les amalgames. attitude e : idéed’uou Racism personne ne rd ga à l’é de supériorité ou ou d’un groupe de mépris ce (apparence use de sa différen de personnes à ca upe religieux). gro un à e partenanc Le racisme physique, origine, ap es. rac qui hiérarchise les és et des C’est un système jug pré s de s, ue reç s idées se nourrit souvent de généralisations. Discrimination : fait de traiter différemment une personne ou un groupe de personnes dans des situations comparables sous prétexte qu’il est ou qu’ils sont supposé(s) être différent(s), en fonction de critères interdits par la loi (origine, nom de famille, sexe, religion… cf : partie « Que dit la loi ? ») L’acte de discriminer peut être volontaire ou à notre insu, c’est-à-dire sans qu’on en ait conscience. Ex : - ne pas embaucher quelqu’un parce qu’il est arabe embaucher quelqu’un parce que c’est une femme en interdit par la loi. s une opinion, c’est Le racisme n’est pa rt à son origine e personne par rappo Insulter, traiter mal un délit. ou sa religion est un ins « civilisées » rsonnes Noires sont mo Ex : penser que les pe nches que les personnes bla espérant pouvoir la payer moins cher refuser dans son groupe d’amis un autre camarade sous prétexte qu’il est « hors sujet » (ne s’habille pas ou ne parle pas comme toi, parce qu’il est gros ou petit…) il existe deux types de discrimination : - la discrimination directe : par exemple un établissement qui interdit l’entrée aux personnes handicapées - la discrimination indirecte : par exemple, une offre d’emploi pour occuper un poste de maçon qui stipule qu’il faut parler basque ; ainsi l’employeur écarte les personnes ne parlant pas le basque alors que parler basque n’est pas une compétence requise pour être maçon. Ne pas confondre racisme et discrimination : la discrimination n’est pas le racisme La discrimination est un fait, le racisme une idéologie ; donc quand on veut savoir si une personne a pratiqué une discrimination raciale, on ne cherche pas à savoir si cette personne adhère à des thèses racistes mais seulement à savoir si elle a traité différemment une personne à cause d’un des critères interdits par la loi. Ainsi, une personne n’étant pas raciste (voire même antiraciste) peut pratiquer une discrimination. En revanche, une personne qui adhère ouvertement à une idéologie raciste peut tout à fait embaucher des étrangers ou accepter des clients supposés étrangers. Les témoignages suivants ont été recueillis par les élèves du collège Mauguin auprès de leurs camarades. Ils reflètent bien ce qu’il peut se passer dans les collèges et les rapports qu’entretiennent certains élèves entre eux : un manque de respect et une banalisation des propos racistes et discriminants. « sale poubelle noire » et « sale chinoise » sont des injures à caractère raciste qui sont punies par la loi mais ce n’est pas de la discrimination. Par contre, rejeter un de ses camarades à cause de sa tenue vestimentaire par exemple ou l’exclure parce qu’il est « gros » ou « petit » ou encore parce qu’il porte des lunettes, peut constituer une discrimination. « En CE2, un de mes camarades m’a traitée de « sale poubelle noire ». J’en ai parlé à un adulte. Malheureusement il n’a rien fait. » Balkis, 12 ans Dans ce genre de situation, il faut insister, en parler jusqu’à ce qu’un adulte te prenne au sérieux. « Souvent dans les couloirs, on me traite de « sale chinoise ». Je finis par m’y faire, personne ne m’aide vraiment à y répondre. » Belinda, 12 ans ½ Il ne faut pas se résigner, c’est-à-dire accepter en subissant ces brimades qui sont souvent des souffrances quotidiennes pour la personne qui les reçoit. « Souvent, on me traite de « petit binocle » parce que je porte des lunettes. » Hugo, 11 ans Même si la personne qui se fait insulter ne dit rien, elle est blessée au plus profond d’elle. Pour mieux vivre ensemble, apprenons à nous respecter les uns et les autres. « A l’école souvent on me traite de « grosse », de « boudin ». Parfois, j’en ai marre et j’essaie d’en parler mais si je le dis à mes