«Le statu quo me semble impossible» SERGIO - forum

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«Le statu quo me semble impossible» SERGIO - forum
SERGIO ERMOTTI. Invité hier par le salon Invest’13 à Genève Et interviewé par L’Agefi sur la grande scène du Bâtiment des Forces
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jeudi 26 septembre 2013 // 08:34
«Le statu quo me semble impossible»
vendredi, 20.09.2013
SERGIO ERMOTTI. Invité hier par le salon Invest’13 à Genève Et interviewé par
L’Agefi sur la grande scène du Bâtiment des Forces motrices
Que représente Genève pour vous et pour UBS?
Comme Tessinois, au début de ma carrière, Genève représentait la Suisse internationale. Zurich l’est aussi un peu devenue... Pour UBS, Genève
est le deuxième pôle du pays en termes d’activités.
Comment évaluez-vous son développement?
En phase actuellement avec la Suisse dans son ensemble. Ni plus, ni moins.
Pensez-vous que les Etats européens vont tenter d’imposer à la Suisse un accord semblable à celui récemment conclu avec les Etats-Unis
pour résoudre la question du passé dans la gestion privée?
La Suisse a engagé des négociations bilatérales avec différents pays européens, et la tendance générale initiée par les Etats-Unis ne va pas
s’arrêter. Il s’agit d’encourager toute initiative visant à aligner la Suisse sur les standards internationaux en matière de conformité fiscale, de
régularisation des clients et de paiements des impôts dûs aux autres Etats. Une solution doit également être trouvée pour régler la question du
passé et protéger les collaborateurs bancaires. Mais il n’est pas facile de faire converger ces différents intérêts. Concernant l’Europe, une
solution globale s’inspirant de l’accord sur l’impôt libératoire conclu avec l’Autriche et le Royaume-Uni (Rubik, ndlr) serait évidemment
souhaitable. Le principal obstacle actuellement, c’est une acceptabilité différente selon les pays et les systèmes. Mais ça peut encore évoluer.
Avec MiFID II en Europe et d’autres nouvelles réglementations, la gestion transfrontalière d’avoirs privés est-elle menacée?
C’est l’un des aspects que nous aimerions résoudre. Pour le secteur financier suisse, il est capital de pouvoir servir les clients étrangers sans
présence sur leur lieu de résidence. Il faut résister à la tentation de rechercher des solutions unilatérales. Une solution doit être trouvée au
niveau de la Suisse. Mais tous les Etats n’ont pas non plus intérêt à rendre la place financière suisse plus forte.
Il y a deux ans, UBS a déclaré que, sur les 1500 milliards de dollars sous gestion, environ 35 milliards pouvaient être sujets à des
problèmes de conformité fiscale. Comment ce chiffre a-t-il évolué?
Nous avons actuellement 1700 milliards de francs sous gestion. Il y a deux ans, par rapport à ces questions, nous nous attendions à des sorties
nettes de capitaux comprises entre 15 et 30 milliards. Nous sommes actuellement proches du montant le plus élevé, mais le mouvement a été
compensé par les collectes d’argent frais, qui ont atteint 36 milliards au premier semestre de cette année, et 47 milliards l’an dernier. Des
mouvements de cette ampleur sont tout à fait gérables pour UBS.
Quelle proportion du net new money est déposée en Suisse?
Nous ne donnons pas ce genre d’information. Mais la tendance est nettement à l’internationalisation des clients. Pour des family offices et des
personnes fortunées ou très fortunées, quel est l’intérêt de détenir des avoirs en Suisse alors qu’ils peuvent recevoir les mêmes services ailleurs?
Du point de vue d’UBS, tant que les actifs restent dans le groupe, que ce soit en Suisse ou ailleurs, rien ne change. S’agissant d’UBS Suisse, ne
soyons pas complaisants: le trend vers l’internationalisation des dépôts est de plus en plus visible. Les autres places financières continuent
d’améliorer leur attractivité.
UBS a-t-elle des procédures permettant de vérifier en Suisse que les nouveaux fonds sont fiscalisés dans le pays d’origine du client?
Nous faisons tout notre possible pour faire en sorte que nos clients soient en règle avec le fisc, même s’il n’est probablement pas toujours
possible d’obtenir des preuves définitives. Les clients doivent répondre à nos questions, mais les banques n’ont pas vocation à devenir des
autorités fiscales par délégation. La fiscalité reste de la responsabilité du client.
L’an dernier, UBS a annoncé une accélération de sa stratégie, impliquant en particulier un redimensionnement de l’investment
banking. Où en êtes-vous?
Cette stratégie a été entièrement réalisée. La transformation a eu lieu. Nous travaillons toujours à régler les questions liées au passé dans le
private banking, mais nous sommes engagés dans la bonne direction.
UBS, en collaboration avec Goldman Sachs, a conseillé Vodafone dans la récente cession de sa participation dans Verizon Wireless,
transaction à 130 milliards de dollars. Ce mandat reflète la nouvelle stratégie dans l’investment banking?
Cette opération a été très importante pour nous. Elle illustre en effet que l’investment banking est un élément central dans les activités où nous
sommes forts.
En Suisse, le débat politique a été relancé sur la nécessité de séparer la banque d’investissement de la gestion privée et de la banque de
détail. Quelles solutions UBS a prévues si ce splitting était imposé?
