Quelle(s) langue (s) - Production des enseignants et des chercheurs

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Quelle(s) langue (s) - Production des enseignants et des chercheurs
FARHOUH Fattoum Yamina, doctorante à l’université de Jijel en Algérie
Quelle(s) langue (s) parle-t-on en Algérie ?
Résumé
Parler une langue en Algérie n’était pas toujours un choix mais plutôt une obligation
imposée au peuple et non dissimulée ou occultée c’était là le malheur des aïeuls
algériens qui n’avaient aucun choix à faire même pour leur propre langue et même
plus, leur incapacité à se cloitre et s’assembler sous le toit d’une seule langue leur avait
été même peut être si on ose dire une espèce de désir refoulé et n’ayant pu le satisfaire,
une frustration. Pris entre deux feux, les algériens se sont trouvés toujours en dilemme
entre être arabe, devenir arabe ou plutôt rester arabe. C’est ce que Kateb Yacine
voulait dire peut être en disant : « si nous sommes des arabes à quoi sert de nous arabiser et si
nous le sommes pas, pourquoi nous arabiser»?
Mots
clé :
langue,
l’arabe,
le
français,
le
berbère,
plurilinguisme,
interférences…
Introduction
La question de l’utilisation d’une langue commune a été toujours un problème de
pratique constant qui ne cesse de puiser ses ressources dans l’Histoire d’Algérie et de
son ethnologie. Une Histoire assez riche qu’a connu l’Algérie à travers tous ses
envahisseurs ne peut qu’aggraver la situation linguistique et le choix d’une langue,
langue véhiculaire car l’ethnologie de son peuple qu’est assez diverse et qui relève des
quatre coins de la terre est assez profonde et compliquée d’où la complexité et la
difficulté de cerner et d’identifier une langue commune. Mais quelle langue utilise-t-on
en Algérie ?
Tout au long de son histoire, l’Algérie a subi oppression, hégémonie et aliénation
mais elle a toujours pu résister à la déculturation/acculturation, en préservant ses
langues mais devenant néanmoins un pays « multiculturel ». Cette diversité culturelle
a entrainé une diversité linguistique faisant de ce pays un espace multilingue par
excellence.
La diversité du contexte linguistique algérien a donné lieu à des pratiques langagières
particulières au sein des communautés linguistiques aussi bien au niveau de l’individu
que de la société. D’ailleurs, Calvet définit les communautés comme étant des entités
qui « se côtoient, se superposent sans cesse. Ce plurilinguisme fait que les langues sont constamment
en contact. Le lieu de ces contacts peut être l’individu (…) ou la communauté1 ».
Cette diversité est due à la multitude d’invasions : byzantines, romaines, vandales, des
conquêtes arabes, des colonisations : espagnole, turque et finalement française. La
succession de ces invasions ont introduit, avec elles, non seulement des cultures mais
aussi des langues et des variétés.
1. Situation de plurilinguisme
La situation sociolinguistique de l’Algérie est à la fois diversifiée et complexe.
L’observateur peut remarquer que ce pays est un territoire « multilingue » se
caractérisant par la coexistence de plusieurs langues et variétés. On y trouve
notamment deux communautés nationales la communauté arabophone et la
communauté berbérophone, plus une langue dite étrangère mais omniprésente et
presque partagée par tout le monde : le français.
1.1 L’arabe classique (littéraire)
Variété chamito-sémique née au Moyen orient et le Golf persique, l’arabe classique a
fait son introduction en Afrique du Nord à la suite de l’arrivée des Fatihins arabes qui
ont transmis cette langue du coran aux magrébins après leur conversion à l’Islam.
Cette langue a subi marginalisation et oppression durant la période coloniale, mais dès
l’indépendance du pays en 1962 ? le nouvel état algérien décida de la réhabiliter en la
proclamant « langue nationale et officielle ». C’est une langue réservée aux situations
formelles, elle n’est guère parlée dans la vie quotidienne de tous les jours. Elle est
jugée par la pureté, la régularité et la noblesse car elle est la langue du coran.
1
Calvet, L-J. (1994), la guerre des langues et les politiques linguistiques, Paris :Hachette, coll. Plurielle.