parents, ils vont prendre ça trop à cœur et vont s’inquiéter encore plus pour moi. » Julie, 13 ans Il ne faut pas avoir peur d’en parler à tes parents, ils sont là pour ça. Toutefois tu peux aussi te référer à un adulte de ton choix au sein de ton collège par exemple (enseignants, CPE, infirmier...). « Certains garçons de mon collège me demande de combien de mois je suis enceinte, je leur réponds en rigolant mais ça me vexe. J’en ai parlé à mes parents mais ils me disent de laisser tomber. » Lisa, 15 ans Les mots blessent et même si on choisit de ne rien dire, on prend le risque qu’un jour ça éclate violemment. Se taire, ne rien dire, n’a jamais rien résolu. Il faut être solidaire de celui qui subit contre celui qui accable. Témoignages Pré jugé : signifie littéralement « juger d’avanc e » ; juger une personne ou un choses négatives ou avoir des groupe de personnes (dire des attitudes négatives) sans vraim ent la ou les connaître. Ex : dans une classe il y a un vol de trousse et on accuse de suite quelqu’un parce qu’il est gita Lutter contre le racisme et les n ou maghrébin. discriminations, c’est d’abord lutter contre les idées reçues et les préjugés. Histoires de la Mémoire partagée Les élèves ont souhaité revenir sur certains faits historiques qui leur ont semblé utiles pour mieux comprendre le contexte d’aujourd’hui. Car l’Histoire nous apprend que notre société telle qu’elle est, n’est pas le fruit du hasard, mais que les hommes l’ont construite au travers d’évènements marquants. Les faits qui suivent ne peuvent pas à eux seuls expliquer le contexte actuel mais ils permettent néanmoins de l’envisager plus globalement. Il est important pour nous que les histoires vécues par les ancêtres des uns et des autres ne soient pas une justification à la concurrence mémoriale. Pour nous, rappeler ces moments peu glorieux de notre Histoire, sert à éviter que nous les reproduisions afin d’assurer le « vivre ensemble ». L’esclavage Un esclave est un travailleur non libre et non rémunéré qui est juridiquement la propriété d’une autre personne (souvent appelée le Maître) donc négociable et qui peut etre vendu, acheté ou loué. L’esclavagisme est le système qui vit du travail des captifs. La traite est une activité qui consiste à acheter, transporter et revendre des esclaves. Ex : la traite négrière Les premières traces de l’esclavage remontent à 3000 ans avant J-C en Mésopotamie. Plusieurs sociétés l’ont pratiqué dont la France, notamment la ville de Bordeaux, et ont ainsi contribué à la traite négrière. 12 à 19 millions de Noirs seront arrachés à l’Afrique entre le 16ième et 18ième siècle. La France proclame l’abolition de l’esclavage en 1848 alors que le Brésil est le dernier pays à avoir aboli l’esclavage en 1888. En France, le Sénat a adopté à l’unanimité la loi de 2001 reconnaissant la traite et l’esclavage comme « crime contre l’humanité ». La commémoration se fait chaque année le 10 mai. Aujourd’hui encore d’autres formes de domination et d’exploitation de l’Homme (esclavage moderne) persistent bien qu’elles soient interdites par la loi. La Shoah Le terme Shoah désigne l’extermination par l’Allemagne nazie de 40% des Juifs du monde pendant la Seconde Guerre Mondiale. En 1933, dans un contexte de crise économique, Hitler arrive au pouvoir. En 1938, Hitler accuse les Juifs de complot contre l’Allemagne et les évènements qui auront lieu lors de « la nuit de cristal » sont la conséquence même de ces propos. La Seconde Guerre Mondiale commence en 1939 et en 1942 les nazis enclenchent « la solution finale », c’est-à-dire l’extermination définitive des Juifs d’Allemagne et d’Europe. Le 27 janvier 1945 annonce la fin de la guerre avec l’entrée de l’Armée Rouge dans le camp de concentration d’Auschwitz. Au total, l’Allemagne nazie aura tué 10 millions de personnes, dont 6 millions de Juifs et 4 millions de Tsiganes, Noirs, personnes handicapées, homosexuels et opposants politiques. C’est suite à cette guerre et à ce génocide que le terme juridique de « crime contre l’humanité » apparaît lors du procès par le Tribunal militaire international de Nuremberg en 1945 où furent jugés des responsables du régime nazi. Cette notion définit « les infractions criminelles comprenant l’assassinat, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation et tout acte inhumain commis contre une population civile (…) ou bien les persécutions pour des motifs ethniques ou religieux (…) ». it du 9 au 10 m donné à la nu ristal : no ne des Nuit de c38 ulés en Allemag où se sont déro et avec ler novembre 19 impulsés par Hit s ce prémédités la destruction de é actes de violen ag ur co en a Il . ion fs. lat jui pu ins po as l’aide de la ion et des mag s lieux d’habitat isées. synagogues, de par les vitrines br ué oq ov pr uit br du nt vie e Le term Nazi : parti politique signifiant « nation C’est le parti qu al-socialisme ». i a porté Hitler au pouvoir en 1933 . a- intentionnelle, systém ermination Génocide : extée ne partie d’un d’un groupe ou d’u tique et programm ial par racisme tional, religieux ou soc groupe ethnique, na nocide du Rwanda) ou par folie. (ex : gé Antisém itisme : forme de racis religieuse à l’éga me et d’intoléra nce rd des Juifs qui conduit à la dis tion et à la persé criminacution des Juifs en tant que grou pe. Le Droit des femmes En 1789, lors de la Révolution Française, les femmes revendiquaient plusieurs droits(1), mais il aura fallu attendre encore pratiquement un siècle pour qu’une loi ouvre la voie : 1880 : ouverture de l’enseignement secondaire aux filles jusque là seulement réservé aux garçons 1907 : l’épouse peut disposer de son salaire 1920 : équivalence entre bac féminin et bac masculin 1924 : les programmes d’études dans le secondaire deviennent identiques à ceux des garçons 1938 : la femme peut avoir une carte d’identité, un passeport et ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de l’époux 1944 : droit de vote des femmes 1965 : liberté d’exercer une profession sans le consentement de l’époux 1967 : la contraception est autorisée 1975 : droit à l’IVG (Interruption Volontaire de la Grossesse) – la femme est désormais libre de disposer de son corps 1983 : loi sur l’égalité professionnelle 1991 : le harcèlement sexuel sur le lieu de travail est un délit qui est puni par la loi Comme on peut le voir, le Droit de la Femme est un Droit très récent ; aujourd’hui encore, des inégalités persistent : les femmes représentent 46% de la population française active et seulement 13% du patronat. Les inégalités homme/femme sont flagrantes dans le milieu professionnel : les femmes gagnent 20% de moins que les hommes, pour le même travail et les mêmes compétences. Elles sont en moyenne 6% des députés qui nous représentent. (1) Droit à l’instruction primaire, à la santé, la protection de la loi pour les femmes abandonnées et les filles mères, réforme du mariage et droit au divorce, accès à la citoyenneté… La France, un grand pays d’immigration Qu’est-ce qu’un immigré ? : On appelle « immigré » tout individu habitant en France mais qui n’y est pas né. C’est une personne qui a quitté son pays natal pour venir vivre dans un pays d’accueil. Un immigré peut être français s’il a demandé la nationalité française et si celle-ci lui a été accordée. Un étranger est une personne qui n’a pas la nationalité française. La plupart du temps, les personnes immigrent pour trouver du travail et ainsi subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille restée au pays. Mais le facteur économique n’est pas le seul facteur d’immigration. Les raisons peuvent être d’origine politique, familiale, sécuritaire et/ou personnelle. La France compte 4 930 000 immigrés, soit 7.4% de la population française (INSEE - recensement de la population 1999) La France a connu plusieurs vagues d’immigration depuis plus de 150 ans. Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, en pleine révolution industrielle, le pays a besoin de main d’œuvre pour effectuer le travail que les Français, pour la grande majorité paysans, ne veulent pas. L’immigration sert aussi à compenser la baisse de la natalité qui commence à cette même époque. Les premiers immigrés sont originaires des pays frontaliers comme la Belgique et l’Italie. Puis, dans les années 1920, le recrutement s’élargit vers les pays d’Europe de l’Est. Un grand nombre de Polonais s’installent en France et travaillent sur les grandes exploitations agricoles et surtout dans les mines de charbon du nord de la France. Après la Seconde Guerre Mondiale, la France doit se reconstruire et l’Etat fait appel aux travailleurs en provenance des anciennes colonies, principalement d’Afrique du Nord. Durant cette même période, ce sont les travailleurs espagnols (beaucoup se sont réfugiés pendant la guerre civile d’Espagne) et portugais qui sont le plus représentés. En 1974, l’Etat ferme ses frontières mais le droit d’asile et le regroupement familial sont toujours appliqués. L’immigration est une richesse pour la France que ce soit en terme économique, culturel, politique ou social total des ime que 20% du Aujourd’hui, on est parent ou un ins mo au t nce on personnes nées en Fra grant. mi i est arrivé comme im un grand-parent qu Des personnages célèbres venus de l’immigration : Marie Curie, Emile Zola, Charles Aznavour, Isabelle Adjani, Zinedine Zidane… Que dit la loi ? En France, la Déclaration des Droits de l’Homme de 1789 et l’article 1 de la constitution de 1958 interdisent toute discrimination fondée sur la race : « (…) La France assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion. (…) ». De même, au niveau international, la charte des Nations Unies de 1945 interdit les discriminations liées à la race ou à l’origine ethnique. Des lois antiracistes existaient déjà mais la reconnaissance du phénomène de la discrimination apparaît plus tard. En effet, au-delà du racisme à proprement dit, la discrimination s’opère de façon plus subtile et implicite. Interdire les actes et injures racistes est primordial mais il faut également reconnaître les droits de chaque citoyen et les traiter à égale dignité. C’est l’Europe, qui en 2000, à travers deux directives (directives 2000/78/CE et 2000/43/CE) soumet aux Etats membres la mise en place de moyens favorisant la lutte contre les discriminations en matière d’emploi et de travail. C’est donc dans ce contexte que la loi relative à la lutte contre les discriminations de 2001 est votée. D’autres lois avaient auparavant ouvert la brèche mais celle-ci va plus loin : elle élargit les domaines où les discriminations sont interdites, la charge de la preuve est répartie entre la victime et l’auteur présumé de la discrimination (cf : Comment agir ? – les preuves), les syndicats et les associations ont désormais le droit d’agir en justice et enfin, l’inspection du travail dispose d’une plus grande liberté pour mener ses enquêtes. C’est donc une étape importante en matière de lutte contre les discriminations. La loi du 16 novembre 2001 interdit toute discrimination envers une personne selon 18 critères : 1.l’origine exemple : le pays d’où viennent les parents, le lieu de résidence (j’habite tel ou tel quartier), l’origine sociale (milieu ouvrier …) 2.le sexe exemple : l’inégalité de traitement entre les hommes et les femmes en matière de rémunération 3.la situation familiale exemple : famille monoparentale, personnes pacsées, ou encore si mon père ne travaille pas à la banque et que je veux y faire un stage 4.les mœurs (façon de vivre) exemple : le nomadisme pour les gens du voyage 5.l’apparence physique exemple : le poids, la taille, l’esthétique, la tenue vestimentaire 6.l’âge 7.le patronyme (nom et prénom) 8.l’état de santé ou handicap (sauf inaptitude constatée par la médecine du travail) exemple : personnes malades atteintes du SIDA 9.l’orientation sexuelle (homosexualité, bisexualité, transsexualité) 10.les caractéristiques génétiques exemple : trisomie, malformation, déficience intellectuelle… 11.l’opinion politique 12.l’activité syndicale (syndicat : regroupement de travailleurs pour la défense des droits des salariés) exemple : freiner la carrière d’une personne dans une entreprise parce qu’elle est syndiquée 13.l’activité mutualiste (mutuelle : organisation de droit privé proposant un système d’assurance et de protection sociale) 14.l’exercice normal du droit de grève 15.l’état de grossesse exemple : le refus d’embauche ou le licenciement d’une femme parce qu’elle est enceinte l’appartenance ou la non appartenance réelle ou supposée à : 16.une ethnie 17.une nation 18.une religion la loi interdit que l’on puisse priver une personne ou un groupe de personnes d’accéder à : • l’activité sociale : les loisirs (entrer dans un cinéma, une discothèque, un restaurant…), l’éducation (à l’école, à l’Université), les services publics (les hôpitaux, les transports en commun…), le logement • l’activité économique : refus pour l’ouverture d’un compte dans une banque… • l’activité professionnelle : refus d’embauche, licenciement, évolution de carrière freinée, refus de formation professionnelle, les salaires différents entre hommes et femmes… Si on ne respecte pas la loi, on risque une peine de prison de 3 ans et/ou une amende de 45 000€ mais aussi une sanction disciplinaire s’il s’agit d’un salarié de l’entreprise. Pour les établissements recevant du public (discothèques, magasins…) et pour le service public (ANPE, Caisse d’Allocations Familiales…), la peine peut monter à 5 ans d’emprisonnement et/ou 75 000€ d’amende. Comment agir ? Ici, les jeunes ont réfléchi aux moyens existants ou à mettre en place facilement dans chaque collège pour prévenir, sensibiliser, et punir les actes discriminatoires quand cela devient nécessaire. Agir, c’est défendre ses droits, se faire respecter en tant que citoyen à égale dignité, faire respecter les valeurs d’égalité de notre République et aussi faire en sorte, en bravant la loi du silence, que ces actes ne se reproduisent plus. Des moyens existent pour agir, utilisons-les. 1.La prévention - la sensibilisation : les adultes doivent sensibiliser les jeunes afin de les faire réfléchir - une attitude exemplaire : tout le monde, les adultes comme les adolescents, doivent adopter une attitude exemplaire les uns envers les autres ; ne pas banaliser avec des mots les discriminations 2.En parler, dialoguer ( réunion avec d’autres collégiens pour parler du sujet) 3.Faire appliquer le règlement intérieur qui doit être explicite au sujet de la lutte contre le racisme et les discriminations 4.Informer les parents de l’auteur et de la victime ainsi que les adultes du collège (CPE, le Principal, l’infirmier(e), l’assistante sociale…) 5.Donner des sanctions exemplaires (excuses orales et/ou écrites, travaux d’intérêt général, sanction en rapport avec la faute commise : par ex, faire un exposé sur le sujet) 6.Contacter les associations (LICRA, SOS Racisme, Ligue des Droits de l’Homme, France-Libertés Gironde, Ni Putes Ni Soumises, Boulevard des Potes…), la HALDE (Haute Autorité à la Lutte contre les Discriminations et pour l’Egalité) ou la COPEC (Commission Pour l’Egalité des Chances) qui est présidée par le Préfet, l’Inspecteur Académique et le Procureur de la République. 7.Faire marcher la loi : porter plainte, collecter des preuves, des témoignages, mettre en place des testings, écrire au Procureur de la République. Dorénavant, il existe des pôles anti-discriminations dans chaque tribunal que l’on peut saisir. La plainte doit être déposée dans les trois ans qui suivent les faits. Les preuves Les conséquences Souvent, la discrimination s’opère de façon subtile, d’où la difficulté de prouver qu’il y a bien eu discrimination. Ainsi, la loi de 2001 stipule que la personne mise en cause doit prouver que sa décision s’appuie sur des éléments étrangers à toute discrimination. Toutefois, la victime doit aussi fournir des preuves qui expliquent pourquoi et comment elle estime avoir été discriminée. Si la discrimination est reconnue, le juge peut condamner l’auteur à une amende très forte ou à une peine d’emprisonnement. • Constat d’un huissier de justice • Constat de police ou de