visite chez un luthier amateur - fatp-cmc

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visite chez un luthier amateur - fatp-cmc
VISITE CHEZ UN LUTHIER AMATEUR
fabricant de vielles à roue
A une époque où nombre d'entre nous souffrent de la division du travail, excessive et abêtissante, des "Sociétés
Industrielles", il nous a paru intéressant de relater une expérience toute empreinte, au contraire, de la richesse morale
apportée par la création individuelle.
C'est dans une charmante maisonnette du bourg de Trévol en Bourbonnais, que nous avons rendu visite à Robert
Grosbost, membre fidèle de notre Confédération, vielleux et danseur de talent, depuis plus de quarante
ans.
Au cours de ces quinze dernières années, c'est en "Amateur" que celui-ci consacre ses heures de loisir au minutieux
artisanat que constitue la fabrication des vielles. Lorsqu'on connaît sa passion pour le folklore en général, on sait qu'avec
le mot "Amateur" (pris au premier sens du terme "celui qui aime"), on ne peut mieux exprimer le sens de son activité. C'est
en effet sans but lucratif mais comme il le dit si simplement : "pour son plaisir", qu'il fabrique avec soin ces instruments.
Certains d'entre eux sont destinés à sa collection personnelle, mais la plupart sont offerts à l’école de musique du Groupe
folklorique dont Robert Grosbost est le fondateur.
Un modeste coin de cuisine constitue tout l'atelier du luthier. Très simple est également l'outillage utilisé : scies,
ciseaux, gouges de formes diverses, tournevis, marteaux, rabots et colles. Étonnement du profane, qui n'en revient pas de
constater qu'avec un outillage si rudimentaire, il est possible d'aboutir à un résultat si proche de la perfection artisanale.
Alors, on brûle d'envie de connaître toute la progression qui permet de transformer quelques morceaux de bois brut en une
superbe vielle à roue.
Notre ami se fait un plaisir de nous expliquer qu'il exécute tout d'abord le fond de la vielle, appelé aussi "caisse de
résonance" (Photo n° 1).
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Les "côtes" sont découpées en bandes très minces
d'érable et de noyer, pour être ensuite courbées à chaud.
Puis la "table d'harmonie" est réalisée en épicéa : elle
repose sur trois tasseaux, lesquels supportent également
l'axe de la roue (Photo n° 2).
Il faut noter que la roue, qui peut être en érable, en
noyer ou en sorbier, est un des éléments les plus délicats
à confectionner : exécutée au tour, elle doit être
légèrement bombée et parfaitement circulaire afin de
frotter régulièrement sur les cordes.
d'ébène qui orne le couvercle du clavier et la table
d'harmonie.
Enfin, après le vernissage, raccordement des
cordes, le luthier laisse la place au musicien lequel n'a
plus qu'à savourer le plaisir inégalable de faire "chanter"
un instrument sorti entièrement de ses propres mains.
Il aura fallu environ deux cent cinquante heures pour
aboutir à ce résultat.
Le "clavier", comportant sautereaux et touches est
exécuté à part (Photo n° 3)
Depuis 1964, date de réalisation de sa première vielle
(Photo n° 4), Robert GROSBOST consacre ainsi les
meilleurs moments de sa retraite à cette passionnante
activité.
La sculpture de la tête de vielle ("cheviller") permet
au luthier de personnaliser son ouvrage. Il en est de
même pour la minutieuse marqueterie d'ivoire et
Pierre BIDOLLET
Groupe Folklorique "La Pastourelle des Trois Vallées"
de TRÉVOL en Bourbonnais.

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