1.2 L’arabe moderne
Variété de l’arabe, considérée comme la langue des mass médias, des débats politiques
et de la littérature moderne, l’arabe moderne est aussi la langue des échanges
universitaires et de la communication entre les locuteurs arabophones. Elle a un statut
privilégié (par rapport à l’arabe algérien), étant donné le prestige que lui confère une
certaine tradition islamique.
1.3 L’arabe algérien (dialectal)
Langue maternelle de la plus grande partie de la population « arabophone », l’arabe
dialectal, péjorativement considéré comme dialecte, est perçu comme une déformation
de l’arabe classique. Elle est méprisée par les défenseurs de l’arabisation qui n’y
voient qu’un mélange de plusieurs langues, contrairement à l’arabe classique qui, elle,
est valorisée car elle porte la pureté et l’authenticité de la langue du coran. « Les
dialectes orientaux ou maghrébins se sont toujours démarqués de la norme cultivée et écrite par des
sensibles différences phonétiques, voire phonologiques2 », écrit Khaoula à propos de cette
langue qui se caractérise, par ailleurs, par spécificités phonétiques et sémantiques.
1.4 Le berbère
La langue berbère est la langue maternelle d’une communauté importante de la
population algérienne. Elle est principalement utilisée en Kabylie, dans sa variante la
plus répandue d’ailleurs le kabylie, dans sa variante la plus répandue d’ailleurs le
kabyle, dans les Aurès, le chaoui, et dans le M’zab le M’zabi, mais aussi dans d’autres
régions du Sahara, du Maghreb et de l’Afrique subsaharienne. Réservé essentiellement
à l’oral, le berbère était, naguère, très peu utilisé à l’écrit. Ceci a fait d’elle une langue
minorée malgré son ancienneté, son histoire et sa culture très riche.
Mais depuis avril 2002, le Tamazight (autre appellation de cette langue) est proclamé
« langue nationale » dans la nouvelle constitution algérienne. Aujourd’hui, nous
pouvons affirmer que la situation du berbère et sa place a nettement évolué : il y a des
2
Taleb Ibrahimi, K. (1997), Les Algériens et leur(s) langue(s), Alger : Dar El Hikma, p 28.
écoles qui enseignent cette langue ; il existe un journal télévisé, des pages dans des
quotidiens, des chaines radio, des publicités en tamazight.
1.5 Le français
Le français en Algérie est une langue au statut problématique, elle est à la fois langue
partagée, langue étrangère, langue d’opportunités…., mais toujours langue inéluctable.
L’Algérie est le deuxième pays francophone après la France et la langue française y est
très présente.
En effet, le français occupe une place prépondérante dans la société algérienne et à
tous les niveaux : économique, social et éducatif, perçue comme étant une langue de
prestige, le français est largement utilisé dans les médias (une profusion de titre en
français, une chaine nationale « chaine 3 » émettent en français…). Le français reste la
langue internationale de la culture, de la politique et de la diplomatie. Sa renommée et
sa célébrité sont universellement démontrées.
Taleb Ibrahimi souligne que la langue française est celle « qui a la plus perduré et influencé
les usages, et de ce fait a acquis un statut particulier dans la société magrébine3. » Officiellement,
le français est considéré comme la première langue « étrangère » du pays, mais dans la
réalité le français n’est « étrange » du pays, mais dans la réalité le français n’est
« étrange » pour personne.
Cette multitude de langues a eu, bien sûr, des empreintes sur les usages linguistiques
des locuteurs algériens, dans la mesure où ces derniers recourent à l’alternance
codique, à l’emprunt, au calque et à toute sorte de phénomènes poly glossiques dans
leurs conversations, comme elle a eu aussi des incidences sur les langues qu’ils
utilisent.
2. Spécificité du français parlé en Algérie
L’hétérogénéité de la population algérienne ainsi que les différentes étapes qu’elle a
connues durant son histoire ont favorisé la pénétration des cultures et langues venues
3
Taleb Ibrahimi, K. (1997), Les Algériens et leur(s) langue(s), Alger : Dar El Hikma, p35.
de l’occident. Le français se trouve ainsi côte à côte avec les langues nationales
algériennes.
Le français tel qu’il est pratiqué en Algérie est « arabisé ». Et ne s’assimile pas
strictement à celui dont usent les Français, parce qu’il est influencé par les langues en
présence en Algérie. Les besoins langagiers des individus algériens diffèrent par la
façon d’exprimer une autre réalité. L’innovation est un autre aspect fondamental de la
différenciation. Dans chaque groupe, les locuteurs se servent des ressources de la
langue et l’animant d’une dynamique propre. C’est bien la créativité linguistique des
locuteurs qui est à l’origine des néologismes par exemple.