gendarmerie • Les enregistrements sonores • Les écrits • Les témoins • Les éléments relevés lors d’un testing Huissier de justice : personne m par la justice po andatée ur faire en sorte que la loi soit appliquée, c’es t aussi un témoin de justice. Il constate des fa its et écrit un ra pport ; c’est un preuve inconto e urnable ; qu’on ne peut pas remettre en qu estion. nt en faisant se un acte discrimina ur prouver s’il y a po nt me sse bli éta e personne ou un lui répond le fait de tester un deux personnes. On cessivement. suc ts Testing : c’est rso en fér dif es bre d’hôtel pour ambre pour typ am ch de ch e e es un un nn er er erv erv pe rés s présenter de présente pour rés éen demande à se rop in eu ica ayant les e afr es typ e nn de typ rso e pe de ambre. Les deux s tard, une personn Ex : Une personne ch plu e un tes nu te mi sui sur la couux de tué t mplet. De lui propose tou st forcément effec que l’hôtel est co te, le réceptionniste de traitement s’e da ce en me fér mê dif la la à ), deux personnes taire, politesse, etc istrement. ge, tenue vestimen un appareil d’enreg mêmes critères (â . loi la r pa er, des témoins et it issi hu erd int un i e so tèr cri ec , leur de peau able d’avoir av de test, il est préfér Mais dans ce genre Contacts La HALDE 11 rue Saint-Georges 75009 Paris – 01.55.31.61.00 www.halde.fr - [email protected] La LICRA Les Jardins de Gambetta Tour 3 74, rue Georges Bonnac 33000 Bordeaux – 05.56.96.06.82 www.licra-paris.org - [email protected] SOS Racisme Gironde 29 rue Bergeret 33000 Bordeaux – 05.56.31.20.28 www.sos-racisme.org - [email protected] La Ligue des Droits de l’Homme BP 5 33023 Bordeaux – 05.56.81.31.00 France-Libertés Gironde Hôtel de Ville, av Vignau d’Anglade 33560 Carbon-Blanc – 05.57.77.68.67 Boulevard des Potes 29 rue Bergeret 33000 – 05.56.31.94.62 ou 05.56.31.20.28 www.boulevard-des-potes.org Ni Putes Ni Soumises Gironde Aquitaine 29 rue Bergeret 33000 Bordeaux – 05.56.31.20.28 [email protected] Nabila Benameur (12 ans, collège Yves du Manoir) Loïc Blanc (12 ans, collège Alienor d’Aquitaine) Julien Blondeau (12 ans, collège Alienor d’Aquitaine) Idir Bouchakour (13 ans, collège Yves du Manoir) Timothée Delabrouille (13 ans, collège Alfred Mauguin) Cyril Dessaigne (12 ans, collège Alfred Mauguin) Dalila El Barnoussi (14 ans, collège Alienor d’Aquitaine) Marouane El Harrak (14 ans, collège Yves du Manoir) Salima Haddouch (13 ans, collège Alienor d’Aquitaine) Riyad Karbia (12 ans, collège Alfred Mauguin) Chloé Martinez (12 ans, collège Alienor d’Aquitaine) Marion Oliveira (12 ans, collège Alfred Mauguin) Tara Palacios (12 ans, collège Les Lesques) Mélissa Rabin (12 ans, collège Les Lesques) Mélanie Ruiz (12 ans, collège Alfred Mauguin) Hadja Sedef (13 ans, collège Yves du Manoir) Aurore Simon (14 ans, collège Les Lesques) Jihane Skakri (14 ans, collège Alienor d’Aquitaine) Caroline Tessier (12 ans, collège Alfred Mauguin) Brice Torres (13 ans, collège Yves du Manoir) Elise Uijttewaal (12 ans, collège Les Lesques) Naokky Van-Eecke (13 ans, collège Yves du Manoir) Nos remerciements s’adressent également aux professeurs référents, qui ont accompagné les élèves tout au long du projet et qui ont su, à travers cette action, mettre en place une dynamique interne à leur établissement : Mme Claudie Auzon & M. Mohamadou Bengue (Collége Aliénor d’Aquitaine), Mme Josiane Gouault (Collège Alfred Mauguin), Mme Dominique Seguin (Collège Les Lesques) & Mme Nassera Zitouni (Collège Yves du Manoir). Nous tenons à remercier M. Denis Siot et M. Stéphane Etchevers du service jeunesse du Conseil Général de la Gironde qui ont soutenu cette action, ainsi que Mme Catherine Studer qui a contribué à toutes les étapes du projet. Coordination de l’action : Hélène Boineau (Boulevard des Potes) conception graphique : Damien Doumax Remerciements Nous tenons à remercier les élèves suivants pour leur participation à ce projet, leur sérieux, leurs réflexions pertinentes et leur volonté à contribuer à la prise de conscience sur la question des discriminations :