Nous suivons ce débat, et nous y répondons de différentes manières. La réponse réglementaire à la crise financière et à la crise d’UBS a été un
succès. Le système financier suisse s’affirme comme l’un des plus solides du monde, si ce n’est le plus solide. Nous appliquons pleinement les
exigences de Bâle III. Nous nous concentrons sur les activités de banque d’investissement qui sont nécessaires pour le wealth management ou
nos clients corporate. Le débat sur la séparation entre banque d’investissement et autres activités est devenu une affaire un peu politicienne.
Notre réponse à la problématique too big to fail a été de rendre UBS beaucoup plus facile à gérer. J’ai de la peine à comprendre que des gens qui
demandent la séparation sont ceux-là même qui entendent promouvoir la Suisse en tant que centre financier d’importance. Il est d’ailleurs
difficile d’avoir une conversation professionnelle sur ce thème. Par exemple, une activité aussi courante que les changes appartient-elle à la
banque d’investissement, ou pas?
Cette séparation est aussi demandée par des actionnaires importants.
A ma connaissance, il n’y en a qu’un qui ait fait une telle demande. UBS a-t-elle pris des mesures pour assurer la continuité des opérations en
cas de nouvelle crise grave?
Dans le retail en particulier, le crédit aux entreprises, le trafic des paiements?
Nos plans ont été transmis au régulateur, et nous voulons encore les améliorer. En cas de crise grave, toute banque doit pouvoir régler sa
situation de manière ordonnée, dans un processus clair et transparent.
De nombreuses banques de gestion privée sont en vente aujourd’hui en Suisse. UBS est-elle intéressée par des acquisitions?
Nous serions arrogants d’affirmer que la consolidation ne nous intéresse pas, en Suisse ou ailleurs dans le monde. Nous ne sommes pourtant pas
le consolidateur le plus naturel en Suisse. Si certaines banques continuent de perdre de l’argent ces prochains trimestres, il est probable que des
fusions se concrétiseront avant que nous ne devenions actifs. Des banques peuvent être à vendre pour des raisons économiques, ou pour des
raisons structurelles, en particulier liées au passé. Personne ne veut acquérir des problèmes liés au passé.
Comment voyez-vous l’évolution des gérants indépendants en Suisse?
La réglementation s’est considérablement renforcée au niveau international. Entre 2011 et 2012, chaque jour, une soixantaine de nouvelles
réglementations ont vu le jour quelque part dans le monde. Certaines ne concernent que les banques, certaines visent les autres intermédiaires
financiers. En Suisse, la tendance est clairement à la mise en place de changements importants. Tout cela pourrait remettre en cause certains
modèles d’affaires. Par ailleurs, on peut toujours se demander quel est le service rendu par un intermédiaire financier. Une boutique d’asset
management connaissant précisément ses forces pourra développer son business model de manière satisfaisante. En revanche, la gestion
autonome d’avoirs de clients risque de devenir très difficile, à cause des attentes élevées des clients (surtout les plus jeunes) et des
réglementations. Certains intermédiaires financiers ont évolué, d’autres ont résisté au changement. Mais le statu quo me semble impossible.
Interview:
Nicolette de Joncaire
Sébastien Ruche
(transcription de l’anglais)
Investisseurs et propension au risque Les investisseurs privés sont-ils toujours aussi peu enclins à prendre des risques? Que fait UBS
pour les motiver, pour améliorer la confiance?
Au cours des vingt-cinq à trente dernières années, le niveau de cash dans les portefeuilles s’est maintenu entre 15% et 20%. Ces sept à huit
derniers trimestres, la moyenne oscillait entre 27% et 29% pour les clients non américains. Et elle a encore progressé au deuxième trimestre de
cette année. La tendance devrait se poursuivre. Les clients américains sont très orientés long terme. Leur niveau de cash est par tradition
légèrement supérieur à 10%, mais il s’approche actuellement des 20%. Nous offrons des conseils encourageant les clients à adopter une vision
de long terme. Mais ce n’est pas facile, pour les entrepreneurs en particulier, qui sont beaucoup dans le quotidien. Pour que les clients retrouvent
de la propension au risque, il faudrait que la situation se normalise en Europe, aux Etats-Unis, en Asie. Il faudrait également un apaisement des
tensions géopolitiques.
Les dernières annonces de la Réserve fédérale, mercredi, ont été bien accueillies par le marché, mais elles ne modifieront probablement pas la
propension au risque. Au contraire, elles pourraient créer de la frustration, puisque les clients ne veulent pas entrer sur le marché aux niveaux
actuels. Surtout si la Fed déclare que l’oxygène nécessaire pour le système financier ne peut pas être retiré. Cette situation génère des craintes
pour la stabilité à long terme. Je ne m’attends pas à une modification de l’appétit au risque ces prochains trimestres.
Avec quels effets sur vos marges?
Depuis deux ans, la propension au risque n’a pas changé d’un trimestre à l’autre. Nos prévisions n’ont donc pas évolué non plus. La volatilité
du rendement des actifs est extrêmement élevée. Notre objectif se situe entre 95 et 105 points de base. Sur les deux premiers trimestres de
l’année, ce rendement a été proche de 95 points de base pendant deux mois. Il est resté sous ce niveau le reste du temps. Les prévisions sont très
difficiles à cause de cette volatilité. Nous ne prévoyons pas de changements majeurs par rapport aux trois ou quatre derniers trimestres.
(NJN/SR)
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