Les francophones algériens ont deux manières de parler français :
-avec une prononciation française (ou très proche).
- avec un fort accent algérien.
Nous choisissons les deux catégories citées par Caubet qualifiés de « locuteurs
exclusifs de français algérien ou caméléons ». Les caméléons sont ceux qui sont
capables de produire les deux catégories de français ou des « « non algériens » soit
pour exprimer une certaine intimité lorsqu’ils sont face à d’autres Algériens.
L’algérianisation du français peut être remarquée dans les mélanges de codes (ou code
switching), « caméléons et autres algérianisent le français lors du mélange de codes ».
Cette créativité est due à la difficulté de trouver le terme exacte en arabe algérien mais
aussi à ce plaisir de créer un nouveau mot, ce qui met en place la fonction « ludique »
de langage. Le français parlé en Algérie diffère de celui paren France lé et on ne peut
parler de français algérien sans parler de /r/ roulé « c’est une des caractéristiques
phoniques de la population masculine. », en laissant pour les femmes un/R/ grassayé
dont la prononciation est « à la française ».
La prononciation algérianisée du français est liée à l’identité maghrébine, Caubet a
souligné que « la question identitaire est une partie intégrante de la constitution de la
communauté linguistique ».
La situation de contacts de langues dans laquelle se trouve l’Algérie a affecté le
comportement langagier des Algériens (bilingues voire monolingues) et a donné lieu à
différents phénomènes linguistiques.
3. Le français pendant la période coloniale
Dès les premières années de la colonisation, une entreprise de désarabisation et de
francisation est menée en vu de parfaire la conquête du pays. Rovigo, en 1843, ne va-til pas jusqu’à écrire :
« Je regarde la propagation de l’instruction et de notre langue comme le moyen le plus efficace de
faire des progrès à notre domination dans ce pays… le vrai prodige à opérer serait de remplacer peu
à peu l’arabe par le français (…) qui ne peut marquer e s’étendre parmi les indigènes, surtout si la
génération nouvelle vient en foule s’instruire dans nos écoles4 ».
Les mesures discriminatoires à l’encontre de la langue arabe et de son enseignement
vont se multiplier et aboutir à la destruction des mosquéeset zaouias, structures et
institutions de l’enseignement traditionnel qui, aux dires du général Domnas : « était
beaucoup plus répandu en Algérie qu’on le croit généralement. Nos rapports avec les indigènes des
trois provinces ont démontré que la moyenne des individus du sexe masculin sachant lire et écrire,
était au moins égale à celle que les statistiques départementales ont fait connaître pour nos
campagnes5 ».
Une vingtaine d’années après la conquête, la langue arabe est bannie de l’Algérie, il
faudra attendre 1938 pour qu’elle ait de nouveau droit de cité à l’école mais en tant
que langue étrangère, un siècle après l’arrivée des colons dans le pays. A ces mesures,
il faudrait ajouter toutes les tentatives réussies et avortées en vue de promouvoir et de
propager l’enseignement de l’arabe vulgaire (arabe dialectal) au détriment de l’arabe
écrit totalement déclassé et confiné pendant une très longue période dans les zaouias
(ce qu’il en reste) et les katatib (écoles traditionnelles) citadins (dont certains ont pu
être sauvegardés grâce à la prodigalité de certaines grandes familles citadines).
4. Le français après l’indépendance
4
5
Taleb Ibrahimi, K. (1997), Les Algériens et leur(s) langue(s), Alger : Dar El Hikma, p36.
Ibid.
Paradoxalement, c’est après l’indépendance que l’usage du français s’est étendu ; on a
même parlé de francisation à rebours. Les immenses efforts de scolarisation déployés
par le jeune Etat algérien expliquent aisément l’expansion de la langue française après
1962. En faisant appel à tous les Algériens diplômés ou instruits (et ils l’étaient dans
leur majorité en français), à la coopération étrangère (surtout française) un état de
bilinguisme de fait sinon de droit a été institué dans le système éducatif et dans la
société en général. Jusqu’en 1978, date effective de l’application de l’Ecole
Fondamentale totalement arabisée, la dualité linguistique caractérisait le système
scolaire, c’est-à-dire que pour un tiers des classes l’enseignement se faisait entièrement
en langue arabe, alors que dans les deux-tiers restants, l’enseignement se dispensait
simultanémen en langue arabe et en français pour les matières scientifiques.
5. Définition des concepts
La langue est le moyen indispennsable de communication, et le fait de vivre sur un
territoire multilingue fait qu’ »une grande partie de la population se trouve bilingue
parlant à la fois la langue de tous et le patois local ». Ce bilinguisme donne naissance à
des pratiques langagières spécifiques.
5.1 Le concept « alternance codique »
La situation de plurilinguisme en Algérie demeure « complexe » en raison de la
présence de plusieurs variétés. « Le contact du français et de l’arabe algérien d’une
part et du français et du kabyle d’autre part donne lieu à des situations quelquefois
très complexes en termes de bilinguisme » souligne S. Rahal.
Un des résultats de contact des langues est l’alternance codique. On parle d’alternance
codique quand il y a un passage alternatif de deux ou de plusieurs langues (ou variétés)
dans le même énoncé ou la même conversation.
L’alternance codique est une « stratégie » de communication employée par les
bilingues entre eux. J. Dubois désigne par ce terme :
« La stratégie de communication par laquelle un individu ou une communauté utilise dans le même
échange ou le même énoncé deux variétés nettement distincts ou deux langues différentes6 »
Gumperz, un autre spécialiste qui a beaucoup travaillé sur cette marque transcodique,
distingue l’alternance de code situationnelle et l’alternance de code stylistique (ou
métaphorique).
Ceci dit, il existe 3types d’alternance codique :
5.2 L’alternance codique intraphrastique
C’est l’alternance qui se fait entre plusieurs phrases ou fragments de discours dans les
productions d’un même locuteur ou dans les prises de parole entre interlocuteurs.
5.3 L’alternance extraphrastique :
Elle se réalise lorsqu’un locuteur introduit dans la deuxième langue des formes
idiomatiques (idiomatismes) ou bien des segments alternés. Il s’agit de citations, de
proverbes et d’expressions qui semblent propres à une langue et qu’il est difficile de
traduire littéralement.
Le comportement langagier des Algériens est caractérisé par ce mélange des trois
langues (Arabe, français et berbère) et l’alternance codique en est un exemple édifiant.
Les raisons de choix de telle ou telle langue divergent d’une personne à une autre
selon les enjeux de chacune ; en d’autres termes elle n’est pas aléatoire, elle est
consciente. C’est une stratégie communicative forte présente dans la sociétéalgérienne.
L’alternance codique facilite et assure l’intercompréhension et favorise le déroulement
de la communication parce qu’elle formule mieux le message à transmettre.
L’alternance codique est un indice de compétence communicative. Cette alternance
assure plus un rapprochement avec le public et le discours est plus expressif.
5.4 Le concept d’emprunt
6
Dubois, J. &al. (1994), dictionnaire de la lingusitique et des sciences du langage, Paris : Larousse, p252.
L’emprunt est l’un des phénomènes résultant du contact des langues, il est le résultat
d’interférence du français avec les langues locales.
L’emprunt selon la définition de J.Dubois dans « dictionnaire de la linguistique » : « il
y a emprunt linguistique quand un parler A utilise et finit par intégrer une unité ou un trait
linguistique qui existait précédemment dans un parler B et que A ne possédait pas : l’unité ou le trait
emprunté sont eux-mêmes appelés emprunt7 ».
Selon Moreau : « Un mot, un morphème ou une expression qu’un locuteur ou une communauté
emprunte à une autre langue, sans le traduire. Le terme emprunt est généralement limité au lexique
même si certains auteurs l’utilisent pour désigner l’emprunt de structures (calque)8 ». Cela veut
dire qu’il y a emprunt quand un sujet parlant (ou écrivant) est en train de se servir de la
langue française en recourant à des créations lexicales par emprunt aux idiomes
locaux.
Différent du code mixing où le locuteur algérien mêle des éléments ou règles de
français et de l’arabe, et du code switching avec son alternance d’unités lexicales des
codes (français/arabe/berbère), l’emprunt consiste à intégrer un élément d’un idiome
local au système linguistique frnçais.
L’emprunt peut être direct quand une langue emprunte directement d’une autre langue,
comme il peut être indirect lorsqu’il se fait à travers plusieurs autres langues.
L’emprunt est l’un des processus de dynamisation linguistique les plus répandues, et il
occupe une grande place dans les pratiques langagières quotidiennes des Algériens.
Dans l’emprunt, des mots en français, en arabe ou en Tamazight peuvent subir des
opérations d’affixation (préfixation/ suffixation) c’est-à-dire l’ajout d’un préfixe ou
suffixe arabe aux termes français (ou vice versa). Cette opération assure aux termes
empruntés la conformité avec le système de la langue d’acueil.
Le recours à des termes d’une autre langue (qui sont même existants parfois) peut se
justifier par le fait que chaque langue a « ses réalités » et que ses termes l’expriment
7
Dubois, J. &al. (1994), dictionnaire de la lingusitique et des sciences du langage, Paris : Larousse, p177.
8
Moreau, M-L. (1997), Sociolinguistique, les concepts de base, Margada, p136.
mieux. Dans le cas de l’Algérie, l’emprunt est une « nécessité » quand il désigne des
réalités culturelles algériennes que le français ignore.
L’emploi donc de ces lexèmes empruntés aux langues locales au lieu de leurs
équivalents en français sert à renvoyer à la réalité algérienne. C’est une tentative de
l’emprunteur de pénétrer dans l’esprit de l’auditeur algérien.
5.5 La notion du « calque »
Georges Mounin donne au calque la définition suivante : « l’utilisation dans une langue non
pas d’une unité lexicale d’une autre langue, mais d’un arrangement structurale, les unités
indigènes9 ». Le calque est aussi une particularité de discours bilingue. C’est un type
d’emprunt lexical, dans lequel le terme emprunté est traduit littéralement d’une langue
à une autre, ce qui le caractérise par rapport à l’emprunt qui, lui, s’intègre tel quel sans
aucune traduction.
Le calque est un emprunt de sens, « c’est une notion ou un objet nouveau, une langue A traduit
un mot, simple existant déjà dans la langue ou en un terme existant aussi dans la langue10. »
Le calque peut être simple ou composé. Si le mot est composé, on doit respecter
l’ordre des éléments de la première
langue.
5.6 La notion d’interférence
Selon la réflexion de Calvet, le monde est plurilingue et les communautés
(linguistiques) se côtoient et se superposent sans cesse. Ainsi, il en résulte que les
langues s’interpénètrent en provoquant des situations d’interférences linguistiques.
L’interférence des langues est causée principalement par le contexte socio-historique :
l’établissement des relations entre pays lors des échanges économiques, culturels et
même durant les guerres.
9
MOUNIN, G (1974), dictionnaire de la linguistique, Paris : Edition PUF. P58
10
Dubois, J. &al. (1994), dictionnaire de la lingusitique et des sciences du langage, Paris : Larousse.
Selon G.Mounin l’interférence c’est : « Les changements ou les identifications
résultant dans une langue des contacts avec une autre langue, du fait de bilinguisme ou
plurilinguisme des locuteurs, constituent le phénomène d’interférence linguistique.»
Fait langagier, c’est la production des phrases avec des dérivations provenant de la
langue maternelle, J. Dubois écrit : « il y a interférence quand un sujet bilingue utilise dans une
langue cible A un trait phonétique, morphologique, lexicale ou syntaxe caractéristique de la langue
B11 ».
C’est une pratique individuelle très présente même chez les individus bilingues,
l’interférence se manifeste à tous les niveaux de la structure linguistique : phonique,
grammaticale et lexicale.
6. Les types d’interférences
On peut ainsi distinguer trois types d’interférences :
6.1 Les interférences phonétiques
L’interférence est d’ordre phonétique lorsqu’un bilingue utilise dans la langue active
des sons de l’autre langue ; elle est très fréquente en milieu scolaire et permet
d’identifier l’origine étrangère d’un locuteur.
6.2 Les interférences lexicales
L’interférence lexicale consiste à remplacer de façon inconsciente un mot de la langue
cible par un mot de la langue source.
6.3 Les interférences syntaxiques
L’interférence syntaxique ou grammaticale suppose que le locuteur utilise dans une
langue certaines structures d’une autre langue. Elle peut altérer l’ordre de la phrase, le
temps de la conjugaison, l’usage des prépositions.
11
Les raisons d’interférences linguistiques sont nombreuses : la proximité des territoires,
l’influence d’une langue sur l’autre, l’effet de la langue maternelle en cas
d’apprentissage d’une langue seconde.
7. La néologie
C’est le processus de création de nouveaux mots, la néologie vise à exprimer quelque
chose nouvelle et inédite selon la compétence linguistique de chaque individu, les
néologismes sont très fréquents dans les pratiques linguistiques algériennes.
Selon le dictionnaire de la linguistique « la néologie est le processus de formation de
nouvelles unités lexicales12 ».
Les néologismes constituent un indice évident de marquage et de l’appropriation du
français du point de vue lexical ; il existe deux types de néologismes : néologie de
forme (formelle) et néologie de sens (sémantique).
Conclusion
Discerner une langue commune à tous les algériens relèverait peut être de l’impossible
et le linguiste qui veut la chercher se croira être chanceux une fois il la retrouvera car
vu la richesse et la grande géographie qu’a l’Algérie, une géographie assez vaste qui
s’étale sur les divers pays Africains et même Européen et qui peut apporter un plus à la
langue que nous appellerons une langue intérieure, cette langue peut être le fruit d’une
sorte de mixité de divers religions et civilisations qu’a connu le pays et qui sont la
majorité du temps des civilisations et des religions importées de l’extérieur ce n’est
qu’à travers les siècles et le temps que cette langue intérieure commence à s’installer
tout en puisant des autres langues importées et qui n’étaient pas un choix mais plutôt
une obligation imposée au peuple et non dissimulée ou occultée c’était là le malheur
des aïeuls algériens qui n’avaient aucun choix à faire même pour leur propre langue et
même plus, leur incapacité à se cloitre et s’assembler sous le toit d’une seule langue
leur avait été même peut être si on ose dire une espèce de désir refoulé et n’ayant pu le
satisfaire, une frustration, pris entre deux feux, les algériens se sont trouvées toujours
12
MOUNIN, G (1974), dictionnaire de la linguistique, Paris : Edition PUF.
en dilemme entre être arabe, devenir arabe ou plutôt rester arabe. C’est ce que Kateb
Yacine voulait dire peut être en disant : « si nous sommes des arabes à quoi sert de nous
arabiser et si nous le sommes pas, pourquoi nous arabiser»?
Etre arabe c’est de souche venant des descendants de Yaerob Ibn Qahtan parmis les
quels le prophète Ismail Ibn Ibrahim13 naquit et parla leur langue, étant lui aussi non
arabe d’où le nom d’arabiser, c’est qu’il s’est arabisé car c’était une obligation pour lui
afin d’être accepté lui et sa mère dans la tribu d’Ibn Qahtan, sa descendance est aussi
arabisés.
L’Algérien et étant non arabe d’ethnie s’est retrouvé en carrefour ou bien en cercle
tournant en rond, c’est le problème de son identité qui pose problème puisque ce n’est
qu’à lui que revient d’identifier son identité chauvine, une identité assez diverse qu’on
doit la prôner pour rentrer dans un bain linguistique commun arrangeant
conventionnellement toutes catégories afin de rentrer ou bien de saisir le train de la
modernité universelle.
Bibliographie
13
Cheriguen, F. (2002), les mots des uns, les mots des autre : le français au contact de l’arabe et du berbère,
Alger : Casbah édition, p48.
Calvet, L-J. (1994), la guerre des langues et les politiques linguistiques,
Paris :Hachette, coll. Plurielle.
Cheriguen, F. (2002), les mots des uns, les mots des autre : le français au contact de
l’arabe et du berbère, Alger : Casbah édition.
Dubois, J. &al. (1994), dictionnaire de la lingusitique et des sciences du langage,
Paris : Larousse.
Moreau, M-L. (1997), Sociolinguistique, les concepts de base, Margada.
MOUNIN, G (1974), dictionnaire de la linguistique, Paris : Edition PUF.
SAUSSURE, F. (2002), Cours de linguistique général, Béjaia : Talantikit.
SEARLE. John R. (1972) Les actes de langues, Paris : Hermann, coll : savoir
Hermann, , p261.
Taleb Ibrahimi, K. (1997), Les Algériens et leur(s) langue(s), Alger : Dar El Hikma.
Weinreich, U. (1953), langages in contact, La Haye : Mounin.